les Mardis de l`Art L`exception anglaise par Thierry Crépin Leblond L

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L’exception anglaise par Thierry Crépin Leblond
L’Angleterre choisit le gothique au XV° et XVI° siècle
On peut faire remonter la forte caractérisation stylistique de l'architecture anglaise au Moyen Âge et à l'apogée du gothique. L'influence de
la France fut très importante mais il s’établit un style particulier, dominé par une nette préférence pour les lignes horizontales : le « style
perpendiculaire ». Cette affirmation structurale va de pair avec le decorated style qui se manifeste dans la virtuosité des voûtes où le
système des nervures devient pur jeu graphique. Ce rappel est indispensable pour comprendre le développement de l'architecture civile à la
Renaissance, le style Tudor remonte ainsi aux années 1400.
Vitrail de Westminster La nef fut achevée aux XIV° et XV° siècles.
La grande salle du palais de Westminster possède une charpente XIV°, véritable chef d’œuvre de sculpture et de décor de bois.
Cambridge C’est l’exemple du decorated Style. Tout joue de l’ornement. Le dispositif architectural est masqué par la profusion d’effets visuels
décoratifs. C’est le principe anglais et ce y compris pendant la Renaissance.
Chapelle du château de Windsor Ce lieu de réunion de l’ordre de la Jarretière. Les murs sont évidés et laisse ainsi une sorte de cage de verre avec une
multiplication des effets géométriques, chantournés.
Chapelle de Westminster : Henri VII fit reconstruire la chapelle (Lady Chapel) de 1503 à 1519 par William Vertue, chef-d'œuvre de l'art gothique
tardif avec ses voûtes en éventail à pendentifs.
Le XV°s, une période de grande violence La guerre des Deux-Roses est une guerre civile qui déchire l'Angleterre de 1455 à 1485. Une
rose blanche pour les partisans de la maison d'York, une rose rouge pour ceux de la maison de Lancastre. Celle-ci détient le trône depuis
1399 et l'occupe en la personne de Henri VI. Pratiquement terminée en 1471, à la mort de Henri VI, la guerre rebondit parce que Richard
III, successeur au trône, mécontente à son tour ses grands vassaux. Henri Tudor (futur Henri VII) se présente alors comme son rival.
Appartenant à la maison de Lancastre par son ascendance maternelle, il épousera, après sa victoire sur Richard à Bosworth (1485),
Élisabeth d'York, et réconciliera ainsi les deux Roses (voir Shakespeare Henri VI et Richard III.)
Faste et luxe royal avec l’avènement d’Henri VII Tudor marié à Elisabeth d’ York. Il se met au même plan que les grands souverains
européens avec qui il entretient des relations proches (cf. Frederico da Montefeltre par Juste de Gant, décoré de l’ordre de la Jarretière).
C’est un moment de magnificence comme en témoigne certains objets.
Les réalisations anglaises : l’opus anglicanum, peinture à l'aiguille, occupe une place insigne dans les arts décoratifs de l'Angleterre.
Grande chape offerte par Henri VII à Westminster chapelle. Les broderies de très haute qualité sont qualifiées d’opus anglicanum. Ce sont des
velours de soie italiens redécoupés et brodés de rinceau (montrant l’épanouissement de la monarchie), de roses… Les chapes de l'opus
anglicanum étaient exportées vers la cour pontificale ; ces objets d’art sont des témoins de cette prospérité.
Mais ce langage artistique ne se conçoit pas de façon isolée du continent. Les pays du Nord sont alors très influents.
Salière d’apparat en or : dans le style flamand comme en écho à la cour de Bourgogne. Décor de filigrane… pour l’évêque de Fox
Echange et apport constant d’œuvres d’art issues du Nord sur le sol anglais.
Hans Memling : Triptyque John Donne NGL dans lequel s'affirment déjà le rythme assoupli et la maîtrise de l'expression de l'espace
Tapisserie héraldique de Ham Flandres (New York) Tissée à Tournai, c’est un exemple de tapisserie historiée avec un arbre généalogique montrant les
alliances : collier d’or de la Jarretière sur fond de mille fleurs. Il y a bien une capacité à commander à l’extérieur pour faire réaliser et
s’offrir des chefs d’œuvre, une constante au XVI° s.
