France / Rwanda France-Rwanda: Kagamé, VRP de choc pour les entreprises rwandaises (MFI / 20.09.11) Après la diplomatie, priorité aux affaires. L’un des objectifs de la visite officielle en France du président rwandais Paul Kagamé la semaine dernière était de relancer les échanges commerciaux entre Paris et Kigali. Sa venue a fait suite à celle de Nicolas Sarkozy au Rwanda en février 2010, qui avait normalisé les relations diplomatiques entre les deux pays. Dix-sept ans après le génocide, le chef de l’Etat rwandais est venu à Paris pour sceller la réconciliation entre les deux pays. Après la diplomatie, priorité aux affaires. Paul Kagamé a l’ambition de faire de son pays le dragon économique de l’Afrique, avec pour modèle Taïwan et la Corée du Sud. L’ancien chef de guerre s’est donc transformé en VRP auprès des entrepreneurs français conviés à une réunion au Ritz, un prestigieux hôtel de Paris. Accompagné de plusieurs ministres et d’une délégation de chefs d’entreprises, Paul Kagamé a vanté les bons résultats de l'économie rwandaise, qui enregistre une croissance de plus de 7 %. L’agriculture, qui compte pour 42 % du produit intérieur brut, et le secteur de la construction ont été, ces dernières années, des sources importantes de la croissance. Infrastructures et exploitation des ressources énergétiques Mais de gros efforts restent à faire dans le secteur des infrastructures et l’exploitation des ressources énergétiques. Lors de sa visite, Paul Kagamé a invité les entrepreneurs français à venir investir dans son pays dans ces deux domaines. La coopération recherchée avec la France concerne la construction de barrages hydroélectriques, la géothermie ou bien le développement de réseaux électriques. Les chantiers annoncés au Rwanda sont nombreux : une voie ferrée pour relier Kigali à l'océan Indien, un nouvel aéroport international et un centre de conférences dans la capitale. Le pays dispose également de ressources énergétiques, notamment dans la région du lac Kivu. Dans les profondeurs de ce lac sont peut-être dissimulées les plus importantes réserves de gaz méthane qu’ait jamais découvert le pays. La région est également riche en minerais, dont le coltan, indispensable à la fabrication des téléphones portables. 57 % de la population sous le seuil de pauvreté Pour les bailleurs de fonds, le Rwanda a réussi, par une gestion rigoureuse, à rétablir la stabilité financière. En 2010, ce pays est ainsi devenu la place la plus attractive de l’Afrique de l’Est pour les investisseurs. Marché accessible, fiscalité avantageuse, flexibilité du marché du travail, protection des investisseurs, fluidité des échanges, il offre de nombreuses facilités. Un marché où la France est quasiment absente, comme l’explique John Gara, président de l’Agence rwandaise de développement (Rwanda Development Board) : « A l'heure actuelle, les investissements français sont très faibles, de l’ordre de 3,5 millions d'euros, mais nous avons dans les tuyaux des investissements français pour environ 150 millions d'euros ». Développer le commerce international, cela passe également par les échanges régionaux. C'est ce qui se fait entre le Rwanda, le Burundi et la RD-Congo au sein de la Communauté économique de l’Afrique des Grands Lacs. « Cette communauté nous permet de développer et d’exploiter ensemble des projets importants d’hydroélectricité. Rien que sur la frontière de Bukavu entre la RDC et le Rwanda, nous avons enregistré en 2010 des échanges de plus de 30 millions de dollars entre les petits commerçants des deux côtés de la frontière », explique Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères. Mais malgré les progrès enregistrés, le Rwanda est encore un pays pauvre. L’espérance de vie en 2010 n’atteignait pas 58 ans et, dans ce pays de 11 millions d’habitants, 57 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté (0,32 euros par jour). Myriam Berber