Le Citoyen à Athènes au Ve siècle avant J

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Le Citoyen à Athènes au Ve siècle avant J.-C.
Au Ve siècle avant Jésus-Christ, pour la première fois dans l’histoire, se met en place un régime
politique original dont nous sommes les héritiers : la démocratie.
Dans la cité grecque d’Athènes, chaque citoyen peut participer aux décisions concernant
l’ensemble des habitants. Même si les femmes, les métèques et les esclaves sont exclus de cette
démocratie, cette expérience unique mérite toujours d’être méditée.
 Quels éléments ont favorisé la naissance de la démocratie à Athènes ?
 Quels sont les droits et les devoirs des citoyens ?
 En quoi la démocratie athénienne est-elle différente de la démocratie d’aujourd’hui ?
 Athènes dans le monde Grec au Ve siècle avant J.C.
Après les Guerres médiques, la cité géante d’Athènes, avec ses 2500 Km2 occupe la première
place dans le monde grec. C’est vers elle que se tournent les cités des îles et du pourtour de la
mer Egée qui, par crainte d’un retour des Perses, cherchent à se grouper. Au milieu du Ve siècle
avant J.-C., le nouveau port du Pirée est le centre d’un trafic commercial et d’une activité
militaire intense. Athènes dispose d’une puissance navale sans équivalent. La cité de Sparte,
inquiète de cette puissance, entre en guerre contre Athènes en 431 avant J.-C. Le conflit s’achève
par la victoire de Sparte et de leurs alliés en 404 avant J.-C.
I ) La naissance de la démocratie athénienne.
A- La Grèce des Cités.
Au VIIIe siècle avant J.-C., le monde grec apparaît au premier plan dans la vie de la
Méditerranée. Sans doute par manque de terres, de nombreux Grecs émigrent sur tout le pourtour
de la Méditerranée. Ces Grecs, installés comme des « Grenouilles autour d’une mare », écrit le
Philosophe Platon, sont surtout organisées en cités (En grec Polis).
La plupart des cités sont petites. Elles disposent en moyenne d’un territoire inférieur à 100 km2.
Mais elles sont attachées à leur indépendance et à leur identité. Chaque cité se compose d’une
acropole, une citadelle haute, le plus souvent une colline fortifiée comprenant la résidence royale
et les bâtiments les plus importants (la ville ou astu), d’une au pied de l’acropole et d’une
campagne dans laquelle vivent les paysans.
B- Des lois écrites pour tous.
Athènes, une cité aristocratique
Avec ses 2500 km2, Athènes apparaît, à l’échelle des Grecs, comme une cité géante. A l’origine,
le pouvoir est aux mains des grands propriétaires qui possèdent les terres et les troupeaux. Cette
aristocratie guerrière élit parmi elle les plus hauts magistrats de la cité. La majorité des citoyens,
qui forme le demos (l’ensemble des citoyens), n’est pas associée aux décisions.
Comme toutes les autres cités grecque, Athènes a souffert de l’accroissement de la population et
de l’inégale répartition des terres qui condamnent les petits paysans à l’endettement et à la
misère. Cette crise agraire débouche à Athènes sur une série de réformes qui vont fonder la
première démocratie de l’histoire.
Les hoplites au service de la cité
En 624 ou 621 avant J.-C., Dracon, un législateur, établit des lois écrites, les mêmes pour tous,
d’une extrême sévérité (d’où les mesures draconiennes). Avec sa réforme, la justice échappe au
seul pouvoir des aristocrates. Cette réforme s’explique sans doute par la transformation des
techniques militaires : le combat individuel aristocratique cède le pas à la phalange (compagnon
d’hoplites qui combattent en formation serrée) d’hoplites (tire son nom du bouclier rond hoplon),
des fantassins lourdement armés, protégés par leurs boucliers. Il faut aussi faire appel à plus
d’hommes pour protéger Athènes des agressions des cités voisines. Les hoplites, qui défendent la
patrie autant que les aristocrates, ont alors vraisemblablement réclamé de participer à la vie
politique.
En 594 avant J.-C., Solon interdit que quiconque puisse réduire en esclavage l’un de ses
concitoyens pour dette. Pour faire comprendre que la loi est désormais la même pour tous, il la
placarde sur des panneaux de bois afin que chacun puisse en prendre connaissance.