Apport des artistes et écrivains italiens Les grandes réalisations manuscrites sont aussi adaptées aux souverains anglais
Pseudodagobus - Adaptation à Henri VII (†1509) vers 1500. Chant de louanges à la gloire de l’empereur adapté aux souverains (Louis XII, Maximilien
d’Autriche…). Henri VII est mis en avant. L’enlumineur est une main italiennes mais on ne sait où il fut réalisé.
Portrait d’Henri VII par Pietro Torrigiano Sculpteur florentin, il s’installe à Londres et introduit le portrait en terre cuite, polychrome et avec vêtements.
Apport d’objets d’art
Coupe en verre émaillé (Venise) et à pied en argent doré (poinçon anglais début XVI°). Décor marin appartenant au répertoire italien du Nord (en
référence à Mantegna) et d’exécution vénitienne.
Aiguière verre semi opaque vénitien c. 1548-49 (BM) verre latimo vénitien, pied et partie supérieure en argent doré au poinçon de Londres.
Les montages orfévrés sont réalisés à Londres sur des objets exotiques, comme des céramiques de Chine, d’Iznik. Ces collections d’apparat
sont destinées à être utilisées. L’aristocratie montre une volonté de se constituer des collections de curiosités (cf. Oxford)
Pietro Torrigano : tombeau d’Henri VI en bronze doré et cuve de marbre noir commande d’Henri VII
La mémoire des époux modèle : Henri VII et Elisabeth d’York. Type de décor italien à l’Antique avec alliance du marbre et du bronze doré.
Il y a là aussi une volonté d’introduire des éléments antiques et d’exprimer le lien qui unit les rois anglais à Rome, une sorte d’héritage. En
partie haute la figure assise sur le sarcophage vient de la connaissance du meilleur de la sculpture funéraire italienne (Michel Ange fait écho
dans l’Europe, comme Anne et Louis XII à Saint Denis, Jeanne la Folle en Espagne…). Il s’agit d’un écho, il n’y a ni refus, ni d’exclusion.
Vitrail de Stamford vers 1530-1540 la mémoire est entretenue par leur fils Henri VIII, fils cadet monté sur le trône après la disparition de son frère
Arthur. Henri VII et d’Elisabeth d’York font l’objet d’une grande dévotion, en tant que souverains modèles.
Le XVI° siècle en Angleterre
Henri VIII A côté de la romanité, existe le roman de chevalerie (Roland furieux, la Jérusalem délivrée du Tasse…). Le choix du prénom
Arthur rappelle aussi la dynastie Plantagenet. Ceci fait donc référence au souverain qui s’est ligué contre les saxons… Henri VIII doit se
montrer digne de la couronne et de son frère ainé. Il épousera en 1ères noces sa belle sœur Catherine d’Aragon.
Feuillet enluminé par G Pietro et Jan van Roome (travaillant à la cour des Habsbourg, peintre de Marguerite d’Autriche).
Les cardinaux, vecteurs de l’expansion de la Renaissance en Angleterre (et dans l’Europe)
Le cardinal Wolsey manuscrit de la British Library Jan van Roome se met au service du cardinal Wolsey, ce grand prélat de la Renaissance, humaniste
soucieux de son confort, et homme politique qui soutint la politique de Henri VIII. Il est à noter aussi que le français Guillaume
d’Estournelles fait construire une église à Rome dans le style nouveau (St Augustin), et flamboyante à Rouen. Wolsey fait édifier Reginal
pool en Ecosse. Le peintre devient l’enlumineur officiel.
Exemplaire du traité de ratification signé par Henri VIII – 1527 Manuscrit décoré avec sceau en or.
