Dolores Fonzi, actrice dans “Paulina”, de la boue à la

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Dolores Fonzi, actrice dans “Paulina”, de la
boue à la plage
L'actrice argentine tient le rôle principal du film “Paulina”, réalisé par de Santiago
Mitre et présenté à la Semaine de la critique. Une héroïne aux choix troublants.
C'est une héroïne troublante, aux choix radicaux. Paulina, jeune avocate trentenaire brillante,
décide de tout plaquer pour devenir enseignante dans une région reculée et défavorisée de
l'Argentine. Un soir, elle se fait violer par un groupe de garçons. Elle est persuadée que certains
de ses agresseurs sont aussi ses élèves...
Quand on retrouve Dolores Fonzi, ancienne
compagne de l'acteur Gael García Bernal,
sur la plage de la Semaine de la critique, où
est sélectionné le film Paulina, de Santiago
Mitre, on la reconnaît à peine. De
l'enseignante modeste et têtue, les pieds
dans la boue de ce village reculé, il ne reste
que le magnifique regard vert. En robe
rouge, maquillée, elle rayonne sous le soleil,
et dit vivre avec une grande joie et un grand
soulagement l'effervescence cannoise.
Que représente Paulina pour vous ?
Une grande intrigue, une grande joie, la
reconnaissance du travail accompli. Nous
avons beaucoup répété, beaucoup réfléchi
au rôle, on a beaucoup débattu, tous
ensemble, pour essayer de comprendre
l'attitude de Paulina. Puis j'ai réalisé qu'il
fallait juste que je reste avec elle, que je
tente de survivre dans des situations
difficiles, tout en me disant qu'il ne fallait pas
que je la juge.
Qu’est-ce qui vous excite le plus et vous pèse le plus dans le métier d’acteur ?
Pour un acteur, la véritable effervescence, c'est de voir le film à l'écran, après tout le travail
réalisé en amont, alors que c'est certainement le moment le plus difficile pour le réalisateur.
J'adore tourner, mais ça peut être aussi des moments très douloureux. Là, je suis en robe, je
suis maquillée, sur une belle plage, mais pendant le tournage, j'étais dans la boue, dans un
environnement parfois hostile.
L’acteur qui vous inspire ? Un modèle ?
Ingrid Bergman, à l'honneur de l'affiche de Cannes cette année ! Mais aussi Gena Rowlands,
surtout Opening Night et Une femme sous influence... J'aime toutes les héroïnes de John
Cassavetes... J'adore aussi Marion Cotillard ! C'est ma préférée aujourd'hui. En Argentine,
j'admire surtout les acteurs de théâtre qui sont très peu connus. Dans Paulina, il y a beaucoup
d'acteurs extraordinaires, qui viennent tous du théâtre. A Buenos Aires, vous pouvez voir des
pièces merveilleuses tous les soirs.
Quelle est votre méthode de jeu ?
Mon professeur de théâtre m'a enseigné une version du système Stanislavski (la fameuse «
Méthode »), mêlée à sa propre méthode. Il dit : « je ne fais pas de bons acteurs, je fais des
acteurs particuliers. Je vais t'aider à améliorer tes compétences.”
Si j'ai des problèmes pour jouer une scène, pour m'aider je fais des exercices spécifiques. Tout
peut aider. Je peux arriver fatiguée sur une scène pour pouvoir être vulnérable, si il le faut. Il
faut être conscient de ce qu'on veut donner, et le manipuler. Quand on joue une scène, il faut
être présente, être dans le bon état d'esprit.
Quel est le rôle dont vous êtes la plus fière ?
Aujourd'hui, je peux le dire : Paulina. Car c'est un des rôles les plus forts que j'ai faits. Il y avait
aussi beaucoup plus de textes à mémoriser que dans mes rôles précédents. Dans la jungle, les
conditions de tournage étaient difficiles... ce qui peut aussi aider. Si l'environnement est hostile,
il est plus facile de jouer une scène dramatique, que dans un lit par exemple.
De quel metteur en scène avez-vous appris ? Et quoi ?
Tous les réalisateurs apprennent quelque chose aux acteurs. Chaque film reste quelque part.
J'ai beaucoup aimé travailler avec Santiago [Mitre, réalisateur de Paulina]. Il est très précis et
généreux, il est dans le partage.
Quel regard portez-vous sur le cinéma argentin ?
Je n'arrive pas à séparer le cinéma argentin des autres. En Argentine, il y a beaucoup de
jeunes réalisateurs, c'est un cinéma très vivant. Je pense que Santiago Mitre est un des
réalisateurs les plus talentueux du moment. Il y aussi Pablo Fendrik, Lucrecia Martel.
Caroline Besse
© Télérama
16 mai 2015
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