2014 08 04 MK-Lohnforderungen-2015 Redetext

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Conférence de presse du 4 août 2014
De substantielles augmentations de salaire pour les travailleurs
et travailleuses
L’économie suisse a surmonté les années de crise internationale sans grandes difficultés
et se retrouve désormais dans une phase de redressement. Outre un marché intérieur dynamique, les perspectives pour les exportations s’améliorent aussi peu à peu. Les gros
efforts consentis par les travailleurs et travailleuses, leur grande flexibilité et leurs modestes augmentations de salaire de ces dernières années sont autant de facteurs ayant
permis de surmonter la crise. Le temps est venu, pour la plupart des branches, d’honorer
l’engagement des travailleurs et travailleuses en leur accordant cette année de substantielles augmentations de salaire. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des
travailleurs et travailleuses demande, dans le cadre des négociations salariales 2015, des
augmentations de salaires à hauteur de 2 pour cent pour les travailleurs et travailleuses.
Gabriel Fischer, responsable Politique économique, Travail.Suisse
L’économie suisse a remarquablement bien surmonté la crise financière et la crise de la croissance de 2008. Déjà au milieu de l’année 2010, la Suisse avait de nouveau atteint le niveau observé avant la crise et, depuis, elle se trouve dans une phase de croissance robuste. Les prévisions
de croissance étant de 2 pour cent et plus, les perspectives s’avèrent positives ; la Suisse semble
bénéficier du vent favorable soufflant sur la conjoncture mondiale qui se redresse. Il est donc grand
temps que les travailleurs et travailleuses puissent récolter une part des fruits de la croissance.
L’économie suisse s’inscrit dans une perspective positive
Le Secrétariat d’Etat à l’économie SECO1 table pour l’année en cours sur une croissance de
l’économie de 2 pour cent et prévoit même pour 2015 une croissance se redressant à hauteur de
2.6 pour cent. Une différence évidente persiste toutefois entre une conjoncture intérieure dynamique et des exportations qui peinent à se redresser. Mais les prévisions pour le secteur des exportations s’améliorent aussi, dans le sillage du redressement de l’économie mondiale. Une évolution positive de l’économie mondiale (en particulier un redressement durable dans la zone de l’UE)
devrait aussi permettre à l’économie suisse de contribuer de manière accrue à l’essor conjoncturel.
1
Tendances conjoncturelles été 2014
Le marché intérieur continue d’être un étai important
Durant la crise de ces dernières années, la consommation privée a été un étai pour la conjoncture
suisse. La consommation devrait rester robuste même dans un proche avenir, mais s’affaiblir
quelque peu dans sa dynamique, par rapport aux dernières années. Le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich KOF2 table pour l’année 2014 sur une augmentation de la consommation privée de 1.7 pour cent, ce qui correspond à une croissance se situant en dessous de la
moyenne, par rapport à l’économie globale. C’est en particulier la fin prévisible du renchérissement
nul (voire de la baisse) des prix qui est un frein ici. La consommation privée va néanmoins grandement contribuer, aussi dans le futur, à l’évolution positive de la conjoncture. Le second catalyseur favorisant la croissance économique suisse durant les années de crise internationale est le
secteur de la construction. Lui aussi contribue grandement, pour 2014, à étayer la conjoncture,
mais ce secteur devrait quelque peu tiédir à moyen terme, compte tenu d’une réserve de travail en
baisse.
Amélioration des perspectives relatives aux exportations
Ces dernières années, le secteur des exportations a été confronté à une situation très critique découlant d’un contexte de récession dans la zone euro et de la cherté du franc suisse. Le développement de l’économie suisse dans son ensemble et en particulier la robustesse des exportations
sont d’autant plus remarquables dans un tel contexte. Même si le secteur des exportations continue d’induire la plus grande incertitude quant à l’évolution de la croissance, on distingue des
signes qui laissent espérer un renforcement de la stabilisation. Il faut souligner ici l’amélioration de
la situation économique de la plupart des entreprises industrielles au cours du premier semestre
2014 et, en particulier en ce qui concerne l’industrie MEM, le nombre de mandats en augmentation3, ce qui a déjà engendré une saturation des capacités et l’a placée au-dessus de la moyenne
enregistrée pendant de longues années.