Exemplaire du traité de ratification signé par François 1er ( portrait à la Clouet) Ecu de France. Et Bulle d’or de François 1er (BNF)
Henri VIII va perpétuellement chercher sa légitimité et à asseoir sa succession avec un héritier mâle. Il épouse la veuve de son frère, la fille
de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle la Catholique, Catherine d’Aragon. Veuve l'année même de son mariage, elle épouse Henri VIII, en
1509, grâce à une dispense pontificale. Reine d'Angleterre, elle ne réussit à donner à la dynastie qu'une héritière, Marie. Cette carence,
alors que les Tudors ne règnent que depuis 1485, inquiète profondément le roi ; celui-ci envisage donc l'idée d'un divorce, idée renforcée
par sa passion pour Anne Boleyn, proche des idées de la Réforme. La procédure de divorce régulière n'ayant pu aboutir, ce qui entraîne la
disgrâce (et la confiscation des biens) du lord-chancelier, le cardinal Thomas Wolsey, Henri VIII en vient à exercer des pressions de plus en
plus vigoureuses sur le Saint-Siège et, devant leur inutilité, décide la rupture. En 1533, il fait prononcer le divorce par un tribunal que
préside l'archevêque de Canterbury, Cranmer. Il connut six reines, Catherine d'Aragon de 1509 à 1533, Anne Boleyn, les 3 années
suivantes, qu'il fit exécuter, Jane Seymour, en 1536-1537, qui mourut 12 jours après la naissance de Édouard VI, Anne de Clèves qu'il
répudia, Catherine Howard, qui fut exécutée en février 1542, et Catherine Parr, sa veuve en 1547 après une union de trois ans et demi.
Livre psautier d’Henri VIII, il est représenté en roi David, béni par Dieu, époux de Bethsabée mère de Salomon.
Tenture de David et Bethsabée à Ecouen La Présentation des insignes du souverain vaincu, une des dix pièces de la Tenture de l'Histoire de David et
Bethsabée, vers 1510-1515. Réalisée pour Marguerite d’Autriche, Henri VIII l’achète et l’expose solennellement lors des fêtes du traité
d’Ardres. La tapisserie montre des compositions où fourmille une quantité de personnages richement vêtus.
Les petits patrons ont été exécutés ou sont attribués au peintre de Marguerite d'Autriche, Jan van Roome, et à ses émules.
La période Tudor qui correspond aux dernières années du règne de Henry VIII. Hampton Court Palace, Surrey (environs de Londres) - plafond du cabinet de travail
Cédé par le cardinal Wolsey en 1529. Le plan reste inspiré des fondations monastiques et la structure purement gothique, en intégrant des
ornements à l'italienne (têtes d'empereurs romains en médaillon, putti).
Non such, un palais pour Henri VIII La principale entreprise architecturale de Henry VIII fut la construction vers 1530 du château de Nonsuch, tombé
en ruine au XVII° et aujourd'hui disparu. Cette fantaisie architecturale, destinée à rivaliser avec les châteaux de François 1er (Madrid et
Fontainebleau), devait apparaître, avec son décor luxueux et fantastique, comme le « rêve monstrueux d'un truculent parvenu » possédant
2 cours, des portes solennelles, les appartements du Souverain et de réception. L’installation des bains fait écho à Fontainebleau. Henri
VIII débauche un artiste italien travaillant à Fontainebleau. Le rôle de Nicola da Modena (Angleterre de 1537 à 1569), fournit les dessins
pour un décor de galerie, adaptation de la galerie François Ier avec la partie basse en lambris géométriques, armoiries et emblème, grands
personnages en stuc mettant en avant la royauté anglaise. Le château de Non Such devait être le chef-d'œuvre de ce style maniériste.
(Aquarelle - Plan - Nicolas Hesdin de Modène : décor de la galerie - Elément de décor : serrure verrou de Bennington)
Orfèvrerie 1520 en argent doré et ciselé, qui rappelle l’art flamand et germanique.
Coupe avec camées (Munich) en pierre dure, or ciselé et émaillé. Comme ailleurs, ces objets servent de cadeau diplomatique.
Livre de prière 1540 : le jugement de Salomon en or émaillé avec anneaux pour être porté à la ceinture comme de vrai bijou. … une piété ostentatoire.
Les fastes de grandes cérémonies : le camp du drap d’or (aquarelle) L’entrevue du camp du Drap d'or, en Flandre, est une manifestation spectaculaire d'une
diplomatie ostentatoire, et relève des fastes et des prestiges de la Renaissance : prouesses chevaleresques et fêtes baroques accompagnent
les négociations politiques. Le 7 juin 1520, l'Anglais Wolsey et les représentants français Bonneval et Duprat, mettent en place un traité
prévoyant le mariage du Dauphin avec Marie Tudor, moyennant l'abandon par la France du soutien à l'Écosse. L'entrevue du camp du Drap
d'or sert le prestige des deux puissances ; Les riches tentes dorées, dressées pour la circonstance et vite repliées, lui ont donné son nom.
