agir conformément au devoir

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Chapitre 2: Le devoir
Préambule : pourquoi se poser la question du devoir ?
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Extrait de La critique de la raison pratique (fin) de Kant
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
Pour l’opinion commune, la morale est associée au « permis » et au « défendu »
tels qu’ils sont conçus au sein d’une culture donnée. Une telle conception entraîne
généralement un corollaire immédiat, à savoir la diversité et donc la relativité des
prescriptions culturelles et par là même des prescriptions morales.
Précisons cependant que le « permis » et le « défendu » en question sont davantage
d’ordre privé que d’ordre public. Il ne s’agit pas des lois ou des règles sociales qui
s’imposent à tous mais des comportements que tout membre de la société est invité à
observer à titre privé afin d’être perçu par cette société comme un de ses membres
digne de considération.
Ces actes relèvent de ce qu’on appelle la morale, même si les prescriptions relevant de
cette dernière peuvent permettre également de juger les règles de l’organisation sociale.
En d’autres termes, les exigences morales ont une existence d’autant plus distincte des
lois sociales qu’un espace privé se dégage nettement de l’espace public.
Ce phénomène est lui-même lié à l’émergence de la notion de personne comme valeur
absolu et à l’autonomie grandissante de l’individu au de la collectivité.
On comprend dès lors que la distinction entre la morale et la politique soit de plus en
plus marquée et notamment que la question morale prenne une importance
grandissante avec l’expansion du christianisme qui sacralise la personne humaine alors
que la Cité grecque a tendance à ne pas opérer une distinction nette entre
comportements privés et comportements publics, entre bien privé et bien public.
La question qui se pose alors au vu de cette première approche est la suivante : au nom
de quoi demande-t-on à un individu d’observer à titre personnel telle ou telle
prescription ? Autrement dit pourquoi être moral et faire son devoir ?
C’est bien évidemment au nom de normes, au nom d’une certaine idée de ce qui doit se
faire afin d’être véritablement digne d’appartenir à une communauté donnée. Ces
normes définissent donc ce qui est important aux yeux de cette communauté en matière
de comportement, ce qui vaut la peine qu’on lui sacrifie éventuellement nos intérêts
égoïstes, bref ces normes incarnent ce qu’on appelle ordinairement des valeurs. Ces
valeurs sont transmises par l’éducation et la plupart du temps sont intériorisées par les
sujets, c’est-à-dire vécues comme faisant partie intégrante d’eux-mêmes, tout
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
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manquement étant considéré alors comme une faute, une trahison vis-à-vis de soimême. Selon le degré d’intériorisation de ces valeurs par le sujet, l’obéissance à ces
dernières est vécue comme un ordre intérieur que le sujet se donne à lui-même,
autrement dit comme une obligation ou bien, dans le cas où le sujet n’y obéit que pour
faire bonne figure, pour éviter la sanction sociale ou le regard défavorable d’autrui,
comme une contrainte, comme une pression sociale qui s’impose de l’extérieur à sa
volonté.
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M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
INTRODUCTION :
Entrée : Corneille dans Le Cid (acte I, scène 4) fait dire un mot chargé
philosophiquement de sens à Chimène : « Je ne consulte point pour faire mon devoir ».
La forme du devoir, ici venger son père en tuant son meurtrier (ici Rodrigue qui s’avère
être aussi son amant) apparait comme une évidence.
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Résultat : le caractère évident, intuitif, non intellectuel du devoir
Expressions communes à travailler : « faire son devoir/ avoir des devoirs/ être tenu
de / tu n’aurais pas dû / la conscience morale/ être rongé par le remord… etc »
Repères
philosophiques
à
mobiliser :
les
distinctions
absolu/relatif,
particulier/universel , obligation/contrainte, ainsi que les distinctions conceptuelles
entre bien / mal et bon / mauvais
Observation générale : La morale définie ainsi est un fait universel en ce sens
qu’aucune société n’ignore la distinction entre le bien et le mal. En tant qu’être vivant,
l’homme est soumis à la nécessité ( par exemple il sait qu’il doit mourir car c’est
nécessité biologique), mais en tant qu’être moral, il a la faculté de s’imposer des normes
et de les suivre ou non. Le devoir possède un double sens :
_s.1 : nécessité vitale, conditionnelle
_s. 2 : concept d’obligation
Le devoir désigne l’obligation
morale ( ex. je dois dire la vérité). On ne peut se
soustraire à la nécessité (nul n’est immortel), en revanche on peut se soustraire à une
obligation.
