La division du travail

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La division du travail
définition : répartition du travail entre des individus ou des groupes spécialisés dans des
activités complémentaires
Platon est un des premiers philosophes à avoir remarqué qu’« on fait plus et mieux et plus
aisément, lorsque chacun ne fait qu’une chose, celle à laquelle il est propre » (La République).
Sur ce point, philosophes, économistes, sociologues et anthropologues semblent s’accorder. Il
n’existe pas de société, aussi restreinte soit-elle, qui ne connaisse une division des tâches.
Adam Smith, le fondateur de la science économique, écrit en 1776 dans ses Recherches sur
la nature et les causes de la richesse des nations : « Dans chaque art, la division du travail,
aussi loin qu’elle peut y être portée, donne lieu à un accroissement proportionnel dans la
puissance productive du travail. » Il appuie sa démonstration sur l’exemple, devenu célèbre,
de la manufacture d’épingles. Cependant, si la parcellarisation des tâches augmente
incontestablement la productivité d’une manufacture, elle présente pour l’ouvrier
l’inconvénient de le soumettre à une « déculturation » technique. Tandis que l’ouvrier de jadis
créait véritablement un objet et y inscrivait sa propre empreinte, l’ouvrier qui travaille dans
une manufacture est chargé d’une partie seulement de la production et le produit fini lui
échappe.
La division du travail est l’un des principaux facteurs de la croissance économique parce
que la spécialisation des travailleurs engendre des gains de productivité et facilite le
développement du machinisme.
Karl Marx, dans Le Capital (1867), dépasse le point de vue Smith pour analyser les
tendances de la division capitaliste du travail : la division manufacturière du travail fondée sur
la segmentation du travail et la spécialisation de chaque ouvrier a créé le « travailleur
parcellaire ». Cette parcellisation des tâches a pour conséquence la déqualification du
travailleur et la dévalorisation de la force de travail. La division manufacturière du travail
constitue la base du machinisme : la généralisation de l’usage des machine achève la
destruction des métier et approfondit la séparation entre la conception et l’exécution.
De ces constatations Marx tirera la théorie de la plus-value et celle du conflit entre les forces
productives et les rapports de production. La grande industrie bouleverse constamment les
techniques de production, le travail des ouvriers et l’organisation du travail. Elle renforce
ainsi ces rapports conflictuels qui, selon Marx, devaient amener la destruction de la société
capitaliste.
E. Durkheim, dans De la division du travail social (1893), loin de considérer la division du
travail comme une source permanente de conflits sociaux, y voit plutôt le fondement du lien
social puisque les individus sont rendus interdépendants par la complémentarité des fonctions
qu’ils exercent. Pour Durkheim, cette solidarité est « mécanique » lorsqu’elle se rencontre
dans les organisations sociales élémentaires, et les sociétés primitives ; elle est « organique »
lorsqu’elle est due à la division du travail, dans les sociétés industrielles.
F. W. Taylor, inventeur de « l’organisation scientifique du travail », distinguera, par la
suite, les tâches de préparation et d’étude d’une part, les tâches d’exécution, d’autre part. La
division du travail s’en trouvera accentuée : le processus de travail est alors, en effet,
décomposé en de nombreux mouvements. Mais la tâche de chacun doit correspondre à ses
capacités. Cela permettra donc à certains de s’élever ; c’est du moins le sens de la formule
« The right man at the right place ». Cependant, la plupart des ouvriers sont ravalés au rang
d’animaux, interchangeables et privés de toute qualification personnelle : la « one best way »
élimine en effet l’idée de compétence de l’ouvrier.
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