C – Des réformes révolutionnaires.
Les dèmes, cellules de base de la démocratie (texte 2 page 14)
En 508-507 avant J.-C, les réformes de Clisthène assurent l’épanouissement de la démocratie
athénienne. Clisthène découpe le territoire de l’Attique en trois endroits différents, chacune de
ses divisions territoriales porte le nom de trittye. Chaque tribu comprends donc trois trytties,
l’une située dans la zone appelée Paralie (zone côtière), l’autre dans la zone appelée Mésogée
(zone intérieure), la troisième dans la zone de la ville (Astu). Enfin chaque trittye comprend
plusieurs dèmes, c'est-à-dire des villages avec un territoire agricole tout autour ou des quartiers
urbains. Tout citoyen est désormais désigné par le nom de son dème où il doit se faire inscrire
pour que ses droits soient reconnus. Tribus, trittyes et dèmes servent de base au recrutement de
tous les organismes de la vie politique.
Désormais, ces habitants célèbrent les mêmes fêtes, combattent ensemble, élisent leurs
responsables et siègent côte à côte à l’assemblée du peuple ou Ecclésia.
Ces réformes constituent l’acte de naissance de la démocratie athénienne. Page 17 docs 3, 5 et 6.
La victoire des « citoyens ordinaires »
A partir de 490 avant J.-C., les guerres médiques qui opposent les Grecs aux Perses contribuent à
développer la démocratie. Après la révolte des cités grecques d’Ionie contre Darius 1 er, le roi des
perses, ce dernier veut punir Athènes qui a accordé son appui aux révoltés. Débarqués dans la
plaine de marathon, les perses sont vaincus par les hoplites athéniens. Dix ans plus tard, à
Salamine, la flotte perse est détruite par les navires grecs commandés par l’athénien Thémistocle.
Ainsi, ce sont les hoplites et les rameurs, des citoyens « ordinaires », qui ont écarté la redoutable
menace perse.
II ) L’âge d’or de la démocratie athénienne
A- Le siècle de Périclès.
Entre 443 et 429 avant J.-C., la vie politique à Athènes est marquée par Périclès. Cet aristocrate
de grande famille, petit-neveu de Clisthène, né vers 495 av. J.-C., est réélu chaque année à la
charge la plus élevée de la cité, celle de stratège. Vers 450 av J.-C., il institue le misthos, une
indemnité versée aux citoyens tirés au sort pour occuper une magistrature, et qui équivaut à
environ la moitié du salaire d’un ouvrier sur un chantier de constructions publiques. Par la suite,
cette indemnité est versée aux citoyens qui assistent aux réunions de l’Assemblée du peuple.
Cela permet d’associer les plus pauvres au gouvernement de la cité.
B – Une démocratie directe.
L’Ecclésia
Tous les citoyens peuvent ainsi assister aux séances de l’Ecclésia, (Assemblée du peuple qui se
réunit quarante fois par an à Athènes, sur la colline de la Pnyx, et à laquelle tous les citoyens
peuvent participer.) l’Assemblée du peuple, qui se réunit sur la colline de la Pnyx. Même si, dans
la pratique, il ne vient jamais plus de 6 000 citoyens sur un total d’environ 40 000, l’essentiel est
que tous peuvent y aller et que l’assistance se renouvelle.
L’Assemblée débat des propositions que lui soumet la Boulè, le conseil des 500 (Il prépare les
réunions de l’Ecclésia et les 50 bouleutes de chaque tribu assurent à tour de rôle la permanence
de la cité) dont les 500 membres sont recrutés chaque année par tirage au sort parmi tous les
citoyens âgés de 30 ans, à raison de 50 par tribu.
N’importe quel citoyen peut prendre la parole et proposer un amendement. Après discussion, le
projet du conseil et ses amendements sont soumis au vote de l’Assemblée. La décision est prise à
la majorité des votants à main levée.
L’Assemblée peut aussi condamner à dix ans d’exil tout citoyen soupçonné de menacer la
démocratie : c’est l’ostracisme (une fois par an les citoyens Athéniens se réunissaient dans
l’Agora pour désigner celui qui par ses agissements mettait en péril la démocratie). Elle élit
certains magistrats qui par, collège de dix renouvelé chaque année, ont la charge d’exécuter les
décisions du peuple. Les plus importants sont les stratèges. Au terme de leur fonction, ils doivent
rendre des comptes à l’Assemblée.
