LA saga d’une centenaire pleine de vigueur, la cartouche de 9 mm PARABELLUM. Par Gilles Sigro Une des pierres angulaire de l’histoire de l’armement moderne fut la création en 1902 de la cartouche de 9X19 dite 9mm Parabellum. Sa vulgarisation aidée par son adoption en 1908 par l’armée allemande comme calibre réglementaire pour ses nouveaux pistolets automatiques ultra modernes pour l’époque, le P08 marqua le début de l’ère moderne en matière d’armement. Il semblait dommage de ne pas fêter même modestement le centenaire de cette adoption, puisse ce petit article aider à réparer partiellement cet oubli en permettant d’identifier certaines variantes de cette cartouche produite par l’industrie militaire allemande entre 1902 et 1945, leur nombreuses variantes en font un thème de collection à la portée de toutes les bourses pour peu que le collectionneur soit titulaire d’une autorisation de détention de première catégorie à titre sportif. LA 1ere cartouche moderne à grande diffusion, la 9mm Parabellum Qui mieux que cette nature morte peut illustrer la cartouche de 9mm Parabellum des origines avec son ogive tronconique si particulière, on peut déplorer qu’aucun encartoucheur moderne n’ait eu l’idée de la recréer pour son centenaire avec un simple marquage de culot 1908-2008.L’arme ici présentée est une rarissime version civile du P08 bulgare, que l’on reconnaît à la position inusuelle de l’anneau de dragonne au bas de la poignée, les boites de cartouches sont des fabrications de 1920. Boite d’origine de 16 cartouches tronconiques fabriquées en 1915 pour les pistolets de dotation. C’est une pièce assez rare, la fabrication des ogives tronconiques ayant cessé vraisemblablement vers mi 1916 pour être remplacée par l’ogive ogivale encore utilisée. L’étiquette de la boite de cartouches à ogives tronconiques provenant de l’arsenal de Dresde Quelques part à l’arrière du front Austro italien, en 1917, un officier médecin allemand pose avec une arme hybride Italienne de prise qui devait donner naissance à toute la lignée des pistolets mitrailleurs en utilisant pour la première fois dans l’histoire la cartouche de 9 mm Parabellum pour du tir en rafale : Le VillerPerossa.( l’arme dotée de deux canons juxtaposés est alimentée par des chargeurs verticaux ici absents sur la photo.) .Elle utilise la cartouche du pistolet Italien Glissenti, elle aussi à ogive tronconique, copie servile de la munition allemande. Divers marquages exotiques de 9mm Parabellum à ogives tronconiques de la première guerre mondiale -Western 1917 : Fabrication U.S. pour les italiens (Viller–Perosa et Glissenti) -FIOCCHI 1917 ou 1918 : Fabrication Italienne. -B.P. B. 16 : Fabrication Italienne réglementaire en 1916. -FTCI : Contrat Turc pour P08. -SMI 17 : Société métallurgique Italienne 1917. -MAXIM USA 1918. Fabrication U.S. pour l’Italie. -KYNOCH 9 mm .P : Fabrication Anglaise pour l’Italie. Etiquette d’une caisse bois de transport de 3360 cartouches modèle 1908, ces cartouches ont été produites par l’arsenal de Dresde en juin 1916. Boite typique de cartouches du 1er conflit mondial, empaquetées le 20 Février 1918 Boite de cartouches à étui laiton et fabriquée en 1940 Variante de boites militaires allemandes. Vue d’un échantillon de culots de cartouches allemande en acier laqué, outre les variantes d’amorces en laiton ou en acier zingué, avec ou sans joint d’amorçage( noir), on peut remarquer aussi que certains étuis portent le simple marquage « st » abréviation de Stahl (acier en Allemand) pour des étuis en acier à deux évents d’amorçage, d’autre sont marqués « st+ » pour différencier les étuis en acier renforcés à deux évent d’amorçage, d’autres enfin surtout vers la fin du conflit sont frappés « -st+ » pour des étuis en acier renforcés à un seul évent d’amorçage. La fin est proche et l’on doit à présent faire flèche de tout bois, ici un pistolet de récupération Polonais Radom VIS 35 fabriqué sous contrôle Allemand au milieu de cartouches à étui en acier laqué avec les trois variantes d’ogives. De 1908 à 1945 ici réunies les principales variantes de cartouches de 9 Parabellum allemandes. De gauche à droite : -modèle à ogive tronconique plaquage cupronickel (1908-1916) -modèle à ogive ogivale cuivrée (1916-1945) -modèle à ogive ogivale plaquée de cupronickel (1916-1945) -modèle à ogive à noyau fer doux (1941-1945) sur étui laiton (1941) l’ogive est noircie