PD La crise financière doit donner un nouveau souffle au service

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Service de presse de Travail.Suisse – No 16 – 10 novembre 2008 – Service public
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Crise financière et récession économique :
le service public a un important rôle à jouer
A court terme, le service public doit contribuer à une relance conjoncturelle. A
moyen terme il faut tirer les leçons de la crise financière en renforçant le rôle
régulateur de l’Etat et en renonçant définitivement à privatiser les services publics.
Le Fonds monétaire international (FMI) vient de revoir à la baisse une nouvelle fois ses
prévisions et pronostique une contraction de près de 0.5% du PIB dans tous les pays
avancés, du jamais vu depuis la 2e Guerre mondiale. Les signes d’une récession économique se précisent aussi en Suisse : la Banque nationale vient d’abaisser d’un demipourcent son taux pour la deuxième fois et elle le fera encore sans doute à la fin de
l’année, de concert avec la Banque centrale européenne. Il est à craindre que le franc
suisse ne s’apprécie encore plus et pénalise l’industrie suisse d’exportation. Le chômage
va augmenter et pourrait toucher 150'000 personnes en 2009 si les partis de droite empêchent la mise en œuvre d’un programme de relance conjoncturelle.
Le service public a un rôle très important à jouer pour atténuer les conséquences d’une
récession économique.
Mesures immédiates à prendre
Voici les principales mesures qui doivent être prises à court terme :
 Augmenter les salaires réels des employés du service public
Les entreprises de service public comme la Poste ou Swisscom sont saines et ne sont pas
touchées négativement par la crise des marchés financiers. Les comptes des cantons et de
la Confédération sont bons et les pouvoirs publics sont en mesure de pratiquer une politique anticyclique. Il est donc essentiel que les employé-e-s du service public reçoivent des
augmentations de salaires réelles pour l’an prochain. Cela permettra de soutenir la conjoncture. L’impact n’est pas négligeable puisque le service public participe à raison de
plus de 20% de la création de richesses du pays. Une personne sur cinq environ est active
dans un domaine du service public.
 Embauche de personnel
Les services publics ont été mis sous pression ces dernières années par des mesures de
rationalisation et le personnel a effectué de nombreuses heures supplémentaires. Un service public de qualité nécessite suffisamment de personnel. Au vu de la conjoncture, il
faut relancer l’embauche dans le service public, en particulier dans les transports publics
(sécurité accrue, propreté, développement de projets d’agglomération), le domaine de la
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santé (hôpitaux, homes pour personnes âgées), celui des écoles (personnel supplémentaire
dans les classe difficiles).
 Programmes de relance conjoncturelle
Les projets d’infrastructure déjà prêts doivent être anticipés et, surtout, le programme de
rénovation énergétique des bâtiments, demandé par Travail.Suisse, et adopté par le Conseil fédéral dans son plan d’action sur l’efficacité énergétique, doit être exécuté rapidement. Il serait inadmissible qu’un tel programme, créateur de nombreux emplois dans des
secteurs d’avenir pour l’économie suisse, fasse l’objet d’un blocage du Département
de…l’économie justement ! La contribution des pouvoirs publics est ici importante en
raison de l’étendue de leur parc immobilier.
 Alléger la fiscalité des familles
Un allégement conséquent de la fiscalité des familles aura un impact favorable sur la consommation bien plus important que le précédent projet centré seulement sur les couples
mariés aisés. Les propositions de Merz qui sont encore dans le pipeline doivent rapidement être transmises au Parlement ; il faut surtout espérer qu’elles apporteront quelque
chose de concret aux familles avec enfants à bas et moyens revenus et pas seulement à
celles à haut revenu.
Mesures à moyen terme
Il faut tirer les leçons pour le service public de la crise financière due à l’incroyable prise
de risque des banques et à l’extrême faiblesse de la régulation des marchés financiers.
Sans entrer ici dans les détails, il faudra réfléchir aux moyens de renforcer le contrôle démocratique sur le service public afin de s’assurer qu’ils continue à remplir son but qui est
de garantir des prestations de qualités d’intérêt général à toute la population sur tout le
territoire à un prix abordable.
Dans ce sens il faudra que :
 La Confédération abandonne son objectif de réduction ou d’abandon des tâches sous
prétexte que la quote-part de l’Etat1 n’augmente pas à l’avenir. Des coupes dans la recherche, la formation, les infrastructures, le développement énergétique, seraient particulièrement malvenues, surtout en ce moment !
 La Confédération renonce définitivement à soumettre des projets de privatisation de
Swisscom.
 La Confédération renonce à la libéralisation complète du marché postal et soumette au
Parlement l’abaissement du monopole du marché des lettres à 50 grammes par la voie
législative et non pas par la voie de l’ordonnance.
Denis Torche, responsable du dossier service public, Travail.Suisse
Quote-part de l’Etat: ensemble des dépenses des pouvoirs publics y compris assurances sociales, exprimées
en % du PIB. Cette quote-part était de 38% en 2005 en Suisse, nettement au-dessous de la moyenne des 15
anciens pays de l’UE qui était de 47,9%.
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