fr - EESC European Economic and Social Committee

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RAPPORT COMMUN SUR LA STIMULATION DE L’ESPRIT
D’ENTREPRISE, L’INNOVATION ET LA CREATIVITE DANS LA
ZONE EURO-MEDITERRANEENNE
INDEX
1. INTRODUCTION................................................................................................................................... 3
2. ECONOMIE ET DEMOGRAPHIE D’ENTREPRISE DANS LA ZONE EUROMEDITERRANEENNE ............... 6
2.1. Situation économique et sociale ................................................................................................. 6
2.2. Démographie d’entreprise ........................................................................................................ 11
3. FACTEURS ET CONDITIONS NECESSAIRES POUR STIMULER L’ESPRIT D’ENTREPRISE .................. 14
3.1. Facteurs internes ....................................................................................................................... 16
3.2. Facteurs externes ...................................................................................................................... 17
4. INNOVATION ET CREATIVITE........................................................................................................... 23
4.1. Développement de la société de l’information et du savoir ..................................................... 24
4.2. Politiques R&D+i et transfert technologique ........................................................................... 25
5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS .................................................................................................... 28
ANNEXE DES TABLEAUX ....................................................................................................................... 35
2
1. INTRODUCTION
La Déclaration finale du Sommet euroméditerranéen des Conseils économiques et
sociaux (CES) et Institutions similaires, qui s’est tenu à Alexandrie les 18 et 19 octobre
2009, prévoyait dans le programme de travail pour 2010-2011 la réalisation d’un
rapport sur la Stimulation de l’esprit d’entreprise, l’innovation et la créativité dans la
zone euroméditerranéenne.
Ce rapport, élaboré au fil des deux dernières années, est présenté dans sa version
définitive en 2011, lors du sommet d'Istanbul. Il a pour objectif d'établir un diagnostic
de la situation actuelle et de l'évolution enregistrée au cours de ces dernières années
dans les pays méditerranéens en matière de stimulation de l'esprit d'entreprise, mais
également de relever les difficultés liées à la création et à la survie des entreprises euroméditerranéennes, tout en pointant les stratégies possibles et les actions nécessaires afin
d’encourager le développement économique et social dans la région méditerranéenne
grâce à des projets d'entreprise créateurs d'emplois.
Le Conseil économique et social d’Espagne s’est engagé, lors du Sommet d’Alexandrie,
à diriger et à coordonner ce Rapport réalisé en collaboration avec le Conseil national
économique et social d’Algérie, le Conseil national pour l’économie et le travail
d’Italie, le Conseil économique et social de Jordanie,le Conseil économique et social de
Palestine, la délégation turque du Comité consultatif mixte UE-Turquie et le Conseil
économique et social de Tunisie.
Bien que les caratéristiques des entrepreneurs et des entreprises varient dans les
différents pays de la région, comme en attestent les pages suivantes du présent rapport,
il convient de souligner d’emblée le point commun qui caractérise tout entrepreneur: la
décision d’assumer des risques pour développer un projet capable de transformer une
initiative créative en actes générateurs de revenu et d’emploi.
Au cours de ces derniers mois, les pays du bassin méditerranéen se sont vus plongés
dans un processus de changements politiques, dont la portée est incertaine mais qui,
dans tous les cas, devrait représenter une chance de promouvoir un meilleur
développement économique et social dans la región.
Ces transformations coïncident avec des moments de reprise incertaine et inégale de
l'activité économique mondiale et, concrètement, de sortie lente et difficile de la crise
pour les États membres de l'Union européenne, en particulier ceux du bassin
méditerranéen. Cette période connaît également des tensions politiques, un taux de
chômage élevé, une hausse des prix alimentaires et une chute temporaire du tourisme et
des entrées de flux de capitaux dans les pays partenaires méditerranéens (PPM). Dans ce
contexte, le développement de l'esprit d'entreprise, de l'innovation et de la création de
3
nouvelles entreprises peut devenir un élément important de la stimulation de l'activité
créatrice d'emplois et, par conséquent, de la diminution du taux de chômage et de
l'amélioration des conditions de vie de la population de la région méditerranéenne.
En effet, la priorité est donnée au développement de l’entreprise étant donné le rôle joué
par les entreprises et les entrepreneurs en tant que créateurs de richesse et d’emploi et
étant donné le manque d’entrepreneurs relevé dans la région euroméditérranéenne.
La stimulation de l’activité d’entreprise suppose, d’une part, développer des
programmes de soutien et de diffusion de l’activité d’entreprise en tant qu’ouverture
professionnelle enrichissante à la portée de personnes pleines d’initiative et d’autre part,
avoir les ressources humaines nécessaires en termes de dirigeants et techniciens,
hautement qualifiés, pour une meilleure organisation et gestion d’entreprise.
Parmi tous ces aspects, il convient de souligner le rôle que l’éducation peut jouer en tant
que moyen pour créer une attitude et une culture d’entreprise, spécialement en ce qui
concerne les jeunes, et la place que le système éducationnel doit réserver au
développement de l’esprit d’entreprise dans l’acquisition des compétences de base.
Nous savons que l’éducation est un des facteurs les plus influents en termes de création
et consolidation d’entreprise car il permet le développement des savoirs-faire et des
capacités qui favorisent l’esprit d’entreprise et améliorent l’image de l’activité
d’entreprise.
Il convient également de considérer le rôle clé que joue l'innovation au sens large, c'està-dire comme tout changement basé sur la connaissance qui génère de la valeur, sur la
croissance économique, sur l'incitation aux échanges commerciaux et à la création
d'emplois à plus forte valeur ajoutée.
Tous ces aspects doivent être considérés et analysés de façon très attentive dans un
Rapport sur ces caractéristiques, dans le strict respect du cadre de la coopération euroméditerranéenne entre les deux rives et à l'intérieur de celles-ci qui doit toujours être le
point de référence de la plupart des actions comme cela a été le cas jusqu’à présent pour
les actions menées à bien.
Dans les précédents rapports euroméditérranéens, l’accent a été mis sur la nécessité
d’orienter la coopération entre l’Union européenne et les Pays partenaires
méditérranéens (PPM) vers la réalisation du potentiel des entreprises, la création de
PME et d’entreprises dans le secteur de l’économie sociale, la formation de la main
d’oeuvre en fonction des besoins du marché du travail, l’amélioration des services
d’aide à la création d’entreprises et un accès plus facile au financement. Tout cela est
étroitement lié aux priorités données dans le domaine social comme par exemple la
création d’emploi pour les jeunes et les femmes.
4
Les questions inhérentes à l’aide au développement de l’activité d’entreprise ont fait
l’objet d’une attention soutenue dans le cadre de la coopération euroméditérranéenne.
Dans ce sens, l’Union européenne a lancé divers projets ayant pour objectif final le
renforcement de la structure des entreprises dans la región en tant qu’élément
fondamental pour stimuler la compétitivité. Les Sommets euro-méditerranéens qui se
sont tenus durant ces dernières années attestent, d’une façon ou d’une autre, de cet
intérêt constant.
Sur ce point, et comme signalé dans le rapport sur les facteurs de compétitivité et de
cohésion sociale en vue de la construction d’un espace intégré euroméditérranéen euroméditerranéen1 présenté lors du Sommet d’Athènes en 2007, la création de richesses et
d’emplois et le développement de la compétitivité nécessitent un tissu productif solide
dans lequel l’initiative entrepreneuriale occupe un rôle prépondérant en tant que moteur
de la croissance. C’est pour cela que la stimulation de l’esprit d’entreprise et une culture
d’entreprise la plus large posible sont autant d’éléments clés qui doivent être renforcés
dans le cadre de la coopération euroméditérranéenne.
La réalité du tissu entrepreneurial des PPM, à l’instar de celle des autres pays
européens, mise en relief dans les pages du présent rapport, atteste de la prépondérance
de petites entreprises, créatrices de la plus grande part d’emploi, régulier ou non. Dans
tous les cas, les données recueillies soulignent que la qualité de l’environnement des
entreprises est insuffisante dans toute la région du fait de nombreux facteurs tels que le
cadre institutionnel, la faiblesse des dispositions régulatrices existantes ou de la
difficulté des gouvernements à contrôler et réduire l’économie et les emplois illégaux
sans oublier la faiblesse du système financier et les difficultés d’accès au crédit.
Les différences relevées entre les pays mettent en exergue le fait que l’environnement
macroéconomique, et particulièrement l’existence ou non de facteurs propices à l’esprit
d’entreprise, conditionnent les possibilités de création et de survie des entreprises. Sur
ce point, il est important de souligner que la précarité de la situation actuelle, en ce qui
concerne les sources de données statistiques sur la démographie des entreprises et autres
caractéristiques du dynamisme entrepreneurial, nous force à relativiser l’analyse et les
comparaisons entre pays présentées dans ce rapport.
Sur la base de toutes ces considérations préliminaires, le rapport s’ouvre par le
diagnostic de la situation économique et sociale et la description de la démographie des
entreprises dans la región. Le texte aborde ensuite l’essentiel: les facteurs qui
1
Dirigé par le CES d’Espagne avec la collaboration du Conseil nacional économique et social
d’Algérie, le Conseil économique et social de Grèce, le Conseil nacional pour l’économie et le travail
d’Italie, le Conseil du développement économique et social de Malte, le Conseil économique et social
de Tunisie et le Comité consultatif mixte du Conseil économique et social de Turquie.
5
déterminent le fait que, dans les pays euroméditérranéens, la quantité et la qualité des
initiatives entrepreneuriales différent. Un chapitre entier est consacré à l’innovation et la
créativité en tant que facteurs de la plus haute importance lorsqu’il s’agit de stimuler la
création d’entreprises. Enfin, le rapport se concluera par des réflexions et
recommandations sur les orientations stratégiques qui devraient être développées afin de
créer un climat propice aux initiatives entrepreneuriales des entrepreneurs.
2. ECONOMIE ET DEMOGRAPHIE
EUROMEDITERRANEENNE
D’ENTREPRISE DANS LA
REGION
2.1. Situation économique et sociale
La réalité économique et sociale changeante d'un pays est le cadre dans lequel se
développe l'activité d'un secteur privé qui doit contribuer à atteindre la croissance
économique et la création d'emplois. De même, la qualité de ses institutions et la
réglementation adéquate des marchés sont tout aussi déterminantes pour favoriser
l’investissement privé et contribuer au développement économique. C’est pourquoi, et
préalablement à l’analyse du secteur privé et de la stimulation de l’initiative
entrepreneuriale dans la zone euroméditérranéenne, une brève référence au contexte
macroéconomique et socioprofessionnel actuel des pays méditerranéens, en particulier
les PPM, à son niveau qualitatif en matière d’institutions et de gouvernance 2 . Un peu
plus loin, on analysera la relation et l’influence de certains de ces facteurs sur le
développement du secteur des entreprises dans la région.
Les PPM forment un groupe hétérogène d’économie à petite échelle qui ont fourni,
durant les dernières années, un effort important en termes de croissance, effort qui s’est
traduit par des taux de croissance du PIB supérieurs à ceux enregistrés au sein de
l’Union européenne. Dans ce contexte, et bien que la crise ait provoqué une chute du
rythme de croissance du PIB dans l’Union européenne, avec des taux négatifs en 2009
dans presque tous les Etats membres, la majorité des PPM n’ont pas enregistré de chute
du PIB et ont affiché une croissance plus durable face aux conditions
macroéconomiques externes. En 2009, à l’exception d’Israël, avec un taux de croissance
de 0,7% et de la Turquie avec une chute du PIB de 0,4 %, les taux de variation du PIB
dans le reste de la région –même s’ils ont légérement baissé- se situaient dans tous les
cas au-dessus de la moyenne européenne. En 2010, la reprise des PPM a continué d'être
2
Ces questions ont été abordées, de façon très détaillée et force statistiques à l’appui, dans le rapport
commun: Les facteurs de compétitivité et de cohésion sociale en vue de la construction d’un espace
intégré euroméditérranéen, présenté lors du Sommet économique et social euro-méditérranéen qui
s’est tenu à Athènes en octubre 2007. Ci-après cité sous le terme de Rapport d’Athènes 2007.
6
plus prononcée que dans l'Union européenne, avec une croissance marquée en Turquie
de 8,2 %. Les prévisions pour 2011 montrent en général la même tendance positive
excepté pour l'Égypte et la Tunisie, dont la croissance sera d’environs 1 %.
Malgré cela, il n’en demeure pas moins, qu’en termes relatifs, on a peu progressé car ce
développement s’est révélé insuffisant pour améliorer le niveau de vie de la population,
en grande partie à cause de l’augmentation de cette dernière et de la difficulté pour créer
des emplois à un rythme capable d’absorber le développement de la population active.
De fait, le revenu national brut par habitant des PPM, à l’exception d’Israël, se situe loin
derrière celui enregistré dans la plupart des pays européens.
D’autre part, la structure de production dans les PPM a changé de façon notoire durant
les dernières années du fait de la réduction progressive du secteur primaire dans
l’ensemble du PIB en faveur de l’augmentation du secteur tertiaire. De façon générale,
l’industrie représente environ 30% du PIB alors que le secteur tertiaire a
progressivement augmenté, se situant au-dessus des 55%3 . En conséquence, l’emploi se
concentre majoritairement dans le secteur tertiaire bien que le la population active reste
bien présente dans le secteur primaire.
Les flux d’investissement ont contribué à cette transformation de la structure de
production puisqu’ils ciblaient principalement les secteurs de la construction, des
télécommunications, financier ou des services mais dans les faits, l’impact reste limité
voire freiné à cause de la crise, particulièrement dans les secteurs financier et du
bâtiment.
