UNIVERSITATEA DIN CRAIOVA FACULTATEA DE LITERE CATEDRA DE LIMBA SI LITERATURA FRANCEZA PROGRAMA ANALITICA Disciplina : Civilisation et littérature française Titularul disciplinei : lector dr Camelia MANOLESCU Specializarea: Româna-Franceza ID Anul universitar : 2004-2005 Semestrul I I. Objectifs du cours : Le cours de civilisation française vise la connaissance de la géographie et de l’histoire de la France, la connaissance des réalités et des mentalités de la société française depuis le Moyen Age jusqu’à l’époque contemporaine. II.Situation de la discipline dans le projet d’enseignement Anul de studii ACTIVITATI DIDACTICE FORMA DE EVALUARE SEM. I EXAMEN CURS I 14 SEM. II SEM CURS SEM. 14 COLOCVIU SCRIS ORAL DA - III. Thématique du cours 1. Notions de géographie de la France : les frontières de la France; le sol, le relief, le climat, les cours d’eau ; Paris : les âges de Paris, le Paris culturel, le Paris intellectuel, le Paris des affaires ; Les principales régions de la France et les principales villes françaises: la région parisienne : aspects, charme de l’Ile de France ; la France du Nord : la Flandre et la Picardie ; la France du Nord-Ouest : la Normandie et la Bretagne ; Les pays de la Loire; la France du Centre-Ouest ; la Provence et la Cote d’Azur ; la Corse. 2. La France et son passé : la Gaule celtique ; Le Moyen Age ; L’ancien régime ; La Révolution française ; La France contemporaine. 3. Aspects et visages de la France contemporaine : La vie économique : organisation financière et économique ; l’industrie; les transports; le commerce; La vie sociale : la population ; le travail ; la famille et le foyer ; la vie urbaine et rurale ; les religions; La vie politique : les grands principes de la vie politique ; les pouvoirs. l’administration ; l’ordre public ; les relations extérieures; La vie culturelle : les fondements spirituels ; le système éducatif ; arts, lettres et sciences ; les médias ; les loisirs et les sports ; la culture française dans le monde. IV. Bibliographie Belloc, G., 1986, L’homme et le monde moderne, Delagrave Borne, D., 1992, Histoire de la société française depuis 1945, Armand Colin Duby, G., 1984, Histoire de la civilisation française, Armand Colin Hanganu, G., 1971, Histoire de la civilisation française, Bucuresti Mauchamp, N., 1991, La France d’aujourd’hui, Clé International Mermet, G., 1991, Francoscopie, Larousse Paoletti, M., 1986, Civilisation contemporaine, Hatier 1 V. Méthodes utilisées : méthodes audio-visuelles ; présentation des Dossiers de civilisation avec des commentaires et des documents authentiques Evaluation de l’activité des étudiants : évaluation permanente, dans le cadre des travaux pratiques de civilisation française. Pour chaque cours, les étudiants seront obligés de préparer un sujet de débat, trouver et illustrer leurs propos avec des documents authentiques. En même temps, à la fin de chaque chapitre, ils passeront un QCM concernant les problèmes abordés. évaluation finale dans le cadre de l’examen annuel 2 SUPORT DE CURS DISCIPLINA Civilisation et littérature française ANUL l RF ID SEMESTRUL I TITULARUL CURSULUI lect. univ. dr. Camelia MANOLESCU Thématique du cours 1. Notions de géographie de la France : les frontières de la France; le sol, le relief, le climat, les cours d’eau ; Paris : les âges de Paris, le Paris culturel, le Paris intellectuel, le Paris des affaires ; Les principales régions de la France et les principales villes françaises: la région parisienne : aspects, charme de l’Ile de France ; la France du Nord : la Flandre et la Picardie ; la France du Nord-Ouest : la Normandie et la Bretagne ; Les pays de la Loire; la France du Centre-Ouest ; la Provence et la Cote d’Azur ; la Corse. 2. La France et son passé : la Gaule celtique ; Le Moyen Age ; L’ancien régime ; La Révolution française ; La France contemporaine. 3. Aspects et visages de la France contemporaine : La vie économique : organisation financière et économique ; l’industrie; les transports; le commerce; La vie sociale : la population ; le travail ; la famille et le foyer ; la vie urbaine et rurale ; les religions; La vie politique : les grands principes de la vie politique ; les pouvoirs. l’administration ; l’ordre public ; les relations extérieures; La vie culturelle : les fondements spirituels ; le système éducatif ; arts, lettres et sciences ; les médias ; les loisirs et les sports ; la culture française dans le monde. 3 LA FRANCE GÉOGRAPHIQUE CADRE PHYSIQUE Située à l’Ouest du continent européen, la France a pour voisins six États: la Belgique et le Luxembourg au Nord, l’Allemagne et la Suisse à l’Est, l’Italie au Sud-Est et l’Espagne au Sud-Ouest. Cette situation lui permet d’être un trait d’union entre l’Europe du Nord et du Sud, l’Europe Centrale et Orientale. Grâce à ses façades maritimes, elle est ouverte sur l’Amérique et sur l’Afrique. Bordée par quatre mers, la France dispose de 3 100 km de frontières maritimes. Elle compte ainsi de nombreux ports. C’est un pays de pêche (thon, merlu, sardine, crustacés) et de cultures marines (huîtres, moules). La France occupe sur le globe terrestre une position privilégiée: elle est située dans l’hémisphère Nord, le plus continental et le plus peuplé; en raison de la position des terres émergées, à égale distance de la Chine, du Mexique ou de l’Afrique du Sud; traversée par le 45e parallèle et située sur la façade occidentale du continent euroasiatique, elle se trouve à mi-chemin du pôle et de l’équateur, au coeur des régions tempérées, les plus propices à l’activité humaine. Avec une superficie de 551 000 Km2, soit 5% de celle de l’Europe, la France est pourtant, après la Russie, le plus vaste des États européens. Mais, à l’échelle mondiale, elle n’est qu’un pays d’étendue modeste, 40 fois plus petite que la Russie et 17 fois moins grande que les États-Unis. Modeste par ses dimensions, la France bénéficie d’une forme harmonieuse: elle peut s’inscrire dans un hexagone. Les dimensions extrêmes du territoire ne dépassent pas1 000 km, du Nord au Sud comme de l’Ouest à l’Est. Aucun point n’est situé à plus de 480 km de la mer. Outre ses quatre-vingt seize départements, la France compte: quatre départements d’outre-mer (DOM): la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion; quatre territoires d’outre-mer (TOM): la Nouvelle Calédonie, la Polynésie française, les Terres australes et antarctiques françaises et les îles Wallis-et- Futuna. S’y ajoutent les collectivités territoriales de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon. Au total, ces territoires couvrent environ 559 000 km2 répartis dans le monde. Ainsi, la France dispose du troisième domaine maritime du monde, après les États-Unis et le Royaume Uni, soit environ 10 000 km2 de zone économique exclusive dont elle peut exploiter les ressources naturelles, biologiques et végétales. RELIEF L’altitude moyenne est seulement de 342 m: les plaines, les bas plateaux et les collines s’étendent sur les 2/3 du territoire, des montagnes d’altitude moyenne en occupent moins d’un quart, les hautes montagnes ne couvrent que 11% de la superficie de la France. Les vieilles montagnes (1 200 à 1 800 m) sont arrondies et ondulées. Elles contrastent avec les sommets élancés et enneigés des hautes montagnes: Le Massif Armoricain possède tous les traits caractéristiques des massifs anciens: les sommets les plus élevés dépassent à peine 400 m, de sorte que l’altitude moyenne du massif est seulement de 177 m, inférieure à celle du Bassin Parisien voisin; il est composé de bas plateaux qu’accidentent des vallées rajeunies ou des bancs de roches dures. Le Massif Central, le plus élevé, le plus vaste et le plus varié des massifs européens, occupe 1/6-e du territoire de la France. C’est une grande dalle, plus élevée à l’Est où il surplombe le sillon rhodanien. Le long des failles orientées nord-sud s’alignent des reliefs volcaniques: le Cantal, le plus important volcan européen et les 80 volcans de la Chaîne des Puys. De vastes bassins sédimentaires: Le Bassin Parisien est un bassin sédimentaire étendu qui occupe plus du tiers de la France. Il est formé de roches sédimentaires secondaires et tertiaires, qui s’inclinent doucement vers le centre de la cuvette. 4 Le Bassin Aquitain, dont l’altitude ne dépasse pas 135 mètres, est une vaste étendue ouverte sur l’Atlantique qui se relève à près de 500 m au sud et à l’Est où il s’appuie sur les Pyrénées et le Massif Central. Nées à l’ère tertiaire, les chaînes récentes occupent le Sud et l’Est de la France. Elles offrent des formes majestueuses: sommets escarpés, lignes de crêtes déchiquetées, versants abrupts, vallées profondes: Les Pyrénées se dressent entre la France et l’Espagne, formant une barrière presque continue sur 400 km de long. Dans leur partie centrale, ils culminent à 3 404 m puis s’abaissent à leurs extrémités. À l’Ouest, il y a une douce montagne qui s’abaisse progressivement du col du Somport à l’Atlantique, au centre une haute montagne, où la chaîne atteint toute sa majesté: sierras, cirques et vallées glaciaires coupées de verrous et de lacs, à l’Est- des massifs et des bassins. La partie française des Alpes couvre 350 km pour une altitude moyenne de 1 100 m. Les Alpes du Nord offrent un relief plus aéré et une circulation plus facile: le sillon alpin et la Vallée de la Durance sont de larges voies de pénétration longitudinales, auxquelles se raccordent ou se branchent d’importants couloirs traversaux. Dans le massif du Mont Blanc, à 4 807 m, se dresse le point culminant de l’Europe et presque partout, bien des sommets atteignent ou dépassent 3 000 m. À l’Ouest, les cinq blocs calcaires des Préalpes ont des formes lourdes qui dominent les plaines voisines par des corniches abruptes: les crêtes. La longue vallée du Sillon Alpin les sépare des Hautes Alpes, pyramides schisteuses trapues mais fortement ravinées. Dans les Alpes du Sud, les altitudes s’abaissent et le relief devient moins ordonné. La vallée de la Durance, la seule voie de passage, est tantôt resserrée dans des gorges étroites, tantôt élargie dans de petits bassins. COURS D’EAU Les cours d’eau sont présents partout en France, mais ils restent modestes par leurs dimensions et leurs débits. Quatre grands fleuves couvrent 67% du territoire et représentent 70% de l’écoulement total: La Loire (1 012 km) prend sa source au Mont Gerbier des Joncs (Ardèche). C’est un fleuve irrégulier aux crues brusques et violentes: la plupart de ses afluents descendent du Massif Central et reçoivent parfois simultanément des précipitations. Elle connaît une période de hautes eaux de décembre à mars et un étiage de juillet à septembre. La Seine (776 km), un cours d’eau tranquille d’un débit très moyen, draine sa majeure partie du Bassin Parisien. Elle connaît une période de hautes eaux en janvier/février et un étiage en été. Offrant un régime régulier, la Seine est un cours d’eau aménagé pour la navigation: barrages de retenues, barrages écluses et dragages. La Garonne (524 km) est modeste par sa longueur et l’étendue de son bassin, marquée, tout au long de son cours, par ses origines montagnardes. Née à 2 800 m d’altitude, dans le massif espagnol de Maladetta, la Garonne garde, jusqu’à Toulouse, un caractère impétueux, une pente forte, un cours rapide et des eaux tumultueuses et froides. Imprévisibles et brutales, les crues de la Garonne sont fréquentes et dévastatrices. Par conséquent, le fleuve est peu utilisé pour la navigation. Le Rhône (520 km), le plus puissant fleuve de la France, est domestiqué par de nombreux aménagements, dans un triple but: hydro-électricité, irrigation et navigation. Par ailleurs, le Rhin forme sur 190 km de son cours la frontière franco-allemande. Certains de ces fleuves constituent de puissants axes de circulation et de développement industriel et urbain. CLIMAT La France appartient à la zone tempérée nord. Elle est largement pénétrée par les influences maritimes, en particulier les dépressions atlantiques qui apportent de l’humidité et causent de brusques changements de temps. Quatre grands domaines climatiques dominent: Océanique, à l’Ouest: hiver doux, été frais, précipitations abondantes et assez bien répandues durant l’année; la végétation naturelle se compose de forêts à feuilles caduques et de landes. 5 Semi-continental, à l’Est: hiver froid, été chaud et orageux, précipitations moyennes; c’est un climat favorable aux forêts et aux vignes. Méditérranéen, au Sud: été chaud et sec, hiver doux, précipitations souvent violentes; la végétation est adaptée à ce climat sec: chênes verts, pins, oliviers, lauriers, etc. Climat de montagne: hiver froid, été froid et pluvieux; des neiges éternelles au-dessus de 3 000 mètres. Partout les saisons sont bien marquées, mais d’importantes contrastes existent tant entre le littoral et l’intérieur du pays qu’entre le nord et le sud. RÉGIONS Avant la Révolution française, la France était divisée en provinces, circonscriptions fiscales et militaires ayant chacune certains privilèges. Pour abolir tout particularisme et favoriser l’union nationale, la révolution a créé 90 départements, tous administrés sur le même modèle, auxquels on a donné des noms purement géographiques (de rivières ou de montagnes). La France compte 96 départements et 22 régions, 4 départements d'Outre-mer qui sont autant de régions. L'établissement de départements et de régions est le résultat de la longue histoire des découpages territoriaux qui ont vu s'affronter les partisans de la centralisation et ceux du régionalisme. Le découpage départemental actuel est le fait de la Révolution française de 1789. Trois principes ont guidé sa réalisation en 1790 : la taille des départements devait être semblable : 6 100 km2 en moyenne; le chef-lieu devait être situé de telle sorte que l'on puisse s'y rendre à cheval en une journée de n'importe quel point du département; les noms donnés aux départements devaient gommer les vieilles références historiques et provinciales : ce sont des noms de rivière et de montagnes Le découpage régional actuel existe dans les faits depuis 1960. Des "circonscriptions d'action régionale" avaient été définies, selon des critères économiques, pour servir de cadre aux plans régionaux d'aménagment du territoire. La loi du 2 mars 1982 a transformé la région, simple circonscription technique, en collectivité territoriale ayant un pouvoir autonome et exerçant des compétences jusqu'alors réservées à l'État. L’ÎLE DE FRANCE Elle correspond à peu près au Bassin Parisien, vaste bassin sédimentaire en forme de cuvette. Vers son centre convergent de larges vallées alluviales: la Seine, la Marne et l’Oise, d’où son nom d’Île. L’influence de Paris s’exerce sur toute l’Île. L’extension de l’agglomération parisienne a largement urbanisé toute la région. Les campagnes se sont dépeuplées et sont devenues des lieux de résidences secondaires pour les Parisiens. L’histoire de l’Île de France se confond souvent avec celle de la France. Après l’occupation romaine, les Francs s’y installèrent, puis donnèrent leur nom à toute la Gaule après l’avoir conquise. Le domaine royal s’est étendu peu à peu à partir de l’Île de France. Paris a d’abord été une étape des bateliers de la Seine, installés dans l’Île de la Cité. Autant que ses prestigieux monuments et les perspectives royales et impériales, autant que l’avenue fluviale qui la traverse en une courbe harmonieuse, c’est l’extrême variété des paysages urbains juxtaposés qui explique en partie ce charme. Les multiples activités de Paris sont le résultat d’une très ancienne centralisation de la France. Celle-ci affecte en premier lieu le secteur politique, financier, commercial et culturel, mais aussi l’industrie, faisant de Paris la première région industrielle française: Paris est le siège du Gouvernement et du Parlement français et aussi d’organisations internationales: UNESCO et OECO (Organisation Européenne de Coopération Économique); il possède l’Université française la plus nombreuse et la plupart des Grandes Écoles, comme les Écoles Normales Supérieures et l’École Polytechnique; les principaux éditeurs, les théâtres, les studios de cinéma, les musées et les galeries d’art les plus importantes continuent, malgré un mouvement énergique de décentralisation, à faire de Paris le premier centre artistique français. 6 LA RÉGION DU NORD La région du Nord reste une des régions économiques vitales de la France. Elle dispose en effet d’une population nombreuse, de terres fertiles, d’un riche bassin houiller, d’une ancienne tradition industrielle et d’un réseau très dense de voies de communication. Le Nord offre des paysages de plateaux et de plaines basses où les pluies sont fréquentes. Au Nord de cette région, la Flandre est une vaste plaine qui se prolonge en Belgique. C’est “le pays noir”, avec ses buttes formées par les débris de charbon (les terrils). Au Sud, la Picardie est une grande région agricole: les collines de l’Artois, couvertes de champs de céréales et de betteraves, se terminent sur la côte par des falaises de craie. Le Nord a toujours été une région très active et très peuplée. De grandes foires s’y tenaient dès le Moyen Âge. Mais le Nord a souvent été victime d’invasions et de partages entre les pays européens (Pays Pas, Bourgogne, Saint-Empire, Espagne). La frontière avec la Belgique a été établie au XVII-e siècle au hasard des guerres et des traités de paix. Il a été le théâtre des grandes batailles de la guerre de 1914-1918. Le paysage du Nord a été fortement marqué par une occupation de l’homme, très ancienne: l’exploitation minière. Elle est visible dans la densité de l’habitat rural et surtout urbain, dans la disparition de la végétation naturelle remplacée par les près et les champs et dans l’architecture des maisons en briques. L’agriculture de la région est très riche: céréales, betteraves sucrières, pommes de terre, élevage de bovins et de porc. Les industries textiles ont une longue tradition: coton, laine, lin, dentelle (Calais). Lille, la capitale régionale, se fait remarquer par les très belles maisons du XVII-e siècle. La région compte de très importants ports: Dunkerque, port de marchandises, Calais, port de voyageurs et Boulogne, port de pêche. Cuisine régionale : la bière, les moules, les frites et les fromages (les maroilles 1, le vieux-Lille, la boulette d’Avesnes). LE NORD-EST Quatre régions naturelles forment le Nord-Est de la France: Alsace, Lorraine, Champagne et Ardenne. Le versant Est des Vosges, très abrupt, domine la plaine d’Alsace et le versant Ouest, constitué par des plateaux, forme la Lorraine. Le massif des Ardennes est couvert de forêts et de tourbières2. L’Alsace et la Lorraine ont souvent été l’occasion de conflits entre l’Allemagne et la France: L’Alsace a fait partie de l’Allemagne du IX-e au XVII-e siècle. Elle a conservé sa langue propre, l’alsacien, dérivée de l’allemand; La Lorraine est devenue française au XVIII-e siècle; Elles ont été annexées par l’Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1944. L’Alsace est une région de forte démographie. Si l’on met à part Colmar, centre de commerce du vin et de tourisme et Belfort, ville industrielle, les deux grands foyers urbains sont Mulhouse, centre cotonnier et de constructions mécaniques et Strasbourg, une des villes les plus actives d’Europe: son port manipule plus de 6 millions de tonnes par an; il y a une intense activité industrielle: raffinage du pétrole, pétrochimie, caoutchouc synthétique, métallurgie, travail du cuir, industries alimentaires, confection, meubles, manufacture de tabac ville universitaire très active; le siège du Conseil de l’Europe. La Champagne a connu sa plus grande prospérité au Moyen Âge: ses foires ont attiré toute l’Europe, plusieurs rois de France se font sacrer à Reims. Elle est occupée, au Nord, par le vignoble (la Champagne humide) et, au sud, par des cultures de céréales (la Champagne pouilleuse). Il y a aussi une industrie traditionnelle du textile: Troyes est spécialisée dans la bonneterie de coton, de rayonne et de nylon, alors que Reims travaille la laine. Le Nord-Est a été et reste une région forestière. Elle domine presque tout le paysage en Ardenne, où l’élevage des vaches laitières, des moutons et des chevaux fait la richesse de la dépression. L’industrie du 1 2 maroilles- fromage au lait de vache, à pâte molle et à croûte lavée, fabriqué en Thiérache. tourbière - mélange formé par la décomposition de plantes dans les régions humides. 7 bois est naturellement présente à côté des usines métallurgiques de transformation. Les deux principales villes de la région sont Épinal, centre de papeterie et d’imprimerie et Saint-Dié, centre cotonnier. Cuisine régionale: la choucroute alsacienne, la potée lorraine, la quiche lorraine, les bergamotes de Nancy, les andouillettes de Troyes, le munster, les vins blancs d’Alsace, la bière, le champagne. BRETAGNE La Bretagne est une péninsule formée en grande partie par une vieille montagne granitique, le Massif Armoricain. Ses côtes sont magnifiques, découpées et bordées d’îles. Le climat est doux et humide, changeant de sorte qu’”on peut voir en Bretagne les quatre saisons dans la même journée” . La Bretagne est une entité historique: les Bretons sont des Celtes venus d’Angleterre au XI-e siècle. Devenue française au XV-e siècle, elle a toujours maintenu ses particularismes, la langue bretonne et les traditions religieuses. Le blé, la pomme de terre et surtout l’élevage laitier, celui des porcs et de la volaille restent les principales ressources de la région. Rennes, la capitale de la région, pendant longtemps ville administrative et intellectuelle, s’est récemment convertie à l’industrie (matériel automobile), même si la pêche à la morue, à la langouste et au thon est très active sur “la ceinture dorée” de toute la France. Patrie de l’écrivain Chateaubriand, la Bretagne a évolué de manière formidable: festivals, gîtes, randonnées, circuits insolites, cités balnéaires modernes, étapes culturelles et gastronomiques. Principales villes: Brest, port de guerre et centre d’industries mécaniques et électriques, Saint-Malo, Dinan- de vieilles villes. Cuisine régionale: les crêpes, le cidre, le far breton (gâteau). NORMANDIE Séparée de la Bretagne par la baie du Mont Saint-Michel, une abbaye romaine et gothique construite sur un rocher, la Normandie est une région étendue qui couvre deux régions historiques: la Basse et la Haute Normandie. La première, au relief accidenté et boisé, offre de grandes plages de sable et, plus au nord, la seconde, se termine sur la côte par des falaises. Le climat normand est doux et humide, avec des étés frais. Les Normands sont à l’origine des Vikings venus des pays scandinaves. Le royaume normand s’étendait au XI-e siècle jusqu’à l’Angleterre. C’est en Normandie qu’eut lieu en juin 1994 le débarquement des troupes alliées qui ont libéré la France de l’occupation allemande. Malgré une vocation maritime et des zones industrielles d’importance, la vie économique normande est fondée sur l’agriculture (le blé, le lin, le colza, la bettrave à sucre) et l’élevage des bovins pour les produits laitiers. La pêche représente aussi une principale ressource de la région: le hareng, le maquereau et la morue. Caen, la capitale de la Basse Normandie, est une importante ville industrielle et universitaire et Rouen, capitale de la Haute Normandie, joue un grand rôle dans le transbordement entre la navigation maritime et la battelerie fluviale, étant le 4-e port important de la France. À Rouen se trouve également la place où fût brûlée Jeanne d’Arc. Cuisine régionale: tripes à la mode de Caen, calvados (alcool de cidre). LES PAYS DE LA LOIRE ET LE POITOU-CHARENTES Ce qui fait l’unité du Val de la Loire, malgré le morcellement historique est une relative variété des paysages; c’est la douceur réputée de son climat et la richesse de ses sites historiques: La Vendée, une région de bocages et de belles plages; Le Poitou-Charentes, constitué de plaines basses; L’Anjou et la Tourraine, où se trouvent les fameux châteaux de la Loire, sont des zones de vignobles et de cultures maraîchères; La Sologne, couverte d’étangs et de forêts, est une immense réserve de chasse ; Le Berry est une grande plaine où l’on cultive le blé. Les comtes d’Anjou étaient très puissants puisqu’ils régnaient au XII-e siècle sur le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et l’Angleterre. La région connut sa période d’apogée pendant la Renaissance lorsque les rois de France y ont établi leur résidence, séduits par le climat et les plaisirs de la chasse. 