Problématique : Si le devoir n’a aucune teneure nécessaire, comment peut-on
concevoir et fonder une morale universelle ? La forme de l’obligation (seulement
facultative) ne conduit-elle pas à un risque d’effondrement de la notion (sur le
plan conceptuel) et à une privation de réalité (sur le plan de l’agir) ? A l’inverse :
une morale universelle et l’acte moral sont-ils concevables en pensée et
vérifiables dans l’expérience ? Si oui comment ? A défaut pourquoi une telle
impossibilité ? (enjeu du relativisme et du nihilisme)
Plan :
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
I.
II.
III.
Que dois-je faire ? Exploration du concept d’obligation morale
Quid du fondement de la morale ?
Qu’appelle-t-on un acte moral ? Celui-ci est-il possible ?
I. Le devoir comme sphère pratique de l’agir : Que dois-je faire ?
A. Obligation et nécessité :
Les deux s’’exprimer par le verbe « je dois »
La nécessité, c’est ce qui ne dépend pas de moi ou ce qui ne me laisse pas le choix. On
opposera donc le nécessaire au possible.
Néanmoins ≠° entre :
Nécessité absolue : inconditionnelle (mourir)
Nécessité relative : conditionnelle (se nourrir pour se maintenir en vie)
Il y a donc des degrés dans le nécessité.
L’obligation c’est ce qui s’impose à ma volonté, tout en me laissant la possibilité de m’y
soustraire : donc elle implique volonté et liberté.
Ex. historique : les procès de Nuremberg montrent comment on peut invoquer la
nécessité en lieu et place de l’obligation, ie convertir l’obligation en nécessité ( « je ne
pouvais faire autrement »).
Eichmann déclare lorsqu’il est jugé : « ma culpabilité est
mon obéissance ».
Mais le devoir n’a pas valeur d’excuse (« je n’ai fait qu’obéir »).
B. Devoir et contrainte
L’obligation m’est imposée par moi-même ( ≠ contrainte imposée par autrui).
Une contrainte n’est qu’une force s’imposant à moi contre ma volonté. Mais cette
contrainte me force sans m’obliger puisqu’elle n’a d’autre justification que la force
dont elle dispose pour s’exercer.
Rousseau,( CS,I, 3) : « S’il faut obéir par force, on pas besoin d’obéir par devoir ».
La contrainte ne m’oblige pas, dans la mesure où je ne reconnais pas la valeur de cette
contrainte. Inversement, une obligation correspond à un acte de la volonté telle qu’elle
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s’impose à moi sans contrainte. On s’oblige à quelque chose (être honnête, dire la vérité),
sans pour autant y être contraint, en ce sens on peut penser l’obligation sans la
contrainte.
Par ex. Socrate ( Le Criton de Platon) refuse de s’exiler pour échapper à la sentence de
mort. Il le fait par respect aux lois, alors que nul ne le contraint on est donc dans le
registre de l’obligation.
C. Obligation et devoir
Le devoir désigne l’obligation morale ( tu dois point mentir…).Mais il est d’autres
obligations qui peuvent d’ailleurs s’opposer à l’obligation morale. Ces autres obligations
sont liées à la fonction (devoir de réserve ou d’obéissance pour un soldat) mais aussi
d’ordre juridique en sachant que la loi contrait ce qu’elle n’oblige pas. De plus la morale
et le droit ne coïncident pas nécessairement , de sorte que ce qui est légal peut-être
immoral (la peine de la mort, l’avortement, l’euthanasie etc) et ce qui est moral peut-être
illégale ( refus de la dénonciation, Les Justes)
Sujet BAC : « Ne faire que son devoir, suffit-il à être moral ? »
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II. Sur quoi fonder la morale ?
A.La sentiment (théorie innéiste de Rousseau)
C’ est celui du bien et du mal. Le sentiment est une disposition affective par laquelle on
éprouve quelque chose à l’égard d’un objet ou d’une personne.
Texte de Rousseau :
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Extrait du Discours sur l’inégalité de Rousseau « Il est donc…maximes de l’éducation »
« naturel » : s.1 inné : qui n’a pas était appris, transmis par l’éducation
s.2 universel : ce qui se retrouve toujours et partout
s.3 qui n’a pas été transformé, dénaturé par l’homme → le
sentiment naturel : ce qui est commun à tous les hommes.
« sans réflexion » : le sentiment de pitié est éprouvé indépendamment de tout
raisonnement ( l’analogie, la déduction etc) et de tout savoir.
Rousseau montre que la moralité est indépendante du savoir .La pitié introduit alors
l’idée d’une bonté naturelle indépendante de la raison. « Le bon sauvage » renvoie à
l’homme primitif, moralement neutre, en ce qu’il ignore la distinction entre le bien et le
mal. Il est proprement amoral : celui qui ignorant le bien et le mal, ne peut ni faire l’un ,
ni l’autre.