Les effets de la crise ont été plus marqués au niveau des flux du commerce extérieur,
fortement dépendants des pays les plus affectés par la crise, comme les pays de l’Union
européenne et autres pays développés. De fait, la récession généralisée du commerce
mondial a provoqué un ralentissement de ces flux qui avaient augmenté durant les
dernières années tant en termes absolus qu’en termes relatifs. Cette augmentation s’était
produite en dépit de l’existence d’éléments entravant les flux commerciaux avec les
PPM et, in fine, leur ouverture commerciale sur l’extérieur.
Ces obstacles au commerce s’accentuent dans le domaine du commerce intra régional.
De fait, le commerce avec les PPM demeure très réduit à cause de la faible intégration
régionale due aux barrières qui limitent le commerce au sein de la zone méditerranéenne
et qui minent la compétitivité dans la région; à titre d’exemples, le peu d’harmonisation
des réglementations en matière commerciale, l’état embryonnaire des accords
commerciaux intra régionaux, les différents régimes concernant les règles d’origine
3
L’exception dans ce cas est l’Algérie où le secteur industriel atteint 60 % en parfaite logique avec sa
structure de production.
7
existantes, le maintien de barrières douanières et non douanières et, une fois de plus, la
faiblesse des infrastructures régionales, notamment en matière de transport.
A son tour, la faible intégration commerciale des pays de la rive sud de la Méditerranée
entre eux et, par conséquent, l’absence d’une stratégie entrepreneuriale régionale,
entravent l’implantation d’entreprises étrangères et nationales et freinent
l’investissement des ménages - mais également l’investissement étranger – facteur
déterminant pour la croissance économique.
De fait, l’expérience internationale des trois dernières décennies atteste que les
processus à forte croissance économique s’accompagnent de taux d’investissement
élevés, la formation brute de capital fixe pouvant même atteindre des niveaux supérieurs
à 30% dans les pays émergents. Dans les PPM, cependant, l’investissement en termes de
formation brute de capital fixe est relativement bas, se situant autour des 20 à 25 % du
PIB, bien que durant les années précédant la crise, on enregistrait une légère croissance
par rapport aux niveaux antérieurs.
Quant aux flux d’investissement direct étranger, s’ils ont augmenté de façon
considérable en termes absolus, ils demeurent faibles en termes relatifs par rapport à
ceux destinés à d’autres pays qui entretiennent d’importantes relations avec l’Union
européenne.
Cela est dû au fait que les courants d’investissement direct étranger aux niveaux
mondial et européen vers les PPM ont baissé face à ceux destinés à d’autres régions plus
attrayantes comme les pays émergents de l’Asie ou les pays du centre et de l’est de
l’Europe et ce, en dépit des avantages offerts par les PPM pour attirer l’investissement
étranger tel que la proximité géographique avec l’Union européenne, la taille de leurs
marchés, la disponibilité d’une main d’oeuvre relativement bien formée, les faibles
coûts salariaux ou la disponibilité de ressources naturelles.
Dans ce sens, des efforts doivent être faits pour surmonter ces faiblesses en donnant la
priorité à l’épargne et à l’investissement des ménages tout en progressant au niveau de
l’ouverture sur l’extérieur de ces pays par la consolidation des relations commerciales et
en favorisant une plus grande entrée des investissements directs étrangers.
D'autre part, il est toujours nécessaire d'envisager des questions liées à une bonne
gouvernance, tant au niveau national que régional et local, permettant de disposer d'un
meilleur cadre institutionnel, juridique et administratif, dans lequel la démocratie, les
droits sociaux et professionnels, ainsi que la participation des partenaires sociaux
seraient des éléments indispensables.
Les PPM on fait des progrès dans ce sens au cours des dernières années, ainsi qu'en
matière de développement des infrastructures, des marchés financiers et du système
8
fiscal. Il est à espérer que les récents changements politiques et le processus de
transformation des institutions dans certains PPM aient une influence en la matière et
puissent contribuer à l'amélioration de la qualité institutionnelle et réglementaire et
promouvoir un climat d'investissement et de création d'entreprises plus favorables à la
création d'activités productives et d'emploi dans la zone euro-méditerranéenne.
Le poids traditionnel et élevé qu'a pu avoir le secteur public sur l'activité économique
des PPM doit être complété par la nécessaire incitation à l'initiative privée et à l'esprit
d'entreprise comme moteurs de la croissance et de la création de richesse et d'emplois.
Bien que la présence et la dépendance du secteur public dans l’activité économique se
soit réduite par rapport à la situation qui a prévalu durant les décennies précédentes, du
fait principalement de l’entrée de capitaux étrangers, il est toujours nécessaire de
réorienter et de consolider le rôle de l’Etat dans les secteurs directement liés au
développement durable et à la qualité de vie tels que celui de l’éducation, la santé ou les
infrastructures afin de garantir la qualité et l’efficacité de l’initiative publique, tout cela
de manière compatible avec l’incitation à l’initiative privée.
Par ailleurs, il faut également tenir compte de l’existence d’un large secteur informel
dans les PPM, favorisé par l’existence d’un cadre réglementaire inadéquat. Par exemple,
l’un des problèmes auxquels se confrontent de façon générale les économies des PPM et
le secteur des entreprises de façon toute particulière, est la faiblesse des dispositions
réglementaires des marchés et la difficulté pour contrôler et réduire l’économie et les
emplois “non structurés”, qui englobent à la fois la partie strictement qualifiable comme
l’économie et les emplois souterrains ou irréguliers et les activités du secteur informel
comme les activités traditionnelles de type familial, d’auto production de biens et de
services et leur prestation sous forme plus ou moins désintéressée au niveau local.
Bien que du point de vue macroéconomique, il semblerait que le secteur non structuré
de l’économie puisse jouer un rôle important dans la création d’un tissu de production
dynamique dans ces pays, la contention de l’économie souterraine au sens strict doit être
un objectif reconnu et partagé par l’ensemble de la société.
En ce qui concerne les aspects à caractère social et professionnel, il convient de
souligner la nécessité de continuer à progresser vers le respect et la mise en œuvre des
règles et des droits fondamentaux à valeur universelle en matière professionnelle et sur
la mise en place de droits sociaux et professionnels minimums incontournables, en toute
égalité de chances entre les hommes et les femmes. D'un autre côté, le renforcement de
la négociation collective et du dialogue social entre les partenaires économiques et
sociaux forts doit être un objectif partagé par tous les pays de la zone euroméditerranéenne.
9
Les PPM sont confrontés à trois défis majeurs liés aux questions démographiques: la
croissance de la population, qui a de façon générale un faible niveau d’éducation,
l’augmentation du chômage et le phénomène migratoire. La population, dans la zone
euroméditerranéenne, a augmenté à un rythme soutenu durant les dernières années avec
des taux allant de 1 à 2 % contre des taux de 0,5 % dans l’Union européenne; et bien
que les prévisions démographiques des Nations Unies, pour les 25 prochaines années,
affichent une certaine baisse (décélération, ralentissement), elles se maintiennent entre
0,5 et 1,0 %. En outre, à la différence de l’Union européenne, cette population est très
différente sur les deux rives de la Méditerranée avec une population vieillissant à un
rythme soutenu dans l’UE-27 et une population jeune dans l’ensemble des PPM.
Cette forte croissance de la population et, par conséquent, de la population en âge de
travailler, s’est traduite durant les dernières années par des taux de croissance de
l’emploi insuffisants pour absorber la population active croissante. Il faut tenir compte,
en outre, du fort contingent de population très jeune qui exerce une pression, et qui
continuera à le faire à l’avenir, sur les marchés du travail de la zone caractérisés par : un
faible taux d’emploi formel, une faible participation professionnelle de certains
collectifs, notamment les femmes, et un taux élevé de chômage qui touche
particulièrement les femmes et les jeunes.
Tout cela a une répercussion négative sur la cohésion sociale en générant l’exclusion et
la pauvreté mais en stimulant aussi les flux migratoires. La zone euro-méditerranéenne
est l’une des principales aires géographiques caractérisée par l’ampleur et l’intensité de
ces flux.
Les dernières données disponibles affichent, pour l’ensemble des PPM, un taux de
chômage de 11,9 % qui peut atteindre les 25,2 % en ce qui concerne les moins de 25 ans
avec un taux d’emploi de 42 % et une participation professionnelle des femmes,
mesurée par le taux d’activité, d’à peine 24 %. Par ailleurs, ces données correspondent à
la dernière période de forte croissance économique, plus de 5 %, dans la région. En
2009, la croissance a été plus faible du fait de la crise économique internationale mais
en 2010, selon de récentes prévisions, elle se situera autour de 4,2 % dans les pays du
Maghreb et de 5 % au Machrek.
Concernant les femmes, l'incitation à une participation professionnelle dans la zone
euro-méditerranéenne nécessite de surmonter la traditionnelle fonction sociale de la
femme, qui se limite à la sphère familiale. Pour cela, l’activité des entreprises constitue
une option possible pour sortir de la situation de sous-emploi et c’est en ce sens, et afin
de promouvoir l’initiative entrepreneuriale, que l’on doit intégrer les initiatives en
faveur des femmes ainsi que les programmes de formation et de soutien sur la base d’un
10
cadre financier plus accessible. On favoriserait ainsi une plus grande présence des
femmes dans le secteur structuré de l’économie.
De même, concernant la population jeune, et au vu des taux de chômage élevés qui la
caractérisent, il conviendrait de concevoir des mesures spécifiques afin de favoriser leur
insertion sur le marché du travail. L'activité entrepreneuriale peut constituer un
débouché professionnel pour les jeunes, qu'il convient d'encourager.
Dans tous les cas, tous ces aspects revêtent une importance accrue dans un contexte de
crise économique. La nature globale de cette dernière a exigé l’adoption de réponses
concertées et coordonnées au niveau international. Dans les PPM, ces réponses ont
davantage porté sur des mesures individuelles à court terme en vue de stimuler la
demande intérieure, d’augmenter l’investissement, de garantir les dépôts et de réduire
les taux d’intérêt afin de stimuler les marchés locaux que sur des mesures coordonnées
au niveau de l’aire4 géographique qui, toutefois et dans un sens large, apparaissent
comme fondamentales non seulement pour palier aux effets les plus négatifs de la crise
mais aussi pour stimuler la croissance économique et l’emploi dans la zone
euroméditerranéenne.
2.2. Démographie d’entreprise
L’objectif ayant pour but d’encourager l’initiative entrepreneuriale visé dans le présent
rapport implique une plus grande maîtrise des caractéristiques de l’environnement
entrepreneurial dans les pays de la Méditerranée, qui passe par l’analyse de sa taille et
de sa dynamique en tant que données clés en vue de favoriser l’innovation et la
compétitivité et, par conséquent, la croissance économique et la création d’emplois.
C’est dans cette optique que la démographie entrepreneuriale de ces pays est abordée;
cette analyse est néanmoins limitée par les problèmes et difficultés liés l’insuffisance
des données statistiques disponibles – par ailleurs et très souvent non actualisées – qui
tronquent l’étude de l’environnement entrepreneurial dans la zone euroméditerranéenne.
Les analyses portant sur la démographie entrepreneuriale permettent de définir le
dynamisme du tissu des entreprises mesuré au moyen des flux d’entrée et de sortie des
entreprises et de leurs chances de survie sans véritablement tenir compte des
caractéristiques et des variables de comportement de tous et de chacun des secteurs
puisqu’en général ces études font état d’indicateurs non analytiques.
Avec les dernières données disponibles de la Banque mondiale (Annexe 1) pour 2007,
la Turquie est le pays qui possède, au sein des PPM, le plus grand nombre d’entreprises,
4
Sergio Alessandrini, “Le rôle des relations euro-méditerranéennes face à la crise économique”, dans
Anuario del Mediterráneo 2009, 2010.
11
764.240 entreprises inscrites, suivie par l’Egypte avec 367.559. Sur le total des
entreprises inscrites dans l’ensemble de ces pays, 10 % environ ont été créées en 2007,
soit un taux similaire à la moyenne de l’Union européenne. Cependant, dans ce contexte
général, Israël et la Turquie se démarquent avec des taux de 11,6 et 12,3 %
respectivement alors que l’Egypte et le Liban enregistrent les taux les plus bas en termes
de création d’entreprises avec respectivement 2,6 et 4,9 %.
Par ailleurs, le tissu des entreprises au sein des PPM, à l’instar des autres pays
européens, est caractérisé par la prépondérance des petites et moyennes entreprises,
avec de 1 à 49 employés, qui représentent près de 90 % du total des entreprises,
entreprises à caractère informel comprises5. Les PME et les micro PME interviennent
dans la plupart des activités de production dans la zone euroméditerranéenne et leur
compétitivité et capacité à répondre à la globalisation et à la crise actuelle dépendent de
leur capacité à se développer et à innover6.
La prépondérance des PME et des micro PME font que ce sont ces entreprises qui
peuvent contribuer à une croissance et à un emploi durable de façon significative. En
fait, elles sont responsables de la plus grande part de création d’emplois, qu’ils soient
formels ou informels (de 60 à 70 % des emplois créés), et elles représentent aussi la
voie pour canaliser les petits investissements avec l’augmentation inhérente de la valeur
ajoutée pour la croissance économique (de 30 à 50 % de la valeur ajoutée des
économies respectives). Le développement des PME est donc indispensable pour
stimuler la création d’emplois dans la zone, pour contribuer à la stabilité sociale et à
l’intégration des économies des deux rives de la Méditerranée, en permettant de surcroît
le transfert des technologies et l’innovation.
Parallélement, les PME et les micro PME sont celles qui rencontrent le plus de
problèmes de développement du fait des difficultés rencontrées dans la recherche de
financement et d’investissement suffisant et pour se doter de ressources humaines
qualifiés mais également pour bénéficier de l’assistance administrative et technique, les
taux de mortalité étant très élevés. A titre d’exemple, en Egypte 97 % des entreprises
sont des PME avec à leur actif 62 % des emplois créés; au Liban, 96 % des entreprises
sont des micro entreprises qui représentent 50 % de l’emploi total; et au Maroc, les
PME représentent 99 % du total des entreprises et totalisent 70 % des emplois.