8 Pendant la Révolution française, la Vendée et l’Anjou sont restés royalistes. La Révolte des Chouans3 a été bien difficile à réprimer. La région se consacre surtout aux cultures maraîchères et fruitières, aux graines de semence, aux pépinières, aux fleurs et à la vigne. L’industrie présente à la fois des caractères traditionnels et ultramodernes: industrie de bois, métallurgique, textile, alimentaire, d’une part, industries mécaniques, appareillage radio-électrique et électronique, centrales nucléaires, d’autre part. Comme villes importantes: Nantes- le Château des ducs de Bretagne, Angers- le Château des comtes d’Anjou avec ses 17 tours et les tapisseries de l’Apocalypse, Poitiers avec sa belle cathédrale- NotreDame-la-Grande et La Rochelle- le vieux port. Cuisine régionale: les fromages (Port-Salut, Sainte-Maure), les rillettes du Mans, les vins (le muscadet, les vins d’Anjou, les vins de Touraine). LA BOURGOGNE ET LA FRANCHE COMPTÉ La Bourgogne a toujours été une voie de passage naturelle entre le nord et le sud de la France. Ses paysages variés sont formés de coteaux ouverts de vignobles de la Côte-d’Or, de la vallée de la Saône, et d’une région montagneuse et humide à l’Ouest, Le Morvan. Située entre la Bourgogne et la Suisse, la Franche-Compté est constituée pour sa plus grande partie par les montagnes du Jura. Au nord, les plateaux de la Haute-Saône sont des régions d’élevage et de cultures de céréales. Les ducs de Bourgogne étaient très puissants et ils ont réussi pendant deux siècles à constituer un immense territoire échappant à l’autorité des rois de France. À la mort de Charles le Téméraire (au XV-e siècle), dernier des ducs, sans héritier, le duché de la Bourgogne fut rattaché au domaine royal. Après avoir appartenu au Saint-Empire, au duché de Bourgogne, puis aux Habsbourgs d’Espagne, la Franche-Comté est devenue française en 1678. Mais le territoire de Belfort n’a été rattaché à la France qu’à la fin du XVIII-e siècle. L’agriculture repose sur les cultures de céréales, sur l’élevage et sur les vignobles de la Côte-d’Or, du Beaujolais et de Chablis. L’industrie alimentaire (cassis, moutarde, confitures, pain d’épices) se développe à côté des activités traditionnelles: l’horlogerie à Besançon, la fabrication des pipes à Saint-Claude. Dijon, la capitale de la région, est une très belle ville qui abrite le palais des ducs de Bourgogne (XIVXVIIIe siècle), siège du Musée des Beaux-Arts. Cuisine régionale: moutarde, pain d’épices, le coq au vin, les escargots de Bourgogne, la saucisse de Morteau, les grands crus de Bourgogne (vin), le chablis, le beaujolais, la liqueur de cassis, le vin d’Arbois (Jura), les fromages (la gruyère et le comté du Jura). LE MASSIF CENTRAL Le Massif Central est un vaste massif ancien, rajeuni par les plissements alpins. Même si les altitudes ne sont jamais très élevées, les communications sont difficiles et les hivers rudes. Il s’agit d’une région très dépeuplée, formée de deux autres régions: L’Auvergne, au centre, un ensemble de plateaux et de volcans éteints, avec des lacs et des sources thermales. Le Limousin, un vaste plateau couvert de forêts et de landes, creusé par deux vallées importantes, la Vienne et la Creuse. On y trouve de nombreuses traces de vie préhistorique. À l’époque gauloise, le peuple des Arvernes, de civilisation brillante, résista longtemps aux Romains sous la conduite de son chef –Vircingétorix. Au Moyen Âge, le Massif Central était un pays de langue d’oc (la langue du sud de la France) et après avoir été anglo-normand, il fut rattaché définitivement à la France en 1607. Les cultures de la région se limitent au seigle, au sarrasin, au blé at aux pommes de terre, car le Massif Central reste un pays d’élevage: moutons, porcs, vaches laitières et surtout boeufs de boucherie limousine (Limousin). À côté des activités traditionnelles (la porcelaine de Limoges, les tapisseries d’Aubusson, la dentelle de Puy, la coutellerie à Thiers), l’industrie moderne a commencé à s’implanter dans la région, Clermont-Ferrand étant le premier centre français du caoutchouc et l’un des plus importants du monde. Principales villes: Clermont-Ferrand, célèbre par ses cathédrales romanes (Notre-Dame du Port) et gothiques (Notre-Dame), ainsi que par ses maisons du XVI-e siècle, Vichy et le Mont-Doré par les 3 Chouan- insurgé royaliste des provinces de l’Ouest (Bretagne, Maine) pendant la Révolution de 1789. 9 vieilles stations thermales, le Puy- ville construite dans un site fantastique de rochers volcaniques, Collonges La Rouge, beau village aux maisons Renaissance en grès rouge. Cuisine régionale: les fromages (cantal, saint-nectaire, fourme d’Ambert, bleu d’Auvergne), l’aligot, la purée de pommes de terre au fromage et à l’ail, la potée auvergnate. RHÔNE-ALPES C’est une région de très grande diversité géographique, dont l’unité s’est faite autour d’une ville qui joue un rôle économique très important, Lyon: le Rhône, la Saône et les Alpes. Lyon fut la capitale de la Gaule romaine, puis un des premiers lieux de la chrétienneté. Elle est française depuis le début du XIV-e siècle. La Savoie, dont la capitale est Chambéry, était rattachée au Piémont: elle n’est devenue française qu’en 1860. Le Dauphiné (capitale: Grenoble) est province française depuis le XIV-e siècle. Jusqu’au milieu du XVI-e siècle, c’était le domaine du fils aîné du roi de France, le dauphin. L’industrie textile date à Lyon depuis le XVII-e siècle. Les canuts, les ouvriers qui tissaient la soie, se révoltèrent plusieurs fois au XIX-e siècle contre leurs conditions de travail. On y trouve également les constructions mécaniques et électriques et les industries pharmaceutiques. Cuisine régionale: charcuteries, quenelles, fondue savoyarde, tarte aux myrtilles, vin blanc de Savoie, la liqueur de la Chartreuse. AQUITAINE L’Aquitaine est un bassin sédimentaire traversé par la vallée de la Garonne. Le littoral plat et sablonneux est plus favorable à la vie maritime, mais offre de très belles plages. Les Landes, ancienne plaine marécageuse assainie au XIX-e siècle, sont plantées d’immenses forêts de pins. Après avoir d’abord été province romaine, l’Aquitaine est devenue un duché franc. À la suite du mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri de Plantagenêt, qui monta sur le trône d’Angleterre, l’Aquitaine fut anglaise du XII-e au XV-e siècle: elle s’appelait alors la Guyenne. Le cloisonnement du relief a favorisé les petites exploitations et la polyculture: blé, maïs, tabac, arbres fruitiers et légumes, vigne, élevage de bovins et de volaille. Le Périgord, région de grande gastronomie grâce à ses volailles et à ses truffes, produit un vin blanc doux à Montbazillac. Bordeaux est à la fois un port et une capitale régionale. Le port est en relation avec la côte occidentale de l’Afrique et de l’Amérique du Sud et il occupe le 6-e rang pour le tonnage. Cuisine régionale: le foie gras, les confits d’oie et de canard, le jambon de Bayonne, le poulet basquais, les huîtres d’Arcachon, le roquefort, les vins (Bordeaux, Cahors, Gaillac). MIDI-PYRÉNÉES Malgré sa faible largeur, le versant français des Pyrénées offre un caractère massif et les communications internes y sont peu aisées. L’isolement des montagnards a donné à la géographie humaine et économique de cette région des caractères archaïques prononcés: les Basques, à l’ouest, ont gardé leur langue pré-indoeuropéenne, leurs traditions, leur architecture rurale, les Catalans, à l’autre extrémité, sont fidèles à leur langue et à beaucoup de traditions, surtout en milieu rural. L’économie fondée sur la polyculture des céréales et des pommes de terre cède la place à l’élevage bovin. Les anciennes industries sont en déclin. Le développement industriel de la région tient à la production d’énergie, du gaz épuré, des produits pétroléochimiques et de l’aliminium. Née sur le bord de la Garonne il y a deux mille ans, Toulouse, la “ville rose” est devenue une métropole de pointe, qui a su garder précieusement sa latinité. Un peu italienne, par son style Renaissance, elle a été dès 1939 la capitale des républicains espagnols en exil. Marché commercial important, la ville a connu un développement industriel remarquable qui a été favorisé par les ressources énergétiques des Pyrénées: électricité hydraulique et gaz. Elle s’est spécialisée dans l’industrie chimique lourde et la construction aéronautique. Cuisine régionale: le cassoulet de Toulouse. LANGUEDOC-ROUSSILLON C’est une terre de contrastes: contrastes dans l’espace entre plaines et montagnes, entre régions densément peuplées et vastes secteurs désertés, mais aussi contrastes dans le temps, entre un été arride et un printemps et un automne très arrosés, entre les cours d’eau tantôt à sec, tantôt en crues dévastatrices, entre 10 des récoltes faisant alterner années excédentaires et déficitaires ou entre le tourbillon de la saison touristique et le calme de la morte saison. Le Languedoc était une colonie romaine très riche. Il s’est souvent opposé aux pouvoirs civils et religieux. Au Moyen Âge, les hérétiques cathares se sont battus contre l’église catholique. Au XVI-e siècle, pendant les Guerres de religion, le protestantisme s’est bien implanté dans la région et a longtemps résisté. La langue occitane est toujours très vivante. Le Roussillon, pays espagnol devenu français au XVII-e siècle, a largement conservé sa langue, le catalan, et certaines traditions (la danse de la Sardane). La région est devenue le domaine de la monoculture de la vigne: Carcassonne, Narbonne et surtout Béziers. Nîmes est une ville de commerce, mais aussi un centre d’industries textiles et alimentaires. Montpellier, la capitale régionale, est surtout une ville administrative et universitaire qui s’est récemment industrialisé (électronique). Cuisine régionale: les huîtres de Bouzigues, les fromages de chèvre, les châtaignes et les vins apéritifs (le Banyuls, le muscat). PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR La Provence est un pays extrêmement varié: elle couvre la partie méridionale des Alpes, la côte de la Méditérranée et, au sud d’Avignon, la plaine de la Crau et de la Camargue, oeuvre du Rhône. De Cassis à Menton, c’est la Riviera française ou la Côte d’Azur, paradis du tourisme, constituée de plages de sable et de criques4 dominées par les massifs des Maures et de l’Estérel. Ce sont là des paysages devenus familiers: les paysages de Daudet, de Giono, de Pagnol, d’Henri Bosco et ceux aussi de quelques-uns des plus grands peintres: Van Gogh et Paul Cézanne pour ne nommer que les plus illustres. Les Grecs ont créé des comptoirs de commerce en Provence dès le VI-e siècle avant J-C. L’occupation romaine a laissé de nombreux vestiges (Arles, Nîmes, Aix-en-Provence, Orange). La Provence a été rattachée au royaume de France au XV-e siècle, mais le Comté de Nice, qui appartenait à l’Italie, n’est devenu français qu’en 1860. La principauté de Monaco a conservé un statut particulier: c’est un état souverain dirigé par la famille Grimaldi (le prince Rainier depuis 1949), mais il fait partie de l’union douanière française. Le Casino de Monte-Carlo est renommé par les stars qui le fréquentent. L’économie de la région repose sur l’agriculture (cultures maraîchères, cultures de fleurs et de lavande, vignobles), sur l’industrie des parfums (Grasse), sur les constructions navales et, surtout, sur le tourisme, son point fort. La première ville de la France méditérranéenne, Marseille, comptoir de la grecque Phocée de l’Antiquité, a toujours été pour l’Orient la porte d’entrée en Occident. Banques, appareil commercial complet, presse régionale diversifiée, universités partagées avec Aix-en-Provence, permettent à la métropole d’étendre son influence sur 5 départements, jusque dans les Hautes Alpes. Avignon, ancienne cité des papes transformée en théâtre immense, garde les vestiges du passé: les remparts, le Palais des Papes, le Pont d’Avignon. Nice est célèbre par son marché au fleurs, par la vielle ville et par la Promenade des Anglais. Monaco est le siège des grands concours automobiles et Cannes celui du festival international de film. Cuisine régionale: la bouillabesse de Marseille, la salade niçaoise, la ratatouille niçoise, les fromages de chère, les rosés de Provence. LA CORSE “Île de beauté”, elle est située à 160 km au sud de Nice. De hautes montagnes occupent une grande partie de l’île et rendent les communications difficiles. La végétation est constituée par des forêts de chênes verts et de châtaigners ou par le maquis. Les côtes rocheuses sont très découpées: on y trouve de nombreuses criques où la couleur de l’eau est incomparable. Habitée dès la préhistoire, la Corse fut occupée successivement par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, etc. Les Génois, à qui elle appartenait depuis cinq siècles, la vendirent à la France en 1768, un an avant la naissance de Napoléon. La Corse est beaucoup restée isolée, fidèle à ses traditions et à sa langue (le corse). Elle était le repair des bandits qui n’hésitaient pas à prendre le fusil pour régler leurs comptes. Il existe même un problème 4 Crique -petite baie sur la côte, où les bateaux peuvent se mettre à l’abri. 11 corse qui découle de la dépopulation et de l’inssuffisante mise en valeur de l’île: la première vient d’une persistante émigration, soit vers la France continentale, soit hors de France, la seconde est le résultat de l’éloignement, d’une agriculture achaïque et du manque de matières premières. Cependant, un effort récent de modernisation de l’agriculture semble prometteur. D’autre part, elle offre au tourisme la magnificence de ses paysages de mer et de montagne. Les deux villes principales, en liaison maritime et aérienne avec le continent sont Ajaccio et Bastia. Cuisine régionale: charcuterie corse, fromages de brebis, vins rouges et rosés. QUESTIONNAIRE 1. a) b) c) La France occupe en Europe: 70% 50% 30% 2. a) b) c) La France a la forme: d’un triangle d’un hexagone d’un carré 3. La France compte: a) 97 départements et 22 régions b) 96 départements et 23 régions c) 96 départements et 22 régions 4. a) b) c) Les départements d’Outre-Mer sont: La Nouvelle Calédonie, la Guadeloupe, la Polynésie française La Guadeloupe, la Martinique, la Guyanne et la Réunion La Polynésie française, la Guadeloupe et la Réunion 5. a) b) c) Le littoral de la France s’étend sur: 3 110 km 5 100 km 1 700 km 6. a) b) c) La Manche est un bras de mer entre: la France et l’Angleterre la France et l’Italie La France et l’Espagne 7. a) b) c) Les bas plateaux et les collines s’étendent sur: 1/3 du territoire 2/3 du territoire ½ du territoire 8. a) b) c) Le plus vaste, le plus élevé et le plus varié des massifs européens est: Le Massif Central Le Massif Armoricain Le Bassin Parisien 9. a) Le Massif Central est formé de deux régions: le Limousin et le Languedoc 12 b) le Limousin et l’Auvergne c) l’Auvergne et le Poitou-Charentes 10. a) b) c) Les vieilles montagnes aux sommets arrondis sont: le Jura, les Alpes, le Massif Central le Massif Armoricain, les Vosges, le Massif Central les Pyrénées, les Vosges, le Massif Central 11. a) b) c) Le Mont-Blanc (4 807 m) se trouve dans: les Vosges les Alpes les Pyrénées 12. a) b) c) d) Le fleuve le plus long de la France est: la Loire la Seine la Garonne le Rhône 13. a) b) c) La Garonne prend sa source en: France Italie Espagne 14. a) b) c) Le fleuve le plus aménagé pour la navigation est: la Garonne le Rhône La Seine 15. La France appartient à la zone: a) tempérée Nord b) tempérée Sud 16. a) b) c) Le mistral souffle en : Aquitaine Limousin Provence 17. a) b) c) La Bretagne est une péninsule formée en grande partie par une vieille montagne granitique: Le Massif Armoricain Le Bassin Aquitain Le Massif Central 18. a) b) c) Le siège des grands concours automobilstiques est: Avignon Monaco Lyon 19. a) b) c) Les ancêtres des Bretons sont: les Grecs les Celtes les Vikings 20. Le “pays noir” de la France est: a) la Picardie b) La Bourgogne 13 c) La Flandre 21. a) b) c) Quelle ville a été la capitale de la Gaule romaine: Lyon Paris Orléans 22. a) b) c) Les ports Dunkerque, Calais et Boulogne se trouvent en: Aquitaine Provence La région du Nord 23. a) b) c) Le nom de la ville de Paris vient: des ancêtres gaulois des Vikings des Romains 24. a) b) c) La ville où Jeanne d’Arc a été brûlée se trouve en: Normandie Provence Bretagne 25. a) b) c) Le centre de l’industrie textile est: Lyon Paris Toulouse 26. a) b) c) Le Cantal, le plus ancien volcan de la France, se trouve en: Bourgogne Limousin Auvergne 27. a) b) c) Le cognac se fabrique en: Poitou-Charentes Provence Aquitaine 28. a) b) c) Dans quelle ville a lieu le festival de film au mois de mai: Cannes Marseille Monaco 29. a) b) c) Quel est le siège du Conseil de l’Europe et de l’Assemblée Européenne: Strasbourg Paris Nice 30. La ville de Michelin, la deuxième firme mondiale de pneumatique, est: a) Clermont-Ferrand b) Grenoble c) Bordeaux 31. Soulignez les régions où la vigne prédomine: Normandie, Alsace, Lorraine, Aquitaine, Limousin, Languedoc, Provence. 32. Les industries de pointe de l’Île de France sont: 14 a) métallurgique b) chimique c) électronique et informatique 33. La région la plus riche en volcans, en lacs et en sources thermales est: a) Auvergne b) Bourgogne c) Alsace 34. Les bâtiments qui ont rendu célèbre la ville de Nice sont: a) le Palais des Papes et la Cathédrale Notre-Dame des Miracles b) Le boulevard- La promenade des Anglais et l’hôtel Negresco c) Le Palais des Ducs et l’hôtel Ritz 35. Le Mont Saint-Michel est: a) une montagne aux sommets arrondis b) une abbaye romaine et gothique construite sur un rocher c) un château médieval 36. En juin 1944, les troupes alliées qui ont libéré la France de l’occupation allemande ont débarqué en: a) Île-de-France b) Normandie c) Bretagne 37. Le Palais des ducs de Bourgogne se trouve dans la capitale de la région: a) Bordeaux b) Dijon c) Marseille 38. Du XII-e au XV-e siècle, l’Aquitaine s’appelait: a) la Guyenne b) la Martinique c) la Guadeloupe 39. La Lorraine est devenue française: a) au XVIII-e siècle b) au XVII-e siècle c) au XVI-e siècle 40. La principauté de Monaco est: a) une région de la France b) un État souverain c) un territoire d’Outre-Mer (TOM) 41. La porte d’entrée en Occident a été pour l’Orient: a) Marseille b) Bordeaux c) Calais 42. La langue d’oc était un ensemble de dialectes parlés dans: a) le Nord de la France b) l’Est de la France c) le Sud de la France 43. Le roquefort, le foie gras, les huîtres sont spécifiques: 15 a) en Bourgogne b) en Aquitaine c) en Provence 44. Le village natal de Jeanne d’Arc est situé: a) dans la région parisienne b) en Lorraine c) en Alsace 45. Ajaccio et Bastia sont: a) deux régions situées dans le Nord de la France b) deux villes situées dans le Midi c) deux villes importantes de la Corse 46. La Corse est la région natale de: a) Victor Hugo b) Lamartine c) Napoléon 1-er 47. La Corse est: a) une région isolée et fidèle à ses traditions b) une région française située au milieu de la France c) une région isolée où on sent un effort récent de modernisation dans le domaine de l’agriculture et du tourisme spécialement 48. Le prince Rainier est: a) un grand romancier contemporain b) un grand artiste de cinéma c) le prince de la Principauté de Monaco 49. Marseille est: a) la capitale de la Normandie b) la première ville de la France méditerranéenne c) la ville où est né Albert Camus 50. Le protestantisme s’est implanté dans le Languedoc: a) au XIII-e siècle b) au XV-e siècle c) au XVI-e siècle, pendant les guerres de religion 16 2. LA PRÉHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ Avant d'entrer dans l'histoire avec les Gaulois, la France a traversé deux époques distinctes: l'époque de la pierre taillée et celle de la pierre polie. L'époque de la pierre taillée À cette époque située dans le temps il y a cent mille ans peut-être, il faisait très froid en France et dans les forêts et dans les marécages vivaient de grands animaux, tels des rennes, des aurochs5 et des mammouths. Les hommes étaient peu nombreux et ils habitaient dans les grandes vallées bien exposées au soleil. Ils ne savaient ni cultiver le sol, ni élever des animaux. Ils se procuraient la nourriture par la cueillette, par la chasse et par la pêche. Ils étaient mal armés, mal outillés: comme ils ne savaient pas fabriquer d'objets en métal, ils se servaient de morceaux d'une pierre dure, le silex, qu'ils taillaient grossièrement en forme de haches, de pointes et de marteaux. Mais ces hommes connaissaient le feu et ils pouvaient donc faire cuire leurs aliments, éclairer et réchauffer leurs demeures. Ils s'abritaient dans des cavernes qui se trouvaient dans les rochers surplombant les vallées. De telles cavernes, on en a découvert à Solutré dans la vallée de la Saône, près de Mâçon, aux Eyzies dans la vallée de la Vézère, un afluent de la Dordogne. Les parois de ces cavernes sont souvent couvertes de dessins représentant des animaux très habilement faits. L'époque de la pierre polie Les hommes de cette époque ne se contentaient pas de tailler grossièrement la pierre, ils frottaient les morceaux de roche les uns contre les autres pour les polir et leur donner des formes plus fines. Ces hommes travaillaient aussi le bois et l'os et ils en faisaient des harpons, des pointes, des flèches et des aiguilles. Le climat devenant moins froid, d'autres animaux tels les cerfs, les ours et les loups peuplaient les forêts. Pour s'abriter, ils construisaient des huttes de terre ou de pierre qui étaient placées dans les clairières des forêts ou au sommet des collines. Là où se trouvait un lac, leurs villages étaient bâtis sur des pilotis, au milieu de l'eau. C'est pourquoi ces villages s'appelaient des “cités lacustres”. Ils savaient aussi cultiver le sol. Ils connaissaient le blé, l'avoine et l'orge et ils avaient aussi domestiqué le boeuf, le mouton, le cheval et le chien. Pour se vêtir, ils savaient déjà filer et tisser le lin. Toujours à cette époque ont été élevés les monuments appelés dolmens et menhirs, qui sont surtout nombreux en Bretagne. Les dolmens sont formés par de grandes pierres plates et dressées, sur lesquelles sont posées à plat d'autres dalles de pierre, ce qui fait croire qu'ils servaient de tombeaux. Les plus célèbres sont ceux de Crucuno et La Roche aux fées, formé de 41 pierres pesant chacune 40 à 45 tonnes. Les menhirs sont simplement des pierres dressées et parfois, alignées par centaines. Les plus connus de la France sont: le menhir du Champ Dolent, d’une hauteur de 9 mètres 30 centimètres. La légende affirme que chaque nuit la lune mange un morceau minuscule de la pierre et que le jour où celle-ci disparaîtra, ce sera la fin du monde; La Pierre de la Fée- est un menhir géant, ayant une hauteur de 20 mètres et 30 centimètres. Foudroyé au XVII-e siècle, il s’est brisé en quantre morceaux, dont l’un a 12 mètres et son poids est estimé à 300 tonnes; Le menhir de Carnac, formé de 2 934 menhirs répartis en onze lignes de plus d’un kilomètre de long. La Gaule indépendante Les ancêtres des Français sont les Celtes. Leur présence sur le territoire actuel de la France et dans le reste de l'Europe est attestée environ mille ans avant Jésus Christ. Ils se sont établis entre les Alpes, le Rhin et l'Océan Atlantique, mais ils entrent dans l'histoire au IV-è siècle avant notre ère par les premiers contacts violents qu'ils ont eus avec les Romains : en 387 ils ont pris la Rome. Une fois établis sur le territoire de leur nouveau pays, les Celtes prirent le nom de Gaulois et le pays fut appelé la Gaule. Ils formaient alors en Gaule un ensemble de peuples indépendants, unis seulement par la langue et par la religion. 5 aurochs- boeufs sauvages de grande taille. 