Le développement attendu des exportations dépend du redressement déterminant de l’économie
mondiale. Alors que la reprise conjoncturelle semble déjà consolidée aux USA, la situation dans la
zone euro reste fragile. La crise aiguë de la dette dans la zone euro semble jugulée. La ferme intervention finalement décidée par la Banque centrale européenne a eu ici les retombées positives
souhaitées. Une embellie à large échelle n’est pas encore à portée de vue, mais le temps du marasme économique en Europe semble révolu. Les prévisions de croissance pour la zone euro en
2014 sont de 1 pour cent. Ce léger redressement dans la zone euro redonne vie au secteur des
exportations en Suisse.4
La situation du marché du travail paraît stable
La situation du marché du travail en Suisse s’avère solide. L’emploi continue de progresser à un
rythme modéré - une fois de plus les taux de croissance sont légèrement en hausse. Il est heureux
2
KOF Prévisions été 2014
SwissMEM Panorama 2014
4 UBS Outlook Suisse. 3e trimestre 2014
3
de constater que la croissance de l’emploi concerne aussi depuis 2013 les hôtels, restaurants et
cafés, le commerce de détail et l’industrie, donc des branches qui n’avaient plus créé d’emplois
depuis longtemps. Par conséquent la croissance de l’emploi a momentanément une assise plus
large qu’au cours des dernières années. Le marché du travail réagit avec hésitation au développement économique favorable. Tandis qu’on prévoit encore pour cette année un taux de chômage
de 3.1 pour cent, il devrait tomber en 2015 en dessous de 3 pour cent pour atteindre 2.8 pour cent.
L’indicateur des prévisions d’évolution de l’emploi5 a augmenté aussi bien pour le secteur secondaire que pour le secteur tertiaire, ce qui va encore favoriser la création d’emplois.
Un développement économique favorable suppose des augmentations de salaire appropriées
Les négociations salariales 2015 sont placées sous le signe des années passées au cours desquelles les travailleurs et travailleuses ont fourni de gros efforts, malgré un climat d’incertitude et la
lourde charge de travail qui leur incombait. En parallèle, les résultats des négociations salariales
des dernières années se sont situés en dessous de la moyenne. Au vu des modestes augmentations de salaire accordées ces dernières années et des prévisions économiques qui continuent de
s’améliorer, Travail.Suisse et les fédérations affiliées Syna, transfair et Hotel&Gastro Union aspirent, dans le cadre des négociations salariales 2015, à des augmentations de salaire à hauteur de
2 pour cent. Comme d’habitude, les revendications des fédérations de Travail.Suisse sont différenciées et tiennent compte de la situation propre à chaque branche resp. à chaque entreprise.
Travail.Suisse et les fédérations Syna, transfair et Hotel&Gastro Union demandent des hausses de
salaire justes et substantielles pour les raisons suivantes :
Modeste évolution des salaires nominaux l’an passé
La hausse des salaires a été très modeste ces quatre dernières années. Pour l’an passé, l’étude
UBS sur les salaires menée en automne 2013 souligne une augmentation des salaires nominaux
de 0.9 pour cent. Compte tenu d’un renchérissement partiellement négatif durant ce laps de temps,
une hausse acceptable des salaires réels a néanmoins été accordée aux travailleurs et travailleuses. Mais le temps de l’inflation nulle, voire de son évolution vers le bas, touche à sa fin. Pour
cette année, et en particulier pour l’année prochaine, les prévisions parlent d’une évolution positive
du renchérissement et d’une inflation de 0.6 pour cent pour 2015. Dans un avenir proche, la consommation privée va rester un pilier important pour la conjoncture suisse, même si, d’après le SECO, le rythme ne pourra véritablement se maintenir en raison de la croissance, modeste en définitive, des salaires nominaux et de la fin de l’inflation négative. Il importe donc que les négociations
salariales 2015 renforcent le pouvoir d’achat des travailleurs et travailleuses et favorisent la consommation privée. Travail.Suisse attend dans le cadre des négociations salariales 2015 une
hausse réellement plus substantielle des salaires nominaux que celle accordée l’an passé.
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OFS Indicateurs du marché du travail 2014
Juste répartition des fruits de la croissance
L’économie suisse s’est très bien comportée durant les années de crise qui ont affecté le monde
entier. Malgré la crise de la dette et l’appréciation élevée du franc suisse, la croissance ne s’est
figée que pour une courte durée. Le marché intérieur dynamique reste un puissant étai et, dans le
domaine des exportations, il a été possible de mener à bien les ajustements induits par la cherté
du franc. L’amélioration des perspectives économiques mondiales se stabilise et permet de
s’attendre à une croissance graduelle de l’économie en Suisse. En outre, la croissance de la productivité du travail étant de nouveau plus forte, les entreprises disposent d’une plus grande marge
de manœuvre pour les négociations salariales. Dans la plupart des branches, des hausses de
salaire alignées sur la croissance économique sont envisageables.
Les études menées par Travail.Suisse sur les salaires des managers montrent que l’écart salarial
– le rapport entre le salaire le plus élevé et le salaire le plus bas dans une même entreprise – s’est
beaucoup élargi ces dernières années. Alors que le bel étage a bénéficié de multiples augmentations de ses revenus, seules de maigres augmentations de salaire ont été concédées aux travailleurs et travailleuses. Si la croissance bénéficie en premier lieu aux chefs et aux actionnaires, elle
engendre forcément une répartition inéquitable des gains. Il est impératif de trouver une solution
politique au problème des salaires excessifs des managers et d’accorder chaque année de substantielles hausses de salaire aux travailleurs et travailleuses.