Néanmoins, nous devons souligner que le taux de cessation d’activité dans ces pays est
élevé, en moyenne 5,8 % de la population active, contre 2,1 % dans l’Union
européenne, exception faite du Maroc avec seulement 3,7 %.
5
Femise, Rapport du Femise 2005 sur le partenariat Euro-Méditerranéen, février 2006.
6
Sergio Alessandrini, “Le rôle des relations euro-méditerranéennes....”; op. cit.
12
Par ailleurs, les entreprises d’économie sociale (entreprises coopératives, mutualités,
associations pour le développement, fondations et autres formes d’entreprises
employant des travailleurs), jouent aussi un rôle important au niveau du développement
de l’activité entrepreneuriale dans ces pays, du fait de leur contribution à la cohésion
sociale, au soutien à l’esprit d’entreprise, à la création de richesse au niveau local, à
l’incitation pour une meilleure gouvernance, au développement durable et spécialement
à la création d’emplois 7.
Au sein de l’Union européenne, ce type d’entreprises représente 10 % du total et totalise
8,0 % des emplois. S’il n’existe pas de données similaires pour l’ensemble des PPM, en
Algérie, en Egypte, au Maroc et en Turquie, on relève un grand nombre de coopératives
et de mutualités dont le nombre de membres ou bénéficiaires oscille entre 8 et 12
millions de personnes
La participation des femmes à l’activité d’entreprise reste insuffisante dans les PPM. De
fait, seuls Israël et la Turquie affichent une participation des femmes au niveau de
l’actionariat, 34,0 et 40,7 % respectivement, se situant ainsi au niveau des pays
européens. De fait, nous avons là une des questions principales que nous devons traiter
en relation avec la stimulation de l’esprit d’entreprise et comme faisant partie de
l’objectif global de renforcer le rôle des femmes dans la société. Cela suppose
également qu’il faut donner plus d’importance et renforcer les petites activités
d’entreprise à caractère traditionnel développées par les femmes qui incluent les
activités non remunérées au sein de la famille et le travail traditionnel8.
Par ailleurs, les données fournies par le Global Entrepreneurship Monitor 9 relatives au
développement de l’activité entrepreneuriale attestent que, par rapport à la population
active et dans les PPM, le taux de lancement d’activité entrepreneuriale est plus élevé
que dans l’Union européenne, avec en tête de classement l’Algérie, le Liban et le Maroc
où durant ces trois dernières années plus de 15 % de la population active et en Jordania
plus de 10 %, a entrepris de monter une affaire, contrastant ainsi avec la moyenne
européenne qui se situe autour de 6 %.
La perception des meilleures occasions pour monter des affaires dans ces pays explique
le taux très élevé d’activités entrepreneuriales récentes. Il apparaît ainsi que la nécessité
7
Déclaration du Réseau euro-méditerranéen de l’Economie sociale lors du Sommet euro-méditerranéen
des Chefs d’Etat et de Gouvernement, 16 novembre 2005.
8
CESE, Avis du Comité économique et social sur la “Stimulation de l’esprit d’entreprise des femmes
dans la región euro-méditerranéenne”, 2007.
9
Les indicateurs fournis par Global Entrepreneurship Monitor sont élaborés à partir de l’enquête à la
population adulte sur les aspects relatifs à l’activité entrepreneuriale et aux aspirations, attitudes et
perceptions de ceux qui lancent ou ont lancé à un certain moment une activité entrepreneuriale.
13
est l’une des principales motivations des nouveaux entrepreneurs, contrairement à
l’Union européenne où prime le désir d’améliorer la situation personnelle.
3. FACTEURS ET
D’ENTREPRISE
CONDITIONS NECESSAIRES POUR FAVORISER L’ESPRIT
L'impulsion entrepreneuriale est donnée par des facteurs de nature très variée, même si
la littérature spécialisée les classent généralement en deux grands groupes : les facteurs
internes, liés aux motivations et aux caractéristiques des entrepreneurs, et les facteurs
externes, liés au contexte économique, politique et social d'un pays (graphique 1).
L'existence d'un contexte politique, social et culturel favorable est très important pour le
dynamisme entrepreneurial, comme l’existence au sein de la population de
comportements favorables au développement d'activités entrepreneuriales. Il s'agit donc
de deux domaines tout aussi nécessaires et importants qui se renforcent mutuellement
par ailleurs. Des considérations positives sur le monde de l’entreprise aident au
développement de conditions externes propices au développement d'initiatives
entrepreneuriales, comme le cadre régulateur ou institutionnel, et vice versa.
14
GRAPHIQUE 1
FACTEURS INTERVENANT DANS LA CREATION D’ENTREPRISES
Facteurss externes
Conditions de base:
-
Institutions
-
Infrastructures
-
Stabilité macroéconomique
-
Santé et enseignement primaire
Eléments activateurs d’une
activité d’entreprise efficace
Facteurs internes
Attitudes:
-
Hauts niveaux d’enseignement et de
formation
-
Marchés de biens
- Perception des
opportunités
d’affaires
-
Marchés financiers
- Perception du risque
-
Marchés du travail
-
Technologie
- Perception des
capacités à créer une
entreprise
Eléments activateurs de l’activité
d’entreprise innovatrice
-
Accès au financement
-
Politique gouvernementale
-
Programmes gouvernementaux de
soutien aux entreprises
-
Transfert de R&D
-
Ouverture du marché interne
-
Infrastructure légale
-
Formation entrepreneuriale
-
Régles sociales et culturelles
Dynamique
d’entreprise
Croissance
économique
nationale
Source: Elaboré à partir de Global Entrepreneurship Monitor, 2009 Executive Report.
Or, tandis que les facteurs internes sont nécessaires dans toutes les économies pour la
naissance et le développement d'une activité d’entreprise, l'ensemble des facteurs
externes, tout aussi nécessaires, peut être modulé en fonction de la phase de
développement économique dans laquelle se trouvent les différentes économies. Ainsi,
les moins développées devraient, en principe, centrer leurs efforts sur l’obtention d’une
15
certaine stabilité macro-économique et sur le développement de la qualité de leurs
institutions, infrastructures et systèmes éducatifs et sanitaire. Une fois ces éléments
acquis, les pays devraient porter leurs efforts sur l’efficacité de fonctionnement de leurs
marchés des biens et services et développer de manière progressive les facteurs
favorisant une activité entrepreneuriale innovatrice
3.1. Facteurs internes
L'esprit d’entreprise constitue un élément primordial pour le développement
économique d'un pays et il dépend dans une large mesure du fait que sa population
adopte des comportements positifs envers les entreprises et qu’elle se sente motivée et
formée pour s'aventurer dans la création d'une nouvelle entreprise. Le comportement de
la population peut être, par conséquent, un bon indicateur sur les potentialités ou sur le
manque de dynamique entrepreneuriale d'un pays.
Si nous disposons de nombreux indicateurs relatifs aux comportements du monde
entrepreneurial, les plus significatifs sont ceux qui nous éclairent sur la motivation pour
créer une nouvelle entreprise, comme la perception des possibilités de monter des
affaires, pour améliorer sa situation professionnelle ou par simple nécessité, le calcul
des risques ainsi que les savoir faire personnels pour créer et développer une nouvelle
entreprise
L’intérêt d'une affaire est en rapport étroit avec les coûts de faisabilité, c'est-à-dire, en
termes de rapport entre les bénéfices attendus de l'activité d’entreprise et les bénéfices
générés par une autre occupation professionnelle. À ce sujet, la littérature spécialisée
mentionne l'existence d'une relation en forme de U entre le niveau de développement
économique d'un pays, mesuré à travers son PIB par habitant, et le dynamisme
entrepreneurial10. En d’autres termes, on enregistre un fort dynamisme entrepreneurial
tant dans les zones à fort PIB par habitant que, paradoxalement, dans celles à plus faible
développement économique. Dans le premier cas, il s’agit de la réaction d’un
entrepreneur quand une opportunité de créer s’offre à lui tandis que dans le deuxième
cas, l’esprit d’entreprise constitue une stratégie de défense pour sortir du chômage dans
un contexte d’offres de travail faibles ou nulles.
L’évaluation du risque constitue aussi un facteur déterminant au moment de créer une
nouvelle entreprise car si le risque est considéré comme trop important, on peut être
amené à rejeter la création d’entreprise, même si cette option est des plus attrayantes. La
perception du risque est influencée par des facteurs divers, parmi lesquels on peut
distinguer ceux à caractère institutionnel, comme le cadre normatif ou la qualité
10
Global Entrepreneruship Monitor, Executive, 2005.
16
institutionnelle, sans oublier de tenir compte d'autres facteurs relatifs aux
caractéristiques personnelles des individus, comme l'âge, le sexe ou la nationalité, entre
autres.
D'autre part, il faut rappeler que, associé à la perception des opportunités d'affaire, il est
nécessaire que les personnes soient préparées à affronter les défis qu'implique la
création et la consolidation d’une entreprise. Il est évident, sur ce point, que le niveau
éducatif est un élément primordial pour former les citoyens à développer une activité
professionnelle mais il est tout aussi primordial de ne pas oublier que l'esprit
d’entreprise demande une qualification spécifique qu'il est important de développer à
travers des mécanismes formels, comme le système éducatif, bien qu'elle soit parfois
acquise par le biais de voies non formelles, comme les réseaux d'amis ou familiaux
voire à travers la coopération entrepreneuriale ou sa propre expérience professionnelle
préalable. Dans ce domaine, l’évaluation par les individus de leur capacité personnelle
est une valeur ajoutée fondamentale pour l'initiative entrepreneuriale
Les données existantes relatives à ces facteurs dans les PPM attestent clairement que la
population a une approche et une vision positives de l’activité d’entreprise (voir
tableaux en annexe). Ainsi, la volonté de créer une affaire ou de se consacrer à l'activité
entrepreneuriale comme option professionnelle est élevée dans la population, se situant
très au-dessus de celles enregistrées dans les pays européens. Cependant, comme
précédemment mentionné, si parmi les motivations pour démarrer une activité
entrepreneuriale dominent celles inhérentes à l'amélioration professionnelle, tant dans
l'Union européenne que dans les PPM, on constate que, dans ces derniers, elles pèsent
d’un plus grand poids car elles répondent à des raisons de nécessité (en tant que
stratégie face au chômage).
Ces intentions sont, en outre, généralement portées par des approches positives quant à
l’opportunité de faire créer des affaires et de la capacité personnelle pour les mener à
bien, supérieures dans les deux cas à celles existant dans l’Union européenne. Une autre
donnée importante est que la défiance face au risque n'est pas élevée, se situant à des
niveaux similaires, parfois même inférieurs, à ceux des pays européens.
Ces données attestent donc que ces pays disposent d’un important potentiel pour
développer un fort dynamisme entrepreneurial. Or, il s'agit de facteurs intrinsèques qui
vont dépendre, dans une large mesure, de l'amélioration des conditions régulatrices ou
institutionnelles du pays, comme exposé ci-après.
3.2. Facteurs externes
L'environnement macro-économique, institutionnel et social d'un pays influence de
manière décisive l'esprit d’entreprise, en conditionnant les possibilités de création, de
17
survie ou de réussite des entreprises. L'évaluation des facteurs liés aux contextes
économique, politique et social s'avère donc fondamentale pour déterminer les aspects
sur lesquels doivent influer les politiques visant à potentialiser la création et la
consolidation des entreprises dans les PPM.
En ce sens, la politique d’entreprise dans de nombreux pays de la région euroméditerranéenne fait partie des priorités des gouvernements même si elle s’inscrit,
généralement, dans des politiques industrielles conventionnelles centrées sur le
développement et la promotion de secteurs et d’entreprises spécifiques considérés
comme prioritaires pour le développement économique des pays, aux dépens d'une
politique d’entreprise plus transversale
Cela supposerait de développer une politique qui aborderait et intégrerait conjointement
les cadres régulateurs (simplification administrative, système financier ou système
fiscal), formatifs/éducatifs, les domaines de l'innovation, du développement et de la
créativité; le tout, dans un cadre de coopération institutionnelle, régionale et locale.
À ce sujet, et dans le cadre de la coopération entre l'Union européenne et les PPM,
différentes initiatives ont été prises, parmi lesquelles il faut souligner la mise en oeuvre
en 2004 de la « Charte euro-méditerranéenne pour les entreprises », qui établit les
principes communs pour le développement de la politique industrielle dans la région
euro-méditerranéenne11. L'objectif de cette dernière est de faciliter et de favoriser
l'investissement et le développement du secteur privé ainsi que de définir des stratégies
nationales et régionales. Comme préalable indispensable au succès de la politique
d’entreprise, elle préconise la stabilité macroéconomique et la transparence et fiabilité
du système judiciaire12. La participation des représentants économiques et sociaux, tant
du secteur privé que du secteur public, est également considérée comme un facteur clé
pour le développement et la mise en oeuvre des politiques de soutien aux entreprises.
Dans tous les cas, le début d'une activité d’entreprise est directement proportionnel à la
facilité qui existe pour monter une affaire dans un pays. En termes comparatifs, la
11
La mise en place de la politique industrielle en général, et de la Charter for Enterprise en particulier,
est réalisée par un groupe de travail (Working party on Euro-Mediterranean Industrial Cooperation)
composé de représentants des Etats membres de l’UE, de représentants des pays de la région euroméditerranéenne et d’associations diverses d’entreprises et d’organisations internationales
(Businesseurope, BusinessMed, Eurochambres, Ascame, parmi d’autres).