17 Les Gaulois vécurent indépendants dans la Gaule pendant près de mille cinq cent ans. Ils étaient divisés en une soixantaine de peuples ayant chacun son chef. Ils étaient courageux, intelligents, généreux mais aussi indisciplinés, instables et crédules. Les noms de plusieurs de ces peuples se retrouvent dans la toponymie française, soit des noms de provinces (Arvernes-Auvergne), soit dans des noms de villes (Bituriges-Bourges, Parisii-Paris). Ces peuples se faisaient souvent la guerre. La plupart des Gaulois étaient des paysans. Leurs villages étaient situés ordinairement dans les clairières, au milieu des forêts ou près des rivières. Ils cultivaient la terre en se servant de la charrue. Ils étaient aussi des artisans habiles, ils étaient des forgerons qui savaient aussi faire des bijoux en argent ou en or, des armes en bronze ou en fer. Ils savaient aussi tisser la laine dont ils fabriquaient des étoffes. La terre n'appartenait pas aux paysans qui la cultivaient, mais aux riches propriétaires qui étaient en même temps des nobles, c'est à-dire des chefs. La société gauloise était donc une société aristocratique dans laquelle toute l'autorité appartenait uniquement aux nobles. Ceux-ci combattaient à cheval. La plèbe, formée de paysans et d'artisans, trouvait sa sécurité en se faisant cliente des nobles et son sort différait peu de celui des esclaves. La famille se trouvait sous l'autorité absolue du père. Plusieurs familles s'associaient et formaient un groupement politique et une unité géographique, la nation ou la cité. Ces nations ou cités étaient organisées en fonction des intérêts militaires et économiques. Les unes avaient forme de monarchie, les autres d'oligarchie. Ces différences d'organisation entraînaient des rivalités incessantes qui opposaient ces peuples indépendants les uns aux autres. Leur talent se manifestait surtout dans la vie pratique et dans l'habileté technique et artistique. Ils connaissaient la charrue à roues et à soc de fer et la grande faux. Ils étaient habiles dans le travail du bois et du cuir. Ils savaient tisser la laine dont ils se confectionnaient un type de vêtement particulier : la braie, un pantalon descendant aux chevilles, et la saie, manteau à capuchon. Il y avait aussi un trafic fort actif par routes et surtout par batellerie fluviale. Quant à la religion, les Gaulois adoraient beaucoup de dieux. Taranis était le dieu de la foudre et du tonnerre. Teutates était le dieu de la guerre. Leurs prêtres s'appelaient des druides. La foule les respectait et les craignait. Une fois par an, les druides faisaient un sacrifice en l'honneur de Teutates: ils lui offraient des victimes humaines, des prisonniers qu'on enfermait dans une cage d'osier et qu'on brûlait. Une autre cérémonie, moins cruelle, était la cueillette de gui. On la pratiquait au début de l'hiver. Les druides allaient couper le gui sur les chênes des forêts et le distribuaient aux Gaulois. C'était, disaient-ils, un porte-bonheur. La Gaule romaine Sur le territoire de la Gaule vivaient aussi à côté des Celtes qui étaient très nombreux surtout dans le Nord et l'Est du pays les Ibères, les Ligures et les Grecs. Les Ibères et les Ligures habitaient le Sud et les Grecs étaient établis sur les ctes de la Provence. Leur principale ville était Massalia, qu'on appelle de nos jours Marseille. Les Gaulois avaient aussi pour voisin, de l'autre côté des Alpes un peuple très fort, les Romains. Ceuxci savaient que la Gaule était un pays riche et fertile. Ils désiraient depuis longtemps la conquérir. Mais ils avaient peur des Gaulois car ceux-ci étaient nombreux et braves. Vers l'an 58 avant Jésus-Christ, Jules César, à la tête des légions romaines, envahit la Gaule et occupa une grande partie du pays. Le prétexte de la conquête fut la menace des Germains qui étaient, eux-aussi, intéressés par les richesses du pays. Les armées romaines remportèrent d'abord de nombreuses victoires. Dans cette situation les peuples gaulois s'unirent pour résister. Ils choisirent pour chef unique Vercingétorix, un jeune noble qui habitait dans le pays des Arvernes, c'est-à-dire l'Auvergne actuelle. César attaqua Vercingétorix dans son pays. Il voulut prendre sa principale forteresse, Gergovie, près de la ville actuelle de Clermont-Ferrand, mais il fut repoussé et perdit beaucoup de soldats. Puis Vercingétorix imagina de tout dévaster devant les légions pour qu'elles ne retrouvent rien à manger. Les Romains en souffrirent beaucoup. Malheureusement les Gaulois ne surent pas rester unis jusqu'au bout. Certains peuples refusèrent de brûler leurs récoltes et de détruire leurs villages. César put ainsi ravitailler ses soldats. Jules César reprit peu à peu l'avantage. Il repoussa devant lui l'armée gauloise et l'obligea à se réfugier dans une autre forteresse, Alésia. Il assiégea Alésia et réduisit les Gaulois à la famine, en les obligeant ainsi à se rendre. César fit construire tout autour d'Alésia un immense rempart qui devait empêcher les Gaulois 18 de sortir de la forteresse. Il fit construire aussi, un peu plus loin, un second rempart pour empêcher les renforts gaulois de l'attaquer et de venir au secours des assiégés. Les Gaulois résistèrent plusieurs mois dans Alésia, mais lorsque les soldats commencèrent à mourir de faim, Vircingétorix se vit obligé de se rendre. Il descendit un jour, tout seul et à cheval de la forteresse et jeta ses armes aux pieds du vainqueur. Par ordre de César, Vircingétorix fut enchaîné et emmené à Rome. Il fut exécuté six années plus tard, en 52 a.n.e., à Rome, le jour où on fêtait la victoire de la conquête totale de la Gaule. Désormais la Gaule fit partie de l'immenese empire romain et elle fut gouvernée par des chefs envoyés de Rome. La romanisation de la Gaule Après la victoire de César, les Romains ne viennent pas s'établir en Gaule. Le pays reste comme auparavant habité par les Gaulois, mais ceux-ci adoptent peu à peu la façon de vivre des Romains: ils s'habillent et mangent comme eux. Pendant plus de quatre siècles, la Gaule fait partie de l'Empire romain et suit ses destinées, lui fournissant même des empereurs. Tous les habitants de la Gaule s'appellent des Gallo-Romains. La Gaule s'accomode fort bien à cette nouvelle situation et les quelques révoltes du I-er siècle ne sont pas graves. La seule force qui puisse s'opposer à la romanisation, les druides, est systématiquement détruite et l'aristocratie gauloise se rallie volontiers pour servir l'administration et en profiter. Une nouvelle capitale de la Gaule est édifiée dans un carrefour bien choisi, Lugdunum (Lyon). C'est ici que se tenait chaque année une assemblée des délégués de chaque peuple gaulois. La romanisation se fait par l'armée, par l'administration et par les villes où l'aristocratie gauloise fournissait les magistrats. Ainsi les Gaulois deviennent citoyens romains et adoptent la langue latine, avant même que l'Édit de Caracalla de 212 donne le droit de cité à tous les sujets de l'empire. Le latin s'impose vite, car tout enseignement se fait en latin et la langue celtique diparaît peu à peu, après avoir laissé quelques traces dans le vocabulaire campagnard. Le long des routes romaines pavées et des fleuves s'élèvent des villes nouvelles, conformes aux pratiques de l'urbanisme romain avec leur forum, leurs thermes et leurs corporations organisées sur le modèle romain. C’est de cette période que datent d’imposants monuments romains: amphithéâtres, nommés arènes (Nîmes, Arles), temples païens (La Maison carrée de Nîmes), théâtres (Arles, Orange), arcs de triomphe (Orange, Reims), ponts (Arles, Vaison-la-Romaine), ainsi que le célèbre aqueduc du Pont du Gard. La Gaule a adopté la civilisation gréco-latine dont elle a tout de suite reconnu la supériorité. La conquête coloniale réussie, la colonie a pris à son compte la langue, les institutions, les arts, les sciences et les techniques du collonisateur en y excellant sans effort. Mais la paix romaine commença à s'altérer à partir du III-e siècle. Dès qu'elle s'arrêta, l'impt dut supporter les dépenses de la cité en se transformant en un danger croissant. L'insécurité provoquée par les guerres civiles d'abord, puis par les premières invasions germaniques, amena une profonde décadence des villes et un repli à la campagne dans les domaines des grands propriétaires, prélude de la féodalité. C'est alors que le christianisme, dans l'anarchie du Bas Empire, relaya l'unité romaine et sauva la civilisation gréco-latine, après l'avoir combattue à mort. Il apparut en Gaule au II-e siècle, d'abord à Lyon où apparaît la première communauté chrétienne, présidée par l'évêque Pothin. Fondée par des chrétiens de langue grecque, l'Eglise gauloise se latinisa bientt mais resta longtemps limitée aux villes. Ce n'est qu'au IV-e siècle que l'évangélisation des campagnes commença, grâce surtout à l'action de Saint-Martin, évêque de Tours. QUESTIONNAIRE 1. a) b) c) L’étude de la vie des premiers hommes s’appelle: L’Antiquité La Préhistoire Le Moyen Âge 19 2. a) b) c) Les abris des hommes préhistoriques étaient : des grottes ou des cavernes des huttes en terre ou en pierre des maisons 3. a) b) c) Le feu date: du Moyen Âge de la Préhistoire de l’époque de la pierre taillée 4. a) b) c) Les cités lacustres étaient construites: sur des pilotis sur la terre sous la terre 5. a) b) c) Les premiers hommes pratiquaient: l’agriculture la pêche la chasse 6. a) b) c) Un menhir est: une pierre dressée verticalement entre 4 000 et 2 500 ans avant Jésus-Christ une grande pierre plate posée sur des pierres dressées un monument formé d’une ou plusieurs grandes pierres 7. a) b) c) Les ancêtres des Français sont: les Celtes les Wisigoths les Romains 8. a) b) c) La Gaule était constituée de: plusieurs peuples batailleurs un seul peuple plusieurs peuples barbares 9. a) b) c) La société gauloise était une société: démocratique aristocratique royaliste 10. Les druides étaient: a) des percherons b) des prêtres celtes c) des communautés montagnardes 11. a) b) c) La religion des Gaulois était: monothéiste polythéiste athéiste 12. a) b) c) Les Romains ont voulu conquérir la Gaule: pour ses richesses pour sa position géographique pour dominer le monde 13. Le chef des Gaulois contre les Romains a été: 20 a) Clovis b) Charlemagne c) Vircingétorix 14. a) b) c) Le chef romain dans la lutte contre la Gaule a été: Jules César Néron Auguste 15. a) b) c) La domination romaine en Gaule commence: en 52 a.n.e., suite à la défaite d’Alésia en 58 a.n.e. suite à la défaite de Gergovie en 387 a.n.e. suite à la défaite de Rome 16. a) b) c) La capitale de la Gaule romaine était: Arles Oranges Lyon 17. a) b) c) L’art gaulois a été influencé par : l’antiquité gréco-latine l’art des peuples voisins il ne fut pas influencé, il fut un art original, ayant une valeur reconnue 18. a) b) c) Les cirques, les théâtres, les arènes, les thermes servaient à: la distraction la méditation la prière 21 3. LE MOYEN ÂGE CADRE HISTORIQUE L'appellation de “Moyen Âge” date du XVI-e siècle (le siècle de la Renaissance) et elle désigne la période qui s'étend de l'effondrement de l'Empire Romain d'Occident (476) à la prise de Constantinople par les Turcs (1453). Cette dernière date est parfois remplacée par l'invention de l'imprimerie Gutenberg (1457) ou par la découverte du Nouveau Monde (1492). Le Moyen Âge connaît dans son évolution trois périodes distinctes : Le Haut Moyen Âge (Ve-X-e siècles) l'Apogée du Moyen Âge (XI-XII-XIII-e siècles) le Déclin du Moyen Âge (XIV-XV-e siècles) PRINCIPALES DYNASTIES Les Mérovingiens (460-751) La première dynastie française apparaît dans l’histoire avec le roi de Cambrai, Chlodion (460) et avec Childéric I-er (481), roi de Tournai. On n’est pas sûr si celui-ci était le fils de Chlodion. En fait, le fondateur de la dynastie fut Clovis I-er et le dernier mérovingien, Childéric III, fut enfermé dans un monastère par Pépin le Bref, fondateur des Carolingiens. Au V-e siècle, les Francs conquièrent peu à peu toute la Gaule sous la direction de Clovis, le petit-fils de Mérovée. Celui-ci est d’ailleurs le véritable fondateur du royaume franc et son nom signifiait “célèbre par ses combats”. En 481, quand il fut élu roi, Clovis n'avait que seize ans, mais il était rusé et énergique et réussit à se faire respecter par tous ses guerriers. Comme tous les Francs, Clovis avait été d'abord païen et sa femme, la reine Clotilde, était chrétienne. Elle décida aussi son mari à se faire chrétien: Clovis fut baptisé à Reims en 496, par l'évêque Saint Rémis. Une fois devenu chrétien, Clovis réussit, aidé par les évêques chrétiens de la Gaule, à vaincre les Wisigoths. Il réalisa ainsi, en vingt ans, l’unité presque totale de la Gaule. Après la mort de Clovis, survenue en 511, le trône de la France sera occupé par d’autres mérovingiens dont le moins mauvais fut Dagobert, qui avait eu un bon conseiller, l'évêque Saint Eloi. Les derniers rois mérovingiens, connus sous le nom de “rois fainéants”, ne s'occupent plus de leurs royaumes. Ils ne font que se promener de l'une de leurs propriétés à l'autre pour se distraire: au lieu de monter à cheval, ils voyagent couchés dans leurs chariots. Le maire du palais, qui était le chef de leurs serviteurs, gouvernait à leur place . Les tribunaux créés par les Romains pour rendre la justice disparaissent et dans cette situation les hommes cherchent à se faire seuls justice. Il n'y a plus d'écoles et, à l'exception des évêques et des prêtres, plus personne ne sait lire ni écrire. Les Carolingiens (751-987) De nouveaux envahisseurs venus de l'Afrique et de l’Espagne, les Arabes, pénètrent en ce temps en Gaule. Le maire du palais, Charles Martel rassemble l'armée des Francs et attaque les Arabes à Poitiers, en remportant une belle victoire en 732. Après cette victoire contre les Arabes, le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, lui- aussi d'abord maire du palais, fut élu roi des Francs, en 751. Il est aussi le premier roi de la dynastie carolingienne. Ses représentants ont régné en Germanie jusqu’en 911 et en France jusqu’en 987 et leur règne fut marqué par une durable renaissance culturelle. Charlemagne (771-813) reste pourtant le plus illustre des rois carolingiens. En 771, quand il devient roi, son royaume comprenait la Gaule et une partie de la Germanie. Il l'agrandit en faisant beaucoup de guerres et en annexant beaucoup de territoires conquis: il s'empare des Saxons, un peuple sauvage et païen du Nord de la Germanie et il les oblige à se faire chrétiens; il combat aussi les Arabes, qui vivaient dans l'Autriche actuelle, les Lombards de l'Italie, les Sarrasins de l'Espagne 6. Sur le plan interne, il réussit à bien administrer son royaume à l'aide des comtes, nommés “chefs des régions”. Ceux-ci sont chargés de maintenir l'ordre dans leurs comtés. Il fait surveiller son royaume par une sorte d'inspecteurs, les envoyés du maître, ou comme on disait en latin, “les missi dominici”. 6 C'est en revenant d'une expédition contre les Sarrasins de l'Espagne que Roland, son neveu, est tué à Roncevaux. Sa mémoire a été fixée dans la Chanson de Roland. 22 Animateur d'une véritable renaissance culturelle, Charlemagne créa beaucoup d'écoles. Il en fit même construire une dans son palais à Aix-la-Chapelle, en Germanie. Il visitait souvent l'école pour punir les paresseux et pour récompenser les bons élèves. Il fit aussi bâtir plusieurs églises. Une partie de celle d'Aixla-Chapelle existe encore de nos jours. Charlemagne était un très bon chrétien. Il fut le protecteur des évêques et des prêtres de son royaume. D’autre part, il força les Saxons à se convertir et il rendit aussi un grand service au chef suprême des chrétiens, le Pape, en envoyant une armée pour défendre Rome contre les Lombards. Le Pape, à son tour, montra sa reconnaissance en le reconnaissant comme successeur des anciens empereurs de Rome. Cet événement s'est passé le soir de Noël, en l'an 800, dans l'église Saint-Pierre, à Rome. En même temps qu'il veille au développement du christianisme, il reprend les contacts commerciaux avec l'Orient. En 813, il fait couronner son fils Louis le Pieux. Après sa mort, l'empire ne dura plus longtemps. En 843 ses petits-fils le partagèrent entre eux par le Traité de Verdun. L'aîné, Lothaire, reçut le titre d'empereur et prit les pays du Rhin et des Alpes, la Provence et l'Italie. Le second, Louis, reçut la Germanie et le plus jeune, Charles, reçut les territoires qui avaient jusque-là constitué la Gaule. Le Traité de Verdun et le partage de 843 ont eu une très grande importance. C'est à partir de ce moment que la Gaule et la Germanie ont été des pays distincts ayant chacun leur roi. C'est aussi à partir de ce moment que la Gaule a changé de nom. On l'a désormais appelée la France, c'est-à-dire le pays des Francs. Après la mort de Charlemagne, d'autres envahisseurs font leur apparition en France. Les plus terribles sont les Normands, appelés ainsi parce qu'ils venaient du Nord, de Danemark et de la Norvège, deux pays situés au Nord de l'Europe. Ils avaient quitté leurs pays parce qu'ils étaient très pauvres et ne pouvaient nourrir leurs habitants. Les Normands étaient des hommes courageux et intrépides, habitués à naviguer sur l'Océan dans de grandes barques, appelées drakkars. Ils étaient connus sous le nom de Vikings, c'est-à-dire, “les rois de la mer”. À partir du début du IX-e siècle, un peu après l'an 800, les Vikings descendent par la Mer du Nord et par la Manche jusqu'aux côtes françaises. Une fois arrivés à l'embouchure des fleuves, ils remontaient souvent très loin dans l'intérieur du pays pour piller et pour brûler les églises, les fermes et les villages. La plus fameuse expédition des Normands fut celle de l'an 886 contre Paris. Ils assiégèrent la ville pendant plus de six mois, mais les Parisiens, bien commandés par un chef énergique, le comte Eudes, repoussèrent leurs assauts et les Normands durent finalement s'enfuir. Les expéditions normandes se prolongent jusqu'après l'an 900. Malgré leurs efforts, les rois carolingiens n’ont jamais pu réunir une armée assez forte pour les combattre. En 911, le roi de France, Charles le Simple, imagina d'arrêter leurs invasions par un autre moyen. Il offrit au chef des Normands, Rollon, de lui donner une partie du royaume à condition qu'il se fît chrétien et qu'il n'attaquât plus les Français. Rollon7 accepta et la région où il s'établit avec ses guerriers fut appelée la Normandie. Les Capétiens (987-1328) À la fin du X-e siècle, la France était une mosaïque d'Etat féodaux. Il y avait des États féodaux plus vastes que le domaine royal. Hugues Capet, le fondateur de la dynastie capétienne n'avait pratiquement d'autorité que sur son domaine. Il ne pouvait pas s'imposer devant les ducs et les comtes qui avaient des domaines plus grands que celui royal, comme le comté de Flandre, le comté de Champagne, le duché de Bourgogne, le duché de Normandie, le comté d'Anjou, le duché d'Aquitaine ou le comté de Toulouse. Mais les Capétiens, d'Hugues Capet (987) à Philippe IV le Bel (1314), disposaient d'un territoire géographiquement bien situé et ils ont eu la chance de régner sans interruption de 987 à 1314, donc pendant plus de trois siècles sans qu'aucun problème de succession se posât. Les rois capétiens profitèrent de toutes les erreurs et les faiblesses de leurs vassaux, intervenant dans leurs affaires plutôt par la médiation que par la force. 7 Une légende raconte que Charles le Simple invita Rollon à baiser son pied en signe de fidélité mais que Rollon refusa. Il accepta seulement que l'un de ses soldats baisât le pied du roi à sa place. "Le soldat saisit le pied du roi et le porta à sa bouche, mais il le baisa sans s'incliner et fit tomber le roi à la renverse. La foule qui assistait à la cérémonie éclata de rire. " 23 Hugues Capet, fondateur de la dynastie capétienne, fut d'abord duc de France et puis roi entre 987996. Il était le descendant du comte Eudes, qui avait défendu Paris contre les Normands. Quant il fut élu roi, il était seigneur et son domaine s'étendait autour de Paris, dans l'Île de France et plus au Sud, autour d'Orléans. Il n'était pas le seigneur le plus riche de la France. Le duc de Normandie et le comte d'Anjou, par exemple, avaient des domaines plus grands que le sien. Il ne réussit pas mieux que les carolingiens à s'imposer devant ses vassaux. Il n'était même pas complètement maître de son domaine. Il y avait de petits seigneurs qui refusaient de le laisser passer sur leurs domaines, quand il voulait aller de Paris à Orléans. Les successeurs d'Hugues Capet restent encore des rois très faibles au XI-e siècle. Leur principal vassal, le duc de Normandie, devient très puissant et, en 1066, il s'empare de l'Angleterre et s'en proclame le roi. Celui-ci est connu aussi dans l'histoire sous le nom de Guillaume et surnommé le Conquérant. Philippe Auguste (1180-1223), le petit-fils de Louis VI le Gros, est le premier des grands rois capétiens. Grâce à lui, le domaine royal devient le plus grand et le plus riche domaine du royaume. Au début de son règne, le roi d'Angleterre était plus puissant qu'au temps de Guillaume le Conquérant. En plus de la Normandie, il possédait en France quatre autres provinces: l'Anjou, la Touraine, le Poitou et la Guyenne. Dans toutes les provinces, comme en Normandie, il était le vassal du roi de France. Philippe Auguste combat successivement trois rois d'Angleterre: Henri II et ses fils, Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre. Il enlève à Jean sans Terre la Normandie, la Touraine et l'Anjou. Les principaux épisodes de cette lutte ont été la prise du Château Gaillard par Philippe Auguste et la grande victoire de Bouvines (1214). Philippe Auguste vainquit à Bouvines deux alliés de Jean sans Terre, l'empereur d'Allemagne, Othon et le comte de Flandre, Ferrand, qui avaient envahi la France. L'armée du roi comprenait à côté des vassaux fidèles les milices des villes. Tous les Français s'étaient réunis pour repousser les envahisseurs. Le règne de Philippe Auguste fut un des plus importants du Moyen Âge. Avec lui le principe monarchique acquit une très grande popularité, grâce à la protection accordée à la bourgeoisie des villes et à son alliance avec l'Eglise et la petite noblesse. Il créa une administration centrale régulière et fit respecter son autorité dans son domaine très agrandi, en instituant les baillis8. Louis IX (Saint Louis) (1226-1270). À la mort de Louis VIII, son fils, Louis IX, avait douze ans. Sa mère, Blanche de Castille, devenue régente, gouverna en son nom et à sa place. Celle-ci s'efforça de bien élever son fils, pour en faire un bon chrétien et un bon roi. Louis IX fut l'un des meilleurs rois de France. Il fut un si bon chrétien que l'Eglise en fit un Saint, peu de temps après sa mort. Il fut un roi juste et charitable, l'ami des pauvres et des malades. La guerre entre le roi de France et le roi d'Angleterre continua au début de son règne, mais en 1259 il fit la paix avec le roi d'Angleterre, qui reconnaissait les conquêtes de Philippe Auguste. Saint Louis s'efforça, d'autre part, de supprimer les guerres entre seigneurs et il y parvint bien souvent. Dès son enfance, il rêvait de reconquérir Jérusalem que les Turcs avaient repris cent ans après la première croisade. Il rêvait même de convertir les peuples païens au christianisme. Mais les deux croisades qu'il organisa finirent mal. La première fois il fut vaincu et fait prisonnier en Egypte et la seconde fois, il mourut de peste en Afrique, devant Tunis. Sous Louis IX (le Saint) la monarchie française atteint son apogée. Il perfectionna les organes de gouvernement et d'administration. Au sein de la Curia regis, on créa des sections spécialisées, l'une judiciaire qui deviendra le Parlement, l'autre financière qui deviendra la future Chambre des comptes. Il avait des enquêteurs qui traversaient le pays d'un bout à l'autre et le renseignaient sur les abus commis par les administrateurs locaux. Il donna beaucoup d'ordonnances sur les baillis, sur les monnaies, sur la justice, sur l'abolition du duel judiciaire, il interdit la guerre privée et fit punir les blasphémateurs en montrant le souci du roi de faire régner l'ordre. Les Valois (1328-1589) Cette dynastie représente une branche des Capétiens et régna de 1328 à 1589, de Charles IV le Bel jusqu’à Henri III, mort sans héritier. 8 bailli - agent du roi chargé de fonctions administratives et judiciaires. 24 Le fils de Charles VII, Louis XI (1461-1483) n'avait pas l'air d'un roi. Il était petit, un peu bosse et laid. Il s'habillait et vivait très simplement et avait pour amis et conseillers son barbier, Olivier le Daim, et l'un de ses espions, Tristan l'Ermite. Comme ses prédécesseurs (Philippe Auguste, Saint Louis et Philippe le Bel), Louis XI est pourtant un grand roi. Il est travailleur et veut savoir tout ce qui se passe en son royaume. Il est aussi énergique et il veut que tous les Français lui obéissent. C’est pourquoi il punissait sévèrement ceux qui essayaient de lui résister. On raconte qu'il avait fait construire dans les caves de son château des sortes de cachots, des cages de fer et que les prisonniers pouvaient à peine s'y tenir debout. Pendant son règne, Louis XI reste en paix avec le roi d'Angleterre. Mais il doit lutter contre un adversaire, le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Celui-ci possédait la Picardie, la Flandre et les Pays-Bas, au nord de la France. Il possédait aussi, à l'Est de la France, la Bourgogne et la Franche-Comté. Il désirait réunir ces deux groupes de domaines en conquérant la Champagne, qui appartenait à Louis XI et le duché de Lorraine, qui dépendait de l'empereur de l'Allemagne. Louis XI ne fait pas lui-même la guerre au duc de Bourgogne, mais il réussit à faire attaquer celui-ci par d'autres ennemis. C'est ainsi que Charles le Téméraire se voit obliger à combattre les Suisses et le duc de Lorraine. Il est finalement tué en 1477, en essayant de prendre la capitale de Lorraine, Nancy. Après la mort du duc Charles le Téméraire, Louis XI s'empara de la Picardie et de la Bourgogne et par héritage, il fit aussi l'acquisition de la Provence. Louis XI eut une vieillesse très triste parce qu'il est forcé de vivre entouré par une nombreuse garde de soldats. Il devint très pieux à la fin de sa vie, en faisant venir près de lui de nombreux prêtres et moines. ÉVÉNEMENTS Les Croisades Vers le IX-e siècle, la féodalité française, arrivée à l'apogée de son dynamisme, se lança dans de grandes entreprises guerrières où la mystique chrétienne se mêlait à la soif d'aventures et de conquêtes lucratives. Grâce à la poussée démographique survenue vers le début du XI-e siècle, les cadets des familles nobles cherchaient hors de France des établissements promettant une vie large. Les Normands furent les premiers à tenter l'aventure et leur chef, Robert Guiscard, se rendit maître de l'Italie méridionale byzantine et de la Sicile musulmane (1050-1072). Vers la même époque, la cavalerie française vint en aide aux royaumes chrétiens du Nord de l'Espagne contre le califat de Cordoue pour assurer la neuve puissance des royaumes de Castille et d'Aragon. Ces expéditions prennent le caractère d'une guerre sainte et la papauté profite de cet élan guerrier pour organiser une croisade destinée à libérer la Terre Sainte. En total, il y eut 8 croisades. Les premières furent remportées par les chrétiens, mais ce ne fut pas le cas pour les six autres où ils perdirent. La plus célèbre fut celle de Gaudefroy de Bouillon, en 1099, qui prit Jérusalem et fonda les trois principautés chrétiennes du Levant (Syrie, Palestine et Lyban). La prise de Jérusalem ne dura pas longtemps, parce que le célèbre sultan Saladin réussit à reprendre la ville. Les conséquences furent assez importantes pour la France: des principautés chrétiennes avaient été créées en Palestine et en Syrie pour protéger Jérusalem des attaques fortuites; certains croisés s’établirent à jamais dans ces nouveaux États, en devenant bâtisseurs (Chastel Blanc) ou législateurs; au lieu de tourner les armes contre les seigneurs voisins, les croisés s’unissent contre un ennemi commun: les Arabes. Ainsi la féodalité se trouve-t-elle affaiblie et l’autorité du roi renforcée. La guerre de Cent ans ( 1340-1453) C’est une guerre de plus de cent ans entre les rois de France et d'Angleterre, pour la succession sur le trône de la France. Le roi d'Angleterre possédait encore en France, au début du XIV-e siècle, une grande province, la Guyenne. Le roi de France, son suzerain, voulait lui enlever cette province pour la rattacher au domaine royal. Aussi y avait-il entre les deux rois de nombreuses querelles. En 1328, un autre évènement aggrave la dispute. Comme le roi de France, Charles IV, était mort et il n'avait pas d'héritier, le roi d'Angleterre, Edouard III, réclame l'héritage, mais les seigneurs français n'acceptent pas que le roi d'Angleterre devienne aussi roi de France, en préférant pour roi Philippe de Valois, qui était le neveu de Philippe le Bel. Edouard III débarque alors en France avec son armée pour conquérir le royaume. 