Amoral (sans capacité de distinguer le bien du mal) ≠° immoral (acte qui viole des
obligations morale)
moral ≠ immoral ( relatif au sens aristotélicien)
La pitié détourne de faire le mal à l’autre. En revanche, elle n’implique pas que nous
agissions pour son bien, sauf si elle nous conduit à soulager la souffrance d’autrui.
La pitié c’est une identification sympathique à l’autre souffrant qui conduit à faire cesser
la souffrance.
maxime : règle subjective d’action (cf. Maximes de la Rochefoucauld)
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Objection :
_ loin d’être un sentiment, la pitié devrait être apprise
_ ce sentiment, on peut le perdre ou même ne jamais ne l’avoir acquis au
point de ne plus souffrir de la souffrance des autres mais surtout d’avoir le plaisir de
faire souffrir les autres.
Rousseau va assimiler la conscience morale à un instinct (« instinct divin », « juge
infaillible du bien et du mal »), ce qui veut dire que nous savons ce qu’est le bien et le
mal dès sa naissance, mais qu’une fois connus, nous sommes porté à faire le bien ou le
mal. Pour lui la pitié par laquelle on s’identifie à l’autre souffrant, peut apparaître
comme un sentiment naturel, fondateur de la morale :
« Fais à autrui comme tu veux qu’on te fasses ». ( Rousseau, Emile)
Cette maxime semble dictée par l’intérêt, en effet elle repose sur l’échange et la
réciprocité .Aussi une morale dictée par l’intérêt porte le nom d’utilitarisme ou de
morale utilitariste.
La morale est l’ensemble de nos devoirs, le devoir désignant l’obligation morale. La
morale se présente comme un discours prescriptif (ou normatif) reposant entre le bien
et le mal, considérés comme des valeurs absolues.
Peut-on fonder la morale sur le sentiment de pitié ? La pitié est-elle un sentiment
moral ? Les objections à l’endroit de cette position sont majeurs et guidé par le soupçon
de l’intérêt.
Premier échec échec dans la tentative de fondation de la morale.
B.L’intérêt : l’obstacle à une morale réelle et universelle
1. L’intérêt immanent
On pourrait affirmer que la morale ne serait que le prolongement de notre égoïsme, ie en
l’amour en soi de toute chose pour soi. Cet amour de soi est un amour comparatif car on
se réfère aux autres.
Bentham, selon lui la bonté d’un acte se mesure à son utilité. Est utile ce qui maximise
les plaisirs d’un acte et minimise les peines.
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La Rochefoucauld : « l’amour de la justice n’est en la plupart des hommes que la crainte
de souffrir l’injustice ». Maxime 78
Il montre que la crainte n’est que l’anticipation de nos maux, dans les maux d’autrui. Sa
thèse est que l’intérêt peut prendre toutes les apparences et notamment celle de la
vertu.
Objection : l’intérêt loin de fonder la morale apparaît plutôt comme son contraire. En
effet, agir moralement, c’est renoncer à l’intérêt (ex.je n’ai pas intérêt à tromper les
autres)..
Deuxième échec dans la tentative de fondation de la morale
2. L’intérêt transcendant : Peut-on fonder la morale sur l’existence de Dieu ?
Kant, Critique de la raison pure
Sa thèse se présente sous forme de paradoxe : si nous pouvions acquérir la certitude de
l’existence de Dieu, nos actes seraient dictés soit par la crainte ( d’un châtiment), soit par
l’espérance. A partir de là, la morale serait abolie puisqu’aucun acte serait accomplie par
devoir. Rejet de l’idée d’une morale théologique.
C’est seulement parce que l’Idée de Dieu reste une hypothèse que les hommes
continuent d’agir moralement ou non.
Une morale théologique repose sur une hétéronomie de la volonté puisque celle-ci reçoit
sa loi d’une source extérieure à elle-même. Une morale théologique est une morale
eudémoniste, ie qui se propose comme finalité le bonheur. ( ≠° hédonisme dont la
finalité est la plaisir).
Troisième échec dans la tentative de fondation de la morale.
C.Les valeurs
On observe une relativité des valeurs ce qui remet en cause la prétention d’une morale
universelle.
1.Le bien et le mal / le bon et le mauvais :
bon : ce qui fait du bien
mauvais : ce qui fait du mal
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Ainsi tout être vivant dès sa naissance poursuit le plaisir et fuit la douleur. Le bien est-il
identique au plaisir et le mal identique à la douleur ?
Spinoza, Ethique , livre IV, proposition19-31
« Nous appelons bien ou mauvais, ce qui est utile ou nuisible à la conservation de notre
être, ie, ce qui accroît ou diminue notre puissance d’agir ».
