1. groupes d`intérêt, mouvements sociaux et protestation dans la

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Vie politique
Introduction
Naissance de l’électeur et du parti
Naissance de la IIIe République. Les radicaux dans la République
Socialisme et représentation partisane des ouvriers
Droites modérées et extrêmes face à la République : résignation, adhésion, refus
IVe et Veme République : des bouleversements qui ne se limitent pas aux changements de régime
politique
Les mutations des droites françaises
Les gauches Françaises depuis 1945
Les groupes d’intérêt dans la vie politique française : le syndicalisme
Mobilisations, action collective et mouvements sociaux
Leçon 1 : Introduction
1. Science politique et politique
A.
La science politique comme science sociale (1)
Réflexion sur la vie politique. Cours sous point de vue de sciences politiques
1. La neutralité de la démarche de la science politique
Définition : sc po est une discipline des sciences sociales dont le but est l’analyse des sciences
politiques. Renvoie à 3 aspects : science politique comme science sociale : tj personnes qui
réfléchissent aux phénomènes politiques (Platon, machiavel, rousseau…). Différences entre ces
théoriciens de la notion actuelle est qu’ils avaient délibérément une visée normative (travail visait à
définir quel était le bon régime politique, jugement de valeur) que nous allons essayer d’éviter, car dire
que science politique est science sociale commence par notion de neutralité de la démarche politique
(pas objectivité car pas séparation rationnelle humain/société).
2. La science politique utilise les methods des sciences socials, sur le plan empirique et
théorique
a. La rupture avec la « doxa » (opinion commune, sens commun)
Sc po = sc sociale = méthodes empiriques et théoriques. Sc po essaie de rompre avec l’opinion
commune, sens commun, la « doxa » (préjugés ordinaires, apparaissant parfois comme le bon sens ou
l’ethnocentrisme = tendance à juger les autres groupes sociaux à partir de son propre modèle).
b. La mise en place d’hypothèses
On n’observe jamais la réalité au hasard, on l’observe à partir de questions. On peut observer un
régime politique à partir d’une idée de ce qu’est le totalitarisme ou la démocratie.
c. L’ancrage empirique.
Science empirique, suppose une démarche de vérifications, d’enquête, permettant à une autre personne
de contester ses résultats. Techniques quantitatives (ie analyse de sondages, de résultats électoraux)
mais aussi qualitative (méthode directe ; entretien, observations sur le terrain, refus de croire sur
parole…). Conséquence de statut empirique de sc po est que les enquêtes doivent être vérifiables. Ce
qu’on ne peut vérifier empiriquement n’est pas scientifique.
3. Dégager des tendances, des « lois » et au moins trouver les concepts qui permettent au mieux
de décrire le monde
Sc po = sc sociale est aussi que peut essayer de dégager des tendances, voire même des lois (débat
ouvert en sc po). Reste possible de dégager des régularités, comme par ex dans la façon de voter.
On sait aujourd’hui que l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau d’études. Régularité
forte. D’autres chercheurs refusent l’idée selon laquelle sc po peut établir des lois, serait plutôt sc
historique, n’a rien a gagner à imiter les sciences dures et que 2 objets comparables style 2
révolutions, dès que distants historiquement, difficilement rapprochables.
Lois, généralisations, observations, aspects différencient la sc politique du journalisme, de la
prospective ou encore de l’activité politique. Sc po et po différents.
B.
Le rapport de la science politique aux autres disciplines des sciences
sociales et juridiques (2)
Science politique comme sc sociale. Poser cette question, suppose d’envisager le rapport de la science
politique aux autres disciplines des sciences sociales et juridiques. Suffit pas de dire intellectuellement
ce qu’est la SP, faut dire aussi ce qu’est la relations ac d’autres disciplines.
1. Une brève histoire de la science politique
SP est la dernière née des sc sociales du 20e sc. Nécessitait des transfos sociales :
-
révolution industrielle qui change le monde, le regard,
individualisme, valorisation de la science
croyance en la rationalité.
Discipline commence peu à peu à se constituer au 20e sc. 1871 formation de l’école libre de la SP
(ancêtre de Science Po), mais au sein de cette école libre sont rassemblée des enseignants qui ne se
définissent pas comme politistes. Changement dans les années 43-56 : années pendant lesquels la SP
apparait dans diplômes de droits. Juristes de droit public qui s’intéressaient aux partis politiques,
éléments pas de droits qui permettaient de comprendre l’évolution de la vie politique/du jeu politique.
C’est depuis ces années que se dvpent des cursus de SP. Aussi depuis années 70 que la sociologie est
utilisée de + en + au sein de la réflexion de SP.
2. Discipline « carrefour » et problème de frontières disciplinaires
SP connait une réussite et éclatement entre divers types de raisonnements, sous-disciplines (RI,
analyse politiques publiques…).
Idée de discipline pas tj sens, scientifiquement. Raisonnements en SP aujourd’hui svt raisonnements
de sociologie politique, moins de philo. Notion discipline a en revanche un sens socialement : se
définira en tant que politique ou sociologue.
Discipline frontière à l’égard du droit d’abord. Oppose SP et droit : attention différente au formel,
règles de droits (droit) et informel, non écrit (SP). SP ne peut ignorer certaines des règles.
Frontières à l’égard de l’économie : peut pas ignorer certains des grands flux financiers qui
transforment jeu politique. Frontières à l’égard de la philo, de l’histoire et de la sociologie.
Résultat est que l’on parle parfois de la sc po, des sc po ou des sc sociales de la pol. Influence de + en
+ par la socio. Se subdivisent ensuite.
C.
La délicate délimitation du politique (3)
Pas seulement délimiter la discipline mais aussi le politique lui-même. Délicat : qu’est-ce qu’un
phénomène politique ?
1. La diversité des phénomènes politiques concrets
Existe une série de phénomènes, objets qui nous semblent politique (partis politiques, hommes
politiques, idéologies, résultats d’élections...tout ceux qui exercent le pouvoir ou le veulent…), mais
existe aussi d’autres phénomènes politiques mm si n’en n’ont pas l’air : caisses d’allocations
familiales, service des étrangers dans une préfecture (analyse politique)…
2. Tout n’est pas politique mais tout peut le devenir
Comme le travail des enfants au 19e sc, qui n’était pas considéré comme pb politique au 19e et l’est
devenu, les accidents de la route, considérés au début comme une fatalité jusqu’à ce que le pvoir
politique s’en saisisse, ou encore le cancer pour les travailleurs de l’amiante, avant que asso se
mobilisent. Dépend de la capacité des groupes à politiser des questions
3. C’est ce rapport de force entre les groupes qui détermine les frontières du politique
Tout est potentiellement politique dc rapport de force entre les gpes détermine frontières si un gpe
minorité pas assez fort pour faire reconnaitre pb en politique, fort probable que restera un pb non
politique.
2. Penser l’histoire de la vie politique française – questions de
méthode
A.
Cinq écueils (4)
5 façons de faire qui semblent contestables
1. Le « tout évènementiel »
Histoire de la vie pol FR n’est pas catalogue d’évènements empilés dans un ordre +- chronologique.
Evènements comptent, révolution, Alger… mais transformations touchant la société (mai 68 sans
transfo et augmentation pop étudiant…) sont importants.
2. Le « tout institutionnel »
Autre limite très carac de la SP quand ressemble trop au droit constit. SP suppose de comprendre les
règles du jeu politique, règles formelles et informelles, et parmi les règles formelles, organisation du
pvoir, comme apr ex celle qui affaiblit le parlement dans la Ve rep, modes de scrutins (notamment
uninominal majoritaire à 2 tours qui explique en partie le bipartisme)…
Mais cette attention nécessaire aux règles formelles peut avoir effet pervers. Attention excessive au
cadre institutionnel de la vie pol oublient que droit du politique n’a pas toujours la puissance qu’on lui
donne. Tte la vie pol FR n’est pas déterminé par la cosntit de la Vème Rep. Quand bien mm sait on
qu’une règle relative à l’organisation des pouvoirs publiques a été violée, n’en tire pas tj les
conséquences : le droit n’est pas toujours le moteur des pratiques, et s’applique inégalement aux pvoirs
politiques (ex : Garde des Sceaux en 2005 qui appelle à voter une loi qui pourrait être
inconstitutionnelle, bracelet électronique).
Droit ne suffit pas non plus à expliquer la puissance ou la faiblesse d’un acteur politique. Ne suffit pas
de constater la prééminence du président de la rep dans la constit pr comprendre sa puissance, cette
puissance est également due a la transfo des parties politiques, l’augmentation de la discipline
partisane, pas uniquement liée aux instit. Dc poids des regles informelles : écrit nulle part que les
hommes politiques doivent complimenter leurs adversaires mais le savent. Regles d’expression à la
télé aussi, nécessité de phrases courtes, vocabulaire réduite.
3. Le jeu des « familles » politiques et le classement « par les idées »
Classer, différencier les gens par leurs idées: nécessaire mais pas suffisant. Nécessaire de savoir
distinguer les hommes politiques en fction de leurs idées, évident que certaines idées st marquées a
droite ou a gauche (importance Etat à droite, social à gauche), arrive que certaines idées aient plusieurs
fois fait le trajet entre gauche et droite. Ainsi, nationalisme : aujourd’hui fait parti majoritairement du
matériel idéo de droite, au 19e était de gauche, utilisé pour bousculer la monarchie. Bascule à droite fin
19eme. Même façon : certaines idées n’opposent pas tant gauche et droite : défense de la
nationalisation se retrouve a gauche et droite. Idées sont plastiques, se transforment et bougent dans
les camps.
4. L’anachronisme
Tentation d’attribuer à une époque ce qui appartient à une autre. Relire le passé avec les lunettes du
présent. Peut conduire à des erreurs grossières. Catégories gauche-droite parait évidentes à un FR,
mais pas la plus pertinente pour comprendre la vie pol américaine (démocrate/républicain). Aussi peut
être piégé en utilisant des mots qui existaient avant et maintenant mais qui ont des sens différents
d’alors, ex le terme « parti ». parle de parti politique au début 19eme pas sens organisation partisane
structurée comme aujourd’hui, plutôt partisan d’un camps.
Aussi anachronique de juger acteurs d’hier à partir de ce qu’on sait aujourd’hui de partis politique ;
totalitarisme de Robespierre alors que terme apparait au 20è sc pour déterminer régime Stalinien et
clairement pas à l’époque pour Robespierre fin 18eme.
5. Le culturalisme
Orientation culturalisme peut sembler légitime (prêter attention à la culture que l’on observe) :
culturalisme a tendance à oublier que tout n’est pas symbolique, tout n’est pas culture dans la société.
Svt par paresse que explication par culture « culture de résistance au chgt » alors que paysans pas
forcément due à culture que veulent pas changer mais par paresse pq pas besoin de chger.
B.
Quelques outils d’analyse ; cinq principes, une définition de travail et ses
conséquences (5)
1. L’importance de l’ancrage social du politique (principe 1)
Signifie que le politique n’est pas séparé du social, certaines oppositions politiques parfois explicables
avant tout par oppositions sociables, état pas coupé de société. Certain nbre d’affrontements politiques,
idéologiques (ex gauche défendant défense publique et role fctionnaire et droite libéralisation de
l’économie et moins de charge pour les chefs d’entreprise) pas seulement affrontement idéo mais aussi
à la composition différente des électorats de gauche et droite, on voit un attachement plus grand au
secteur privé d’un coté, public de l’autre.
2. Prendre en compte le temps long et les transformations morphologiques de la société
française (principe 2)
Certaines gdes transfo politiques sont dues à transfo composition population comme augmentation
nveau scolarité dans population a conséquences très importantes sur critique politique, proportion de
propriétaire, proportion de femmes travaillant… tendances lourdes qui transforment les façons de se
comporter des politiques.
3. Essayer d’oublier que l’on se trouve à la fin de l’histoire, se souvenir que d’autres présents
auraient été possibles (principe 3)
Défaut un peu inévitable quand réfléchissons à l’histoire. Parfois tentés de penser qu’on pouvait
discerner au début d’un processus politique ce qui allait se passer ensuite : ex analyse échec du général
Boulanger fin 19e, tendance à dire que Boulanger n’était pas véritablement quelqu’un qui aurait pu
mettre en danger la république, et que son suicide montrait bien qu’il s’agissait de qqun pas sérieux.
Mm façon, analyses de mai 68, tendance à dire que comme a échoué, était qu’une grande kermesse
étudiante. Ne pas se placer à la fin de l’histoire donc.
4. Penser relationnellement et prendre en compte les stratégies des acteurs (principe 4)
Penser relationnellement est ne pas séparer action d’un parti politique, le discours d’un homme
politique, les prises de politique d’un syndicat, ne pas séparer ces éléments des réactions de leurs
concurrents, alliés ou adversaires. Positions peuvent être anticipées consciemment comme
concurrence au sommet de l’état entre un ministre et un PM, ou encore ce que va faire son partenaire,
son adversaire… dans les années 70 par ex, le PS fait alliance avec le Parti Communiste : méfiance et
observation très serrée de ce que fait le partenaire. Penser relationnellement veut dire que jeu politique
est un espace de concurrence, interdépendance.
5. Quel statut donner aux idées et croyances des acteurs si « ces derniers ne font pas ce qu’ils
disent et ne disent pas ce qu’ils font » (Bourdieu)
Ne s’agit pas de verser dans le cynisme (quel statut donner aux idées et croyances si les acteurs ne font
pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font). Ne se rendent pas tj compte des décalages entre
idéologie et pratique. Suppose de s’intéresser aux idéologies et décallages.
Veut pas dire que n’existe pas idéologies et croyances, juste que pas toujours le moteur.
6. Une définition de travail : « la vie politique englobe l’ensemble des activités, le plus souvent
concurrentielles, visant à représenter des groupes sociaux, à exercer le pouvoir ou à influer
sur lui, afin de participer aux décisions appliquées à la collectivité ».
Dans laquelle s’inscrit le cours. Tous les mots ont leur importance
-
-
Ensemble des activités : les activités politiques sont variées, peut désigner protestation de José
Bové, la direction du gvmt par un PM ou telle émission de télévision
Concurrentielles : s’intéresse à ce qui encadre la concurrence, règles du jeu politique,
formelles et informelles. Suppose aussi d’envisager la question d’application de décision à la
collectivité, même de la part de groupe qui ne sont pas politique mais qui veulent
imposer/promouvoir leur façon de voir.
Vie politique = représentation des gpes sociaux pour participer aux décisions : question de
représentation : pas « ressemble » plutôt pour laisser entendre que l’homme politique a le droit
de parler au nom de son électorat. « coup de force de la représentation » (P. Bourdieu), car il y
a toujours un coup de force dans la façon dont un représentant (élu, homme politique,
dirigeant de syndicat) va se prévaloir d’un collectif, or ce collectif (nation, peuple, travailleur)
est toujours +- une fiction (efficace sans conteste), dans lequel l’élu pourra dire qu’il est le
représentant des FR et va fonder son pouvoir sur la croyance en cette fiction (fort parallèle ac
phénomènes religieux). Coup de force d’autant plus efficace que l’on y croit et que l’homme
politique est persuadé de parler au nom du peuple alors que parle au nom d’un nombre de
représentants.
3. La vie politique française : clichés, enjeux, mémoires (6)
Comment un observateur étranger parlerait de nous, de notre vie politique ? sans doute grèves,
administration, sentiment très critique ç son égard, attachement à l’égalité doublé d’une augmentation
féroce des inégalités. Clichés sans doute, mais parfois tombent juste et dur de s’en abstraire, surtout pq
vision de l’étranger qui par sa naïveté voit de façon aiguisée ce qui nous parait normal. Aussi par
clichés que parfois apercevons ce que Norbert Élias ou Gérard noiriel qualifient d’ »habitus national »
(habitus : habitude, routine, trait, structure, ensemble de façon d’être, faire penser qui se transmet dans
une nation et la caractérise).
A.
L’ « exceptionnalisme » de l’Etat à la française (7)
Dans ce qui renvoie à l’état que l’on souligne la particularité FR
1) Etat « fort » qui s’oppose à la faiblesse de la société civile
Oppose donc état omnipotent à des français peu aptes à s’organiser par eux-mêmes. Plusieurs auteurs
(contemporains, R Boudon, Crozier ou plus anciens) soulignent cette prééminence excessive selon eu
de l’état. On a pu d’ire qu’une des admins les plus importantes au monde est l’éducation nationale,
qu’on a pu mettre au même plan que l’armée rouge, nbre fctionnaires en FR (etat, territorial et
hospitalier) représente 5 M de personnes, soit 1 salarié sur 5. Vrai que construction de l’état s’est faite
en FR en tentant d’écraser ses concurrences. A l’égard de la noblesse d’abord, royauté avait essayé de
niveler une partie de la noblesse. Aussi concurrence ac Eglise, substitution de l’état à l’église dans la
maitrise de la reproduction sociale (ie repro de la société ; éducation, état civil, grandes orientations).
Cette puissance de l’état s’est aussi traduite par la méfiance des intermédiaires entre état et population.
Un des symboles de cette méfiance est la loi Le Chapelier, promulguée en juin 1791 qui proscrit les
coalitions (corporation, compagnonnage), interdit aux syndicats les grèves.
Omnipotence de l’état est cependant inégale ; n’a pas pénétré toute la société avec la même intensité :
l’état social est tardif en FR, protection sociale longtemps laissé à la charité. Sur le plan pénal et
militaire, l’état américain est bien plus puissant que l’état FR. Quand compare masse fctionnaire d’un
état à l’autre, ne faut pas oublier que masse d’enseignants qui sont comptabilisés svt de façon
différente dans d’autres pays.
Idem faiblesse de la société civile, incapacité à s’organiser doit être nuancée : les 36 000 communes
françaises ont aussi été une des premières formes de sociabilité, lien entre citoyens. Enfin, dans ce
pays qu’existe une des législations les plus libérales au monde en matière d’association, la loi de 1901,
pres d’1M d’association de 1901 déclarées en FR et s’en créerait 70 000 chaque année : fourmillement
des associations.
2) Etat « « centralisé » et « jacobin »
Jacobinisme renvoi à Révolution FR : opposition entre Girondins et Jacobins (Marat, Robespierre) de
radicalité révolutionnaire, égalité obtenue grâce a état et centralisation, effective dans l’histoire de FR :
centralisation du pvoir, centralisation culturelle aussi. La langue FR, qui s’impose au reste du pays est
celle parlée à Paris, culture légitime souvent confondue avec la culture des élites de Paris. Aujourd’hui
encore on sent fortement cette centralité de Paris dans le paysage FR. S’explique aussi par fait que
unification nationale de nos voisins fait plus tard.
Cliché doit être nuancé, par l’histoire récente, décentralisation par la loi de 1982, inscription du
principe d’une organisation décentralisée dans la constitution en mars 2003, quant au poids écrasant de
Paris sur le territoire, doit être nuancé, la relation entre capitale et reste du pays est complexe, et
lgtemps pvoir politique s’est méfié de la Capitale. Raison pour laquelle Paris pdt 1 sc n’a pas eu de
maire encore aujourd’hui les pvoirs de police du maire de paris sont bien inférieurs aux pvoirs de
police des maires ailleurs, explique aussi écrasement sanglant de la Commune de paris, reste clivage
historique du poids de Paris dans la vie politique.
3)
Le concours, l’intérêt général et le fonctionnaire à la française.
Cliché caractéristique ; idée de recrutement de fctionnaires neutres au service de l’intérêt général,
recrutés par concours. Fctionnaires qui correspondraient presque à la forme bureaucratique pure telle
que décrit par Max Weber.
Un aspect du rôle central donné à l’état en FR réside en cette idéologie de l’intérêt général, que l’etat
incarne.
Travaux d’histoire sociale ont bien montré que le système de concours ne sert pas à sélectionner la
majorité du personnel administratif, et la neutralité du fctionnaire, bute sur la réalité du pantouflage en
FR (départ des diplômés des grandes écoles dans le secteur privé, dont rien ne permet de penser que
sont éperdument épris de l’intérêt général).
4) L’ « impossible réforme » et les « corporatismes »
Cliché colle le plus aux FR : difficulté qu’aurait l’état FR à se réformer, la tendance qu’auraient les FR
à faire d’avantage grève que leurs voisins EU. Vrai que le nombre de JINT (journées indiv nn
travaillées) est extrêmement important, FR n°1 en 2001 des pays EU, et augmentation des proportions
de grève dans fction publique par rapport aux grèves dans la fction privée. En 1982, près de 95% des
grèves étaient dans des entreprises, en 1999, plus que 43%.
Pourtant, bien qu’importantes, la conflictualité a largement décru depuis la 2eme Guerre Mondiale, et
loin d’être paradoxe entre FR pays le plus faiblement syndiqué des pays EU, et le fait que les syndics
recourent le plus largement à la grève, même plutôt pq faible que grève est outil principal.
B.
Lieux de mémoire et champs de bataill e (8)
Lieux de mémoire : emprunté à l’historien Pierre Norat (près de 5000 p). « Un lieu de mémoire, dans
tous les sens du mot, va de l’objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé
(un monument, un personnage important, un musée, des archives) à l’objet le plus abstrait et
intellectuellement construit (un symbole, une devise, une institution) ». Projet de l’ouvrage était d’un
inventaire des lieux dans lesquels la mémoire nationale s’était incarnée, lieux matériels et lieux
concrets. Le projet était celui d’une histoire symbolique, au 2nd degré. Ces lieux de mémoire ne sont
pas forcément des lieux consensuels. Métaphore donc qui peut se compléter par une autre, spatiale,
celle des champs de bataille.
Qquns des champs de bataille qui caractérisent fortement ce que serait la politique FR.
1) Laïcité et enjeu scolaire
Aurait pu penser jusqu’à début années 80 que la querelle scolaire, affrontements relatifs à laïcité
faisaient partie des affrontements purement historique, dans une société qui s’éloignait peu à peu du
religieux. Pourtant on sait quelle fut la violence du combat de la jeune république contre le système du
contrôle social représenté par l’église catho dans un pays ou la mémoire des affrontements dans la
révolution avait contribué à l’enracinement de clivages (autours de la Vendée…). On sait que la
république a scandalisé beaucoup de français en refusant que l’état reconnaisse Dieu, sans qu’elle n’ait
jamais fait l’athéisme ou matérialisme vérité d’état.
QQuns des grands conflits sociaux qui se sont déroulés autours de la laïcité : au milieu des années 80,
qd gouv socialiste arrive en place et envisage la mise en place d’un service public, unifié et laïque de
l’enseignement, ou lors de la tentative de réforme de la loi Falloux par le gouvernement d’Edouard
Balladur, ou aujourd’hui autours de la violence des polémiques relatives au port du voile.
Frappant : constater les différences qui se snt manifestés dans la querelle laïque aujourd’hui par
rapport à début 1900. On a vu des féministes de gauche très divisés sur le port du voile, à l’inverse,
des hommes politiques conservateurs recommander l’interdiction du port du voile car le cadre d’une
analyse pertinente selon eux n’était plus le symbole religieux mais plutôt l’agressivité de la religion
musulmane par rapport à leur propre religion.
2) Communautarisme (refus du)
Cette question fait partie des domaines dans lesquels les choses seraient de prime abord, claire. La FR
serait ce pays qui reconnaîtrait que les citoyens égaux devant la loi, individus abstraits, dépouillés de
ce qui pourraient les faire appartenir à quelque communauté que ce soit. Bien souvent on oppose ce
que serait le communautarisme à l’anglo saxone au refus du communautarisme à la FR ce qui
donnerait des droits à des citoyens abstrait.
Ce principe qui parait évident, que l’on rencontre encore dans certaines polémiques (façon dont
l’institut national d’études démographiques avait envisagé il y a quelques années de mettre en place
des statistiques à base ethnique pour comprendre la réalité des discriminations, et ce projet avait été
reçu avec extrêmement de méfiance à l’égard de l’idée d’enfermer les personnes dans leur
communauté.
Depuis les années 80, critique acerbe du communautarisme de la part des essayistes, refusant la
ghettoïsation, ce droit à la différence que réclameraient selon eux certains groupes/assos antiracistes.
Frappant que les US aient servi à ce point de modèle repoussoir alors que la FR n’a pas été tant que ça
étrangère au communautarisme. Le communautarisme, ce sont toujours les autres, mais il reste que
certaines politiques aujourd’hui qui, si ne s’appellent pas des politiques de discrimination positive
(affirmative action), sont malgré tout des politiques qui consistent malgré tout à donner un coup de
pouce à des quartiers qui concentre les inégalités et les difficultés, les ZEP sont de fait une façon
d’allouer des ressources supplémentaires à des quartiers en difficulté sans qu’on appelle cela
communautarisme.
3) Y a-t-il vraiment une conception française de la nation ?
Cliché : FR est patrie des droits de l’homme qui aurait fait sienne une conception volontaire de
l’appartenance nationale, cette idée est souvent opposée à la conception germanique par exemple, plus
basé sur le droit du sang.
Relativiser : droit du sang jamais entièrement absent de la législation FR et faut se souvenir que si
conception volontaire de l’appartenance était aussi un moyen d’envoyer à la guerre une série de perso
qui au moment de la conscription se prétendaient non françaises et utilisaient de manière stratégique
cette appartenance nationale incertaine.
De la mm facon si FR se distinguait fin 19e de cette conception fondée sur la culture et le droit du sang
est pq avait perdu l’alsace lorraine et que allemands avaient annexé l’alsace lorraine sur des raisons de
proximité culturelle : on parlait une langue plus proche de l’allemand que FR fin 19e.
C.
Oublis, non-dits, malaises dans la vie politique française (9)
1) Des femmes longtemps hors de la citoyenneté
FR finalement ce pays, un des premiers à mettre en place le suffrage universel masculin en 1848 et le
pays qui, pendant la plus lgue période, exclura les femmes du suffrage universel. Encore aujourd’hui
seulement 12% de femmes à l’assemblée nationale, juste devant l’IT, loin derrière série d’EU du Nord
qui ont dépassé 35% de femmes à l’AN. 12% de femmes ca suit en plus une élection dont la
règlementation imposait un régime paritaire mais il y avait une obligation de moyens et non de
résultats ac pénalisation des partis qui ne présentaient pas 50% de femmes à l’élection, malgré tout,
certains partis ont préféré payer que présenter trop de femmes.
2) Violence du colonialisme
Et retour de ce refoulé colonial dans l’histoire politique FR. Souvent aux marges plus qu’au centre
qu’on observe les paradoxes ou contradictions dun régime ou tradition politique. FR pays de
l’universalisme et des droits de l’homme qui donna un statut atypique a ses sujets des colonies, qui
adopta en février 2005 une loi reconnaissant le rôle positif de la présence FR outre-mer, ce pays dont
on voit aujourd’hui que certains affrontements politique tournent autour de la mémoire coloniale, de
populations issues de l’émigration, qui se saisissent à leur tour de cette mémoire coloniale en rappelant
que les immigrés d’aujourd’hui sont souvent les enfants des colonisés d’hier.
3) Antisémitisme et régime de Vichy
Question de l’antisémitisme spé FR, y en a t’il eut ? Régime de Vichy a t’il été une exception ou
continuité dans l’antisémitisme de la vie pol FR ?
