Dossier intégration dys a St Thérése

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L’INTEGRATION
D’ELEVES DYSLEXIQUES
AU COLLEGE SAINTE-THERESE
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1. Introduction
Le collège Sainte-Thérèse de Laval accueille les élèves dans leur diversité et propose des
projets variés tenant compte des besoins et des attentes des différents profils d’élèves.
Aussi, depuis plusieurs années le collège s’est-il ouvert aux élèves atteints de troubles du
langage afin de leur proposer une structure qui tente de répondre à leurs difficultés.
En effet, devant l’échec scolaire de ces enfants, une proposition sérieuse et réfléchie
s’imposait à la vue des interrogations :
-
Quelle aide apporter à ces élèves ?
Quelle structure mettre en place pour donner à ces enfants l’envie de renouer avec le
système scolaire et retrouver une motivation certaine ?
Quelles orientations proposer ?
Comment concilier les difficultés des élèves et le système scolaire actuel ?
Ces élèves ne présentent pas de déficiences intellectuelles ou sensorielles. Ils sont atteints
de troubles qui les empêchent de se réaliser pleinement à l’école.
De fait, il est important que les éducateurs puissent en comprenant mieux ces troubles du
langage oral et écrit aider l’élève dans le long parcours de la reconstruction de sa confiance en lui
et en ses capacités et éviter le sentiment de dévalorisation.
La dyslexie peut être définie comme la maladie d’un enfant normalement intelligent qui
présente un retard de langage deux ans par rapport à l’âge normal.
Elle se décline :
o La dyslexie phonologique qui se caractérise par une altération de la voie
d’assemblage, la difficulté à lire des logatomes (mots sans sens) et des
difficultés à accéder à la procédure phonologique.
o La dyslexie de surface qui est une déficience de la voie d’adressage, l’enfant
maîtrise les sons mais éprouve des difficultés à appliquer les règles graphophonologiques pour les lettres dont la prononciation dépend du contexte, il
prononce souvent des lettres muettes enfin les mots irréguliers sont lus par
analogie.
o La dyslexie visuo-attentionnelle réside dans les confusions de graphèmes
visuellement proches (b/d ; an/on ; on/ou ; m/n), l’élève maîtrise les
correspondances graphie-phonie, enfin il est à noter une grande fatigabilité
chez ces enfants.
Les dysorthographies sont des troubles de l’apprentissage de l’orthographe, il y a
altération de la transcription du phonème entendu en graphème.
Elles sont dans de nombreux cas associées aux dyslexies citées précédemment.
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2. L’élève dyslexique,
L’élève dyslexique se retrouve confrontés à différents problèmes :
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Une fatigabilité plus importante.
Des problèmes de concentrations
Des difficultés à mémoriser.
Un comportement qui peut aller de l’hyper-activité à la rêverie.
Des problèmes existentiels en se sentant rejeté par ses camarades,
incompris de ses professeurs et parfois de sa famille.
D’où la nécessité d’adapter le système scolaire aux difficultés de l’élève et non l’inverse
ce qui ne pourrait être qu’un nouvel échec pour l’enfant.
3. La structure,
Cette structure est mise en place grâce à un projet individualisé élaboré avec les différents
partenaires et réactualisés chaque année afin d’évaluer les progrès réalisés par l’élève.
Elle s’articule autour de :
Centre médical
Concertations
EnseignantsOrthophonistes
Formations
Les
orthophonistes
L’élève
Les enseignants
Les
psychologues
Rééducation
Tutorat
Les parents
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Le rôle des différents partenaires,
o Le centre médical réalise les bilans afin d’établir un diagnostic précis du
trouble. Ce bilan est indispensable lors de l’inscription de l’enfant au collège.
Il peut se réaliser au CHU de Nantes, au centre du langage, au centre
hospitalier Clocheville de Tours, au CHU d’Angers ou au CHU Pontchaillou
de Rennes. Il assure également un suivi tout au long de la scolarité de l’enfant.
o Les orthophonistes assurent la rééducation de l’élève et le reçoivent sur le
temps scolaire. Le nombre de séance dépend de la sévérité du trouble.
o Les psychologues sont à l’écoute des élèves et de leurs interrogations
notamment en ce qui concerne les changements survenus lors de l’entrée au
collège.
o Les enseignants reconnaissent le trouble de l’élève et mettent en place des
moyens pédagogiques adaptés afin d’aider l’élève à acquérir une autonomie
certaine.
o Les parents sont présents tout au long de la scolarité de leur enfant en
s’investissant tant sur le plan du travail que sur celui de l’organisation.
Ces différents acteurs agissent de concert afin de placer l’enfant au centre d’une structure
cohérente et compétente.
Les différents partenaires peuvent être amenés à se rencontrer lors de concertations, de
réunions ou des conseils de classe.
4. Les modalités d’inscription,
L’inscription de l’élève se fait en accord avec l’élève, les parents, les orthophonistes, le
centre médical et l’établissement
.