On pourrait dire que les bon et le mauvais sont des valeurs immanentes (inscrites dans)
du vivant, au contraire le bien et le mal sont des valeurs transcendantes qui s’imposent à
notre conscience.
Transcendant : qui s’impose à un ordre supérieur des phénomènes.
Le mal peut être physique : le mal subit (la douleur) ou il peut être moral : le mal
commis (la faute, le pêché) .
Pour passer du bon au bien, il est nécessaire qu’il y ait une extension à autrui. Ce qui est
bon peut être un mal moral et ce qui est mauvais peut être un bien moral car associé à
un déplaisir.
2. Valorisation et évaluation :
a. De quoi la valorisation est-elle fonction ? (le bon et le mauvais)
Réponse : du désir car il est ce qui en nous valorise et dévalorise les êtres mais aussi les
choses. C’est donc le désir qui créer la valeur.
Pour Spinoza nous jugeons qu’une chose est bonne, non parce qu’elle est désirable en
elle-même mais parce que nous la désirons.
« Nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle »
b.De quoi l’évaluation est-elle fonction ? ( bien/mal)
Elle est fonction des valeurs morales car elle correspond à l’identification de ce qui vaut
en soi, et pas seulement pour moi.
Ex. la valeur d’une personne relève d’une évaluation
En conséquence, l’évaluation est indépendante du désir ou de la répulsion.
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Ainsi Nietzsche a procédé à une évaluation des valeurs morales, ie du Bien et du Mal,
dans la Généalogie de la morale (1ere disseration).
L’accomplissement du devoir, ce à quoi on s’oblige peut s’accompagner d’un déplaisir
qui montre alors que l’évaluation est indépendante de la valorisation.
Toute valeur est-elle relative ?
Protagoras : « l’homme est la mesure de toute chose »
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« L’homme » : l’individu ou l’humanité
« toute chose » : la valeur ( le vrai, le faux, le bien, le mal)
La formule de Protagoras se présente comme un énoncé relativiste. Mais si l’on assimile
« l’homme » à l’individu, on parle de relativisme absolu. Au contraire, si on l’assimile à
l’humanité on parlera de relativisme relatif.
Ainsi deux lectures nous sont proposées : individualiste ou collectiviste
On peut affirmer que toute valeur est relative à une société, à une époque ( cf. Pensées de
Pascal ou les Essais de Montaigne avec la relativité de la justice).
« relatif » veut dire qui est relation avec autre chose ≠ absolu
« absolu » veut dire sans relation avec autre chose, séparé, détaché (domaine divin)
Si tout est relatif est-ce que pour autant tout se vaut ?
Non car le relativisme n’est pas le nihilisme (lat. nihil , « rien ») qui se défini comme une
négation de toutes les valeurs.
Ex. d’énoncé relativiste dans les Frères Karamazov de Dostoïevski :
« Si Dieu n’existe pas , tout est permis ».
Ce qui fait contrepoids au relativisme, c’est l’universalisme.
Paradoxe : alors même que le relativisme conduit au respect des différences (culturelles)
et au rejet de tout ethnocentrisme ; des valeurs universelles émanant pourtant d’une
culture particulière ( celles de l’Occident) devraient s’imposer partout et à tous.
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Résultat : certes il n’y a pas de valeurs valables partout et toujours, il y a en revanche des
valeurs universalisables, précisément parce qu’elles s’appuient sur le droit naturel, ie
sur ce qui est universel, parce qu’inhérente à la personne.
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III.Qu’appelle-t-on un acte moral ?
A. Le devoir par devoir :
Une action n’est morale qu’à proportion de son désintéressement, ie lorsqu’elle est
accomplie non seulement conformément au devoir (élément légal), mais également par
devoir (élément moral relié à l’intention), ie par respect pour la loi morale. D’où la
distinction :
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agir conformément au devoir : soit par intérêt ou par crainte
≠
agir par devoir : pour la morale
Pour Kant ( Fondement de la Métaphysique des Mœurs ,section 3) le devoir désigne la
nécessité d’agir par pur respect pour la loi morale.
On distinguera d’un côté la légalité des actions ( leur conformité aux lois morales) et de
l’autre, la moralité des intentions qui réside non pas dans le résultat auquel elle aboutit
mais dans l’intention qui l’a dicté.
Agir moralement c’est donc agir par devoir et non par crainte ou intérêt .On parlera de
rigorisme kantien car il n’y a rien espérer du devoir. L’intérêt ou encore la crainte
engendrent es impératifs hypothétiques dont la forme est la situation sont émises
comme une nécessité conditionnelle :
« Si tu veux, alors il faut »
Egalement appelé impératif de l’habileté ou de la prudence, ils ne sont pas moraux (on
est proche du pragmatisme). Ainsi la morale théologique renvoie à ce type d’impératif.