Antisémitisme est une idéologie extrêmement dominante dans une partie des bourgeoisies française
avant mm la 2eme guerre mondiale, et si l’affaire Dreyfus confirme l’importance de l’antisémitisme en
FR, on sait que se déchaine la violence verbale voire physique autours de l’antisémitisme entre 2
guerre. Certains historiens rappellent que le régime de Vichy put s’appuyer sur des esprits largement
préparés. Pas jusqu’à la question âprement débattue de la continuité ou non entre les années 1930 et
Vichy qui fasse aujourd’hui débat.
4) « Egalitarisme » et persistance/aggravations d‘inégalités sociales et politiques
Egalité des chances est aspect paradoxal puisque réintroduit chance quand égalité vraie devrait pas se
soucier de la chance ou hasard.
Leçon 2 : suffrage universel et mise en
place des organisations partisanes,
1848-1940 : naissance de l’électeur et
du parti (10)
Découpage chronologique, qui ne se résume pas à un seul régime, et choisit 2e et 3e rép, Empire, et
évolutions du suffrage avant 48. Propose de cours de VP est pas succession de politiques mais plutôt
processus et transfos, qui ne correspond pas à la succession des régimes.
Ce qui fait l’unité de cette période 1848-1940 est la mise en place progressive d’une nvelle facon de
faire de la politique qui s’est caractérisée par la mise en place du suffrage universelle et des partis
politiques. Début de la professionnalisation politique.
Partie consacrée à la compréhension d’un paradoxe apparent : pourquoi est-ce avec l’apparition du
suffrage universel, au moins masculin, que se développe une classe de professionnels de la politique
(sens que l’activité politique du représentant, de l’élu, va représenter une activité à temps plein et dans
le cadre de partis politiques).
Pq paradoxe ? pq précisément la façon dont est souvent présentée la naissance de suffrage universel
est celui de l’accès de tous à la politique, hors c’est à ce moment où se fait juridiquement l’accès de
tous à la politique que cette activité se trouve encadrée/régulée de manière plus forte par les
pro/organisations/partis politiques. Raison = apparition du suffrage universel et dvpt de l’état moderne.
1. Suffrage universel et mobilisation des électeurs
Aspect le plus évident, le suff univ va d’abord aider à la pacification du jeu politique dans une
tendance de long terme. Le suffrage est parfois perçu comme délégitimant les manifestations, comme
l’illustre ce titre du journal « le temps » fin 19e : « le suffrage universel a tué les barricades ». Par
ailleurs, ce suffrage, des que se déroule dans grandes unités géographiques et humaines, pas à l’échelle
de cité qui permettait des démocraties directes, le suffrage universel va de pair avec la démocratie
représentative, cad fondée sur le rôle du représentant. Modifie complètement la façon de faire la
politique et contenu même. Cadre dans lequel l’état devient un enjeu croissant de luttes.
A.
L’état comme enjeu croissant de luttes (11 )
Facon même de faire de la politique va être modifiée par l’apparition de l’état moderne. Max Weber le
rappelle : l’apparition d’une nvelle sorte d’homme politique est corrélative au dévpt de l’état moderne.
Il y a un parallèle entre la professionnalisation politique et la formation de l’état moderne. Vrai du côté
des fonctionnaires, mais aussi des représentants des diverses forces politiques représentant en lutte
pour l’obtention du suffrage.
Lutte pour l’obtention du suffrage : lutte pour l’accès à l’état, au pvoir d’état, ce que Bourdieu appelle
le champ du pouvoir. Précisément, la formation de l’état moderne est la construction de ce champ du
pouvoir, de cet espace de concurrence pour avoir accès a l’état. La lutte politique est devenue de facon
centrale une lutte pour la conquête de l’état/ orienter la fction de l’état, et de ses ressources.
De + en + de monde veut avoir accès au champ du pvoir avec 2 particularités : d’abord, la concurrence
s’intensifie compte tenu de la taille du pays, nbre de perso concernées (suffrage univ), de l’importance
du pouvoir généré par l’acces à l’état, d’une activité politique de plus en plus spécialisée, compliquée
(connaissances juridiques, historiques…), bref activité à temps plein. Lutte + en + rude, violent, dure
de faire de la politique en dilettante. Particularité combiné au fait que dans état moderne, on ne peut
pas juridiquement s’approprier patrimonialement les ressources de l’état, alors mm que la difficulté de
l’act politique nécessite de s’y consacrer entièrement (difficile d’exercer une activité à côté de
l’activité politique). Effets considérables sur la façon de faire de la politique : cette nécessité de faire
de la pol a temps plein au moment ou peut plus utiliser ressources de l’état comme ressources perso.
Aspect de état comme enjeu croissant de lutte se combine au fait qu’il va falloir se faire élire.
B.
Etre élu/se faire élire : un travail d’intéressement à la politique (12)
2 mars 1848, suffrage univ masculin proclamé en FR, 1er état du mde à l’appliquer (constit de 1893
avait adopté ce principe mais resté sans applications). Traduction concrète les élections des 23 et 24
avril. Faut se rendre compte de ce que ca signifie : on passe de 250 000 électeurs à 9Millions
d’électeurs. Apparition du suff univ ne suppose pas automatiquement l’intérêt pour la politique de
ceux qui ont conquis ce droit. Du pt de vue stricte de l’homme politique, celui qui fait campagne, pas
équivalent de se faire élire par 200 personnes que par plusieurs dizaines de milliers, dans un cas peut
connaitre indiv chaque électeur, dans l’autre, politique autrement. Suff univ modifie donc exercice du
métier politique.
1)
un travail de sollicitation des électeurs
Sens de l’expression d’intéressement à la politique puisque les hommes politiques vont devoir
intéresser les électeurs à la politique de façon différente.
Car que supposait le suffrage censitaire ? Sous la restauration, moins de 100 000 électeurs législatifs.
Monarchie de juillet, 200 000 en 1831 à 250 000 en 1847 et un corps électoral un peu plus large pour
les élections municipales.
Le cens favorisait surtout les propriétaires fonciers et notables, 84% des députés sous la monarchie de
juillet étaient élus avec moins de 400 voies : politique personnalisée d’un notable aisé qui peut
connaitre ses électeurs la plupart du temps aussi aisés que lui. Dans certaines petites circonscriptions,
même pas de concurrence. Véritablement dans une configuration ou des électeurs avaient le sentiment
d’élire l’un des leurs, d’où l’expression d’ »être élu ». Fin suff censitaire, FR bascule (GB
progressivement élargie le cens), demande l’avis à des gens à qui on ne l’a jamais demandé, qu’on ne
peut pas aller voir un par un parce que corps électoral a changé de taille. Commence donc ce travail
d’intéressement, travail que B. Lacroix appelle sollicitation ds suffrages, convaincre que politique est
importante, en justifiant son travail de représentant. Ce travail est nouveau, notables trouvent parfois
vulgaire d’aller racoler des voies, avaient un sentiment de supériorité naturelle et découvrent que faut
s’adapter à un peuple. 1848 suffrage non secret.
Faut donc se faire élire, plutôt qu’être élu (effort, travail alors que avant presque normal, divin).
Changement très prosaïque, terre à terre. Se faire élire. Ce travail d’intéressement au vote va passer par
d’autres canaux : les écoles, grâce à qui le vote va devenir un moyen d’expression légitime, dans les
petites communes, fort taux de participation.
2) la transformation des biens politiques offerts
Fascicule ; schéma de type de biens pouvant être offerts (biens privés, gagés sur la fortune de l’homme
pol, biens publiques, gagés sur son accès à l’appareil d’état, des biens divisibles, argent, alcool,
menaces –nombre d’hommes politiques au 19e paient des coups à boire à leurs électeurs – des biens
indivisibles, comme construction d’une route qui profitera a tout le village) ce qui se transforme c’est
la nature des biens, qui deviendront de plus en plus spécifiquement politique : parait naturel
maintenant que programme politique, que homme politique qui veut se faire élire explique ce qu’il
veut faire en arrivant au pvoir, mais avant c’était plus celui qu’on connaissait bien.
A l’inverse, moins on connait ses électeurs (gdes villes, suff univ) plus on leur offre des choses
abstraites, générales : politique de gauche ou droite, politique républicaine plutôt qu’un poste ou des
espèces.
Une des traductions de l’arrivée de ces programmes politique est la loi Barodet 1882 (Désiré Barodet,
instit, maire de Lyon) proposant une loi imposant qu’un programme, une profession de foi
accompagne chaque candidature. La façon de fabriquer ces pgme va changer du fait de la
nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes.
3)
nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes
3 phénomènes se dvpent de façon parallèle pour concourir au type de bien offerts par les homes pol :
nationalisation de l’offre politique (offre politique similaire se dvpe sur tout le territoire),
l’accroissement des compétences requises pour devenir représentant et le dvp du rôle des parties
politiques. Conséquences : pour couvrir le territoire pol de façon + efficace faut offrir la mm chose
partout, « industrialiser » la proposition politique, l’organiser de façon rationnelle, massive avec des
machines électorales (gpes permettant de faire campagne), des appareils partisans (partis politiques),
ressources financières importantes, division accru des taches dans les organisation. Conséquence de
l’évolution est apparition d’une offre politique à peu près unifiée sur tout le territoire. De grandes
catégories (républicains, socialistes) vont s’imposer pour aider les électeurs à se repérer, proposer des
choses un peu moins personnalisées.
C.
L’apprentissage du vote (13)
1) représentations du vote et modèle du citoyen
Se traduit d’abord par une transformation des représentations du vote et de nouveau modèle du
citoyen. Le vote devient quelque chose de valorisé, une obligation morale dans lequel le bon citoyen
(Républicain en géné) est détaché de ses appartenances sociales, de ses dépendances sociales. On voit
s’opposer très fortement comme l’étudie Yves Deloix dans son manuel d’instruction civique fin 19 ème,
ce que serait le modèle d’un vote individuel et individualisé chez les républicains, et l’inverse dans les
milieux catholiques, vote plus communautaire, plus lié à l’appartenance religieuse. Il s’agit malgré
tout de détacher le vote du social afin que chaque citoyen puisse être ce citoyen raisonnant
individuellement et émettant librement son choix. Vote personnel, individuel, secret, dans lequel le
moment de l’élection serait le moment de séparation des dépendances et appartenances sociales. Se
traduira par une série de techniques de vote.
2) les techniques du vote comme révélateurs d’un processus de fabrication de l’ « électeur
indépendant »
La bonne élection est celle qui, peu à peu, permettra d’individualiser l’électeur. L’isoloir, sera cet
instrument matériel, imposé autours du 19ème s, destiné à isoler l’individu, le placer à l’abri des regards
et influence, correspond donc à l’aboutissement de la démocratie qui requière un vote individuel et
secret.
Cette vision des choses (vote individuel et secret) n’a pas toujours emporté l’adhésion de tous, à
droite, fin 19eme, le droit de vote est perçu comme un vote collectif, en lien avec l’interaction avec la
collectivité/communauté, dans laquelle les électeurs moins éclairés devraient être aidés par les
notables. A l’inverse, se retrouve l’argument à l’extrême gauche, dans laquelle l’électeur ne signifie
rien, serait un être politique fictif. L’idée selon laquelle la vrai opinion est celle qu’on la le courage de
montrer. Les promoteurs de l’isoloir à l’époque sont les socialistes (vu comme moyen efficace de
lutter contre l’emprise des prêtres sur une partie de l’électorat), centres, une partie de la droite. Dans
certains débats, des politiques qualifient à l’époque l’isoloir de lieu insalubre et dangereux dans lequel
les électeurs notamment populaire ne sauront se débrouiller seuls. On retrouve les mêmes ironies pour
les bulletins de vote.
Malgré tout se mettent en place ces techniques qui contribuent à fabriquer l’électeur indépendant.
Quelle va être la conséquence de cette transformation : nouvelle division du travail politique.
2. Une nouvelle division du travail politique
Se traduira par la professionnalisation politique, monopolisation de la compétence politique.
A.
Des notables aux professionnels :
démocratisation du personnel politique (14)
les
voies
1) Transformations du personnel politique et organisations partisanes
paradoxales
de
la
On va observer avec l’apparition du suffrage universel une transfo du perso pol et organisation
politique, apparition de compétences spécifiquement politiques avec un recul des notables.
Aujourd’hui, à l’aboutissement de ce processus initié en 1848, il n’est pratiquement plus possible de
faire de la politique en amateur, au sens ou plus possible de devenir député à l’assemblée nationale
sans l’appui de partis, exception faite de rares qui ont une très grande fortune personnelle, mais malgré
tout en général empêche d’accéder à des fonctions politiques supérieures.
Ce phénomène de recul des notables va se doubler par une transformation de la division du travail
politique. C’est Roberto Michels, au début du 20ème siècle, qui analyse ce phénomène d’oligarchie au
sens où la division du travail politique va aboutir à ce que les pro de la politique, au fur et à mesure
qu’ils se spécialisent tentent à monopoliser un certain nombre de savoir faire, techniques politiques.
Aujourd’hui être un pro de la politique suppose de maitriser un ensemble de savoir faire, techniques
comme les compétences oratoires, sens de l’improvisation, adaptation, contrôle de ses émotions, des
informations sur sa vie personnelle, connaissance de la société, des règles institutionnelles, règles
officielles et officieuses. Suppose aussi d’utiliser un langage spécifique, manipuler un matériel
idéologique. Le dvpt de ces compétences politiques aboutit presque mécaniquement à accroitre le
pouvoir de celui qui en dispose. Phénomène classique de la vie sociale : la spécialisation abouti à une
forme de pouvoir. Si nous devions aujourd’hui nous comporter comme des citoyens idéaux qui
auraient une idée claire sur tous les domaines politiques, nous y passerions la moitié de notre temps,
pas compatible avec nos vies. Cette transfo du personnel politique aboutit à ce que les notables euxmêmes doivent apprendre à faire de la politique de manière différente et qu’à l’inverse de nouveaux
entrepreneurs de la politique doivent consolider leur professionnalisation, voire se notabiliser,
s’enraciner, gagner un terroir politique.
Transfo au point qu’on voit apparaitre une tension entre vivre de/vivre pour la politique.
2) « vivre de/ vivre pour » la politique : l’apparition d’intérêts propres au personnel politique
Avant la formation de l’état moderne, professionnalisation politique… faire de la politique revenait à
en vivre, soit parce que tout était mélangé (fond public/privé pour roi, chef de guerre), pillage ou
notable dans lequel on disposait assez de ressource pour faire de la politique, politique vue comme
hobby ou passe temps réservé au plus noble. Avec apparition du suffrage universel, problème : faut-il
laisser l’activité politique aux seuls qui n’ont pas besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins.
Célèbre question que soulève Max Weber quand effectue sa distinction vivre de (en avoir fait son
activité principale, en tirer ses revenus) et vivre pour (s’y consacrer, en faire un engagement) la
politique.
Distinction pas exclusive, toujours bénéfices, même symboliques à être engagés pour une cause, donc
faut pas caricaturer l’opposition.
Ac apparition suffrage universel, que se passe-t’il si on veut vivre pour la politique, s’y consacrer à
temps plein ? soit on en a les moyens et le temps, cad on est un riche oisif et donc retrouve un système
ou seuls les riches oisifs peuvent faire de la politique donc problématique dans système démocratique.
N’interdit pas de défendre d’autres groupes sociaux mais pas forcément le plus inné. Soit on décide
que tout le monde doit avoir la possibilité d’exercer cette activité à temps plein, et dans ce cas il faut
rémunérer ces personnes, rémunération sous différente formes : salaire par exemple permanent d’un
parti politique, indemnité parlementaire pour les députés, donc on se donne les moyens d’éviter un
recrutement ploutocratique (fondé sur l’argent). La lutte pour la conquête de l’état suppose que le
métier politique devienne un métier à temps plein, ce qui ouvre de nouvelles questions : la
rémunération des personnels politiques, des intérêts propres au personnel politique. Les citoyens sont
souvent les premiers à se plaindre d’un député qui vote pour eux-mêmes une augmentation, ce qui est
consubstantiel à l’activité politique.
3) un système encore inachevé : faiblesse des partis et poids des ressources individuelles
Système de professionnalisation politique encore inachevé.
Sous le terme de partis peuvent cohabiter des réalités très différentes selon les définissions que l’on se
donne : si on adopte une définition stricte comme celle de Joseph La Palombara, un grand spécialiste
de science politique des partis, avec l’idée d’une organisation durable (contrairement aux cliques,
clientèles, factions), organisation complète jusqu’à l’échelon local (contrairement à un simple groupe
parlementaire), la volonté délibérée des dirigeants d’exercer le pvoir ou la volonté de rechercher un
soutien populaire, pas certain que les partis de la 3eme république ressemblent à cette définition.
A l’inverse, si l’on invoque une définition plus souple, celle que Michel Oferlé adopte en insistant sur
deux aspects : le parti comme entreprise au sens de Max Weber qui insiste sur cette dimension de
groupe organisé dont les dirigeants se comportent comme des entrepreneurs sur un marché politique,
et sur un lieu de relations sociales au sein du parti.
Ce qu’on appelle parti politique au début du 20ème et jusqu’à IVème Rep ne ressemble pas beaucoup à
un parti tel que l’on le connait aujourd’hui en FR, le processus de professionnalisation est enclenché
mais les partis politiques sont encore des structures faibles, indisciplinés, plus proche des groupes
parlementaires ou électoraux qui se généralisent chez les républicains après 1871, caractère moins
permanent/structuré. Groupes électoraux qui ont des existences limitées au moment de l’élection et qui
vont peu à peu se pérenniser en formations reliées entre elles au niveau national, entre groupes
parlementaires. Plusieurs forces politiques se distinguent entre les entreprises politiques que M Oferlé
qualifie d’intérimaire et qui reposent d’avantage sur les ressources matérielles qu’engagent les
entrepreneurs avec des agents électoraux rémunérés matériellement (boulangistes, puis les ligues plus
tard), on retrouve des entreprises politiques de clientèles au sens où elles reposent sur la notoriété des
entrepreneurs politiques, leurs ressources personnelles, sur la détention de mandats publics (agents
électoraux sont des membres de cette clientèle personnelle de ces entrepreneurs ou notabilité avec
rémunération matérielle (conservateurs dont les émissaires peuvent distribuer des faveurs dans la
campagne, comme le Baron de Machaux, homme politique qui traverse la moitié du 19ème, survit une
succession de régimes politiques et va peu à peu professionnaliser sa façon de se faire élire, qui envoie
des émissaires distribuer ses faveurs, mais aussi des républicains qui vont favoriser l’accès à l’état
républicain, décorations, médailles, pour intéresser leur électorats), entreprises politiques de
patronages, plus liées sur l’accès aux ressources publiques ou enfin, dernier type d’entreprise
politique, les entreprises de type militant, où ce qui comptera sera le capital collectif militant, le fait
que les entreprises se basent sur le dévouement de leurs militants dont la rétribution est souvent
symbolique (boulangistes, ligues, radicaux, socialistes).
Il faut garder à l’esprit que le poids des ressources personnelles à l’époque reste important, notamment
si l’on excepte les socialistes et les ligues. C’est ce qui explique la faible stabilité des partis de la 3 ème
rep, on n’est pas dans un cadre de parti discipliné, la discipline de vote à l’assemblée est rare et récent
(fin IVème Rep), ce qui rend la vie politique actuelle plus prévisible et ennuyeuse.
L’activité politique, en même temps qu’elle se professionnalisé, reste encore très personnalisée, on a
affaire d’un coté à des notables qui essaient de se professionnaliser et de l’autre coté à de nouvelles
couches sociales comme les républicains, qui essaient de se notabiliser, plutôt qu’à une totale
mainmise sur les partis. Le processus reste inachevé, mais enclenché et se manifestera par une
tendance à la monopolisation de la compétence politique.
B.
Une tendance à la monopolisation de la compétence politique (15)
Professionnalisation politique ; ne signifie pas qu’on va mieux faire de la politique, signifie seulement
que le suffrage universel combiné à la division du travail politique combiné à la démocratie
représentative va augmenter, durcir, la coupure entre ceux qui font de la politique à temps plein (sont
élus, s’occupent de dossiers, prennent des décisions), et ceux qui en font à temps partiel (sens de
s’informer, voter une fois par an). Coupure donc entre « initiés » et « profanes » de la politique.
Certains auteurs vont se contenter de cette idée de coupure pour définir les démocraties représentatives
au sens moderne. Pour un auteur comme Shumpeter, la démocratie au sens moderne est simplement le
fait que le peuple a le droit de départager les élus qui luttent pour le pouvoir. Des début 20ème, auteurs
comme Wilfredo Pareto, Roberto Michels, que l’on appelle théoriciens élitistes, mm si ne signifie pas
qu’ils soient tous favorables à la domination d’une élite, ces théoriciens insistent sur cette coupure
entre représentants et représentés et ses conséquences. 3 aspects du phénomène :
1) La « loi d’airain de l’oligarchie » (Roberto Michels)
Roberto Michels, sociologue IT qui avait participé au mouvement ouvrier, qui avait publié avant la
1ere guerre mondiale un ouvrage intitulé « les partis politiques » et c’est sur les tendances
oligarchiques de cette démocratie. Ce qui le frappait est que même les organisations créées pour
défendre le peuple, même les partis ouvriers avec la démocratie représentatives, reproduisaient la
domination des peuples en leur sein, la concentration du pouvoir. Son idée est que la division du
travail abouti inévitablement à l’apparition d’une classe spécialisée qui va défendre ses intérêts
propres, d’où la division entre une minorité dirigeante et une majorité dirigée. Il considère que c’est un
phénomène observable dans toutes les organisations, la spécialisation favorise la domination donc la
spécialisation politique favorise la domination politique. Ce type d’analyse se retrouve résumé sous le
terme de la loi d’airain de l’oligarchie, qui consiste à voir se reproduire les oligarchies au sein d’un
régime politique. On retrouve un type d’analyse assez proche chez un autre auteur, Moisei
Ostrogorski, dans « la démocratie et l’organisation des partis politiques », qui souligne que toute
organisation a tendance a vouloir perdurer hors du but qui l’a fait naitre.
2) Une remise en cause de la conception classique de la démocratie
Développement de compétences spécifiquement politiques a eu pour effet de renverser la conception
un peu naïve que nous nous faisons de la démocratie. C’est la thèse que soutien Joseph Schumpeter.
Celui-ci rappelle que la conception classique de la démocratie supposerait que le peuple a une idée
précise et spécifique sur chaque problème, et choisi les représentants qui mettront en œuvre ses idées
spécifiques. C’est une idée fausse, il est rare que nous élisions nos représentants à partir d’une idée
claire que nous nous faisons sur chaque problème. Rôle du peuple, ce faisant, dit Schumpeter, est peut
être plus simplement de fabriquer/désigner les gouvernants qui vont vouloir à sa place. D’où
l’expression de Schumpeter qui écrit que « la méthode démocratique est le système institutionnel
aboutissant à des décisions politiques dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces
décisions, à l’issu d’une lutte concurrentielles sur les votes du peuple.
3) L’intériorisation de leur « incompétence » par les profanes de la politique
Ce que suppose l’idée d’élection : on a tendance à faire équivaloir l’élection à la démocratie,
précisément parce que nous sommes tous pénétrés de la croyance à la démocratie représentative. Mais
pour Montesquieu, la méthode véritablement démocratique des dirigeants est le tirage au sort, seul
moyen de créer l’égalité réelle. A l’inverse, l’idée de l’élection renvoie à une théorie du consentement
à l’ordre politique, alors qu’il est possible de dire à qqun qu’on l’a tiré au sort, à partir du moment où
l’on vote, on doit accepter les règles du jeu, consentir. Il y a dans l’idée d’élection une idée de
supériorité de l’élue, idée de choisir les meilleurs, hiérarchiser entre les personnes qui sont proposées à
notre choix, et l’idée de séparer les hommes politiques des autres, renforcer cette professionnalisation.
Même s’il ne s’agit que d’une supériorité perçue, qui favorise la légitimité de l’élu et par extension
celle du régime politique, de l’adhésion au régime politique. Distinction entre le profane et l’élu, celui
qui aura directement accès à l’activité politique et celui qui n’aura que des contacts épisodiques avec
l’activité.
Les profanes de la politique, loin de se révolter contre leur dépossession, contre le fait qu’ils n’aient
pas accès d’avantage à la connaissance politique (ex en exigeant un accès généralisé et simplifié à
l’info politique), finissent par revendiquer leur incompétence, s’en attribuer la faute, se considérer
comme par définition en tant qu’incompétent en matière politique. Expressions style « je ne
m’intéresse pas à la politique, c’est trop compliqué » choquerait les citoyens grecques, puisqu’il était
de leur devoir de s’intéresser en permanence en la politique. Plusieurs auteurs ont essayé d’analyser
cette auto-exclusion, c’est le travail notamment de Daniel Gaxy qui démontrait que même dans les
régimes politiques démocratiques il y a une auto-exclusion du jeu démocratique très fortement liée au
niveau d’études.
Leçon 3 : Naissance de la IIIème
république, les radicaux dans la
République
Comprendre les grandes forces politiques sous la 3eme rep est comprendre des continuités qui
renvoient par exemple à l’évolution libérale du 2nd Empire, à la mémoire de 1848, suffrage universel et
échec face à la question sociale, mémoire des journées de juin 1848 dans lesquelles la troupe tire sur
les ouvriers, mémoire aussi du plébiscite qui mettra fin à cette république, c’est en fin comprendre le
processus à travers duquel va se faire l’acceptation de la 3eme Rep, voire pour certains la résignation à
la Rep.
1. Naissance de la IIIème République (16)
A.
Les conditions de mise en place du régime
Le régime de la 3eme république nait dans la défaite, l’écrasement sanglant d’une potentielle
révolution sociale et l’incertitude, trois aspects qu’il importe de prendre en compte pour comprendre
comment vont se déployer les forces politiques sous la 3eme Rep.
1) La défaite
La défaite est celle de l’empire de Louis Napoléon Bonaparte face à la Prusse, avec capitulation de
Napoléon 3 à Sedan le 2 Septembre 1870. Dès que la nouvelle est connue à paris, la foule envahit
l’assemblée et les républicains modérés se dirigent vers l’hôtel de ville où ils proclament un
gouvernement provisoire, et Léon Gambetta annonce la déchéance de l’Empire. C’est donc le 4
septembre 1870, dans le cadre de cette défaite militaire que nait la 3eme rep.
Quelques jours après cette proclamation, 19 sept 1870, Paris est assiégée par les troupes Prussiennes,
la pénurie commence et on observe déjà des tensions au sein du pouvoir provisoire, entre les radicaux
et des républicains plus modérés, entre par exemple Leon Gambetta, plus jusqu’au boutiste, plus vaen-guerre, et d’autres républicains plus modérés, plus favorables à la signature d’une armistice.
Le 18 janvier 1871, le Roi de Prusse est proclamé Empereur d’Allemagne Guillaume Premier dans la
galerie des Glaces de Versailles. L’armistice est demandé et le chancelier Bismarck entend négocier
avec un gouvernement légal. 1eres élections du 17 février 1871 se déroulent donc dans contexte de
défaite avec 1/3 du territoire occupé par les troupes ennemies, avec une population souvent rurale,
paysans, qui refusent de voter pour les républicains qui passent pour trop bellicistes, trop favorables à
la guerre. C’est dans ce contexte de défaite que les royalistes obtiennent la majorité à l’assemblée
nationale. C’est Adolphe Tiers, un modéré, qui est élu chef du pvoir exécutif de la République FR,
chef d’une Rep très faible et sans institution réelle. Chef provisoire en attendant que soit statué sur les
institutions de la FR. FR perd l’Alsace Lorraine et doit payer une indemnité de 5 milliards de Francs
Or étalé sur 3 ans, autant d’éléments qui ouvrent la voie au nationalisme et au bellicisme en FR.
