Lavez, Lavez, Savez-vous savonner? Croissance bactérienne en fonction de la surface de contact, du temps de contact et de l’agent antimicrobien par : Catherine Baillargeon, Cédric Godbout-Simard et Guy-Anne Massé-Bouillé Équipe # 16 Projet d’intégration en Sciences de la Nature, Activité B, Collège Jean-de-Brébeuf, session H2006. Mots-clés Bactéries, surface de contact, agent antimicrobien, temps de contact Introduction De nos jours, la plupart d’entres nous sommes conscients du danger d’un manque d’hygiène sur notre santé. Ainsi, nous avons à notre disposition une multitude de produits ménagers de toutes sortes. Lesquels sont les plus efficaces ? Le but de notre expérience était de vérifier l’efficacité du pouvoir antimicrobien de certains produits ménagers utilisés principalement dans les cuisines. Nous voulions évaluer l’influence de la surface de contact, du temps de contact et de la nature de l’agent antimicrobien sur la croissance de la bactérie Streptococcus thermophilus. Contexte théorique Un manque d’hygiène est néfaste pour la santé d’un individu. Comme le montre le tableau 3, plusieurs maladies ayant de graves conséquences sont causées et propagées par un manque d’hygiène. Évidemment, il est bénéfique pour l’ensemble de la population de tenter d’enrayer la propagation de microbes par le nettoyage. Par contre, l’utilisation abusive de produits nettoyants peut elle aussi être dommageable pour la santé. En autres, les produits nettoyants peuvent causer des allergies et réactions cutanées, des maux de tête, nausées, étourdissements, des irritations des voies respiratoires, des dommages au foie, reins, pancréas, rate, une affectation du système nerveux central (dépression, irritabilité, hyperactivité), de la fatigue chronique et finalement, ces produits peuvent causer le cancer. De plus, ces produits sont généralement nocifs pour l’environnement. Ils causent la prolifération d’algues qui font diminuer la concentration de l’oxygène disponible dans l’eau, ce qui tue la vie aquatique du milieu. La bactérie que nous avons choisi d’utiliser, la Streptococcus thermophilus est utilisée en association étroite avec un Lactobacille nommé bulgaricus pour la fermentation du lait en vue d’en faire du yogourt. Cette bactérie n’est pas nocive pour l’homme, et c’est pour cette raison que nous l’avons choisie. En ce qui concerne ses caractéristiques propres, Streptococcus thermophilus se développe bien entre 37 et 40 degrés C, soit environ les températures du corps, mais il peut croître à 50 degrés C. Il est important de bien comprendre la structure des bactéries afin de savoir comment un produit nettoyant agit (voir l’image 2) sur ces dernières. Les agents antimicrobiens ont différents modes d’actions (selon qu’ils soient des alcools, des halogènes, des phénols ou encore des sels d’ammonium quaternaire) : l’altération de la perméabilité sélective de la membrane plasmique des bactéries, la provocation de la fuite de substances intracellulaires vitales pour la bactérie, la dénaturation et/ou l’activation de protéines bactériennes, un fort pouvoir oxydant, l’interférence avec le processus métabolique de la bactérie et finalement la capacité détergente (action physique) Méthodologie Nous avons déposé une petite quantité de yogourt sur une surface délimitée de bois ou de mélamine auparavant stérilisée à l’autoclave. Par la suite, nous avons déposé 1 mL d’agent antibactérien ( Eau de Javel, Comet, Ammoniac, Savon Murphy ou Vinaigre) sur la surface de contact. La technique d’expérimentation consistait à frotter la surface dans un mouvement circulaire pendant trente secondes pour ensuite laisser 0 min, 1 min ou 3 min de temps de contact. Lorsque le temps était écoulé, nous ensemencions une gélose au sang avec des bactéries prélevées sur la surface de contact à l’aide d’un écouvillon. La croissance bactérienne a été notée après une période d’incubation de 48 h. Résultats Tableau 1. Croissance bactérienne pour la bactérie Streptococcus thermophilus en fonction du temps de contact et de l’agent antimicrobien sur la mélamine (sur géloses sang) Eau de Javel Comet Ammoniac Murphy Vinaigre 30 s (-) petites (++) petites colonies blanches (-) petites colonies blanches 6 grosses colonies colonies blanches 2 grosses colonies 1 colonie géante 1 grosse colonie (texturée) (+++) petites colonies blanches 1 grosse colonie 1min 30 s (+++) moyennes (+++) petites colonies colonies blanches de couleur jaune 4 grosses colonies et blanche (+++) petites colonies blanches (+) petites colonies blanches 1 grosse colonie (+) petites (++) petites colonies blanches colonies blanches 2 grosses