A l’inverse, les impératifs catégoriques commandent sans condition, sous la forme : « tu
dois, parce que tu dois ».
B.L’impératif catégorique :
Pour Kant, il est le seul d’ordre moral, car il indépendant de tout contenu, valable en
toute circonstance pour tous malgré les conséquences.
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« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir, qu’elle devienne une
règle universelle ».
Cette impératif exprime l’obligation d’agir conformément à une universalisable sans
contradiction.
Mais en quoi consisterait l’immoralité ?
Etre immoral, c’est faire exception, c’est vouloir pour soi, ce que l’on ne veut pas
universellement.
Maxime de l’immoralité :
« Agis de telle manière, que tu puisses faire exception pour toi-même, à la loi que tu
souhaites voir par universalisée ».
Ex. la fausse promesse pour une restitution : je promets de rendre quelque chose en
échange. Je promets tout en sachant que je n’en ferais rien. La maxime de cette action ne
peut-être universalisée sans contradiction puisqu’elle abolirait la confiance qu’elle
suppose.
Pour qu’il existe un impératif catégorique, cela suppose qu’il y ait quelque chose dont
l’existence en soi-même, ait une valeur absolue : c’est la personne.
Pour Kant une personne est une fin et non un moyen. Il propose une forme dérivée de
l’impératif catégorique incluant la personne :
« Agit de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien en ta personne, que dans la
personne de tout un autre, toujours en même temps comme une fin et jamais
simplement comme un moyen».
Cet impératif inclus donc
_ le rapport à soi-même (l’humanité en soi)
_ le rapport à autrui (l’humanité de l’autre)
Par exemple la mort volontaire (le suicide) se considère comme un moyen d’abréger ses
souffrances mais violence un devoir en soi-même : vivre.
Objections et critique de cet impératif :
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On peut critiquer le formalisme kantien ( cf. la critique hégélienne au §135 des
Principes de la philosophie du droit) , ie le fait qu’il ignore la particularité des cas ( ex. le
médecin face à son malade).En effet, cet impératif ignore les conséquences. Aussi la
casuistique s’efforce d’adapter les principes généraux de la morale à des cas particuliers.
Il reste à préciser la provenance du devoir : d’où vient que (perspective généalogique)
celui-ci puisse s’imposer à ma volonté ?
C.L’Autonomie de la volonté : le devoir comme liberté
Qui peut me dire tu-dois ?
Les commandements divins : on parle alors d’hétéronomie de la volonté.
Hétéronomie : état de celui qui reçoit de l’extérieur, la loi à laquelle il se soumet.
L’impératif catégorique est un pur produit de la raison législatrice en nous. La raison est
alors la faculté de produire des lois. En effet l’exigence de la raison n’est autre que
l’universel.
En l’espèce il s’agit de lois morales : le fait d’obéir à une loi que l’on se donne et dont on
reconnaît la valeur, porte le nom d’autonomie qui est un concept kantien. Le seul à
pouvoir me dire : « tu dois », c’est moi-même, ie la raison en moi d’où le concept de
volonté raisonnable ou d’autonomie ( comme capacité de se donner à soi-même ses
propre lois) qui est l’expression même de la liberté au sens pratique. En un mot je suis
libre quand j’agis moral car je suis l’auteur, à l’origine de l’acte et de la décision d’agir
par-delà tout déterminisme.
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FOCUS : un exemple de morale philosophique appliquée résultat de la
méthode du doute : la morale provisoire de Descartes dans la 3° partie
du Discours de la Méthode
Cette idée de morale provisoire peut au premier abord apparaître curieuse. La morale
concerne les comportements quotidiens ; elle est fondée la plupart du temps sur des
valeurs transmises par l’éducation et auxquelles nous sommes attachées dans la mesure
où nous avons tendance à faire confiance aux gens que nous aimons et où l’habitude de
les pratiquer depuis notre lointaine enfance en font quasiment « une seconde nature ». A
partir de ces considérations, on voit mal ce que peut bien signifier « une morale
provisoire ».
Descartes se trouve dans la situation, peut-être relativement fréquente au cours de la
jeunesse, où il s’interroge sur la valeur et la pertinence de ce qui lui a été transmis par la
tradition, c’est-à-dire par sa famille et par les institutions religieuses et universitaires.
Fasciné, à tort ou à raison, par la rigueur et l’universalité des conclusions
mathématiques, il souhaitait retrouver dans tous les domaines la même solidité et la
même certitude. Pour cet auteur, la découverte de la vérité dans quelque domaine que ce
soit est une affaire de bonne utilisation de la raison, bref une affaire de « méthode » d’où
le titre de son ouvrage.