Hans Holbein le jeune, le peintre officiel de la cour
Hans Holbein le Jeune (1497-1543), Henry VIII, huile sur toile. Belvoir Castle, Grande-Bretagne. Le roi est représenté de façon somptueuse, dans sa puissance et sa
magnificence. Il servira de modèle (Henri VIII anonyme). En 1526, Holbein alors à Bâle part pour Londres muni d'une recommandation d'Érasme.
Portrait de sir Guildford Grand maître de cérémonie, il invite Holbein pour les cérémonies de 1527. Nicolas Kratzer l’introduit à la cour. Il réalise
divers portraits à la flamande, qui mettent en valeur l’aspect psychologique des personnages. Les portraits montrent une exigence de
réalisme pictural, d'expressivité psychologique et un souci de composition jusqu'alors inconnus dans le pays.
Portrait de l’archevêque de Canterburry 1527 Louvre très beau portrait montrant l’inquiétude du prélat, vêtu d’une aube blanche et de fourrure, avec la
croix de procession et un livre d’heures. En 1528, il est de retour à Bâle. En 1532, il reprend le chemin de l'Angleterre. A Londres, il ne
retrouve plus ses anciens protecteurs et travaille d'abord pour les marchands allemands ( Portrait de Georg Gisze, 1532, musée de Berlin-Dahlem). Il a le
goût pour le rendu exact, en trompe-l'œil, des objets les plus familiers (tapis à la Holbein), dans la tradition flamande.
Les ambassadeurs Holbein le Jeune (1497-1543), Les Ambassadeurs. 1533. Huile sur toile. 2,07 m X 2,095 m. National Gallery, Londres. Holbein réalise à la fois un portrait
d'apparat et un portrait savant. A gauche, Jean de Dinteville, le commanditaire, est ambassadeur de France en Angleterre. Une inscription
sur le fourreau de la dague tenue à main droite nous apprend qu'il a 29 ans. À droite, Georges de Selve, évêque de Lavaur, un ami venu le
visiter. Il s'appuie sur un livre qui porte une inscription donnant son âge : 25 ans. Holbein a signé son œuvre sur le pavement, à gauche. Les
objets placés entre les 2 ambassadeurs ont une portée symbolique. L'étagère supérieure est consacrée aux sciences du ciel (globe céleste,
calendrier de berger, 2 quadrants ou quarts de cercle, petit calendrier, cadran solaire polyèdre et torquetum). L'étage inférieur concerne les
choses terrestres (globe terrestre, livre d'arithmétique, équerre, compas, luth dont une corde est cassée, et livre de cantiques allemands
posé sur une boîte de flûtes). Ces différents objets représenteraient une des deux branches traditionnelles de l'enseignement, le
« quadrivium », comprenant la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et la musique. En haut à gauche, en partie caché par la tenture, un
crucifix et, en bas au centre, un crâne invitent à méditer sur la mort. Le crâne est peint sous la forme d'une anamorphose. Holbein donne à
ce jeu une portée spirituelle. Sa position centrale met le crâne en évidence, faisant de lui un véritable memento mori. Alors que Jean de
Dinteville et Georges de Selve regardent le spectateur en face, la mort le regarde à son insu. Toute la Réforme est inscrite dans ce tableau.
Portrait de Jane Seymour 1536, Kunsthistorisches Museum, Vienne) Piété et rigueur de la nouvelle reine, mère du futur héritier Edouard.
Portrait de Edouard prince de Galles l’enfant du miracle qui ne survivra pas longtemps.
Coupe à l’antique 1534 dessin Holbein est aussi le dessinateur des orfèvreries royales. (Coupe destinée à Jane Seymour comme cadeau d’accouchée)
Boite avec miniature de Anne de Clèves portrait miniature dans une boite en forme de rose (royauté et amour), pour un futur mariage (éphémère)
Exemplaire du traité de 1546 Accord avec la France après une tentative d’invasion. Enluminure et sceau montre la prospérité artistique anglaise.