Accent mis sur les salaires minimaux et les salaires des femmes
A la veille de la votation de l’initiative sur les salaires minimaux, les milieux économiques et patronaux ont constamment insisté sur le fait que la question des salaires minimaux doit être réglée par
les partenaires sociaux et non ancrée dans la loi. Un salaire minimal légal ayant été rejeté, les
employeurs doivent fournir la preuve qu’ils sont déterminés à aménager, dans le cadre des négociations salariales, des améliorations en faveur des travailleurs et travailleuses aux revenus les
plus bas. Il est évident pour Travail.Suisse qu’il va falloir, en cet automne salarial, mettre un accent
particulier sur des accords resp. sur des augmentations de salaire minimal en tenant compte de la
situation sur place et propre à chaque branche.
Il en va de même pour l’égalité salariale entre femmes et hommes. Le « Dialogue sur l’égalité des
salaires », une démarche entreprise sur une base volontaire, s’est achevé presque sans résultats.
Les employeurs doivent prouver maintenant que l’égalité salariale n’est pas qu’une lettre morte
dans la Constitution et qu’ils déploient des efforts pour que cette égalité soit effective. Par conséquent, Travail.Suisse exige qu’au cours des négociations salariales de cet automne l’accent soit
mis, dans un souci de partenariat social, sur l’amélioration des salaires des femmes. Sans une telle
amélioration, le besoin d’une solution politique réglementée par la loi sera encore plus criant.
Pas de bonus, mais des hausses de salaire régulières, pas de hausses de salaire individuelles
mais générales
Travail.Suisse demande pour les travailleurs et travailleuses des hausses de salaire régulières au
lieu de bonus. Seules de telles hausses sont garantes d’une évolution durable des salaires et débouchent sur une consolidation du droit à une rente. Certes, un bonus peut être une rallonge financière bienvenue, mais il ne peut être une composante constante du salaire. Il ne doit être versé
qu’exceptionnellement et ne doit surtout pas remplacer des hausses de salaire régulières. Travail.Suisse demande que les hausses de salaire soient principalement généralisées. Il faut associer les travailleurs et travailleuses à la croissance économique. Seule une petite partie des augmentations de salaire doit être affectée individuellement. Alors que la part des hausses de salaires
généralisées est en augmentation depuis 2010 6, les chiffres les plus récents de l’Office fédéral de
la statistique montrent qu’en 2013 plus de la moitié des augmentations de salaire ont été accordées individuellement. Il est impératif de corriger cette évolution.
Mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse, une menace pour la conjoncture et le marché du travail
Le oui à l’initiative contre l’immigration de masse a engendré d’importants risques pour la croissance de l’économie suisse et le marché du travail et, en particulier, en ce qui concerne la protection des salaires et conditions de travail des travailleurs et travailleuses. Il est primordial que les
relations avec l’Union Européenne fassent l’objet d’une réglementation, car deux tiers des places
de travail en Suisse dépendent des relations économiques avec l’UE. Il faut éviter une mise en
danger irréfléchie des accords bilatéraux dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative, d’autant
plus que le texte de celle-ci parle de la prise en compte des intérêts économiques globaux de la
Suisse.
Le contingentement de la main-d’œuvre étrangère prévu par le Conseil fédéral dans son plan de
mise en œuvre, avec en parallèle le renoncement à l’octroi d’autorisations de séjour de courte durée allant jusqu’à 4 mois, a des retombées négatives sur le marché du travail. Un tel régime est
comparable avec celui du « statut de saisonnier » jadis légalisé, favorise la création d’emplois précaires et peu productifs et augmente la pression sur les salaires suisses et les conditions
d’embauche.
Il est évident pour Travail.Suisse que le maintien des accords bilatéraux dans le cadre de la mise
en œuvre de l’initiative sur l’immigration de masse doit être garanti. Il faut contrer la discrimination
sur le marché du travail et renoncer à la création d’emplois précaires, qui serait synonyme de
l’introduction d’un nouveau statut de saisonnier. Il faut aussi améliorer la protection des salaires et
des conditions de travail des travailleurs et travailleuses. La solution la plus efficace est le maintien
et l’amélioration des mesures d’accompagnement. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut éviter des retombées négatives, induites par la mise en œuvre de l’initiative sur l’immigration de masse et affectant
la croissance de l’économie et le marché du travail.
6
OFS, Accords salariaux conclus pour 2013 dans le cadre des conventions collectives de travail
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