12
Cette initiative consiste à évaluer les progrès obtenus dans dix domaines d’action différents, en
indiquant les lacunes détectées et le besoin qui en résulte de les renforcer : 1) Simplification
administrative; 2) Encouragement de l’esprit entrepreneurial grâce à l’éducation et la formation; 3)
Amélioration des connaissances; 4) Faciliter l’accès aux ressources financières; 5) Amélioration de
l’accès aux marchés; 6) Encouragement des entreprises innovatrices ; 7) Renforcement du partenariat
entrepreneurial ; 8) Garantir la qualité des services de soutien aux entreprises ; 9) Renforcer les liens
entre l’Europe et la région euro-méditerranéenne ; et 10) Amélioration de l’accès à l’information.
18
qualité de l'environnement entrepreneurial reste insuffisante dans l'ensemble de la
région et tant le climat d'investissement que l'environnement des entreprises sont
toujours limités par de nombreux facteurs, parmi lesquels on peut dégager l'existence
d'une bureaucratie régulatrice excessive, le manque de transparence, la complexité du
cadre législatif et institutionnel, la faiblesse du système financier, la difficulté d'accès au
crédit et à la propriété. Parallèlement, les niveaux d’éducation et de formation de la
population sont encore faibles et la formation visant à la promotion de l'activité de chef
d’entreprise est insuffisante. Tout cela, qui plus est, dans un contexte social où
prédomine une culture entrepreneuriale à caractère local, fortement enracinée dans le
cadre informel de l'économie.
D'autre part, en suivant l'expérience de la majorité des pays développés et, spécialement
de l'Union européenne, il apparaît fondamental pour le développement des entreprises
de parier sur l'innovation et les nouvelles technologies dans le cadre de la société du
savoir. Pour cette raison, l'analyse de ces aspects fait l'objet d'un paragraphe spécifique
du rapport.
Environnement institutionnel et régulateur
Comme précédemment indiqué, les problèmes auxquels se confronte le secteur
entrepreneurial dans ces pays sont en rapport avec la faiblesse et la complexité des
dispositions régulatrices des marchés, sans oublier l’insuffisante qualité institutionnelle,
ce qui limite la mise en oeuvre de nouveaux projets d’entreprises ou le développement
de projets existants.
L'information disponible pour évaluer ces éléments dans les PPM par rapport à d'autres
pays est insuffisante et de ce fait, la comparaison avec d'autres pays, spécialement avec
ceux de la rive nord, s’avère difficile. Cela oblige à relativiser l'analyse effectuée dans
ce rapport. En partant de cette prémisse, et afin d'analyser quelques facteurs
déterminants pour le début de l'activité entrepreneuriale, on ne dispose que des données
fournies par la Banque Mondiale, dans « le projet Doing Business », dont le but est
d'évaluer la facilité pour réaliser des affaires dans un pays à partir de différents aspects
du cadre légal et régulateur considérés comme importants au niveau de la prise de
décision pour entreprendre un projet d’entreprise. Cela permet de classer les pays du
plus grand au plus petit en termes de facilité accordée pour la création d’entreprise.
Cependant, les résultats obtenus doivent être analysés avec précaution, car ces
indicateurs ne sont pas exempts de critiques étant donné les limites méthodologiques et
les modifications partielles des critères utilisés.
En accord avec cette source et en attribuant la valeur 1 au pays qui accorde la plus
grande facilité pour réaliser des affaires, pratiquement tous les PPM, sauf Israël, la
19
Tunisie et la Turquie, se situent dans le classement avec des chiffres supérieurs à 100, se
plaçant ainsi au-dessus de la majorité des pays européens, où seule la Grèce occupe le
109è rang. Israël se classe au rang 29, la Tunisie au 69 et la Turquie au 73 ; ces trois
pays ont donc la meilleure position dans le groupe des PPM.
Les difficultés rencontrées dans tous les pays pour lancer une activité d’entreprise sont
accentuées dans les PPM, et ce en dépit des efforts évidents réalisés au cours des
dernières années13. Ainsi, on constate que, dans la création d’entreprise, tous les
paramètres - que ce soit les procédures, le temps passé et même le coût - sont supérieurs
à la moyenne de l'Union européenne. On dénombre jusqu'à 8 procédures en moyenne
pour entamer une activité, avec une mention particulière pour l'Algérie, l'Autorité
Nationale de la Palestine et la Tunisie où 10 procédures voire plus sont nécessaires, ce
qui est également le cas dans certains pays méditerranéens du nord comme l'Espagne ou
la Grèce. Quant au nombre de jours nécessaires pour effectuer les démarches de début
d'activité, il existe une très grande hétérogénéité dans cette zone.
Cependant, c’est au niveau du coût nécessaire en termes de PIB par habitant que l’on
enregistre le plus de différences en ce qui concerne le début d’activité. A cet égard,
alors que dans l'Union européenne le coût ne dépasse pas en moyenne 5,0 %, il est cinq
fois plus élevé dans les PPM, atteignant des niveaux exorbitants au Liban (78,2), en
Egypte (55,0) et en Jordanie (49,2). Seuls Israël et la Tunisie se situent dans les niveaux
moyens de l'Union européenne.
Les difficultés rencontrées pour la création ou la fermeture d'entreprises ainsi que les
coûts élevés auxquels les chefs d'entreprise doivent faire face favorisent le
développement d'activités de caractère informel.
D'autre part, le nombre d'années nécessaire pour résoudre des cas d'insolvabilité peut
atteindre les 4 ans dans la majorité des PPM, à l'exception du Maroc et de la Tunisie,
moins de 2 ans, ce qui correspond à la moyenne dans l'Union européenne.
Dans tous les cas, malgré les efforts réalisés par tous les partenaires méditerranéens
pour permettre la création d'entreprises et dépasser ces insuffisances, les difficultés pour
la création et la liquidation d'entreprises, combinées au maintien de coûts élevés
auxquels les chefs d'entreprise doivent faire face, situent la majorité des PPM parmi les
pays partenaires de l'Union européenne comme étant ceux qui enregistrent les plus
grandes difficultés en termes de création d'entreprise. De fait, le rapport MED BEST14
13
Commission euroéenne SEC (2004), du 17 septembre 2004. Report on the measures implemented by
the Mediterranean partners to stimulate entrepreneurship and competitiveness (Med Best Report).
14
Commission européenne SEC (2004), du 17 septiembre 2004. Report on the measures implemented by
the Mediterranean partners to stimulate entrepreneurship and competitiveness (Med Best Report).
20
indiquait déjà en 2005 que si tous les partenaires avaient fourni des efforts pour faciliter
la création d'entreprises, ceux-ci s’avéraient insuffisants du fait du manque de
transparence, d’efficience et de prévision des procédures administratives nécessaires
pour créer, maintenir ou fermer une entreprise, autant d’obstacles majeurs pour un bon
environnement entrepreneurial.
Accès au financement
L'accès au crédit et les droits de propriété sont également des éléments fondamentaux
qui favorisent ou empêchent le développement du secteur des entreprises.
Si le crédit pour le secteur privé se situe à des niveaux comparables à ceux de l'Union
européenne dans la plupart de ces pays (Israël, la Jordanie, le Liban ou la Turquie), il ne
dépasse toutefois pas les 15 % en termes de PIB par habitant dans d'autres comme la
Tunisie ou l'Algérie. Bien que la faible information disponible ne permette pas
d'analyser la part exacte de financement destiné à l'activité d’entreprise, il apparaît que
les plus grandes difficultés d'accès au crédit se rencontrent en Syrie, dans l’Autorité
nationale palestinienne, en Algérie et en Jordanie, qui occupent la plus mauvaise
position par rapport au reste de la zone.
Ainsi, on peut conclure que l'accès au crédit pour le secteur privé reste limité dans les
PPM, particulièrement en ce qui concerne les PME et les micro-entreprises ; cela est dû
au fait que, dans de nombreux pays de la rive sud, le secteur bancaire et les institutions
financières non bancaires sont peu développés, que le crédit s'adresse principalement
aux entreprises étatiques, que des garanties importantes sont exigées et qu’il s'avère
parfois difficile de réclamer l'encaissement des dettes par voie judiciaire. En outre, la
difficulté d'accès au crédit est un des éléments qui contribue au développement
d'activités de caractère informel.
À ce sujet, il est nécessaire de souligner que les micro-crédits sont un instrument
financier déterminant pour renforcer l'activité entrepreneuriale dans les pays de la rive
sud. Ces prêts de faible quantité qui s’adressent principalement aux PME et aux microentreprises, c’est-à-dire à celles qui rencontrent les plus grandes difficultés dans l’accès
au crédit comme précédemment souligné, s'avèrent fondamentaux pour encourager la
création d'entreprises, pour favoriser l'apparition d'entrepreneurs et pour promouvoir un
développement économique et social équilibré dans la région.
Quant au droit de propriété, l'ensemble des PPM a toujours besoin d'une plus grande
coopération réciproque pour avancer dans la consolidation d'un cadre juridique et
institutionnel qui facilite l'accès à la propriété.
21
Education et formation
L'éducation est un mécanisme important pour créer une attitude et une culture
d’entreprise, spécialement au niveau des jeunes. Il est reconnu que l'éducation constitue
un des facteurs les plus influents dans la création et la consolidation des entreprises car
elle facilite le développement du savoir faire et des capacités qui encouragent l'esprit
d’entreprise et contribue à favoriser l'existence d'une image positive de l'activité
entrepreneuriale
Comme indiqué dans le Rapport sur la formation professionnelle comme facteur de
compétitivité et de création d’emploi : priorité des agents économiques et sociaux, les
PPM ont réalisé, tout au long des trois dernières décennies, des progrès notables dans
l’amélioration du capital humain, même si d’important problèmes subsistent comme le
taux élevé d’abandon scolaire dans le secondaire, la faiblesse des effectifs dans
l’éducation supérieure, l’offre insuffisante et la qualité médiocre, surtout au niveau des
possibilités de Formation Continue, qui se traduisent, particulièrement pour les jeunes,
par la difficulté de passage du système éducatif au marché du travail.
Il serait donc nécessaire de fournir de plus grands efforts dans les domaines de
l'éducation et de la formation, en particulier pour améliorer l'accès et la qualité des
systèmes éducatifs, mais en accordant une attention particulière à l’esprit d’entreprise au
niveau des compétences de base que doit apporter le système.
Ce n’est pas sans raison que différentes instances recommandent d’encourager l'esprit
d’entreprise dans le système éducatif tant à partir du vaste concept d'enseignement des
comportements et des capacités entrepreneurials - le développement de certaines
qualités personnelles et la sensibilisation au travail en autonomie étant entendus comme
option professionnelle - qu’à celui plus spécifique de la formation orientée vers la
création d’entreprise sur la base des qualifications nécessaires à la mise en place de
l’activité d’entreprise et de l’apprentissage sur le terrain qui est essentiel.
Cela impliquerait d’introduire l’esprit d’entreprise dans le système éducatif dès le départ
en tant qu’élément transversal et méthodologie d’enseignement. De même, il est
extrêmement important que l’on continue à l’inculquer par l'apprentissage continu,
conformément à ce qui est établi depuis longtemps par les instances européennes.
Facteurs culturels: reconnaissance sociale
La reconnaissance sociale de l’activité entrepreneuriale est un autre facteur important
pour le développement du dynamisme de l’esprit d’entreprise. Les normes culturelles et
sociales peuvent renforcer ou défavoriser le dynamisme entrepreneurial voire influencer
l’orientation et le mode de développement de l’activité économique et entrepreneuriale.
22
A ce sujet, et comme nous l’avons souligné précédemment, le poids de l’économie
informelle dans ces pays est très élevé, notamment dans l’économie domestique et dans
l’autoproduction de biens et de services. La conception sociale de ce type d’activité
d’entreprise, réalisée dans la majorité des cas par des femmes, différerait de la
conception conventionnelle des entrepreneurs dans d’autres secteurs de l’économie
formelle et il est possible que ce type d’activité soit associé, dans une moindre mesure,
au développement économique et social du pays.
Cela supposerait donc un renforcement et une mise en relief de la valeur sociale et
économique de l’activité d’entreprise, dans son acception la plus large, par la création et
le développement d’une culture entrepreneuriale dynamique et forte.
Dans cet esprit, il convient également de développer, comme le fait l’Union européenne
depuis un certain temps, des services et des réseaux d’aides aux entreprises au niveau
des pouvoirs publics avec une forte participation des organisations d’entreprises.
4. Innovation et Créativité
1. Dans le cadre de la stimulation de l’esprit d’entreprise objet du présent rapport, le
pari de l’innovation au sens large, qui se réfère à des changements quantitatifs ou à
des variations radicales dans le processus technologique ou non technologique, est
fondamental. L’introduction d’innovations technologiques, de processus (méthodes
de production ou de distribution de biens et services) ou de produit (conception de
biens et services) ou d’innovations non technologiques à caractère organisationnel
ou commercial (nouvelles pratiques dans l’organisation du travail, amélioration
dans l’utilisation ou l’échange d’informations, connaissances ou savoir-faire dans
l’entreprise, adoption de nouvelles méthodes d’organisation pour optimiser la prise
de décisions et la répartition des responsabilités) intègre, dans tous les cas, des
stratégies visant à augmenter la part de marché, la qualité des biens et services, la
capacité de production, la visibilité du commerce ou les garanties de santé et de
sécurité.
2. Dans ce sens, et en tant que base indispensable pour une infrastructure durable en
termes de recherche, développement et innovation, il est nécessaire de développer
un secteur de communications électroniques qui potentialise au maximum les
synergies entre les projets régionaux ou bilatéraux, conformément à ce qu’il est
convenu d’appeler aujourd’hui la “société de l’information”.
3. Dans le cadre de la coopération défini par le Processus de Barcelone -Union pour la
Méditerranée-, une dynamique innovatrice a été mise en oeuvre qui va au-delà de la
traditionnelle coopération euro-méditerranéenne car elle privilégie la participation
23
active des secteurs clés, avec le rôle moteur des PME, et aborde le développement
durable en tant que source d’opportunités d’affaires, capable de contribuer à la
croissance économique et au développement de cette region15. En outre, l’adoption
d’un système bi-annuel de co-présidence, qui revint à la France au cours du premier
mandat pour la partie nord et à l’Egypte pour la partie sud, implique une nouvelle
conception de l’organisation qui a rapproché les deux rives dans le cadre
institutionnel.