2) L’écrasement sanglant d’une potentielle révolution sociale
Référence faite à la Commune de Paris, grand mythe de la gauche révolutionnaire Française. Peu apres
que l’AN s’installe à Versailles, dans un contexte ou Tiers se méfie de la foule, du peuple parisien, fait
enlever les canons installés sur la butte de Montmartre, tout simplement pour désarmer Paris, éviter
qu’éventuellement un pouvoir Parisien s’installe, et cette mesure de défiance à l’égard de Paris
provoquera la révolte. Le 28 mars 1871, la Commune de Paris est proclamée, formée d’ouvriers, de
journaliers, d’artisans, de journalistes. C’est un gouvernement local provisoire qui a un programme
républicain, socialiste. Ce programme est celui de la séparation église/état, de la laïcisation de
l’enseignement, limitation de la journée de travail à 10h, du drapeau rouge, du fédéralisme, du
calendrier révolutionnaire. Une commune qui malgré tout compte de nombreuses tendances politiques
diverses (gauche, extrême gauche, certaines proches des Marxistes, d’autres des Anarchistes). Le
système de la commune de Paris est organisé par arrondissements. Le 21 mai, les troupes venues de
Versailles appelés les Versaillais, entrent dans Paris pendant que les Communards mettent le feu aux
monuments publics. Ce sera appelé la semaine sanglante, 20 à 30 000 insurgés de Paris sont fusillés
jusque devant le mur du Père Lachaise, ensuite nommé le mur des fédérés, près de 30 000 personnes
sont arrêtées et envoyées en Algérie ou au Bagne (nouvelle Calédonie). Le mouvement ouvrier est
réduit au silence, la Commune deviendra partie intégrante du souvenir de gauche, Marx y verra l’idéal
du mouvement révolutionnaire. Restera aussi dans les mémoires d’extrême gauche comme le refus de
s’allier des républicains, puisque les républicains seront perçus comme des massacreurs du peuple,
comme ceux qui s’afficheront suffisamment à gauche pour parvenir au pouvoir mais jamais
suffisamment pour rallier le peuple ; dans la foulée de cet écrasement, c’est l’ordre moral qui s’abat
sur le pays, cad ambiance de moralité austère et provinciale qui marquera les 10 premières années de
la république. Retour vers les églises, pénitence, piété, contexte dans lequel est érigé la basilique du
Sacré Cœur comme symbole de l’écrasement de la Commune.
3) L’incertitude et le compromis
Incertitude quant au devenir de cette jeune république, on ne sait pas si le régime va durer. Ces
incertitudes expliquent les stratégies des forces politiques, notamment des opportunistes (républicains
opportunistes) ; république qui semble fragile, contestée au sein même de ses institutions puisque en
majorité royaliste, au sein de laquelle l’église s’oppose fermement.
B.
Jalons institutionnels (17)
Retrouvés facilement dans les ouvrages d’histoire.
1) Affaire du drapeau, octobre 1873
Symbolique de ce qui va diviser les royalistes et va peut-être empêcher le retour des royalistes au
pouvoir. Nous sommes donc face à une assemblée à majorité royaliste depuis février 1871.
Paradoxalement, la république FR est dominée pdt une 10aine d’année par des monarchistes. Ces
derniers hésitent, particulièrement le Comte de Chambord, héritier présupposé du trône en cas de
retour de la monarchie, ce comte laissera la marque de son intransigeance car il ne veut pas renoncer
au drapeau blanc, donc drapeau royaliste, puisqu’il considère qu’il s’agit de l’étendard de ses ancêtres,
de Henri 4, FR 1er… et le 27 octobre 1873, le Comte refuse de manière définitive l’adoption du
drapeau tricolore qui constituerait un compromis entre les royalistes et autres forces du pays, refuse
donc cet élément qui aurait peut-être pu rallier les autres forces, Orléanistes et légitimistes. Alors
même que la restauration monarchique semblait presque certaine, échec à cause de cette
intransigeance.
2) Septennat, novembre 1873
La majorité monarchique va essayer de négocier cette situation étrange où l’héritier potentiel refuse de
prendre le pouvoir car il refuse le drapeau. Suite à l’échec de la restauration monarchique, la majorité à
l’assemblée décide de faire voter la loi du Septennat, 20 novembre 1873. Cette loi confie le pouvoir
exécutif au Maréchal de MacMahon, royaliste, pour une durée de 7 ans. L’idée est de patienter,
attendre, trouver une solution, espérer que peut être un jour le Comte acceptera ce drapeau tricolore et
donc stabiliser le pvoir exécutif en laissant les clés à un proche des royalistes qui acceptera donc de
s’effacer le jour où l’héritier voudra récupérer son trône, donc trône reste vacant et garde sa place au
chaud.
Interprétation de la loi oppose les monarchistes, pour lesquels cette loi concerne exclusivement
MacMahon, et les républicains pour lesquels ce septennat est un véritable mandat présidentiel qui
pourrait être confié à tout citoyen. Cependant, au fur et à mesure que le temps passe, la majorité
monarchique se disloque. De nombreux Orléanistes se rapprochent des républicains conservateurs et
c’est dans ce contexte que vont être votées les lois constitutionnelles qui mettent en place la 3eme Rep.
Ces lois constit de 1875, 3 (24 fev 1875 organisation du Sénat, 25 fev 1875 organisation pvoir publics
et 16 juillet 1875 sur les rapports des pvoirs publics), 3 lois constit qui vont tenir lieu de constit à la FR
jusqu’à juillet 1940. Ces lois mettent en place une AN, un Sénat, un président de la République.
3) Amendement Wallon et lois constitutionnelles de 1875
3 lois donc auxquelles s’ajoute un amendement, l’amendement Wallon, voté à 1 voix de majorité le 30
janvier 1875, qui reconnait l’instauration de la république puisqu’il stipule que le Président de la
République est élu par le Sénat et la chambre. Par 353 voix contre 352, amendement marque l’entrée
de la République dans les textes constitutionnels. On voit ici comment plus le temps passe, plus il est
favorable à l’enracinement du régime, alors même que les monarchistes contrôlaient le système au
début.
4) Crise du 16 mai 1877
Autre élément important à retenir, la crise du 16 mai 1877. Episode bien connu, contexte suite aux
législatives de 1877, les républicains ont gagné la majorité à la chambre des députés (AN). Le
président McMahon se trouve donc face à une assemblée majoritairement hostile et un Sénat qui est à
peine majoritairement monarchique. McMahon essaie de diviser la gauche, de réduire l’influence du
principal représentant de l’opposition, Gambetta. Pour ce faire, il nomme dans un 1er temps un 1er
président du conseil, Dufort, qui forme un cabinet de centre gauche, puis Jules Simon, républicain
modéré, après la démission du 1er, mais ce républicain, tout modéré qu’il soit, prend beaucoup de ses
consignes auprès de Gambetta. C’est ce que lui reproche publiquement McMahon, le 16 mai 1877, en
lui adressant une demande d’explication à Jules Simon, qui démissionne le jour même. McMahon le
remplace par un conservateur, le Duc de Breuil. Choisir un conservateur alors que l’assemblée est
majoritairement républicaine est une façon perçue par les républicains comme scandaleuse de
manifester son pouvoir personnel.
Dans ce contexte, les républicains renversent le gouvernement de Breuil. Rétorsion afin de contraindre
la résistance des parlementaires, McMahon décide la dissolution de la chambre puisque fait partie de
ses prérogatives. Une campagne électorale agitée s’engage, McMahon prend parti en faveur de son
camp, s’appuie sur les fonctionnaires, sur le clergé, face à lui Gambetta organise une campagne vive et
virulente qui condamne toute tentative de restauration du totalitarisme, et ce sont les républicains dans
ce contexte qui l’emportent de peu. La gauche entre dans le gouvernement, McMahon se soumet et
admet que c’est un régime parlementaire qui a été établi puisque le président du conseil est désigné
avec l’accord des assemblées. Cette crise marque la fin des prérogatives du président et de l’exécutif
indépendant, et ceci jusqu’à 1962.
5) Constitution Grévy, devenu pendant janvier 1879
Dernier Jalon. Nom du président de la République en janvier 1879, républicain convaincu, qui, à peine
désigné par les chambres comme président, s’adresse aux chambres : « soumis avec sincérité à la
grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée
par ces organes constitutionnels. » la Constitution de Grévy est en fait cette coutume, doctrine non
écrite limitant les pouvoirs du président de la République.
2. Les radicaux dans la République (18)
Pourquoi ce titre ? Les termes vont ensemble : radicaux, république, républicains, mais aussi parce
qu’on parle de république radicale pour définir le régime entre 1898-1914, il y aurait une république
modérée 89-98, la république opportuniste 79-89, des périodes pendant laquelle gouvernent certains
républicains qui étaient auparavant qualifiés de modérés. Ce titre répond à des problèmes de définition
et réalité historique : les notions de radicalisme et républicanisme sont sans doutes les plus difficiles à
comprendre et à définir, parce que le radicalisme aujourd’hui n’est plus une force politique dominante
comme il l’était fin 19ème sc, on ne voit pas bien aujourd’hui en quoi être républicain peut s’apparenter
à une attitude de combat alors qu’à l’inverse, il s’agit véritablement d’une attitude de combat que
d’être républicain lors de la 3ème Rep. Le radicalisme se confond donc partiellement avec le
républicanisme, certaine incertitude autours de la notion de radicaux, partis politiques se mettent à
peine en place, certains se définissent comme républicains avant tout, et dans la république des
« Jules » (Jules Ferry, Simon, Grévy, Favre), tous ne sont pas radicaux. Jean Touchard dans son
ouvrage sur la gauche en FR propose un portrait de républicains retrouvé dans le fascicule.
Avant même l’existence du parti radical (formé début 20ème), beaucoup de républicains, mais pas tous,
sont considérés comme radicaux, et ce terme sera une façon de désigner certains républicains, ceux
considérés comme les plus « avancés », les plus à gauche, par rapport aux républicains modérés.
Le radicalisme avant le parti radical est le courant des défenseurs des institutions républicaines, de la
démocratie, de l’héritage de la révolution.
Enfin, le parti radical est fondé en 1901. De façon plus générale, c’est bien « le » parti central de la
3ème république, et il reste encore des traces de cette prééminence du parti radical dans la 3 ème
république, notamment dans le Sud Ouest ou encore dans l’existence encore actuel de ce parti, avec un
rôle bien moins grand.
Pour comprendre ce qu’il se passe avec les républicains et radicaux au sein des républicains, il faut
garder à l’esprit 2 règles de méthode : penser relaitonnellement, cad penser les relations d’opposition,
de concurrence entre les radicaux et les conservateurs, entre les radicaux et les socialistes voire même
au sein des républicains. Il faut ensuite aussi penser l’ancrage social du politique pour comprendre
comment de nouvelles couches sociales vont se retrouver représentées en politique. En définitive,
comprendre la naissance du radicalisme, c’est comprendre le passage d’un adjectif, radical (au sens de
l’extrême, qui tient à l’essence d’un principe), à un substantif, le radicalisme (force politique, même
quand le parti radical n’a plus rien de radical).
A.
Les républicains : couches nouvelles ou nouvelles bourgeoisies ? (19)
Il faut souligner l’originalité de la culture républicaine, qui marquera la république des « Jules » (aussi
appelée la république des avocats). Parler des radicaux c’est donc parler du dvpement des forces
républicaines, des milieux sociaux sur lesquelles s’appuient ces forces républicaines. Un homme,
Gambetta, synthétise ces dimensions, symbolise le courant radical du républicanisme.
1) Gambetta et la référence au programme de Belleville
Déjà sous l’empire de Louis Napoléon Bonaparte, le courant radical s’organise autours de Léon
Gambetta et Jules Simon (auteur d’un ouvrage intitulé « la politique radicale »). Gambetta, brillant
avocat et orateur s’affirme rapidement comme le leader du nouveau camp républicain. En 1869, il est
candidat aux législatives, et sa campagne se fonde sur le programme de Belleville (voir fascicule).
C’est un programme qui vise à élargir les libertés publiques, étendre le principe électif (il demande
l’application la plus radicale du suffrage universel). Son programme défend la liberté de réunion,
d’association, la suppression du budget des cultes (question de l’anticléricalisme au sein du parti
républicain qui est extrêmement centrale dans le radicalisme), l’instruction primaire, gratuite,
obligatoire. Ce programme devient rapidement mythique, bible des radicaux pendant 50 ans. Ce
programme accorde un rôle essentiel à la forme républicaine des institutions et au suffrage universel.
Gambetta est aussi l’âme de la résistance nationale face à l’occupation allemande, et le va-t-en guerre,
celui qui effraie quelques peu. Il est finalement trop radical pour un certain nombre de républicains.
L’importance de Gambetta se mesure aussi au fait qu’il a en quelques sorte théorisé l’ancrage social, la
base sociale des républicains, au travers l’idée de « couches nouvelles ».
2) Les « couches nouvelles »
Comprendre la 3ème république est comprendre le dvpt de ces couches nouvelles. Histoire du terme
« couches sociales nouvelles » : évoqué par Gambetta dans un discours de Sept 1872 à Grenoble dans
lequel il désigne par couches nouvelles de nouveaux milieux sociaux qui se sont dvpés dans l’empire,
amélioration de certains milieux sociaux, mais des couches nouvelles (travailleurs propriétaires,
instituteurs, de classe moyenne, avocats…) dont la puissance politique est insuffisemment reconnue
alors même que leur puissance économique s’est dvpée et entendent avoir leur mot à dire. Couches
nouvelles auxquelles Gambetta propose, entre autre, l’instruction comme religion et l’anticléricalisme
comme combat.
3) L’instruction comme religion…et l’anticléricalisme comme combat
Sonne comme un clin d’oeil à l’anticléricalisme des républicains. C’est sans doute sous cet aspect que
les radicaux resteront radicaux et les républicains resteront unis, c’est l’aspect de l’opposition à la
religion, plus exactement au poids/rôle social de la religion. Opposition à la religion et défense de
l’instruction, et les deux sont liés car lutter contre l’influence de l’église, c’est défendre l’instruction
publique, à un moment où l’église s’oppose à la république. L’instruction sert à contrer l’influence de
l’église et c’est aussi le filtre élitiste du républicanisme : c’est le moyen par lequel les républicains
entendent filtrer le suffrage universel, le « risque plébiscitaire » (ces plébiscites qui ont porté au
pouvoir Louis Napoléon Bonaparte). Il y a cette idée de modérer le suffrage universel dans la 3ème
république grâce à l’instruction, grâce à des citoyens éclairés, modérés, qui croient aux lumières, à la
science. On retrouve le legs de grands républicains, comme Ferry avec sa loi de 1881 pour la gratuité
de l’enseignement primaire, ou la loi de 1882 sur l’obligation scolaire de 6 à 13 ans, ou encore la
laïcité de l’enseignement public.
L’instruction publique devient, avec la caserne, de franciser les « parler », d’édifier un idéal
républicain de patriotisme avec un temple municipal : l’hôtel de ville. Instruction anticléricalisme, on
peut citer Gambetta en 1877, « le cléricalisme, voilà l’ennemi », dans un contexte très tendu de
manifestations en faveur du pouvoir du pape, contexte très tendu que la 3ème république connaitra aussi
au début du 19eme siècle avec les lois contre les congrégations, la séparation église/état, la querelle
scolaire d’une extrême violence ou des affrontements catholiques/républicains avec le paroxysme lors
de l’affaire Dreyfus. Contexte donc où la méfiance est grande à l’égard du rôle de l’église et aussi de
l’alliance église/armée. Caricatures de la fin du 19eme sont caricatures violentes sur les hommes noirs,
les corbeaux, les ignorantins ou les jésuitières (termes par lesquels on désigne l’église catholique et ses
représentants).
4) Focalisation sur les questions institutionnelles et défense de la petite propriété
De quelle population les républicains se veulent-il les défenseurs ? De quelle population les
républicains sont-il l’expression ? cette population est celle des petits fonctionnaires, instituteurs,
petits artisans, il y aurait donc un grand anachronisme à considérer les républicains à partir de nos
catégories actuelles, dans lesquelles la gauche s’identifie au social. Les républicains ne sont pas
forcément des républicains sociaux. Gambetta fait campagne en province et attache beaucoup
d’importance à la conquête des campagnes, de la paysannerie, le fait dans un discours porteur d’ordre,
en expliquant que les paysans ne peuvent que gagner de l’ordre promis par la république. La base
sociale des républicains ne sont pas les ouvriers, ce sont les couches nouvelles et les campagnes, la
paysannerie. Le modèle des républicains est celui d’une démocratie de petits propriétaires, attachés à
l’ordre politique parce qu’ils ont un ordre social à préserver. On comprend que certains de ces
républicains soient alors qualifiés d’opportunistes, à comprendre comme « attendant le moment
opportun pour mettre en place des réformes », républicains prudents. Là encore Gambetta, 1881, « il
faut se garder de vouloir tout tenter à la fois […] ».
Ce n’est pas méconnaitre les grandes réformes mises en places par les républicains mais cela souligne
l’attachement des républicains aux questions institutionnelles : les grandes lois républicaines ne sont
pas essentiellement des grandes lois sociales. Ce sont des lois en matière de liberté (réunion, presse,
autorisation des syndicats) mais pas véritablement amélioration des conditions matérielles.
B.
Le parti radical et le pouvoir(20)
A partir années 1880 nouvelle période, au cours de laquelle le terme de radical va glisser et désigner
de nouveaux acteurs. Une extrême gauche radicale s’affirme en fait dès que la république est installée,
avec son leader : Clémenceau. Années 1878-1879 se sont terminées par la victoire républicaine. Pour
une fois, tous les pouvoirs, l’assemblée nationale, le sénat, la présidence de la république, sont dans les
mains des républicains, qui peuvent se rendre compte de l’ampleur de la tache. Parmi les républicains,
certains, les plus radicaux, trouvent détestable la constitution de 1875 (constit de compromis, taillée
sur mesure à l’origine pour les monarchistes). Déjà talonnés par les socialistes qui émergent à cette
époque, les radicaux avec à leur tête un grand orateur, Georges Clémenceau, réclament le max de
république (séparation église/état, service militaire de courte durée, impôt sur le revenus, élection des
juges et surtout la révision de la constitution, surtout la suppression du Sénat, qui est très
conservateur). Clémenceau entend donc se débarrasser de cette empreinte monarchiste sur les
institutions. Après la mort de Gambetta, Jules Ferry, leader le plus en vue des opportunistes, doit
répondre aux assauts du radicalisme au moyen de grands discours, adressés à l’opinion publics. Dans
son discours du Havre d’oct 1883, JF met l’accent sur le danger qui menace la jeune république, et
pour lui ce danger ne provient plus des monarchistes mais du parti intransigeant et de ses succès
partiels. L’opinion résumera ce grand discours par « le péril est à gauche ». On imagine que cette
agressivité sera pour beaucoup dans la hargne de Clémenceau à son égard. On reproche aussi
beaucoup à JF sa politique coloniale notamment au Tonquin, sera donc la cible des radicaux. On est
dans un contexte donc où le radicalisme va glisser vers la gauche.
4 éléments sont nécessaires pour comprendre la relation parti radical à l’exercice du pvoir.
1) L’affaire Dreyfus et la constitution du parti radical
a. L’Affaire Dreyfus (1894-1906)
Moment de remobilisation du camps républicain, puisque suite à la condamnation du capitaine
Dreyfus, on verra s’opposer 2 camps : camp d’une droite nationaliste, cléricale, militariste, antisémite,
face au camp d’une gauche attachée au droits de l’homme, laicité, pacifisme et démocratie. Dans le
contexte de cette affaire se mettra en place un gouvernement de défense républicaine. La situation
exige un gouvernement exceptionnel. Waldeck Rousseau, républicain, conservateur, grand avocat
d’affaires, va assumer la défense du régime (régime de défense républicaine) en cherchant à construire
une majorité qui irait des modérés Dreyfusards jusqu’aux socialistes (ne pas oublier que tous les
socialistes n’était pas mobilisés pour l’affaire Dreyfus).
b. La défense républicaine
Dans ce gvmt, pour la première fois, un socialiste va se retrouver ministre dans un gouvernement tenu
par des radicaux.
c. Contexte aussi celui de la fondation de la LDH
C’est dans ce contexte aussi qu’est fondée la Ligue des Droits de l’Homme. L’objectif de Waldeck
Rousseau est de ramener la discipline dans l’armée et de revenir au calme dans les institutions de la
république. Waldeck Rousseau met fin à la politique de la rép modérée, il mène une politique de
fermeté à l’égard des ligues, il remanie le commandement militaire en se débarrassant d’un certain
nombre de responsables du commandement militaire qui avaient été liés au scandale de l’affaire
Dreyfus. Il participera à la dissolution de la congrégation des assomptionnistes (congrégation
religieuse des plus antisémites et hostiles au régime républicain). Contexte donc de forte mobilisation
anticléricale, qui va suivre en partie l’affaire Dreyfus, on connait en 1901 les lois sur la liberté
d’association, lois sur les congrégations, lois sur les séparations église/état, donc une mobilisation qui
va partir de l’affaire Dreyfus.
2) L’intervention du solidarisme (21)
L’autre grande invention du parti radical dans son exercice du pouvoir est l’invention du solidarisme.
Le solidarisme peut être considéré comme la doctrine quasi officielle de la 3eme rep.
a. Le traumatisme initial de 1848 et la question sociale
C’est le moyen par lequel les républicains vont essayer de marier la solidarité, les institutions
républicaines et le réformisme. Il faut voir que depuis 1848, la gauche a pris conscience qu’il ne
suffisait pas de faire une révolution démocratique si l’on n’arrivait pas à résoudre la question sociale.
Ce souvenir reste assez vif que 1848 a été un échec sur le plan social et les républicains cherche un
moyen pour empêcher leur régime de s’effondrer à cause de cet échec social. Cette façon de réagir à la
question sociale est aussi motivée par le dvpt des forces socialistes qui reprochent aux républicains
une politique excessivement bourgeoise, de « leur filer à bouffer du curé pour calmer leur faim »,
puisque les socialistes sont aussi anticléricaux mais pas ca qui nourrira les ouvriers.
b. Raison plus conjoncturelle : concurrence des socialistes et développement de la
pensée sociale à droite, du fait du ralliement des catholiques
Républicains sont conscients du problème, d’autant plus que la doctrine sociale de l’église s’affirme et
que dans le camp conservateur, du côté catholique, la pensée sociale est bcp plus développée que du
côté des républicains. Face à cette impasse, nécessiter de faire durer la république, d’éviter qu’elle ne
soit qualifiée de trop bourgeoise et soit renversée parce qu’elle aurait des ennemis à droite et à gauche,
va être inventé le solidarisme.
c. Léon Bourgeois
L’inventeur de la notion de solidarisme sera Léon Bourgeois, premier président du parti radical, grand
continuateur de Jules Ferry, plusieurs fois ministre, député, président du conseil, président du sénat,
sera à l’origine d’une loi sur les retraites ouvrières, sera prix Nobel de la paix, conçoit le solidarisme
comme une sorte d’humanisme raisonnable à dimension sociale, une contrepartie laïque de la
démocratie chrétienne.
d. Contenu de cette notion : la solidarité comme « fait » et la solidarité comme
« devoir » sont des contraires.
Point de départ est de rappeler que la solidarité comme « fait » et la solidarité comme « devoir » sont
des contraires. En clair, c’est quand il n’y a plus assez de solidarité entre les personnes (solidarités
familiales ou de village qui se transforment) qu’il faut assurer une solidarité d’un nouveau type, au
travers de ce que les solidaristes appellent le quasi-contrat : idée que nous recevons un héritage de la
société, et que plus on retire de la société, plus on en a bénéficié, de la société, plus on a une dette
envers elle. Idée justifiera par la suite l’impôt progressif. Idée donc que l’individu n’est pas isolé dans
une société, qu’au lieu de revendiquer la souveraineté, on va revendiquer la croyance dans le
progrès/amélioration de la condition de tous. Cette doctrine se différencie du socialisme parce qu’elle
n’a pas de dimension de collectivisation des moyens de production. A la limite, les solidaristes
envisagent certaines nationalisations, mais toujours très restreinte, insistent beaucoup sur le rôle du
secteur privé.
e. Grandes lois sur les assurances, débat autours de l’IR…FR : passage d’une
république opportuniste et assistantielle à la république radicale et assurantielle
Par conséquent, pas dimension d’appropriation collective des moyens de production, le solidarisme
sera une des justifications des grandes lois sur les assurances, et le passage d’une république
opportuniste et assistantielle à une république radicale et assurantielle (basée sur le principe des
assurances sociales plutôt que l’assistance.
3) Le parti radical comme machine politique (conquête de l’appareil d’Etat et mobilisation
électorale) (22)
Autre dimension de la relation du parti radical au pouvoir. Machine politique, terme de machine
employé à dessein.
Le parti radical doit être envisagé comme une machine politique, une machine de gouvernement,
puissant. A son apogée en 1906, il compte 200 000 adhérant, près de 900 comités locaux. Chaque
élection permet d’envoyer à la chambre entre 160 et 200 députés. En clair, même si le parti radical ne
gouverne pas toujours sous la 3eme rep, il est toujours nécessaire à l’exercice du pouvoir. Quand on
parle de république radicale, on veut aussi dire que les idées radicales sont en phase avec l’opinion, le
parti radical n’a pas exercé tout seul.
Parti de comité = aussi parti qui repose sur des comités électoraux disséminés dans tout le pays.
Traduit de plusieurs façons : parti à l’organisation très souple, beaucoup d’autonomie des élus (en
1912, moins de 50% des députés appartiennent aux partis radicaux). En même temps, ces comités sont
une importante machine de pouvoir, quadrillent le territoire au début du siècle, renseignent les préfets
sur les vrais républicains : quand un maire est hostile à la république, c’est le délégué du comité du
parti radical qui fait un rapport, qui fait office d’interlocuteur officieux de l’état : dimension très
clientéliste entre le parti radical et le pouvoir, comme encore aujourd’hui parti = intermédiaire entre
pouvoir central et pouvoir local, donc apparition de la figure du notable radical, dont le pouvoir est
basé sur cette capacité d’accès à l’état, capacité de médiation.
C’est aussi un parti à l’ancrage social très particulier, du fait de ses liens organiques avec d’autres
républicains (franc maçonnerie, LDH fondée suite à l’affaire Dreyfus et gérée par des députés
radicaux). Enfin un des réseaux du parti radical est aussi le réseau des correspondants d’un journal
important, la dépêche de Toulouse, un journal dirigé par Maurice Sarraut qui sera lui même président
du parti radical en 26-27, réseau qui donne encore une assise forte au parti et un moyen fort de
contrôle des partis politiques.
4) Divisions et glissement à droite (23)
Malgré le dvpt de l’idéologie solidariste, le parti radical va progressivement glisser, au premier tiers
du 20eme siècle, vers la droit. Avant la 1ere GM, les expériences Combes et Clémenceau sont
caractéristiques de ce glissement à droite.
a. 1902-1905 ; Combes anticlérical n’est radical que dans ce domaine
Emile Combe à la présidence du conseil, le plus anticlérical des radicaux, radical que dans ce domaine.
