Cher/chère [nom député(e)], Je me permets de m’adresser à vous dans le cadre d’un sujet d’actualité politique d’importance, celui de la négociation et de l’adoption de traités transatlantiques avec le Canada (CETA) et avec les Etats-Unis (TTIP) et des enjeux socio-économiques majeurs qui y sont associés dans le contexte d’une économie de plus en plus « libérale » et mondialisée. Ne pensez-vous pas que des pans particuliers négociés dans ces Traités (celui avec le Canada est déjà bouclé, même s’il n’a pas été adopté par les Parlements concernés,) du fait de libertés « débridées », et pas seulement en matière douanière, mettent en péril, malgré les affirmations du contraire, la capacité d’une gouvernance non seulement en matière financière et économique, mais aussi sociale et environnementale au sens large et ceci tant au niveau mondial qu’européen ou national ? Qu’en est-il de la capacité à mener une vie « conviviale » au sens de Ivan Illich avec des règles affranchissant en particulier les entreprises d’une grande part de leurs responsabilités, tant vis-à-vis de chaque individu que des organisations sociétales telles que nos sociétés occidentales les ont imaginées, voulues et construites au travers beaucoup d’épisodes historiques dramatiques. Impliqué depuis longtemps dans …, je suis très préoccupé par … Ce qui me mène à (vous) poser les questions suivantes : - - - L’absence instituée dans les faits d’harmonisation fiscale et sociale face à celles des contraintes de la libre circulation des personnes et des biens pourra-t-elle maintenir cette indispensable interdépendance, ciment qui constitue la nature même du « tout » par rapport à ses parties ? Le social-libéralisme tel que pratiqué aujourd’hui a-t-il la capacité de vraiment aboutir sur ce point fondamental et sera-ce plus facile à 78 Etats plutôt qu’à 28 dans le contexte actuel ? La concurrence qui serait érigée en principe fondamental de liberté par le biais de ces Traités n’écrasera-t-elle pas souvent les « autrui-perdants» ? N’est-ce pas la conclusion LUCIDE , à défaut d’être OPTIMISTE, qu’il faille tirer quarante ans après le début de la « crise » (1973 …), et bientôt des décennies après la conclusion des Traités de Maastricht, de Lisbonne ou d’un Traité comme l’ALENA/NAFTA qui a appauvri les mexicains et détruit 1 million d’emploi aux E.U. ? L’émulation ne serait-elle pas une valeur alternative à promouvoir, tout comme une croissance qualitative plutôt que quantitative, valeurs moins destructrices que celle de la concurrence? L’objectif du bien-être passe-t-il vraiment par le « pouvoir d’achat » et surtout le « pouvoir de vendre » ? Et de toute façon comment faire « marcher le commerce » si, du fait de la concurrence internationale et de la virtualisation et robotisation accélérée des services après ceux de l’industrie, les gens d’ici sont sans emploi et donc sans « pouvoir d’achat », sinon au travers du « pouvoir de s’endetter » façon Grèce ou … Wallonie ? Faut-il déjà laisser nos agriculteurs tous se suicider face à la concurrence d’une agriculture mondiale industrialisée ? - - - - Face aux mérites promis des futurs traités du genre CETAC ou TTIP, pensez-vous que les traités ou règlements antérieurs, comme la Directive Bolkenstein sur les services, ont vraiment favorisé nos concitoyens socio-démocrates, dans le secteur des transports et du bâtiment par exemple, et vous en sont-ils gré ? Comment assurer, avec ces obstacles multiples à l’intervention des Etats, une meilleure gouvernance de ceux-ci dans la maîtrise de la prédation des richesses communes dont s’empare 1% de la population, véritables cancers qui finiront par tuer l’organisme sociétal dans son ensemble, même mondialisé ? Quelle réelle possibilité de « croissance » économique, obsessionnelle, démesurée et indissociable de celle des dettes, existe-il vraiment face à la rareté et aux limites physiques des ressources naturelles et des équilibres (climatique notamment) de la planète ? Liberté, certes, mais où est la vision du bonheur dans le social-libéralisme que vous défendez ? L’individualisme narcissique exacerbé, qui s’amplifie notamment sous la pression de tous les marketings (votre journal, votre santé, votre beauté, votre, votre, votre …), vous semble-t-il mener nos contemporains, même favorisés socioéconomiquement, vers des vies plus conviviales et épanouies : familles recomposées, solitude, mouroirs du 3ème âge, réseaux pseudo sociaux, suicides de jeunes, … ? L’examen point par point des articles de ces Traités s’impose donc plutôt que l’adhésion idéologique et inconditionnelle à leur nécessité et leur contenu, sans que les Parlements concernés (U.E. nationaux, régionaux), et donc vous-même, puissent y apporter, une fois « bouclés », le moindre amendement … Que pensez-vous d’en débattre de manière concrète et constructive avec des interlocuteurs choisis et sur base du contenu potentiel (TTIP) ou établi mais pas encore entériné (CETA) de ces Traités ? Bien cordialement