4.1. Développement de la société du savoir et de l’information
L’essor de la dite “société de l’information” s’est transformé en un grand défi pour le
développement économique et social des pays méditerranéens, de sorte que les
nouvelles technologies de l’information et de la communication sont considérées
comme l’une des composantes clés de la croissance. De façon générale, on mise sur la
valorisation du savoir en tant que facteur de production en mettant l’accent sur le
développement du capital humain en tant que source de compétitivité dans le futur
Cependant, la situation actuelle de la région met en relief de considérables différences
quant à l’impulsion donnée à ces technologies, très souvent en relation directe avec la
disponibilité et la qualité des infrastructures en télécommunications, l’utilisation des
applications adéquates, la réglementation et les politiques. De fait, dans la majorité des
PPM, tant les télécommunications que l’internet ont un taux de pénétration limité qui
freine la diffusion et à la compréhension du concept.
L’implication européenne dans le processus de développement de la région euroméditerranéenne trouve son expression dans le Programme régional de soutien au
développement de la Société de l’Information dans la Région méditerranéenne
(EuMedRegNet), doté de 5 millions d’euros dont l’objectif est de dynamiser les
synergies entre l’UE et les PPM dans le cadre de la société de l’information et de
permettre la création d’un milieu favorable et harmonisé pour stimuler l’investissement
en communication électronique sur la base des résultats affichés des projets antérieurs
EuMedis et NAPT II et autres initiatives régionales.
ACCES AUX TIC COMME ELEMENT DE DEVELOPPEMENT ET DE VALEUR AJOUTEE
En ce qui concerne les nouvelles technologies d’information et de communication, si
l’on enregistre, dans la zone euro-méditerranéenne, des progrès significatifs quant à leur
utilisation, l’accès à ces technologies reste inégal selon les différents groupes de
population, ce qui se traduit par une importante brèche digitale, dépendant fortement de
15
I Séminaire sur le “Co-développement méditerranéen et les nouvelles formes de compétitivité dans la
société durable de la connaissance” (Université Nebrija, 9-10 déiembre 2008).
24
facteurs de coût et de revenus, de déficiences du réseau technologique et/ou de
fourniture du service, ainsi que du niveau d’alphabétisation.
Face aux meilleurs résultats obtenus dans les pays européens (Luxembourg avec 1060
abonnés pour 1000 habitants en téléphonie mobile ou la Suède avec 570 abonnés à
internet pour 1000 habitants), Israël détient le leadership de la rive sud de la
Mediterranée en télécommunication, en disposant de 955 lignes téléphonie mobile et
243 PCs pour 1000 habitants et en avoisinant 301 connexions à internet. Cependant, le
reste des PPM se maintient à des niveaux nettement inférieurs (Tableaux en Annexe).
Pour un meilleur accès aux TIC, il est nécessaire de mobiliser le maximum de
ressources et d’introduire des réformes dans les systèmes éducatifs afin de répondre aux
besoins d’une économie basée sur la savoir, en favorisant la mobilité des étudiants,
professeurs et chercheurs entre les deux rives en tant que conditions indispensables pour
la diffusion et l’apprentissage des TIC et contribuer ainsi à pallier les écarts existants.
Toujours dans la même idée, le rapport sur les “Nouvelles connaissances, nouveaux
emplois: conséquences des nouvelles technologies”16 souligne la nécessité d’équilibrer
les deux régions en matière d’accès aux sources du savoir, en considérant comme
prioritaire la création de centres technologiques et d’excellence dans les PPM, par
exemple la mise en place d’universités virtuelles ouvertes tant aux entreprises qu’à la
société civile pour la diffusion du savoir. En outre, le rapport rappelle la responsabilité
des autorités politiques, qui orientent les programmes de formation à l’échelle nationale
ou locale, de veiller à ce que l’apprentissage de l’utilisation des NTIC soit partie
intégrante des programmes éducatifs dès l’école primaire, de prévoir une formation
conséquente des enseignants et d’encourager le secteur privé à proposer l’apprentissage
des NTIC.
Par ailleurs, le développement d’une industrie “de contenu” (software) adaptées aux
nécessités spécifiques des PPM, actuellement quasi inexistante, constitue un énorme
défi qui ne pourra être relevé que par un accroissement de la coopération entre les deux
rives.
4.2. Politiques R&D+i et transfert technologique
La promotion de l’innovation au sein des entreprises, notamment des PME, commença à
devenir réalité dans les PPM lors de la mise en oeuvre de Euromed Innovation and
16
Elaboré par les Conseil économiques et sociaux d’Algérie, Espagne, France, Grèce, Italie et Tunisie,
et présenté au Sommet de Malte en 2003.
25
Technology Programme17. Ce programme avait pour objectif d’implanter les bonnes
pratiques d’innovation dans ces pays et d’établir et de consolider les relations avec les
organismes européens publics et privés par le biais de la mise en place de réseaux actifs.
L’Observatoire méditerranéen pour l’innovation (MedIS)18, a mené le suivi des
indicateurs technologiques pour l’innovation dans ces pays, afin d’évaluer les progrès et
de faire une analyse comparée permettant d’identifier les systèmes nationaux les moins
performants dans le domaine de l’innovation et les besoins inhérents à chaque cas
malgré le peu de données statistiques disponibles sur l’innovation.
Dans tous les PPM, des efforts ont été réalisés pour déterminer les composants d’un
système d’innovation; des efforts qui se sont centrés en grande partie sur les relations
entre entreprises et universités, sur le développement de pépinières d’entreprises, sur le
développement du capital humain ou sur l’extension d’un niveau technologique adéquat
dans les programmes entrepreunariaux. La majeure partie de ces pays disposent de
centres d’innovation et de technologie (l’Egypte et le Maroc se distinguent par la
solidité de leurs institutions dans ce domaine) bien que le nombre et la sophistication de
ces organismes varient considérablement (cf. Tableau 1).
A leur tour, tous ces pays ont lancé des initiatives dans les domaines de la recherche et
de l’innovation, même si pour certains la mise en place d’une stratégie claire est encore
balbutiante (Autorité Palestinienne, Liban et Syrie), due en partie à ce que le volume
d’investissement dans ce domaine est limité par les institutions regionales 19. C’est pour
cela que, d’une façon générale, les PPM ont du mal à être présents sur la scène
internationale en tant que sources d’innovation.
En conséquence, les PPM ont, en règle générale, un poids limité dans l’innovation à
l’échelle mondiale ou régionale. Il suffit de savoir qu’à l’exception d’Israël et de la
Jordanie où le nombre de chercheurs et celui d’articles scientifiques publiés sont
comparables à la moyenne européenne, le reste de la zone présente des chiffres
nettement plus faibles. En ce qui concerne la présence de pôles technologiques et de
pépinières d’entreprises, la situation est très similaire.
17
La mise en marche de ce programme (Medibtikar-Innovation et Technologie), en vigueur entre 20062009 et doté de 7,25 millions d’euros. Son développement incluait un ensemble d’activités sur
plusieurs axes : axe 1, formation locale pour le développement de pépinières d’entreprises; axe 2,
faciliter les mécanismes pour le transfert de technologie et de connaissances ; axe 3, stimuler la
création d’entreprises innovatrices; axe 4, révision d’infrastructures innovatrices dans les pays
bénéficiaires ; et axe 5, orienté vers les secteurs prioritaires dans la région, traitement du textile et
alimentation.
18
Euromed Innovation and Technology Programm, Mediterranean Innovation Scoreboard (MedIS)
(Jordan, 25 April 2007).
19
Implementation of the Euro-Mediterranean Charter for Enterprise (2008 Enterprise Policy
Assessment)
26
Dans de précédents Rapports, le CES d’Espagne s’est prononcé sur la nécessité
d’augmenter l’effort en matière de R&D. Ainsi, dans les observations inscrites dans le
rapport “Pour une stratégie économique et de l’emploi basée sur la société du savoir
dans la Région Euro-méditerranéenne”20, le CES d’Espagne propose de renforcer
l’engagement de l’Union Européenne pour augmenter les dépenses publiques destinées
à la R&D en donnant la priorité aux secteurs stratégiques et en favorisant le
développement de structures technico-scientifiques, de transport et de
télécommunications afin de renforcer la compétitivité entre les PPM. En effet, les
investissements en R&D contribuent à encourager les échanges commerciaux et à créer
des emploi à plus forte valeur ajoutée, en améliorant la productivité et en favorisant les
conditions qui permettent l’assimilation des transferts technologiques. La proportion de
ressources destinées aux activités de R&D est encore insuffisante, et les maigres
exportations de haute technologie ou les licences accordées confirment la nécessité de
redoubler d’efforts dans ce domaine.
Le flux d’investissement vers les PPM se caractérise par l’importance des projets
d’entreprise; cependant, les projets développés par les PME et les start-up ou nouvelles
entreprises, présentent des besoins en financement spécifiques aux différentes étapes de
leur croissance, et sont naturellement à risque. De ce fait, il importe de trouver des
associés financiers compétents pour les conseils de gestion et suffisamment diplômés,
ce qui est peu fréquent sur la rive sud.
Investissement en R&D
Le peu de données disponibles relatives aux investissements en R&D dans cette région
révèlent que, outre leur insuffisance, 90 % des budgets R&D proviennent du secteur
public contre 30 % dans l’Union Européenne en dépit du fait que la majeure partie de la
recherche industrielle est réalisée dans les grandes entreprises. Par conséquent, pour
atteindre les objectifs prévus dans ces pays, la nécessité d’augmenter le leadership du
secteur privé apparaît clairement.
Ces éléments reflètent la faiblesse du tissu industriel ou du secteur des services dans les
PPM et la prédominance des petites entreprises aux moyens financiers réduits ce qui a
pour conséquence que le financement de la R&D repose quasi exclusivement sur le
secteur public, qui doit suppléer la pénurie d’investissement des entreprises privées.
20
Son élaboration a été accordée au Sommet euro-méditerranéen des Conseils économiques et sociaux
et institutions similaires, Déclaration finale (Rabat, 14-16 octubre 2008).
27
Le réseau ANIMA21 a, dans ce sens, un rôle clé lorsqu’il affirme que toutes les parties
peuvent travailler dans un schéma concerté et fiable au sein de l’espace euroméditerranéen. Concrètement, par le lancement de nouvelles offres innovantes pour les
entreprises, par une plus grande connaissance réciproque des travaux de recherche, une
meilleure identification et un meilleur suivi des projets, par le soutien au retour dans
leurs pays d’origine des chercheurs et des scientifiques, la simplification des projets
communs de recherche et d’innovation dans l’espace euro-méditerranéen et enfin, par
un changement d’approche de la part de la région sud de la Méditerranée, où la capacité
technologique serait davantage mise en valeur.
5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS
5. CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS
1.
Au cours de ces derniers mois, les pays du bassin méditerranéen se sont vus
plongés dans un processus de changements politiques, dont la portée est incertaine mais
qui, dans tous les cas, devrait représenter une chance de promouvoir le développement
économique et social dans la région. Dans ce contexte de transformations importantes,
le développement de l'esprit entrepreneurial, de l'innovation et de la création de
nouvelles entreprises constitue des éléments importants pour le développement de
nouvelles activités créatrices de valeur ajoutée et d'emploi et engendrant, par
conséquent, une diminution du taux de chômage et l'amélioration des conditions de vie
de la population.
C'est pourquoi il serait nécessaire de favoriser le développement entrepreneurial, eu
égard au rôle que jouent les entreprises et les créateurs en tant que moteurs de la
croissance et que créateurs de richesse et d'emplois, et au vu du manque de créateurs
d'entreprise constaté dans la région euro-méditerranéenne.
2.
Les politiques visant à encourager l'esprit d'entreprise, bien qu'elles aient fait
partie des priorités des pays de la région euro-méditerranéenne, n'ont pas été
suffisamment développées dans un cadre commun de coopération et de collaboration.
De plus, en général la conception de ces initiatives s'est bien souvent centrée sur le
développement et la promotion de secteurs et d'entreprises spécifiques considérés
comme prioritaires pour le développement économique de chacun des pays et elle n'a
pas été complétée par une politique entrepreneuriale à caractère horizontal.
21
Le réseau d’investissement en Méditerranée ANIMA, plateforme multi-pays de développement
économique, rassemble plus de 70 agences gouvernementales et des ressources internacionales dans la
région méditerranéenne, pour contribuer à la croissance des investissements.
28
En ce sens, et considérant le cadre de coopération euro-méditerranéenne, les politiques
visant à stimuler l'esprit entrepreneurial et l'innovation devraient faire partie d'une
stratégie partagée entre les deux rives et entre les pays qui les composent.
3.
De la même manière, le diagnostic sur l'environnement entrepreneurial dans les
PPM se trouve confronté à des problèmes et à des difficultés liés à la limite et à
l'insuffisance des informations statistiques disponibles. De plus, celles-ci ne sont bien
souvent pas à jour ni comparables et, quoi qu'il en soit, elles ne permettent pas de
connaître avec exactitude la réalité entrepreneuriale dans la zone euro-méditerranéenne
et, par conséquent, sa dynamique et son ampleur, comme clés pour favoriser
l'innovation et la compétitivité afin de parvenir à une croissance économique et à la
création d'emplois.
Il est donc nécessaire de fournir davantage d'efforts afin d'asseoir les bases d'une
meilleure connaissance de la réalité entrepreneuriale dans la région, sur la base
d'informations statistiques comparables et actualisées. Cela suppose alors de concevoir
des systèmes d'information adaptés permettant de caractériser le dynamisme du tissu
entrepreneurial dans son ensemble, à travers les flux d'entrée et de sortie des
entreprises et leurs possibilités de survie, mais également d'approfondir, dans la mesure
du possible, les caractéristiques et les comportements spécifiques au niveau sectoriel.