Le dossier d’inscription se compose :
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D’un bilan médical réalisé dans un centre médical référent cité cidessus.
D’un bilan orthophonique de moins de 6 mois.
D’un questionnaire rempli par l’enseignant de primaire.
De productions écrites en français, histoire-géographie, mathématiques
ou cahiers de l’enfant.
Des relevés de notes de CM 1 et CM 2.
D’un entretien avec la personne ressource de l’établissement.
Ce dossier est transmis au collège et une commission composée d’enseignants se réunit
afin d’étudier les candidatures et prononcer l’inscription définitive de l’élève.
Dans le cas contraire une autre orientation peut être proposée à savoir l’inscription en
SEGPA par exemple.
Un test de QI est parfois conseillé afin d’évaluer les possibilités de l’élève, il est réalisé
par un psychologue.
Enfin, l’inscription de l’élève peut à tout moment être remise en question si ce dernier ne
montre pas un comportement honnête et volontaire.
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L’élève est inscrit pour 4 ans au collège et suit le cursus en classes «dyslexie » toutefois
en accord avec les enseignants, les parents et l’élève lui-même il peut lui être proposé d’entrer en
classe sans soutien spécifique dyslexie.
En cas de difficultés importantes le retour dans la structure est possible à tout moment.
5. Les objectifs de la structure,
Cette structure est présente de la 6ème à la 3ème et concerne un nombre volontairement
limité d’élèves. Ce dernier ne dépasse pas la moitié du nombre total d’élèves.
En effet, les élèves sont intégrés dans des classes d’enseignement général et la majorité
des cours sont dispensés en classe entière.
Toutefois, certains cours ont lieu en demi groupe tel l’anglais. Les élèves peuvent ainsi
faire l’apprentissage d’une langue étrangère à leur rythme.
En ce qui concerne les autres matières 1 heure sur la dotation globale par classe est
consacrée aux élèves dyslexiques afin d’approfondir le cours, préparer une évaluation ou
acquérir des mots spécifiques.
En français, 2 heures sont consacrées au groupe dyslexie en 6 ème et en 5ème. Ces heures
sont spécifiques et ont pour objectifs d’acquérir des mécanismes de substitution nécessaires à la
maîtrise du trouble. Un apprentissage des différentes catégories grammaticales est également
dispensé pendant ces heures et travaillé sur les deux premières années du collège. Enfin,
l’orthographe est travaillée dans toutes les matières mais n’est pas sanctionnées
systématiquement.
Les points forts à travailler sont discutés lors de concertation entre les différents
enseignants de la classe.
En 4ème et 3ème, l’enseignement tend vers plus d’autonomie. Le soutien n’est plus aussi
fréquent que lors de deux premières années. Une heure en français et une heure de
mathématiques supplémentaires sont présentes dans l’emploi du temps. Il s’agit d’aider les
élèves à approfondir certaines bases déjà travaillées ou à préparer certaines évaluations
notamment le brevet des collèges pour les 3ème.
Un suivi individuel est maintenu pendant les années du collège sous forme de tutorat
entre un enseignant et un voire deux élèves.
Ainsi, les objectifs de la structure au collège sont de :
o Réinsérer l’élève dans un cursus scolaire normal duquel il a été plus ou moins
évincé.
o Permettre à l’élève de reprendre confiance en lui en le valorisant.
o Faire progresser l’élève afin qu’il soit plus rigoureux dans son travail et dans
son comportement en lui redonnant des repères.
o Valoriser ses compétences.
o Tendre vers une certaine autonomie en mettant en place des stratégies de
substitutions.
o Accepter son trouble et pouvoir en tirer parti pour progresser.
o Donner à l’élève une chance de réaliser ses rêves.
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6. Les aménagements pédagogiques,
La prise en compte d’élèves dyslexiques nécessite des aménagements et une « autre
manière d’enseigner ».
Dès l’entrée en classe de 6ème des aménagements spécifiques sont mis en place tels que :


La photocopie du cours
L’utilisation de couleurs notamment en ce qui concerne les
différentes catégories grammaticales.
 Lecture des consignes et des objectifs.
 Des consignes et des objectifs de cours courts et précis.
 Des évaluations adaptées au type de dyslexie.
 Des critères d’évaluation précis (être capable de s’exprimer à
l’oral, écouter et respecter les autres, écrire des phrases
simples, être capable d’utiliser le vocabulaire vu en classe,
soigner son travail et son matériel).
Un cahier est débuté dès la 6ème et sert de lien entre les différents niveaux du collège. Il
est la mémoire des compétences acquises de l’élève et ce dernier peut s’y reporter à tout
moment.
Il comporte différents domaines (lecture, écriture, orthographe, grammaire,
vocabulaire) et est utilisable par tous les enseignants de la classe.
En classe de 5ème, les objectifs sont poursuivis toutefois les critères d’évaluations
évoluent. Ainsi, l’élève devra être capable en plus des critères de 6ème, de produire des phrases
plus complexes, d’élaborer un raisonnement simple.