En matière sociale, sa présidence du conseil se manifeste par l’oubli des projets de retraites ouvrières,
impôts progressif sur le revenu, la chute de son gouvernement marque la fin d’alliance à gauche et
ouvre une période où le parti radical sera une charnière entre le parti modéré et le mouvement ouvrier.
b. Clémenceau 1906-1909 s’oppose au pacifisme, aux revendications sociales des
socialistes, zèle briseur de grèves « premier flic de France »
Clémenceau, celui qui avait été le grand ténor radical tant qu’il était à l’extrême gauche du cœur
républicain, va arriver à la présidence du conseil. S’oppose au pacifisme, aux revendications sociales
des socialistes, et fera preuve d’un grand zèle briseur de grèves « premier flic de France » (ex grèves
viticoles dans le midi).
c. 14-18 va marquer la perte d’identité radicale (Berstein)
Première GM. La mobilisation a vidé les comités de leurs adhérents, l’organisation, peu structurée, est
disloquée. Les FR se sont massivement rallié à l’union sacrée (union autour du gvmt de droite), le
parti se voit reprocher son esprit partisan, voire même son pacifisme de certain membre, en 1919, on
ne sait plus ce qu’est ce parti radical que les dirigeants essaient de reconstruire.
Ce sera toute la démarche d’Edouard Hériot, de reconstruire ce parti radical, en tentant la stratégie de
l’alliance à gauche, plus exactement l’idée d’une alliance électorale à gauche.
d. Victoire électorale du cartel des gauches, 1924 ouvre la grande crise du radicalisme
dans l’entre-deux guerres
S’agissait uniquement d’une alliance pour les élections mais le soutien qu’apportent les socialistes au
gouvernement est précaire, révocable. Il y a incompatibilité des conceptions que les radicaux et les
socialistes ont de la gauche. Cette gauche est avant tout politique, réduite à la défense des valeurs
républicaines pour les radicaux, alors qu’elle est fondamentalement économique et sociale, fondée sur
des mesures de volontarismes dirigistes pour les seconds. Point intéressant à ibserver à cette époque
est la naissance des jeunes radicaux (appelés les jeunes turques à l’époque), qui veulent réaménager le
radicalisme sur une base de gauche (on retrouve Pierre Mendès France). Les tentatives fin années 20
ne poussent pas à changer de camps (toujours refus d’allier ac la droite). Stratégie d’Hériot reste de
maintenir l’alliance à gauche, la discipline républicaine sur le plan électoral puis de gouverner au
centre ensuite.
e. Tournant des années 30
1932 toujours victoire aux élections, mais toujours impossibilité de gouverner : les radicaux ne veulent
pas gouverner avec les socialistes, mais ne peuvent pas gouverner sans leur soutien parlementaire ; le
tournant des années 30 est marqué par le 6 fevrier 1934, émeute populaire conduite par les ligues
d’extrême droite qui chassent du pouvoir cette émeute, le gouvernement radical d’Edouard Baladier et
précipite le radicalisme dans une crise profonde, radicalisme discrédité par l’implication de certain de
ses membres dans des scandales, contraint de participer à certains gouvernements de droite sans
imposer ses conditions, donc démission de plusieurs adhérents du parti et les élections de 1936 le
voient perdre près de 40% de ses élus. Les radicaux participent au gvmt du front populaire à ses débuts
mais au cours de quelques mois, la clientèle de classe moyenne, indignée de la politique sociale du
gvmt Blum poussent les radicaux à prendre leur distance, ils s’alignent sur la droite et font tomber le
premier gvmt de Léon Blum. Se développe au sein du parti radical l’hostilité au marxisme. Un
nouveau radicalisme émerge, d’abord défini par ce refus du marxisme. Le parti radical devient ce parti
qui alterne alliances à gauche et alliances à droite, avec les alliances les plus à gauche de l’histoire du
parti dans le cadre du front populaire, plus à droite aussi où des parlementaires radicaux soutiennent le
bloc national qui lui est conservateur.
f.
Explications : concurrence de la gauche/république qui semble installée/explication
sociale
Plusieurs explication au basculement à droite, notamment concurrence de nvelles organisations qui
apparaissent à gauche (socialistes) et qui presque mécaniquement font basculer le radicalisme à droite,
le fait que la république semble installée, tant que la rep est fragile, les radicaux sont la force de
gauche qui entend encrer la république. Explication sociale enfin, le radicalisme est devenu plus rural,
d’avantage ancré dans les classes moyennes, les professions libérales, petits exploitants agricoles, et de
façon plus minoritaire des fctionnaires, enseignants, employés. Base très hétérogène. Sa seule
homogénéité est le désir de promotion social, crainte de perdre ce patrimoine acquis par le travail.
Tout ce monde va se trouver fragilisé par la 1ere GM, monde pour lequel les solutions issues de la
culture politique républicaine (science, progrès, révolution de 1789, parlementarisme, petits
propriétaires) apparaissent un peu décalées au milieu des crises des années 30.
Malgré tout, certains analystes pensent que si la FR n’a pas entièrement basculé dans le fascisme, c’est
peut-être aussi parce que le parti radical avait réussi à ancrer ces petites classes moyennes dans la
république. Impossible de comprendre les évolutions du parti radical sans envisager le dvpt des
socialistes, gauche, en FR.
Leçon 4 : Socialisme et représentation
partisane des ouvriers (24)
Le dvpt du socialisme en FR est inséparable de la représentation politique ou plutôt la représentation
partisane par les partis politiques (question s’est posée de la représentation syndicale). Distinction parti
syndicale qui parait aujourd’hui évidente est historiquement récente : s’institutionnalise fin 19eme
avec la loi de 1884 sur les syndicats, se consolide au moment précis que nous examinons.
Repères historiques :
1879 : année charnière dans l’histoire de la formation des partis socialistes FR, avec la victoire
définitive des républicains, c’est l’amnistie des condamnés de la commune, donc beaucoup de
socialistes amnistiés qui vont pouvoir revenir en politique.
Les socialistes dans les années 1870 font encore figure de secte, de groupe aux forces très faibles au
début de la 3eme rép. Mais leur progression électorale va être rapidement prise au sérieux, par les
radicaux notamment. Dans les années 1880, années de dvpt des organisations socialistes, 1890 sont
années de l’effervescence, avec la création de la SFIO en 1905.
1889 est un point de repère : c’est à ce moment, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, que
se tient le congrès de la 2ème internationale, qui revendique la mobilisation du 1er mai pour la journée
de 8h. Des socialistes qui comptent une douzaine de représentants en 1889, 4 ans plus tard en ont une
cinquantaine, parmi lesquels Mihirant et Jean Jaurès, qui participeront au gouvernement de défense
républicaine de Waldeck Rousseau. 78 députés en 1910, 103 en 1914. Dvpt imposant donc au
parlement. Succès aussi des socialistes dans les élections municipales de 1896. On peut souligner que
le parti socialiste né deux fois ; en avril 1905, salle du Globe à Paris, en décembre 1920, au moment
du congrès de Tours, après la rupture avec les partisans (largement majoritaires) du ralliement à la 3ème
internationale.
C’est à partir de ces deux moments qu’on envisagera l’unification des organisations socialistes et la
scission du socialisme FR qui va donner naissance au parti communiste.
1. De l’éparpillement des organisations socialistes et ouvrières à la
fondation de la SFIO
Qu’est-ce qu’un socialiste en 1900 : anticlérical, comme le radical, mais ce n’est pas son principal
problème. C’est surtout qqun qui défend la république sociale, qui ne dit pas comme un radical « vive
la république démocratique, laïque, sociale » mais plutôt « vive la république sociale ».
Qu’est-ce que le socialisme avant la formation de la SFIO en 1905 et avant même la diffusion du
Marxisme? Assez paradoxalement, le terme de socialisme apparait après celui de communisme
(communisme est utilisé pour la pensée de Babeuf pendant la révolution FR). Terme de socialisme
apparait en FR en 1933, de la plume de Pierre Leroux, à peu près dans les mêmes années en GB, d’où
l’aspect un peu paradoxal d’un terme apparu après le communisme alors qu’on définit souvent le
communisme comme un approfondissement du socialisme. Autre paradoxe : le socialisme est un
courant très hétérogène, très divers, en même temps qu’il faut envisager pour comprendre comment les
Marxistes vont se définir par rapport/contre lui.
A.
Du socialisme quarante-huitard à la Commune de Paris (25)
a. Contexte
On voit se dvper autour de la révolution de 1848 une forme de socialisme qui se dvpe depuis plus de
20 ans dans un contexte qui est celui du début de l’industrialisation et de ses effets : machinisme,
grands ateliers, misère, paupérisation, révoltes ouvrières, méfaits du libéralisme, tout cela état aggravé
en FR par le régime de la monarchie de juillet, régime de Bourgeoisie d’affaire, peu préoccupé de la
pauvreté puisque se considère tellement comme garante de la liberté qu’il lui importe peu de ne pas
être la garante du bien etre matériel des populations
b. Définition du socialisme
Les socialismes plutôt : on peut les définir comme dvpt développant une volonté d’organisation
sociale qui ferait prévaloir l’intérêt général, et ceci à partir d’une triple indignation à l’égard du
libéralisme :
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Indignation morale à l’égard d’un libéralisme qui provoque, ou au mieux qui laisse faire, la
misère. Dvpt du paupérisme, de l’exploitation et du déracinement ouvrier, travail des enfants,
avec un sentiment affectif parfois de révolte contre cette misère nouvelle.
Indignation qui entraine une critique du libéralisme, qui se présente comme la seule pensée
économique sérieuse, seule pensée possible de l’économie. Le socialisme c’est le refus de
l’optimisme libéral, le refus de la « main invisible » d’Adam Smith, les socialistes considèrent
que ce système ne permet pas un partage optimum des richesses, qu’il provoque des crises
(image du renard libre dans le poulailler libre pour désigner la liberté du marché).
Indignation qui aboutit à une révolte politique. C’est le constat des oligarchies qui se
succèdent depuis la révolution à travers le suffrage censitaire, constat d’un pvoir confisqué par
l’aristocratie et la monarchie.
Triple indignation même si cela recouvre des pensées très variées, même s’il n’existe pas forcément de
grande référence théorique : la pensée de Marx va se diffuser très tardivement, le manifeste du parti
communiste date de 1848 mais sa diffusion sera à l’origine assez confidentielle.
c. Saint Simon et les saint-simoniens : Leroux, Buchez.
Parmi les précurseurs du socialisme, on peut signaler Saint Simon et les saint-simoniens comme
Leroux ou Buchez. St Simon n’est pas défini comme socialiste et pourtant aura une importance
centrale dans le développement de la pensée socialiste. St Simon sera un apport important à la pensée
du productivisme socialiste. Penseur qui accorde une grande importance à l’industrie et à la
production, et qui entend réorganiser le social (on peut se demander si ce n’est pas une caractéristique
des pensées de gauche) ; c’est aussi lui qui porte un grand intérêt à la science et l’industrie et qui est
mu par un souci religieux. Beaucoup de socialistes FR vont s’inspirer de lui en 1848 et même Marx
reconnaitra ce qu’il doit à St Simon « porte-parole de la classe laborieuse ».
Et parmi ceux qui se situent dans la filiation de l’école Simonienne, on peut retenir deux noms : Pierre
Leroux, un des fondateurs du mot socialisme en tant qu’opposant à l’individualisme, qui fondera un
journal St Simonien, le Globe, qui aura une pensée influente, un peu mystique aussi, et sera parmi les
premiers à se poser la question de la représentation politique des classes populaires.
Autre Simonien, lui aussi marqué par les aspects religieux de la pensée de St Simon est Philippe
Buchez, qui envisage une révolution fi de l’évangile en 1848, qui, converti au catholicisme va
développer l’Atelier, journal ouvrier, qui développe une théorie de l’association ouvrière afin de
mettre en place des associations artisanales d’ouvriers organisés entre eux, qui accepte le principe de
la lutte des classes, combat énergiquement le capitalisme, le salariat, et rejette même toute les formes
de l’assistance charitable (soucis de dignité) ;
On pourrait aussi citer une phrase très célèbre, celle de La Cordère, père dominicain à Notre Dame,
non socialiste mais fera quelque peu la jonction entre les démocrates-chrétiens et socialistes chrétiens :
« entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maitre et le serviteur, c’est la liberté qui
opprime et la loi qui affranchit, la loi qui libère ».
d. Pensées communautaires
Socialisme est aussi ces utopies, pensées communautaires qui se développent, s’occupent peu de
pouvoir mais bcp d’organisation et auto-organisation. Robert Owen et sa communauté de New
Harmony en GB qui rêve d’un monde formé de petites communautés ouvrières qui mettrait fin à la
propriété privé, ou encore Charles Fourier et son projet de phalanstère (orga communautaire).
Ces différents courants de pensée vont trouver la réalisation de certains de leurs rêves et beaucoup de
leur déception dans la révolution de 1848.
e. La révolution de 1848
Révolution est une des références historique de la gauche en FR, même du parti radical lorsqu’il
invente le solidarisme et ceci sous plusieurs aspects : au travers de la thématique de la fraternité, du
ralliement de certains catholiques à la révolution, de cette dimension de socialisme mystique qui se
développe en 1848, par exemple représentations du christ en bonnet phrygien, abolition de
l’esclavage…
Au travers de la thématique de la révolution trahie, écrasée dans le sang, victime des complots
bourgeois, des soldats qui tirent dans la foule, en juin 48, ou du coup d’état de Louis Napoléon
Bonaparte, le 2 décembre 1851, qui met fin à l’expérience.
1848 aussi référence au travers des clivages qui se produisent chez les révolutionnaires, entre ceux qui
entendent jouer le jeu du gvmt provisoire, une fois la monarchie de Juillet renversée, et ceux qui
défendent la poursuite du recours à la violence, à l’insurrection suite aux journées de 1848 (Barbès,
Arago)
Aussi l’idée du droit au travail, de l’intervention de l’état, bref, tentative de révolution sociale. Le 25
février 1848 est proclamé le droit au travail, préfiguration des ateliers nationaux de la Seine fondés le
6 mars, le 2 mars la journée de travail est limitée à 10 heures et il faut citer Louis Blanc, socialiste,
mêlera volonté d’organisation économique et sociale, volonté de faire intervenir l’état, sera un des
deux grands théoriciens du droit au travail, qui fut un des deux socialistes dans le gouvernement
provisoire de 1848. Son projet d’ateliers sociaux fut dénaturé en ateliers nationaux qui n’étaient
soutenus par personne. Louis Blanc est l’auteur d’un texte important : « l’organisation du travail » en
1840, ne refuse pas la politique, envisage un libéralisme destructeur auquel il propose des droits réels
en expliquant qu’importe au malade qu’on ne guérit pas le droit d’être guéri.
f. Proudhon
Figure très particulière dans le socialisme FR. Trop rapide de le définir comme anarchiste alors que
beaucoup de socialistes vont s’approprier sa pensée, alors même que le socialisme dans sa question du
partage des terres et des moyens de production pourrait se retrouver dans la définition Proudhonienne
selon laquelle la propriété c’est le vol. Pourtant Proudhon méprise la plupart de ses contemporains
socialistes (Marx, Bouchez, Blanc…), malgré tout, il propose une critique de l’état, du pouvoir
centralisé (selon lui le modèle de société est le mutuellisme), ce qui prime chez lui est l’économique,
le social, l’échange de services, l’auto-organisation, le fédéralisme autogestionnaire. Quant à la
propriété, Proudhon pas révolutionnaire : il parle d’avantage de tuer la propriété à petit feu plutôt
qu’une St Bartélémy des propriétaires. Aura une forte influence sur la Commune.
g. La Commune de Paris, 1870- 1871
Jalon des expérimentations socialistes du 19eme. La Commune sera un moment d’expérimentation des
idées sociales, moratoire sur les loyers, sur les prêts au mont de piété, les formes d’organisation
décentralisées du pouvoir, cette Commune qui restera un fort souvenir, qui justifiera pour eux la
méfiance à l’égard des républicains de gouvernement, la méfiance à l’égard de la manière dont fu
réprimé ce mouvement ouvrier. On retrouvait dans la Commune de nombreuses tendances socialistes,
blanquistes, internationalistes, des courants plus libertaires. La figure de Louis Blanqui, l’enfermé, qui
traverse tout le 19eme s en étant de toutes les conspirations, de toutes les révolutions, en passant plus
de la moitié de sa vie en prison est exemplaire de ces expérimentations socialistes qui traversent le
19eme. Blanqui intitulait un journal « Ni dieu Ni maitre » et qui fit une crise d’apoplexie fin d’un
meeting révolutionnaire en 1880, comptera des obsèques suivies par plus de 100 000 personnes.
h. Le marxisme
Comment se positionne le marxisme par rapport à toutes ces expérimentations intellectuelles ? Faut
préciser l’originalité de la pensée de Marx par rapport aux autres pensées socialistes. Les marxistes
vont rapidement se distinguer des socialistes qui les ont précédés, et vont s’en distinguer en les rejetant
comme bourgeois ou utopiques. Ce qui caractérise la pensée de Marx : c’est une pensée critique, de
l’aliénation, de l’idéalisme, pensée qui se veut une philosophie de l’histoire, une science, se veut un
déterminisme économique (on sait à quel point Marx et les marxistes surtout ont voulu définir le
marxisme comme LA véritable science de l’histoire humaine, en définissant l’histoire comme la lutte
des classes), mais le marxisme est aussi une pracsisse, une théorie de la pratique. Il y a cette volonté de
former des circonstances humaines, de faire advenir une nouvelle société. La violence verbale de Marx
et certains marxistes à l’égard des autres socialistes est la violence de ceux qui entendent se donner les
moyens de réaliser leurs projets par rapport à ceux qu’ils critiquent comme utopistes ou idéalistes,
d’où le fait que Marx sera à l’origine de la fondation de la ligue des communistes, association ouvrière
internationale, qui fut au départ secrète.
B.
Hétérogénéité des organisations et rapport au syndicalisme (26)
On peut parler jusqu’à unification des socialistes en 1905, d’un fourmillement des organisations et
courants socialistes. Une organisation s’était constituée en 1879 : la fédération du parti des travailleurs
socialistes de FR, mais cette organisation avait rapidement éclaté. A la veille de l’unification de 1905
on peut distinguer 5 tendances
a. Les cinq tendances principales du socialisme français.
- Le guesdisme.
Terme forgé en référence à son leader Jules Guede dans les années 1900, c’est encore la tendance
dominante du socialisme FR. Jules Guède avait été exilé pour avoir soutenu, de loin, la Commune de
Paris et c’est en exil qu’il a véritablement découvert le marxisme. Rentré en FR en 1876, il fonde en
1882 le parti ouvrier, puis Parti Ouvrier FR (POF). Il s’agit d’un parti structuré, un des plus organisé,
qui compte 16 000 adhérents en 1898 et recueille alors près de 300 000 voies. C’est un parti
d’inspiration marxiste dont les zones de forces sont le Nord, l’Isère, l’Aube, le Languedoc, la
Provence. Ce parti est surtout implanté chez les ouvriers du textile, dans l’industrie sidérurgiste.
Inspiration marxiste mais qui a été jugé très superficiel sur le fond et très radical dans la forme, avec
une forte référence à la lutte des classes. Jules Guède se présente véritablement comme le portedrapeau du marxisme, même s’il n’a de Marx qu’une connaissance superficielle, dogmatique,
schématique. Le Guesdisme, c’est l’intransigeance doctrinale, le rôle du parti considéré comme
primordial pour le passage au socialisme. Paradoxal : ce parti très virulent, intransigeant n’est plus
tellement révolutionnaire dès le début du 20ème, connait une certaine sclérose, reste que qd se fonde la
2ème internationale à Paris en 1889, où l’influence des idées de Marx est d’abord dominante, ce sont les
blanquistes et les guesdistes qui contrôlent cette organisation. Ce sont eux également qui sont à la tête
du combat pour les journées de 8h. Les trois 8, titre du journal officiel de l’organisation de la
manifestation internationale du 1er mai sont tenu par des guesdistes (« ce que nous revendiquons ce
sont les journées de 8h par jours c’est à dire 8h de travail, 8h de repos et 8h pour instruire et cultiver
son corps »).
-
Les blanquistes ou vaillantistes
Du nom d’Edouard Vaillant (communard) ou Auguste Blanqui. Dans ce courant s’effectue une
synthèse du marxisme et du socialisme républicain. Un parti (le comité révolutionnaire central), créé à
la mort de Blanqui, à l’origine concurrent du parti ouvrier FR dont Edouard Vaillant était un leader,
parti qui devient le parti socialiste révolutionnaire. La majorité des blanquistes défendent à la fois le
parlementarisme et le socialisme, à la fois la grève générale et le socialisme municipal. Certains
rejoindront le boulangisme. Avec les guesdistes, ils se rejoindront en 1902 pour fonder le parti
socialiste de France.
- Les possibilistes ou broussistes (du nom de Paul Brousse)
Plutôt localisés à Paris, et comme le nom l’indique, sont partisans d’un socialisme du possible, que ce
soit sur le plan législatif ou municipal. Ils envisagent un passage progressif au socialisme dans une
option réformiste (désigne les organisations politiques qui rejettent la révolution, et proposent plutôt
la participation légale au pouvoir, la conquête de pouvoir par des petits pas, la mise en place
progressive de réformes. Possibilistes ou broussistes tiennent la fédération des travailleurs socialistes
créée en 1883.
- Les allemanistes
Parce que dirigés par Jean Allemane, ex communard, membres du parti ouvrier socialiste et
révolutionnaire, et séparent des broussistes en 1890 parce qu’ils les jugent trop réformistes, trop
électoralistes. Ce qui les caractérise avant tout c’est la référence à la grève générale et antimilitarisme.
Ils sont également très anticléricaux et perdront beaucoup de leur influence quand la CGT reprendra
certains de ces thèmes. Leur organisation (parti ouvrier socialiste révolutionnaire), créé en 1890 donc à
la division de la fédération des travailleurs socialistes.
- Les socialistes indépendants
Millerand et Jaurès notamment. Ce sont des socialistes qui défendent l’idée d’une participation au
gvmt, se méfient des doctrines trop strictes, des querelles d’école, seront assez hermétiques au
marxisme, symbolisent l’orientation réformiste du socialisme FR.
Benoit Malon, un de leur leader disait : « soyons révolutionnaires quand les circonstances l’exigent et
réformistes toujours ». S’agit surtout de personnalités intellectuelles qui n’ont pas d’organisations
proprement dite mais qui auront une grande influence aussi bien intellectuelle qu’au parlement, malgré
le fait qu’ils n’aient pas d’organisation. Dans leur thème centraux, l’idée d’une substitution nécessaire
mais progressive de la propriété sociale à la propriété capitaliste, l’idée que la conquête des pouvoirs
publics ne peut se faire que par le suffrage universel, que par le parlement plutôt que par un coup de
force à la Blanqui, et l’idée que l’internationalisme n’exclue pas le patriotisme. Malgré tout, les
convergences qui auraient pu se réaliser à ce moment-là vont être retardées, du fait de plusieurs
évènements : l’affaire Dreyfus qui va diviser le socialisme, du fait de la participation de Millerand et
Jaurès (socialistes indépendants) au cabinet Waldeck Rousseau de défense républicaine. 1902 marque
néanmoins un début de structuration : d’un côté les socialistes indépendants fondent le Parti Socialiste
Français et de l’autre côté les guesdistes et blanquistes fondent le Parti Socialiste De France, qui a plus
d’adhérents mais moins d’élus.
5 tendances donc des socialistes français.
b. Hétérogénéité de doctrine
Cette hétérogénéité de doctrine se manifeste sur plusieurs points :
- Hétérogénéité des références théoriques
Proudhon, Marx, il faut garder à l’esprit qu’en 1900, Marx est complètement inconnu, à part dans les
sphères guesdistes. Le succès de Proudhon en FR, a longtemps, compte tenu des conflits
Proudhon/Marx, retardé l’importation de Marx en FR.
- Hétérogénéité de la conquête du pouvoir
Ce pouvoir, faut-il le conquérir ou au contraire améliorer la situation concrète des ouvriers plutôt que
conquérir le pouvoir, et si oui, par quels moyens ? Importance accordée au politique ou pas. Proudhon
par ex néglige les questions politiques pour les questions d’organisation sociale dont tout le reste,
selon lui, découle.
-
Hétérogénéité de l'organisation de l'économie
Jusqu’à quel point faudra-t-il organiser cette dernière, administrer ou encore nationaliser.
- Hétérogénéité du choix de la forme de l'organisation (syndicats ou parti) la plus appropriée
La plus appropriée pour parler au monde ouvrier et le défendre. Apres la reconnaissance du droit
syndical en 1884, la Confédération générale du travail (CGT) constitue en 1895 et adopte en 1906 la
Chartre d’Amiens qui consacre le principe de l’indépendance du syndicalisme par rapport socialisme
politique.
c. Le rapport au syndicalisme
Faut se rendre compte que la CGT compte 350 000 adhérents en 1914 alors que la SFIO au même
moment n’en compte que 80 000. Quand la SFIO se construit entre 1905-1914, elle agglomère des
tendances et partis hostiles à la CGT. Les idées libertaires, les idées anarcho-syndicalistes continuent à
influencer une partie du mouvement ouvrier qui manifeste sa méfiance à l’égard du parti politique, et
la CGT se revendique du syndicalisme révolutionnaire, défend l’autonomie ouvrière. La grande
question qui se pose en matière de représentation ouvrière, c’est le rôle de l’organisation. On parle
souvent de la charte d’Amiens comme ce moment historique de séparation du syndicalisme et du
parti ; mais c’est un grand moment de méfiance de l’un envers l’autre ; marque la méfiance de certains
syndicalistes à l’égard des guesdistes qui entendent bien prendre le contrôle de certaines fédérations et
organisations radicales mais Charte d’Amiens est avant tout un texte dirigé contre ces prétentions là
des socialistes à subordonner le syndicalisme au parti (entre ceux qui croient à la grève générale et
ceux qui croient à l’action économique et l’élection).
Les guesdistes sont les seuls qui sont assez forts pour envisager l’élection. Les guesdistes d’une part et
certains socialistes indépendants (mais leur base est surtout dans des régions déchristianisés où ils vont
faire alliance avec des radicaux). On peut voire une explication historique de la faiblesse du
syndicalisme FR, le fait que ce clivage d’origine pèsera très lourd sur l’avenir du syndicalisme et du
socialisme FR, un socialisme peu enraciné dans le social et un syndicalisme assez émietté. De là
découle l’absence de lien organique entre parti et syndicat, qui distingue fortement le socialiste FR de
la sociale démocratie de l’EU du Nord.
C.