pour identifier le noyau en fer doux -modèle à ogive ogivale cuivrée et étui laiton (1916-1945) ici variante 1940 -modèle à ogive ogivale cuivrée et étui en acier cuivré (1940-1942) -modèle à ogive ogivale cuivrée et étui en acier laqué (1941-1945) -modèle à ogive à noyau fer doux sur étui acier laqué (1941-1945) -modèle à ogive entièrement en fer doux sur étui en acier laqué (1941-1945). Une étiquette de boite typique, sa traduction permettait une traçabilité totale du produit fini et de ses composants, démêlons cet écheveau complexe : 16 : nombre de cartouches dans la boite. Pistolenpatronen 08 m.E : cartouches de pistolet type 1908 (1908 désignant la 9 parabellum par rapport à sa date d’adoption), m.E désignant le type d’ogive. 1944 kam 24 : 24 lot de 1944 de l’usine codée kam (usine HASAG de Skarzysko Kamienna dans le gouvernement Général (Pologne occupée)). NZ. Stb. P.n /A.(0,8-0,8)- 1944 mog 3 Charge de 0,8 grammes de poudre à base de nitrocellulose, provenant du 3eme lot de la poudrerie codée mog Pist.patrh.08 (st.) +lack. 1944 kam Etui en acier laqué à deux évents d’amorçage et culot renforcé, fabriqué par l’usine codée kam Gesch.1944 kam : ogive fabriquée en 1944 chez kam Zdh. 08 /42 dnf 44 : amorce type 08 modifiée 1942 fournie par l’usine codée dnf lot 1944 Autre exemple de type d’étiquette, toute aussi complète, à la dernière ligne, la mention d’un noyau en acier doux en lieu et place du plomb dans l’ogive est signalée par le mot allemand kern (noyau), le dit noyau étant produit par un fabricant codé hrk en 1943. Ici la boite ouverte révèle son contenu. On peut aussi remarquer que le couvercle porte embossé la date de fabrication et le code secret du fabricant de cartonnage. ( gpe Hugo Aurig Gmbh kartonnagenfabrik Engelsdorf bezirk Liepzig) Les trois type d’ogives utilisées pendant la seconde guerre mondiale par les allemands : De gauche à droite : -Ogive traditionnelle plutôt utilisée pendant la 1ere partie du conflit mais fabriquée jusqu’en 1945, construction avec une chemise externe en cuivre rouge pur et noyau interne en plomb -Ogive à chemise cuivre, mais pour palier aux pénuries de plomb, le noyau est en acier doux, pour les différencier des autres, la chemise est noircie chimiquement. -Ogive de pénurie, entièrement en métal ferreux, apparue des 1941, l’ogive est fabriquée en comprimant dans un moule des limailles et des copeaux souvent de récupération, ce qui donne un projectile certes monobloc, mais très correct quoique assez dommageable à la survie des rayures de l’arme. On peut observer sur ce cliché les variantes de nuance de couleur du laquage des étuis, la couleur n’a aucune signification particulière et peut occuper toute la palette des gris au marron en passant par le vert, seul le laquage vert clair émeraude à une signification particulière, appliqué seulement sur le culot, il signale les cartouches d’épreuve destinées au test en surpression des armes avant leur mise en service. Plus rare et plus intéressant le laquage intégral en vert émeraude de l’étui identifie les cartouches subsoniques, destinées aux coups tordus avec utilisation de silencieux, il faut signaler que cette rare variante de cartouche ne semble exister qu’avec le marquage « aux st+ 33 42 » dans sa version laqué vert clair, où alors avec marquage « X », mais sur étui acier laqué couleur standart. Vaste gamme de variantes de cartouches, dans la rangée du bas, de gauche à droite, on peut voir : -Une cartouche subsonique. -Une cartouche de manipulation plastique rouge -Une cartouche de manipulation plastique noir (sûrement produite en R.D.A. après 1945 vu la forme de l’ogive) -Une cartouche de manipulation tronconique du 1er type -Diverses cartouches de manipulation en construction variées. Gros plan sur le marquage de la cartouche de manipulation tronconique nickelée : S. (Spandau) 5 (5eme lot) 10 (1910) Ligne précédente, 4eme en partant de la gauche rangée du bas. Cartouche subsonique laquée vert pale (33eme lot de 1942) Cartouche code ch (fabrique nationale d’armes de Herstal Belgique) fabrication fin de guerre ogive en limaille d’acier comprimé, ce qui démontre que les occupants avaient mis à leur service suivant leur propre norme de production les industries des pays occupés. Cartouche produite en bohéme-Moravie chez Sellier et Bellot à Prague. (À noter que dés 1941 on commence à utiliser l’acier laqué, mais