CARMINA BURANA (1937) de Carl ORFF (allemand/1895

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HISTOIRE DES ARTS – Classe de troisième
Thématique « Arts, états et pouvoirs »
CARMINA BURANA (1937) de Carl ORFF (allemand/1895-1982)
Cantate scénique pour 3 solistes, 2 chœurs mixtes, 1 chœur d’enfants, danseurs,
Orchestre
Une cantate (de l'italien cantare : chanter) est une composition vocale et instrumentale qui comporte
plusieurs morceaux. Elle peut être profane ou sacrée, mais à la différence de l'opéra, elle ne comporte aucun
aspect théâtral. L’adjectif scénique ici indique qu’il existe quand même une mise en scène pour les danseurs.
A l’origine, Carmina Burana est un recueil de plus de 200 poèmes, écrits aux XIIème et XIIIème siècles par des clercs anonymes.
Le nom Burana vient de Beuren, nom d’une abbaye en Bavière où a été trouvé ce recueil, publié seulement en 1847 (Carmina
signifie chants).
Orff a sélectionné 24 poèmes afin de former un livret dans lequel on trouve principalement 3 parties précédées d’une
introduction dont le premier chant sera répété à la fin (symbolisant la roue du destin qui tourne sur elle-même):
Fortuna Imperatrix Mundi
(extrait : O Fortuna, chœur, aux nuances contrastées, chanté à l’unisson, accompagné
d’un ostinato mélodique & rythmique, au caractère pesant et brutal )
I Primo Vere (le Printemps)
(extrait : Tanz, orchestre, forme ABA très courte où 1 thème rythmique de mesure
irrégulière s’oppose à 1 thème léger joué à la flûte)
II In taberna (la taverne)
(extrait : Ego sum abbas, baryton qui déclame puis chœur d’hommes qui lui répond)
III Cour d’amours
(extrait : Amor volat undique, chœur de filles puis soprano accompagnées par les bois)
Le livret contient donc des textes en bas latin, en moyen haut allemand ou encore en vieux français.. Les sujets, profanes,
dont il traite sont nombreux et universels : la fluctuation constante de la fortune et de la richesse, la nature éphémère de la
vie, la joie apportée par le retour du printemps, les plaisirs de la table, le jeu, la luxure…
Carl Orff et le troisième Reich
La période 1933-1945 est quasiment occultée de la grande majorité des biographies de Carl Orff.
Victime ou sympathisant du régime ?
Deux thèses principales s’affrontent : d’un côté, celle qui soutient que le compositeur était à peine toléré par le régime
nazi, voire qu’il en fut une victime directe. De l’autre côté, les détracteurs d’Orff en font un collaborateur apprécié et
partageant l’idéologie national-socialiste jusque dans sa musique.
Son amitié avec le résistant antinazi Kurt Huber joue en sa faveur. Cependant, lorsque Huber fut arrêté, Orff refusa d’user
de son influence pour l’aider. Ainsi, il expliqua à la femme de son ami que si son amitié avec ce dernier était révélée, “il serait
ruiné”. Huber fut exécuté en février 1943 et Orff exprima ses regrets et une demande de pardon dans une lettre.
Son œuvre pendant la période nazie
Carmina Burana, qui est l’œuvre phare de Carl Orff, a été créée à Francfort le 8 juillet 1937. Le musicien la considère
comme le début de sa renaissance musicale. La réaction du régime nazi est mitigée : l’utilisation du latin au détriment de
l’allemand, la tendance érotique de certains passages et même des influences russes sont autant d’arguments en faveur des
partisans d’un Carl Orff opposé au régime. Mais les nazis s’approprient tout de même bien vite cette œuvre qui rencontre un
succès considérable. Ainsi, un journal officiel écrit que cette œuvre est “le genre de musique claire, tempétueuse et disciplinée
dont notre époque a besoin”.
Orff a parfois été rémunéré par le régime pour ses travaux, et notamment pour avoir proposé une alternative à l’œuvre
censurée du compositeur juif Félix Mendelssohn-Bartholdy : Rêve d’une nuit d’été (création en 1939). Il répondait en fait à une
demande officielle du pouvoir à laquelle certains compositeurs n’avaient pas répondu. Cependant, le projet avait déjà germé
dans l’esprit d’Orff dès 1917.
Enfin, les Schulwerk (des mots “école” et “travaux”) qu’il rédigea étaient également très appréciés des pédagogues nazis.
Entre 1933 et 1937, il entreprit de conformer le plus possible ces “cahiers d’exercices” aux exigences de ces derniers qui
n’étaient pas très différentes des siennes : chacun appréciait en effet la musique populaire, les chansons folkloriques,...
Conclusion
Si, selon ses proches, Orff a bien été l’opposant au régime nazi, il a préféré faire profil bas entre 1933 et 1945,
probablement pour ne pas mettre en danger sa carrière mais aussi sa vie. À l’inverse, si l’on considère comme beaucoup qu’il
n’était pas hostile à la cause nazie, il a de toutes manières gardé une attitude globalement neutre qui favorise d’autant plus la
polémique et les débats à son sujet. Ainsi, il n’a jamais adhéré au parti nazi mais acceptait de composer pour lui. Il n’a pas non
plus fuit l’Allemagne comme nombre d’autres intellectuels.
Après la guerre, Orff traverse sans grande peine la procédure de dénazification menée par les Alliés. Fort de ses liens avec
Huber, il se dit membre de la cellule de résistance de la Rose blanche (ce qui ne peut être vérifié). Il est alors autorisé à
continuer à composer et à produire ses œuvres en public.
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