(27)
La SFIO : organisation partisane, ancrage social, idéologie a. La fondation
La sfio ne sera fondée qu’en 1905. C’est une unification du socialisme politique, qui se fait sur
l’injonction du parti de l’international lors du congrès du Globe de 1904, avec fusion des différents
courants socialistes dans la nouvelle section FR de l’internationale ouvrière, la SFIO. Contrairement
donc à ce qui se passe en EU occidentale, l’unification est difficile, tardive, partielle. Ce qui est
curieux est que la SFIO n’empreinte presque rien à l’histoire du socialisme FR du 19 ème : St Simon
n’est jamais cité ou alors quelques fois par Jaurès qui citera également 1848.
a. Jaurès et la synthèse jaurésienne
Peu à peu, Jaurès, à ses débuts minoritaires dans la SFIO, se retrouve en position de médiateur au sein
du parti. S’y ajoute son véritable ascendant intellectuel et s’impose comme la figure majeure du
socialisme FR, par son combat pour l’unité, la volonté de synthèse entre la république et le socialisme
(d’où la synthèse Jaurésienne), par la volonté de synthèse entre le patriotisme et l’internationalisme,
entre les idées des marxistes et la tradition de la révolution FR libérale. Jaurès se singularise aussi par
sa forte opposition à la guerre de 14-18, violemment opposé à la politique colonialiste et à la guerre,
fut assassiné par un nationaliste le 31 juillet 1914 (veille début 1ere GM). Jaurès, qui n’était pas
partisan de la dictature de prolétariat, qui était porteur d’un fort internationalisme, avait défendu l’idée
d’une grève générale dans tous les pays menacés par la guerre, mais qui n’avait pas été suivi par les
socio-démocrates, socialistes allemands. On peut parler de synthèse jaurésienne cette tentative de
combiner ces différentes dimensions : suffrage universel, dimension sociale, Jaurès a cette phrase
célèbre « au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique (par le biais du suffrage
universel), il est dans l’ordre économique, réduit à une forme de servage …(voir Fascicule). ».
Le rapport au marxisme est donc complexe au sein du socialisme FR entre ceux qui entendent faire la
synthèse de la république et de la pensée sociale et ceux qui, tels les guesdistes, appliquent un
marxisme plus caricatural/mécanique.
Autre aspect de la SFIO : la question de son recrutement et ancrage social.
b. Recrutement et ancrage social
La SFIO se veut un parti ouvrier.
- un parti d'élus et d’électeurs
Elle a acquis une large base électorale et militante (paysans, ouvriers, artisans qui côtoient des
intellectuels, fonctionnaires) ; fondamentalement, la SFIO est un parti qui se veut parti de masse mais
qui pour l’essentiel est un parti d’élu et d’électeurs. Les ouvriers sont marginaux en son sein, il faut y
ajouter également une surreprésentation des intellectuels en son sein : Jaurès est un professeur issu de
la bourgeoisie provinciale, Jules Guesde est un journaliste sans racines ouvrières, Aristide Briand,
Millerand, sont avocats.
- municipalisme socialiste
Ce parti d’élu et d’électeur est un parti qui est entré très tôt dans les mairies, d’où un fort rôle de ce
qu’on a appelé municipalisme socialiste, c’est-à-dire l’ancrage dans des fiefs municipaux. Système
dont on observe encore la manifestation dans le Nord de la FR ou dans les bouches du Rhône : un
système qui a favorisé le dvpt d’un mode de domination politique fondé sur l’omniprésence du maire.
Le parti socialiste est devenu de plus en plus dépendant de ses élus. Les socialistes étaient déjà à la tête
de plus de 300 communes en 1912, en contrôlent plus de 500 en 1925, 800 en 1929, 1400 en 1935, et
certaines de façon relativement continu. Le cumul de mandats est largement toléré, se généralise,
apparait pour les socialistes comme le meilleur moyen de propager leurs idées, d’ancrer le parti, lui
donner une base sociale. Ce faisant, l’adhésion alimentaire, l’adhésion de reconnaissance se répand.
Elle sera un trait durable du parti socialiste aussi bien au sud qu’au nord et les élus s’efforcent de
contrôler le recrutement des adhérents, afin d’éviter que les sections du PS ne limitent leur pouvoir ou
ne remette en cause leur investiture. Fort poids du municipalisme dans le parti.
- poids de la nébuleuse laïque
Surtout à partir de 1930 pour la SFIO et notamment des instituteurs.
-
marginalisation des ouvriers et (la) surreprésentation corrélative des professions
intellectuelles
Fruit d’un processus complexe : la FR s’est industrialisée tardivement, l’introduction précoce du
suffrage universel, l’instabilité du régime, ont fortement contribué à ce que le clivage central au sein
de la société FR soit la république, bien avant que se forment les partis organisés ce qui explique que
la question sociale arrive tardivement par rapport à la république.
Ralliement du parti socialiste (excepté Jaurès) à la guerre va être une des manifestations du glissement
à droite. Là encore, glissement à droite des socialistes ne peut s’expliquer sans comprendre le dvpt
d’une force politique sur sa gauche.
2. LA SCISSION DU SOCIALISME FRANÇAIS (28)
Comment comprendre la scission de la SFIO, que permet-elle de dire sur la question du rapport des
gauches au pouvoir.
A.
Le Congrès de Tours et la naissance du Parti Communiste
Les dates sont connues : en décembre 1920, la SFIO éclate au sujet de l’adhésion à la 3ème
internationale, cad l’internationale communiste, léniniste, fondée suite à la révolution russe de 1917.
L’adhésion à l’internationale communiste suppose l’acceptation des conditions dictées par Lénine, et
une véritable dépendance à l’égard de l’union soviétique.
* Quelles sont les explications de la scission ?
Explications de contexte d’abord : le congrès de la SFIO en 1920 est le congrès qui suit une révolution
qui a réussi, celle de 1917, tout à coup, Marx n’est plus un auteur parmi d’autre, Lénine plus un
révolutionnaire parmi d’autres, ils sont ceux qui ont réussi, qui avaient compris. Aussi le congrès de
l’après 14-18, une génération a été marquée par les combats et rejette l’union sacrée, rejette le
raliement de la SFIO à la guerre. Raisons plus profondes, sociologiques : ceux qui font scission, et qui
sont majoritaires, Marcel Cachin, Paul Vaillant Couturier sont moins dotés en ressources personnelles
(carnet d’adresse, diplôme, origine sociale, fortune personnelle…) en capital politique. S’opposent aux
notables politiques de la SFIO (avocats, universitaires, bourgeois de la SFIO) et ne sont pas non plus
des ouvriers professionnalisés et en voie de notabilisation. La question de l’adhésion à l’internationale
communiste sera un prétexte qui leur permettra d’exprimer des affrontements socio-sociologiques au
sein du parti, sur l’enjeu de la représentation : qui peut légitimement parler au nom des ouvriers, qui en
a le droit, et de parler de l’enjeu des stratégies, réformes ou révolutions
* Résultat
Une majorité adhère donc aux 21 conditions posées par Lénine, comme condition de l’adhésion FR à
l’internationale communiste, et quitte la SFIO pour fonder le Parti Communiste (section FR de
l’internationale), avec 100 000 adhérents et le contrôle du journal l’Humanité qui avait été fondé par
Jaurès, et une minorité reste à la SFIO, garder la maison selon l’expression de Léon Blum, ceux qui
restent vont être une majorité de parlementaires. Ce clivage socialiste-communiste se retrouvera un
sein du syndicalisme, avec une scission de la CGTU qui va quitter la CGT sur la même base de
l’opposition.
B.
Bolchevisation et ouvriérisation du PCF (29)
Alors que les sécessionnistes étaient majoritaires au nombre de 100 000, le Parti communiste perd de
nombreux adhérents et des voies pendant la période immédiatement consécutive à la scission. De
façon paradoxale, la SFIO gagne des voies et des adhérents entre deux guerres.
- Le parti communiste perd de nombreux adhérents et des voix
Plusieurs raisons : le déclin militant, lié à la profonde réorganisation du parti à partir de 1924, ce que
l’on appelle notamment la bolchevisation, cad le fait que sous l’impulsion soviétique se mette en place
l’idée que le parti doit être un organe de combat, visant la révolution, avec l’idée d’un révolutionnaire
professionnel, mise en place d’une discipline de fer, des 21 conditions de Lénine (fascicule), insistant
sur la rupture avec les réformistes, l’épuration périodique des éléments intéressés et petits bourgeois,
sur le refus de se fier à la légalité bourgeoise, mise en place d’un organisme clandestin capable
d’assurer la révolution, sur le centralisme démocratique comme mode de fonctionnement. Déclin
électoral également.
- Le parti se radicalise
Le parti se radicalise, ce qui inquiète une partie de l’électorat.
- Mise en place du centralisme démocratique
Non seulement il se radicalise (ce qui aurait pu attirer d’autres électeurs), mais surtout le parti adopte
une tactique à partir de 1927, tactique qui va être appelée classes contre classes. Cad le refus de
l’alliance électorale, refus de l’accord de désistement avec les socialistes (appelés socio-traitres par les
communistes). Le parti communiste n’a que 10 élus à l’AN en 1932 à comparer av les 132 de la SFIO.
Intéressant à plus d’un titre : le PC préfère perdre des députés socialistes plutôt que faire alliance, et
aussi que un parti ne cherche pas toujours à gagner les élections ou avoir plus de militants, peut
connaitre des périodes qu’il juge nécessaire de consolidation de sa ligne idéologique.
Période donc de mise en place du centralisme démocratique cad de prééminence de l’appareil national
sur les cellules de base.
Période également de contrôle biographique. On demande à tous les membres du parti de se livrer à
des écrits biographiques qu’ils donnent au parti dans lesquels il doit faire preuve de leur soucis
d’autocritique et de lutte pour ce qui pourrait rester de bourgeois.
- L’ouvriérisation
Autre manifestation de ces transformations internes. Promotion d’un personnel politique d’origine
ouvrière au sein du parti. Les ouvriers représentent environ 18% du comité central en 1920 et environ
52% en 1936. On voit disparaitre au sein du parti les représentants des classes moyennes et classes
moyennes supérieures. Personnel ouvrier, jeune, peu expérimenté politiquement, formé à l’école des
cadres du parti, et qui va devoir tout à ce même parti. Dans une très forte remise de soi à l’égard du
parti, dont Maurice Thaurèse (secrétaire général du parti de 1930-1934)
- Crise à court terme / structuration à long terme.
Faut garder à l’esprit que la ligne classe contre classe ne sera pas tenue pendant tout l’entre 2 guerres
au PC, ce qui pose la question du rapport au pouvoir aussi bien du côté du PC que de la SFIO.
C.
La question du rapport au pouvoir (30)
Dans l’histoire des gauches françaises, cette question du rapport au pvoir se pose au parti communiste,
à la SFIO et plus tard au PS.
On peut considérer que la gauche n’accèdera pas seule au pouvoir entre le front populaire et 1981 +
hésitation PC / PS quant au fait de se commettre avec le gouvernement.
La SFIO, face à la rupture de 1920, connait une phase de dvpt. Sa doctrine change peu, mais on
s’aperçoit des tensions croissantes entre le maintien de la référence au marxisme et le caractère de
moins en moins ouvrier (de + en + instituteur socialiste). A coté de cette transfo interne, le désaccord
reigne au sein de la SFIO sur l’exercice du pvoir : faut il s’allier avec les radicaux pour exercer le
pouvoir ? ceux qui défendent cette orientation sont exclus de la SFIO. D’autre part, les néoguesdistes
défendent l’idée que le parti doit rester le parti de la lutte des classes, et refusent le ministérialisme,
cad l’association au pouvoir dans le cadre de ministere comme par exemple ce qui avait été reproché,
Alexandre Millerand siège au sein d’un gvt radical fin 19ème.
Enfin, Léon Blum, distingue 3 stratégies et 3 réponses : participation (en tant que minorité tenue par
d’autres, des radicaux) : LB défavorable mais favorable à l’exercice du pvoir (cas de majorité de
socialistes dans le gouvernement ou cas où faudrait faire face au fascisme en assurant alliance tous
contre fascisme). Il distingue participation au pvoir du véritable objectif, selon lui, = la conquête du
pouvoir, même si selon lui l’accord n’est pas général au sein de la sFIO pour conquête du pvoir (voie
révolutionnaire ou réformiste). Cette distinction sur la participation n’empêche pas les ententes
électorales, les socialistes soutiennent le gvmt radical d’Edouard Hériot dans le cadre du cartel des
gauches, idem alliance en 1932 même si les revendications des socialistes ne sont pas satisfaites, ce
qui va entrainer la chute du gvmt radical. Du coté du PC, la montée des dangers, fascistes notamment,
va justifier une stratégie d’ouverture que le parti, apres la tactique classe contre classe, va caractériser
de front unique. Cela désigne l’idée d’une alliance du prolétariat et classes moyennes dans la lutte
contre le fascisme. Ce grand tournant marque les années 1934-1939. 1934 une alliance électorale est
passée entre communistes, socialistes, radicaux, qui se traduira par la victoire législative de 1936.
C’est le retour d’une démarche unitaire, d’autant plus important que ces 3 courants sont majoritaires
en voies, mais faute d’alliance n’avaient pas acces au pouvoir et parlement. Grandes manifestations
unitaires (ex gde manif du 14 Juillet 1935, qui regroupe 500 000 personnes à Paris), et radicaux au
début participent à cette démarche (comme Victor Bash, président de la ligue des droits de l’homme,
dirige le comité national pour le rassemblement populaire dont le slogan est « du pain, la paix et la
liberté » ).victoire électorale de 1936 entraine le gvt de LB au pouvoir jusqu’à juin 1937. Le front
populaire devient alors la référence mythique pour la gauche à l’époque, référence mythique pq
premier gvt dominé par les socialistes, caractérisé par l’union des gauches et mise en place de
réformes sociales, liberté syndicale accrue, réduction du temps de travail, congés payés, période de
grande mobilisation ouvrière (grèves de 1936), progression électorale du PC. Période pendant laquelle
le PC devient plus attractif, déjà pq accepte l’alliance, plus ouvert aux militants, et parti apparait plus
structuré. Implantation durable dans le pays (banlieues rouges). Structuration développement : de 1934
a 1937, le parti passe de 48 000 à 122 000 adhérents + recul des radicaux, qui quitteront le Front
populaire.
Référence mythique donc d’alliance PC et SFIO, plus refaite ensuite jusqu’à 1981 pq avant tout gvmt
modérés ou conservateurs qui domineront essentiel de 4ème Rep.
LEÇON 5. DROITES MODERÉES ET
EXTRÊMES FACE A LA RÉPUBLIQUE :
RÉSIGNATION, ADHÉSION, REFUS
1. Les typologies et leurs limites (31)
La question des gauches doit être pensé a partir des thèmes centraux : lien à la république,
anticléricalisme, puis représentation politique des ouvriers, la diversité caractérise plus encore les
droites FR. au tournant du 19eme et 20eme s, si on considère tout ce qui peuple l’espace politique a
droite des radicaux dedans ou hors parlement (ligues), les droites sont d’une très grandes diversités :
elle regroupe des anti-république autant que des acteurs qui jouent le jeu de la République, de fervent
catholiques soucieux de la place de l’église de la société autant que des modérés qui s’accommodent
de la société en voie de sécularisation, autant défenseur des libertés politiques que des hostiles
farouches au parlement, des membres de la bourgeoisie d’affaire que des ennemis du libéralisme
économique et dégâts qu’il provoque auprès des plus pauvres…
On peut, selon les auteurs, envisager plusieurs typologies des droites. La distinction la plus classique,
connue et peut être la plus contestable est celle de René Raymond, qui distingue 3 courants ;
légitimisme, orléanisme, bonapartisme. Oppose les plus fervent partisans de la monarchie légitime
(Bourbons), les partisans de l’ordre ancien, monarchie de droit divin (les légitimistes), aux orléanistes,
cad ceux qui s’épanouissent dans la monarchie de Juillet, qui acceptent plus facilement certains aspect
de la révolution FR sous sa forme bourgeoise, libérée, censitaire (au sens du recours au suffrage
censitaire), cette phrase résumée par Guizau disant que si les populations veulent accéder au suffrage,
il faut qu’ils aient de plus hauts revenus (slogan « enrichissez-vous »), et enfin une droite plus
populaire, pour le suffrage universel, qui entend concilier l’ordre et l’héritage de la révolution et qui va
revendiquer tout au long du 19eme la mémoire de Napoléon.
Première typologie donc.
Si l’on se place à l’inverse du côté des cultures : culture plutôt traditionaliste ou culture plutôt libérale
(politique et économique), auxquels s’ajoutent plus tard une culture nationaliste et ensuite une droite
chrétienne.
Typo mais limites : étiqueter forces politiques est pas facile de comprendre ce qui les oppose :
phénomène classique de sinistrisme : dvpt de forces à gauches, qui rejettent à droite des forces qui ne
se définissaient pas comme de droite à l’origine ;
Catégories gauche/droite sont avant tout des catégories parlementaires au 19eme, pas évidence
d’aujourd’hui, pas immédiatement sens pour les populations : jusqu’en 1870, ceux qui luttent pour la
démocratie sous l’empire se revendiquent plutôt du parti de la liberté plutôt que de la gauche,
définition un pe situationnelle pr être gauche ou droite. Affermissement au tournant 19eme.
On peut envisager un certain nombre de forces politiques qui se définissent selon enjeux et thèmes
particulièrement significatifs. 7 enjeux qui renvoient à des valeurs et intérêts sociaux, qui permettent
de délimiter l’univers des droites FR.
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l’ordre : idée d’éviter les bouleversements politiques, désordres, et garantir ordre social,
respect des autorités déjà en place, autorités politiques déjà en place doivent obéir à l’ordre
social dont elles héritent (tradition, histoire, religion), inégalité pas forcément un pb : renvoi à
respo divine, respo individuelle ou inégales capacités de chacun (permet de comprendre role
central de religion catho ds droite FR).
tradition : histoire, ordre dont on a hérité, régime ancien a toutes les chances d’être bon parce
qu’a passé l’épreuve du temps, d’où
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-
méfiance à l’égard de la transfo sociale, (le progrès =pensée de gauche : changer les pensées
est etre révolutionnaire, est se tromper car équivaut à lutter contre un fleuve, pq si société
existe c’est que doit fonctionner.
Modération, considérée comme valeur en soit. Droites clivées entre droites qui veulent revenir
à l’ordre ancien même si par violence, et celles pour la modération. Thème central de droite.
Permet de comprendre que relation à république et à révolution incarne 2 problématiques , qui
renvoie à l’égalité politique et au changement violent : peut-on cautionner un régime qui a
coupé la tete du roi ? dc courant antirévolutionnaire, dt 3 noms bien connus : Edmund Burk,
Joseph de Maistre et Louis de Bonald. Mémoire de révolution FR, Vendée, terreur rouge et
terreur blanche reste un clivage puissant ds tout grand ouest de FR
Propriété : revoit à des valeurs traditionnel, valeur des groupes dominants, ou encore dans
certains courants incarne le mérite individuel. Pour etre conservateur faut avoir qqch à
conserver, et mouvement social vu par droite est que ceux qui n’ont rien à perdre ont tout à
gagner
Aspect face au marché : theme qui clive encore les droites FR : les plus influencés par catho et
les plus ancrés dans rural se méfient d’un marché des structures qui favorise individualisme. A
l’inverse, de nouvelles élites qui jouent le jeu du capitalisme n’ont rien contre le dvpt du
profit. Donc observe forte variantes dans degrés de protectionisme des droites FR.
Clivage oppose pensées de droites plutôt organisistes aux individualistes plus sensibles à
héritage libéral de révolution. Organisistes : idéologie qui envisage la société comme un corps,
entité dans laquelle chaque organe dépend des autres dc doit rester à sa place et a
responsabilités envers tous. Individualistes d’abord défendu par ceux qui défendaient le libre
examen face au catho.
Ces thématiques permettent de comprendre dimension conservatrice du parti de l’ordre qui se met en
place des 1849 dans la perspective des élections législative ac ce moment d’angoisse quand pense que
plus de dynastie de rechange en 1848-49. Comité de l’union électorale créée par la réunion de la rue de
Poitier à cette époque a comme slogan « ordre, propriété, religion », éclatera face au Bonapartisme,
qui apparaitra bcp plus conservateur que qd était au suffrage.
A partir de toutes ces dimensions, comprend ce qui caractérise et oppose les droites FR : droite
traditionaliste qui refuse la république, le marché / modérés qui se rallient à la république des que
semble garrantir l’ordre, une partie de droite entend concilier l’ordre, l’héritage de l’égalité du
suffrage, attention plus forte aux classes populaires, amélioration de leur sort, c’est ce qui résume
assez bien le courant bonapartiste, là ou autre courant + marqué par le refus de la république
parlementaire.
Acceptation, résignation, refus face à la république, telle est la question/tension qui traverse tout le
19eme s. diversité des forces de droites
2. Faiblesse des organisations et puissance des forces sociales de «
droite » (32)
La place des partis politique est + particulière du côté des conservateurs que radicaux ou socialistes car
forces sur lesquels peut s’appuyer sont forces sociales liées à la propriété, religion. Rend des partis
puissants un peu moins nécessaires alors qu’apparaissent vitaux du côté de la gauche, et partis plus
faibles renvoient à des idéologies qui les valorisent moins et dc ressources, capital militant plus
spécifique.
A.
L’ordre moral : une coalition hétéroclite
Contexte de naissance de la 3eme Rep = domination de fait des royalistes puisque élections de février
1871 avaient emmené royalistes à l’AN. Royalistes vont jouer le suffrage universel pq apparait comme
moyen de faire revenir le prétendant au trône.
Ordre moral : 24 mai 1873, l’assemblée renverse le gvmt de Tiers, ce républicain qui travaillait à
établir une république conservatrice, l’assemblée porte au pouvoir le Maréchal Mc Mahon, qui déclare
le 25 mai « avec l’aide de dieu, le dévouement de notre armée qui sera toujours l’esclave de la loi, de
l’appui de tous les honetes gens, nous continuerons l’œuvre de libération du territoire et du
rétablissement de l’ordre moral dans notre pays, nous maintiendrons la paix intérieure et les principes
sur lesquels reposent la société. Ordre moral : désigne ambiance au sortir de la Commune de Paris, au
sortir de la guerre, expiation, pénitence, reprise en main, ambiance dont construction Sacré Cœur est
bon symbole : reprise en main par église et autorité. Les légitimistes vont d’ailleurs reprocher aux
orléanistes de ne pas avoir consacré la FR au Sacré cœur, d’avoir refusé que l’AN rende hommage au
Sacré cœur. Cela révèle ls divisions de la coalition. Coalition de l’ordre moral est unie pour défendre
la hiérarchie sociale, les classes dirigeantes, église, mais les bonapartistes semblent des alliés peu
sures, les orléanistes se méfient des penchants autoritaires de tous et des penchants démocratiques des
bonapartistes, bref situation de restauration de l’ordre moral mais dont on sent bien les divisions qui la
travaille en interne.
B.
Du ralliement à l’esprit nouveau (33)
A partir du moment où les républicains ont pris le contrôle des institutions de la Rep (Sénat et
Assemblée), république s’enracine, va se poser pour les droites la question des moyens d’action :
seront-ils contre la rep ou dans la rep ?
Contre la rep : tentative Boulangiste
Dans la rep : le ralliement. Terme à comprendre comme ralliement des cathos et d’un certain nombre
des opposants à la Rep, mais aussio encouragement de la papauté de ce ralliement à la rep.
Jacques Piou (député qui avait été élu sur la liste monarchiste qui avait participé à la conspiration
boulangiste et qui fera parti de ceux quoi comprendront nécessité de ralliement à la Rep) invente ainsi
l’idée d’une droite constitutionnelle. Encouragé par le président du conseil Rouvier en 1887. Rouvier
qui lui dit « vous êtes anticonstitutionnel, je ne peux pas me solidariser avec vous, mais si vous
acceptez la République, non seulement je vous avouerais publiquement, mais en + je prendrai 2 des
vôtres dans mon gouvernement. » Déclenche l’invention d’une droite constitutionnelle, groupe
d’indépendants. Cette démarche de ralliement est encouragée au plus haut de la Papauté, Léon XIII.
L13 va organiser un ralliement stratégique à la république, proposera que soit accepté le pvoir civil
dans la forme ici de la révolution. L13 va adopter une encyclique le 20 février 1892, encyclique au
milieu des sollicitudes, rédigée en FR, pas en latin, pq précisément dirigée pour les cathos FR. projet
est d’encourager tous les FR à accepter la république, distinguer les gvt légal qu’il faut accepter de
l’hostilité anticléricale qu’il faut combattre.
Ce ralliement s’agit d’une synthèse originale, pas une alliance politique classique entre deux parties
mais plutôt entre deux forces politiques et sociales assez complémentaires, d’un coté la république, de
l’autre les catho qui restent une catégorie sociale qui a une influence considérable chez enseignants,
hôpitaux, officiers, et ac un potentiel énorme d’électeurs. Passe au moment ou le parti républicain a
besoin d’être + ancré dans la société (+ se méfient de l’extreme gauche depuis boulangiste pq contre
répu) et où les catholiques cherchent à être représentés au niveau national (+ les cathos ont échoué en
soutenant Boulanger en 1889, dc fin de l’espoir pour légitimistes monarchiques de renversement du
régime). Intérêts réciproques et aussi au rapprochement entre FR et Vatican (Jules Ferry désire obtenir
appui du Vatican)
Ralliement reste quand même mal vécu par bcp de catholiques : marquera le départ de la division des
catholiques en politique. Il disloque en qques sorte alliance entre catholicisme et monarchie, autorise
certains catho à s’orienter vers ce qui sera plus tard la démocratie chrétienne, alors que d’autres iront
plutôt à gauche ou droite. A court terme démarche pas particulièrement payante : élections de 1893
sont désastreuses pour les ralliés, réaction hostile de nombreux cathos, et de nombreux monarchistes à
l’intervention de la papauté, augmentation de l’abstentionisme. Il ne s’agissait pas de former un grand
parti catholique, mais plutôt que opportunistes et républicains modérés constituent un grand parti
conservateur, attaché à la défense sociale et contre le socialisme. A partir de là, la République ne se
confond plus avec la gauche. Un quotidien de province existe encore parmi les publications créées
pour soutenir le ralliement : Ouest éclair qui deviendra Ouest France en 1944.
Ralliement avait déjà été celui de nombreux fidèles qui votaient républicain, il y avait déjà eu
ralliement en quelques sortes au niveau social avant qu’il se fasse au niveau politique.
1893-1898, période de ralliement se manifeste aussi par ce qu’on appelle esprit nouveau, qui est cet
esprit de réconciliation mis en avant par les républicains de gvmt à l’égard des droites. Si les
monarchistes, pour certains, persistent à refuser cet esprit nouveau, tous ceux qui ne sont ni radicaux
ni monarchistes s’y retrouvent, c’est le cas lors du gvmt de Jules Méline 1896-1898. Eugène Spuller
gambettiste, sera un des porteurs de cet esprit nveau.
Période dc d’organisation des droites, début organisation partisane, revue, assos, union, comité, mais
retour à la bipolarité dans les années 1899-1900 avec Affaire Dreyfus, gvmt de défense républicaine,
ministère Combes, mais a quand même ouvert un espace à ceux qui ne sont ni monarchistes, ni
radicaux, ni, à gauche, socialistes.
C.
Le lent glissement à droite de certains républicains opportunistes (34)
On observe l’éclatement du vaste magma républicain qui se trouve au centre du régime. Aussi période
à droite d’apprentissage du régime politique, même s’il faut garder à l’esprit que les partis sous la
3eme Rep restent peu structurés, et encore moins à droite : on cherche des électeurs plus que des
militans. Signification de basculement à droite de la part d’un certain nombre de républicains du gvmt,
on peu prendre l’exemple de 2 organisations :
a. Les modérés de l’Alliance républicaine démocratique (ARD)
Cette ARD sera créée en 1901, regroupe des républicains convaincus, mais des républicains de
gouvernement (Jules Siegfried, Raymond Pointcarré). Ces personnalités de gouvernement, qui à
l’origine s’alliaient plus à la gauche et radicaux, vont peu à peu s’inscrire dans des alliances
conservatrices, notamment après guerre 14-18. Ce qui les rassemble, c’est qu’il s’agit de ceux qui,
après l’affaire Dreyfus avaient rejoint le mouvement de défense Républicaine de Waldeck Rousseau,
bref ceux qui avaient pris parti pour la république et pour le capitaine Dreyfus, contre le cléridanisme.
