Les allergies Docteur Michelon 25 11 2013 L’allergie est la réaction anormale et excessive de l’organisme à un agent (allergène) auquel il est particulièrement sensible. Les maladies allergiques augmentent chez l’enfant comme chez l’adulte dans le monde entier mais encore plus dans les pays dits développés (6e rang des maladies mondiales). La plupart des allergènes n’ont rien de nouveau : poussières, acariens, phanères d’animaux (chat, cheval), pollens, venins d’insectes. Mais se développent de plus en plus des allergènes médicamenteux et alimentaires (Protéines). Les réactions allergiques : Immédiates : Réagissant quelques minutes à ½ heure après l’introduction de l’allergène Retardées : apparaissant plus de 2 heures après l’allergène Les différentes formes : Les formes cutanées avec l’urticaire (localisé ou généralisé avec œdème de Quinck parfois mortel si œdème du larynx) ou eczéma (joues, jointures ou généralisé) Les formes muqueuses : conjonctivite, rhino sinusite (rhume des foins) Les formes digestives : diarrhée Les formes pulmonaires : asthme Les formes neurologiques : choc anaphylactique et collapsus gravissime et mortel Il y a les formes légères, traitées au coup par coup si nécessaire et les formes graves ou fréquentes qui nécessitent un traitement préventif. 1. L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV): C’est une des premières allergies à se produire. Si l’enfant est nourri au biberon, les premiers signes apparaissent avant la fin du 1er mois. S’il est allaité, les signes apparaissent après le sevrage. Les formes réaginiques : Les signes apparaissent quelques minutes à 30 mn après l’ingestion de lait Forme modérée : Urticaire généralisé, œdème du visage, rhinite, vomissement, diarrhée, douleurs abdominales, cris Choc anaphylactique : pâleur, vomissement, adynamie, urticaire, diarrhée sanglante, chute tension artérielle et perte de connaissance, c’est comme une mort subite. Forme frustre : Œdème des lèvres, bronchiolite, rash cutané, douleurs abdominales Le diagnostic doit être fait par un allergologue après interrogatoire et sérologies. (Augmentation des IgE sériques totales et spécifiques, Patch, Pick test positif). Il y a trop de faux diagnostic. L’intolérance n’existe pas chez les enfants. Traitement : L’exclusion du lait de vache est suivie d’une disparition rapide et durable des symptômes. Preuve du bon diagnostic. Les formes non réaginiques : Les symptômes apparaissent entre 2 et 4 h après la prise de lait avec : Diarrhée subaigue et chronique, vomissements récurrents pouvant entrainer une dénutrition Rhinite, otite, asthme, eczéma atopique En général, les examens sérologiques (IgE, Prick test) sont négatifs. Le diagnostic sera fait par éviction lactée et par un test de provocation en milieu hospitalier. Il faut savoir évoquer une APLV légère à modérée en présence d’un ou des symptômes suivants : Gastro intestinaux : régurgitations fréquentes, vomissements, diarrhée, constipation,, selles sanglantes, anémie ferriprive Dermatologiques : dermatite atopique, gonflement des lèvres ou des paupières, urticaire non du à un médicament Respiratoires : écoulement nasal, toux, sifflements Généraux : coliques avec pleurs 3h/jour, 3jour/semaine depuis 3 semaines. Les tests diagnostics sont souvent négatifs. Régime alimentaire avec des hydrolysats : Peptijunior, Prégomine, Nutramigen, Alfare, Galliagène…. Et éviction totale du lait sous toutes ses formes (pas de fromage…) Si on observe une amélioration, elle prouve un risque d’APLV. Test de réintroduction : Il doit être fait sous contrôle médical. Sans problème lors de la réintroduction, on poursuit avec suivi. Si réaction, on poursuit l’éviction jusqu’à 1 an puis en milieu hospitalier, on refait le test de réintroduction. L’APLV sera sévère en présence de : Troubles gastro-intestinaux : cassure de la courbe de croissance (diarrhée, vomissement, anorexie), anémie par sang dans les selles, coliques sévères Troubles dermatologiques : Dermatite atopique exsudative avec cassure courbe de poids et anémie ferriprive Troubles respiratoires : œdème laryngé, obstruction bronchique avec difficultés respiratoires Choc anaphylactique Le test est positif. Exclusion du lait et de tout produit laitier. Si aucune amélioration, on recherche un autre diagnostic. Si amélioration, on suit le régime et réintroduction faite en milieu hospitalier. L’allergie PLV disparait dans 40 % des cas à 1 an, 60 % des cas à 2 ans et 100 % des cas à 5 ans. Dans 10 % des cas, les enfants développent une autre allergie alimentaire ou un asthme. Prévention : Dans les familles à risque (si les 2 parents ou un enfant précédent allergiques) Lait maternel jusqu’à 6 mois Lait hypoallergénique (HA° Attention aux petits pots de fruits et légumes qui peuvent contenir du lait de vache ou du lactosérum Ne pas donner de lait de chèvre ou de brebis car les protéines sont très ressemblantes (contrairement à une idée répandue) Proscrire les boissons végétales (lait de soja, d’amandes ou de noisettes) car elles sont inadaptées aux besoins nutritionnels de l’enfant. Elles entrainent des retards de croissance et d’importants problèmes. 2. Les allergies alimentaires fréquentes : Chez l’enfant de 1 à 3 ans : œuf (34%), arachide (25%), lait de vache (8%), poisson (3%). Chez l’enfant de plus de 3 ans : arachide, œuf et légumineuses (haricots, lentilles, fèves) Chez l’adulte : fruits à noyaux, avocat, banane, kiwi, châtaignes, légumineuses, céleri, carottes, fenouil, fruits à coque…. L’allergie au lait est rarissime. Par contre, l’intolérance aux protéines du lait de vache est fréquente. Allergie et intolérance sont différentes, seuls certains troubles digestifs peuvent être identiques (diarrhée, vomissements, douleurs intestinales). L’intolérance au lactose touche essentiellement les adultes. La personne peut boire de petites quantités de lait, manger des fromages affinés (ne contenant plus de lactose) et des yaourts (dont les ferments aident à la digestion du lactose). Cette intolérance est due à une absence de lactase. Le lactose n’est pas absorbé, il y a une production de gaz par la flore intestinale qui le digère au niveau du colon (ballonnements, gaz, douleurs intestinales). Moins on boit de lait, moins on a de lactase (problème des personnes âgées, des asiatiques). Il est important d’être sur d’être intolérant au lactose car sinon, on se prive de lait pour rien. Actuellement, c’est la mode, on met tout le monde au régime sans lait ou sans gluten. A chacun de se tester sans développer de phobie pour le lait. Le traitement des allergies alimentaires autres que le lait repose sur l’éviction de l’aliment en cause, sur l’éducation diététique et le bien fondé de lire les étiquettes. Il est important d’avoir une consultation diététique spécialisée. Attention aux allergènes cachés : Le sarrasin : allergène plus que redoutable car présent dans des produits dont l’étiquetage n’est pas obligatoire et bon rendement économique (sandwichs, plats asiatiques…) Le soja : Très utilisé en agroalimentaire car les protéines végétales sont moins chères que les animales (steaks, boulettes, nuggets…) Les hydrolysats de blé : Agent liant et émulsifiant dans les viandes reconstituées, les charcuteries industrielles, les soupes, les sauces, le mascara, crème de soins, shampooing. Dans l’allergie, tout est possible. Chaque cas est particulier. 5% des enfants font des allergies, soit 2 fois plus qu’il y a 10 ans.