Descartes est donc dans la position de quelqu’un qui se cherche, qui est en quête de la
vérité dans tous les domaines où les réponses traditionnelles lui paraissent incertaines,
c’est-à-dire en fait dans tous les domaines de la culture hormis les mathématiques. Cet
état de doute n’est pas définitif. Descartes reste confiant dans les possibilités de la raison
en vue de parvenir à des vérités certaines, universelles dans tous les domaines. Cette
confiance se trouve fondée par la fécondité de la raison en mathématiques. Il convient
donc de rechercher par nous-mêmes ces vérités. Le doute revêtira donc un caractère
provisoire et se distinguera en conséquence du doute systématique et définitif des
sceptiques.
Paradoxalement, le doute des sceptiques est d’une certaine manière dogmatique, c’est-àdire proclamé sans preuves irréfutables. Si les sceptiques étaient conséquents avec euxmêmes, ils devraient également douter de leur propre doute.
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Seulement, le doute en matière morale soulève un problème particulier. Car, même pour
les questions les plus importantes, celles qui concernent le sens à accorder à notre vie et
qui touchent notamment à toutes les questions métaphysiques, comme le problème de
l’existence ou non de Dieu, l’absence de réponses immédiates ne nous empêchent pas de
vivre, de conduire nos actions ordinaires de la vie quotidienne, d’établir des relations
avec autrui. En revanche, tel n’est pas le cas concernant la morale. Je suis contraint
d’agir, c’est-à-dire de conduire mon action en fonction d’un certain nombre de
convictions sur ce qui est bien pour moi.
Faute de disposer de vérités immédiates, je pourrai certes faire confiance
provisoirement aux valeurs transmises par la tradition. Cette attitude manquerait de
cohérence dans la mesure où ces dernières sont profondément minées par mon doute
présent. Mon action risquerait d’être gravement affectée par la même incertitude et la
même perte de considération qui les frappent sur le plan intellectuel. Cela justifie donc
la recherche de principes provisoires d’action, de règles qui n’auront dans l’immédiat
qu’une valeur pratique, et qui auront pour but de me rendre le plus heureux possible
immédiatement. Telle est la justification d’une « morale provisoire ».
Descartes propose au début de la 3° partie du « Discours de la Méthode » consacrée à la
morale provisoire, une comparaison avec une personne dont la maison serait insalubre
et qui n’aurait d’autre choix que de la raser afin d’en construire une autre ; mais en
attendant il lui faut trouver un moyen provisoire de se loger :
« Et, enfin, comme ce n’est pas assez, avant de commencer à rebâtir le logis où on demeure,
que de l’abattre, ou s’exercer soi-même à l’architecture, et outre cela d’en avoir
soigneusement tracé le dessin ; mais qu’il faut aussi s’être pourvu de quelque autre, où on
puisse être logé commodément pendant le temps qu’on y travaillera ; ainsi, afin que je ne
demeurasse point irrésolu en mes actions, pendant que la raison m’obligerait de l’être en
mes jugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors le
plus heureusement que je pourrais, je me formai une morale par provision, qui ne
consistait qu’en trois ou quatre maximes, dont je veux bien vous faire part ».
Faute de pouvoir disposer immédiatement d’une morale vraie issue des investigations
bien menées de la raison, Descartes réfléchit pour son compte personnel à des règles
pratiques lui permettant de vivre « le plus commodément possible » et « le plus
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
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heureusement » qu’il pourrait. Pour mémoire, rappelons que ces maximes sont les
suivantes:
1) « d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays », en étant prudent et en
choisissant les plus« modérées » d’entre elles, le but étant de bien s’intégrer dans
la société en question et d’éviter tout conflit inutile. Car faute de posséder la
vérité, quelle raison théorique aurais-je de refuser ces traditions ?
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2) « d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais ». Bien intégré
dans la société, il m’appartient de faire quelque chose de ma vie et notamment de
ne pas commencer tout et ne finir rien. Je serai d’autant plus satisfait si je mène
une action jusqu’au bout, que je réalise en quelque sorte une œuvre, même
modeste et de l’ordre du quotidien, que si j’hésite et demeure stérile. Mon
hésitation quant à l’objectif choisi est d’autant moins légitime que là encore je ne
dispose d’aucune vérité pour établir des discriminations légitimes.
3) « de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que
l’ordre du monde ». Ayant établi des relations positives avec autrui (première
maxime), ayant fait quelque chose de ma vie (deuxième maxime), il convient de
créer les conditions d’une sérénité intérieure en ne me fixant que des objectifs
raisonnables, que je pourrai donc atteindre et en ne me focalisant pas sur tout ce
que je n’ai pas mais en jouissant pleinement de ce que j’ai, de ce que la vie m’a
apporté grâce à mon action, évitant ainsi cette insatisfaction permanente qui
agite certaines âmes.