4.
Quoi qu'il en soit, le tissu entrepreneurial dans les PPM, de la même manière que
pour d'autres pays européens, se caractérise par la prépondérance des PME et des microPME, qui représentent près de 90 % de l'ensemble des entreprises et sont responsables
de la majeure partie de l'emploi créé (entre 60 et 70 %), qu'il s'agisse d'emploi formel ou
informel. Elles constituent également le moyen de canaliser le petit investissement,
assorti de l'augmentation correspondante de la valeur ajoutée pour la croissance
économique (entre 30 et 50 % de la valeur ajoutée de leurs économies respectives).
De même, les entreprises d'économie sociale (entreprises coopératives, mutualités,
associations pour le développement, fondations et autre formes de sociétés dans
lesquelles les salariés détiennent des parts) jouent également un rôle important dans le
développement de l'activité entrepreneuriale dans ces pays, eu égard à leur contribution
à la cohésion sociale, au développement de l'esprit entrepreneurial, à la création de
richesses au niveau local, à l'incitation à une meilleure gouvernance, au développement
durable et, en particulier, à la création d'emplois.
Il est donc fondamental de favoriser l'activité entrepreneuriale, des petites et moyennes
entreprises, mais également des entreprises d'économie sociale, car ce sont elles qui
peuvent contribuer à une croissance et un emploi durable de la manière la plus
significative. À cet égard, le développement de ce type de sociétés est indispensable
29
pour encourager la création d'emplois dans la zone, contribuer à la cohésion sociale et
à l'intégration des économies des deux rives de la Méditerranée.
5.
La réalité économique et sociale changeante d'un pays est le cadre dans lequel se
développe l'activité d'un secteur privé qui doit contribuer à atteindre la croissance
économique et la création d'emplois. De même, la qualité de ses institutions et la bonne
régulation des marchés sont également déterminants afin de favoriser l'investissement
privé et de contribuer au développement économique. À cet égard, et bien que les PPM
aient fourni des efforts importants au cours des dernières années, la qualité de
l'environnement entrepreneurial est toujours insuffisante dans l'ensemble de la région.
Le climat d'investissement, comme l'environnement entrepreneurial, continuent de subir
les contraintes imposées par de nombreux facteurs, dont l'existence d'une bureaucratie
excessive, le manque de transparence ou la complexité de l'enchevêtrement législatif et
institutionnel.
À cet égard, il est toujours nécessaire d'envisager des questions liées à une bonne
gouvernance, tant au niveau national que régional et local, permettant de disposer d'un
meilleur cadre institutionnel, juridique et administratif, dans lequel la démocratie, les
droits sociaux et professionnels, ainsi que la participation des partenaires sociaux
seraient des éléments indispensables. Il est à espérer que les récents changements
politiques et le processus de transformation des institutions dans certains PPM auront
une incidence en la matière et pourront contribuer à améliorer la qualité
institutionnelle et réglementaire et à promouvoir un climat d'investissement et
entrepreneurial favorable à la création d'activité productive et d'emploi dans la zone
euro-méditerranéenne.
D'un autre côté, il est toujours nécessaire de réorienter et de renforcer le rôle de l'État
dans les domaines les plus liés au développement durable et à la qualité de vie tels que
l'éducation, la santé ou les infrastructures, en garantissant la qualité et l'efficacité de
l'initiative publique, parallèlement à l'incitation à l'initiative privée.
La participation des représentants économiques et sociaux, publics et privés, est
également considérée comme un élément clé du développement et de la mise en place de
politiques de développement entrepreneurial.
6.
De plus, les sociétés, en particulier les PME, rencontrent de nombreux problèmes
pour leur développement et leur survie, dus bien souvent aux difficultés d'accès au
financement et à l'investissement, l'obtention de ressources humaines qualifiées ou la
réception d'assistance administrative et technique, et qui finissent par se traduire par des
taux de mortalité plus élevés.
30
C'est pourquoi il est nécessaire de faciliter l'accès aux sources de financement, bien
souvent grâce à l'investissement étranger direct ou les microcrédits, ou encore le crédit
coopératif, des éléments qui s'avèrent fondamentaux pour faciliter la création
d'entreprises, en particulier des PME, favoriser l'apparition de créateurs d'entreprises
et stimuler un développement économique et social équilibré dans la région.
Il est également nécessaire de garantir une formation adaptée permettant de disposer
des compétences suffisantes pour le succès de l'initiative entrepreneuriale, mais aussi
d'accéder aux réseaux de soutien et d'assistance entrepreneuriale, qui peuvent
constituer un élément clé dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne.
7.
L'esprit d'entreprise dépend en grande mesure de l'attitude positive de ceux qui la
composent envers les sociétés ainsi que de leur motivation et de leur capacité à se lancer
dans la création d'une nouvelle affaire. Les données existantes concernant ces facteurs
dans les PPM mettent en avant le fait que parmi cette population, les attitudes positives
envers l'activité entrepreneuriale prévalent. Ainsi, les intentions de création d'une affaire
ou de se consacrer à l'activité entrepreneuriale comme option professionnelle sont
élevées. De plus, ces intentions s'accompagnent généralement de perceptions positives
des opportunités d'affaire et de formation personnelle pour leur mise en œuvre, mais
également de faibles niveaux d'aversion du risque.
Ces informations montrent donc que ces pays disposent d'un potentiel important de
facteurs intrinsèques afin de développer un fort dynamisme entrepreneurial qui
devraient être stimulés et renforcés, car ils influent de manière décisive sur l'esprit
d'entreprise et conditionnent les possibilités de naissance, de survie et de succès
entrepreneurial.
8.
À cet effet, les attitudes positives envers la création d'entreprise peuvent être
encouragées grâce à l'enseignement. Ainsi, les niveaux éducatifs et de formation de la
population sont toujours bas et la formation visant à encourager l'activité
entrepreneuriale est insuffisante. Tout ceci, en outre, dans un contexte social où
prédomine une culture entrepreneuriale à caractère local et fortement enracinée dans le
secteur informel de l'économie.
Il conviendrait donc de fournir des efforts plus importants en matière d'enseignement et
de formation, en particulier concernant l'amélioration de l'accès et de la qualité des
systèmes éducatifs, mais en accordant une attention particulière à l'esprit d'entreprise
dans les compétences de base que doit garantir le système.
Cela impliquerait d'introduire le système entrepreneurial dans les systèmes éducatifs
dès le départ, comme aspect transversal et comme méthodologie d'enseignement. De
31
même, il est extrêmement important de continuer à l'inculquer grâce à l'apprentissage
permanent, comme le reconnaissent depuis longtemps certaines instances européennes.
9.
La reconnaissance sociale de l'activité de création d'entreprise est un autre facteur
important pour le développement du dynamisme entrepreneurial. À cet égard, le poids
de l'économie informelle dans ces pays est très élevé. Il est basé en grande partie sur
l'économie familiale et l'autoproduction de biens et de services et, dans la majorité des
cas, il est réalisé par des femmes.
Cela supposerait de tenter de renforcer et de mettre en avant la valeur sociale et
économique de l'activité entrepreneuriale au sens le plus large, afin de créer et de
développer une culture de création d'entreprise dynamique et forte.
Il conviendrait également de développer des services et des réseaux de soutien aux
créateurs et aux entreprises au sein des services publics, avec une forte participation
des organisations entrepreneuriales elles-mêmes.
D'autre part, il conviendrait de favoriser une meilleure participation de la femme, en lui
accordant davantage d'importance et en lui offrant une présence plus prononcée dans le
secteur structuré de l'économie. D'une manière plus générale, pour les femmes,
l'activité entrepreneuriale constitue une option pour sortir de la situation de chômage.
Il serait donc opportun que, lors de la promotion de l'initiative entrepreneuriale, des
mesures destinées spécifiquement aux femmes soient intégrées, comme des programmes
de formation et de soutien qui aborderaient également les instruments financiers les
plus accessibles.
De même, concernant la population jeune, et au vu des taux de chômage élevés qui la
caractérisent, il conviendrait de concevoir des mesures spécifiques afin de favoriser
leur insertion sur le marché du travail. L'activité entrepreneuriale peut constituer un
débouché professionnel pour les jeunes, qu'il convient d'encourager.
10.
En ce qui concerne les aspects à caractère social et professionnel, il convient de
souligner la nécessité de continuer à progresser vers le respect et la mise en œuvre des
règles et des droits fondamentaux à valeur universelle en matière professionnelle et sur
la mise en place de droits sociaux et professionnels minimums incontournables, en toute
égalité de chances entre les hommes et les femmes. D'un autre côté, le renforcement de
la négociation collective et du dialogue social entre les partenaires économiques et
sociaux forts doit être un objectif partagé par tous les pays de la zone euroméditerranéenne.
La mise en valeur de l'innovation est très liée au développement d'initiatives en matière
de création d'entreprises. L'intégration d'innovations technologiques, de procédés ou de
produits, ou d'innovations non technologiques à caractère organisationnel, commercial
32
ou sociale intègre, dans tous les cas, des stratégies visant à augmenter la part de marché,
la qualité des biens et des services, la capacité de production, la visibilité de l'entreprise
ou les garanties de santé et de sécurité.
Ainsi, le progrès de la société de l'information est devenu un grand défi pour le
développement économique et social de l'ensemble des pays, de sorte que les nouvelles
technologies de l'information et de la communication sont considérées comme des
composantes clés de la croissance.
C'est pourquoi il semble opportun de miser sur la connaissance comme facteur de
production, en consacrant davantage d'efforts à l'amélioration du capital humain, qui
constitue l'une des clés de la compétitivité. Cela impliquerait d'améliorer l'accès aux
TIC et de réformer les systèmes éducatifs pour répondre aux besoins d'une économie
basée sur la connaissance. Ainsi, et afin de parvenir à une durabilité à long terme, il est
indispensable de disposer d'une infrastructure en matière de recherche, de
développement et d'innovation.
11.
La situation actuelle de la région met en évidence des différences considérables
en matière de développement des technologies de l'information et de la communication,
fréquemment liées à la disponibilité et à la qualité des infrastructures de
télécommunication, à la mise en œuvre des applications, des réglementations et des
politiques correspondantes. D'autre part, la promotion de l'innovation en matière
entrepreneuriale dans ces pays s'est appliquée à encourager les relations entre les
entreprises et les universités, le développement de couveuses d'entreprises ou la mise en
place d'un niveau technologique adapté dans les programmes entrepreneuriaux.
Dans le cadre de la coopération intrarégionale, il est nécessaire de développer un
secteur de communications électroniques qui maximise les énergies entre les projets
régionaux et/ou bilatéraux, afin de donner naissance à ce qui est aujourd'hui connu
sous le nom de "société de l'information" dans la région. La promotion d'une meilleure
coopération entre les entreprises et la création de centres technologiques est également
considérée comme une priorité.
En matière d'innovation, les pays de la région manquent d'une stratégie claire dans ce
domaine, qui leur apporterait une présence supérieure sur la scène mondiale, comme
des sources d'innovation. Il serait donc opportun de progresser vers le développement
de cette stratégie au niveau national, mais également de manière coordonnée pour
l'ensemble de la région.
12.
Cette stratégie devrait s'accompagner des ressources suffisantes. À cet égard, les
données disponibles révèlent que les ressources destinées à la recherche et au
développement dans ces pays sont encore insuffisantes, avec une présence majoritaire
33
du secteur public qui apporte 90 % des ressources. De même, la plus grande partie des
investissements industriels réalisés est développée au sein des grandes entreprises, en
parfait contraste avec le poids prédominant des PME dans la structure entrepreneuriale
de ces pays.
Ainsi, la nécessité d'augmenter l'implication du secteur privé en matière de recherche et
de développement semble claire. Cela suppose de lancer de nouvelles offres innovantes
pour les entreprises, une meilleure connaissance réciproque des travaux de recherche,
un effort plus important en matière d'identification et de suivi des projets, le soutien
concernant le retour des chercheurs et des scientifiques méditerranéens vers leur pays
d'origine, la simplification des projets conjoints de recherche et d'innovation dans la
zone euro-méditerranéenne et, enfin, un changement de perception afin que la capacité
technologique soit davantage valorisée.
13.
En définitive, sans renoncer à aucune des propositions présentées ici, il
conviendrait de souligner la nécessité d'agir sur le développement de la coopération
inter et intrarégionale. Pour cela, l'incitation à la participation des partenaires
économiques et sociaux dans le développement d'un environnement politique favorable
et, concrètement, la mise en place de politiques communes de mesures incitatives en
faveur des entreprises, constitue un facteur déterminant.
34
ANNEXE DE TABLEAUX
TABLEAU 1
CONTEXTE MACROECONOMIQUE DE L’UE ET DES PAYS MEMBRES
MEDITERRANEENS
Países
Unión Europea
Alemania
Austria
Belgica
Bulgaria
Chipre
Dinamarca
Eslovaquia
Eslovenia
España
Estonia
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Irlanda
Italia
Letonia
Lituania
Luxemburgo
Malta
Polonia
Portugal
Reino Unido
R. Checa
Rumanía
Suecia
PSM
Argelia
Egipto
Israel
Jordania
Líbano
Marruecos
A. Palestina
Siria
Tunez
Turquía
Crecimiento medio
anual del PIB (%)a
VAB sectorial (%PIB)
Agric.
2008
Indust.
Serv.
