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Photo : une divinité gémellaire matérialisée par un fétiche apportant la
fécondité dans le village de Koro (province du Houet).
Le Burkina Faso est l'un des pays les plus hétérogènes
d'Afrique pour ses nombreuses croyances locales ou
importées. Le Burkinabé est profondément croyant. Ces
vingt dernières années ont connu cependant de profonds
changements dans la répartition des confessions
déclarées avec une lente décroissance des croyances
traditionnelles, une montée des religions importées et une
explosion des mouvements sectaires se réclamant
"évangélistes".
Aucune statistique nationale (*) n'est réalisée concernant
les religions du Burkina Faso et il est donc difficile
d'estimer la réelle répartition des croyants. Seule l'église catholique, par son registre des
baptêmes, peut fournir des chiffres précis. On voit donc fleurir de ci de là, des approximations
souvent farfelues. On peut cependant évaluer la population chrétienne entre 15% et 20% (dont
10% de catholiques), et la population musulmane entre 30 à 40%. De à 40 à 55% des Burkinabé
conserveraient donc de nos jours une religion traditionnelle.
L'islam
Photo : une petite mosquée à l'architecture ancienne à
Loropéni
L'islam est très clairement la première religion
du pays en nombre de croyants. Avec 30 à 40%
de burkinabés musulmans, le pays demeure
cependant le moins islamisé de la zone
sahélienne (Sénégal, Mali, Niger ou Tchad
comptent tous plus de 80% de musulmans).
.Présent de manière éparse sur l'actuel
territoire du Burkina Faso depuis le XVème siècle, l'islam n'est réellement implanté que depuis le
XIXème siècle. Ce sont les Peulhs qui les premiers ont formé une communauté musulmane
cohérente et chroniquement implantée. Les migrations et les conquêtes, principalement
mandingues, ont ensuite contribué à propager l'islam dans la plupart des communautés ethniques
du Faso.
Plus tard, durant la période coloniale, les autorités françaises ont favorisé le développement de
l'islam perçu comme un allié contre certaines chefferies locales animistes hostiles à la présence
française. A partir des années 40 et encore plus depuis l'indépendance, la proportion de
musulmans à explosé pour réunir aujourd'hui plus d'un tiers de la population.
Comme dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, les musulmans burkinabé se partagent en
diverses confréries et courants de pensée. Issues pour la plupart du sunnisme, ces confréries ont
des origines géographiques et historiques variées :
Le courant salafiste (wahabisme), celui qui génère le plus d'illuminés et/ou d'agités, est assez
peu représenté au Burkina Faso bien que son influence soit grandissante. Partisans d'une lecture
à la lettre du coran, ils sont à l'origine des plus formidables preuves d'extrémisme du siècle
passé et du siècle en cours.
Les Tidjanes, très présents au Sénégal et dont les marabouts sénégalais sont les importateurs en
Afrique noire, sont représentés au Faso depuis 1925. Ils comptent quelques marabouts, écoles
coraniques et mosquées à Ouagadougou et dans la province du Yatenga.
Photo : mendiants au petit matin devant une mosquée.
L'aumône fait partie des 5 piliers de l'islam et tout
musulman se doit de la faire aux indigents.
La confrérie Quadriyya, créée au XIIème
siècle en Irak, est quant à elle
principalement présente chez les Peulhs.
La Communauté Musulmane du Burkina
Faso est cependant l'organisation religieuse
et associative dans laquelle se retrouvent la
plus grande partie des musulmans du pays
au-delà même de leurs affinités
confrériques. Tolérants sur de nombreuses pratiques sociales, il permet à des néo-musulmans nés
avec des croyances et des coutumes traditionnelles de se retrouver dans une pratique "soft" de
l'islam. L'influence de la Communauté Musulmane du Burkina Faso en fait l'interlocuteur
privilégié des autorités et des autres structures associatives.
Pour finir, le chiisme (d'inspiration iranienne) ne compte que quelques rares membres qui
tiennent quelques écoles coraniques.
Photo : procession lors du
retour d'un pèlerin de la
Mecque dans la ville de Dano
Photo : enseigne d'une école coranique
franco-arabe
Comme pour les communautés ethniques, les quartiers des villes sont souvent constitués de
groupes religieux homogènes. Ainsi à Ouagadougou, un quartier comme Nemnin (quartier à forte
population peulh) est très majoritairement musulman. Ces quartiers à forte proportion musulmane
accueillent souvent ce qu'on appelle une "mosquée du vendredi", à savoir une mosquée de plus
grande taille pouvant accueillir un grand nombre de fidèles lors de la prière du vendredi (à
l'opposé des petites mosquées de quartier).
