NICE Communiqué de presse MESSAGE GENERAL Dans son Rapport 2007 Amnesty International constate que des gouvernements puissants et des groupes armés suscitent délibérément la peur afin de porter atteinte aux droits humains et de créer un monde de plus en plus divisé et dangereux. « En adoptant des politiques à court terme qui encouragent les peurs et créent la division, certains gouvernements sapent l’État de droit et les droits humains, entretiennent le racisme et la xénophobie, divisent les populations, augmentent les inégalités et sèment les germes de nouvelles violences et de futurs conflits », a déclaré Irene Khan, la secrétaire générale d’Amnesty International. Trop souvent la communauté internationale, méfiante et divisée, s’est révélée impuissante ou a manqué de volonté devant les grandes crises des droits humains qui se sont déroulées au cours de l’année 2006. Les droits humains – ces normes communes, ces valeurs et principes universels censés nous unir – sont de nouveau bradés au nom de la sécurité. Comme du temps de la guerre froide, les décisions prises s’inscrivent dans un climat de peur suscité et entretenu par des dirigeants sans principes. La peur est parfois un facteur de changement positif. C’est le cas en matière d’environnement : l’inquiétude suscitée par le réchauffement climatique a forcé les responsables politiques à réagir, quoique tardivement. Mais la peur devient un danger et une source de division lorsqu’elle engendre l’intolérance, menace la diversité et justifie la remise en question des droits humains. En 1941, le président étatsunien Franklin Roosevelt exposait sa vision d’un nouvel ordre mondial : il reposait sur « quatre libertés » : libertés d’expression, de culte, liberté de vivre à l’abri du besoin et de la peur. La peur engendre la méfiance, elle anéantit notre appartenance commune à l’humanité La peur se nourrit de visions à court terme et de la lâcheté Assurément, il existe de nombreuses raisons justifiées d’avoir peur. Face à elles, cependant, bien des dirigeants mondiaux font preuve d’aveuglement : ils adoptent des stratégies et prennent des mesures qui sèment les germes de nouvelles violences et de futurs conflits. Dans la mondialisation, la mécanique de la peur s’est complexifiée avec l’apparition de groupes armés et de grandes entreprises qui commettent ou tolèrent diverses atteintes aux droits de la personne. Les grandes entreprises refusent encore de se plier à des normes internationales contraignantes de respect des droits humains fondamentaux. L’histoire a montré que l’espérance et l’optimisme – contrairement à la peur – sont des facteurs de progrès. Alors pourquoi certains dirigeants jouent-ils ainsi sur la peur ? Parce qu’elle renforce leur pouvoir, crée de fausses certitudes et permet de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes. « Il y a des signes d’espoir. Des institutions européennes ont déclenché un mouvement favorable à la transparence et à l’obligation de rendre des comptes sur les "restitutions". Grâce à l’action de la société civile, l’ONU a accepté d'élaborer le texte d’un traité sur le contrôle des armes classiques ». Le concept de « durabilité » est d’une importance fondamentale pour les militants des droits humains. Une stratégie durable privilégie l’espoir, les droits humains et la démocratie, tandis qu’une stratégie sécuritaire se focalise sur les peurs et les dangers. Dans un monde interdépendant, les questions universelles comme la pauvreté, la sécurité, les migrations ou la marginalisation exigent des réponses basées sur les valeurs – également universelles – que sont les droits humains ; Les politiques adoptées doivent nous rassembler et améliorer notre bien-être collectif. Les droits fondamentaux constituent les fondations d’un avenir durable. Aujourd’hui, le seul impératif semble être de protéger la sécurité des États, et non la vie et le bien-être des populations. Et c’est là que le message de AI a toute sa valeur dans le contexte français. Amnesty International exhorte Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner à mettre les Droits Humains au cœur de la politique étrangère de la France A l’occasion du lancement de son Rapport Annuel, Amnesty International France appelle Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner et l’ensemble du nouveau gouvernement à mener une politique étrangère plus respectueuse des Droits Humains. Le 16 mai dernier, Nicolas Sarkozy disait : « Je ferai de la défense des droits de l'homme et de la lutte contre le réchauffement climatique les priorités de l'action diplomatique de la France dans le monde. La tâche sera difficile et elle devra s'inscrire dans la durée ». Amnesty International attend du nouvel élu qu’il précise et développe ses engagements et ses projets dans ce domaine. La durabilité suppose un renforcement de l’Etat de droit et des droits humains, tant au niveau international qu’au niveau national. Amnesty continuera à lutter pour un avenir libéré de la peur. Synthèse de la présentation de Irene Khan, sec-gen d’AI à Londres, du communiqué de presse diffusé à l’occasion du Rapport et du communiqué de presse diffusé par Amnesty France ce 21 mai 2007. Réalisée par Jac Forton Relais Presse Amnesty Nice