L’auteur précise que ces règles de sagesse pratique n’ont de légitimité que si je persiste à
rechercher la vérité, « en employant toute ma vie à cultiver ma raison ». La question qui
se pose alors est la suivante : la raison peut-elle dégager une vérité en matière morale ?
C’est ce que Kant à réaliser avec le concept de loi morale qui s’exprime sous la forme de
l’impératif catégorique.
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CONCLUSION
Obéir au devoir , ce n’est paradoxalement pas renoncer à sa liberté puisque seul
le législateur ( celui qui fait les lois) de la loi morale n’est autre que moi-même, plus
précisément la raison en moi ( concept d’autonomie chez Kant) : « Agis de telle sorte que
la maxime de ta volonté, puisse s’ériger en moi universelle »
Etre moral, ce n’est pas seulement faire son devoir. En effet, il est immoral d’accomplir
un devoir que la conscience morale condamne, c’est pourquoi il convient de juger la
valeur morale de nos devoirs. D’où la question : Faut-il approuver avant d’obéir ?
Il peut être moral de désobéir à partir du moment où l’on estime que l’obéissance
conditionnelle vaut mieux que l’obéissance inconditionnelle. (cf. Robert Merle, La mort
est son métier avec le personnage de Rudolf Lang)
Le devoir comme vertu, comme capacité à faire et à décider de faire le bien, semble
pourtant apparaitre comme un renoncement à la réalisation du bonheur. Ceci pose la
question de la nature du bonheur et de sa compatibilité avec le devoir.
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
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Concepts impliqués
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maixm
e
obligat
ion
contrai
nte
immor
al
obligat
ion
amoral
/moral
/
nécessi
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DEVOIR
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Dieu
impéra
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intérêt
pitié
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mie
hypoth
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catégo
rique
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
Chapitre : Le devoir
Annexes:
Document 1 : Robert Merle, La mort est son métier (1952).
Remarque : Rudolf Lang a existé. Il s’appelait en réalité Rudolf Hoess et il était
commandant du camp d’Auschwitz. L’essentiel de sa vie nous est connu par le
psychologue américain Gilbert qui l’interrogea dans sa cellule au moment du procès de
Nuremberg.
21
Résumé : L'histoire commence en 1913 alors que Rudolf Lang a 13 ans. Il reçoit une
éducation catholique mal comprise et très normative. Son père, un militaire déséquilibré
ayant commis un mystérieux pêché dans sa jeunesse à Paris, avec qui ses rapports sont
tendus, veut qu'il devienne prêtre pour expier les fautes qu'il a commises. Celui-ci meurt,
peu avant la déclaration de guerre, en 1914. À seize ans, Lang débute sa carrière
militaire, d'abord en partant directement pour le front Ouest où il sera intercepté puis
renvoyé à l'arrière car il est trop jeune, puis comme aide à l'hôpital militaire où il
rencontrera un dragon de cavalerie qui le persuadera de rentrer dans son unité et de
partir sur le front en Turquie. À la fin de la guerre, il se retrouve au chômage, rejeté par
sa famille. Il s'apprête à se suicider lorsqu'un de ses collègues arrive et lui brandit un
tract en lui disant de ne pas trahir l'Allemagne. Il adhère au parti nazi et se voit confier la
direction d'une ferme avec sa femme Elsie, puis, après la prise du pouvoir par Hitler, il
accède à des fonctions de plus en plus importantes dans la hiérarchie SS, jusqu'à devenir
commandant du camp d'Auschwitz. Ce camp, d'abord de concentration, puis
d'extermination, devient le lieu de la lente et tâtonnante mise au point de l'Usine de Mort
du village d'Auschwitz. Il y reçoit l'ordre du Reichsführer Himmler de supprimer 500
000 unités par an au lieu des ridicules 80 000 unités de Treblinka. Lang va s'attacher à
accomplir la mission qui lui a été assignée : tuer le plus grand nombre de Juifs et
éliminer le plus efficacement possible les cadavres. Après la guerre et la chute d'Hitler, il
est emprisonné, puis condamné à la pendaison après son procès où il affirmera avoir
seulement suivi les ordres et répondra d'un air naturel qu'il n'a tué que 2,5 millions de
personnes. Tout au long du livre, il se montre incapable de sentiments, et pire, il ne peut
agir seul car sa conduite lui est dictée. Le seul moment de doute qu'il ait arrive
légitimement lorsque sa femme apprend ses activités mais, ayant été choisi pour ses
qualités de conscience il n'accorde pas d'importance à la morale.