Cohérence idéologique de ce mouvement pas énorme et sont donc ds une position de l’entre-deux, ni
réaction, ni révolution, approche pragmatique, attachement à l’ordre et au libéralisme économique. Ex
se retrouve bien dans la figure d’André Tardieu. Il reste méfiance à l’égard du cléricalisme comme
principal caractéristique de leur orientation idéologique. Cette organisation (l’ARD) sera un grand
réservoir de chef de gvmt sous la 3eme rep à partir années 20.
b. Les conservateurs de la Fédération Républicaine
FR fondée en 1903 par Eugène Motte. La encore c’est sous l’affaire Dreyfus que s’est dégagé ce
mouvement, plus à droite, plus conservateur, regroupe ceux qui ont refusé le gvmt de défense
républicaine, ceux qui considéraient qu’il n’y avait pas d’Affaire Dreyfus (pour reprendre Jules
Méline). Cette organisation comptera près de 3 000 cotisants au milieu des années 20 dc pas parti de
masse, organisation très composite, dont l’origine est républicain mais on trouvera partisan de réforme
autoritaire de l’état voire plus tard des qui rallieront le régime de Vichy. Seront rejoint par membres
d’un autre parti, catholique, l’alliance libérale populaire en 1919 ce qui le portera un peu plus vers la
défense des libertés religieuses. Parti principalement ancré dans Est France.
De nombreuses forces de droite pouvaient s’appuyer sur la force sociale du catho en FR, tous les
cathos n’entendaient pas entrer en politique en tant que cathos, certains envisageront mais sans que
cela soit de façon unifiée.
D.
Les divisions des catholiques en politique (35)
Fondamentalement, c’est le catholicisme social qui sera tres tot une des premières manifestations du
catholicisme en politique. Ensuite d’autres (alliance libérale populaire ou tentative de courant
démocrate chrétien).
a. Le catholicisme social comme conservatisme
Point essential, le catholicisme social est d’abord un conservatisme. Des avant la rep, des première
moitié 19ème s’affirme un courant catho en politique, qui n’est absolument pas une pensée de gauche
mais qui est une pensée sociale. Le contexte est celui des lendemains du congrès de Vienne ou grande
question pour le mde catho est celle de restauration de ses droits. Moment où les ultras se manifestent,
or une nvelle classe dirigeante s’oppose peu à peu aux ultras (ie ultra-légitimistes, partisans de l’ordre
traditionnel). Cette classe montante est la classe orléaniste, bourgeoisie d’affaire qui se ralliera au
régime de 1830, qui sera à l’ origine de lois défavorables aux ultras et qui défend industrialisation et
commerce, or ce groupe émergent suscite l’agressivité/frustration des ultras, du vieux monde
catholique inquiet face à ces transformations sociales, d’où l’émergence d’une pensée catholique
sociale particulièrement hostile aux effets du libéralisme, surtout économique, et qui pour lutter contre
les orléanistes, pour défendre les droits de l’église catholique, va revendiquer des libertés politiques
pour défendre les droits traditionnels du monde catholique et va utiliser la thématique sociale pour
lutter contre les libéraux orléanistes.
Dans les années 1830-48, l’église va finalement soutenir la monarchie de Juillet, plutôt que le
désordre, même si la monarchie de Juillet est doublement haïssable pour ces ex ultras, indignés (ou qui
se découvrent indignés) par les misères du peuple et par l’industrialisme. Et on voit émerger une série,
parfois de franc tireurs de l’église, comme Lacordaire, ou Lamennais, ce dernier qui développe une
pensée en faveur de la décentralisation d’un parti catholique, une pensée anticapitaliste, ancien prêtre
qui renoncera au sacerdoce et qui va dvper cette pensée pleine d’amour pour le peuple en soutenant
que le pauvre peuple qui travaille est ce qu’il y a de meilleur de la société (sera excommunié en 1834
mais précurseur de catho social, utilisant certains aspects du libé politique).
Pour comprendre l’évolution des cathos en politique, faut aussi prendre en compte la position de la
papauté. En 1864, Pie 9, dans un contexte ou Rome est de plus en plus menacé, notamment par l’unité
Italienne, récapitule dans le syllabus, catalogue de 80 articles, les erreurs de notre temps (=
individualisme, libéralisme, socialisme et capitalisme). Affirme que société qui soustraite aux lois de
la religion et la vrai justice ne peut avoir d’autre objectif que d’accumuler les richesses. Dc de façon
paradoxale, la pensée sociale qui se dvpe dans les milieux catholiques ne tombe pas du tout à gauche,
elle rejette à la fois le socialisme et le libéralisme et naissance d’une doctrine sociale de l’église (une
autre encyclique de 91 donne à l’église les éléments de sa doctrine sociale, dénonce la misère des
travailleurs livrés à la voracité des patrons, affirme que le socialisme ne constitue pas une solution,
admet l’intervention de l’état sur qques éléments limités : repos dominical, horaires, conditions de
travail, mais on observe bien que c’est dans les milieux les plus traditionnalistes que se recrutent les
tenants du catho social : les gens comme Frédéric leplay, auteur du grand ouvrage d’enquête sur les
ouvriers EU, paru en 1855, Albert Demain, … qui réfléchissent à une protection des pauvres/ouvriers,
considèrent que la propriété est un droit relatif, vont favoriser la naissance d’une pensée paternaliste de
droite, soucieuse d’un relatif bien etre des ouvriers.
A coté de l’émergence de cette pensée catho sociale dans les milieux traditionnalistes, voit se dvper un
parti plus spécifiquement catholique :
b. L’Alliance Libérale Populaire
Fondée en 1902 par Jacques Piou, inventeur de la droite constitutionnelle, dans un contexte de
mesures anticléricales, sur le thème de la défense de la liberté religieuse, orga qui aura une audience
large, recrutera chez catho conservateurs (patronat par exemple) que certains rangs du catho social.
ALP va incarner le conservatisme catholique entré en politique. Comme les autres partis de droite,
cette orga n’utilise pas le terme de parti, alliance plutôt, important pq « parti » plutôt mal vu à
l’époque à droite. Pourtant alliance qui se rapproche le plus d’un parti : compte jusqu’à 250 000
adhérents, 2000 locaux en 1890. Themes défendus : ceux de la réforme de l’état par représentation
proportionnelle, représentation professionnelle au Sénat, réforme pacifique, organisation des
professions… ne fait pas l’unanimité chez les catholiques, et en 1919 rejoint la fédération
républicaine.
c. L'échec de la démocratie chrétienne en France
Question qui a toujours intéressé les historiens : pq nos voisins GE et autre ont des partis démocrates
chrétiens et pas nous ? pas faute d’avoir essayé : on peut considérer qu’il y en a même 2 qui vont se
développer, l’une vers 1840, l’autre fin 19ème. Ralliement ouvrait la voix à la fois à l’ALP, la
démocratie chrétienne, voir plus tard à l’action française, ne pouvait y avoir des cathos de gauche que
parce qu’y avait des cathos de droite. Vont se développer des formes de cathos sociales réformistes,
démocraties chrétiennes, comme Léon Armel, et ses cercles, action sociale catholique en FR, va
organiser son usine comme une communauté chrétienne, défend l’idée que la démocratie n’est pas la
bonté verticale de haut en bas mais organisation du peuples par le peuple, dans des cercles, avec des
patrons qui s’intéressent aux peuples, du fait de leur devoir, avec la possibilité d’une ascension
populaire, les Abbés démocrates aussi, d’origine plus populaire, des zones rurales, qui vont défendre
l’idée d’une démocratie chrétienne, qui vont tenter de former un parti démocrate chrétien ac 4 thèmes :
protection de la famille, protection du travail et de la justice sociale par l’état, règlementation de
l’économie, organisation syndicale des professions.
Le plus important courant qui aurait pu incarner la démo chrétienne est le Sillon, organisation de Marc
Sangnier qui nait dans un contexte d’anticléricalisme virulent puis de séparation église/état. Sangnier
est au départ un jeune polytech qui se lance dans l’éducation populaire, les mouvements de jeunesse, il
s’agit de jeunes de milieux très aisés qui essaient d’agir dans le domaine social et qui considèrent que
la démo a besoin du catho. Rien n’oblige, selon l’idée de Marc Sangnier, les cathos à être démocrates,
mais pourtant eux le sont car pensent que seuls le catholicismes peuvent aider la démocratie. Aurait pu
être la prémice de cette démo chrétienne à la FR à ceci près que la crispation de l’épiscopat FR va être
très forte autours du Sillon, et qu’il sera donc condamné par Rome, pape qui demandera à Marc
Sangnier de mettre le mvt sous la direction des évêques de FR et de redevenir un mouvement
seulement religieux plutôt que politique. Tentative la plus aboutie. Les très fortes divisions des catho
en politique, échec de mise en place de démo chrétienne, qui de toutes façons se dvpera plutôt après la
1ere GM, plutôt en IT, ES, GE, et montrera les difficultés pour les cathos à rentrer en politique.
3. Antiparlementarismes et droites extrêmes (36)
La fin du 19eme va marquer le début d’une remise en cause radicale de la démo parlementaire en FR.
plusieurs traduction : basculement à droite du nationalisme qui ne va plus s’embarrasser de la
république, le dvpt d’une force politique atypique, l’Action FR, le dvpt d’une agitation violente qui se
traduira notamment par une ligue des années 30. Immunité FR au fascisme est peut etre plus
fantasmée que réelle.
A.
Un nationalisme qui bascule à droite (1871 et 1889)
Républicains en période monarchique, le nationalisme va devenir monarchique en période
républicaine. Au travers de grands axes, la lutte contre le parlementarisme, défense de l’amrée,
antisémitisme, xénophobie, l’idée de la grandeur nationale à relever, l’idée d’une doctrine économique
et sociale. On observera même le basculement de certaines initiatives au départ lancées partiellement à
gauche, dans le cas du boulangisme, qui vont devenir peu a peu entreprises de droite. Contexte :
humiliation de défaite de 1871 face à l’Allemagne, thématique de la revanche, reproches à certains de
se lancer dans l’aventure coloniale (Ferry) plutôt qu’essayer de rebattre l’Allemagne, et crise
économique de 1882, valse des ministères. Dans ce contexte nait la ligue des patriotes en 1882, au
départ fondée sur l’initiative de Gambetta, grand républicain, et son propos est de fonder une
commission qui stimule l’esprit patriotique, les aptitudes physiques des concitoyens, et celui qui était
ardemment républicain, Déroulède, leader de la ligue des patriotes depuis la mort de Gambetta, va
basculer, manifester un fort antisémitisme, rejoindra le boulangisme, et défendra l’idée que la Rep est
impuissante et que pour la réformer il faut une république fondée sur le plébiscite, contact direct entre
dirigeant et peuple par plébiscite plutôt que sur parlement. Cette ligue des patriotes dissoute en 1889
sera reconstituée en 1897, elle préfigure les ligues de l’entre-deux guerres.
C’est évidemment le boulangisme qui marquera ce basculement du nationalisme de gauche à droite.
Le Général Boulanger était ministre de la guerre en 1886, très populaire, démagogue, qui avait rétabli
la célébration du 14 juillet, au début plaisait beaucoup aux radicaux avec les slogans style « les curés
sacs au dos » (pq curés étaient exemptés du service militaire) et autour de Boulanger va se dvper une
campagne de la revanche, on espère que Boulanger permettra de battre l’Allemagne, de s’en venger, et
peu a peu les bonapartistes se rallient à Boulanger qui exprime des aspirations populaires et Boulanger
devient symbole du nationalisme revanchard, commence à inquiéter les gouvernements républicains,
sera muté, manifs se dvpe en sa faveur, Communards se rallient à lui aussi. Jusqu’au bout, Boulanger
aura ce mélange de petit bout d’extrême gauche et de conservatisme.
Boulanger compte sur les élections de 1889 mais n’aura de succès qu’à paris et dc il sera menacé
d’être traduit en haute cour par le Ministère de l’intérieur et se suicidera sur la tombe de sa maitresse.
A retenir : ce passage du nationalisme de gauche à droite. Jusqu’alors nationalisme était valeur de
gauche, et passe valeur de droite.
Nationalisme, opposition violente au régime, antiparlementarisme, militarisme, appel à l’homme fort,
doublé d’un certain réformisme publicitaire. Une majorité des droites s’était manifestée en faveur du G
Boulanger.
L’autre grand clivage et moment de basculement potentiel, sera le moment des oppositions autour de
l’affaire Dreyfus, et le dvpt de toute une série de théories nationalistes et d’ouvrage/organisations,
comme Drumont qui dvpera très fortement les pensées antisémites en FR, qui écrira « la FR juive » en
1885, qui va ancrer l’antisémitisme à droite à cette époque alors qu’on trouve aussi antisémitisme à
gauche anticapitalisme, considère que capitalisme est lié aux juifs, et dc à ce moment que
l’antisémitisme devient plutôt pensée de droite. Drumont dvpe aussi une pensée de rejet des élites, et
voit aussi se dvper des pensées très conservatrices à cette époque comme chez Barrès, Peggy,
Maurace, trois grand théoriciens du nationalisme FR, théorie de l’enracinement dans un très fort
antisémitisme, caractère xénophobe d’une pensée anti-intellectualiste dans laquelle les étrangers
seraient dangereux à la république, Barrès qui deviendra président de la ligue des patriotes, appelle à la
der-des-ders, frénésie antisémite, appelle à la virilité en l’enracinement. Peggy commence à gauche,
socialiste, et s’orientera de + en + sur nationalisme, haine de ce qui selon lui corromp la FR,
(bourgeoisie capitaliste, gauche modérée, dans un ton hyper virulent, presque de l’ordre de l’appel au
meurtre, rapproche dans son style de l’action FR.
B.
L’Action française (37)
Mouvement néo-royaliste est la plus importante des ligues créées fin 19eme, la plus importante en
audience ou en durée. L’AF sera le principal lieu de contestation de la Rep après 14-18. L’AF est une
organisation, un journal, un théoricien Charles Maurace. Son corpus doctrinal, idées, sont mélange de
monarchisme radical, antisémitisme, antiparlementarisme. Il peut paraitre paradoxal que cette doctrine
appelé néo-royalisme apparaisse comme organisation d’avant-garde, alors que dans les années 20,
l’AF se revendique comme le parti de l’intelligence et jeunes étudiants parisiens, quand entendent
s’exprimer de façon très avangardiste, rebelle, vont plutôt à l’AF. L’AF hésitera entre 2 stratégies : le
jeu électoral et la rue. En effet, l’AF aura des députés, jusqu’à une trentaine aux législatives de 1919,
reflux lors du cartel des gauches en 1924, mais fait aussi parti de ces orga qui appellent à grande
manifs qui dégénère en émeute devant l’assemblée nationale, février 34, orga qui a recours à la
violence, insulte, appel au meurtre, menaces, bagarre. Pour expliquer cette explication entre les 2
stratégies, le recrutement même de l’AF explique l’ambiguïté. AF représente le monde cahto
conservateur qui se sent menacé par le cartel des gauches, et des jeunes avant-gardes plus fascinés par
l’autoritarisme qui se développe partt en EU (notamment fascisme et nazisme). L’AF est un journal
qui se vend bien au sorties d’églises, soutenu par la Croix. AF : théoricien principal est Charles
Maurace, théoricien du nationalisme intégral, auteur de l’enquête sur la monarchie, fondateur de l’AF,
mourra en prison après la libération (condamné pour s’être rallié au régime de Vichy), auteur de 2
expression « divine surprise » pour qualifier la défaite face à l’Allemagne en 1940 et de l’opposition
entre ce que serait le pays légal (Parlement) et pays réel. CM va théoriser un nationalisme
monarchique, idée que Rep est le mal absolu, idée qu’autorité et autoritarisme sont nécessaires pour le
bien de la nation, le libéralisme éco est contestable, qu’il existe une anti-FR qui serait le regroupement
de 5 états confédérés : socialistes, juifs, protestants, métèques et Francs-Maçons = moment de
synthèse entre autoritarisme nationaliste et le traditionalisme contre-révolutionnaire. Nombreux débats
pour savoir si AF était de type fasciste. Sur le plan doctrinal, décentralisation dans le pays, pas
fascisme, il n’empêche que la doctrine de l’AF a très largement contribué à l’effondrement du régime
par sa critique virulente des institutions parlementaire, condamné explicitement par le pape en
décembre 1926 du fait de l’athéisme de Maurace et du caractère extrême de l’organisation.
C.
L’agitation ligueuse des années 30 (38)
La violence dans les années 30 pas limitée à l’AF. Tt un ensemble de ligues qui se mobilisent dans un
contexte d’anticommunisme croissant, d’inquiétude face à la victoire du cartel des gauches en 1924 et
de critique du régime. Exemples étrangers montrent la fragilité des démocraties face aux mobilisations
en faveur de l’ordre : marche de Rome en 1922, Poutch d’Hitler… forces de gauche se mobilisent
aussi de façon très organisée, ex transfert des cendres de Jean Jaurès au Panthéon en 1924, les
partisans du transfert ou cortège organisent le défilé comme militaire ac drapeau rouge et c’est un
important moment de violences de rues entre les organisations socialistes, communistes et de droite
dans l’affaire de la rue Danrémont (4 morts, 7 blessés chez les jeunesses patriote, ligue d’extrême
droite). Il faut avoir à l’esprit le contexte de l’après-guerre. Esprit de 1919. Tte une génération a fait
l’expérience de l’obéissance et du sacrifice dans un cadre militaire. On est dans un contexte de culte
du chef charismatique, notamment chez les anciens combattants, de fidélité des troupes aux chefs, gout
pour violence, nombreuses ligues apparaissent à l’époque. Aussi organisées que les partis ne le sont
pas. La plupart de ces ligues ne se présentent pas aux élections mais jouent le jeu de l’organisation.
Certaines organisées à l’origine pour défendre des intérêts sectoriels, ttes ne sont pas fascinées par le
fascisme, toutes ne sont pas révolutionnaires, mais rien ne permet de dire qu’elles n’auraient pas pu
basculer d’avantage vers le fascisme. Ont fortement contribué à délégitimer et affaiblir la république.
Autre que AF : fédération nationale des contribuables, créé en 1928, au début mouvement contre
l’impôt (sur le revenus), se radicalise au début des années 30, 700 000 adhérents, participera a
l’émeute de 34, les jeunesses patriotes créées en 1924 par un riche industriel, fort recours à la violence,
organisation presque spécialisée dans les bagarres de rues, contera une 100aine de milliers d’adhérents
qui sera dissoute par le front populaire en 1936, les chemises vertes, référence fasciste, mouvement de
défense paysanne pour paysans endettés, contre contrôles fiscaux… proche idéologiquement de l’AF,
pres de 400 000 adhérents, et la ligue des croix de feu, anciens combattants au départ, défend le
patriotisme, solidarité, critique parlementarisme, référence plutôt catho sociale, paternaliste, comptera
100 000 adhérents et à la dissolution de 1936, se transformera en parti social français, qui compte
800 000 adhérents : 1ere force de droite. Aucune de ces organisations se réclament du fascisme même
si par leur thématique ser approchent. Pourtant nombreuses conditions de succès du fascisme sont
réunies : inquiétude des anciens combattants, des proprios, critique des institutions, antisémitisme, et
reçoivent des sommes considérables de la part des milieux d’affaires.
A côté de ces organisations, qui ne veulent pas avoir l’air d’imiter les orga fascistes étrangères y a
organisations qui se rapprochent du fascisme : les faisceaux de George Valois, 1925, référence
explicite au fascisme, le Francsisme de Marcel Duquart 1933, Solidarité FR de Coty ou encore le Parti
populaire FR de Jacques Doriaut.
Nombre de ces orga et membres donc assez important. Mouvement le plus caractéristique = 6 février
1934 qui suit l’affaire Stavisky, scandale financier trouble qui avait impliqué des complicités Franc
Maçonnes. Manif du 6 fevrier à laquelle avait appelé l’AF va être une manifestation où les
organisations ont des buts différents : certaines veulent renverser le régime, d’autres seulement le
déstabiliser, auraient pu renverser la Rep, même si juste abouti à remise en selle d’un vieux routier de
la politique, mais moment d’intense violence/inquiétude pour la REp.
D.
Fausse immunité démocratique et ralliements à Vichy (39)
Rien ne permet de dire que l’échec des ligues jusqu’à Vichy signifiait que la Rep était
immunisée contre extrémistes/fascisme. Le basculement : conditions = défaite militaire de 40,
dé légitimation tres violente du régime qui s’en suit, appel à Pétain, qui considère que la
démocratie parlementaire a perdu la partie et que régime nveau nécessaire juillet 1940, au
moment ou l’AN réunie à Vichy donne tous les pvoirs au gvmt de la rep sous la signature et
autorité de Pétain, a l’effet de promulguer, par un ou plusieurs actes une nvelle constitution de
l’état FR, qui devra garantir les droits du travail, famille et patrie. Dc pas liberté et
démocratie. Cette délégation des pleins pvoirs est approuvée par 369 voix contre 80
parlementaires. Mise en place de régime qui va jusqu’à collaboration, expatriation des juifs,
création d’une milice parfois plus idéologue que l’occupant lui-même ;
Emmène à se poser la question d’un fascisme à la FR. une partie des historiens du politique en
FR, notamment René Raimond défendent idée qu’il y aurait eu une allergie FR au fascisme,
qu’il y aurait eu certains fascismes réels mais minoritaires, du côté de Georges Valois, mais
que FR pas véritablement fasciste, juste badigeon fascisme sur le vieux nationalisme FR, idée
que les croix de feu étaient plus proche de mouvement de jeunesse, plus imitation des
fascistes que vrai.
A l’inverse, certains auteurs défendent l’idée que la matrice meme du fascisme aurait été FR,
en considérant par ex que la pensée de Maurice Barrès porte déjà tous les germes de la pensée
fasciste.
Question n’est pas de savoir si FR immunisée ou pas, plutôt lecture rétrospective : trop facile
de raisonner à la fin de l’histoire et de dire que parce qu’un régime authentiquement fasciste
ne s’est pas mis en place, et régime particulier, FR immunisée. Déroulement d’une crise,
échec de février 34, ne veut pas dire que FR n’avait pas le potentiel de basculer comme vu au
travers des adhérents des ligues, frustration chez anciens combattants… toute une série de
conditions du basculement étaient réunies. Difficile de penser dc qu’immunité démocratique
face au fascisme.
Avènement du régime de Vichy clos un cycle : au lendemain de la libération, certaines forces
politiques apparaissent comme discréditées, certains régimes aussi, et ne semble pas possible
de revenir au régime de la 3eme Rep. Pourtant changement qui vont marquer le jeu de la vie
politique pas que ce changement, aussi transfos plus profondes de la façon de faire de la
politique.
LEÇON 6. IV ET V RÉPUBLIQUE : DES
BOULEVERSEMENTS QUI NE SE
LIMITENT PAS AUX CHANGEMENTS DE
RÉGIME POLITIQUE
e
e
(40) Evolution des forces politiques FR entre les années 20 et aujourd’hui :
Années 20, grands partis politiques : Parti radical, de la république, défenseur de la laïcité, fondé en
1901, la SFIO fondée en 1905 et le Parti Communiste FR fondé au Congrès de Tours, lors scission de
SFIO. 3 principales forces politiques, droite semble faible au niveau organisation même si compte
beaucoup de députés. Fédération républicaine, principal mvt conservateur du 20eme s, qui refuse
l’alliance des radicaux, alliance républicaine démocratique, plus modérée, regroupant républicains et
démocratique, et l’Alliance libérale populaire, mvmt à référence catholique, qui disparait quasi e 1919.
A coté, mvt droite extrême actives dans la rue et peu au parlement.
Que donne un instantané de la vie politique à la libération.
Résultats législatives, premier tour, de l’élection à la constituante de 1945 et aux législatives de 1946,
comparé aussi aux législatives du 9 juin. (Fascicule)
Constituante de 1945 : ¾ des voies monopolisées par 3 forces qui obtiennent 23-26% des suffrages : le
PCF, le MRP et la SFIO. Egalement les modérés, les radicaux et le centre gauche.
A peu près même chose législatives de 46.
Aujourd’hui : 9 juin 2002 : UMP 33.3%, PS allié radicaux à 25.6, FN 11.3, PC 4.8, verts 4.5
Constate changement d’appellation des partis et des acteurs principaux de la vie pol FR. aujourd’hui
grand partis politques FR sont les pré-cités. En 85 ans : 2 nvelles organisations partisanes apparues
dont l’idéologie était sous-représentée dans le jeu des partis politique (extrème droite), voire absente
(écolo). Modif du rapport de force au sein de la gauche puisque PS passe devant le PC, changement de
nom de SFIO qui devient PS, changement des partis de la droite modérée, et disparition du MRP,
grand parti centriste de la libération. Si nous avions envisagé les résultats électoraux sous 5eme rep
aussi succession de noms.
Comment passé d’une situation à l’autre, droite, gauche et relations entre.
Certains aspects de la transfo de la vie pol hors basculement vers 4eme et 5eme rep car dvpt de ces
forces politiques ne peut etre compris sans envisager transfo des façons de faire de la politique, transfo
de penser de faire la politique et compétition pol. Aussi suppose éviter un certain nombre d’erreurs.
(41) Erreurs :
- clichés, par ex selon lequel la 4eme rep aurait été condamnée du fait de l’instabilité des institutions et
du gouvernement
- penser que tout change d’un régime à l’autre. Au contraire il faut réfléchir aux continuités, même
quand la constitution change, quand les régimes politiques se succèdent, les hommes qui les peuplent
ne disparaissent pas, continue d’agir, et souvent ayant en mémoire les pratiques du régime précédent,
- transformations sociales sont fondamentales pour comprendre les transformations politiques, transfo
du mde du travail par ex, augmentation de la population urbaine, du niveau d’éducation, autant
d’éléments qui depuis 1945 ont transformé le comportement des électeurs autant que le changement
d’institution ou de suffrage ;
A.
A. Le régime et le personnel politique de la Libération : une rupture ?
(42)
Evidemment thématique de la rupture qui parait la plus évidente pour décrire le régime qui se met en
place à la libération. Les autorités en place sont discréditées, ont disparu, enfuies, arrêtées, les autorités
admin qui en dépendaient ont abandonnées leurs fonctions sans oppositions. Il parait difficile
d’invoquer à nouveau une chambre des députés et un Sénat qui ont participé à leur propre disparition
en 1940 en votant les pleins pvoirs au Maréchal Pétain et dc se discréditant. Enfin ds un pays
entièrement désorganisé ac forces allemandes encore actives dans l’est de la FR, avec 1 million de FR
encore détenus en GE (déportés, prisonniers, service travail obligatoire) parrait difficile de mettre en
place des élections. A partir de sept 44, le pvoir est exercé au travers d’une synthèse de la résistance
extérieure représentée par De Gaulle et le gvmt provisoire de la République FR à Alger depuis aout et
de la résistance intérieure, représentée par le conseil national de la résistance, le CNR, résistance qui
avait été unifiée à la demande de De Gaulle. Le nveau gvmt provisoire de la République FR en 44
fédère l’ensemble des résistances d’obédience différentes, programme extrêmement social.