Aujourd'hui, Peulhs, Mandingues, Marka et Touareg sont les communautés qui comptent la plus
forte proportion de musulmans. Ce sont également les plus anciennement convertis à l'islam. Mais
pratiquement toutes les autres ethnies du pays ont dans leurs rangs des musulmans dans diverses
proportions : Mossi, Bissa, Gourmantché, Gourounsi, etc.
La polygamie est très largement pratiquée, principalement en milieu rural ou dans les milieux
urbains les moins pauvres (une femme coûte cher, trois n'en parlons pas).
La religion musulmane est parfaitement bien intégrée à la vie
du pays avec des mariages inter religieux relativement
courants et une participation aux évènements festifs
nationaux. Il est amusant de voir que l'extraordinaire
tradition des crèches de Noël à laquelle les enfants chrétiens
du pays tiennent tant s'est adaptée aux enfants musulmans qui
construisent durant les fêtes de fin d'année des petites
mosquées qui n'ont rien à envier aux cathédrales miniatures de
leurs camarades.
Photo: jeune ouagalais musulman devant sa "crèche" de fin d'année en mosquée
miniature.
Sur tout le territoire, diverses radios FM émettent des
programmes religieux musulmans et la plupart des fêtes islamiques (tabaski, korité, etc...) sont
des jours fériés au Burkina Faso.
L'islam du Burkina Faso est pour le moins modéré et la plupart des Burkinabé le pratiquent de
manière très libérale, surtout dans ce pays qui produit 70 litres de bière par an et par habitant.
Depuis plusieurs années, différents courants animés par des Pakistanais transpirants ou des
Burkinabé de retour de pèlerinage en Arabie Saoudite suscitent l'inquiétude des autorités. Il
arrive de plus en plus fréquemment (moins souvent qu'à Paris ou Marseille cependant) de croiser
dans les rues de Ouaga ou Bobo des fantômes grillagés qui étaient autrefois des femmes.
Il est à noter l'importance grandissante de l'influence étrangère dans l'islam burkinabé puisque
la plupart des mosquées sont financées par des pays arabes (la construction de mosquées est
comptabilisée par ces pays comme "aide au développement", chacun son truc...). On imagine
facilement que l'obédience confrérique de l'imam d'une mosquée payée par le Koweit se
rapprochera de celle du généreux pays donateur.
Parmi les débordements également à déplorer, on peut parler des Garibous, ces enfants de
pauvres familles rurales confiés des marabouts (maîtres coraniques) pour apprendre le coran et
qui finissent par passer leurs journées à mendier (pour le compte du marabout, puis pour leur
propre compte) et à sniffer de la colle. Ce problème est préoccupant dans l'ensemble des villes
du pays.
Pour finir, l'excision est toujours largement pratiquée dans certaines communautés du pays.
Malgré des campagnes de sensibilisation, cette mutilation génitale demeure un problème bien que
le pourcentage de fi
Il est également à noter qu'un grand nombre d'élèves sont scolarisés dans des écoles privées
dites "franco-arabes". Il s'agit très généralement d'écoles coraniques n'enseignant nullement
aux élèves le programme officiel burkinabé en français. Les élèves de ces écoles sont de fait
exclus du système de formation normal à l'inverse de ceux fréquentant l'école publique et
participant aux activités coraniques en dehors des heures de cours.
Le catholicisme
Photo : une messe en plein air, dans la communauté Dagara, sous un
tamarinier dans la province du Ioba.
Le catholicisme est présent au Burkina Faso depuis les
premiers temps de la colonisation et l'arrivée des
premiers missionnaires. La première paroisse du pays ne
fut cependant fondée que le 22 janvier 1900, à Koupéla,
par Monseigneur Hacquart. La ville demeure d'ailleurs le
foyer le plus dynamique de la vie catholique du pays.
Au cours du XXème siècle, les différentes communautés du pays, des Mossi aux Gourounsi en
passant par les Lobi ou les Gourmantché, ont vu une partie de leurs membres intégrer l'église
catholique. Aujourd'hui, les catholiques sont environ 1,5 millions au Burkina Faso, soit plus de 10%
de la population nationale. Cette proportion tend à augmenter chaque année au détriment des
religions traditionnelles. A Ouaga comme en province, les églises sont pleines, tout comme les
séminaires formant les futurs religieux. Toutes les communautés du pays comptent des
catholiques dans leurs rangs même si certaines (comme les Peulhs ou les Touaregs) sont très
majoritairement musulmanes.