25 Les défaites françaises Elles s’expliquent par l’indiscipline: en 1346, Philippe VI est vaincu à Crécy et les Anglais prennent Calais; en 1356, Jean le Bon est vaincu à Poitiers et il y est fait même prisonnier. La France connaît alors une terrible misère, à cause de laquelle les paysans se révoltent en Champagne et en Picardie: la révolte est connue sous le nom de Jacquerie. Les bourgeois de Paris, conduits par Etienne Marcel se soulèvent contre les seigneurs qui gouvernaient en l'absence du roi. Ils massacrent plusieurs de ces seigneurs, réclament la réunion des États généraux et prétendent que cette assemblée doit contrôler le gouvernement royal. Les Anglais profitent du désordre et agrandissent leurs conquêtes. Le Traité de Brétigny de 1360 reconnaît à leur roi la pleine possession de Calais, de Poitou, de l'Aquitaine et de la Guyenne. La France est sauvée par l'arrivée sur le trône d'un roi très sage, le fils de Jean le Bon, Charles V (1364-1380). Charles V profite de la paix pour remettre de l'ordre dans ce qu'il lui restait de son royaume et pour réorganiser son armée. Il nomme “connétable”, c'est-à-dire chef de l'armée, le seigneur breton Bertrand du Guesclin, réputé pour sa bravoure et pour sa ruse. Lorsque la guerre recommence, en 1369, Du Guesclin renonce à la tactique des grandes batailles et il attaque les Anglais dans des embuscades. Ainsi réussit-il à en reprendre, une à une, presque toutes les régions et les villes que ceux-ci possédaient en France. En 1380, à la mort de Charles V et du Guesclin, le roi d'Angleterre ne conservait en France que Bayonne, Bordeaux et Calais. Peu après son avènement sur le trône de la France, le fils de Charles V, Charles VI (1380-1422) devient fou. Une nouvelle période de malheurs commence alors en France. La femme du roi, Isabeau de Bavière, et les princes qui gouvernaient au nom de Charles VI gaspillaient dans des fêtes l'argent destiné aux soldats; ils se disputaient également les uns avec les autres. Le frère du roi, le duc d'Orléans, s'opposait au cousin du roi, le duc de Bourgogne: les partisans du premier, les Armagnacs combattaient les partisans du second, les Bourguignons. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, fait assassiner en 1402 le duc d'Orléans, mais il est à son tour assassiné, douze ans plus tard ( 1419) à Montereau, près de Paris. Comme après 1356, les Anglais profitent du désordre et s'emparent de nouveau d'une grande partie de la France. Après la terrible défaite d'Azincourt, la reine Isabeau doit signer le Traité de Troyes en 1420, par lequel elle déshérite son fils, le dauphin Charles et reconnaît le roi d'Angleterre comme héritier de Charles VI. A la mort de Charles VI, le roi d'Angleterre se proclame roi de France. Mais le dauphin Charles se proclame, lui-aussi, et prend le nom de Charles VII (1422-1481). Il y a deux rois de France. Leurs forces étaient bien inégales. Charles VII n'était reconnu comme roi qu'au Sud de la Loire. Sa capitale était à Bourges. C'est pourquoi les Anglais l'appelaient par moquerie “le roi de Bourges”. C'est en ce moment que Jeanne d'Arc apparaît. Elle était une jeune paysanne de Domrémy, en Lorraine. Elle revient un jour des champs où elle allait garder ses moutons, en disant que des voix lui avaient ordonné de chasser les Anglais de France. Elle se met en route pour aller trouver Charles VII qui habitait en ce moment au Château de Chinon. Elle arrive jusqu'au roi et celui-ci la croit. Il lui donne le commandement de son armée. A la tête de l'armée française, Jeanne d'Arc force au mois d'avril 1429 les Anglais à lever le siège d'Orléans. Elle décide ensuite de conduire Charles VII à Reims pour qu'il soit sacré par l'évêque de cette ville. Charles VII est sacré roi en juillet 1429. Mais à partir de ce moment Jeanne d'Arc a moins de chance. Elle est blessée devant Paris puis elle est faite prisonnière à Compiègne en mai 1430. Furieux contre Jeanne d'Arc parce qu'elle avait fait sacrer le roi Charles VII, le roi d'Angleterre la fait juger comme sorcière. Après un procès injuste, Jeanne est condamnée à être brûlée vive sur un bûcher. Elle meurt à Rouen, le 30 mai 1431. La fin de la guerre Jeanne d'Arc avait rendu courage à Charles VII et aux Français. Ceux-ci comprenaient maintenant qu'il fallait chasser les Anglais de France. Pendant les vingt années qui suivirent la mort de Jeanne, l'armée française, bien commandée, remporte victoire sur victoire. En 1453, les Anglais n'occupaient plus en France que Calais. Ils étaient vaincus, la guerre de Cent ans était terminée. 26 La fin du règne de Charles VII En 1453, la France était dévastée: beaucoup de champs n'étaient plus cultivés et il y avait partout des brigands. Mais les Francais se remettent au travail avec courage et, en quelques années, la France redevient un pays riche. La culture du mûrier et l'industrie de la soie se développent près de Tours et de Lyon. Jacques Coeur, un grand marchand fait construire des fabriques de draps et de toiles: ses bateaux traversent les mers et les océans jusqu'en Egypte et jusqu'en Turquie. La ville de Lyon, bien située près de l'Italie et de la Suisse, commence à être le rendez-vous de nombreux commerçants: sa foire devient bientôt célèbre dans toute l'Europe. La France redevient aussi en peu de temps un pays bien gouverné. Charles VII fait organiser une armée permanente, composée de soldats payés par lui. Il a des ressources pour payer ses soldats des impôts qu'il établit, la taille9 et la gabelle10. VIE INTELLECTUELLE La vie spirituelle, déjà affaiblie sous le Bas Empire romain, est comme anéantie sous les grandes invasions. L'habileté technique disparaît, l'instruction et même la lecture s'effacent à l'époque mérovingienne. Rarement elles se retrouvent chez un évêque comme l'historien Grégoire de Tours (VI-e siècle). L'activité intellectuelle et artistique sont dans le Haut Moyen Âge l'apanage d'une très étroite minorité. Pour les autres, la vie de tous les jours est limitée au travail et à la guerre, dans une atmosphère d'insécurité et de violence. Cette période assez sombre est suivie de l'épanouissement de la vie intellectuelle du XI-e et XII-e siècles et de la belle floraison du XIII-e siècle pour les causes suivantes: l'intensité de la vie religieuse et l'intérêt d'une partie du clergé pour la spéculation intellectuelle, l'adoucissement des moeurs chevaleresques qui laissait des loisirs pour le divertissement et l'essor des villes. On peut parler, quand même, d'un certain réveil, au moment de la réforme carolingienne. Sous Charlemagne il y a des contacts établis avec l'Angleterre et avec l'Italie, d'où on fait venir des savants comme l'anglais Alcuin et l'italien Paul Diacre qui participent à la création de nombreuses écoles épiscopales et abbatiales dans lesquelles on répand un programme d'enseignement méthodique en latin: le premier cycle, le trivium (formé de grammaire, rhétorique ou art de la composition et dialectique ou art du raisonnement) et le second cycle, le quadrivium (formé d'arithmétique, musique, astronomie et géométrie). On reprend le contact avec le latin classique en copiant des manuscrits. C'est à cette époque que le latin classique se sépare du latin populaire qui évolue vers le roman. Fondation des Universités Au XIII-e siècle les écoles se multiplient et s'organisent en associations de maîtres et d'étudiants, des universités, qui possèdent leur autonomie administrative et où, enseignent, en général, les Franciscains et les Dominicains. Les premières universités de France sont celles de Paris et de Toulouse, d'Orléans et de Montpellier auxquelles s'ajoutent au XV-e siècle celles de Besançon, Aix-en Provence, Nantes, Poitiers, Bordeaux et Caen. Celles-ci se divisent en Facultés des arts et de théologie, de droit ou de médecine. L'Université de Paris, appelée Sorbonne (d'après le nom de son fondateur, Robert de Sorbon) est fondée en 1257. Le but de sa fondation est de créer un établissement pour faciliter aux écoliers pauvres les études théologiques. Dès 1554, cette université devient le lieu de délibérations générales de la Faculté de Théologie, que l'on s'habitue dès lors à désigner sous le nom de Sorbonne11. L'enseignement s’y faisait en latin. On y enseignait la littérature latine. La philosophie fait son apparition au XI-e siècle comme un développement de la dialectique du trivium, c'est-à-dire la mise en place d'une logique pour l'exercice du raisonnement. Les professeurs étaient des hommes d'Église, des prêtres qui se consacraient surtout aux lettres du style cicéronien, à la poésie, à la théologie et à la philosophie. Les célèbres maîtres de Sorbonne, de cette période, sont: Saint Anselme et Anselme de Laon, les conciliateurs de la raison et de la révélation chrétienne. 9 taille- impôt direct levé sur les roturiers. gabelle- impôt sur le sel, aboli en 1790. 11 La Sorbonne est rebâtie par Richelieu sur les plans de Lemercier. La chapelle, édifiée de 1635 à 1653, abrite le tombeau de Richelieu, réalisé par le sculpteur Girardon en 1694. Les bâtiments des facultés ont été entièrement reconstruits de 1885 à 1901 par l'architecte Paul Nénot. 10 27 Un autre maître célèbre, au XIII-e siècle, c'est Pierre Abélard, père de la pensée nominaliste qui niait toute réalité aux idées générales et l'attribuait au monde sensible et à l'expérience. Le nominalisme est une doctrine philosophique du Moyen Âge qui soutient que le concept n'est qu'un nom et n'existe effectivement que les individus auxquels renvoient les noms. Le nominalisme est le plus important courant philosophique de cette période du Moyen Âge. Science L'activité technologique est considérable. On peut parler de l'emploi des outils et des techniques déjà connus et restés peu employés (le moulin à eau et à vent, la charrue à roues, l'attelage par le collier d'épaule, la manivelle, le rouet) . La technique progresse: la première horloge de la Tour du Palais à Paris, les écluses à portes, le système bielle-manivelle qui permet l'invention de la pompe et de la tour. Les inventions techniques permettent, imposent même, les traductions du domaine du droit ou de l'agriculture. Bien que pendant la guerre de Cent ans le progrès matériel stagne, on peut parler au XV-e siècle d'une époque très féconde en réalisations techniques. Tout d'abord il s'agit de l'amélioration de la mobilité humaine par: le percement des routes alpines et du premier tunnel de 72 mètres, creusé sur l'ordre de Louis XI sous le mont Vivi à 2 400 mètres d'altitude; l'apparition des premières voitures à avant-train mobiles et des premiers carrosses; la découverte de la boussole et des cartes (des côtes), des portulans et de la caravelle. Les innovations industrielles sont plus notables encore que les exploits des navigateurs: premiers rouets à pédale pour filer, premières horloges, premiers hauts fourneaux pour la fonte en Lorraine, Champagne, Nivernais, Normandie ; développement de l'industrie des armes à feu ; les premiers canons sont employés en 1346 à Crécy et les premiers boulots de métal par Charles VII. Mais la plus importante de toutes les inventions c'est l'imprimerie, conditionnée elle-même par l'usage du papier de chiffon apparu au XIV-e siècle. À Mayence est imprimée en 1455 la Bible de Gutenberg. Après cela, l'imprimerie se répand vite en France, surtout à Paris et à Lyon. Dates à retenir: L’effondrement de l’Empire Romain d’Occident Charles Martel arrêtent les Arabes à Poitiers La proclamation de Charlemagne comme successeur des anciens empereurs de Rome 843 Le Traité de Verdun (la Gaule devient la France, le pays des Francs) 910 La fondation de l’Abbaye de Cluny 1099 La prise de Jérusalem par Gaudefroy de Bouillon 1214 La victoire de Philippe Auguste contre les Anglais, à Bouvines 1257 La fondation de la Sorbonne par Robert de Sorbon 1302 La première réunion des États Généraux sous le règne de Philippe IV le Bel 1340-1453 La guerre de Cent Ans 1346 La défaite de Philippe VI à Crécy et la prise de Calais par les Anglais 1356 Jean le Bon est fait prisonnier par les Anglais à Poitiers 1360 Le Traité de Brétigny 1420 Le Traité de Troyes par lequel Isabeau de Bavière déshérite son fils et reconnaît le roi d’Angleterre comme héritier de Charles VI. 1429 Jeanne d’Arc délivre la ville d’Orléans 1431 Jeanne d’Arc est brûlée vive sur un bûcher 1453 La prise de Constantinople par les Turcs 1455 La publication de La Bible de Gutenberg 1457 L’invention de l’imprimerie Gutenberg 1492 La découverte du Nouveau Monde 476 732 800 28 4. LE XVI-E SIÈCLE-LA RENAISSANCE CADRE HISTORIQUE La Renaissance est la révolution intellectuelle et morale du XVI-e siècle, l'avènement d'un ordre différent, d'un ensemble de réalisations et de tendances qui remplacent une civilisation en train de se scléroser, celle du Moyen Âge. C’est une période de rupture où l'unité chrétienne est bouleversée et où les découvertes scientifiques et géographiques déterminent un développement économique et démographique particulier. C’est une époque de constrastes et de bouleversements, épanouie et prospère jusqu'en 1558, chaotique et douleureuse pendant les guerres de religion et inéspérément équilibrée sous Henri IV. PERSONNALITÉS POLITIQUES Charles VIII (1483-1498) Il est le fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Marié à Anne de Bretagne, il prépare l’annexion de la Bretagne à la France. Sa politique extérieure vise le royaume de Naples qu’il ne réussit pas à conquérir. Louis XII (1498-1515) C’est le fils de Charles d’Orléans et de Marie de Clèves. Il devient roi de France après le décès de son cousin, Charles VIII, mort sans héritier. La couronne passe à la branche des Orléans. Pour empêcher la perte de la Bretagne, il épouse Anne de Bretagne, veuve de Charles VII. Il revendique ensuite le duché de Milan et le conquiert, mais après la défaite de Navarre (1513), il se voit obliger de quitter l’Italie et de renoncer à son projet. François I-er (1515-1547) Il est le fils de Charles d’Orléans et de Louise de Savoie. Il encourage les lettres et les arts, en attirant à sa Cour les poètes et les peintres français, mais aussi ceux italiens, comme Léonard da Vinci, le Primatio, le Rosso, l'architecte Serlio et le poète Luigi Alamani, qui constituent la première école de Fontainbleau. Par l'Ordonnance de Villiers-Cotterêts (1539), on exige que les actes et les opérations de justice soient écrits en français- langue maternelle. La puissance royale est équilibrée par celle d'une noblesse riche et dévouée. François I-er est le fondateur de l'éducation classique. Sur la proposition de Budé, François I-er fait fonder en 1530 le Collège des lecteurs royaux, devenu au XVII-e siècle Collège royal et après la Révolution de 1789, Collège de France. Les professeurs y enseignaient les langues classiques. Au début, l'organisation fut modeste. Il n'y avait pas de salles de cours. Les professeurs demandaient l'hospitalité à d'autres Collèges de la montagne Saint-Geneviève. D’abord tolérant envers la Réforme, il choisit la répression après l’Affaire des Placards. La nuit de 17 octobre, on placarda sur le poste de la chambre du roi à Paris et à Amboise un pamphlet contre la messe, le clergé et le pape en dénonçant certains abus de l'église catholique. L'indignation fut terrible. François I-er lui-même fut obligé de participer à une cérémonie expiatoire, tête nue, un cierge à la main. On poursuivit les protestations. Certains d'entre eux furent brûlés. Au bout d'un mois, on promulgua un édit d'amnistie. Henri IV (1589-1610) Avec Henri III, mort sans enfants, s’éteignait la dynastie des Capétiens Valois. L’héritier légitime de la couronne était Henri de Navarre, un protestant qui prit le nom d’Henri IV. Avec lui arrivait au trône une troisième dynastie, celle des Bourbons. Lorsque Henri IV, elevé par sa mère dans la religion protestante devient roi de France en 1589, il se convertit au catholicisme pour calmer les esprits. Restait à régler la question religieuse, car aucune des deux confessions religieuses ne pouvait anéantir l’autre. Il fallait se résigner à établir la coexistence du catholicisme et du protestantisme. Après de très difficiles négociations avec les deux partis rivaux, Henri IV promulgua le compromis qu’on appelle l’Édit de Nantes (1598). Avec l’aide de son ministre Sully, il encourage l’agriculture. Ses maximes sont restées célèbres: “Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France”, “Je veux qu’il n’y ait si pauvre paysan en mon royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot”. Il fit aménager de superbes ensembles architecturaux à Paris tels que La Place Royale, devenue Place des Vosges. 29 Beaucoup de catholiques ne pardonnaient pas à Henri IV d’avoir publié l’Édit de Nantes. Leur irritation s’exaspéra quand ils apprirent qu’il voulait s’allier aux protestants d’Allemagne, de Suisse, d’Angleterre et des Provinces-Unies pour attaquer les Habsbourgs catholiques et même, disait-on, le pape. Un exalté, Ravaillac, pensa sauver le catholicisme en tuant le roi de deux coups de couteau (mai 1610). De son vivant, Henri IV n’avait guère été aimé. C’est après sa mort que l’on admira son courage, sa confiance dans les destinées de la France, son souci de relever le pays de ses ruines. Alors Henri IV devint le plus populaire des rois de France. ÉVÉNEMENTS Les guerres d'Italie (1494-1516) À partir de 1492, la France engage des opérations militaires en Italie, pour reconquérir le royaume de Naples qui avait appartenu à la maison française d'Anjou. On appelle “guerres d'Italie” la série d'expéditions que les rois de France, Charles VIII, Louis XII et François I-er, engagèrent de 1494 à 1516 pour la conquête d'une partie de l'Italie. Charles VIII entre avec ses armées à Naples et se fait couronner roi, mais au bout de quelques mois, il revient en France, après avoir été vaincu par la coalition du Pape, de Ludovic le More et du duc du Milan. Ni Louis XII n'a eu un sort plus propice dans sa tentative de reconquérir Milan. François I-er lui-aussi, hardi et ambitieux, tente à nouveau une campagne, remporte la victoire de Marignan (1513), mais il est obligé de céder devant l'alliance de Charles Quint, empereur du Saint Empire et de Henri VIII, roi d'Angleterre. François I-er est fait prisonnier et il est obligé de signer le désastrueux Traité de Madrid (1526) par lequel il perd la Bourgogne. Il n'avait jamais renoncé à Milan, mais ni lui, ni son successeur n'ont réussi à s'en emparer. Outre les pertes matérielles et humaines, les guerres d'Italie eurent des conséquences artistiques. Elles mirent les Français en contact direct avec l'Italie de la Renaissance. Dans leur enthousiasme, les rois français ont voulu acclimater le raffinement d'une civilisation encore peu connue et ils ont appelé à leur Cour des artistes italiens. On peut dire, par conséquent, que la Renaissance française est la conséquence la plus importante des guerres d'Italie. Les guerres de religion (1559-1610) Au XVI-e siècle, le royaume est bouleversé par les guerres de religion qui se sont livrées entre les protestants et les catholiques, avec l'intervention des forces étrangères (allemandes et espagnoles). La noblesse catholique était groupée autour de Montmorency, François de Guise et le cardinal de Lorraine. Les Calvinistes (protestants) étaient dirigés par les Bourbons: Antoine de Bourbon, roi de Navarre, le prince Condé, l'amiral de Coligny. Catherine de Médicis qui devient régente à la mort de son mari, Henri II, réunit un colloque de théologiens pour mettre d'accord les adversaires. Elle fait rédiger l'Édit de pacification d'Amboise, qui n'a pas les résultats attendus. Alors elle fait rédiger un autre édit, l’Édit de Saint-Germain, par lequel on accorde aux protestants la liberté de la conscience et quatre villes fortifiées, dont la plus connue est La Rochelle. Une entente s'établit entre Coligny et le roi Charles IX, mais Catherine de Médicis passe dans le camp des catholiques et pousse Charles IX d'ordonner l'affreux massacre de la nuit de Saint-Barthélemy (le 24 août 1572) dans lequel meurent plus de 3 000 protestants. Toute l'Europe en est indignée. Après cette triste date mémorable, Henri III accorde aux protestants la liberté du culte, mais le duc de Guise entre en conflit avec le roi qui fait assassiner lui et son ami, le cardinal de Lorraine, à Blois. Allié à Henri de Navarre, futur roi de France sous le nom d'Henri IV, le roi fait assiéger Paris et il tombe sous le poignard du moine fanatique Jacques Clément en 1589. La mort d'Henri III met fin à la dynastie des Valois. Henri IV est connu comme un grand pacificateur du royaume. Il est l'auteur de l’Édit de Nantes (1598) par lequel il met fin aux luttes fratriciales et fait de la France le premier état de l'Europe avec deux religions officielles. L'Édit reconnaissait aux protestants le droit de n'être pas catholiques. Mais il ne les autorisait à célébrer publiquement leur culte que dans les villes où on le célébrait en 1597 ( sauf à Paris) et, en plus, dans deux localités par baillage. La liberté du culte n'était donc reconnue que très partiellement aux protestants. Beaucoup de catholiques ne pardonnaient pas à Henri IV d'avoir publié l'Édit de Nantes. Leur irritation s'exaspéra quand ils apprirent qu'il voulait s'allier aux protestants d'Allemagne, de Suisse, d'Angleterre et 30 des Provinces-Unies pour attaquer les Habsbourgs catholiques et même, disait-on, le pape. Un exalté, Ravaillac, pensa sauver le catholicisme en tuant le roi de deux coups de couteau (mai 1610). VIE INTELLECTUELLE L'homme de la Renaissance a une personnalité complexe, enrichie par une intarissable soif de connaître. Il est vigoureux et instable. Il pratique les sports et la chasse, il est plein d'enthousiasme et son appétit de savoir est immense. Il a une certaine sensibilité pour la littérature, la musique, les parfums, les belles maisons, les meubles et les vêtements brillants et les beaux jardins. Cet homme nouveau est sociable par nécessité et par goût. L'humanisme12 de la Renaissance prend des formes diverses : la réforme religieuse instituée par Calvin, la restauration littéraire et poétique de la Pléiade, la renaissance des arts, un idéal de vie empreint de mesure, de sagesse, de solidarité humaine, d'entente des peuples, de liberté de la pensée, d'études sérieuses dont le but est de connaître et d'améliorer la vie des hommes. En 1529, Budé publie ses Commentaires sur la langue grecque, le barbier chirurgien Ambroise Paré publie en français sa Méthode pour traiter les plaies faites par les arquebuses, Henri Estienne publie Thesaurus Linguae Graeciae, Pasquier publie Recherches sur la France (1560) et B. Palissy publie en 1563 le Discours admirable sur la nature des eaux et des fontaines. Science Les hommes de science les plus marquants du XVI-e siècle sont : Olivier de Serres (1539-1619), Bernard Palissy (1510-1586), Ambroise Paré (1517-1590). Olivier de Serres a cultivé le mûrier et a produit de la soie. Il a écrit aussi un ouvrage sur l'agriculture. Bernard Palissy consacra toute sa vie à la fabrication de l'émail. Il fut à la fois naturaliste, géologue, chimiste. Il écrit : Recette véritable par laquelle tous les hommes de France peuvent apprendre à multiplier et à augmenter leurs trésors. Ambroise Paré - médecin et chirurgien est l’auteur de l'Anatomie universelle du corps humain, célèbre pour avoir opéré le crâne du duc de Guise avec les tenailles d'un maréchal ferrant, en ôtant un fer de lance. Il avait l'intuition et la culture d'un vrai médecin. Ce barbier médecin apporte à la Renaissance un véritable humanisme médical, fondé sur la confiance dans la nature humaine et dans le progrès. La technique des constructions maritimes avait fait un grand progrès. Le perfectionnement des instruments de bord, la solidité de la caravelle permirent de longs voyages, comme ceux de C. Colomb, Amerigo Vespuci, Vasco da Gama, Magellan, Albuquesque. À ceux-ci s'ajoutent ceux de Parmentier à Sumatra et Madagascar (1508) ; de Jacques Cartier (1534-1535) qui a découvert le Canada. En 1561, la France y fonda la colonie de Caroline et, en 1608, Champlain construit le Québec. La vie matérielle se remarque par des modifications importantes comme l’emploi croissant des métaux dans la vie domestique et dans l’outillage industriel à la fois. C’est ainsi que font leur apparition des objets nécessaires à l’homme, tels: épingles et clous, rasoirs d’acier, couteaux de table, apparition des fourchettes, verrous et clés, pièces métalliques pour les carrosses. La guerre réclame, d’autre part, des objets en métal: armures, boulets, arquebuses, mousquets et pistolets, qui s’ajoutent aux lances et aux épées. Après 1550, se généralise l’usage du verre à vitre, qui aura des conséquences sur la psychologie des hommes. Toujours vers cette époque, l’usage des lunettes devient courant. L’imprimerie fait des progrès importants, rend le livre moins cher, ce qui détermine la plus grande révolution de la culture produite jusqu’à cette époque-là. On comprend par “humanisme” l'étude critique d'un texte manuscrit de l'Antiquité. Erasme de Roterdam, professeur au Collège des Trois langues de Louvain, publie en 1511 l'Éloge de la Folie. Il est considéré le prince des humanistes. 