Comment se manifeste la rupture : rupture avec le personnel de Vichy, ceux qui ont collaborés avec
l’Allemagne. Rupture que le terme d’épuration résume, épuration sous plusieurs formes : sauvage ou
spontanée (élimination physique), par des cours martiales plus ou moins improvisées, exécutions
sommaires d’anciens miliciens, dénonciateurs, profiteurs, agents de Gestapo, règlements de compte
entre malfrats et même résistants, difficile de dresser le bilan de ces exécutions, De Gaulle parlait de
10 000 exécutions dans son mémoire, aussi les humiliations publiques avec les femmes tondues, mais
épuration également légale et touche différents domaines. Environ 120 000 arrestations à la libération,
plus de 160 000 dossiers transmis aux cours de justices avec de nombreux non-lieux (73 000), 40 000
personnes condamnées à l’indignité nationale, ce qui entraine dégradation nationale, droits civils et
politiques, près de 25000 personnes condamnées à la prison, 13 000 aux travaux forcés, malgré tout
l’épuration est plus clémente en FR qu’ailleurs, un peu moins de 800 exécutions réelles et les
condamnés à l’indignité nationale retrouve rapidement leurs droits, et sur les 25 000 condamnés à la
prison, plus que 13 000 en 48 d’être encore emprisonnés, 1 500 en 1952 et 9 en 1964. Même
ambivalence en ce qui concerne l’épuration administrative, apparait difficile de trier entre ce qui relève
de l’exécution et ce qui relève de l’épuration active, et malgré dizaine de millier de dossiers inscrits
seulement une 40 aine de sanctions et 2 suspensions. Même problème pour l’épuration économique :
tenté d’éliminer le marché noir, profiteurs, de l’autre, activité éco tellement désorganisée qu’il parait
difficile de frapper encore sur les commerçants, même ceux qui en ont profité dans la guerre.
En ce qui concerne l’église, alors que de nombreux archevêques, évêques, ont salué l’avènement du
régime de vichy, épuration quasi inexistantes dans l’église, quelques démarches seront initiées par le
Vatican.
Epuration marquante en ce qui concerne la presse : la presque totalité de la presse d’avant-guerre
disparait, tout journal qui avait continué à paraitre en zone nord après la défaite est interdit, et arrivée à
la tête de nombreux journaux de cadres issus de la résistance. Malgré tout, meme dans domaine de la
presse, limites à long terme ex patron du principal groupe de presse FR avait diffusé à Paris pendant la
guerre le Pilori, journal collaborationniste, et avait créé dans le Val de Marne un camp Vichiste
d’embrigadement de la jeunesse en région parisienne qui recevra le nom de Maréchal Pétain, et Robert
Hersan parlera plus tard de ces activités comme erreurs de jeunesse mais sera jusqu’en 96 le
responsable du Figaro.
Rupture en matière sociale et en ce qui concerne la limitation de l’intervention du rôle de l’état dans
l’économie (comme jusqu’alors). Jusque-là, la thématique de l’intervention de l’état dans l’économie
semblait réservée aux communistes et socialistes, sera a la libération très utilisée par De Gaulle, et on
connait en effet le programme du conseil national de la résistance et la volonté d’instaurer un ordre
social plus juste qui passe par la nationalisation de certains grands moyens de production, certaines
sources d’énergie, un plan complet de sécurité sociale, thématique du droit au travail inclus dans le
préambule de la constit de 1946, donc on voit à la libération fort volontarisme économique se
manifester (nationalisation), forte volonté planificatrice, naissance sécu sociale ac mélange objectif de
stabilité sociale, émancipation de travailleurs salariés.
Terme de rupture désigne aussi rupture politique : dé légitimation des droites et radicaux qui
apparaissent comme discrédités, qui, au mieux, dans le cas des radicaux, n’ont pas su perpétuer la
3eme rep et la protéger, et au pire soupçonnés de collaboration dans le cas des droites. Autre aspect de
la rupture politique : prestige du PCF à la libération, sa domination politique, en terme de nombre de
députés/militants, qui va bénéficier de sa réputation de parti des fusillés, selon l’expression de
l’époque, PC qui n’a pas pris le pvoir en 1944 (crainte de ses opposants), surement sous l’ordre de
Moscou quand il fallait finir la guerre, alors que plus tard glissera vers guerre froide et conflictualité
sociale. C’est l’apparition tres rapide également de 2 nvelles forces politiques, en 46 et 47, d’une part
le MRP (mouvement républicain populaire), organisation fondée en nov 1944 qui s’inscrit dans le
courant de la démocratie d’inspiration chrétienne bien que sans référence nette au catholicisme, un
parti qui tente d’effectuer une synthèse complète, rendu possible par le role de la guerre, par
démocrates chrétiens dans la résistance, et dont les principaux dirigeants sont Maurice Shumann,
Georges Bidau, parti qui a d’autant plus de succès au sortir de la guerre qu’il n’existe pas de parti
Gaulliste, ce qui fait de ce parti le parti le plus proche de De Gaulle. Parti qui à l’origine avait tenté de
se positionner centre gauche et glissera centre droite. Electorat plus conservateur que dirigeants. Et
aussi organisation fondée par De Gaulle en 47, le Rassemblement du Peuple Français. De Gaulle pas
rappelé au pouvoir après sa démission en janv 46, malgré l’adoption d’une constitution à laquelle il
s’opposait, et RPF attirera des centaines de milliers d’adhérents (même si reflux ensuite), malgré tout
pas succès compte tenu du refus du parti, surtout de De Gaulle de jouer le jeu des partis et surtout des
institutions.
Cinquième aspect de rupture : rupture institutionnelle. Première rupture : le fait de recourir au
référendum pour demander au peuple si met en place une nvelle constit et si le pouvoir de l’assemblée
sera limité à cette mission constitutionnelle. Référendum pas bonne presse sous la 3eme République
(hostilité au Bonapartisme). Rupture avec le contenu même des institutions, avec un poids
considérable donné à l’assemblée. Avec pratiquement aucune limitation fixée au domaine de la loi,
temps de siège de l’assemblée ni conditions de travail. Il y a cette idée que l’assemblée ne doit pas
déléguer son pouvoir législatif au PM, ce qui signifie que le gouvernement est véritablement soumis
au bon vouloir de l’assemblée, maitresse de son ordre du jour.
Enfin, il faut se mettre dans l’état d’esprit des constituants (avant de se pencher sur les difficultés des
pvoirs constit et institutionnels de la 4ème République). Au moment où s’apprête à mettre en place un
nveau régime, la majorité des constituants pense que c’est plutôt la faiblesse des institutions qui a
contribué à la faiblesse du régime de la 3eme Rep. Pour eux, contrairement à ce que pense De Gaulle,
le régime des partis n’est pas un problème, au contraire, la formation d’un gouvernement composé des
partis les plus disciplinés, organisés, apparait comme un gage de succès, comme la condition du bon
fonctionnement des institutions. Cette croyance sera démentie partiellement par la toute puissance des
partis, par le rôle de leurs états major, malgré tout il faut prendre au sérieux cette confiance qui est
posée à la libération dans les partis politiques.
Sur le plan institutionnel, il faut garder à l’esprit que le mode de scrutin sera le scrutin départemental
de liste à représentation proportionnelle. Ce qui limite la rupture, c’est que le personnel politique de la
3eme république n’a pas entièrement disparu de l’assemblée de la 4ème république, beaucoup de
socialistes comme Léon Blum, certains radicaux comme Pierre Mendes France, sont encore présents.
B.
Les séquences de la IV e république : tripartisme, troisième force, retour
des droites, expérience Mendès-France et crise algérienne (43)
Il s’agit de récapituler quelques points de repère chronologiques.
On va assister à la mise en place des rapports de force entre les organisations politiques. C’est un
moment de tension entre forces politiques, notamment au moment du départ de De Gaulle, tension
entre De Gaulle et le parti communiste, thématique d’une assemblée forte ou non. De Gaulle a beau
être la figure de la résistance, c’est aussi quelqu’un qui entend défendre un pouvoir fort, et pas
forcément un parlement fort, d’où un débat constitutionnel intense. Lorsque la première assemblée
constituante entre en fonction, elle confie à l’unanimité générale à De Gaulle le soin de continuer à
diriger le gvmt, mais les difficultés arrivent vite, notamment dans sa relation avec le communisme.
Refus de confier des grands ministères (intérieur, affaires étrangères, défense…) au parti communiste,
tout ces ministères qui commandent la politique étrangère, dans la mesure où De Gaulle se méfie d’un
parti qui lui apparait comme dans le camp de l’union soviétique. Donc contexte d’incertitude dans un
moment ou les partis communistes dans l’EU de l’Est accèdent au pouvoir par ces ministères. La
solution est trouvée, Maurice Taurèze reçoit le titre de ministre d’Etat, titre prestigieux, mais les
tensions sont forte au sein des organisations, De Gaulle démissionne en janvier 46 en annonçant qu’il
a remis le pays sur les rails et que le système exclusif des partis a reparu. De Gaulle s’attendait à être
rappelé rapidement au pouvoir mais ce ne sera pas le cas.
Deuxième moment de cette période, le tripartisme, cad ce mode de gvmt entre le PC, MRP et SFIO.
C’est la première formule institutionnelle d’alliance de début 46 à mai 47, où les trois partis signent
une charte, forme de pacte de non agression, l’idée de faire la transition entre le gouvernement de De
Gaulle et la mise en place de nouvelles institutions. Ce Yalta a plusieurs traductions : une répartition
des ministères entre les partis politique (les socialistes qui récupèrent souvent le ministère de
l’intérieur, de l’éducation nationale, de la FR nationale, une parti des ministères économiques, le MRP
qui obtient les affaires étrangères, justice, armées, et communistes obtiennent une parti des ministères
économiques et des ministères sociaux, production industrielle, travail, reconstruction, anciens
combattants. Dans cette période, il s’agit de sortir le pays du provisoire, de permettre des réformes
économiques et sociales, d’associer le PC français a la reconstruction, d’éviter la guerre civile, malgré
tout, l’incertitude règne quant à la place à donner au PC et ses ambitions, dans un contexte où les PC
sont en train de prendre le pouvoir dans toute une partie d’EU de l’Est. Les difficultés entre alliés se
répercutent au sein du gouvernement, le 5 mai 1947, les ministres communistes sont révoqués suite à
un vote au cours duquel députés et ministres communistes avaient refusé de voter la confiance au
président du conseil à propos de sa politique de prix et de blocage des salaires. Ce qui est frappant,
c’est qu’à ce moment là, on n’a pas l’impression que le PC va disparaitre du gouvernement jusqu’à
mai 1981, mais le contexte est celui des grèves violentes, comme celles de l’automne 1947, contexte
quasi insurrectionnel qui crée l’incertitude. Après le tripartisme, la nouvelle formule institutionnelle
adoptée sera celle de la 3ème force, 1958-1961, qui, dans la pratique a correspondu à l’ensemble des
partis politiques excepté PC à gauche et RPF à droite. Une troisième force dépendant avant tout des
deux grands partis, SFIO et le RPF. Une des traductions de ce système de 3ème force sera l’adoption du
système d’apparentement de 1961, ce système qui avait pour propos d’éviter la proportionnelle pure,
puisqu’il mélangeait des éléments du système majoritaire et proportionnel, en effet les partis
apparentés (ceux qui ont accepté de s’allier entre eux) se partagent l’intégralité des sièges à répartir à
la proportionnelle.
Le contexte contribuera à la désagrégation de la 3ème force et au retour vers la droite. Si on observe la
composition de 46 à 51, les organisations de droite apparaissent comme participant de plus en plus au
gvmt alors qu’à l’inverse la SFIO devient minoritaire. Ils s‘agissait donc d’un système, formule
fragile, manquant de cohérence, qui malgré tout aura tenu la ligne de défense de la démocratie à un
moment de basculement du coté de l’URSS, du coté des régimes d’EU de l’Est, régime qui sera
attaqué à gauche et à droite et qui tiendra malgré tout, assurera croissance éco et continuité
ministérielle. 1952, encore, marquera le retour des indépendants, cad des droites au pouvoir a travers
l’expérience d’Antoine Pinay, tête de l’organisation des indépendants, qui avait été appelé par Pétain
pour faire parti du conseil national de Vichy, qui avait été déclaré inéligible à la libération et cette
inéligibilité sera levée ensuite et sera réélu à partir de 46. Image du notable traditionnel rassuré, il
mena une politique de lutte contre l’inflation et qui chutera malgré tout et sera renversé, chutera sur la
guerre en Indochine qui dure depuis 1947. 7 mai 1954, c’est pour la FR l’humiliante défaite de Dien
Bien Phu.
Pierre Mendès France est investit, appelé comme président du conseil le 27 juin 1954. Il s’agit d’un
personnage atypique à tout point de vue, radical modernisateur perçu comme courageux en même
temps que technocrate, qui sera victime d’attaques antisémites d’une très grande violence, et qui,
contrairement aux radicaux de sa génération précédente s »intéressait aux problèmes économiques
qu’il prenait au sérieux, et il sera perçu comme l’homme qui su faire la paix en Indochine (signature de
l’accord de paix le 20 juillet 1954 à Genève), et qui su mettre en place une stratégie d’acheminement,
négocier vers l’indépendance en Tunisie et au Maroc. PMF inaugure un changement de style en
politique, l’idée qu’un politique peut agir sur la réalité, parfois perçu comme précurseur de la 5eme
Rep par sa valorisation des forces technocratiques des spécialistes et techniciens plutôt que des forces
partisanes ; les années 1953-1956 seront cependant avant tout marquées par la contestation
Poujadistes, de Pierre Poujade, ce libraire papetier né dans le lot, qui crée en 1953 l’UDCA (l’Union
de Défense des Commerçants et Artisans), et qui entend défendre les intérêts des artisans, des petits
commerçants, des vieilles classes moyennes en déclin, dans le contexte de modernisation de l’après
guerre (s’oppose à la pression des impôts, contrôles fiscaux et qui adopte le registre de critique des
élites, d’anti-fiscalisme, critique de l’état, des fonctionnaires, du pouvoir intellectuel, met en avant le
bon FR de base qui n’y arrivent plus et dont les troupes militantes feront preuve d’un réel
antisémitisme, notamment dans la critique de PMF). Parmi les jeunes députés poujadistes de
l’époque : JM Le Pen, élu député de Paris à 28 ans.
Le contexte des décolonisations est important aussi à garder à l’esprit, et guerre/crise d’Algérie en
particulier. Alors que les indépendances de la Tunisie, Maroc et Indochine sont acquises au milieu des
années 50, la particularité de l’Algérie est qu’il s’agit d’une colonie de peuplement, cad près d’1
million de colons dans 8 millions d’Algérien, ce qui n’est pas le même type de décolonisation que
pour un protectorat. Cela signifie aussi de fortes inégalités sociales, par ex seulement 10% des
algériens sont intégrés dans les secteurs de l’économie moderne, seulement 1 enfant algérien sur 8
fréquente l’école. Le 1er novembre 1954 se déclenche une révolution armée dans les montagnes des
Ores, à laquelle répond le déploiement des forces militaires, auxquels répondent des massacres
d’Européens, auxquels répondent la torture, la bataille d’Alger qui commence en janvier 1957 et qui
dure 9 mois. Le déploiement des forces armées est très vite important sur le terrain, avec 2 rappels de
soldats en 55 et 56 et près de 400 millions sur le terrain. La radicalisation est d’autant plus forte à
partir de 56, date où Guy Mollet président du conseil, socialiste, se rend à Alger et doit reculer devant
les manifestations d’une population Européenne déchaînée, Guy Mollet qui accompagne la politique
de pouvoirs spéciaux, de suspension des libertés en Algérie, et d’envoi du contingent avec la
conversion des socialistes à une guerre dure (certaine tolérance à l’égard de la torture, de l’envoi de
contingence, répression sévère et idée qu’on ne négocie pas avec le FLN – Front de libération
Algérien- perçu comme un mouvement terroriste et comme une manifestation de l’expansionnisme
des pays arabes). En fait, on observe des divisions de la classe politique, non pas sur le soutien à la
colonisation dans les dernières années de la 4eme république, il est pratiquement impensable, sauf à
risquer le suicide politique pour un homme politique, de se montrer réticent sur la poursuite de la
guerre, donc le problème n’est pas tant le soutien à la colonisation et à la guerre qu’à la limite la
dénonciation de la torture.
Les seules formes d’opposition à ce qui se passe en Algérie porte sur la dénonciation de la torture et ce
sont plutôt des intellectuels, journalistes, avocats, plutôt que des hommes politiques qui se saisissent
de cette question. L’agitation, le refus des colons FR en Algérie, de laisser faire cette décolonisation
qu’ils craignent, la tentation d’une partie au moins des forces d’armées d’aller du coté des discours
d’ordre, explique l’insurrection d’Alger, la mise en place d’un comité de salut public, le 13 mai 1958.
On parle alors de parachutistes qui seraient prêts à sauter sur la FR, on se demande si le cout qui se
produit à Alger va dégénérer en coup d’état contre la république elle-même en FR. du coté socialiste
on craint le fascisme, les communistes se préparent à entrer dans la clandestinité, et c’est dans ce
contexte d’agitation, on parle depuis plusieurs semaines d’appeler De Gaulle, que René Coty demande
à De Gaulle, fin mai 1958 de former un gouvernement. Face à l’inquiétude de certains, notamment à
gauche, De Gaulle affirme que ce n’est pas à 67 ans qu’il va entamer une carrière de dictature, et se
voit voter les pleins pouvoirs pour régler la crise algérienne et mettre en place une nouvelle
constitution, le 3 juin 1958, ce sera la constitution du 4 novembre 58 puis son accès à la présidence de
la république fin 58.
De Gaulle jouit d’une marge de manœuvre considérable compte tenu de la confusion environnante et
de la menace de coup d’état militaire. Malgré tout la situation en Algérie n’est pas réglée
immédiatement avec l’avènement de la Vème république, et De Gaulle a très largement profité de
l’ambigüité de ses soutiens. Certains croient qu’il va garder l’Algérie FR, il va falloir encore 2 ans ½
pour que l’auto-détermination de l’Algérie soit acceptée, référendum de janvier 61 puis les accords
d’Evian en avril 62, le tout dans un contexte d’attenta de l’OS (organisation armée secrète, fondée en
Algérie, hostile à la décolonisation), et les mobilisations ne vont pas cesser avec l’arrivée de De Gaulle
au pouvoir, compte tenu des fortes inquiétudes sur ce qui se passe, la période est aussi celle de la
répression de la manifestation du 17 oct 61, manif du FLN interdite et au cours de laquelle quelques
centaines de morts Algériens à Paris, manifestation également du métro Charonne le 8 février 1962.
C.
Qu’est-ce qui change avec le passage de la IV e à la V e République ? (44)
Instit de la Veme rep instaurent la mise en place d’un régime parlementaire rationalisé, cad limitation
du domaine de la loi, maitrise de l’odj par le parlement, possibilité pour le gvmt de mettre sa
responsabilité en jeu sur un texte, pouvoir fort du président, possibilité de lien direct entre président et
peuple via referendum. Façon dont est rédigée la constit de la 5eme rep dans le secret plutôt que par
assemblée constituante, marque une rupture par rapport au régime précédent. S’y rajoute aussi le
retour du mode de scrutin uninominal majoritaire à 2 tours. On a ainsi coutume d’opposer les instit
faibles de la 4eme et forts de la 5eme
a. La IVe République était-elle vraiment condamnée par ses institutions ?
la encore, comme pour fev 34 on ne peut pas déduire de la fin d’un processus qu’il devait fatalement
se produire, on ne peut pas déduire de l’effondrement de la 4eme qu’elle devait fatalement s’effondrer
a cause de ses instit. Quand il est dit du bien de la 4eme rep, c’est pour dire que bien que échec
politique, victoire sociale, période de réalisation sociale, croissance également. Il faut se rappeler aussi
que l’’immobilisme n’est pas le privilège de la 4eme, et se demander si n’importe quel régime,
présidentiel ou parlementaire, n’aurait pas été confronté à l’instabilité des institutions dans le cadre
d’une crise dans une colonie de peuplement (guerre d’Algérie) et au milieu d’autres processus de
décolonisation, guerre froide, dans une société FR profondément clivée, dans un pays qu’il s’agissait
de reconstruire. L’echec de la 4eme rep n’est pas si patent que l’on le pense.
b. Prophétie gaullienne ou pari technocratique ?
Pourquoi on y croit ?
Prophétie gaullienne : en référence au fameux discours de Bayeux, 16 juin 1946, que prononce De
Gaulle, première ville libérée par les alliés, et il prononce le discours à un moment particulier, au
moment ou il n’est pas rappelé au pouvoir en 46, où une seconde constituante va se réunir et où De
Gaulle, pour influencer la constituante choisi de développer ses idées institutionnelles, dans un
discours qui dresse presque le portrait des instits de la 5eme république. Analyse souvent du discours
pour dire a quel point De Gaulle a été le prophète de cette 5eme Rep.
Il importe malgré tout de se demander si De Gaulle sans ceux qui le considéraient charismatique et
sans ceux qui y font appel, aurait pu à lui seul mettre en place ces institutions, y a til charisme ou appel
à un homme qu’on va charger de charisme ? bref, on ne peut pas comprendre l’avènement des
gaullistes au pouvoir sans envisager la mobilisation de tout un ensemble de haut fonctionnaires,
syndicalistes, planificateurs, d’élite modernisatrice, qui vont défendre un régime dans lequel
l’assemblée aurait moins de poids et les experts et technocrates d’avantage. La victoire de De Gaulle
n’est pas simplement la victoire d’un homme seul, mais de certains groupes/secteurs de l’admin, de
clubs, comme le club Jean Moulin, réunit tous ces hommes persuadés de la nécessité de la
modernisation de la FR.
Bref, on ne peut pas comprendre un régime sans s’interroger sur ce qu’il permet à certains groupes,
administratifs ou syndicaux. Politiquement, cela aura une traduction très claire dans les gvmt de De
Gaulle et Debré, c’est le fort nombre de ministres qui ne viendront pas du parlement, choisis par De
Gaulle en fonction de sa fidélité, de son passage par l’ENA, ses compétences technocratiques.
Suppose de s’intéresser à la prééminence présidentielle.
c. Prééminence présidentielle, ajustement inégal des partis politiques et
bipolarisation
Les législatives du 23 novembres 58 manifestent un choc ; effondrement du MRP, radicaux et centre
gauche, et l’apparition d’une nouvelle force politique, l’UNR, qui capitalise plus de 17% des voix.
L’allégeance qui est donnée à De Gaulle pour rétablir la situation en Algérie lui confère des marge de
manœuvre considérables. De Gaulle infléchit très profondément, dès les premiers mois du régime, la
conception première des instits de la 5eme rep, en concentrant les pouvoirs entre ses mains comme
aucun chef ne l’avait fait en FR sous un régime démocratique. De Gaulle impose d’emblée l’image
d’un président tout puissant, chef de l’exécutif, qui entretient une relation directe avec le peuple
(utilisation répétée des référendums qui sont vécus/pensés comme véritables plébiscites et par
l’utilisation systématique de la télévision pour s’adresser aux FR. le rappel incessant par ses opposants
de la lettre du conseil constitutionnel, la critique du pouvoir personnel n’y feront rien, avant même que
le président de la république soit élu officiellement en 65, le rôle du président devient la figure centrale
de la 5eme rep.
C’est cette prééminence présidentielle qui va bouleverser profondément le jeu politique, d’autant que
le G De Gaulle obtient la révision de la constitution en 1962 après l’attentat du petit Clamart en
procédant par un article qui, initialement n’était pas prévu pour se faire, l’article 11, pour mettre en
place l’élection du président au suffrage univ direct. Or cette élection du président au suffrage univ
direct va profondément transformer le jue politique, parce que tous les partis ne sont pas capable de
suivre, les dirigeants de certains partis n’ont pas compris tout de suite qu’il fallait avoir un
présidentiable, partis qui ont forte tradition parlementaire et pour lesquels le pouvoir se trouve au
Parlement et auprès du PM et président du Conseil, pas président de la rep. Les partis de gvmt, dans ce
cadre, ceux capable de rassembler les voix sur leurs noms, au second tour, vont être privilégiées par
rapport aux partis d’opposition et par rapport à des partis dont on sait qu’ils ne pourront passer le
second tour, à la présidentielle et aux législatives.
A cet ajustement inégal des partis politique va s’ajouter un phénomène de bipolarisation forte du jeu
politique : tendance de la vie pol en FR à être très structurée par une opposition droite-gauche, très liée
également au mode de scrutin (uninominal majoritaire à 2 tours pour les législatives), qui oblige à
rassembler au 2eme tour les voix de ceux qui ont été adversaires au 1er tour. C’est un scrutin brutal, qui
dégage des majorités claires mais qui fragilise beaucoup les petites forces politiques, comme le PC,
qui est encore une grande force politique début 5eme et très fragilisé par ces institutions.
La 5eme rep va non seulement être marquée par la bipolarisation, mais peu à peu par le quadrille
(parce qu’ils sont 4) bipolaire, cad bipolarisation à 4 : 2 partis à gauche (PC-PS), 2 partis à droite
(UDF et Parti gaulliste), 1 modéré, 1 radical dans chaque groupe, qui s’opposaient au premier tour,
parfois candidats communs, mais surtout ensuite essayaient de faire des alliances pour le 2nd tour.
Ce quadrille bipolaire, à caractérisé la vie politique des années 60-70 va peu a peu etre remis en
question, dans les années 80 par l’apparition de 2 nveaux partis : les verts et le FN, 2 partis qui, au
moins à leurs débuts, pas rentrés dans des logiques d’alliances, le FN soit refusait alliance avec droite
modérée, soit se voyait refuser l’alliance par le RPR ou UDF, verts refusaient d’apparaitre comme des
alliés du PS.
Dans les années 90-2000, autre remise en cause du quadrille : dvpt de la force électorale de l’extrême
gauche, LCR et Communistes révolutionnaires et LO (Lutte Ouvrière), qui étaient considérés
auparavant comme des groupuscules, dont les candidats ont obtenu 10% à la dernière présidentielle, et
refus d’alliance électorale ac la gauche modérée.
De la même façon, on a pu observer lors de la présidentielle de 2002 des tentatives renouvelée d’union
de la droite, union pour la majorité présidentielle, UMP, qui deviendra ensuite Union pour le
Mouvement Populaire, coalition de la droite, essentiellement du RPR, de la Démocratie Libérale, et
d’une partie de l’URPF. Cependant FR Bayrou essaiera de conserver une DF indépendante de cette
alliance.
Remise donc en question de la quadrille mais la vie politique reste bipolarisée. Il reste un clivage
gauche-droite, bipolarisation reste forte explique pq alliance à gauche ou à droite, et pas hasard que les
petits partis appellent aux proportionnelles puisque moins condamnés à l’alliance ac leurs adversaires.
D.
D. Quelques aspects des transformations morphologiques de la
population électorale : femmes, jeunes, nouvelles classes moyennes et employés
(45)
Plusieurs évolutions politiques (dvpt du PS dans les années 70, évolution de l’abstentionnisme, crise
du parti communiste), doivent être expliquées par les transformations de la morphologie de la structure
de la population électorale. En clair, les électeurs ne sont pas les mêmes en 46 qu’en 58, ni
aujourd’hui, ni en nombre, ni en caractéristiques sociales.