La plus grande partie du clergé est constituée de religieuses et de religieux du pays bien que
quelques étrangers officient dans certaines paroisses des 13 évêchés que compte le pays
(Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koupéla, Ouahigouya, Diébougou, Dédougou, Koudougou, Fada
N’Gourma, Manga, Banfora, Kaya, Nouna, Dori).
Comme partout en Afrique, l'église catholique contribue pour une grosse part à l'enseignement au
Burkina Faso via un nombre d'écoles, de collèges, de lycées et d'établissements supérieurs en
constante augmentation.
L'année scolaire 2008-2009 a compté près de 50 000
élèves inscrits dans les 200 établissements catholiques du
pays, tous niveaux confondus, avec - et c'est important une légère majorité de filles (52%).
Photo : petite église de la paroisse Saint-Pierre à Ouagadougou.
La qualité de l'enseignement des établissements privés catholiques génère un taux de succès aux
épreuves largement supérieur à la moyenne nationale (65% de réussite au BAC contre 27% de
moyenne nationale par exemple). Cela attire donc des élèves de toutes confessions dont de
nombreux enfants de familles musulmanes.
Les ONG et structures de soin catholiques par leurs diverses actions médicales, de
sensibilisation, de microcrédit ou de formation contribuent également au développement du pays
et principalement de ses zones rurales. Comme pour l'enseignement, les aides ne sont pas
dispensées sur des critères religieux et tout burkinabé peut en profiter. Ainsi, Secours
Catholique, Comité Catholique contre la Faim, Emmaus Burkina (le Relais Burkina) et des centaines
de dispensaires à travers le pays sont autant d'ONG indispensables aux populations défaforisées.
Les principales fêtes catholiques du pays, tout comme celles des musulmans, sont des jours
fériés au Faso. Ainsi, les fêtes de Pâques, du 15 août ou de Noël sont toujours très animées.
Les sectes de l'univers biblique
Ce type de mouvement est très apprécié au Burkina ou au Bénin car il brouille les pistes en
ajoutant les chants, les transes, pseudos-guérisons miraculeuses et incantantions mystiques à
l'aspect déjà familier de la bible.
Le moindre illettré aux dents longues peut du jour au lendemain créer son "église" dans un
entrepôt et y inviter tous ses nouveaux fidèles qui par leur fréquentation et leur aumône
assureront directement la subsistance du "pasteur".
Photo : panneau dans le parc Bangré-Weogo de Ouagadougou. Ce vaste
espace semi-sauvage a longtemps été le lieu de rendez-vous d'illuminés
sectaires venus y mettre en transe leurs ouailles ou y faire divers
sacrifices ou libations.
Ainsi les sectes d'origine américaine qui avaient le
monopole il y a encore 10 ans se sont vues dépassées par
les centaines d'églises sectaires locales qui ont fleuri à
travers le pays. En conséquence, Témoins de Jéhovah,
Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, Eglise des
Saints des Derniers Jours et j'en passe, rencontrent
moins de succès que jadis !
Dans une région du monde où les débouchés économiques sont rares et où trouver du travail
constitue un parcours du combattant, créer une secte biblique est un des meilleurs business de
ce début du XXIe siècle ! D'autant que le Burkina Faso permet une liberté totale de culte (prévu
dans la constitution) et que certains groupuscules disposent même d'une fréquence FM. Ils
bénéficient d'ailleurs pour la plupart d'une certaine respectabilité et la notion de secte paraît
totalement étrangère au Burkinabé moyen.
Il suffit de se balader durant une heure à Ouagadougou pour voir une pléthore de lieux de culte
aux noms exotiques plus ou moins étranges ou ridicules : Eglise des Assemblées de Dieu, Eglise du
Christianisme céleste (!!!), Eglise Nagbangré, Eglise apostolique, Eglise Bethel, Eglise Baptiste,
Eglise néo-apostolique (pour les schismatiques de l'Eglise Apostolique !), Eglise évangélique de la
Grâce, Eglise des Chrétiens Rachetés (!!!), Eglise de la vie nouvelle, Eglise de Pentecôte, Eglise
protestante du Plein Eveil, Eglise Eliel, etc. Y'en a pour tous les goûts ! Les Burkinabé adeptes de
ce type de mouvements en changent d'ailleurs fréquemment. Il est en outre rare (bien que de
moins en moins) d'appartenir à un mouvement sectaire " par héritage ".