12 31 Dates à retenir: 1494-1516 Les guerres d’Italie 1497-1500 Voyages de Vasco de Gama sur les côtes d’Afrique et aux Indes 1498-1515 Règne de Louis XII 1503-1507 Leonard de Vinci, la Joconde 1513-1521 Château de Chenonceaux 1515-1547 Règne de François I-er 1515 Bataille de Marignan 1516 Le Concordat par lequel le roi avait le droit de nommer les archevêques, évêques et abbés du royaume 1519 Conquête du Mexique par Cortez 1519-1522 Magellan fait le premier tour du monde 1529 Fondation du Collège de France 1529 Château d’Azay-le-Rideau 1533 Calvin passe à la Réforme 1534 Affaire des Placards: début des persécutions contre les protestants 1534 Premier voyage de Jacques Cartier au Canada 1539 Ordonnance de Villers-Cotterêts (qui rend la langue française obligatoire dans les actes officiels) 1541 Le Louvre de Lescot 1547-1559 Règne d’Henri II 1552 Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne, est chirurgien du roi 1559-1560 Règne de François II 1560-1574 Règne de Charles IX 1562-1598 Guerres de religion 1572 Massacre de la Saint-Barthélemy 1574-1589 Règne d’Henri III 1589-1610 Règne d’Henri IV 1598 Édit de Nantes 32 5. LE XVII-E SIÈCLE – LE CLASSICISME CADRE HISTORIQUE Le XVII-e siècle est connu dans lhistoire de la civilisation française comme le siècle du classicisme. Si le classicisme de lAntiquité révélait dans la littérature et surtout dans le théâtre la lutte de lhomme contre le destin, le classicisme français est dominé par la raison, la vérité et la nature. La raison, selon Descartes, est “la faculté de bien juger les choses et de distinguer le vrai davec le faux”. Le classicisme français est encore une période denrichissement de lAntiquité gréco-latine par le génie français, ainsi que ladoption des données offertes par lAntiquité aux réalités sociales du XVII-e siècle. Le XVII-e siècle est, du point de vue politique et social, une période où sérige vraiment dans sa forme moderne lÉtat, qui apparaît désormais comme une force autonome, détachée de la société. La monarchie absolue est un deuxième stade de la société féodale, qui tout en conservant, pour lessentiel, les rapports de production féodaux, permet à léconomie bourgeoise de progresser. Elle est donc aux services des deux classes dominantes, la bourgeoisie et la noblesse féodale. Mais, ni la noblesse féodale, qui est en décadence, et ni la bourgeoisie en pleine ascension, mais encore au stade précapitaliste, ne sont capables de contrôler et de forger lÉtat national, qui leur était nécessaire. Dici le double aspect de Louis XIV, roi noble, roi-Soleil, trônant à Versailles au sommet de la hiérarchie nobiliaire, mais aussi de la bourgeoisie, gouvernant en sa faveur. En 1598, comme à la fin de la guerre de Cent Ans, la France était couverte de ruines. Henri IV réussit à restaurer lautorité royale et à réorganiser la vie économique et sociale, avec laide de son bon ministre et compagnon Sully, mais après sa mort et jusquà lentrée de Richelieu au Conseil Royal, survenue en 1624, la France a été plongée dans des intrigues, des rivalités et des aventures romanesques. PERSONNALITÉS POLITIQUES Louis XIII (1610-1643) En 1610, à la mort dHenri IV, Louis XIII, son fils avec Marie de Médicis, était mineur. Dans cette situation, Marie de Médicis se fait nommer régente et accorde toute sa confiance à un Italien, Concini. Les grands seigneurs, qui étaient très forts depuis les guerres civiles, exigent de grosses pensions, mettent le trésor de Sully au pillage et sagitent dès quon parle de limiter leurs bénéfices. Dans l’espoir d’affaiblir l’autorité royale, ils réclament la convocation des États généraux, les derniers avant ceux de 1789. Les États n’aboutirent à rien, car les députés du tiers s’indignèrent du montant des pensions versées aux nobles et dénoncèrent la misère du peuple. Le jeune roi, lui-aussi, s’impliqua davantage dans les affaires. Il fit assassiner Concini et invita la reine à ne plus “se mêler de rien”. Tout allait changer en 1624, quand Louis XIII fit entrer au conseil le cardinal de Richelieu. Le cardinal de Richelieu (1624-1642) Il était fait pour dominer: il avait le don de commandement, un orgueil impérieux, une inflexible volonté. Il n’avait en vue, pour reprendre ses paroles, que “la majesté du roi et la grandeur du royaume”. Pour maintenir la grandeur du royaume, il engagea la France contre les Habsbourgs dans La Guerre de Trente Ans (1618-1648). Elle commença par la révolte nationale et protestante des Tchèques contre la Maison d’Autriche et se transforma vite en guerre européenne, car tous ceux qui redoutaient le pouvoir allemand de Ferdinand II se mêlèrent dans le combat contre les Habsbourgs. Au début de la guerre, Richelieu s’est borné à soutenir indirectement les adversaires de l’empereur allemand, mais en 1635 il déclara simultanément la guerre à l’Allemagne et à l’Espagne, où régnait aussi la Maison d’Autriche. La guerre dura encore 15 ans et elle entraîna, à part la France, l’Allemagne et l’Espagne, d’autres pays de l’Europe Centrale. Le but de Richelieu était celui d’assurer à la France les frontières de l’ancienne Gaule. Les Français remportèrent deux victoires décisives, à Rocroi en 1643 et à Lenz en 1648. À l’intérieur du pays, Richelieu a tenté de faire des réformes et de renforcer l’autorité royale, en reprenant la lutte contre les protestants et en réprimant les complots des Grands. Il s’aperçut qu’il ne pourrait à la fois faire la guerre et accomplir des réformes. C’est pourquoi ses réformes pour uniformiser l’administration, pour répartir les impôts plus équitablement, pour supprimer la vénalité et l’hérédité des offices furent à peu près abandonnées. 33 Comme les privilèges des protestants lui semblaient la négation du pouvoir du roi, Richelieu résolut de les supprimer. Il prit prétexte de l’attitude des protestants de l’Ouest qui avaient aidé la flotte anglaise à s’emparer de l’Île de Ré pour mettre le siège à La Rochelle. Malgré l’énergie des habitants et les tentatives des Anglais pour la secourir, la ville dut capituler. En 1629, la Paix d’Alès enlève aux Réformés leurs privilèges politiques et leurs places fortes, mais leur laisse la liberté du culte, stipulée dans l’Édit de Nantes. D’autre part, il réprime vigoureusement les complots des Grands excités par Gaston d’Orléans, le frère cadet du Roi, ainsi que les complots de Marie de Médicis, très jalouse du pouvoir de Richelieu sur son fils, et d’Anne d’Autriche, qui reprochait à Richelieu de mener une politique hostile à l’Espagne. Le 19 novembre 1630, à la suite de la fameuse Journée des Dupes, le pouvoir de Richelieu est renforcé par l’échec des Dévots, groupés autour de Marie de Médicis et Michel de Marillac, la garde des Sceaux. Quelques jours auparavant, Marie de Médicis avait demandé au roi le renvoi de Richelieu, en sommant son fils de choisir “entre un valet et sa mère”. Comme Louis XIII garda sa confiance à Richelieu, Marillac fut exilé et Marie de Médicis fut emprisonnée. Elle réussit à fuir à l’étranger et mourut douze ans plus tard en exil, sans avoir revu son fils. Epuisé par le labeur, Richelieu mourut en 1642 et Louis XIII confia la charge de Premier Ministre au cardinal Mazarin. Quelques mois plus tard, le roi s’éteignait à son tour et son fils, Louis XIV, n’avait que cinq ans. Le cardinal Mazarin (1642-1661) Il est devenu premier ministre de la régente Anne d’Autriche et il est resté, jusqu’à sa mort, le maître absolu du royaume. Il a arbitré la Guerre du Nord (1645) et a mis fin à la Guerre de Trente ans par la Paix de Westphalie (1648). Le Traité de Westphalie stipulait que les princes de la France et de la Suède devaient fixer le sort de l’Allemagne, en confirmant sa défaite, que l’Alsace revenait à la France et que le français était langue diplomatique internationale. A son arrivée au pouvoir, Mazarin trouvait une situation politique et financière désespérée: des soulèvements partout, un trésor vide, une guerre à continuer. Il dut recourir aux expédients: ventes d’offices, emprunts forcés, taxes de toutes sortes. Il s’attira ainsi la haine des Parisiens et surtout celle de la noblesse de robe qui déclencha contre lui la Fronde. La Fronde a eu deux phases: la Fronde parlementaire (1648-1649), marquée par l’arrestation du conseiller Broussel, par l’édification de barricades par le peuple de Paris, par les intrigues du Cardinal de Retz et par la retraite de la Cour à Saint-Germain; la Fronde des Princes (Condé, Beaufort et Mme de Longueville, avec l’appui secret de l’Espagne): ceux-ci engagèrent une véritable campagne contre les troupes royales commandées par Turenne. La révolte échoua finalement et la royauté et Mazarin partirent affermis de cette période troublée. Son échec allait préparer le triomphe de l’absolutisme. Revenu au pouvoir en 1653, il est entré dans la Ligue du Rhin, formée contre l’Autriche et a imposé à l’Espagne le Traité des Pyrénées (1659). À sa mort, il possédait une fortune colossale et de très riches collections d’art. Une de ses résidences est devenue plus tard bibliothèque royale, puis nationale. Louis XIV (1643-1715) A la mort de Mazarin, en 1661, il déclara qu’il ne choisirait pas un autre premier ministre, mais qu’il gouvernerait lui-même. ”L’État c’est moi” - sont les célèbres paroles qu’il prononça. Il respecta sa parole. Il régna seul depuis 1661 à 1715 (54 ans) et il fit avec beaucoup d’application son métier de roi. Mazarin, qui s’était occupé de l’éducation de Louis XIV, lui avait enseigné qu’un roi de France doit “faire tout ce qu’il lui plaît”. Une fois devenu roi, Louis XIV devient le maître absolu de son royaume. Le gouvernement et l’administration de la France sont organisés sous le règne personnel de Louis XIV et restent à peu près tels, jusqu’à la Révolution de 1789. Le roi était aidé pour gouverner par des ministres et des conseils. Il y avait six ministres : des Finances, de la Justice, de la Guerre, de la Marine, de la Cour et des Affaires étrangères. Le Conseil le plus important était le Conseil d’État. Le roi y faisait venir les personnes en qui il avait confiance; il leur demandait leur avis avant de prendre des décisions. 34 A partir de 1661, le roi fut aussi représenté dans les provinces par des intendants. Tout le monde devait leur obéir, mais ils devaient eux-mêmes obéir au roi. Depuis la mort d’Henri II, les rois avaient habité le Palais de Louvre. Louis XIV y fit continuer les travaux jusqu’à sa mort; cependant il n’y résida que pendant les vingt premières années de son règne. Cela s’explique, d’une part, par le mauvais souvenir de la Fronde et, d’autre part, par l’orgueil du roi d’avoir une cour d’une somptuosité sans égale. D’un pavillon de chasse de Louis XIII, Louis XIV fit à Versailles un édifice splendide donnant sur un parc immense. En 1682, le palais devint la résidence officielle du roi et de la cour. Isolé du monde et entouré de courtisans serviles, le roi allait perdre tout contact avec son peuple. Moins galante et plus austère qu’auparavant, la cour est restée tout aussi brillante, mais elle est devenue plus solennelle encore. Le nombre des personnes qui servaient le roi était de dix mille et elles devaient respecter une étiquette minutieuse: le lever du Roi, la promenade, le souper et le coucher étaient des cérémonies officielles dont chaque détail avait été défini par un règlement précis et compliqué. La haute noblesse, définitivement domptée, était obligatoirement présente à ces cérémonies, en se disputant l’honneur d’être admise et de faire partie de la maison du roi. En revanche, la noblesse de province qui ne touchait pas de pension et qui ne bénéficiait d’aucun avantage, se ruinait et disparaissait peu à peu. Ainsi le roi a-t-il fini par être isolé du monde extérieur au palais de Versailles et de la Cour en général. Il a délaissé pratiquement Paris et les 500 000 habitants qui y vivaient entassés en 20 000 immeubles peu confortables, formant une agglomération aux rues étroites et sales, rarement serrées par des places exiguës. Les ministres de Louis XIV Colbert Il fut très intelligent, énergique et surtout un travailleur infatigable. Louis XIV avait besoin de beaucoup d’argent pour ses guerres et sa Cour. Colbert s’efforça de le lui procurer sans augmenter les impôts. Pour cela, il supprima, autant qu’il put, le gaspillage et il punit tous ceux qui volaient le roi. Il s’occupa moins de l’agriculture que Sully, mais il s’intéressa beaucoup à l’industrie et au commerce. Les industries du fer, des draps, de la toile continuent à se développer et des industries nouvelles, telles celles des porcelaines et des glaces, sont créées. Colbert améliore aussi le travail, il fait construire des usines et des manufactures dans lesquelles travaillaient des centaines d’ouvriers. Dans la manufacture de draps, en Picardie, travaillaient plus de mille ouvriers. La plus célèbre manufacture de gobelins était celle de Paris. Colbert obligea les artisans de respecter la qualité des produits en créant des centaines de règlements et en organisant le contrôle de la qualité. Il fit aussi creuser par l’ingénieur Riquet le Canal du Midi qui devait unir la Méditerranée à l’Atlantique. Il prêta de l’argent aux armateurs pour les aider à construire de nombreux vaisseaux de commerce et encouragea aussi l’exportation des produits français. Colbert joua aussi un rôle important dans l’organisation de la marine de guerre. La France avait la plus puissante flotte. La flotte française comprenait vers 1680 plus de 3000 navires qui naviguaient sur l’Océan et sur la Méditerranée. Pour servir de rameurs sur les navires, on choisissait des criminels condamnés par les tribunaux. C’est toujours à l’époque de Colbert que de nouvelles colonies furent fondées. De nombreux colons furent envoyés au Canada; on explora aussi la vallée de Mississippi en Amérique du Nord et on fonda la Louisiane et la colonie Saint-Domingue aux Antilles. Louvois Il fut ministre de la Guerre en même temps que Colbert était ministre des Finances et de la Marine. Il était aussi intelligent et travailleur que Colbert, mais il était plus orgueilleux et plus brutal. Il fit de l’armée française la plus nombreuse et la meilleure de l’Europe à cette époque-là. Il introduisit l’uniforme des soldats et améliora leur armement avec des armes nouvelles: le fusil, la baïonnette à douille, la grenade, etc. Il créa aussi des écoles militaires pour mieux instruire les officiers et il les obligea à obéir aux ordres du roi. 35 Les guerres de Louis XIV Louis XIV était en 1661 le roi le plus puissant de l’Europe. Son orgueil et sa prétention d’imposer ses ambitions provoquèrent beaucoup de guerres. Il prétendait commander en maître en Europe. Les premières guerres que fit Louis XIV furent glorieuses pour la France. Le roi remporta plusieurs victoires et conquit plusieurs provinces. Pendant cette période l’armée française n’eut jamais à combattre plusieurs ennemis à la fois et elle eut pour commandant le meilleur général du temps, Turenne. Louis XIV combattit d’abord le roi d’Espagne. Il s’empara de plusieurs villes de la Flandre qu’il garda par le Traité d’Aix-la Chapelle (1668). En 1672, Louis XIV attaqua les Hollandais. La guerre commença brillamment, l’armée française traversa le Rhin et envahit la Hollande. Mais alors les Espagnols et les Allemands vinrent au secours des Hollandais qui inondèrent le pays pour empêcher les Français d’avancer, ce qui fit que la guerre devînt plus difficile. Les Français furent obligés d’abandonner la Hollande. En 1675, une armée allemande traversa, à son tour, le Rhin et occupa l’Alsace. Turenne réussit à chasser l’armée allemande de l’Alsace et il la poursuivit en Allemagne, mais dans un combat il fut tué par un boulet de canon. Sa mort fit beaucoup de peine au roi, qui aimait bien son général. Turenne était aussi aimé par les soldats et par le peuple. La guerre de Hollande se termina, malgré tout, par la victoire des Français. Par le Traité de Nimègue (1678) le roi d’Espagne se vit obligé de céder aux Français la Franche-Comté. VIE INTELLECTUELLE La réforme de la langue Vers la fin du XVI-e siècle, les humanistes français se sont sentis embarrassés, parce que la langue vulgaire, employée en pleine liberté, manquait de mots pour exprimer les hautes pensées. Il fallait donc l’enrichir et pour cela, on a laissé entrer dans le français des mots de toutes les origines, en même temps que les grammairiens essayaient d’imposer la syntaxe latine. Ce premier grossissement oblige les spécialistes à clarifier un peu ce style mêlé. Alors Malherbe, poète et grammairien, se met à épurer la langue, à la fixer et à l’organiser. Ami de toutes les disciplines, il réussit à mettre “de la façon” dans les pensées et imposa une discipline de l’invention. En même temps que l’usage, il voulait qu’on suivît “la raison”. Cela parce que si l’on voulait s’entendre, il fallait éliminer de la langue “tout ce qui faisait obstacle à la parfaite intelligence de la pensée. Il avait horreur des longues phrases enchevêtrées ou de celles où se jouait capricieusement la fantaisie de l’auteur”, préférant les constructions claires, ordonnées, régulières, des mots précis et propres. La fondation de l’Académie française La Fondation de l’Académie française traduit le besoin éprouvé par un grand nombre de gens du monde, d’écrivains, d’artistes et de savants, d’une amélioration de la langue française, troublée par les jargons divers, les negligeances généralisées (le mauvais usage). Les esprits éclairés sentent alors la nécessité d’une discipline consentie et d’une règle sur laquelle puissent s’appuyer les gens de goût et de bon sens. Par la suite de l’intervention de quelques gens de lettres comme Godeau et Malherbe, l’Académie française fut créée par Richelieu, le Premier ministre de Louis XIII et sa première séance eut lieu le 13 mars 1634. Les Lettres patentes signées par le roi Louis XIII au mois de janvier 1635 officialisèrent l’Académie et définirent sa raison d’être qui était “de contribuer à l’épanouissement des belles-lettres et au perfectionnement de la langue française”. L’Académie s’était proposée de rédiger un dictionnaire de la langue française. Appelé Le Dictionnaire des quarante, le livre ne contenait que la langue de la société polie et les termes d’usage universel. À l’exception des termes de chasse, de blason et de guerre qui marquaient le caractère aristocratique de cette société, les termes techniques faisaient absolument défaut. La langue y a donc subi un appauvrissement évident déploré par des artistes véritables comme Fénelon et La Bruyère: la langue était dépouillée ainsi de ses mots concrets, colorés, pittoresques, savoureux, ne gardant que les mots rationnels et abstraits. Les quarante (académiciens) se réunirent jusqu’en 1643 tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, puis après la mort de Richelieu (sur son vrai nom Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu) dans l’hôtel du chancelier Séguier et, enfin, à partir de 1672 au Louvre. Les élections devaient être approuvées par le roi. Les discours de réception, prononcés par les nouveaux admis furent souvent des exposés importants pour l’histoire littéraire, surtout à partir de 1672, 36 lorsque les réceptions devinrent publiques. Ceux de Fénelon et de La Bruyère furent par exemple de véritables commentaires critiques de la littérature contemporaine. L’Académie ne publia pas de grammaire, mais les Remarques sur la langue française, publiées par l’académicien Vaugelas (1647) en tinrent lieu. À partir de 1639, on commença à travailler au dictionnaire confié à la responsabilité exclusive de l’assemblée. Furetière, exclu en 1685, réussit à en publier un dès 1690, avant celui de l’Académie de 1694 qui ne parut pas sans difficulté ni querelles. Science Même si les savants du XVII-e siècle ne travaillaient pas en équipe, ils ont eu des discussions passionnées, une correspondance très riche avec leurs contemporains des autres pays européens tels les italiens Bernouli, Gallilée, l’anglais Newton, les allemands Kepler et Leibnitz, etc. Des écrivains français parlent et traduisent les oeuvres de Gallilée. Les sciences qui se développent davantage au XVII-e siècle sont surtout les mathématiques (géométrie, algèbre, arithmétique), la physique et la médecine qui cesse d’être empirique. L’activité scientifique est encouragée par la royauté: Mazarin et Colbert protègent les savants français et ils font venir à Paris des savants étrangers et un grand nombre d’ouvriers spécialisés. Colbert créa l’Académie des Sciences (1966), l’Observatoire de Paris et le “Journal des Savants” qui rendait compte de tous les travaux importants parus en France et à l’étranger. Pierre de Fermat fut un grand mathématicien, précurseur du calcul différentiel, de la géométrie analytique et de la théorie des nombres et du calcul des probabilités. René Descartes fut philosophe, mathématicien et physicien. Il vécut la plupart de sa vie en Suède et en Hollande. En tant que mathématicien, il se remarque par la simplification de l’écriture mathématique et par la fondation de la géométrie analytique. Il a dégagé aussi les lois de la réfraction de la lumière. Ses théories ont posé les bases de la science moderne. En philosophie, il est l’auteur du célèbre Discours sur la méthode, dans lequel il développe le cartésianisme: il construit sa métaphysique en partant d’un doute méthodique, l’amenant à faire table rase de toute connaissance non fondée; seule subsiste la certitude de la pensée qui doute. Il en déduit l’existence même de celui qui pense (je pense, donc je suis) et de là il déduit l’existence du monde extérieur. Blaise Pascal (1623-1662) fut à la fois mathématicien, physicien et philosophe lui-aussi. Il fait des recherches dans le domaine de la pression atmosphérique et de l’équilibre des liquides. Avec Fermat, il créa le calcul des probabilités. En tant que philosophe il est l’auteur des célèbres Provinciales et Pensées, fragments publiés avant sa mort d’un travail plus vaste, intitulé Apologie de la religion chrétienne. Dates à retenir: 1605-1612 Construction de la place Royale (place des Vosges) de Paris 1610 Assassinat d’Henri IV Avènement de Louis XIII Régence de Marie de Médicis 1615-1621 Construction du Palais du Luxembourg de Paris 1617 Assassinat de Concini; Règne personnel de Louis XIII 1618-1648 Guerre de Trente Ans 1624-1642 Ministère de Richelieu 1628 Siège de La Rochelle 1642 Pascal met au point une machine à calculer 1643 Mort de Louis XIII Avènement de Louis XIV Régence d’Anne d’Autriche 1643-1661 Ministère de Mazarin 1648-1652 La Fronde 1654 Pascal et Fermat développent le calcul des probabilités 1661 Règne personnel de Louis XIV 37 1665 1666 1667 1661-1683 1672-1678 1678 1682 1685 1701-1713 1702-1703 1715 Fondation du Journal des savants Fondation de l’Académie des sciences Fondation de l’Observatoire de Paris Ministère de Colbert Guerre de Hollande Paix de Nimègue, qui marque l’apogée de la puissance française en Europe La Cour s’installe à Versailles Révocation de l’Édit de Nantes Guerre de la succession d’Espagne Révolte des Camisards dans les Cévennes Mort de Louis XIV 38 6. LE XVIII-E SIÈCLE - ÉPOQUE DES LUMIÈRES CADRE HISTORIQUE Le XVIII-e siècle est un siècle de grands changements sociaux: la proclamation des droits de l'homme, la liberté de la pensée, le siècle des lumières, des grands penseurs qui ont combattu pour la dignité de l'homme (Voltaire, Montesquieu et Rousseau). C'est l'époque des premières manufactures, des arts et des techniques, le siècle où les hommes se passionnent pour la navigation à vapeur ou pour les aérostats. C'est l'époque de l'Encyclopédie, vaste dictionnaire des arts et des métiers, qui fait appel à l'esprit révolutionnaire des Français et qui forme l'esprit nécessaire pour combattre les fondations d'une société ou régnaient les abus, l'inégalité sociale, les privilèges, l'absolutisme royal. PERSONNALITÉS POLITIQUES Louis XV (1715-1774) Il n'avait que 5 ans à la mort de son arrière grand-père Louis XIV. Le fait qu'au trône suivit un arrière grand-fils et non pas le fils de Louis XIV s'explique par le fait que, vers la fin de sa vie, Louis XIV avait perdu son fils et son petit-fils. Le règne de Louis XV commence comme ceux de Louis XIII et de Louis XIV par une régence, exercée par le neveu du vieux roi, le duc Philippe d'Orléans. Ses 20 premières années de règne sont tranquilles. L'ancien précepteur du roi, le cardinal Fleury, gouverne la France au nom du roi, sans génie, mais avec habileté. Il réussit à stabiliser la monnaie, à rétablir l'équilibre budgétaire, à amorcer même le processus de prospérité économique, mais au seul profit des classes dirigeantes. Politique extérieure Elle est d'abord toute pacifique, d'apaisement avec l'Autriche et d'entente avec l'Espagne et l'Angleterre. Mais l'affaire de Succession de Pologne déclenche une guerre contre l'Autriche (1733-1735), Louis XV soutenant la candidature de son beau-père, Stanislas Leczinski, élu par la Diète de Varsovie, contre son rival Auguste II de Saxe, appuyé par l'Autriche et par la Russie. Stanislas est chassé de Pologne par l'armée russe, mais les victoires françaises sur l'Autriche en Italie (dans le Milanais) font attribuer à celui-ci la Lorraine qui allait revenir à la France après sa mort. En 1740 à l'occasion de l'apparition de la Succession d'Autriche, malgré Fleury, Louis XV s'allie à la Prusse contre l'Autriche, soutenue par l'Angleterre. Celle-ci est la cause qui allait déclencher une désastreuse période de guerres. La France s’engage aussi dans La Guerre de sept ans (1756-1763), dans laquelle elle doit lutter contre la Prusse et l'Angleterre. La plus importante bataille de cette guerre est celle de Rossbach, dans laquelle la France est vaincue par les Prussiens. Après cette bataille, l'armée française n'est plus considérée comme la meilleure armée d'Europe. Malgré le mauvais gouvernement de Louis XV, la France s'agrandit sous son règne. En 1776, à la mort du duc de Lorraine, la province devient française et en 1768 le ministre Choiseul achète la Corse aux Génois. La France acquiert ainsi une grande île bien située dans la Méditerranée, ayant une position stratégique pour la France. Expansion coloniale La France avait à l'époque des colonies en Amérique et en Asie. Québec et Montréal deviennent des villes importantes. Les trois possessions françaises des Antilles (la Martinique, la Guadeloupe et SaintDomingue) s'enrichissent beaucoup. Les esclaves amenés de l'Afrique y produisent du sucre, du tabac et du cacao. Les Français avaient pour voisins, en Amérique du Nord, des colons, des planteurs et des commerçants anglais. Ces Anglais désiraient depuis longtemps chasser les Français de leurs colonies et s'y installer à leur place. La guerre entre les Français et les Anglais aux colonies se déroule en même temps qu'en Europe (1756-1763). Comme la guerre en Europe, la guerre aux colonies fut mal dirigée par Louis XV et par ses ministres. Après quelques belles victoires, Montcalm dut céder devant les Anglais et il fut même tué en 1759, en défendant Québec. 