En classe de 4ème et 3ème, les critères sont conservés mais les aménagements sont
moindres toutefois la lecture des consignes et des objectifs restent.
7. La formation
Une telle structure ne peut exister que si les enseignants connaissent les difficultés des
élèves, aussi une formation spécifique est indispensable. Débutée dès l’ouverture de la classe de
6ème en 1999, elle se poursuit en essayant d’être la plus ciblée possible.
Elle comprend :
Septembre 1999
(1 demi-journée )
Conférence sur les
troubles du langage
Docteur C Billard
Neuropsychologue
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Année scolaire 1999-2000
(1 demi-journée et 3 jours)
Rencontre avec
une psychologue
scolaire
Gestion des élèves
en difficultés
Formation en
gestion mentale
Orthophoniste
Mme Pagès
Année scolaire 2000-2001
(2 journées)
Formation sur l’écriture
Formation sur
l’enseignement
des sciences
Mme Géninet
Mme Henniqueau-Mary
Année scolaire 2001-2002
(4 journées)
Formation
sur
l’évaluation
Formation sur
l’accompagnement
individuel des
élèves dyslexiques
Mme Hatem
Mme Géninet
Mme Despoisse
Année scolaire 2002-2003
(3 journées)
Intervention
en gestion
mentale
auprès des
élèves.
Mme Billette
Formation sur
la mémorisation
à long terme
Formation sur la
mémorisation à
long terme
(suite)
Mme Géninet
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Année scolaire 2003-2004
(3 journées)
Formation
Evaluer les
troubles du
langage au
collège.
Formation
Lire, écrire,
parler.
Mme Vernet
Mr Marot
Formations organisées et réalisées grâce à l’AFAREC de Paris et l’IND
d’Angers.
8. Conclusion.
Il s’agit avec cette structure de répondre à plusieurs attentes, celles de l’enfant, des
parents, des orthophonistes et des enseignants.
Elle se doit de :
o Prendre en compte l’élève et ses difficultés.
o Permettre à l’élève de poursuivre une scolarité normale et atteindre ses
objectifs.
o Donner à l’élève la possibilité de mettre en place des stratégies de
substitutions.
o Aider les élèves en cernant leurs difficultés et en essayant d’apporter des
réponses adaptées.
o Poursuivre et étendre cette intégration.
o Travailler en réseau avec d’autres établissements, s’enrichir d’expériences
plurielles.
o Etablir un partenariat avec les orthophonistes et le milieu médical.
Une telle structure ne peut exister et perdurer sans le concours de tous les partenaires et
leur investissement.
De même, cette intégration nécessite des moyens tant humains que matériels tels qu’une
dotation spécifique qui permettrait un soutien plus important et la reconnaissance d’un travail de
tout un groupe.
Septembre 2004
Damien HOUDOU
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Annexe au dossier concernant la prise en charge.
Un telle structure nécessite des moyens qui peinent à être mis en place. Ainsi, une prise
en charge des troubles spécifiques du langage demandent du temps, de la concertation, des
échanges et des formations.
Une reconnaissance du travail effectué par les enfants, les parents et les ensaignants est
également un point important pour la poursuite et la pérennité de ces structures.
A partir de mon expérience et de ma pratique fortes de six années, il me semble que :
o Une enveloppe horaire spécifique aux troubles du langage devrait être allouée
aux établissements qui offrent une structure de qualité à ces enfants.
o Un temps de concertation devrait pouvoir être pris en charge par l’Education
Nationale sur le temps scolaire. Les enseignants ont besoin d’échanger sur
leurs pratiques mais également mettre en place un travail commun afin de
faire progresser l’élève.
o La mise en place de réseaux d’établissements afin de s’enrichir de
l’expérience des autres, ce type de réseau existe dans l’enseignement privé
sous la forme d’un fédération.
o L’élaboration de dossiers ressources afin que chacun puisse être informé sur
les troubles du langage et y trouve recommandations et conseils.
o La présence dans chaque département de personnes qualifiées et reconnues
afin de dépister calairement le type de troubles dont est ateint l’enfant.
o La mise en place de structures adaptées dès l’enseignement primaire, des
expériences existent et elles portent leurs fruits.
o Une information sur les différentes structures existantes afin d’aider les
parents dans leurs démarches afin d’éviter un nouveau parcours du
« combattant ».
o Une reconnaissance des difficultés pour l’aménagement des examens et
diplômes en fonction du trouble sans que l’enfant n’ait à chaque fois à prouver
ses difficultés. Une uniformisation de ces aménagements sur le plan national
est indispensable. En effet, les décisions concentrées dans les mains d’une
seule personne, le médecin scolaire de surcroit, ne semble pas judicieuses.
Enfin, il serait bon que les milieux éducatifs et de la santé puissent enfin travailler de
concert afin d’aider l’élève à surmonter ses difficultés et à suivre une scolarité normale.
Il est temps de relever le défi pour restaurer leur dignité.
Damien HOUDOU
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