Si la plupart de ces mouvements sectaires sont inoffensifs, certains défraient cependant
régulièrement la chronique pour leurs faits d'armes criminels ou comiques.
Il y a peu de temps, une église nommée " Eglise du Christ de Sabah, ministère de la guérison
divine " a été détruite par les habitants du secteur 30 de
Ouagadougou après que ses fidèles eurent essayé d'attraper un
albinos du quartier pour le sacrifier (les albinos sont souvent
sacrifiés ou découpés en Afrique). Une autre a pris feu parce
que le " pasteur " faisait mettre des bougies allumées sur le
front de ses adeptes (pour des guérisons miraculeuses) et que la
perruque d'une brave mère de famille a flambé. Deux exemples
graves ou amusants de faits divers que l'on peut lire dans la
presse chaque mois au Burkina Faso. En vrac, on lit des cas de
viols, de sacrifices, de faits de pédophilie, d'arnaques ou
d'extorsions de fond.
Photo : certaines sectes bibliques génèrent un budget suffisant
pour faire construire des lieux de culte imposants.
S'il n'existe aucunes statistiques précises concernant la religion
au Burkina Faso, on peut cependant estimer le nombre d'adeptes
de ces mouvements bibliques sectaires à 1/3 ou 1/2 des Burkinabé se réclamant " chrétiens ".
A côté de ces sectes figurent bien sûr les habituelles congrégations bourgeoises : Lions Club,
Rotary, fraternités de francs-maçons, etc. Si en France (et dans le reste du monde occidental)
ce genre de mouvements est constitué principalement de personnes aisées parfois sorties d'une
caricature de Zola, leurs " succursales " africaines ne sont guère radieuses. C'est un peu un
mélange de club de bridge pour troisième-âge, de réunion de l'Ordre du Temple Solaire, et
d'organisation de cooptation consanguine. Ils sont cependant complètement inoffensifs malgré la
paranoïa exacerbée injustifiée des francs-maçons qui sont juste essentiellement des adeptes de
secrets et qui sont convaincus de faire partie d'une élite intellectuelle.
Les religions et croyances traditionnelles
Une majorité de Burkinabé pratique une religion dite "traditionnelle" de manière exclusive ou
parallèlement à une religion "importée" (islam, christianisme). Ces
religions traditionnelles associées aux ancêtres et/ou aux esprits avec
lesquels on communique ou on rend hommage grâce à des masques, des
sacrifices ou des fétiches sont englobées sous le vocable "animisme" ou
"fétichisme".
Ces croyances, omniprésentes dans le paysage social national, parfois
associées à des superstitions, sont profondément ancrées dans les
esprits.
Photo : cet amas de terre n'est pas une termitière mais un fétiche protégeant la
concession d'une famille dans le village de Banankélédaga (province du Houet).
Chaque communauté ethnique a ses propres croyances ancestrales.
Parfois, certains rites sont même limités à un seul village. La richesse
et la variété de ces religions traditionnelles participent aux
fondements culturels du Burkina Faso.
Photo : un masque burkinabé représentant l'esprit du phacochère. Les masques
et les sorties de masque sont un élément important et partagé des croyances
et religions traditionnelles animistes du Burkina Faso.
Les Lobis forment l'une des communautés qui a le plus conservé
sa religion traditionnelle. La vénération des esprits des
ancêtres et des fétiches est le pivot de leurs croyances. La
case des fétiches, située en dehors de la concession familiale,
tient lieu de temple où sont pratiqués les rites d'hommage et
de divination. Les Lobis croient néanmoins aussi en un être
suprême, nommé Thagba, créateur de tous les êtres vivants.
Mais, comme chez les Sénoufo, ce Créateur ne peut être
contacté que par l'intermédiaire d'esprits de la nature nommés
thila. Ces esprits invisibles, parfois bienveillants parfois malins
et comme les hommes sujets aux conséquences de leurs vices
et vertus, exercent leurs pouvoirs sur toutes choses. Pour entrer en contact avec les esprits,
chaque village et chaque hameau a au moins un prêtre fétichiste nommé le thildar.