39 Dans la même période, un gouverneur habile, Dupleix, conquiert pour la France d'immenses territoires dans l'Inde mais en 1754, quand il revient en France, on lui reproche d'avoir cherché à s'enrichir lui-même et on lui fait même des procès. En 1763, Louis XV est forcé de signer le Traité de Paris, qui est un véritable désastre pour les Français. Ils sont chassés de l'Inde et doivent céder le Canada et la Louisiane aux Anglais. Ils ne gardent plus que leurs colonies aux Antilles. Louis XVI (1774-1793) À son installation sur le trône de France, en 1774, il désire sincèrement satisfaire les mécontents. Pour cela il choisit aussitôt un bon ministre, Turgot, et le charge de faire des réformes. Celui-ci se propose d'abord de supprimer le gaspillage et de faire des économies: il supprime la corvée royale, abolit les règlements qui gênaient les artisans dans leur travail, ordonne aussi de laisser circuler le blé librement d'une province à l'autre. Presque tous les Francais approuvent les réformes de Turgot, mais les courtisans protestent parce que le ministre diminue beaucoup leurs pensions. Marie-Antoinette prend la défense des courtisans, en conseillant à Louis XVI de renvoyer Turgot et le roi, qui était très faible, l'écoute. En 1776, le roi renvoie Turgot et annule toutes ses réformes. Expansion coloniale Louis XVI désirait beaucoup reconquérir les colonies d'Amérique, perdues en 1763 et prendre sa revanche sur l'Angleterre. L'occasion lui est offerte par la révolte des colons anglais de l'Amérique du Nord contre l'Angleterre. Il permet d'abord à des seigneurs français, comme La Fayette, de partir au secours des Américains. Puis, en 1778, il déclare la guerre à l'Angleterre et envoie en Amérique une armée commandée par Cochambeau. Les Américains réussissent à vaincre les Anglais avec l'aide des Français. Le Traité de Versailles (1783) reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique, rend à la France quelques petites îles aux Antilles et le Sénégal. Pendant cette guerre les Français combattent aussi les Anglais dans l'Inde, mais les Anglais réussissent à conserver toutes leurs possessions dans l'Inde. ÉVÉNEMENTS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE DE 1789 On distinguait en 1789 trois catégories de Français, on disait trois ordres ou trois États: le clergé, la noblesse (les seigneurs) et le Tiers État (formé de la bourgeoisie, des artisans et des paysans). Les Français n'étaient pas égaux: le clergé et la noblesse étaient privilégiés: ils ne payaient presque pas d'impôts, les nobles percevaient les droits seigneuriaux et le clergé la dîme; le Tiers Etat n'avait aucun privilège: les paysans étaient obligés de payer des taxes au seigneur pour moudre le blé ou pour faire cuire leur pain. Ils avaient aussi l'obligation de donner une partie de la récolte à leur curé. En outre, ils avaient la charge des impôts, des droits seigneuriaux et des dîmes. Les étapes de la Révolution française sont: La convocation des États généraux En 1788, comme personne ne veut prêter de l'argent au roi, ni même aux insistances du ministre Necker, Louis XVI se résigne et il fait convoquer les États généraux qui n'avaient plus été réunis depuis 1614. Le but de cette convocation est celui de leur demander de l'aider à trouver de l'argent pour pouvoir rembourser les dettes et payer les dépenses de l'Etat. Les États généraux se réunissent le 5 mai 1789 à Versailles. Les députés élus par le Tiers Etat déclarent à cette occasion qu'il faut supprimer la royauté absolue et faire une Constitution. Comme le roi, soutenu par la plupart des députés du clergé et de la noblesse, les refuse, le 20 juin 1789, les députés jurent de ne pas se séparer avant de ne pas avoir transformé le gouvernement de France (Le Serment du Jeu de Paume). Mais, finalement, le roi cède, en permettant aux députés de faire une constitution. À partir de ce moment les États généraux prennent le nom d'Assemblée Constituante. 40 La prise de la Bastille Louis XVI va bientôt regretter d'avoir cédé et il fait réunir des troupes près de Versailles en décidant de renvoyer l'Assemblée par la force. Les députés du Tiers Etat demandent aux bourgeois et aux artisans parisiens de les défendre. Comme ceux-ci n'avaient pas d'armes, ils cherchent à s'en procurer, en attaquant la forteresse royale de Paris, la Bastille. Le 14 juillet 1789 plusieurs milliers de Parisiens se rassemblent devant la Bastille, ils l’attaquent et ils s’en emparent. La prise de la Bastille marque le début de la Révolution française et la fin de la monarchie absolue. Après le 14 juillet, les bourgeois, les artisans et les paysans se révoltent dans toutes les régions de France contre les seigneurs. De nombreux châteaux seigneuriaux sont brûlés. Pour apaiser les révoltes populaires, l’Assemblée nationale supprime les privilèges seigneuriaux: tous les Français sont déclarés égaux. Sous la pression de la bourgeoisie, elle vote, le 26 août, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui répétait que les Français étaient égaux et qu'ils étaient des hommes libres, c'est-à-dire qu'ils avaient le droit de choisir eux-mêmes leur gouvernement. La nouvelle Constitution Vers la fin de 1789 et pendant toute l'année de 1790, l'Assemblée Constituante travaille à la Constitution. Elle stipulait que la royauté n'était plus absolue, que l'Assemblée législative devait voter les lois, fixer le chiffre des impôts, contrôler aussi les dépenses, établir en France des divisions administratives nouvelles, que les anciens impôts, la taille et la gabelle, étaient annulés et on leur substituait des impôts nouveaux, appelés contributions. Tous les Français devaient payer ces impôts, les hommes pouvaient faire librement leur travail, que les évêques n'étaient plus nommés par le Pape, mais ils étaient élus par les prêtres français. La fête de la Fédération Louis XVI est d'accord, pendant cette période, avec l'Assemblée Constituante. Il prend même pour conseiller le fameux député Mirabeau. Le 14 juillet 1790 on fête à Paris cet accord. Le moment est connu sous le nom de Fête de la Fédération. Les représentants de toutes les régions de France défilent ensemble pour bien montrer qu'ils font partie de la même nation. Le roi jure, à cette occasion, solennellement devant le peuple et devant l'Assemblée Constituante de respecter et de maintenir la nouvelle Constitution. La fuite du roi Déguisé en bourgeois, Louis XVI s’enfuit, mais il est arrêté à Varennes. Il doit s'installer au Palais de Tuileries. Les Parisiens étaient allés à Versailles pour faire revenir le roi à Paris, parce qu'ils considéraient que si le roi était à Paris, le pain n'y manquerait pas. Sur le chemin du retour la foule criait: “Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron (le dauphin)”. Le roi ne respecte pas son serment et, sur les conseils de la reine Marie-Antoinette, il décide, en 1791, d'émigrer pour la deuxième fois. Dans la nuit du 20 au 21 juin, Louis XVI quitte Paris en cachette avec sa famille pour aller à l'étranger et puis revenir à la tête d'une armée pour chasser l'Assemblée. Mais il est reconnu sur la route et arrêté peu de temps, à Varennes. La tentative de fuite de Louis XVI a de graves conséquences. Plusieurs chefs d'Etat de l'Europe n'ont plus de confiance dans le roi: ils pensent qu'il faut supprimer la monarchie et établir la République. Pour l'instant cependant, la majorité de l'Assemblée n'est pas de cet avis. Elle décide que le roi conservera son titre et les pouvoirs que la constitution stipulait. La guerre Les rois de l'Europe étaient inquiets de ce qui se passait en France. Ils avaient peur que la Révolution pût se répéter dans leurs pays. D'autre part les nobles français qui avaient émigré, ainsi que les deux frères de Louis XVI, les comtes d'Artois et de Provence, poussaient ces rois à faire la guerre à la France. La guerre éclata en avril 1792 entre la France et l'Autriche, alliée à la Prusse. L'armée française était désorganisée; beaucoup d'officiers nobles avaient fui, les soldats obéissaient mal. Aussi les Français subirent-ils des défaites. Les Autrichiens envahirent la Flandre, les Prussiens envahirent la Lorraine et avancèrent rapidement vers Paris. En juin 1792, l'Assemblée proclame la Patrie en danger. Elle prend des précautions contre le roi, car on disait que celui-ci aidait les ennemis. Le danger augmente encore au début du mois d'août. Alors beaucoup de Parisiens pensèrent qu'il était temps d'établir la république. 41 Le 10 août 1792, le peuple de Paris se révolte contre le roi et attaque les Tuileries. Le roi perd son titre et ses pouvoirs et il est emprisonné dans la vieille Tour du Temple. Le roi, la reine et les enfants royaux y restent enfermé jusqu'au procès. Au début du septembre, les Parisiens excités par l'un des chefs républicains, Marat, massacrent des centaines de nobles et de prêtres, considérés comme les amis des Prussiens. En même temps, on fait renforcer l'armée par des engagés volontaires. Cette armée, commandée par Kellermann et Dumouriez remporte une belle victoire sur les Prussiens, à Valmy, le 20 septembre 1792 La Convention (1792-1795) Le 20 septembre 1792 une nouvelle assemblée est élue: la Convention. Elle proclame la République et décide également de juger le roi. Le procès de Louis XVI a lieu à la fin de l'année 1792. Le roi est condamné à mort et executé le 21 janvier 1793. Les documents employés comme preuves évidentes pour sa condamnation à mort sont les lettres du roi trouvées dans une armoire de fer aux Tuileries. Ces lettres prouvaient que Louis XVI avait toujours été l'ennemi de la Révolution. Louis XVI montra beaucoup de courage au moment de son exécution. D’autre part, les députés de la Convention sont organisés en deux partis: les Montagnards et les Girondins. Les premiers veulent établir la Terreur, c'est-à-dire arrêter, juger et exécuter tous les adversaires de la République. Les Girondins, au contraire, considèrent que ces mesures sont sévères. Les deux partis discutent sur ce problème cinq mois à l'Assemblée. Finalement, les Montagnards organisent une nouvelle révolte des Parisiens contre les Girondins. En juin 1793, les Girondins sont arrêtés et condamnés à mort. Les Montagnards victorieux organisent, en juillet 1793, un nouveau gouvernement: le gouvernement révolutionnaire. Un groupe de députés reçoit des pouvoirs discrétionnaires. Ce groupe appelé le Comité du Salut Public est chargé par la Convention de défendre la République. Il établit la Terreur: des milliers de suspects sont arrêtés et des centaines d'entre eux exécutés. Parmi les victimes les plus célèbres de la Terreur, il y a la reine Marie-Antoinette, le savant Lavoisier, Bailly qui avait présidé le Serment du Jeu de paume, André Chénier, etc. Les deux chefs des Montagnards, Danton et Robespierre, s'entendent bien jusqu'à la fin de 1793. Mais en 1794, ils ne sont plus d'accord, parce que Danton veut cesser la terreur et Robespierre veut la continuer jusqu'à la victoire finale. Robespierre triomphe de Danton et le fit exécuter en avril 1794. Robespierre gouverne ensuite en maître pendant trois mois. Puis le 27 juillet 1794, la Convention refuse de maintenir la terreur. Robespierre est arrêté et exécuté à son tour. Après Valmy, les soldats français chassent les Autrichiens et les Prussiens de la France. Puis, après une nouvelle victoire à Jemmepes, ils conquièrent la Belgique et aussi la Rhénanie, située sur la rive gauche du Rhin. À partir du mois de mars 1793, les Français subissent plusieurs défaites devant la coalition de l'Angleterre, de la Hollande, de l'Espagne, alliées à l'Autriche et à la Prusse: La Rhénanie et la Belgique sont perdues, la Flandre est envahie par les Autrichiens, l'Alsace par les Prussiens. La Corse et Toulon sont occupés par les Anglais. L'invasion est arrêtée à la fin de 1793. Les envahisseurs sont vaincus les uns après les autres et l'invasion est arrêtée. Les victoires continuent aussi en 1794. On reprend la Belgique, on reconquiert la Rhénanie, l'Espagne et la Hollande sont envahies. Les victoires répétées des armées françaises font que les Prussiens, les Hollandais et les Espagnoles demandent la paix au début de 1795. Par les Traités de Bâle et de la Haye, on reconnaît à la France les possessions de la Rhénanie et de la Belgique. En même temps les paysans vendéens se soulèvent contre la Convention. En Normandie, à Bordeaux et à Lyon ont aussi lieu d'autres soulèvements, après l'exécution des Girondins. La révolte des vendéens est connue aussi sous le nom de la Révolte des Chouans: les Chouans voulaient empêcher l'arrestation de leurs prêtres comme suspects. La Convention accorde à tous les Français le droit de voter, donc le suffrage universel. Cette réforme ne dure que jusqu'en 1795 et puis elle sera rétablie en 1848. La Convention continue les réformes commencées par la Constituante dans l'administration française et s'efforce d'uniformiser les institutions dans toute la France; elle généralise aussi le système métrique unique. Elle entreprend encore la réforme de la Justice, en faisant que la justice soit rendue de la même façon dans toute la France. Elle fait aussi une grande réforme sociale qui permet aux paysans de devenir les propriétaires des terres qu'ils cultivaient. Les droits seigneuriaux qui existaient encore en 1793 sont supprimés complètement et on fait confisquer les 42 grandes propriétés des émigrés et des suspects; celles-ci deviennent des biens nationaux et sont partagés aux petits lots et vendus aux paysans. Le Directoire (1795-1799) Avant de se séparer, la Convention vote une nouvelle Constitution, le Directoire, qui donne le pouvoir à cinq directeurs (pouvoir exécutif) et à deux assemblées (pouvoir législatif). Le Directoire entreprit d'abord de combattre et de vaincre l'Autriche. Il nomma chef de l'armée un jeune général encore peu connu des Français, Napoléon Bonaparte. Bonaparte fit en 1796 une campagne en Italie. Il remporta de belles victoires à Lodi, à Arcole et à Rivoli. Il força les Autrichiens à signer le Traité de Campo-Formio en 1797. Après avoir vaincu les Autrichiens, Bonaparte veut forcer les Anglais à signer la paix. Il imagine pour cela de faire une expédition en Egypte; une fois maître de l'Egypte, il pourrait, se disait-il, aller conquérir les colonies anglaises dans l'Inde. Il vainc les Egyptiens sans peine en 1798 dans la bataille des Pyramides, mais la flotte anglaise détruit un peu plus tard, la flotte française à Aboukir. A la fin de 1799, les Français sont très mécontents, étant fatigués de la misère, du désordre et de la guerre. Il y a beaucoup de misère en France: les gens des villes souffrent de la faim et du froid, les royalistes font des complots pour détruire la République. Bonaparte réussit en octobre 1799 à quitter secrètement l'Egypte et à rentrer en France. Il est reçu par tous comme un sauveur. Le 9-10 novembre 1799, Bonaparte fit un coup d'État par lequel il renvoya le directeur et les Conseils en devenant ainsi le seul maître de la France Science L’immense apport du XVIII-e siècle dans ce domaine reste L’Encyclopédie, le premier ouvrage d’enseignement technique. Celui qui a assumé la charge de sa réalisation a été Denis Diderot, qui la conçoit comme “un dictionnaire philosophique qui résumera le progrès de l’humanité”. L’Encyclopédie est bien “une machine de guerre” philosophique et rationaliste. Elle prétend dresser un tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles et décrire les progrès des sciences et des arts. Elle veut aussi contribuer au progrès des connaissances et de l’intelligence, et, pour cela, elle s’efforce d’exercer une action sociale, politique et religieuse. Grâce aux douze volumes de planches, admirablement présentées et illustrées, grâce aux patientes recherches de Diderot, l’Encyclopédie constitue un excellent répertoire des techniques, des arts et des métiers, qui permet une divulgation universelle des connaissances nouvelles dans l’Europe toute entière. Elle est une tribune où les meilleurs spécialistes comme les mathématiciens d’Alambert, le chimiste d’Holbach, le médecin Tronchin, les économistes Quesnay et Turgot, des théoriciens brillants comme Condorcet, Condillac et Helvetius viennent exposer leur système et débattre leurs idées. Dans le domaine des mathématiques et de la physique, d’Alembert fait des travaux sur les équations différentielles et sur la mécanique (le principe de d’Alembert), Laplace, en mécanique céleste, découvre les lois élémentaires de l’électromagnétisme et Réaumur met au point le thermomètre. Lavoisier est un des créateurs de la chimie moderne, par la nomenclature chimique, par la connaissance de la composition de l’air et de l’eau, Berthollet expose les lois sur la double décomposition des sels, Gay-Lussac, la loi de dilatation des gaz et Lebon invente l’éclairage au gaz tiré du bois. En médecine, Bichat est l’auteur de l’Anatomie générale et de recherches physiologiques sur la vie et la mort, en agronomie, Parmentier développe la culture de la pomme de terre en France et Nicolas Appert invente un procédé de conservation des aliments par la chaleur: l’appertisation. Les frères Montgolfier inventent les premiers ballons aérostatiques (1783), appelés les montgolfières et Buffon élabore une théorie de la formation et de l’évolution de l’univers. 43 Dates à retenir: 1715 Mort de Louis XIV 1715-1723 La Régence 1716 Système de Law 1723-1774 Règne de Louis XV 1726-1743 Ministère de Fleury 1741-1748 Guerre de succession d’Autriche 1744 Début de la guerre franco-anglaise 1748 Traité d’Aix-la-Chapelle 1756-1763 Guerre de Sept Ans 1759 Perte de Québec et de la Guadeloupe 1760 Capitulation de Montréal 1763 Traité de Paris: fin du 1-er Empire colonial français 1764 Dissolution des jésuites 1772-1786 Développement de la chimie moderne avec Lavoisier 1774-1793 Règne de Louis XVI 1775 Déclaration d’indépendance des États-Unis 1783 Traité de Versailles 1783 Premier aérostat des frères Montgolfier 1788 Convocation des États généraux 1789 Début de la Révolution française 1795 Appert met au point la stérilisation des denrées périssables par chauffage et invente la boîte de conserve 1799 Bonaparte au pouvoir (18 Brumaire) 44 7. Le XIX-E SIÈCLE CADRE HISTORIQUE Le XIX-e siècle est une époque très complexe. Cette complexité est due au rythme heurté des événements politiques auxquels correspondent plusieurs courants d’idées et de mouvements littéraires. De 1800 à 1900, la France connaît sept régimes politiques: le Consulat, l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second Empire et la Troisième République. Parvenue aux sommets de la gloire militaire sous Napoléon I-er, elle subit trois invasions, dont deux en 1814-1815 et la troisième en 1870-1871, après laquelle elle se voit amputer de l’Alsace-Lorraine par le Traité de Francfort de 1871. Cela veut dire que le XIX-e siècle apparaît dans l’histoire de la France comme une période d’extrême instabilité. Mais, en dépit des désastres, des révolutions et des contre-révolutions, la France témoigne d’une vie généreuse et surabondante qui lui permet de se redresser et de reconquérir le gouvernement démocratique instauré par la Révolution de 1789. La tradition du XVIII-e siècle est encore puissante. De nombreux écrivains s’engagent dans la lutte politique et sociale par leurs actions, surtout à l’époque romantique. Lamartine et Hugo sont députés, Vigny se présente aux élections. En 1848, Lamartine devient le chef du gouvernement provisoire. Vers le milieu du siècle, les adeptes de “l’art pour l’art” se détournent de l’action: Hugo, de son exil, foudroie Napoléon III dans ses Châtiments, Zola intervient lui-aussi avec toute son énergie dans l’Affaire Dreyfus. Le XIX-e siècle est aussi l’époque des grandes découvertes scientifiques: Leverrier découvre la planète Neptune, Louis Pasteur découvre le vaccin antirabique et le traitement de la tuberculose, Pierre et Marie Curie découvrent le radium. Les hypothèses, comme l’évolutionisme et le transformisme, ont bouleversé les idées traditionnelles sur les espèces animales et sur l’homme lui-même. Cela explique pourquoi la science a acquis un immense prestige et a influencé la littérature par la philosophie d’Auguste Comte. Les Parnassiens fondent leur poésie sur l’histoire et sur l’archéologie. LA PERSONNALITÉ DE NAPOLÉON I-er Né à Ajaccio (Corse) en 1769 et mort à Sainte-Hélène en 1821, Napoléon Bonaparte est le deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Maria Letizia Ramolino. Il a la chance de recevoir une bourse royale, qui lui permet de faire son éducation militaire à Brienne. Il a une ascension rapide vers une carrière brillante. Il tombe en disgrâce pendant la Révolution, mais après avoir réprimé l’émeute du Brendémiaire (1795), il obtient, grâce à Barras, le commandement de l’armée d’Italie et se marie avec Joséphine Beauharnais. Il se remarque ensuite dans les campagnes contre les Piémontais et les Autrichiens. Pendant le Directoire, après la destruction de sa flotte à Aboukir par Nelson, il reçoit le commandement de l’expédition d’Egypte (1789-1799) et bat les Turcs en Syrie. En 1799, il revient en France et au mois de novembre il devient premier consul, après le coup d’état du 9-10 novembre 1799. Entre 1804-1815, il devient empereur des Français. L'armée de Napoléon I-er était la plus nombreuse et la plus forte de toutes les armées qui avaient existé jusque là. Elle est connue dans l'histoire sous le nom de la Grande Armée. Elle était formée de soldats français et des soldats fournis par les pays soumis à l'empereur. La Garde impériale était la meilleure partie de la Grande Armée. Elle était formée de 100 000 soldats, les plus braves et les plus expérimentés dans des batailles. La Garde ne combattait que si les autres troupes n'arrivaient pas à remporter la victoire. Elle se fit tuer héroïquement en 1815 à Waterloo. Napoléon commandait lui-même son armée, étant l'un des plus grands commandants de toute l'histoire de France. Mais il fut toutefois aidé par plusieurs bons maréchaux et généraux: Ney, surnommé “le brave des braves”, Murat, un hardi chevalier, Masséna, Lannes, Davout, etc. Les victoires de Napoléon I-er Napoléon a mené des guerres contre toute l’Europe, ayant pour causes principales son esprit d’aventure et son ambition démesurée. La guerre recommence en 1803 et elle dure jusqu'en 1814. L'ennemi le plus acharné de la France pendant ces onze ans fut l'Angleterre. Celle-ci ne