Richard VI puis Marie Tudor (Bloody Mary) Les difficultés traversées sous le court règne d'Édouard VI (†1553), puis de Marie la
Sanglante (1553-1558), contribuent, dès le XVIe siècle, à rehausser les mérites du père de la grande Élisabeth. Médaille Jacopo da Trento or R°/V°
De nouveaux peintres apparaissent : Ils définissent un type de portrait de l'époque présentant le modèle debout, le corps visible seulement
jusqu'aux genoux et légèrement tourné d'un côté, tandis que ses yeux fixent le spectateur ; le visage et les mains fortement éclairés se
détachent sur un fond sombre uniforme, et l'expression demeure le plus souvent impassible. Hans Eworth. Mary Duchesse Norfolk
Le règne d’Elisabeth 1ère L'habileté des peintres nés en Angleterre s'exerce surtout dans l'art de la miniature, qui est admirablement
maîtrisé par Nicholas Hilliard (1547-1619) et Isaac Oliver (env. 1565-1617).
La Reine Elisabeth I
(vers 1575, Walker Art Gallery, Liverpool). La souveraine est représentée comme une idole, son pâle visage enchâssé dans un diadème
serti de perles et une collerette de dentelle, le corps engoncé dans une lourde robe de brocart ornée de pierreries et de colliers. C’est la
fonction du personnage dans la société bien plus que son identité psychologique qui est représentée.
ere
Nicholas Hilliard, Élisabeth Ire (1533-1603), reine d'Angleterre. Kunsthistorisches Museum, Vienne , médaille de la reine en costume de cour
Paire de boucles d’Oreilles à l’effigie de la reine la reine avait pour habitude d’offrir des camées à son effigie que le récipiendaire se devait de monter.
Les joutes et tournoi reviennent à la mode comme en témoignent les portraits des comte d’Essex ou G Cliford comte de Cliberland en armure
Le tournoi arthurien de 1524 Dessin exécuté sous Elisabeth 1ère, il s’agit de la représentation d’un tournoi arthurien en 1524.
Hilliard Le jeune Homme au buisson de roses (1598, Victoria and Albert Museum, Londres) illustre le caractère emblématique de ces œuvres qui participaient souvent
d'un rituel amoureux aristocratique. On note ici l’influence d’Isaac Oliver.
Réaffirmation du château avec Robert Smythson ce qui distingue l'architecture élisabéthaine est une sorte de réflexion méditée de
l'héritage gothique. Robert Smythson, « architector and surveyor », anime les façades de décrochements percées de vastes fenêtres à
meneaux créant un effet de quadrillage régulier, dont la dominante géométrique s'inscrit bien dans la tradition du style perpendiculaire.
Wallaton Hall vue et plan pour sir Francis Willoughby, sur un plan ramassé autour d'un hall central ; Smythson reprend le système de quadrillage ;
ici, l'emploi des ordres (réduits à des pilastres jumelés) ne semble intervenir que pour accuser la linéarité et le rigorisme du parti.
Kirby hall (1570.72) par T Thorpe, présente une cour à pilastres colossaux comme en art française.
Burghley House (1556-1584) près de Stamford, met en place un pavillon central qui associe une entrée en « arc de triomphe » à la française, un
oriel - fenêtre en saillie - à meneaux typiquement anglais et un couronnement flamand avec décors de cuirs et obélisques. L'influence
italienne se marque par des emprunts fréquents à Serlio pour le choix des plans ; des citations françaises se lisent ici et là, souvenir de la
leçon de classicisme administrée par Jean Bullant au château d'Écouen (Fronton d’Aneth – EnsBa)).
Hardwick Hall, Derbyshire (Grande-Bretagne). Attribué à l'architecte Robert Smythson construit en 1591-1593 pour Élisabeth Talbot : les ordres ont disparu, le verre
des vastes baies domine des façades désormais plates dénotant une grande modernité de ce purisme géométrique, de ce désir d'ordre,
d'équilibre et de clarté Hardwick Hall vue et plan. Les éléments de décor des châteaux anglais sont notamment des panneaux de cuir (Ecouen)
Très réceptive à certaines influences venues du continent, l'Angleterre passionnée de culture classique et méditerranéenne a pu aussi
manifester d'étranges résistances à d'autres mouvements de l'histoire du goût.
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