Stève Bobillier Cours de philosophie au Collège de St-Maurice Octobre 2008 Cours d’esthétique : Qu’est-ce que le beau ? I. Introduction I. 1 Définition de l’art et de l’esthétique Baumgartner : « L’esthétique connaissance sensible. » est la science de la I. 2 L’art et la nature Il faut distinguer avec Kant, « la représentation d’une belle chose » et « la belle représentation d’une chose ». Renoir : « La peinture s’apprend au musée » « Jeune pouilleux » de Murillo « L’Odalisque » de Rodin I. 3 Deux erreurs fondamentales sur le beau 1° Obstacle transcendantale : l’aliénation du beau et l’autonomie de la réflexion. - Stendhal : « La beauté est une promesse de bonheur ». = réduction sensualiste. - Leibniz : « La musique est un exercice d’arithmétique d’un esprit qui ne sait pas qu’il compte. » 2° L’erreur empirique : l’art s’inscrit dans une tradition, un lieu, une époque. Plotin : « L’architecture est ce qui reste de l’édifice, une fois la pierre ôtée. » I. 4 Le laid « Le Pied-bot » de Ribera Edmund Burke : « Je pense que la laideur sympathise assez avec l’idée du sublime. » 1 II. L’énigme de l’origine du Beau Hegel : « Les œuvres d’art égyptiennes contiennent des énigmes qui ne restent pas seulement indéchiffrables pour nous, mais qui devaient aussi l’être, en partie du moins, pour ceux qui les ont posées. Par leur symbolisme mystérieux, les œuvres d’art égyptiennes sont donc des énigmes. Elles sont même l’énigme objective. Elles peuvent elles-mêmes être symbolisées par le Sphinx, qui est le symbole du symbolisme. » Platon : « Le beau est une chose difficile » II. 1 Platon A. Les Arts d’imitation → opposition entre le philosophe et l’artiste. Xénophon : « Quand vous représentez des modèles de beauté, demande Socrate au peintre Parrhasios, comme il n’est pas facile de trouver un homme en tous points irréprochable, vous prenez plusieurs modèles et, combinant ce que chacun a de mieux, vous nous faites voir des corps où tout est beau. - C’est en effet ainsi que nous procédons, répondit Parrhasios ».1 B. Le Banquet → opposition entre le sophiste (Gorgias) et le philosophe (Platon) « L’objet du désir, pour celui qui éprouve ce désir, est quelque chose qui n’est point à sa disposition et qui n’est pas présent, bref quelque chose qu’il ne possède pas, quelque chose dont il est dépourvu, c’est de cette sorte d’objets qu’il y a désir tout comme amour »2 « Or, pour nous, la divinité doit être la mesure de toutes choses, au degré suprême, et beaucoup plus, je pense, que ne l’est, prétend-on, l’homme »3 «Voilà quelle est en effet la droite méthode pour accéder de soi-même aux choses de l’amour ou pour y être conduit par un autre : c’est, prenant pour son point de départ dans les beautés d’ici-bas avec, pour but, cette beauté surnaturelle, de s’élever sans arrêt, comme au moyen d’échelons : partant d’un seul beau corps de s’élever à deux, et, partant de deux de s’élever à la beauté des corps universellement ; puis partant des beaux corps, de s’élever aux belles occupations ; et, partant des belles occupations, de s’élever aux belles sciences, jusqu’à ce que, partant des sciences, on parvienne, pour finir, à cette science sublime, qui n’est science de rien d’autre que de ce beau surnaturel tout seul, et qu’ainsi, à la fin, on connaisse isolément l’essence même du beau. »4 C. Conclusion du platonisme 1 Les Mémorables, Livre III, chap. X, 1-2. Platon, Banquet, 200 e. 3 Platon, Lois, IV, 716c. 4 Platon, Banquet, 211 b-d. 2 2 II. 2 Aristote A. La Poétique 1° « La tragédie est la représentation (mimêsis) d’un acte valeureux.» 2° La tragédie inspire « la crainte et la pitié. ». 3° La tragédie réalise « la purification (katharsis) de ces passions.» Composition de la tragédie : 1° Desis, le nœud de l’action 2° Peripateia, le coup de théâtre « Le coup de théâtre est le renversement qui inverse l’effet des actions.» 3° Lusis, le dénouement « La crainte et la pitié peuvent bien sûr naître du spectacle, mais elles peuvent naître aussi de l’agencement des actes accomplis, ce qui est préférable et d’un meilleur poète. Il faut en effet agencer l’histoire de telle sorte que, même sans les voir, celui qui entend raconter les actes qui s’accomplissent, frissonne et soit pris de pitié devant les événements qui surviennent » B. La mimésis « La tragédie est la représentation — ou l’imitation — d’un acte. » Met : « L’homme diffère des autres animaux en ce qu’il est très apte à l’imitation et c’est au moyen de l’imitation qu’il acquiert ses premières connaissances » « Il y a deux sortes d’art (tekhnai) qui commandent à la matière et la connaissent : d’une part les arts qui font usage d’une chose, de l’autre ceux qui, parmi les arts poétiques (tês poiêtikês) sont architectoniques. » « D’autres ont une pensée trop paresseuse, et rien ne les émeut ; ils ont beau regarder toutes les beautés du monde sensible, ses proportions, sa régularité et le spectacle qu’offrent les astres malgré leur éloignement, ils ne songeront pas, saisis d’un respect religieux, à dire : « Que c’est beau, et de quelle beauté doit venir leur beauté ! » C’est qu’ils n’ont ni compris les choses sensibles, ni vu les êtres intelligibles. » C. Conclusion sur Aristote II. 3 Kant A. Critique de la faculté de juger B. L’analytique du Beau 1° Le beau est l’objet d’une satisfaction désintéressée. (Qualité) 2° Est beau ce qui plaît universellement sans concept (Quantité) 3. La beauté est la forme de la finalité de l’objet, mais en dehors de toute représentation d’une fin (Relation) C. L’analytique du Sublime D. Conclusion sur Kant III Conclusion Malraux : « L’art est un anti-destin. » 3