signa jamais la paix. Mais, à la même époque, la France 45 eut à combattre d'autres ennemis: l'Autriche, la Prusse et la Russie. De 1803 à 1810, Napoléon I-er remporta plusieurs victoires. Les plus célèbres sont celles d'Austerlitz, de Iéna et de Wagram. À Austerlitz, le 2 décembre 1805, Napoléon vainquit les Autrichiens et les Russes. Les batailles eurent lieu le jour anniversaire du sacre de l'empereur. Son armée comptait 75 000 soldats. Les ennemis en avaient 90 000. Plus de 35 000 Autrichiens et Russes furent tués ou faits prisonniers. Avec le bronze des canons pris à l'ennemi, Napoléon fit construire la Colonne Vendôme ( Place Vendôme). Il mit les Prussiens en déroute à Iéna en 1816 et vainquit, quelques mois plus tard leurs alliés-les Russes, à Friedland. À Wagram, en 1809, il fut encore une fois vainqueur des Autrichiens. Cependant, Napoléon ne remporta aucune victoire contre les Anglais. La flotte française fut, au contraire, vaincue par l'amiral Nelson, près du détroit de Gibraltar, à Trafalgar, en octobre 1805. En 1810, à la suite de toutes ses victoires, Napoléon I-er devint le maître de presque toute l'Europe. L'Empire français s'étendait, à ce moment-là, du Nord de l'Allemagne aux Pyrénées et de l'Atlantique jusqu'à Rome. On l'appelait le Grand Empire. Plusieurs autres pays étaient soumis directement à l'empereur: la Confédération du Rhin (l’ Allemagne), le Royaume d'Italie et le grand duché de Varsovie (la Pologne). D'autres pays encore, tels l'Espagne et Naples, avaient pour rois des frères ou des parents de Napoléon I-er. D'autres enfin, comme l'Autriche et la Russie, étaient devenus les amis ou les alliés de la France. Les défaites de Napoléon I-er Pour forcer les Anglais à signer la paix, Napoléon I-er imagina en 1806 d'empêcher les pays du continent européen de faire du commerce avec eux (le blocus continental). Mais, dans beaucoup de pays, on continua en cachette à faire du commerce avec l'Angleterre. Puis, quand Napoléon envoya ses troupes pour faire cesser ce commerce, il y eut des révoltes, comme en Espagne, par exemple. L'empereur de Russie, Alexandre I-er, qui avait d'abord accepté le blocus continental et s'était allié à Napoléon, changea d'avis en 1811: il permit aux Russes de commercer avec l'Angleterre. Alors Napoléon lui déclara la guerre et au mois de juin 1812, il envahit la Russie. La guerre contre la Russie commença par de nouvelles victoires françaises. Napoléon prit rapidement la capitale de la Russie, Moscou. Mais il ne put détruire l'armée russe et ordonna la retraite, qui fut un vrai désastre: elle dura d'octobre à décembre 1812, plus de cinq cent mille soldats de Napoléon moururent de maladie, de misère et de froid. Le moment le plus terrible de la retraite fut celui de Bérézina. Au cours de l'année 1813, presque tous les pays soumis à Napoléon se soulevèrent contre lui. La France fut envahie en 1814. L'empereur essaya de leur tenir tête, mais ce fut en vain, car ils continuèrent à avancer et ils prirent Paris en mars 1814. On exila Napoléon dans l’Île d’Elbe dont on lui accorda la souveraineté. Louis XVIII fut proclamé roi, rétablissant ainsi la monarchie des Bourbons. Les Cent Jours de Waterloo En mars 1815, Napoléon s'enfuit de l'Île d’Elbe avec sa garde formée de 40 soldats. Il débarqua à Golfe-Juan, près de Nice et prit le chemin vers Paris. Jusqu'à Paris, à son groupe de 40 soldats, se rallièrent encore 150.000. Il revint à Paris, en triomphe, sans avoir tiré un seul feu de fusil. Mais les rois et les empereurs qui l'avaient vaincu en 1814 firent de nouveau la guerre contre lui. L'armée impériale fut mise en déroute à Waterloo, en Belgique, le 18 juin 1815. Napoléon fut obligé d'abdiquer une seconde fois, cent jours après son retour. Il devint cette fois prisonnier des Anglais et il fut exilé par ceux-ci dans l'Ile Sainte-Hélène où il mourut six ans plus tard, en 1821. RÉGIMES POLITIQUES Le Consulat (1799-1804) Au début de 1800, Bonaparte transforme de nouveau le gouvernement de la France. Il crée de nouvelles assemblées, mais leur laisse peu de pouvoir. Il prend lui-même tous les pouvoirs, avec le titre de Premier Consul. Il transforme aussi l'administration, en mettant à la tête de chaque département un préfet. Il conclut en 1801 le Concordat avec le pape: les évêques français seront désormais nommés à la fois par le Premier Consul et par le pape. 46 Pendant son Consulat, Bonaparte fait plusieurs réformes importantes: la création de la Banque de France, la rédaction du Code civil, commencé sous la Convention, la fondation de l'ordre de la Légion d'or, la création de nouvelles écoles secondaires, les lycées. Il réussit aussi à terminer la guerre contre l'Angleterre par la signature du Traité d'Amiens, en 1802. Les deux pays se restituaient, l’un à l’autre, les conquêtes aux colonies et en Méditerranée et l’Angleterre reconnaissait La République Française. Le Premier Empire (1804-1815) En 1800, Bonaparte est nommé Consul pour dix ans et, en 1802, il se fait nommer Consul à vie. Mais il désire davantage, il veut être le successeur des rois de France. En 1804, il se fait donner le titre d'empereur en prenant le nom de Napoléon I-er. Pour son sacre, il fit venir le pape à Paris, le 2 décembre 1804. Tout comme Louis XIV autrefois, Napoléon réunit autour de lui une grande Cour. Il fait venir à cette cour les anciens nobles, mais il en crée aussi de nouveaux, qu'il choisit parmi ses généraux et parmi ses fonctionnaires. Mais à l'encontre de son prédécesseur, il n'accorde pas de privilèges aux nobles. Comme aux temps de la République, tous les Français doivent payer des impôts. Napoléon maintient l'égalité mais supprime la liberté, étant le maître absolu de la France. Il organise une police très forte pour surveiller les Français, il fait emprisonner ou exiler tous ceux qui n'approuvent pas son gouvernement. Il prétend aussi enrichir les Français, en encourageant les paysans à faire des cultures nouvelles, par exemple celle de la betterave à sucre. Il récompense aussi les inventeurs qui fabriquent des machines nouvelles pour développer l'industrie. Il fait creuser des canaux et des routes pour aller de France en Italie, en traversant les montagnes (les Alpes). Cependant, malgré ses efforts, il ne parvient pas à rendre les Français plus heureux. Les impôts deviennent de plus en plus lourds à cause des guerres. Tous les jeunes français sont forcés de servir comme soldats dans l'armée, des centaines de milliers d'entre eux sont tués sur les champs de bataille. La Restauration (1815-1830) La royauté est restaurée avec l'un des frères de Louis XVI, Louis XVIII (1815-1824) et puis avec son frère, Charles X (1824-1830). Elle ne fut plus après 1815 une royauté absolue, mais une royauté (monarchie) constitutionnelle. La nouvelle Constitution, la Charte, créa deux assemblées pour surveiller le gouvernement: une Chambre des pairs, nommée par le roi et la Chambre des députés, élue par les Français les plus riches. Comme autrefois cependant, le roi de France continuait à être sacré. D'autre part, le drapeau blanc, qui de 1792 à 1815 avait été remplacé par le drapeau tricolore, redevint le drapeau national de la France. Louis XVIII ne fut pas un roi populaire, car la plupart des Français ne l'aimaient pas beaucoup. Mais il était prudent et habile. Aussi n'eut-il pas, pendant son règne, de désordres bien graves. Les mécontents devinrent, au contraire, très nombreux après 1824. En effet Charles X, qui regrettait le temps de la royauté absolue, voulut supprimer plusieurs réformes faites par la Révolution française. C'est ainsi qu'il entreprit de rendre à la noblesse et au clergé une partie de leurs privilèges. La Monarchie de Juillet (1830-1848) Au mois de juillet 1830, le peuple parisien est sorti dans la rue pour rétablir la République. Mais les députés n'ont pas accepté le revint de la République, car ils préféraient conserver la monarchie. Ainsi ontils choisi comme roi un cousin de Charles X, le duc d'Orléans-Louis-Philippe. Son règne est connu dans l'histoire sous le nom de la Monarchie de Juillet, parce que son règne commence après la révolution de juillet 1830. La Constitution de la France demeura, sous le règne de Louis-Philippe, à peu près telle qu'entre 18151830. Les députés se contentent de modifier un peu la Charte: le roi est appelé le roi des Français et non plus roi de France, il n'est plus sacré et le drapeau tricolore redevient le drapeau national français. Louis-Philippe n'aimait pas la noblesse et le clergé, parce que beaucoup de ceux-ci étaient restés fidèles à Charles X et le considéraient un usurpateur. En revanche, il s'entendait bien avec les bourgeois. Il choisit toujours parmi eux ses ministres, étant connu à son époque comme “le roi des bourgeois”. Son principal ministre fut Guizot, qui fit voter beaucoup de lois pour le développement de l'industrie et du commerce. Les progrès de ces activités enrichirent beaucoup la bourgeoisie. Les principaux adversaires de Louis-Philippe, pendant tout son règne, furent les ouvriers républicains de Paris et de Lyon. Tout en reprochant au roi d’avoir empêché le rétablissement de la République, ils se 47 révoltèrent même à Lyon en 1831 et à Paris en 1834. La révolte de Paris est la plus grave, les soldats tuant tous les habitants d'une maison d'où on avait tiré contre eux. Après 1840, l'opposition républicaine se calma, parce que plusieurs chefs avaient été mis en prison. Mais elle réapparaît en 1846 et s'aggrave en 1847. Le 24 février 1848, le peuple français se révolte de nouveau contre le roi. Cette fois le peuple est vainqueur. Louis-Philippe abdique et s'enfuit en Angleterre, comme l'avait fait Charles X, à la fin de juillet 1830. L'abdication de Louis-Philippe, en février 1848, marque la fin de la royauté française. Depuis ce moment-là, la France n'a jamais été gouvernée par un roi. La Seconde République (1848-1851) Après la chute de Louis-Philippe, le peuple parisien rétablit la République. Ce fut la Seconde République. Ses débuts sont marqués par de grandes réformes. L'une de ces réformes est le droit de vote universel. Le gouvernement promet de donner du travail à tous les ouvriers, pour que ceux-ci puissent gagner leur vie. Mais, ces députés de l'Assemblée Constituante ont vite oublié leur promesse et quand les paysans se révoltent en juin 1848, leur révolte est punie très durement. En 1849 on élit une nouvelle assemblée- L'Assemblée législative. Celle-ci était formée de députés royalistes qui préparent le rétablissement de la royauté. En décembre 1948, le neveu de Napoléon I-er, Louis-Napoléon Bonaparte (ou Napoléon le Petit), est nommé président de la République. Ennemi des royalistes de l’Assemblée et des républicains, Louis-Napoléon fait, le 2 décembre 1851, un coup d'Etat: l'Assemblée est renvoyée, de nombreux députés et chefs républicains sont arrêtés, plusieurs autres doivent s'enfuir. Comme Bonaparte en 1799, Louis-Napoléon devient le maître. Le Second Empire (1852-1870) L'Empire est solennellement rétabli le 2 décembre1852. Louis-Napoléon prend le nom de Napoléon III. Jusqu'en 1860, celui-ci gouverna en monarque absolu: sa police mit en prison tous ceux qui critiquaient le gouvernement, les journaux ne pouvaient publier que des éloges de l'empereur. Cette période est appelée “l'Empire autoritaire”. Elle mécontenta les Français et, pour éviter les complots, Napoléon III accepta de faire des réformes, telles que: le Corps législatif put contracter davantage le gouvernement; les journaux ont pu critiquer le gouvernement et les ministres; on a accordé le droit de grève aux ouvriers, s'ils n’étaient pas d'accord avec les patrons. Mais, en dépit de ces réformes, le mécontentement populaire ne disparaît pas après 1860. Un parti républicain réapparaît. Le chef de ce parti, Gambetta, attaque l'empereur dans de violents discours. Mais la chute du Second Empire ne se produit pas à cause de cela. Elle est la conséquence de la guerre contre la Prusse. Cet évènement se passe le 4 septembre 1870, à trois jours après que l'empereur eût été fait prisonnier par les Prussiens, à Sedan. De 1815 à 1852 la France avait été en relations pacifiques avec les autres pays d'Europe. De 1852 à 1870, il y a eu plusieurs guerres. Les guerres du Second Empire sont: Les guerres de Crimée et d'Italie La guerre de Crimée se déroule entre la France, alliée à l'Angleterre et à la Turquie et la Russie, de l'autre côté. Le principal épisode fut la prise de Sébastopol. L'empereur de Russie, vaincu, dut signer la paix. En 1859, Napoléon III fait la guerre à l'Italie pour aider le roi de Piémont contre l'Autriche. L'armée française remporte deux victoires, à Magenta et à Solferino. L'Autriche est obligée de céder en 1860 la Lombardie (la région du Milan et du Piémont). En récompense de l'aide donnée, la France reçoit du Piémont la Savoie et le Comté de Nice. Napoléon III fait encore, de 1862 à 1866, la Guerre du Mexique pour mettre à la tête de ce pays un empereur, ami des Français. Mais la guerre finit mal parce que l'empereur, choisi et soutenu par Napoléon III, est tué par les Mexicains et la tentative française échoue. La guerre contre la Prusse Elle éclate au mois de juillet 1870. La guerre fut voulue par le ministre du roi de Prusse, Bismarck. Celui-ci espérait qu'une victoire prussienne permettrait de rattacher à la Prusse les autres États allemands et de faire ainsi l'unité allemande. 48 La guerre fut aussi voulue par certains ministres de Napoléon III qui croyaient qu'une victoire permettrait au gouvernement impérial de triompher de ses adversaires républicains. Comme l'armée prussienne était beaucoup mieux préparée à la guerre que l'armée française, les Français furent vite vaincus en Alsace et Lorraine. Le 1-er septembre 1870, ils subirent encore une grave défaite et furent forcés de capituler à Sedan. Après la chute de l'Empire, le gouvernement de la Défense Nationale continua la guerre. Son chef, Gambetta fit mobiliser plusieurs armées françaises et fit aussi choisir de bons généraux, tel Chanzy. Bientôt les résultats se font voir, les Français remportant quelques victoires, celles de Coulmiers, près de la Loire et de Bapaume, dans le Nord. Mais les Prussiens sont quand même vainqueurs. Ils occupent la capitale Paris, qui se rend le 28 février 1871. Vaincue, la France perd par le Traité de Francfort du mai 1871 l'Alsace et la Lorraine. La Troisième République (1870-1940) Elle est établie et organisée par la Constitution de 1875, qui a duré 65 ans. Ce fut la plus longue constitution de la France jusqu'à cette date qui donna comme chef à la France un Président de la République. Elle créa deux Assemblées pour voter les impôts et les lois: le Sénat qui n'était élu que par une partie des Français et la Chambre des députés, élue par tous les Français. Le premier président de la République fut un général, Mac Mahon et puis sept autres présidents: Jules Gréry, Sadi-Carnot, Casimir-Périer, Felix Faure, Loubet, Fallières et Poincaré. De 1886 à 1889, le général Boulanger essaya de devenir président de la France, mais il ne réussit pas. Après 1890, les personnages les plus importants furent les ministres Clémenceau, Briand et Poincaré. La première grande réalisation de la Troisième République fut le développement de l'enseignement. Malgré les efforts des prédécesseurs, il n'y avait pas encore, vers 1880, assez d'écoles et assez de maîtres. Le ministre républicain Jules Ferry développa beaucoup l'enseignement public: il rendit obligatoire l'enseignement primaire pour tous les jeunes Français de six à treize ans et fit construire de nouvelles écoles dans les villes et les campagnes. Le nombre des élèves et des maîtres augmenta rapidement sous son ministère et l'enseignement devint laïque. La deuxième réalisation de la III-e République est l'amélioration de la vie des ouvriers. En 1864, Napoléon III avait accordé le droit de grève aux ouvriers. Les syndicats formés se groupent dans une Confédération Générale du Travail (CGT), qui existe aussi de nos jours. Grâce aux syndicats, les ouvriers de France ont obtenu légalement quelques droits nouveaux: le droit de recevoir une indemnité s'ils étaient blessés pendant le travail; des inspecteurs du travail veillaient à la bonne installation des usines; de véritables cités ouvrières ont apparu en France; on a accordé le dimanche comme repos hebdomadaire; on a fait construire des hôpitaux et on a organisé l'Assistance Publique. Expansion coloniale (1815-1914) La conquête d'Algérie. La ville d'Alger appartenait au début du XIX-e siècle aux Barbaresques, des pirates qui attaquaient des bateaux naviguant en Méditerranée. Le ministre de Charles X, Polignac, qui préparait un coup d'État, pensait que, s'il conquérait Alger, les députés le laisseraient agir comme il le voulait en France. C’est pourquoi, il organisa en 1830, une expédition contre Alger. Les Français prirent la ville après une courte bataille. Après 1830, le gouvernement de Louis-Philippe entreprit de conquérir toute l'Algérie. Au début, la conquête sembla une chose simple et possible, mais à partir de 1840, un chef algérien, Abd-el-Kader s'opposa aux Français. On envoya contre lui une armée commandée par Bougeaud. En 1843 l'armée française s'empara du camp d'Abd-el-Kader et en 1847, celui-ci ne put résister et céda. L'Algérie était ainsi conquise. Les conquêtes coloniales continuent sous le Second Empire. Le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal, fait étendre et organiser la colonie en Afrique occidentale. La Nouvelle Calédonie devient aussi française. La Cochinchine est enlevée aussi à l'empereur d'Annan; le roi du Cambodge se met aussi sous la protection de la France. Sous la Troisième République le domaine colonial français continue à s'agrandir. En 1885, sous le gouvernement de Jules Ferry, la France occupe de nouvelles colonies telles: la Tunisie, l'Annan et le Tonkin en Indochine et l'Afrique équatoriale. Jules Ferry était convaincu que sans un domaine colonial sérieux, la France pouvait devenir un pays de quatrième rang qui aurait été en décadence et qui verrait diminuer rapidement son industrie et son commerce. 49 Entre 1885 et 1914, l'Afrique occidentale, située entre le Sénégal et le lac Tchad est presque entièrement conquise. Madagascar est occupée et organisée par le maréchal Gallieni et le Maroc est pacifié par le général Lyautey. VIE INTELLECTUELLE Elle a été dominée par deux questions fondamentales: l’organisation de l’enseignement et le nouveau rôle de la presse. L’idée d’une Éducation nationale, considérée comme un devoir de l’État, idée remontant à l’Encyclopédie, devient réalité par le plan du philosophe Condorcet de 1792, qui prévoyait un enseignement public commun et gratuit. La loi de Lakanal (1795) organisa l’Instruction publique: une école primaire par canton (projet non réalisé), une école centrale par département avec un enseignement basé sur les sciences et sur les langues, un enseignement supérieur confié à de grandes écoles: L’École centrale des Travaux publics (pour les ingénieurs), L’École Normale (pour les professeurs), l’École des Langues Orientales, Le Conservatoire des Arts et Métiers, Le Musée D’Histoire naturelle, Le Conservatoire de Musique. En outre, il y avait plusieurs fondations scientifiques et artistiques: l’Institut de France (au lieu des Académies), Les Archives nationales, la Bibliothèque nationale, le Musée du Louvre, le Musée des Monuments français. La presse inaugure une ère nouvelle, marquée par une floraison aussi brillante qu’éphémère de journaux, de droite et de gauche, et de revues: Les Actes des Apôtres (Rivarol), Le Patriote français (Brissot), Les Révolutions de France et de Brabant (C. Desmoulins), etc. Bonaparte ne laissa subsister, en 1800, que 9 journaux sur 73 et créa un journal officiel: Le Moniteur. Sous l’Empire, la presse est étroitement surveillée par la police et en 1810 est créée la Direction de l’imprimerie, qui exerce une stricte censure. La liberté de la presse fut la raison principale de la lutte entre la droite autoritaire et la gauche libérale entre 1815 et 1848, de 1815 à 1830 la censure est supprimée 7 fois et son rétablissement est une des causes de la Révolution de 1830. Mais cette bataille n’empêche pas la presse française de connaître une période brillante avec, à droite, le Journal des débats et le Conservateur de Chateaubriand, et à gauche Le Censeur et La Minerve de Benjamin Constant, puis le Constitutionnel et le Globe. Il y avait en 1830 13 quotidiens et 132 périodiques, tous servis seulement par abonnement. La Révolution de Juillet rend à la presse sa liberté, mais l’Attentat de Fieschi contre le roi en 1835 la lui retire et la presse de gauche est asphyxiée par des procès. Les journaux les plus lus de l’époque sont: La Baisse d’Émile de Girardin, Le Constitutionnel de Thiers, voltairien et nationaliste et le National. Science La recherche scientifique est extrêmement active et féconde. L’astronome Laplace dans son Exposition du système du monde formule l’hypothèse sur l’origine des planètes, le chimiste Berthelot établit les lois fondamentales et Pelletier et Caventou découvrent la quinine et la strychnine. En physique, Ampère et Arago découvrent le galvanomètre, l’électro-aimant et le télégraphe électrique. En médecine, le nom de Louis Pasteur est lié aux activités suivantes: il montre que la fermentation provient de l’action des microbes, met au point une méthode de conservation des aliments qui tue les microbes (la pasteurisation), étudie les maladies contagieuses et les maladies du ver à soie, réalise le vaccin contre la rage et ses travaux sur l’asepsie révolutionnent la médecine. D’autre part, Pierre et Marie Curie mettent en évidence l’existence du radium (1898) et ils reçoivent le prix Nobel en 1903 et 1911. 50 Dates à retenir: 1802 1804-1814 1814-1830 1815 1815-1824 1824-1830 1830 1830-1848 1837-1838 1848 1848-1851 1851 1852-1870 1852 1870-1871 1870 1871 1885 1885 1895 1896 1899 Traité d’Amiens Empire (Napoléon I-er) La Restauration Les Cent-Jours de Waterloo Règne de Louis XVIII Règne de Charles X Expédition d’Alger Révolution de Juillet Proclamation de l’indépendance de la Belgique Règne de Louis-Philippe (Monarchie de juillet) Rébellion des patriotes du Bas-Canada Révolution de février à Paris Abolition de l’esclavage Deuxième République Coup d’État du 2 décembre Second Empire (Napoléon III) Faidherbe au Sénégal Guerre franco-prusienne Proclamation de la III-e République La Commune de Paris Création de l’État indépendant du Congo Pasteur et le vaccin contre la rage Les frères Lumière et le cinématographe Annexion de Madagascar Affaire Dreyfus 51 8. LE XX-E SIÈCLE CADRE HISTORIQUE Une vue d’ensemble sur le XX-e siècle est difficile à réaliser. Pour le faire, il faut tenir compte des deux conflits mondiaux, la Première et la Seconde Guerre Mondiale, des périodes antérieure et postérieure et de celle de l’entre deux-guerres. Deux crises intérieures sérieuses ont secoué la vie française avant 1914: l’Affaire Dreyfus et la séparation des églises et de l’Etat, événements avec répercussions sur la pensée et sur la littérature. L’Affaire Dreyfus est un scandale judiciaire et politique qui a divisé l’opinion française de 1894 à 1906 et qui a poussé au pouvoir le Bloc des gauches: un officier français de confession israélite et d’origine alsacienne a été accusé et condamné à tort pour espionnage au profit de l’Allemagne. Mais il a été gracié et réhabilité après une campagne de révision au cours de laquelle se sont opposés les dreyfusards, groupés autour de la Ligue des droits de l’homme et les antidreyfusards, antisémites ou ultranationalistes, rassemblés dans la Ligue de la patrie française (le comité de l’Action française plus tard). Pendant la Première Guerre mondiale de 1914-1918, la France a supporté le poids le plus lourd, mais elle en sortit victorieuse, épuisée et soucieuse de s’assurer la sécurité à l’avenir. Les rêves de sécurité de la France, liés à la Société des Nations, ont pourtant échoué et le pays se trouva mal préparé matériellement et moralement et il fut submergé en mai-juin 1940 par l’invasion allemande. La victoire de 1918 permit à la France de recouvrer, par le Traité de Versailles, l’Alsace-Lorraine, perdue en 1871 et de tenir une place importante à La Société des Nations. Entre 1914 et 1939 les conflits intérieurs furent aggravés par la guerre idéologique qui eut ses sources dans la révolution russe de 1917. L’apparition sur la scène européenne d’un ennemi commun et le danger que le totalitarisme hitlérien constituait pour l’Europe déterminèrent l’alliance des démocraties occidentales avec la Russie Soviétique, ce qui fit qu’une nouvelle menace vînt planer sur le monde. La découverte de la bombe atomique et les résultats des bombardements de Nagasaky et d’Hiroshima empêchèrent que le pire se produisît, mais il ne règne qu’une simple apparence de paix, compromise par “la guerre froide” ou “la guerre des nerfs” quand elle n’est pas rompue par des poussées locales de “guerres subversives” en Afrique et des conflits sanglants qui s’éternisent au Moyen Orient et en Asie du Sud-Est. La situation politique de la France de cette période est instable. La III-e République ne survit pas au désastre de la Capitulation honteuse de 1940. Pendant quatre années, elle est remplacée par l’occupation allemande, représentée par le gouvernement du maréchal Pétain. L’existence en parallèle des Forces Françaises Libres et des Forces Françaises de l’intérieur sous la commande du général De Gaulle permirent à la France d’être présente dans le conflit jusqu’à la libération survenue au mois d’août 1944. Après la libération naquit la IV-e République, laquelle n’assurant pas la stabilité et l’efficacité du gouvernement, fut emportée par les événements de 1958, la guerre d’Algérie. Après ces dates, on édifia la V-e République sous l’égide du général De Gaulle. ÉVÉNEMENTS La Première Guerre mondiale Au mois d'août 1914, une nouvelle guerre éclate entre la France et l'Allemagne. Elle dure 4 ans, de 1914 à 1918. On l'appelle souvent la Grande Guerre. L'Allemagne a eu pour alliés l'Autriche et la Turquie. L'Angleterre et la Russie ont combattu dès le début aux côtés de la France. Les États-Unis d'Amérique ont également aidé les Français à partir d'avril 1917. La Grande Guerre a été une guerre mondiale: on s'est battu en Europe, en Afrique et en Asie, sur presque tous les océans. Cependant, les batailles les plus terribles ont été livrées dans le Nord et dans l'Est de la France. C'est toujours ici qu'il y a eu le plus de destructions et de mines. La Bataille de la Marne La guerre a commencée par l'invasion de la France. L'armée allemande avait traversé pour cela la Belgique. Les Français reculèrent jusqu'à la Marne, à moins de cent km de Paris. Le général français Joffre ordonna à l'armée française de ne plus se retirer et d'attaquer les Allemands. La bataille de la Marne, en septembre 1914, se termine par la victoire française. 