RESUME DES INTERVENTIONS ET BIOGRAPHIES Colloque du 6 septembre 2013 « Les pays du Conseil de Coopération du Golfe, nouvelles puissances du monde arabe ? » Hasni Abidi Politologue, spécialiste du monde arabe, il est directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève et chercheur invité à l’université de Paris I - La Sorbonne. Il a publié en 2012 Où va le monde arabe ? (Erick Bonnier, 2012) Le Qatar et le leadership régional Le retrait du Cheikh Hamad au profit de son fils, Tamim, est une transition motivée par des considérations internes et externes. "Pacifier" le règne de Tamim est une priorité absolue pour son père, Hamad, qui a rendu le Qatar influent sur la scène régionale et internationale. Ainsi, la politique étrangère du Qatar conduite par l'ex émir a reformulé la nature du "système régional arabe" provoquant de l'intérêt, de l'admiration, du malaise et une opposition qui a conduit au changement. Akram Belkaid Akram Belkaïd, journaliste indépendant, travaille avec Le Quotidien d'Oran, Afrique Magazine, Géo et Le Monde Diplomatique. Après, Etre arabe aujourd'hui (Ed Carnets Nord, 2011), il vient de publier Retours en Algérie (Ed Carnets Nord, 2013) Présentation générale des enjeux régionaux La région des Etats du CCG est une zone prospère mais qui fait face à d'importants défis socioéconomiques : la nécessité de diversifier des économies encore dépendantes des hydrocarbures ; une intégration régionale qui marque le pas ; une forte dépendance à la main d'œuvre extérieure ; la lente construction d'une identité nationale Roger-Philippe Bertozzi Normalien, ancien conseiller du Président de l’Université de Paris VII- Jussieu, spécialiste des relations entre l’Union Européenne et les pays du Conseil de Coopération du Golfe, ancien conseiller au Ministère du Commerce Extérieur des Emirats Arabes Unis, ancien Délégué auprès des pays du Golfe de l’Association parlementaire pour la Coopération EuroArabe (PAEAC), il conseille depuis plus de 17 ans les gouvernements et les industries du CCG, en particulier sur : le libreéchange, l’OMC, l’UNCTAD et la coopération euro-arabe. Vers un partenariat stratégique Union européenne/ Golfe ? Le Conseil de Coopération du Golfe connaît une évolution très rapide et se tourne de plus en plus vers l’Asie. A cause de la compétition croissante avec ce continent, l’Union Européenne ne peut pas se permettre de voir le CCG se distancier d’elle. Or, les perceptions de l’Union Européenne à propos du CCG sont plutôt conservatrices, limitées et statiques. Pourtant, l’influence du CCG dépasse les seules questions de l’énergie et de la sécurité et se révèle un catalyseur pour la croissance régionale et mondiale, et un investisseur au Moyen Orient, en Afrique et en Asie Centrale incontournable. C’est enfin un centre financier idéal à la recherche d’un fort rôle culturel, qui oscille entre valeurs traditionnelles, ouverture 1 multiculturelle, Islam et modernité. L’Union Européenne doit donc se saisir de cette opportunité et proposer quelque chose de nouveau pour affirmer ses relations avec ce nouveau centre géopolitique mondial résolument futuriste et créatif. Jean-Paul Burdy Jean-Paul Burdy est maître de conférences d’histoire à l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble. Il y dirige le séminaire de recherche “Turquie-Iran-Moyen-Orient” et enseigne dans le cadre du master “Intégration et Mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient”, dirigé par Jean Marcou, avec lequel il a rédigé plusieurs ouvrages et articles sur la Turquie dans son environnement régional. Washington et l’antiaméricanisme à l’épreuve du Bahreïn (2011-2013) Dès le début 2011, le discours de Washington sur les événements au Bahreïn a été en retrait du soutien globalement apporté à la démocratisation initiée par les « Printemps arabes ». Pourtant, les Américains semblent bien mal récompensés pour leur prudence. Ainsi en 2013, si Manama vante « le réalisme amical » du Royaume-Uni, qui a signé en octobre 2012 un nouvel accord de coopération de défense, les États-Unis continuent à d'être l’objet de très vives critiques : l’antiaméricanisme va donc croissant, porté par les partis sunnites radicaux, par la presse locale, mais aussi par des officiels membres de la famille régnante, qui stigmatisent des « ingérences inadmissibles ». Philippe Copinschi Docteur en sciences politiques (relations internationales) de l’IEP de Paris et diplômé de la Solvay Brussels School of Economics and Management de l’Université libre de Bruxelles, il travaille comme consultant sur les questions pétrolières internationales et enseigne les relations internationales et la géopolitique de l’énergie à Sciences Po Paris. La fin du « tout-pétrole » : quel avenir à l’économie de rente ? Etats rentiers, les monarchies du golfe bénéficient d’une place privilégiée sur la scène politique internationale de par leur poids dans la production mondiale de pétrole (environ 25%). Pourtant, les perspectives (à long terme) d’épuisement des réserves et les effets négatifs de leur dépendance envers les revenus pétroliers pourraient remettre en cause la pérennité de leur modèle économique, politique et social. Fatiha Dezi-Heni Politologue spécialiste de la péninsule arabique, elle est maître de conférences à l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille et co-présidente de Capmena.org, cercle de réfléxion sur le Moyen-orient en ligne. Elle est l’auteure de Monarchies et sociétés d'Arabie : le temps des confrontations (Presses de Sciences Po, 2006) Le