Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Excellences, Mesdames et Messieurs, Le Luxembourg se félicite de la tenue de cette Conférence des Nations Unies sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement. Il se rallie pleinement à la déclaration faite à cette tribune par le représentant de la République tchèque au nom de l’Union européenne. Le coût humain de la crise économique et financière sévère que connaît actuellement le monde est lourd. La crise, qui a commencé par l’effondrement du marché des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, s’est rapidement propagée aux marchés financiers mondiaux basés sur une démultiplication des gains et marqués par une règlementation insuffisante, touchant l’économie réelle et déclenchant une véritable récession économique mondiale. Les emplois ont disparu à un rythme inquiétant. Le volume des échanges commerciaux a reculé dans le monde entier. Les mouvements internationaux de capitaux privés ont enregistré une forte baisse. Ces conséquences de la crise se sont vues aggravées par la fragilité suscitée par les crises alimentaire et énergétique des dernières années et l’accélération du changement climatique. Les graves répercussions de cette crise multidimensionnelle sont d’autant plus manifestes sur les pays en développement. D’après de nouvelles estimations publiées la semaine dernière par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), on comptera en 2009 1 milliard 20 millions de personnes victimes de la faim. Quelque 100 millions de personnes de plus pourraient sombrer cette année dans la faim et la pauvreté chroniques en raison de la crise. 1 Il est de ce fait vital de s’attaquer aux problèmes humains de la crise économique et financière mondiale et d’agir de manière coordonnée et cohérente pour empêcher qu’elle ne se transforme en drame humain généralisé. Et quel meilleur cadre, quel cadre plus légitime pour ce faire que les Nations Unies ? Je tiens à remercier le Secrétaire général pour son rapport sur la crise et son incidence sur le développement, qui présente clairement les défis qu’il nous importe d’aborder, les actions cohérentes qu’il nous importe d’entreprendre pour aider les pays en développement. Ces derniers disposent de ressources limitées pour financer des mesures susceptibles d’atténuer les effets de la contraction économique et pour réaliser des investissements essentiels, notamment en matière d’infrastructures, de programmes sociaux et de création d’emplois. Leur marge de manœuvre pour s’adapter à la détérioration des conditions économiques est réduite : alors que les bouleversements touchent pratiquement toutes les régions du monde simultanément, la portée des mécanismes susceptibles de remédier à cette situation, notamment la dépréciation du taux de change et des emprunts sur les marchés internationaux des capitaux pour s’adapter aux chocs macroéconomiques, est limitée. D’après le Fonds Monétaire International, les pays en développement seront heurtés de plein fouet par la troisième vague de la crise. Le FMI estime qu’il faudra, en fonction du scénario dans lequel nous nous placerons, entre 25 et 140 milliards de dollars pour parer à l’urgence. Le défi est important, mais pas insurmontable. Nous devrons continuer à œuvrer pour un vrai partenariat mondial pour le développement. Ce n’est que par la poursuite d’une approche multilatérale que nous pourrons trouver des solutions aux défis présents. A cet égard le système des Nations Unies a un rôle important à jouer, et je voudrais saluer ici les dispositions qui sont en train d’être prises par l’ensemble des organisations, fonds et programmes des Nations Unies, notamment en vue de la création d’un mécanisme de suivi et de détection des vulnérabilités. Au niveau des pays, ce mécanisme nous mettra en mesure de mieux cibler nos actions sur les populations que la crise a le plus durement frappées. De façon plus générale, la réforme en cours devra nous permettre de renforcer l’efficacité de l’action du système des Nations Unies sur le terrain. 2 Monsieur le Président, Le Luxembourg rejoint les conclusions tirées dans le rapport du Secrétaire général. Diminuer à ce stade l’aide publique au développement, y compris l’aide au commerce serait non seulement irresponsable et immoral mais aussi totalement contreproductif. Celui qui croirait faire une économie d’argent, ferait en fait ainsi une économie de progrès. Il nous faut respecter nos engagements au titre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, en termes de quantité et de qualité de l’aide, et endéans des calendriers convenus. Mon pays, qui est lui aussi durement affecté par la crise, compte continuer à assumer ses responsabilités en la matière. Ayant consacré en 2008, 0,95 % de son Revenu National Brut à l’Aide Publique au Développement, il maintient l’objectif de porter l’APD à 1 % de son RNB dans les années à venir. Le Luxembourg appelle les Etats membres à faire tous les efforts nécessaires pour tenir les engagements pris ensemble dans cette enceinte, et que nous avons réitérés au Sommet du Millénaire, à Monterrey, et tout récemment à Doha. Aujourd’hui en ces temps de crise encore plus qu’hier, la solidarité ne doit pas rester un vain mot. Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Excellences, Mesdames et Messieurs, A côté de ses répercussions négatives, la crise offre aussi des opportunités. L’opportunité d’effectuer des réformes nécessaires et de redéfinir nos priorités. L’opportunité de repenser nos institutions, de revoir nos structures de gouvernance internationale, et de les adapter aux réalités politiques et socio-économiques d’aujourd’hui. Nous nous félicitons de l’exercice engagé à ce sujet au niveau de notre Organisation. Les Nations Unies et ses organes principaux devront nécessairement se retrouver au centre d’une telle réflexion. Le Conseil économique et social, mécanisme central de coordination à l’échelle du système et organe principal des Nations Unies compétent en matière de questions 3 économiques et sociales, et dont mon pays assume la Présidence cette année, aura notamment un rôle important à jouer à cet égard. C’est de concert que nous devons affronter cette crise économique mondiale. La déclaration à adopter à l’issue de cette Conférence doit montrer que la communauté internationale est capable de parler d’une seule voix quand la situation l’exige. J’exprime l’espoir qu’elle sera suivie par les actions concrètes nécessaires afin d’alléger le fardeau supplémentaire que cette crise impose aux plus démunis. Notre responsabilité à nous tous est engagée. Je vous remercie de votre attention. 4