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Document 2 : la polémique de Kant avec B.Constant : Peut-on mentir par humanité ?
Pour Kant, la morale de l'impératif catégorique a pour conséquence l'obligation de dire
la vérité en toutes circonstances. L’impératif catégorique commande d’agir selon une
maxime qui soit universalisable sans contradiction. Or celui qui ment ne peut admettre
le mensonge comme une règle universelle. En effet le mensonge présuppose la crédulité.
Or si tout le monde mentait, le mensonge se détruirait de lui-même puisque personne ne
croirait personne. Pour faire son devoir, il n’est donc pas nécessaire de prendre en
compte les conséquences de l’acte.
A l’opposé, Constant objecte que ce principe de dire la vérité, « s'il était pris d'une
manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible ». Dois-je par exemple dire
la vérité à des assassins qui me demandent si mon ami qu'ils poursuivent n'est pas
réfugié chez moi ?
L’argument de B.Constant :
Voici comment Constant argumente :
« Dire la vérité est un devoir. Qu'est-ce qu'un devoir ? L'idée de devoir est inséparable
de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre.
Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs. Dire la vérité n'est donc un devoir
qu'envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à
autrui. »
Écrits politiques de Benjamin Constant, textes rassemblés et présentés par MarcelGauchet,
Gallimard, Poche, 870 pages, 1997
La réponse de Kant :
« Ainsi, Il suffit donc de définir le mensonge une déclaration volontairement fausse faite
à un autre homme, et il n’y a pas besoin d’ajouter cette condition, exigée par la définition
des jurisconsultes, que la déclaration soit nuisible à autrui. Car il nuit toujours à autrui :
même si ce n’est pas à un autre homme, c’est à l’humanité en général, puisqu’il
disqualifie la source du droit. Mais ce mensonge par bonté d’âme peut même, par
M.Bouklila/ Philosophie/ LE DEVOIR/ Lycée J.J. Rousseau/ Octobre 2013
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accident (casus), tomber sous le coup des lois civiles ; or ce qui n’échappe à la sanction
que par accident, peut également être réputé injuste selon des lois extérieures. C’est
ainsi que si tu as par un mensonge empêché quelqu’un d’agir alors qu’il s’apprêtait à
commettre un meurtre, tu es juridiquement responsable de toutes les conséquences qui
pourraient en découler. Mais si tu t’en es tenu à la stricte vérité, la justice publique ne
peut s’en prendre à toi, quelles que puissent être les conséquences imprévues qui
s’ensuivent. [ …]
C’est donc un commandement sacré de la raison, absolument impératif, et qu’aucun
inconvénient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’être véridiques
(loyaux) dans toutes nos déclarations ».
Kant « Sur un prétendu droit de mentir par humanité » (1797)
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Sommaire
Chapitre 2: Le devoir ............................................................................................................................... 1
Préambule : pourquoi se poser la question du devoir ? ......................................................................... 1
INTRODUCTION : ..................................................................................................................................... 4
I. Le devoir comme sphère pratique de l’agir : Que dois-je faire ? ......................................................... 5
A. Obligation et nécessité : .................................................................................................................. 5
B. Devoir et contrainte ........................................................................................................................ 5
C. Obligation et devoir......................................................................................................................... 6
II. Sur quoi fonder la morale ? ................................................................................................................. 7
A.La sentiment (théorie innéiste de Rousseau) .................................................................................. 7
B.L’intérêt : l’obstacle à une morale réelle et universelle................................................................... 8
1. L’intérêt immanent ...................................................................................................................... 8
2. L’intérêt transcendant : Peut-on fonder la morale sur l’existence de Dieu ? ............................ 9
C.Les valeurs ........................................................................................................................................ 9
1.Le bien et le mal / le bon et le mauvais :...................................................................................... 9
2. Valorisation et évaluation : ........................................................................................................... 10
a. De quoi la valorisation est-elle fonction ? (le bon et le mauvais) ........................................... 10
b.De quoi l’évaluation est-elle fonction ? ( bien/mal)................................................................... 10
III.Qu’appelle-t-on un acte moral ? ....................................................................................................... 13
A.
Le devoir par devoir :................................................................................................................. 13
B.L’impératif catégorique : ................................................................................................................ 13
C.L’Autonomie de la volonté : le devoir comme liberté.................................................................... 15
FOCUS : un exemple de morale philosophique appliquée résultat de la méthode du doute : la morale
provisoire de Descartes dans la 3° partie du Discours de la Méthode ................................................. 16
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 19
Annexes: ........................................................................................................................................ 21
Document 1 : Robert Merle, La mort est son métier (1952). ....................................................... 21
Document 2 : la polémique de Kant avec B.Constant : Peut-on mentir par humanité ? ............. 22
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