on produit aussi des cartouches laiton avec code lettrique propre normalement aux étuis en acier laqué) Fabrication sous la république de Weimar en 1925 de cartouches de manipulation avec culot plein sans puit d’amorce par l’arsenal Polte de Magdeburg. Vue les conditions drastiques du traité de Versailles qui contingentait sévèrement les production militaires de l’Allemagne vaincue, les cartouches fabriquées durant cette période sont peu couramment rencontrées et le plus souvent sous forme de cartouches de manipulation qui du fait qu’elle ne sont pas chargées devaient échapper à l’embargo . Marquages : -On retrouve toujours dans le marquage du culot l’année de production (2derniers chiffres de l’année. 1944=44) - Le fabricant est désigné pendant la première guerre mondiale par la première lettre du nom de l’arsenal. -C : Arsenal de Cassel ou Patronenfabrik Cleebronn. -D : Arsenal impérial de Dresde. - K.DWM . K : Usine DWM de Karlsrhue. -G.D.: Gustav Genschow & Cie Durlach. -G.De.: Idem. -H: Hirtenberger patronenfabrik. -J : Hauptlaboratorium Ingolstadt. -MW: Munition werke schönebeck sur Elbe. -RM : Rheinhishe Mettalwarren à Sommerda (Rheinmetall). -S: Arsenal imperial de Spandau. -UN : Utendörffer & cie Nurenberg. - E : Arsenal imperial d’Erfurt. -L : Lindener Zündhütchen & patronenfabrik A.G. -OS (entrelacés): Oberschleische Eisenwerke A.G (Hugo Schneider AG ( H.A.S.A.G.) -Suite au traité de Versailles et à sa restriction de production d armement, un nouveau système d’identification d’usine est adopté entre 1934 et 1940. Les cartoucheries sont identifiées par la lettre « P » pour Patronenfabrik ou Patronenwerke (cartoucherie) suivi d’un numéro de code, on connaît des marquages de P 14A jusqu'à P 963, mais ce système de marquage s’est généralisé peu à peu à toute l’industrie de l’armement. - Un troisième système fut mis en place ensuite pour brouiller encore les possibilités d’identification des sites de productions du fait du début des bombardements alliés. Ce système se caractérise par l’attribution de manière aléatoire d’un ensemble de une, deux trois, ou quatre lettres n’ayant aucun rapport avec le nom de la cartoucherie (sauf deux exceptions kam et emp) -On rencontre donc les marquages -ad, ak, am, asb, aux, cdp, pcdp, ch, dnf, dnh, dou, eej, emp, faa, fb, fva, hla, hlc, hrn, kam, ndn, oxo, oma, pjj, qrb, rfo, suk, va, wa, z. -Le lot de la munition est aussi indiqué par un nombre variable suivant les quantités fabriquées par années (on peut dépasser 100 lots par an.) -Sur les douilles laiton fabriquées entre 1915 et 1925 on rencontre parfois la lettre « S » suivie du chiffre 67 « S 67 », ce marquage identifié les étuis fabriqués avec un laiton contenant 67% de cuivre. -Sur les étuis en acier laqués, on rencontre le marquage « ST+ » ce qui indique un étui en acier (st= Sthal) le plus indique un étui renforcé au culot, le marquage « ST-» identifie un étui à un seul évent d’amorçage. La préhistoire : boite commerciale d’origine de 50 cartouches tronconiques fabriquées par la D.W.M. (Collection LU 1900) Cartouche dont l’étui fut fabriqué par l’arsenal de Spandau en 1912, et rechargé ensuite comme l’indique le « 0 » en surimpression dans le marquage. Cartouche de manipulation en laiton, sans amorce, étui percé, fabrication 1940 Vue d’un autre type de boite réglementaire datant de 1917 à l’état de neuf, ce genre de boite n’est pas très courante, les cartouches furent fabriqué à l’usine MW: Munition werke schönebeck sur Elbe Boite de 16 cartouches datant de la république de Weimar, empaquetées en 1920 sous le contrôle supposé des commissions de désarmement alliées. Lot de boites de la première guerre mondiale Fiche de formation émise par les services de déminage de l’armée Française en 1944 destinée à la formation des personnels. Pour terminer cette petite étude, il convient de se poser une question logique : Alors que tous les MP 40 portent un filetage au bout du canon filetage, destiné à fixer soit un silencieux (surtout apparu en fin de guerre de manière très confidentielle), soit un bouchon de tir à blanc, hors on ne rencontre jamais de cartouches allemandes de 9mm Parabellum à blanc réglementaires. Ce n’est pas logique vu le nombre de MP 40 en dotation, les seules cartouches à blanc rencontrées sont de fabrication civile, et montées avec une ogive en carton rouge remplies de limaille de plomb ou de fer.