-4,9
-3,5
-3,0
-5,0
-1,7
-4,9
-4,7
-7,8
-3,6
-14,1
-7,8
-2,6
-2,0
-4,0
-6,3
-7,1
-5,0
-18,0
-14,8
-3,4
-1,5
1,7
-2,6
0,7
-4,1
-7,1
-5,1
0,9
1,9
0,8
7,3
2,1
1,3
3,1
2,8
2,9
2,7
2,0
3,3
1,7
4,3
2,0
3,1
0,4
4,5
2,4
0,7
2,5
7,1
1,6
30,2
30,9
23,2
30,5
19,6
26,1
38,0
28,9
29,1
32,4
20,4
19,7
25,5
29,4
27,0
22,7
15,9
30,8
23,9
23,7
37,6
25,2
27,9
2,0
4,7
0,7
2,8
9,0
5,2
4,0
3,0
-4,5
8,2
14,1
3,2
6,4
13,7
18,1
10,3
8,7
61,1
36,3
29,4
24,0
27,3
35
29,6
28,3
2001-2008
2009
1,3
2,1
1,8
5,6
3,6
1,3
6,2
4,3
3,1
6,7
3,0
1,7
3,9
1,9
3,4
4,5
0,8
7,4
7,4
3,8
1,8
4,2
1,0
2,3
4,3
6,3
2,6
4,0
4,9
3,2
7,1
4,9
5,1
4,1
4,8
4,5
Déficit
Renta Nacional
Deuda pública (%
Bruta per capita Inflaciónb público (%
PIB)b
b
en PPA (en $)
PIB)
2008
2009
2009
2009
69,0
67,2
76,1
62,2
78,3
72,6
58,9
68,3
68,0
64,9
77,6
77,0
72,9
66,2
71,0
74,2
83,7
64,6
73,7
75,6
59,9
67,6
70,5
35.950
37.360
35.380
11.370
24.980
37.530
21.460
27.160
30.830
19.320
35.940
33.280
28.300
40.620
18.210
35.710
30.800
16.010
17.170
52.770
22.460
16.710
22.330
36.240
22.890
13.380
37.780
0,2
0,4
0,0
2,5
0,2
1,1
0,9
0,9
-0,2
0,2
1,6
0,1
1,3
1,0
4,0
-1,7
0,8
3,3
4,2
0,0
1,8
4,0
-0,9
2,2
0,6
5,6
1,9
-3,3
-3,4
-6,0
-3,9
-6,1
-2,7
-6,8
-5,5
-11,2
-1,7
-2,2
-7,5
-13,6
-5,3
-4,0
-14,3
-5,3
-9,0
-8,9
-0,7
-3,8
-7,1
-9,4
-11,5
-5,9
-8,3
-0,5
73,2
66,5
96,7
14,8
56,2
41,6
35,7
35,9
53,2
7,2
44,0
77,6
115,1
60,9
78,3
64,0
115,8
36,1
29,3
14,5
69,1
51,0
76,8
68,1
35,4
23,7
42,3
30,7
49,6
67,4
69,6
59,0
46,9
60,0
63,0
7.890
5.470
27.450
5.720
11.750
4.190
4.490
7.460
13.420
4,5
14,1
4,8
14,9
10,8
3,9
14,5
5,0
6,3
11,4
-7,8
-6,1
-9,9
1,9
-3,2
-0,8
-
7,2
76,5
66,1
162,5
48,5
30,8
48,2
-
a) Eurostat est la source de données sur la croissance moyenne du PIB pour tous les pays de l’Union
européenne et la Turquie. Pour les PPM, la source de données est le FMI.
b) Données 2009 pour l’UE et la Turquie, pour les PPM données 2008.
Source: Banque Mondiale, World Development Indicators 2009, Eurostat et Fond Monétaire
International, Regional Economic Outlook. Middle East and Central Asia, 2009.
35
TABLEAU 2
CONTEXTE SOCIO PROFESSIONNEL DE L’UE ET LES PAYS MEMBRES
MEDITERRANEENS
Población Crecimiento
total
de población
Países
Unión Europea
Alemania
Austria
Bélgica
Bulgaria
Chipre
Dinamarca
Eslovaquia
Eslovenia
España
Estonia
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Irlanda
Italia
Letonia
Lituania
Luxemburgo
Malta
Polonia
Portugal
Reino Unido
R. Checa
Rumanía
Suecia
UE 27
PSM
Argelia
Egipto
Israel
Jordania
Líbano
Marruecos
A. Palestina
Siria
Túnez
Turquía
Millones
%
2006
2006
82,6
8,3
10,4
7,7
0,8
5,4
5,4
2,0
43,9
1,3
5,3
6,1
11,1
16,4
10,1
4,2
58,8
2,3
3,4
4,6
0,4
38,1
10,6
60,5
10,2
21,5
9,1
440,5
-0,1
0,6
0,7
-0,5
1,8
0,4
0,1
0,3
1,6
-0,2
0,4
0,8
0,4
0,2
-0,2
2,4
0,6
-0,5
-0,6
3,4
0,7
-0,1
0,3
0,6
0,3
-0,2
0,6
33,4
74,1
6,8
5,7
4,1
30,9
3,9
19,4
10,2
73,9
1,5
1,8
1,8
2,3
1,1
1,2
3,4
2,7
1,0
1,3
Tasa de
Población Población
menor de de 65 años actividad Tasa de empleo
(%
15 años
y más
(% 15-64)
(% del total) (% del total) mayores
de 15
años)
2005
2005
Total Mujeres
14,3
15,5
16,8
13,8
18,8
16,7
17,6
16,8
59,7
61,2
53,7
53,8
70,7
72,1
62,4
64
65,4
65,8
56,2
59,5
Tasa de paro
Total
Mujeres
7,3
3,8
7
5,6
7,2
4,1
7,6
5,8
Tasa de
paro
juvenil
(hasta 24
años)
9,8
8
18
12,7
-
-
64,2
70,9
62,9
3,8
4,3
9,5
18,8
16,7
13,9
14,3
15,2
17,3
18,2
14,3
18,2
15,7
20,2
14,0
14,7
16,7
18,9
15,0
11,8
15,6
16,5
16,5
15,9
16,6
18,2
14,1
15,2
10,9
20,0
16,9
15,5
13,8
66,0
59,3
59,5
59,1
61,1
61,5
56,9
53,5
66,6
50,1
63,4
49,3
62
56,7
56
78,1
62,3
68,6
64,3
69,8
71,1
65,2
61,9
77,2
56,7
67,6
58,7
68,6
64,3
63,4
74,3
54,6
64,2
54,9
66,3
69
60,7
48,7
71,1
50,6
60,2
47,2
65,4
61,8
55,1
3,3
9,5
4,4
11,3
5,5
6,4
7,8
7,7
2,8
7,8
6,3
6,8
7,5
5,8
4,9
3,7
10,9
4,8
13,0
5,3
6,7
8,3
11,4
3
8,1
4,8
8,5
6,9
5,6
6
7,6
19
10,4
24,6
12
16,5
18,9
22,1
5,3
19,9
13,3
21,3
13,1
13,4
16,8
-
-
49,4
55,2
37,4
5,9
6,5
11,9
16,3
15,9
17,9
14,6
15,4
17,5
15,6
12,9
17,1
16,0
14,2
14,8
17,2
54,2
62,5
62,8
58,5
54,5
63,9
59,2
68,2
71,5
66,6
59
74,3
52,4
62,5
65,8
57,6
52,5
71,8
7,1
7,7
5,6
4,4
5,8
6,2
8
9
5,1
5,6
4,7
6,5
17,3
16,4
15,0
9,9
18,6
20
29,6
33,6
27,8
37,2
28,6
31,1
46,0
36,9
25,9
29,2
4,5
4,8
10,1
3,2
7,3
4,8
2,7
3,1
6,3
5,4
42,5
49,8
62,9
37,7
47,1
52,4
41,3
46,4
50,0
47,6
37,2
44,2
60,0
n.d.
32,2
46,3
31,6
n.d.
39,9
45,9
12,7
17,7
50,0
n.d.
15,1
24,6
11,5
n.d.
20,7
24,3
12,3
11,2
8,4
14,0
7,9
9,7
23,6
8,1
14,3
9,4
14,4
25,1
9,0
25,0
9,5
9,7
20,5
19,9
17,3
9,5
24,2
34,1
18,2
35,6
19,9
16,6
35,7
18,3
31,2
18,1
16,4
Source: Banque Mondiale, World Development Indicators 2009, Eurostat et Fond Monétaire
International, Regional Economic Outlook. Middle East and Central Asia, 2009
36
TABLEAU 3
DEMOGRAPHIE DES ENTREPRISES
Indicadores
Países
Unión Europea
Alemania
Austria
Bélgica
Bulgaria
Chipre
Dinamarca
Eslovaquia
Eslovenia
España
Estonia
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Irlanda
Italia
Letonia
Lituania
Luxemburgo
Malta
Polonia
Portugal
R. Checa
Reino Unido
Rumanía
Suecia
Nuevas
Empresas
empresas
registradas
creadas
(Nº)
(Nº)
2007
2007
573.985
76.374
354.489
315.037
200.060
135.330
47.312
2.435.689
120.294
1.267.419
273.549
180.891
638.987
67.095
30.049
423.719
244.417
2.546.200
870.195
326.052
Países Socios Mediterráneos
Argelia
105.128
Autor.Nac. Palestina
Egipto
367.559
Israel
162.910
Jordania
102.716
Líbano
63.423
Marruecos
155.947
Siria
2.268
Tunez
63.584
Turquía
764.240
Tasa de creación
de empresas
Microempresas y
pymes
Participación
femenina en el
accionariado
(% de nuevas
Acumulado por 1000 (en % sobre el
empresas sobre el
total de
en nº
habitantes
total de empresas)
empresas)
2007
2000-2005
2008
3.484
28.016
49.328
28.811
16.025
4.957
145.593
10.424
137.481
28.153
18.704
77.587
12.017
6.578
2.711
26.388
30.934
16.395
449.700
103.733
27.994
4,56
7,90
15,66
14,40
11,84
10,48
5,98
8,67
10,85
10,29
10,34
12,14
9,80
9,02
7,30
6,71
17,66
11,92
8,59
3.162.111
252.399
686.533
216.489
257.950
70.553
91.066
3.168.735
65.194
221.000
2.612.960
771.000
735.160
97.000
4.486.000
32.571
56.428
1.654.822
693.000
4.415.260
392.544
898.454
38,3
30,9
66,2
27,7
47,8
13,1
45,6
73,0
48,4
42,4
43,2
69,9
45,0
24,3
77,9
13,8
16,5
43,3
66,4
73,8
18,1
99,6
33,93
30,9
42,18
36,26
42,38
46,26
38,7
47,91
25,01
47,93
-
10.662
10,14
2,61
11,55
7,50
4,93
8,60
9,52
10,50
12,25
580.000
97.194
468.338
141.327
450.000
210.134
18,7
27,7
67,6
26,7
15,4
3,1
15,03
18,0
33,96
13,1
27,9
13,12
40,68
9.595
18.814
7.706
3.127
13.407
216
6.675
93.634
Note: Les données en itallique proviennent de la dernière année disponible, généralement l’année
précédente.
Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010
37
TABLEAU 4
FACILITE POUR FAIRE DES AFFAIRES
Indicadores
Países
Unión Europea
Alemania
Austria
Bélgica
Bulgaria
Chipre
Dinamarca
Eslovaquia
Eslovenia
España
Estonia
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Irlanda
Italia
Letonia
Lituania
Luxemburgo
Malta
Polonia
Portugal
R. Checa
Reino Unido
Rumanía
Suecia
PSM
Argelia
Autor.Nac. Palestina
Egipto
Israel
Jordania
Líbano
Marruecos
Siria
Tunez
Turquía
Facilidad
Procedimientos
Tiempo requerido Coste de Crédito Financiación Certificaciones Tiempo para
para hacer necesarios para el para el inicio de inicio de al sector bancaria a
ISO
resolver
negocios inicio de la actividad
un negocio
actividad privado empresas
reconocidas insolvencias
(Ranking
1=más
facilidad)
2009
(Nº)
(Días)
2009
2009
25
28
22
44
40
6
42
53
62
24
16
31
109
30
47
7
78
27
26
64
9
8
3
4
6
4
6
3
10
5
3
5
15
6
4
4
6
5
7
6
18
28
4
18
8
6
16
6
47
7
14
7
19
10
4
13
10
16
26
24
72
48
74
5
55
18
6
6
8
6
6
3
136
139
106
29
100
108
128
143
69
73
14
11
6
5
8
5
6
7
10
6
(en % del
PIB per (% PIB)
cápita)
2009
2008
107,85
119,10
94,49
74,49
257,32
217,99
38,47
44,74
85,63
97,37
85,76
107,80
93,50
77,44
69,60
217,05
105,05
90,19
62,71
197,46
32
6
15
13
10
15
4,7
5,1
5,3
1,7
0,0
2,0
0,0
15,0
1,7
0,9
0,9
10,9
5,6
8,0
0,3
17,9
2,1
2,4
1,8
17,9
6,4
9,2
0,7
2,9
0,6
24
49
7
34
13
9
12
17
11
6
12,1
16,1
55,0
4,2
49,5
78,2
16,1
27,8
5,7
14,2
13,51
211,14
42,94
90,09
83,76
75,90
129,56
15,63
66,65
193,17
49,79
52,77
32,61
179,70
201,39
(%
empresas)
(% empresas)
(Años)
2008
2009
2009
34,68
19,91
31,47
52,22
26,95
28,00
41,46
21,23
48,72
39,40
37,29
47,37
18,22
15,59
40,68
17,29
33,39
43,49
37,29
26,13
5,57
4,98 (2007)
18,18 (2006)
21,09 (2008)
15,53 (2006)
20,91 (2006)
17,28 (2007)
51,90
30,04 (2008)
Note: Les données en itallique proviennent de la dernière année disponible, généralement l’année
précédente.
Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010.