52 En même temps que l'armée du général Joffre cessait de reculer, Gallieni, qui était alors le gouverneur de Paris, forma une autre armée qu'il fit transporter dans des voitures automobiles et des taxis jusqu'à la Marne. Attaqués de deux côtés, les Allemands durent reculer en hâte pour ne pas être encerclés. La Bataille de Verdun Une autre grande bataille fut livrée en 1916 devant la ville lorraine de Verdun. Le siège de Verdun dura cinq mois. Malgré les efforts des Allemands et leur acharnement, la bataille de Verdun n'est pas gagnée par ceux-ci. Verdun reste une ville française. La plus grande offensive de toute la guerre se produisit à partir de juillet 1918. Les Français, les Anglais et les Américains, commandés par le général Foch Ferdinand réussirent à rompre le front ennemi et, mis en déroute, les Allemands demandèrent le 11 décembre 1918 un armistice, c'est-à-dire ils cessèrent de combattre. Le Traité de Versailles Les chefs du gouvernement allié, le français Clémenceau, l'américain Wilson et l'anglais Lloyd George, préparent le Traité de paix que les Allemands signèrent en 1919 à Versailles. Les Allemands rendent à la France l'Alsace et la Lorraine qu'ils lui avaient enlevées en 1871 et promettent aussi de payer des réparations, des indemnités pour toutes les destructions qu'ils avaient faites sur le territoire français. Les ministres alliés créèrent en même temps une Société des Nations, formée par les représentants de tous les pays du monde. Les conséquences matérielles et morales de la guerre sont immenses pour la France: 1 300 000 hommes morts (un adulte sur cinq) et tués, plus de 2 millions de blessés graves. La plus riche région de la France (le Nord-Est) est ravagée, la France est endettée, elle est dépassée par les pays jeunes, le coût de vie augmente, les différences sociales s'accroient entre les salariés et les nouveaux riches, profiteurs de la guerre. La France d'entre les deux guerres (1919-1939) En 1919 la France est ruinée. Le fait qu'il faut payer toutes les dépenses de l'Etat faites pendant la guerre provoque un grand désordre dans les finances. Raymond Poincaré (président de la République de 1913 à 1920) réussit à les rétablir en 1926, mais, après lui, le désordre recommence. La vie devient de plus en plus chère. Les ouvriers sont mécontents parce que leurs salaires ne sont pas augmentés. Il y a de nombreuses grèves. En 1936, le ministre Léon Blum essaye de satisfaire les ouvriers en leur donnant de nouveaux avantages. Malgré toutes les difficultés auxquelles la France doit faire face, on enregistre de nouveaux progrès. L'agriculture continue à se moderniser, la construction des barrages élévés sur les rivières fournissent plus d'énergie électrique aux fabriques et aux usines. Les chantiers navals construisent le plus beau et le plus rapide paquebot du monde, Normandie. De nouvelles écoles et hôpitaux sont bâtis, on commence à organiser des colonies de vacances. La vie des ouvriers s'améliore encore: le jour du travail est réduit à huit heures par jour; on accorde aux ouvriers des congés payés chaque année, on crée des allocations familiales pour les familles nombreuses. Dans les colonies on continue l'oeuvre commencée avant 1914. Les progrès les plus importants sont réalisés au Maroc. Le maréchal Lyautey achève la pacification du pays et l'organise. Il fait construire des routes et des chemins de fer. Il fait aussi construire le grand port de Casablanca. La Seconde Guerre mondiale Les Anglais, les Américains et les Français cessent d'être d'accord après avoir gagné la guerre. Les Allemands en profitent et ne payent plus les réparations promises. La guerre menace de nouveau. Le ministre des Affaires étrangères, Briand, lutta de toutes ses forces pour maintenir la paix mais, malgré ses efforts et malgré l'intervention de la Société des Nations, une autre guerre allait éclater en 1939- la Seconde Guerre Mondiale. Le chef de l'Allemagne, Hitler, s'était emparé en 1938 et 1939 de deux états situés en Europe centrale: l'Autriche et la Tchécoslovaquie. En 1939 il voulut s'emparer aussi de la Pologne, mais cette fois l'Angleterre et la France s'y opposèrent et une nouvelle guerre éclate en 1939. La Seconde Guerre mondiale comprendra toutes les régions importantes du monde, elle deviendra mondiale. L'Italie et le Japon sont les principaux alliés de l'Allemagne et les Américains et les Russes sont, aux côtés des Anglais et des Français, les grands adversaires de l'Allemagne. 53 La défaite, la résistance et la victoire En 1940, quand elle fut attaquée par l'Allemagne, la France n'était pas encore préparée pour la guerre, ce qui fit qu'elle fut rapidement conquise: l'armée française s'était avancée à la rencontre des Allemands en Belgique mais, encerclée par ses ennemis, elle dut reculer. Les soldats français essayèrent de s'embarquer à Dunkerque pour gagner l'Angleterre. Mais les avions allemands coulèrent beaucoup de leurs navires. Plus d'un million de soldats français y furent faits prisonniers vers la fin du mois de mai et du mois de juin. Cette défaite entraîne la chute de la Troisième République: un nouveau gouvernement s'établit à Vichy. La France est occupée par les Allemands. Les Français en souffrent beaucoup, des dizaines de milliers d'entre eux sont déportés en Allemagne. Cependant, il y en a qui peuvent quitter la France. Ils se réunissent en Angleterre où ils créent un gouvernement contre l'Allemagne. En même temps, les patriotes de la France organisent la Résistance. Ils forment des groupes de partisans, appelés “maquisards” dans les montagnes, qui attaquent les convois allemands et qui aident les aviateurs alliés à survoler la France. A partir de 1943, les Allemands, qui n'avaient remporté que des victoires, commencent à subir aussi des défaites. Ils sont chassés d'Afrique du Nord, d'Italie et de Russie. Le 6 juin 1944, une puissante armée alliée débarque en Normandie. Paris est libéré le 24 août 1944. Quelques mois plus tard, au début de 1945, Berlin sera pris aussi. L'Allemagne capitula le 8 mai 1945. RÉGIMES POLITIQUES APRÈS 1944 Gouvernement provisoire de la République française dirigé par le général de Gaulle Le gouvernement provisoire, dirigé par le général de Gaulle est un gouvernement d’unité nationale composé de toutes les forces de la Résistance, y compris le Parti communiste. Il entreprend de grandes réformes démocratiques: droit de vote accordé aux femmes (1945); création d’un système de Sécurité sociale; nationalisation de nombreuses entreprises. Le pays réussit peu à peu à redresser la situation catastrophique de la guerre, mais l’inflation monte et le pouvoir d’achat diminue. Pour remédier à cette situation, la France accepte l’aide financière des ÉtatsUnis (le Plan Marshall) et entre dans la zone d’influence américaine. Adoption de la Constitution de la IV-e République En conflit avec les partis, de Gaulle démissionne et la Constitution de la IV-e République est votée en 1946. Cette nouvelle période est marquée surtout par les guerres coloniaux: La guerre d’Indochine (1946-1954) Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais occupent l’Indochine française et, en 1945, proclament la République démocratique du Vietnam. La France ne l’accepte pas et envoie son armée de métier et des volontaires. Le Vietnam reçoit l’aide militaire de la Chine et, en 1954, les Français sous la conduite du général Navarre perdent la bataille à Dien Bien Phu. Les Accords de Genève, signés pour la France par Pierre Mendès France, accordent l’indépendance au Vietnam. La guerre d’Algérie (1954-1962) Colonisée depuis 1830, l’Algérie a accueilli un grand nombre de Français pratiquant l’agriculture et le commerce. Dès 1945, les nationalistes algériens demandent à participer au gouvernement de leur pays, sans succès. La lutte pour l’indépendance commence. Le signal de l’insurrection est donné le 1-er novembre 1954 par l’assassinat d’un couple d’instituteurs. La France envoie l’armée, puis les jeunes gens appelés pour faire leur service militaire. C’est une véritable guerre qui s’engage, longue, difficile et sauvage des deux côtés: les insurgés algériens s’organisent dans le FLN (Front de Libération Nationale), ils utilisent au mieux le terrain accidenté et commettent des attentas dans les villes. 54 Tous les Français sont touchés par le drame algérien: quelques-uns sont favorables au FLN qui, pensent-ils, défend une cause juste, d’autres soutiennent l’idée de l’Algérie française. De Gaulle propose d’abord la Paix des braves (la reddition pour le FLN), puis l’Algérie algérienne. En 1961, des généraux se révoltent en Alger: ils créent l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) qui se livre à des attentats. Pourtant, on aboutit à une négociation: par les Accords d’Evian, en 1962, l’Algérie devient indépendante. Le Référendum sur la Constitution de la V-e République Depuis 1958, sous la V-e République c’est un régime d’ordre présidentiel, ce qui veut dire que les pouvoirs du président (élu pour sept ans) sont renforcés: il nomme les ministres, dirige le Conseil des ministres, il peut dissoudre l’Assemblée. Pourtant, le régime reste parlementaire, le Parlement pouvant renverser le gouvernement. La politique gaulliste abandonne toute alliance avec les USA, signe des accords avec les pays socialistes, poursuit l’expansion économique grâce à une monnaie forte. Mais la croissance économique met en évidence les inégalités sociales et la jeunesse étudiante et les syndicats ouvriers les dénoncent sous la forme des grèves qui inondent tout le pays. De Gaulle dissout l’Assemblée, provoque de nouvelles élections, qui lui sont favorables, mais en avril 1969, quand il veut raffermir son pouvoir, la majorité des Français répondent “NON”. Alors de Gaulle démissionne et se retire de la vie politique jusqu’à sa mort (1970). Les présidents de la période l’après gaullisme sont : Georges Pompidou (1969-1974) poursuit la politique du général de Gaulle, mais il entreprend un certain nombre de réformes sociales. Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) est élu président avec 50,7% des voix, devant François Mitterand, candidat de l’Union de la gauche. Il est partisan du libéralisme économique et d’une diminution du rôle de l’Etat. François Mitterand (1981-1995) sort victorieux avec 52% des voix. La gauche arrive au pouvoir et parmi ses mesures les plus importantes, on peut énumérer: diminution de la durée légale de la semaine de travail (39), avancement de l’âge de retraite, régularisation de la situation des étrangers clandestins, suppression de la peine de mort. Mais, suite à la crise économique internationale, la gauche doit prendre des mesures d’austérité qui mécontentent ses partisans. Aux élections de mars 1986, comme les partis de droite sont majoritaires au Parlement, François Mitterand nomme Jacques Chirac chef du gouvernement. La politique française est marquée par la cohabitation gauche-droite. Jacques Chirac (1995-2002) est un président de droite qui doit collaborer avec une majorité parlementaire et un gouvernement de gauche. Il est encore président de la France, il est à son second mandat. VIE INTELLECTUELLE Le XX-e siècle voit naître un septième art, le cinéma, qui allait ébranler les structures fondamentales des genres et des arts traditionnels du langage et de la pensée. Il voit aussi s’affirmer, de Bergson à Sartre ou Camus, l’influence de la philosophie sur les lettres françaises, sur la peinture et la sculpture qui s’assument des ambitions métaphysiques. Parmi les traits dominants de cette période figurent l’exigence d’approfondissement, la quête des essences (poésie pure, roman pur, peinture pure), la remise en question de toutes les valeurs léguées à la France par les siècles de christianisme, par l’humanisme de la Renaissance et par Descartes, et enfin l’angoisse qui éteint l’homme devant les menaces pesant sur la civilisation occidentale et, depuis l’ère atomique, sur l’humanité toute entière. Dans le cadre de cette civilisation, il y a des créateurs qui soutiennent les traditions ancestrales et d’autres qui tendent à opérer une révolution perpétuelle ou un individualisme parfois exacerbé et la recherche d’une Eglise, l’engagement dans une idéologie ou l’autre. La France exerça une puissante attraction sur tous les pays européens et même sur le monde entier. Elle put le faire grâce aux nombreuses carrières artistiques célèbres, comme celle d’un Picasso ou d’un Chagall, la renommée des mathématiciens français, l’attribution des Prix Nobel de littérature à Sully 55 Prudhomme, Frédéric Mistral, Romain Rolland, Anatole France, Henri Bergson, Roger Martin du Gard, François Mauriac, Albert Camus, Saint-John Perse et Samuel Beckett. Enfin le nouveau théâtre représenté par un Irlandais, un Russe et un Roumain, d’expression française (Beckett, Adamov et Ionesco). En dépit des frontières et des antagonismes idéologiques, la France a subi dans tous les domaines des influences parfois essentielles. Elles ont été exercées en divers domaines par un Einstein (1879-1955), par la théorie de la relativité, par Sigmund Freud (1856-1839), fondateur de la psychanalyse qui a bouleversé la psychologie, la littérature et a remis en question la morale, par le danois Kierkegaard (1871955); les phénoménologistes allemands et Heidegger (n 1889), par l’absurde du tchèque Franz Kafka et par le monologue intérieur de James Joyce. Tous ceux-ci ont marqué profondément la pensée, le roman et le théâtre français. L’art abstrait français doit aussi beaucoup à Kandinsky (né à Moscou en 1966, devenu français et mort à Neuilly en 1944), au suisse Paul Klee, à l’américain Calder, aux influences dans la musique d’Igor Stravinsky (un Russe devenu citoyen américain) et aux compositeurs germaniques comme Schooenberg, Albar Berg et Nindemith. Science La recherche scientifique enregistre des résultats brillants dans presque tous les domaines. En physique, Henri Becquerel découvre la radioactivité. Irène (fille de Marie et de Pierre Curie) et Frédéric Curie démontrent l’existence du neutron et découvrent la radioactivité artificielle. Dans le domaine de la médecine, Alexis Carrel réalise de nombreuses expériences sur la suture de vaisseaux sanguins, sur les greffes des tissus et d’organes (Prix Nobel en 1912), Albert Calmette et Camille Guérin mettent au point la méthode de vaccination préventive contre la tuberculose. L’école mathématique française se développe non seulement dans les Universités, mais aussi dans les grands Instituts (L’Institut d’Henri Poincaré, L’Institut de Blaise Pascal, L’Ecole Normale Supérieure) et elle doit son succès à un groupe de chercheurs qui, sous le pseudonyme de Nicolas Bourbaki, ont proposé de nouvelles théories. Dates à retenir 1894-1906 1905 1914-1918 1918 1939-1945 1934 1940-1944 1945-1958 1946 1954-1962 1955 1958 1959 1962 1969-1974 1974-1981 1977 1981-1995 1995- Affaire Dreyfus Séparation de l’Église et de l’ État Première Guerre mondiale Traité de Versailles Seconde Guerre mondiale Les Curie et la radioactivité artificielle Régime de Vichy Quatrième République Début de la guerre d’Indochine Guerre d’Algérie Indépendance du Maroc et de la Tunisie Le général de Gaulle revient au pouvoir Début de la V-e République Indépendance des anciennes colonies françaises en Afrique Indépendance de l’Algérie Présidence de Georges Pompidou Présidence de Valéry-Giscard d’Estaing Inauguration du centre Georges Pompidou à Paris Présidence de François Mitterand Jacques Chirac est élu président de la République 56 9. LA FRANCOPHONIE DÉFINITION DU TERME Le terme de francophonie est apparu pour la première fois en 1880. C’est le géographe français Onésime Reclus qui l’a employé pour désigner les espaces géographiques où la langue française était parlée. On parle de deux réalités différentes selon qu’on écrit francophonie (peuples ou locuteurs) ou Francophonie (gouvernements ou pays): On entend aujourd’hui par francophonie (avec une minuscule initiale) l’ensemble des PEUPLES ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications. Le terme Francophonie (avec une capitale initiale) désigne plutôt l’ensemble des GOUVERNEMENTS, pays ou instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. LE FRANÇAIS COMME LANGUE OFFICIELLE Grâce à son statut de langue officielle (ou co-officielle) dans quelque 51 États et 34 pays, le français reste la deuxième langue du monde sur le plan de l’importance politique. Même si, à l'exemple de l'anglais, il n'est pas la langue maternelle de tous les citoyens dans la plupart des pays concernés, le français occupe des positions stratégiques privilégiées comme langue administrative, langue d'enseignement, langue de l'armée, langue de la justice, langue des médias, langue du commerce ou des affaires, etc. Si le français a d'abord été la première langue de la France, c'est parce qu'il a été celle du roi, c'est-àdire celle du prince le plus puissant, celui qui possédait la plus grande armée et qui prélevait les plus forts impôts. Par la suite, si le français a été la première langue de l'Europe, et ce, du Moyen Âge jusqu'au XVIII-e siècle, c'est parce que la France était le pays le plus peuplé du continent, et que son monarque était le plus riche et le plus puissant. Ainsi, la première cause de l'expansion du français en Europe et en Amérique est d'ordre démographique, puis d'ordre économique et militaire. Cette observation pourrait s'appliquer à l'histoire de l'anglais, mais aussi à celle de l'espagnol, du portugais, de l'arabe, du russe, etc. L'implantation du français en Afrique et dans l’océan Indien (Réunion, Seychelles, Comores, etc.) est plus récente. À l'exception du Sénégal où des postes français ont été établis dès le XVIII-e siècle, l'expansion de cette langue a commencé au XIX-e siècle avec de nouvelles conquêtes militaires, l'effort d'évangélisation et le développement de l'organisation scolaire. Il en est de même pour l'Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, etc.). LE FRANÇAIS COMME LANGUE MATERNELLE En principe, la notion de français langue maternelle ne s'applique qu'à ceux qui le parlent en France (82 %), au Canada (23,2 %), en Belgique (41 %), en Suisse (18,4 %) et dans la principauté de Monaco (58 %). Avec ces seuls pays, on ne compterait que 75 millions de francophones. Cependant, bien qu'ils soient partout minoritaires, il faut dénombrer également les locuteurs du français langue maternelle dans les différents autres pays francophones répartis surtout en Afrique et en Océanie, mais présents aussi aux Antilles et aux États-Unis. Si l'on compte les véritables francophones d'Afrique (22 États), des Antilles et des États-Unis (1,7 million), d'Océanie, on compterait 109 millions de locuteurs francophones. LE FRANÇAIS COMME LANGUE SECONDE Dans les pays où le français est l'unique langue officielle, il est enseigné à tous les élèves dès le primaire. En tant que langue seconde, il est principalement enseigné au primaire, parfois au secondaire. Le français est une langue d'enseignement de grande importance dans le monde. En fait, son enseignement aux non-francophones constitue une donnée fondamentale dans le concept de francophonie. Là où le français a acquis le statut de langue officielle, de langue co-officielle ou de langue administrative, il est enseigné comme langue seconde; là où le français ne dispose d'aucun statut officiel, comme aux ÉtatsUnis, en Colombie, au Royaume-Uni ou au Laos, il est enseigné comme langue étrangère. 57 Sur le plan de la francophonie mondiale, on compte présentement plus de 145 millions de personnes scolarisées en français dans le monde, tous les secteurs d'enseignements réunis (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère). En fait, jamais dans l'histoire du français autant de personnes n'ont appris et parlé cette langue. Selon le Conseil économique et social de Paris, le nombre des "francophones" aurait atteint même les 500 millions en l'an 2000. Le très net déclin du français langue seconde ou étrangère, qui avait commencé dans les années 1960, semble avoir été stoppé. Certains pays d'Europe (Finlande, Irlande, Norvège, Suède, Autriche, Bulgarie, etc.), du Proche-Orient (Égypte, Turquie, Israël, Émirats arabes unis, etc.) et d'Amérique (Brésil, Colombie, Pérou, États-Unis, Canada) connaissent présentement une très nette augmentation des élèves du français langue seconde ou étrangère. Mais c'est en Afrique francophone et dans les pays du Maghreb que la proportion des effectifs scolaires a le plus augmenté. La population des élèves scolarisés en français est passée de 8 % (1960) à 33 % (1981). Les prospectives pour l'an 2000 montraient une augmentation de 267 % de scolarisés en français, tandis que l'augmentation de la population était de 73 %. Dans les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), pourtant soumis à une politique d'arabisation poussée, la proportion des enfants scolarisés en français a déjà dépassé les 40 %. Bref, comme le français est enseigné dans la quasi-totalité des États du monde, sa situation lui procure une dimension et une portée vraiment internationale, après l'anglais. 58 QUESTIONNAIRE La France géographique La préhistoire et l’antiquité La chronologie du Moyen Age Le cadre historique du Moyen Age Les principales dynasties du Moyen Age L’économie et la société du Moyen Age La vie religieuse du Moyen Age La vie intellectuelle du Moyen Age La vie artistique du Moyen Age Le cadre historique du XVl-e siècle Les personnalités politiques du XVl-e siècle Les événements du XVl-e siècle La vie intellectuelle du XVl-e siècle Le cadre historique du XVll-e siècle La vie religieuse du XVll-e siècle La vie intellectuelle du XVll-e siècle La vie artistique du XVll-e siècle Les conditions sociales du XVlll-e siècle Les conditions historiques du XVlll-e siècle La vie intellectuelle du XVlll-e siècle La vie artistique du XVlll-e siècle Evénements et personnalités du XlX-e siècle Les Français aux colonies L’économie et la société du XlX-e siècle La vie intellectuelle du XlX-e siècle La vie artistique du XlX-e siècle Le cadre historique du XX-e siècle Les événements du XX-e siècle Les régimes politiques après 1944 La vie intellectuelle du XX-e siècle La science du XX-e siècle La francophonie BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE Belloc, G., Nègre, G., 1986, L'homme et le monde moderne, Delagrave. Blancpain, M., Couchoud, J-P., 1977, La civilisation française, Hachette, Paris. Bome, D., 1992, Histoire de la société française depuis 1945, Armand Colin, Paris. Cardin, J.-F., Couture, C., 1996, Histoire du Canada, Les Presses de l’Université Laval, Canada. Dobrescu Warodin, A., 1975, Langue, vie et civilisation française, Bucuresti. Duby, G., Mandrou, R., Histoire de la civilisation française, Armand Colin,Paris. Frenette, Y., 2001, Brève histoire des Canadiens français, Éditions du Boréal, Canada. Grandpré, Pierre de, 1969, Histoire de la littérature de Québec, Librairie Beauchemin Limitée, Montréal. Hamelin, J., Provencher, J., Brève histoire du Québec, Éditions du Boréal, Canada. Hanganu, G., Histoire de la civilisation française, 1974, Centrul de multiplicare al Universitatii Bucuresti, Bucuresti. Le Petit Larousse illustré, 1989, Librairie Larousse, Paris. Littérature francophone (Anthologie), 1992, Groupe de la Cité international Création-Diffusion, Paris. Mermet, G., 1999, Francoscopie, Larousse. Paoletti, M., 1986, Civilisation française contemporaine, Hatier. Repeteanu, R.-L., 2000, Précis d’histoire et de civilisation françaises, Editura Fundatiei România de Mâine, Bucuresti. Ressi, M., 1990, Dictionnaire des citations de l'histoire de France, Editions du Rocher, Paris. Verdié, M., 1989, L'état de la France et de ses habitants, La Découverte. 59