La ronce - WordPress.com

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La ronce
La ronce , une fureur de vivre !!!
Observez la donc : la racine s’enfonce dans le sol, des pousses naissent , des tiges vont
s’élever vers le haut et vers le large, formant un arc, elles pourront atteindre jusqu’à 5 mètres,
et vont retourner au sol pour s’y enraciner. L’année suivante , à l’endroit de cet enracinement,
va surgir une nouvelle tige arquée, tandis que l’ancienne tige donnera des tiges florales avec
des belles fleurs blanches ; et au terme de cette deuxième année cette branche va dépérir après
avoir fructifié, et pendant ce temps le nouveau rejet s’est enraciné.
Faut dire également que ces tiges sont efficacement armées.
Infatigable ronce , on croit s’en être débarrassée, elle réapparaît un peu plus loin.
Cette vitalité, pour une part , va lui donner une mauvaise image .
.Les arceaux des ronces sont comme des tentacules, elles peuvent faire disparaître une
maison sous leurs broussailles, d’ailleurs on les rencontre fréquemment dans les ruines. ; un
champ envahi de ronces est signe d’abandon. Les ronces sont menaçantes, elles évoquent la
destruction , voire même la mort ( la ronce prend ses racines chez les morts).
Il faut cependant reconnaître à la ronce d’indéniables qualités.
Là où elle pousse, elle est un signe de terre fertile, pour croître il lui faut un sol
particulièrement riche.
Alors que sa tige a la faculté de marcotter, elle peut se reproduire sans fécondation, ce qui a
contribué à un nombres considérable d’espèces., et dans ce grand nombre il y a la ronce du
mont Ida, Rubus idaeus qui n’est autre que le framboisier.*,
Après vous avoir égratigné elle vous propose le remède : froissez des feuilles fraîches pour
arrêter l’écoulement du sang..
Vous avez mal à la gorge , vous êtes fatigués, mâchonnez des jeunes pousses de ronce..
Si la présence de ronces dans un champ est signe d’abandon, c’est aussi un signe de protection
en notre temps où les menaces de pollution chimique risquent d’abolir la végétation.
La ronce est une auxiliaire précieuse pour la forêt, les glands , les faînes, les noisettes…. qui
tombent dans ses broussailles peuvent germer et grandir sans péril à l’abri des gelées et des
coups mortels des animaux brouteurs. On dit que la ronce est « la mère du chêne » , cet arbre
ne réussit vraiment bien que sous le couvert et à l’abri qu’elle lui donne..
La ronce nous donne à boire et à manger.
Elle est une abondante pourvoyeuse de fruits à la fin de l’été.
Ses fruits , les drupes (mûres), ramassés peuvent servir à de délicieuses confitures, gelées,
coulis , tartes.
On peut en faire également un sirop ou un vin de mûre.
Avec les feuilles on peut faire un « thé de ronce », le thé sera meilleur si on utilise la ronce
bleuâtre ( Rubus caesius), je n’ai pas essayé, cependant il sera plus parfumé si l’on y ajoute
des feuilles de cassis
La ronce est également une grande pourvoyeuse de nectar et de pollen, et les abeilles
apprécient ses fleurs qui apparaissent à partir du mois de mai et qu’elles retrouvent au mois
d’août. Le miel de ronce est apprécié.
Une autre utilisation de la ronce : les ruches du pays vannetais sont faites en paille de seigle,
l’armature est faite avec des ronces, ensuite les ruches sont recouvertes de bruyère sèche et de
mottes de terre pesante ( En Bretagne morbihannaise H.F Buffet 1947)
De la ronce allons au roncier.
Dans un texte de Maryvonne Abraham ethnologue « les plantes au fil des saisons », elle nous
rapporte une pratique près de Pontivy, où pour éviter le vol de beurre, on plaçait au dessus de
la porte de l’étable une ronce ayant des racines aux deux extrémités et on offrait deux sous
aux âmes du Purgatoire (revue des Traditions populaires 1896); une autre pratique , ailleurs,
était de garnir le beurre fraîchement barattée de feuilles de ronce pour éloigner le mauvais sort
(Le foyer breton Emile Souvestre)
La ronce est donc celle qui empêche le passage.
Dans un autre récit plus complexe , toujours du même auteur , elle nous parle « du roncier
des aboyeuses de Josselin » où l’on retrouve le roncier dans sa fonction de barrage, de
passage entre deux mondes.
A l’origine du culte de Notre Dame du Roncier de Josselin est la guérison en l’an 808 d’une
petite aveugle qui vit dans ce roncier une statue brillante de la Vierge.
Ce même récit se retrouve à Rostrenen ( rose cueillie entre les ronces) , à Saint-GillesPligeaux et Saint-Quay-Portrieux en Côtes d’Armor ; avec le houx à Notre Dame du Houx à
la Houssaye à Pontivy (En Bretagne morbihannaise H.F Buffet 1947), mais à cet endroit
l’origine n’est pas connue, avec la terre à Sainte- Anne -d’Auray, avec un chêne à
Moncontour et à Rochefort-en-Terre parmi des troncs d’arbre.
Maintenant quel est le rapport entre le roncier miraculeux et les Aboyeuses de Josselin ?
Tout d’abord la légende des laveuses de Josselin.
Un jour de la fête de la Vierge, des laveuses lavent près d’une fontaine. Une mendiante passe
et leur demande du pain.
Les laveuses refusent et lâchent leur chien contre la mendiante : celle-ci qui se révèle alors
être la Vierge les maudit ainsi que leur descendance, prédisant qu’elles aboieront à certaines
époques de l’année et que seule Elle-même pourra les guérir.
Dans la tradition celtique, ceux sont les laveuses qui assurent le passage des morts dans
l’Autre monde, tout comme l’est le chien , un passeur de mondes.
Maryvonne Abraham conclue en nous disant : »le chien passeur, les laveuses qui aboient
comme le chien, le roncier qui défend le passage comme le chien , nous dit que la Vierge du
Roncier signifie aux laveuses bretonnes que c’est Elle qui maîtrise le passage et qu’il est
nécessaire que celles-ci le reconnaissent.
Un clin d’œil , Josselin est frontière entre les langues gallèse et bretonne, c’est à Josselin que
réside la famille de Rohan à laquelle une tradition attribue comme ancêtre mythique Konan
Mériadec ( le nom « Konan » signifie guerrier, chien)
Juste dire que les transes aboyeuses n’ont disparu que vers les années 1950
Le » roncier passage » se retrouve également dans le conte de la Belle au bois dormant.
Pour terminer une petite histoire : pourquoi la ronce pousse par les deux bouts ?
Un jour Dieu et Saint Pierre viennent sur terre. Ce jour là il fait très chaud, tous les deux ont
soif et s’arrêtent chez un paysan qui leur offre du vin, Dieu n’en a jamais bu, Saint Pierre oui.
Dieu trouve cela très bon et demande à saint Pierre d’où vient ce breuvage, Saint Pierre
moqueur dit « de la ronce » eh bien dit Dieu » Que cette plante soit prolifique et pousse par
les deux bouts »
La ronce est bien plus que ce que l’on pense parfois, et il y en aurai encore beaucoup à
raconter.
Même si on ne l’aime pas , observer sa luxuriance et sa puissance.
* pas étonnant que le framboisier, ronce du mont Ida, soit mellifère : le Mont Ida , la plus
haute montagne de Crête où , selon la mythologie, le jeune Zeus fut nourri de lait par la
chèvre Amalthée et de miel par l’abeille Mélissa.
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