38
1,2
1,1
0,9
3,3
1,5
1,1
4,0
2,0
1,0
3,0
0,9
1,9
2,0
1,1
2,0
0,4
1,8
3,0
1,5
2,0
3,0
2,0
6,5
1,0
3,3
2,0
2,5
4,2
4,0
4,3
4,0
1,8
4,1
1,3
3,3
TABLEAU 5
PARTICIPATION PRIVEE DANS LES PROJETS D’INVESTISSEMENT EN
INFRASTRUCTURES
(Millions de dollars)
Energía
2.320,0
469,0
104,0
3.434,0
-
Telecomunicaciones
264,0
1.414,0
90,3
843,0
95,4
99,0
3.954,0
-
Argelia
E gipto
Is rael
J ordania
L íbano
Marruecos
S iria
T unez
T urquía
Autoridad Nacional P ales tina
Source: Banque Mondiale, World Developments Indicators 2010.
Agua y
saneamientos
874,0
-
Transportes
161,0
640,0
675,0
200,0
37,0
840,0
1.843,0
-
TABLEAU 6
INDICATEURS SUR LA SITUATION DES ENTREPRISES
Tasa de actividad
empresarial ya
establecida
Indicadores sobre actividad
empresarial
Unión Europea
Alemania
Bélgica
Dinamarca
Eslovenia
España
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Italia
Letonia
Reino Unido
Rumanía
Países Socios Mediterráneos
Argelia
Autoridad Nacional Palestina
Israel
Jordania
Libano
Marruecos
Siria
Túnez
Motivación
Tasa de espíritu Tasa de inicio de la
para la
Etapa inicial de la
empresarial
actividad
actividad
actividad
inicial
empresarial
empresarial
por necesidad
(% de población activa
(% de población activa
(% de población
que es emprendedora y (% de población que es emprendedora y activa que está en
lleva desarrollando una
activa en fase
lleva desarrollando una
fase inicial de una
actividad empresarial inicial de actividad actividad empresarial por actividad empresarial
por un periodo superior
empresarial)
un periodo inferior a 42
o es nuevo
a 42 meses)
meses)
empresario)
Motivación para
la actividad
empresarial por Interrupción del
negocio
mejora de
situación
personal
(% de TEA)
(% de TEA)
(% de población
activa que en los
últimos 12 meses
ha interrumpido su
vinculación con una
actividad
empresarial)
5,1
2,5
4,7
5,6
6,4
8,5
3,2
15,1
8,1
6,7
5,8
9,0
6,1
3,4
2,2
2,0
1,6
3,2
2,3
2,9
3,1
4,5
3,1
5,4
1,8
5,3
2,7
2,8
2,1
1,6
2,0
2,1
2,8
2,3
1,4
4,7
4,1
3,7
1,9
5,4
3,2
2,3
4,1
3,5
3,6
5,4
5,1
5,2
4,3
8,8
7,2
9,1
3,7
10,5
5,7
5,0
31
9
7
10
16
19
14
26
10
24
14
32
16
34
43
55
56
69
41
62
67
47
57
45
57
54
43
31
1,8
1,3
1,1
1,3
2,0
2,1
1,9
2,6
2,5
3,2
1,1
3,3
2,1
3,6
4,7
6,9
4,3
5,3
16,0
15,2
6,7
10,2
11,3
3,0
3,4
5,9
6,7
6,9
3,4
2,2
5,6
5,9
2,7
4,9
8,8
9,4
5,1
7,2
16,7
8,6
6,1
10,2
15,0
15,8
8,5
9,4
18
37
25
28
18
25
37
20
51
33
48
35
60
57
43
57
7,9
7,1
4,0
6,8
4,6
3,7
7,4
4,8
Source: Global Entrepreneurship Monitor 2009, Executive Report.
39
TABLEAU 7
PERCEPTIONS ET ATTITUDES PAR RAPPORT A L’ACTIVITE ENTREPRENEURIALE
Percepción de
oportunidades
de negocio
Percepción de
capacidades
personales
22
15
34
29
16
40
24
26
36
3
25
18
24
14
40
37
35
52
48
35
27
58
47
41
41
50
47
27
37
28
37
30
45
26
47
45
29
33
39
40
32
53
48
50
29
44
54
53
54
15
52
56
38
57
77
78
62
40
31
36
37
39
21
24
18
34
Unión Europea
Alemania
Bélgica
Dinamarca
Eslovenia
España
Finlandia
Francia
Grecia
Holanda
Hungría
Italia
Letonia
Reino Unido
Rumania
Países Socios Mediterráneos
Argelia
Autoridad Nacional Palestina
Israel
Jordania
Libano
Marruecos
Siria
Túnez
Actividad
emprendedora
como opción
profesional
Interés de los
medios de
comunicación por la
actividad
empresarial
5
5
3
10
4
4
16
15
5
13
4
10
4
6
54
46
47
56
63
45
65
66
84
42
72
59
48
58
50
33
25
57
37
68
50
32
64
32
44
51
44
47
22
24
14
25
22
27
54
54
57
88
61
81
85
82
89
87
39
52
50
70
65
74
55
70
Aversión al
Intenciones
riesgo
emprendedoras
Source: Global Entrepreneurship Monitor 2009, Executive Report.
TABLEAU 8
INNOVATION DANS LES PPM
Indicadores tecnológicos, 2002 (1)
(nº /1.000 habitantes)
Teléfonos
fijos
Argelia
Egipto
Israel
Jordania
Libano
Marruecos
Siria
Terr. Palestinos
Túnez
Turquía
61
110
467
127
199
38
123
87
117
281
Teléfonos Ordenadores Usuarios
móviles
personales de Internet
13
67
955
229
227
209
23
93
52
347
8
17
243
38
81
24
19
36
31
45
16
28
301
58
117
24
13
30
52
73
(indice)
Acceso
digital a
Internet
37
40
70
45
48
33
28
41
48
Tecnoparques y semilleros, 2004 (2)
(número)
Polos
tecnológicos y
Semilleros e
parques
incubadoras de
científicos
empresas
("tecnoparques")
5
3
2
1
4
1
0
1
2
15
0
5
26
1
0
8
0
1
10
2
Gasto I+D (% PIB)
Total (3)
Empresas (4)
1985
1998
1998
0,30
0,30
0,30
0,50
0,01
0,02
0,82
0,01
0,01
0,01
0,30
0,30
0,30
0,30
0,30
0,30
0,30
0,17
Source: Réseau euro-méditerranéen des Agences de Promotion de l’Investissement (ANIMA), Notes et
documents nº 9 (décembre 2005) (1 y 2); chiffres UNESCO (3); UNIDO Industrial Development Report
2002-2003 (4).
40
MEDAILLON 1
POLITIQUES R+D+I DANS LES PAYS MEMBRES MEDITERRANEENS
Algérie: Elle ne dispose toujours pas d’une politique R+D ou d’innovation en tant que telle même
si elle est dans une phase de développement d’une stratégie R+D ni d’éléments pour la création
d’une infrastructure d’innovation alors même que l’Agence nationale pour l’évaluation des
résultats de recherche tente d’intensifier la relation entre recherche et développement des
entreprises. Elle possède un fond capital risque (FINALEP) et a entrepris une réforme de la
réglementation afin d’améliorer les conditions de participation du capital privé, ayant déjà
élaborés les plans pour améliorer la disponibilité du capital risque et apporter le financement aux
PME. Récemment, et dans le cadre du programme Medibtikar, des services ont été mis en place
destinés à l’aide à la création de pépinières d’entreprises (axe1).
Egypte: Elle dispose d’une politique d’innovation mise en oeuvre par le biais de mesures de
soutien à l’investissement, capital risque, pépinières d’entreprises, la modernisation des entreprises
et le développement de PME innovatrices, même si l’on déplore l’absence d’un organisme de
coordination. Cette politique est menée grâce à des programmes relevant des principaux ministères
avec l’assistance des organisations donatrices. Le Fond social pour le développement (SFD) est le
point de référence dans ce domaine car il finance des établissements d’affaires et des pépinières,
un Programme de modernisation industrielle (IMP) ainsi que l’Autorité générale pour
l’investissement (GAFI). Par ailleurs, un réseau de soutien au transfert technologique avec
l’Europe a été mis en place, pour une plus grande intégration dans le réseau entrepreneurial
européen (EEN).
Israël: Deux défis doivent être relevés: d’une part, son économie est considérée comme hautement
innovatrice par rapport aux grandes économies industrialisées et de ce fait, de nombreuses activités
proposées dans le cadre du programme Medibtikar pourraient représenter un frein à la récente
capacité innovatrice; d’autre part, la situation politique actuelle pourrait astreindre sa participation
à certaines activités. Malgré tout, des résultats tangibles ont été obtenus tels que l’impulsion
donnée aux projets de recherche conjoints d’entrepreneurs et chercheurs palestiniens et israéliens,
ou la consolidation des relations entre organisations de l’industrie textile avec leurs associés en
Jordanie, au Maroc et en Egypte.
Jordanie: Bien qu’il n’existe aucune politique spécifique d’innovation ciblant la transformation
des entreprises ou le développement des ressources humaines, la Jordanie a pour objectif la
création d’une société innovatrice par le renforcement de la stratégie d’innovation. Le Ministère de
la Planification et Coopération Internationale (MoPIC) coordonne et évalue les initiatives
internationales concernées sur la base de travaux visant à établir une cartographie des secteurs
industriels et des clusters et à analyser et évaluer les secteurs afin d’améliorer leur compétitivité.
L’Equipe jordanienne de compétitivité nationale (JNCT) est en train de mettre en place un
observatoire de compétitivité industrielle car elle dispose du potentiel pour fournir des inputs à
l’industrie nationale et à la politique d’innovation. Les résultats du programme Medibtikar ont
permis le transfert du savoir en matière de processus et méthodes de soutien aux pépinières
d’entreprises, en potentialisant la capacité exportatrice du secteur agroalimentaire grâce à la
certification d’origine ou en offrant de nouvelles opportunités en réseau au secteur textil.
Liban: en 2007, les négociations se sont ouvertes pour sa participation au Programme Cadre
Compétitivité et Innovation, via le Programme Medibtikar, qui vise également le soutien aux
industries alimentaires et textiles, par la promotion de produits spécifiques pour une
reconnaissance internationale de sa qualité et de ses caractéristiques intrinsèques
Maroc: Il possède une réelle politique d’innovation dont les compétences sont réparties sur
plusieurs ministères, notamment celui de l’Industrie chargé de la recherche scientifique et du
développement technologique. C’est là le résultat des initiatives et propositions conjointes du dit
organisme et du Ministère de l’Education, du Conseil national pour la recherche en sciences et
technologie (CNRST), de l’Organisation nationale de la propriété intellectuelle et R&D du Maroc
et de l’Association marocaine de R&D pour les aspects liés à l’innovation. Parmi les objectifs
prioritaires, on trouve le développement des pépinières d’entreprises, celui du programme de
changement radical pour améliorer l’accès de l’industrie à l’infrastructure, au savoir et à
l’information ou celui d’interface entre les universités et l’industrie. Un bon niveau de
coordination de la politique d’innovation est atteint grâce au Comité interministériel permanent
41
pour la recherche scientifique et le développement technologique, créé en 2000. Actuellement, le
gouvernement développe un nouveau “Réseau pour l’innovation et la créativité”. Le programme
Medibtikar a stimulé l’intérêt du gouvernement pour fournir des structures d’innovation, les
contacts entre les acteurs nationaux et régionaux et la formation de spécialistes en soutien à
l’innovation.
Territoires palestiniens: en 2006, la majeure partie de l’infrastructure palestinienne d’innovation
était sous-développée et en grande difficulté pour la mise en oeuvre des activités prévues dans le
cadre du programme Medibtikar. Néanmoins, certains résultats ont été enregistrés depuis sa mise
en oeuvre tels que l’établissement de relations entre chercheurs et entrepreneurs d’Israël et des
Territoires palestiniens, le transfert du savoir et de meilleures pratiques pour l’élaboration
d’indicateurs ou l’extension des réseaux européens vers des acteurs palestiniens en matière
d’innovation.
Syrie: Une politique d’innovation existe qui touche l’ensemble des ministères, en dépit de
l’absence de structure de coordination ou d’évaluation. Cette politique donne la priorité à la
recherche technologique qui relève de la compétence des instituts de recherche. Par ailleurs, depuis
2003, elle dispose d’une pépinière d’entreprises (MAWRED) mais le taux de création d’entreprise
est encore faible. Les liens entre l’industrie et l’école demeurent très insuffisants. Suite à
l’application du programme Medibtikar, les bases pour l’analyse de l’information statistique ont
été posées parallèlement au lancement d’une champagne pour la diffusion des aspects liés à
l’innovation.
Tunisie: Les politiques mises en œuvre s’attachent au développement de nouvelles entreprises et
affaires, bien qu'il n'existe pas de mécanisme formel de coordination de l'innovation. Des progrès
ont été réalisés durant les cinq dernières années, comme la mise en place d'un système de
pépinières d’entreprises et de parcs technologiques, ou la préparation de l'infrastructure nécessaire
devant permettre à la Tunisie de tenir son rôle de membre effectif des réseaux européens.
Turquía: Elle possède un système d'innovation arrivé à maturation comparé à d'autres pays de la
région; en outre, elle a récemment développé une Stratégie Régionale d'Innovation (RIS), qui a
commencé à Ankara (23 mai 2008) en réponse à la demande du Ministère de l'Industrie et du
Commerce, et des Autorités régionales turques pour bénéficier de l'assistance du programme
Medibtikar dans la formation de ses employés et des autres organisations nationales concernées.
Parmi les objectifs atteints depuis l'application de ce programme, il faut souligner l'établissement
de réseaux (technologiques, R&D et d'innovation) entre PPM, le transfert de savoir et la mise en
place d’indicateurs conformes aux standards internationaux, ou le système turc de pépinières
d’entreprises.
Source: Projet Medibtikar-Innovation et Technologie.
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