Le tribunal populaire
Autre rouage essentiel de la démocratie athénienne, le tribunal populaire de l’Héliée (dans la
Grèce antique, tribunal populaire de six mille membres tirés au sort chaque année parmi les
Athéniens âgés de plus de 30 ans. De l’Héliée relèvent toutes les actions aussi bien publiques que
privées) est composé de 6 000 citoyens tirés au sort chaque année parmi tous les Athéniens âgés
de plus de 30 ans. Ils vérifient en particulier si les magistrats ont bien rempli leur mission. Lors
du procès, chaque juré reçoit un jeton et le dépose dans l’un ou l’autre de deux vases, l’un
recueillant les votes en faveur de l’accusateur, l’autre en faveur du défendeur. Un couvercle de
vannerie recouvre les deux urnes pour garantir le secret du vote. Doc 3 page 20.
Le tirage au sort
Cette pratique généralisée du tirage au sort, qui peut aujourd’hui nous surprendre, est un élément
clé de la démocratie athénienne. Exprimant la méfiance des démocrates à l’égard de ceux qui
aspirent seulement à faire une carrière politique et de la démagogie (fait de manipuler le peuple
en tenant le discours qu’il souhaite entendre et en faisant semblant de défendre ses intérêts), elle
traduit surtout le fait que les Athéniens estiment que chaque citoyen est apte à exercer une
fonction publique.
C – Une religion civique.
Un esprit nouveau
A Athènes, démocratie, religion et théâtre sont étroitement liés. Les principaux chefs-d’œuvre de
la tragédie évoquent tous la grandeur d’Athènes. La première tragédie conservée est celle
d’Eschyle intitulée Les Perses, écrite e, 472 avant JC. Son sujet est la bataille de Salamine.
Ainsi, la création intellectuelle, intimement liée à l’élan démocratique, a pour vocation de faire
réfléchir le citoyen sur son rôle dans la cité. Pour un Athénien, aller au théâtre dans le cadre des
fêtes en l’honneur de Dionysos qui ont lieu au mois de mars est considéré comme un devoir
civique.
Pendant les quinze années où il exerce da magistrature, Périclès multiplie les chantiers qui vont
faire la gloire d’Athènes. C’est lui qui fait construire le Parthénon sur l’Acropole ; il fait appel au
sculpteur Phidias auquel on doit la statue en or et en ivoire d’Athéna, la déesse protectrice de la
cité, ainsi que la frise qui représente la procession des Panathénées. Dossier pages 26 et 27.
(Les panathénées (en grec ancien Παναθήναια / Panatếnaia) étaient un festival religieux qui se tenait tous les
ans à Athènes en l’honneur d’Athéna, déesse poliade (protectrice de la cité) d'Athènes. C'était le plus ancien et le
plus important des événements religieux de la cité .Durant plusieurs jours se succèdent des sacrifices d’animaux,
des concours et des jeux. Le dernier jour, l’ensemble de la communauté des citoyens offre en procession à la statue
en bois d’Athéna, un nouveau voile tissé et brodé par les jeunes filles d’Athènes, le peplos.
La panathénées était annuelle et avait lieu du 23 au 30 du mois d’hécatombéon — premier mois de l’année attique,
équivalant à la deuxième moitié de notre mois de juillet actuel. Selon la tradition, elle est fondée par le roi mythique
Érichthonios en l'honneur d'Athéna Polias, Thésée lui donnant son nom de « Panathénées » lors du synœcisme.
Tous les quatre ans se tenaient également les grandes panathénées, qui comprenaient des jeux panathénaïques et
qui étaient de trois ou quatre jours plus longues. Ces jeux étaient les plus prestigieux pour les citoyens d’Athènes
mais ils n'étaient pas aussi importants que les jeux olympiques ou les autres jeux panhelléniques .)
III ) Etre et ne pas être citoyen
A- Etre citoyen.
Un droit du sang
Au Ve siècle avant J.-C. on compte à Athènes environ 40 000 citoyens. Depuis la loi établie par
Périclès en 451 avant J.-C., il faut, pour être citoyen, être né d’un père citoyen et d’une mère fille
de citoyen.
A l’âge de 18 ans, les jeunes gens s’inscrivent dans la circonscription administrative de base, le
dème. Ensuite, ils doivent suivre une sorte d’entraînement militaire, l’éphébie, au terme duquel
ils deviennent citoyens de plein droit.