colonies 1 grosse colonie (+++) petites (+++) petites colonies blanches colonies blanches 1 colonie géante 3 grosses colonies (texturée) (+++)petites colonies blanches 2 grosses bactéries (++) petites colonies blanches 5 colonies moyennes jaunes (++) petites colonies blanches 1 grosse colonie 3 min 30 s Légende : Petites colonies = 1 mm de diamètre Moyennes colonies = 3 mm de diamètre Grosses colonies = 6 mm de diamètre Colonies géantes = 15 mm de diamètre Taches vertes = 15 à 30 mm de diamètre Tableau 2. Croissance bactérienne pour la bactérie Streptococcus thermophilus en fonction du temps de contact et de l’agent antimicrobien sur le bois (sur géloses sang) Eau de Javel Comet Ammoniac (+++) petites colonies blanches 4 grosses colonies (+++) colonies sur le contour (+++) petites colonies blanches (+++) petites 4 grosses colonies colonies blanches 1 colonie géante 8 grosses colonies (texturée) 30 s 1min 30 s (++)petites (+++) petites (+++) petites colonies blanches colonies blanches colonies blanches 20 grosses 9 grosses colonies 7 grosses colonies colonies dont 3 jaunes et 1 verte (++)petites colonies blanches (+++) petites (+++) petites 15 grosses colonies blanches colonies blanches bactéries 3 grosses colonies 6 grosses colonies 1 colonie géante (texturée) 3 min 30 s Murphy Vinaigre (+++) petites colonies blanches 4 grosses colonies changement de couleur (vert) (+) petites colonies blanches 15 grosses colonies changement de couleur (vert) (+++) petites colonies blanches (+) petites 20 colonies colonies blanches moyennes 1 grosse colonie 3 grosses colonies (-) petites (-) petites colonies blanches colonies blanches 7 grosses colonies 8 grosses colonies 2 taches vertes Légende : Petites colonies = 1 mm de diamètre Moyennes colonies = 3 mm de diamètre Grosses colonies = 6 mm de diamètre Colonies géantes = 15 mm de diamètre Taches vertes = 15 à 30 mm de diamètre Conclusion De façon générale, notre hypothèse de départ n’a pas été confirmée. Cependant, quelques géloses nous permettent de constater une diminution de la croissance bactérienne avec l’augmentation du temps de contact. C’est en effet le cas pour le vinaigre, l’ammoniac et le savon Murphy sur la surface de bois(tableau 2). De ces trois agents antimicrobiens, le vinaigre a été le plus efficace. De plus, nous avons remarqué une ressemblance entre l’action du Comet et de l’Eau de Javel. Ces deux produits, constitués en grande partie de chlore, ont été très peu performants sur le bois comme sur la mélamine. Il est intéressant de constater que le vinaigre, qui a été le plus efficace, fait partie de la catégorie des alcools tandis que le Comet et l’Eau de Javel font partie de la catégorie des halogènes. Les agents antimicrobiens du groupe des alcools ont un champ d’action beaucoup plus varié que les halogènes. Il aurait été intéressant de refaire l’expérience en augmentant le nombre de géloses par temps de contact, ce qui nous permettrait de faire une moyenne des résultats. Il aurait aussi été intéressant de faire les ensemencements sur quatre surfaces, comme nous avions prévu au départ. Finalement, nous pouvons en partie attribuer la présence de nouvelles sortes de colonies bactériennes à un manque de stérilisation de notre environnement expérimental (table de travail, air ambiant). Images et graphiques Image 1.Notre bactérie, la bactérie du yogourt : Streptococcus thermophilus Image 2. Structure bactérienne Tableau 3. Maladies causées par un manque d’hygiène Maladies Virus ou bactérie ? Choléra bactérie (vibrion de Koch) stroentérite Grippe Hépatite A Peste lmonellose bactérie (E. Coli) ou virus Mode de transmission Eau contaminée, aliments soui contact direct avec un malad Aliment ou eau contaminés, co avec les selles ou les vomissem d’une personne qui a une gastroe infectieuse virus Gouttelettes de salive, sécréti nasales virus Eau ou aliments contaminés gouttelettes de salive, sécrétio nasales bactérie (Yersinia pestis) bactérie (Salmonella) Morsure d’une puce infectée par gouttelettes de sécrétion en susp dans l’air Aliments contaminés (surtout viandes, œufs et produits laiti Médiagraphie AGENCE CANADIENNE D’INSPECTION DES ALIMENTS, FICHE DE RENSEIGNEMENTS, La cuisine, conseils pour préserver la salubrité des aliments, consulté le 15 février 2006, Adresse URL : http://www.inspection.gc.ca/francais/corpaffr/foodfacts/kitchenf.shtml AGENCE DE SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA, MESURES D’URGENCE, La peste, consulté le 18 février 2006, Adresse URL : http://www.phac-aspc.gc.ca/ep-mu/plague_f.html CAMBELL, Neil A. 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