Qatar, la fin de la diplomatie pro-active L’annonce de l’abdication de l’émir Hamad Bin Khalifa Al Thâni, le 25 juin 2013, à deux jours de la date anniversaire de ses 18 ans de règne a constitué une décision inédite dans le monde arabe, et plus encore, dans une monarchie. En passant le relais à cheikh Tamîm, l’émir partant cède le pouvoir à une très jeune génération de trentenaires pour l’essentiel. Mais l’abdication de l’émir Hamad signifie surtout qu’une page politique se tourne avec le retrait définitif de la vie politique de l’ancien Premier ministre et ministre des 2 affaires étrangères, cheikh Hamad Bin Jassim, complice de la première heure de l’émir, et sonne le glas d'une diplomatie proactive. Laurence Loüer Laurence Louër est arabisante, diplômée en philosophie, sociologie et science politique, et docteur en science politique de Sciences Po Paris. Elle travaille au CERI depuis 2003. Ses travaux portent sur les politiques de l’identité et les questions d’ethnicité au Moyen-Orient. Elle travaille également sur les politiques sociales et de l'emploi dans les monarchies du Golfe. Le défi de l’emploi dans les pays du Golfe L’apparition du chômage de masse dans les monarchies du Golfe indique que la politique de l'emploi garanti dans le secteur public est devenue dysfonctionnelle. L’enjeu des réformes des politiques de l'emploi est d’aménager une transition des nationaux vers le dans le secteur privé, une perspective qui fait l’objet de fortes résistances de la part des hommes d’affaires et entrepreneurs locaux. Nabil Mouline Docteur en histoire et en science politique, Nabil Mouline est chargé de recherche au CNRS et à l'Université de Stanford. Il est notamment l'auteur de Les clercs de l'islam: Autorité religieuse et pouvoir politique en Arabie Saoudite (PUF, 2011) et Histoire de l'Arabie Saoudite (Flammarion, à paraître). Successions et défis internes en Arabie Saoudite Acteur pivot de la scène régionale, l’Arabie Saoudite donne à voir un système politique solide et stable. Mais à y regarder de plus près, on peut discerner un grand nombre de problèmes sociopolitiques qui risquent de bouleverser la trajectoire du Royaume dans les prochaines années. Tout en insistant sur la question de la succession –véritable talon d’Achille du régime saoudien–, l’intervention soulignera l’importance de facteurs aussi différents que l’explosion démographique, la fermeture de l’élite, la routinisation du wahhabisme et le développement d’une société civile. Caroline Piquet Caroline Piquet est maître de conférences à Paris-Sorbonne et spécialisée en histoire économique et sociale du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Les défis de l’identité aux Émirats arabes unis L’identité nationale aux Émirats arabes unis est présentée par les autorités comme une question de première importance pour le pays. Elle soulève le problème du déséquilibre démographique provoqué par une très forte immigration du travail ainsi que les choix de développement qui mettent l’accent sur une culture globalisée. Il s’agira dès lors de voir quels sont les enjeux politiques, sociaux et culturels qui se posent à travers le débat sur l’identité nationale. 3 Karim Sader Karim Sader est politologue et consultant, spécialiste du Moyen-Orient et du Golfe arabo-persique. Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, il a été chargé de recherches au Ministère de la Défense, à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), ainsi qu’à l’Observatoire des Pays Arabes à Paris. La puissance saoudienne dans le Golfe et au Moyen-Orient En dépit de l'élan réformiste qu'il a impulsé dans le Royaume, le règne d'Abdallah aura également été marqué par un net déclin de l'influence régionale de Riyad à la faveur de l'Iran chiite. Tétanisée par la dynamique des "printemps arabes" qui a vu la fulgurante ascension du Qatar et la montée en puissance de la Turquie, l'Arabie tente à présent d'opérer un retour en force dans l'échiquier régional. Emma Soubrier Elle est doctorante en science politique à l’Université d’Auvergne et rattachée à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire, Paris). Ses domaines de recherche sont: les relations internationales, la géopolitique du Proche et MoyenOrient, la sécurité globale, l’économie de défense, les pays du Golfe, les rapports entre culture, identité et stratégie. Vers une redéfinition du complexe de sécurité régional ? Face à un environnement régional et international dont les mutations représentent un défi pour leur sécurité et leur stabilité, les pays du Conseil de Coopération du Golfe pourraient repenser leurs stratégies sécuritaires et les alliances sur lesquelles celles-ci reposent. Elisabeth Vandeenheede Doctorante en sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles, elle travaille sur "les réformes du système éducatif saoudien depuis 1991: le pari d’un nouveau pacte social?" Elle est assistante auprès du professeur Jihane Sfeir à l’ULB. L’économie globalisée : soutien de la pérennité du pouvoir monarchique du Golfe? Dans ce contexte politique mouvementé des voisins des monarchies du Golfe, ces dernières continuent d’être des régimes politiques pérennes. Passé le choc du « printemps arabe », ces Etats rentiers ont mis en place leur stratégie de conservation du pouvoir. Pour autant, au-delà des explications politologiques classiques de la légitimité et des rentes achetant la paix sociale, cet ordre monarchique du Golfe ne serait-il pas soutenu également par une forte intégration dans l’économie mondiale ? 4