Les Mossi croient en un équivalent de paradis, un monde meilleur que les ancêtres auraient
atteint et qui serait en contact direct avec le monde des hommes, pouvant même l'influencer. Ces
ancêtres peuvent aider ou punir leurs descendants et sont seuls juges pour leur autoriser
l'entrée future dans le monde des ancêtres. A la mort du descendant, si l'accès au "paradis" lui
est refusé par son ancêtre il est condamné à errer au hasard pour l'éternité. En raison de ces
croyances, lorsqu'un Mossi jure sur ses ancêtres ou sur ses terres, c'est que la situation est
grave. Car ses terres sont directement reliées aux ancêtres et sont un moyen d'entrer en
contact avec eux. L'importance de la concession familiale, qui possède et occupe ces terres, est
donc primordiale. Le père de famille est respecté et toute action, bonne ou mauvaise, d'un
membre est imputée à toute la famille.
Les Kassena (une communauté du groupe des Gourounsi), croient quant à eux en un créateur
suprême à qui est dédié un fétiche au centre de chaque village. Chaque hameau organise des
mascarades rituelles représentant l'esprit de ce créateur. Ces mascarades sont destinées à
défaire les ennemis, assurer la paix dans le village et la communauté et protéger la fertilité des
femmes. Chaque famille possède en outre un autel sur
lequel les objets sacrés sont réunis et les sacrifices
effectués pour protéger l'harmonie de la famille et de ses
membres.
Photo : queues d'écureuil, pénis de lion, caméléons séchés, mains de singe,
omoplates d'antilope, cornes de gazelle ou peaux de panthères sont
autant d'ingrédients appréciés par les sorciers pour la préparation de
mixtures bénéfiques ou maléfiques. Dans tous les marchés du pays,
quelques commerçants vendent ces reliques animales aux odeurs variées
sur des bâches à même le sol.
Chez les Sénoufo, plusieurs ancêtres et esprits des bois sont révérés. La double divinité de
Maleeo et Kolotyolo (l'Ancienne Mère et le Dieu Créateur) sont au coeur de ces croyances.
Kolotyolo ne peut être contacté que par l'intermédiaire d'autres divinités (Yiriigifolo ou
Nyehene). Maleeo, tel un juge suprême s'incarne quant à lui parfois dans des tams-tams sacrés
devant lesquels voleurs et meurtriers sont jugés. Via des sociétés secrètes comme celle de Poro
(elle-même sous le patronnage d'une autre divinité Nerejao, ancêtre femelle), les Sénoufo
assurent de bonnes relations entre le monde vivant et le monde des ancêtres. La société secrète
de Sandogo est elle chargée des oracles et de la divination, rituel important dans la religion
sénoufo.
Pora est réservée aux hommes (et parfois aux jeunes filles ou aux vieilles ménopausées). Sandogo
est une société secrète de femmes.
Mais toutes ces croyances ont engendré certaines superstitions particulièrement nuisibles. Ainsi,
un grand nombre de femmes sont régulièrement accusées de sorcellerie et sont bannies de leur
village sans possibilité de revoir un jour leur famille. Le sort de ces femmes, souvent vieilles, est
le plus souvent la mendicité. Le Centre Delwendé, financé par l'Eglise Catholique, héberge et
nourrit plus de 400 femmes accusées de sorcellerie dans le quartier de Tanghin à Ouagadougou.
Toujours dans la famille des supersititions nuisibles, on peut noter le sort réservé aux albinos.
S'ils sont moins souvent découpés en morceaux qu'en Tanzanie ou au Burundi pour être revendus
comme ingrédients aux sorciers, ils sont en tous cas régulièrement sacrifiés pour porter chance
ou jeter un sort. Plusieurs associations s'emploient à
défendre les albinos du pays contre ces crimes.
Passons sur les crimes rituels, les lynchages de
rétrécisseurs (ou voleurs) de sexe, les interdits
professionnels castiques, qui alimentent régulièrement
la rubrique faits divers de la presse nationale.
Photo : un autel sur lequel libations et sacrifices sont dédiés
aux fétiches dans le village de Koro (près de Bobo-Dioulasso)
(*) Le gouvernement burkinabé a estimé, dans son recensement de 1996, qu’approximativement
60% de la population pratiquent l’islam et que la majorité de ce groupe appartient à la branche
sunnite alors que les minorités restantes adhèrent
aux branches chiite, Tijane ou salafiste et wahhabite. Le gouvernement burkinabé a aussi estimé
que 24% de la population conservent des croyances traditionnelles animistes, que 17% pratiquent
le catholicisme et que 3% font partie de divers cultes protestants. Ces chiffres paraissent
complètement décalés par rapport à la réalité.
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