C’est donc le droit du sang qui, à Athènes, détermine la citoyenneté. Toutefois, le droit de cité
peu récompenser un non-Athénien par un vote d’au moins 6 000 Athéniens au scrutin secret.
Les droits et les devoirs du citoyen
Dans la culture politique athénienne, être citoyen, c’est à la fois bien commander et bien obéir.
« On dit, et à juste titre, écrit Aristote, qu’on ne peut pas bien commander si l’on n’a pas bien
obéi. » Sur les 7 000 postes de magistrats que compte l’administration athénienne, 600 environ
sont pourvus par le tirage au sort. Comme ces magistratures sont en général collégiales et
qu’elles durent un an, une grande majorité de citoyens est un jour appelée à exercer une parcelle
de pouvoir.
Surtout le citoyen est d’abord un soldat qui doit défendre sa cité. Pour montrer que c’est la
communauté des citoyens et non chacun des soldats qui doit tirer gloire de la victoire, les
athéniens procèdent à l’inhumation collective des hommes tués au combat.
Des riches et des pauvres
La différence la plus importante entre les citoyens, égaux devant la loi, sépare en fait les riches,
qui vivent des revenus de leurs terres ou de leurs ateliers d’esclaves, et les pauvres, paysans en
majorité, artisans et petits marchands. Les hautes charges reviennent aux plus riches qui ont du
temps pour les assumer et que l’éducation a rendu habiles dans l’usage de la parole, essentiel
pour s’imposer à l’Assemblée.
En contrepartie, le peuple attend des riches qu’ils prennent en charge les frais de la cité. Ainsi,
c’est aux gens aisés qu’il revient de payer les frais d’un spectacle, d’équiper un navire de guerre
ou d’aider à la réparation d’un édifice public. Ce mode de financement, appelé liturgie, est un
moyen d’acquérir, pour les citoyens les plus généreux, une popularité qui peut faciliter leur
carrière politique.
B – Ne pas être citoyen
Au milieu du Ve siècle avant J.-C., l’immense majorité de la population, 260 000 personnes sur
les 300 000 que compte Athènes, ne participe pas ou peu à la vie politique.
Les femmes et la cité (doc 4 page 23, et doc 6 page 25)
Les femmes jouent un rôle essentiel dans la transmission de la citoyenneté mais elles ne sont pas
elles-mêmes citoyennes. Pour les Grecs, l’idéal reste celui d’une femme au foyer. La religion de
la cité est la seule activité civique ouverte aux femmes et aux filles de citoyens. Ainsi, ce sont
des jeunes filles qui brodent le peplos, le voile offert à Athéna lors des Panathénées. Une fête est
réservée aux femmes mariées, les Thesmophories. Comme nous l’apprend une comédie du poète
Aristophane, les hommes n’ont pas le droit d’y être présents.
Les étrangers et la cité (doc 5 page 23)
Les étrangers sont également exclus de la vie politique. La prospérité d’Athènes a attiré
commerçants et artisans étrangers : ces étrangers, appelés « métèques », n’ont que peu de droits.
Seuls la protection d’un tuteur et le paiement d’une taxe minime (metoikon) leur permettent de
résider dans la cité et d’avoir accès à la justice en cas de besoin.
Cependant, comme les citoyens, les métèques ont des devoirs : combattre pour la défense de la
cité et, comme les plus riches, payer des liturgies et leur équipement militaire.
Esclavage et démocratie (doc 6 page 23)
Les esclaves (110 000 à 150 000 à Athènes) n’ont aucune place dans le vie de la communauté.
Propriété de leurs maîtres, « instruments vivants », selon l’expression d’Aristote, ils ne peuvent
participer à aucune activité collective officielle, y compris lors des fêtes. En revanche, ils
peuvent être mobilisés pour faire la guerre en cas d’extrême nécessité et y gagner la liberté, ce
qui leur donne alors le statut de métèques.
Pour comprendre la pratique de l’esclavage dans la démocratie Athénienne, il ne faut pas oublier
qu’il a été un élément de base dans toutes les civilisations antiques. Reste que c’est à Athènes
seulement qu’est né l’idéal d’une démocratie qui nous inspire toujours. Dossier pages 28 et 29.
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