Exemple des femmes : le corps électoral double en 46, il va concerner presque 28 millions d’inscrits,
ce qui sera un bouleversement central. Les femmes vont voter de façon très différente à la libération et
aujourd’hui. On va constater que jusqu’aux années 70, les femmes seront davantage abstentionnistes et
voteront davantage à droite. Plusieurs explications : elles sont à l’époque moins actives/présentes sur
le marché du travail, plus âgées, plus isolées (plus grande proportion de veuves que de veufs à la
libération, plus religieuses donc dépendant davantage de la religion, or la sociologie politique nous
apprend que le faible niveau d’étude, l’isolement explique assez bien l’abstentionnisme, et de la même
façon la moindre présence sur le marché du travail, fort catho, explique assez bien vote conservateur.
A l’inverse la situation va changer au milieu des années 70, change avec la transformation du statut
socioéconomique des femmes : c’est non seulement la thématique de la libération de la femme mais
c’est aussi l’entrée massive des femmes dans le marché du travail, c’est la baisse de l’encadrement
religieux, hausse de la scolarisation et notamment l’entrée des femmes dans l’enseignement supérieur.
Bref, des femmes plus diplômées, plus actives, qui vont davantage voter, et surtout à gauche, d’autant
que leur entrée sur le marché du travail se fait plutôt dans des catégories socioprofessionnelles qui
votent à gauche : enseignement, secteur sanitaire et sociale, institutrice, enseignante de collège,
assistante social, souvent dans la fonction publique, autant de métiers qui votent traditionnellement à
gauche.
C’est une des raisons permet de comprendre le développement du PS à l’époque. De la même façon on
peut souligner le vote des jeunes puisqu’en 1974, Valéry Giscard d’Estaing réforme l’âge min du droit
de vote en faisant passer la majorité civile et électorale de 21 à 18 ans, ce qui augmente le corps
électoral de 2 millions 5 d’électeurs potentielle, jeunesse qui vient de se signaler en 68, ce qui explique
notamment que les Gaullistes, contrairement à VGE étaient plutôt méfiants à l’égard de ce changement
de majorité, d’ailleurs les jeunes ne seront pas gréé à VGE cet accès au vote puisque jusqu’en 88
inclus ils voteront majoritairement à gauche qu’à droite.
D’autres transformations de l’emploi auront un grand rôle sur le vote, aussi bien sur la hausse de
l’abstention, que sur le délitement, la crise de l’identité ouvrière et la crise du vote communiste qui en
découle. En effet, le dvpt, depuis les années 80 de la flexibilité, des statuts précaires est un facteur de
faible intégration, d’anomie (perte de repères et de règles), autant d’éléments qui favorisent
l’abstention. Aujourd’hui ; le premier parti ouvrier de FR n’est ni le PC ni le FN, c’est le parti
abstentionniste. C’est presque mécaniquement le parti qui entendait le plus porter la parole des
ouvriers qui va en souffrir, le PC, d’autant que la transformation de l’emploi industriel abouti à la crise
des vieux sites industriels, les ouvriers n’ont pas disparu socialement, encore 6 millions en 99, mais
ont disparu politiquement, et baisse aussi de religiosité catholique qui aura une incidence sur certaines
formes d’identification traditionnelle à la droite.
E.
E. Intensification de la compétition partisane et professionnalisation
politique accrue (46)
Un aspect à retenir, aussi bien de la 4ème que de la 5ème république : le fait que la compétition partisane
ne va pas cesser de s’intensifier. Comment se manifestent ces transformations de la compétition
partisane ? On va observer d’abord une plus grande fermeture de la classe politique sur elle-même (en
termes de recrutement social), qui montre que la probabilité d’exercer un pouvoir politique s’accroit
avec la position sociale et que non seulement c’est une règle générale mais en plus sera de + en + vraie
de la 4ème à la 5ème.
Exemple des députés : sous la 4eme, environ ¼ des députés sont d’origine modeste (ouvrière : 12% ou
petits fonctionnaires, employés, instituteurs…). La part ce des derniers s’effondre a moins de 15%
sous la 5ème, et encore en 1973, dans lesquels que 3 à 4% d’ouvriers. Le phénomène s’est encore
aggravé aujourd’hui avec la crise du PC ;
Le cas des ministres est encore plus marqué : la surreprésentation des groupes dominants s’accentue
dans ce groupe avec seulement 6% de ministres issus de groupes sociaux les plus bas/dominés, et
représentation spectaculaire des hauts fonctionnaires.
Plus grande fermeture sociale, plus grande spécialisation de l’activité politique. De nouveaux métiers
sont apparus en politique : communicateur, conseiller en communication, sondeur, collaborateur des
cabinets ministériels, porteplume, club de réflexion, et s’observe également une transformation du
cursus d’accès à la carrière politique : au cursus traditionnel succède un nouveau cursus. Le cursus
traditionnel, c’était le fait de commencer à faire de la politique au niveau local, dans un parti, devenir
conseiller municipal, éventuellement maire d’une petite ville, de briguer ensuite un mandat à la
députation, aux législatives, de s’affirmer peu à peu à l’assemblée, éventuellement devenir responsable
d’une commission à l’assemblée, et ensuite de devenir ministre. Cursus traditionnel qui partait de la
base pour aller au sommet.
On voit apparaitre un cursus d’un nouveau type : un cursus inversé, qui va concerner une nouvelle
génération d’hommes politiques, que d’une certaine façon VGE inaugure. Le jeune VGE commence
par s’affirmer au travers d’une image de technicien, jeune technocrate sortant de l’ENA, qui rentre
d’abord dans des cabinets ministériels, éventuellement obtient une responsabilité en tant que ministre,
et ensuite seulement va essayer de construire un ancrage local à travers un poste aux législatives. On
parle d’ailleurs à ce sujet : les partis locaux se plaignent de ces « parachutés » qui ont commencé leur
carrière politique au centre et par l’ENA avant de chercher l’ancrage local. Le profil aujourd’hui de
Dominique de Villepin est caractéristique de ce type de carrière par rapport à des carrières
traditionnelles.
Transformation également de certaines techniques politiques, c’est tout particulièrement l’apparition et
la réussite des sondages d’opinion en FR (FR est le pays le plus sondé, où le nombre de sondages
politiques publics publiés est le plus important). On peut aussi signaler le dvpt de la com électorale ou
des petites phrases qui sont explicitement construites, formatées pour être reprises au journal de 20
heures.
Quelles sont les causes de ces évolutions ? Sans doute l’accroissement la lutte pour l’accès à l’état, au
fur et à mesure, phénomène déjà observé au 19ème, au fur et à mesure que l’état est plus puissant et a
plus d’emprise sur la société, la lutte pour avoir accès à l’état est plus forte, s’intensifie et cette
intensification aboutit à une plus grande spécialisation (on essaie d’avoir les plus grands spécialistes
de chaque aspect). L’élection présidentielle également aboutit à une mobilisation très forte, et le
financement public de la politique, dont le propos est de limiter le détournement de fond, a consolidé
un marché de professionnels politiques, rémunérés en tant que pro de la politique.
F.
F. Un nouvel enjeu clivant : l’Europe (47)
Parmi les grandes transformations qui vont affecter la 4ème et la 5ème république, il faut souligner
l’apparition de ce nouvel enjeu clivant. On connaissait d’autres clivages (laïcité, rôle de l’état, son rôle
en matière économique et sociale, sur le pacifisme…) mais ce clivage va véritablement émerger de
façon forte au sein du jeu politique, au fur et à mesure que l’idée et la construction EU se met en place.
Quelles oppositions génèrent cette mise en place, et pourquoi ?
On se souvient que Pierre Mendes FR tombe, est renversé, autour de la querelle de la CED, débat sur
la nécessité de mettre en place une EU de la défense. En effet, en FR, ceux qui sont les plus favorables
à l’Europe sont les membres du MRP : Robert Schumann un des pères de l’EU.
Explications du clivage : les gaullistes s’opposent à la Communauté Européenne de Défense au nom
de la souveraineté, notamment en matière militaire. Les communistes, une partie de la gauche, s’y
oppose au nom du modèle économique promu et du risque que présenterait pour l’URSS une CED. Et
puis ceux qui restent attachés à l’empire pensent que la FR ne peut à la fois assurer ses guerres
coloniales et faire la CED, et ils parient d’avantage pour garantir la grandeur de la FR sur son empire
colonial que sur CED. Par ailleurs la volonté de se doter de l’arme atomique, possible en 53, accroit
les réticences de ceux qui ont constaté que le traité de CED interdit aux puissances contractantes de
disposer librement de cette arme atomique, et Pierre Mendès France se fera reprocher de s’être
insuffisamment engagé en faveur de la CED puisqu’il n’avait pas engagé sa responsabilité politique làdessus. Tendance de long terme, ce sera l’opposition des gaullistes par rapport à l’Europe. De Gaulle a
souvent présenté l’unité EU comme cette utopie ridicule, et certaines des trouvailles les plus
cinglantes : « il ne suffit pas de sauter comme un cabri sur sa chaise » ou autres répliques sont des
railleries qui ont été vécues comme très offensantes par les ministres MRP qui avaient d’ailleurs
immédiatement démissionné du gouvernement EU. Plus tard, Jacques Chirac, fin années 70 parlera du
« parti de l’étranger » pour désigner les défenseurs de l’EU. Au moment de la campagne référendaire
autour du TM, Philippe Seguin se lancera dans une forte campagne en faveur du « non ». Position
ambivalente en même temps qui tiendra parfois plus de l’opposition verbale que du blocus absolu, à
part la crise de la chaise vide quand De Gaulle ne siégeait plus, mais règne une sorte de consensus
non-dit dans la politique FR selon laquelle il serait très difficile à un parti politique de s’opposer à la
construction EU quand il est au pouvoir. Le PS aura connu le même dilemme compte tenu des
oppositions internes qui l’ont traversé en faveur du vote ou non du traité constitutionnel EU en 2005,
et il est très frappant de constater que le vote oui/non à l’Europe a révélé un véritable clivage de
société entre les milieux populaires qui vote majo non alors que le oui augmente avec les niveaux
d’études et revenus. La campagne a vu s’opposer les arguments brandissant le danger du plombier
polonais face à un argument un peu technique et sans âme à l’idée que traité n’était pas le meilleur des
traités mais avait au moins le mérite de mettre d’accord les états de l’UE, défense bien faible de la part
des défenseurs de l’EU.
G.
G. Quoi de neuf dans la critique de la politique ? (48)
C’est le dernier aspect qui mérite d’être appelé au sujet de la 4ème et surtout de la 5ème république, et
plus encore la 5ème république d’aujourd’hui. Parler de politique aujourd’hui n’est pas sans susciter
critique voire ironie de la part de nombreux citoyens, souvent prompts à dénoncer une classe politique
repliée sur elle-même, sur ses propres intérêts, à qui l’on reproche souvent son incapacité à régler les
problèmes ou encore que l’on soupçonne de tremper dans scandale et corruption. Cette critique se
manifeste de plusieurs façon : désigne à la fois la mise en cause verbale de la classe politique, l’ironie,
elle désigne aussi le fait que l’on ne s’intéresse pas à la politique, elle se manifeste également par
l’abstention, des discours et des pratiques. Mais tout cela est-il si neuf, comme tentent d’en persuader
des éditorialistes sur la crise de la politique ? il faut rappeler que sous la 3ème république on a connu un
fort antiparlementarisme, qui dénonçait l’incapacité du régime, des contestations populistes très
violentes du régime, Boulangisme par exemple, que la 4ème république a connu la contestation
poujadiste par exemple, pierre Poujade, au moment des élections de 56 disait quand même « sortez les
sortants », et que finalement, c’est peut être une caractéristique générale des démocratie, que d’être le
régime dans lequel on se plaint de son représentant, précisément parce qu’on peut le faire.
Un aspect malgré tout pourrait donner raison aux commentateurs de la vie politique, c’est
l’augmentation constante de l’abstention depuis près de 30 ans : environ 17 % aux législatives de 78 et
qui est de 36% aux dernières législatives. L’abstention a toujours eu 2 types d’explications :
structurelles (lié au niveau d’étude ou à l’isolement des personnes) et des explications conjoncturelles,
liées à l’élection et à la remise en cause de l’activité politique éventuellement. Il est vrai que la
succession des alternances depuis 1981 a pu démobiliser des citoyens qui espéraient que la grande
alternance changerait véritablement leurs conditions de vie. A l’inverse, la succession systématique
des alternances depuis 81 a contribué à fortement rapprocher l’offre politique des partis de
gouvernements de gauche et de droite et peut être à semer le doute chez certains citoyens, moins
confiants dans l’idée que l’activité politique pourrait changer vraiment leurs conditions de vie.
L’augmentation du chômage a pu les conforter dans cette idée ; la grande nouveauté reste donc la
généralisation de cette critique verbale à l’égard de la politique, même chez les populations les plus
diplômées, la diffusion d’une critique généralisée de la crise politique dont les guignols de l’info sont
un exemple.
LEÇON 7. LES MUTATIONS
DROITES FRANÇAISES (49)
DES
En tant que parti, les droites sont faibles au sortir de la 2ème guerre mondiale, elles sont assimilées à la
collaboration. Aux législatives de juin 1946, les trois partis qui obtiennent le plus de voix sont le MRP,
ce nouveau parti centre droit fondé notamment par des résistants d’origine chrétienne, le PC, et la
SFIO. Les radicaux, les modérés, sont en chute libre. Mais au fil des années la droite va se
restructurer, notamment en 1947 avec la fondation du parti gaulliste, RPF et avec la fondation du
CNIP (Centre Nationale des Indépendants et Paysans) au niveau des années 50. Par rapport à la 4 ème
république, on a pu dire que la 5eme avait marqué le retour d’une droite, une droite qui n’avait jamais
été majoritaire sous la 4ème. Droite qui va au contraire être majoritaire des 1958, a son apogée entre 5874 avec des scores arrivant jusqu’à 2/3 des suffrages exprimés, mais une droite qui a changé, pas la
même que pendant la 4ème république, puisque les gaullistes et leurs alliés (les républicains
indépendants) vont dominer le vieux MRP et le CNU. Ce bouleversement des rapports de forces au
sein de la droite est une particularité FR, ca renvoie à l’existence du gaullisme, cad droite mais
difficilement classable, parce que toute entière liée à la personne du général de gaulle, droite qui
permet même à certains de se dire gaulliste de gauche, droite différente du centrisme, du libéralisme,
droite qui parfois s’est revendiquée comme FR plutôt que de droite. Droite qui permet à ses membres
de tous tenter à leur façon de se revendiquer de l’héritage du général de gaulle, pas seule droite sur
l’échiquier politique mais qui a fortement structuré le jeu politique FR, fortement structuré avant de
perdre de sa spécificité, début 2000, banalisation du gaullisme, dès la mort du général de gaulle, et
plus encore avec la fondation de l’UMP et l’avènement de Sarkozy à la présidence de la république.
Perte donc de spécificité du gaullisme, mais le gaullisme n’était pas toute la droite, que ces autres
composantes se soient fondues aujourd’hui (composante libérale par ex) au sein de l’UMP, ou qu’elles
aient (modem) tenté de survivre indépendamment avec cette prétention d’un centre autonome.
Evidemment impossible de comprendre l’évolution des droites, avènement de Nicolas Sarkozy, sans
se pencher sur ce positionnement des droites dites classiques, à l’égard de l’extrême droite, cad
essentiellement FN.
1. Les gaullistes : de la marginalité à l’hégémonie, perte de
spécificité
Le parti gaulliste est intéressant à plusieurs titres : s’est d’abord bâti sous la forme d’une coalition de
dirigeants historiquement fidèles au général de gaulle, ou de jeunes plus sensibles à l’attrait d’un grand
parti rénovateur et rassembleur. Les partis gaullistes constateront des mutations multiples, ce
qu’exprime bien le changement de nom : RPF en 1947, UNR 1958-1962, UNR-UDT après le
ralliement de quelques gaullistes de gauche, UD5ème de 1967-1968, UDR après mai 68 et RPR en
1976 dont Chirac sera élu président, le dernier avatar de l’évolution de ces noms sera la fondation de
l’UMP et abandon du sigle RPR début années 2000 pour former un grand parti de droite ; avant de
parler de la disparition de la spécificité gaulliste, il faut expliquer ce qu’est le gaulliste.
A.
A. L’échec du RPF
L’échec du rassemblement du peuple Français en 47, parti fondé lui-même sur un double échec : De
Gaulle venait de quitter la tête du gouvernement, n’avait pas été rappelé au pouvoir comme il
l’espérait, la constitution qu’il rejetait avait été adoptée, et de Gaulle commençait à penser à préparer
l’alternance, et c’est dans ce cadre qu’il fondera le Rassemblement du Peuple Français dont il prendra
la présidence en 1947, et au début le succès du RPF dépasse les attentes, impression d’assister à un
véritable raz-de-marée gaulliste, par exemple aux municipales d’octobre 1947. Il y a un certain
paradoxe à voir un homme politique qui méprisait le système des partis fonder un parti, et c’est
d’ailleurs bien pour cette raison que le RPF ne porte pas le nom d’un parti mais utilise le terme de
« rassemblement ». Un parti tout entièrement dirigé par de gaulle et dévolu à de gaulle mais va aussi
devenir hors-système. HS pour plusieurs raisons qui vont contribuer à son échec, d’abord a cause des
autres partis politiques qui s’efforcent de le marginaliser, comme la loi sur les apparentements qui
facilitera l’alliance des centres gauches et droites contre les communistes et les gaullistes. D’autre part,
ce parti crée l’inquiétude, du fait notamment de la violence verbale du Général De Gaulle, de sa
volonté de changer les institutions, manifestations de masse du RPF, parfois des bagarres avec les
militants communistes. RPF pas mouvement factieux mais joue le jeu électoral mais semble hors
système. Enfin le parti sera affaiblit par ses divisions, au moment de l’investiture d’Antoine Pinet issu
du CNIP, plusieurs parlementaires gaullistes en 1952 votent pour ce dernier et De Gaulle les accusera
d’aller à la soupe, mettra l’organisation en sommeil en 1956 et entamera sa traversée du désert.
B.
B. Le parti gaulliste sous de Gaulle : une situation ambiguë (50)
Sous la 5ème république on peut considérer le parti gaulliste comme un parti dominant à droite, qui sera
favorisé par le mode de scrutin (uninominal majoritaire à 2 tours) qui polarise le jeu politique et
défavorise les centristes, et dès ses débuts le parti Gaulliste va être dans une situation compliquée à
l’égard du général de Gaulle, quant on l’observe deux séquences ; 1958-1962, période de
recomposition des droites, dans le cadre de cette nouvelle république, nouveau cadre, nouvelles règles
du jeu, nouveaux groupes politiques, et c’est dans ce cadre que va naitre l’UNR, parti gaulliste, qui va
naitre par le haut, cad par Jacques Soustelle, ministre Gaulliste de l’information. Pourquoi fonder un
parti gaulliste ? Dans le court terme, il s’agit de préparer les élections législatives de 1958, mais du
coup c’est de donner une majorité parlementaire au président De Gaulle, de fabriquer un parti de
gouvernement cad contraire de RPF qui était parti de l’opposition, et cela renvoie à l’idée de proposer
une marque électorale unifiée, repérable, attachée au nom de De Gaulle, attaché au capital revendiqué
par le général De Gaulle. Malgré tout l’ambigüité se manifeste d’abord à l’idéologie du parti gaulliste.
Dès le début, on a le sentiment que le parti gaulliste manifeste un profil bas, il n’apparait pas
véritablement de droite, très structuré par l’idée de rassemblement, de dépassement des clivages
traditionnels, avec cette idée d’être le pivot du régime, cette idée qu’on s’est rallié à un homme plutôt
qu’à des idées très claires. On s’est rallié à un homme, notamment très ambigu sur le règlement de la
crise algérienne, ce qui explique que dans els soutiens à De gaulle on trouve aussi bien des partisans
de l’Algérie FR que ceux qui se résolvent à l’hypothèse de l’indépendance. On est face à une entité
électorale plutôt qu’une unité électorale, parti timide sur la question Algérienne, parti qui ne prétend
même pas représenter le général De Gaulle, bref, parti, programme c’est l’homme avec cette idée que
le parti ne pourra jamais parler à la place du général De Gaulle.
Le succès de l’UNR aux législatives sera considérable, obtiendra 188 députés, ce qui est un véritable
tremblement de terre en sa faveur, ce qui va aussi poser de nombreuses difficultés/problèmes : quand
la majorité est large au Parlement, les députés de la majorité, souvent, s’autorisent des libertés,
contrairement a une majorité qui ne tient qu’à un fil. Les députés manifestent pour certains leur
mécontentement sur le règlement de la crise Algérienne, et d’une certaine façon, les choses vont se
clarifier à partir de 1962.
Deuxième séquence qui va de la clarification en 62 à l’après de gaulle. Référendum sur
l’autodétermination de l’Algérie puis de la ratification des accords d’Evian en 1962, et de
l’indépendance de l’Algérie. Ce faisant, ce qui rassemblait une majorité autours du général De Gaulle,
solution de la crise d’Algérie, n’existe plus, c’est le départ de Michel Debray, arrivée de George
Pompidou comme nouveau PM ce qui va provoquer le mécontentement des parlementaires puisque
GP n’est pas lui-même parlementaire. La conférence du général De Gaulle sur l’EU va aussi
cristalliser les mécontentements, idée que la seule EU possible est celle des états, l’irritation croissante
au sujet des questions EU ou encore au sujet de l’article 11. 1962 donc nouveau moment de
recomposition de la droite. Ce mouvement de recomposition se traduit par une victoire encore plus
écrasante du parti gaulliste en 1962, 32% au premier tour des législatives ce qui est un score
considérable, effondrement des droites non gaullistes. Malgré tout, l’UNR jusqu’en 1967 va rester un
cercle ministériel, plus un groupe parlementaire qu’un véritable parti politique. En revanche à partir de
1967, des assises de Lilles, on observera une volonté des dirigeants gaullistes d’effectuer un plus
grand travail d’implantation, de recrutement, de militantisme de masse, bref on réfléchit à la
succession du général de Gaulle, on cherche à recruter d’avantage, pas forcément de façon élitiste. Mai
68 marquera un nouveau triomphe des Gaullistes, au travers de ce qu’on appellera les « élections de la
peur » qui fera que les électeurs vont voter en masse pour le parti gaulliste.
C.
C. Peut-on définir « le gaullisme » ? (51)
Y a til des invariants gaullistes ?
Il est très classique en politique de voir des personnes éventuellement très opposées politiquement se
revendiquer de la même idéologie, ici gaullisme. Un parti politique est toujours un espace
d’affrontement entre ses membres sur la définition légitime du parti et de son idéologie.
On peut relever 5 aspects très caractéristiques du gaullisme :
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-
-
La permanence d’un style et d’une thématique : le style, le fond, sont liés dans le gaullisme, le
volontarisme, l’emphase, une manière d’agir marquée par l’idée qu’il est possible de changer
les choses, une dramatisation permanente également, l’idée que le gaullisme est la France et
que lorsque le gaullisme ne dirige pas la FR, elle est en danger, c’est qqch que l’on retrouvera
également chez Jacques Chirac dans son fameux appel de Cochin, au moment des
Européennes de la fin des années 70, idée que certains seraient prêts à abandonner
l’indépendance de la FR.
Très forte dimension sociale, au moins dans le discours, cette idée de toucher le peuple, de
refuser parfois ce clivage gauche/droite, thème beaucoup plus tardivement de la fracture
sociale, utilisé par Jacques Chirac en 1995 s’en rapproche. L’idée du rassemblement, de
l’unité des FR et de la FR est aussi très caractéristique du gaullisme, comme l’est l’idée de la
grandeur de la FR, d’une certaine idée de la FR.
Une organisation extrêmement hiérarchique et un recrutement social particulier. Le parti
gaulliste a parfois été moqué sous le terme de parti de godillot pour désigner la très forte
discipline des députés. C’est un parti qui a toujours été marqué par une structure autoritaire,
hiérarchique, très adaptée aux institutions de la 5ème, avec un recrutement sans doute moins
élitiste (sans être tout à fait populaire) que d’autres partis FR. certains ont pu revendiquer que
le parti gaulliste soit à l’image du métro à 6h du soir, excessif mais malgré tout on trouve une
forte proportion de classe moyenne au sein du parti gaulliste.
Gaullisme est-il de droite ? le fait que le G DG ait souvent revendiqué le refus du clivage
droite/gauche et revendiqué le coté social a parfois emmené à se demander si gaullisme était
de droite. Il a prétendu transcender les clivages, mais les militants sont culturellement
conservateurs. Sans doute moins sur le plan économique et social que sur le plan culturel mais
ils s’ancrent dans le camp de la conservation bien que DG ne se soit jamais revendiqué comme
de droite et n’ait jamais présenté le gaullisme comme une idéologie. Il faut admettre que le
gaullisme a tout de même toujours compté dans son électorat une majorité votant à droite,
même si, selon les périodes, a pu mordre sur les électeurs de gauche, et même si du fait de la
situation algérienne a pu faire fuir une partie des électeurs de droite. Qd mm s’ancre plus à
droite avec sa volonté de représenter classe moyenne non salariée, population plus agée ou
agriculteurs.
Intérêt politique d’un héritage aussi flou ? constaté encore aujourd’hui quand des opposants
socialistes a la politique de Sarko l’accusent de ne pas être gaulliste ou de trahir la référence
gaulliste, ce qui montre bien que même des hommes politiques de gauche peuvent
s’approprier cet héritage. L’intérêt politique d’un héritage aussi flou car c’est un enjeu que de
dire le gaullisme et de se dire gaulliste au sein de ce parti, tout en conservant la thématique de
l’anticommunisme, l’attention en classes populaires, le refus de l’atlantisme…
L’originalité du parti gaulliste est sans doute d’avoir été un parti de gouvernement pour le
président. C’est sans doute cela l’innovation du parti gaulliste sous la 5ème rep, c’est d’avoir
compris très tôt qu’il fallait un parti fort, qui, à l’assemblée, soutienne la politique du président
de la république.
D.
D. L’après de Gaulle : de l’ancrage à droite à la recomposition de la
droite et à la perte de spécificité gaulliste (52)
La période qui s’ouvre après de Gaulle va être celle de la transformation progressive du parti gaulliste,
de la transformation de la référence gaulliste, jusqu’à la banalisation du grand parti de droite, l’UMP
dont on ne peut plus dire aujourd’hui qu’il est gaulliste. L’UMP marque véritablement la fin du
gaullisme politique et de la référence gaulliste. Il faut voir dans quel contexte on se place après le
départ puis la mort du général de Gaulle. Se pose la question de la gestion de l’héritage et du recul du
parti gaulliste dans les années 70. La première séquence, de 1969 à 1981 est celle du recul gaulliste qui
se manifeste de 3 façons : d’abord, le pompidoulisme, si l’on se réfère à Georges Pompidou, qui va
véritablement être vécu comme un ancrage supplémentaire du gaullisme à droite, puisqu’avec l’arrivée
de GP à la présidence de la république on va voir s’affirmer une conception du gaullisme beaucoup
plus conservatrice que celle que tentera de porter Jacques Chaban-Delmas, son premier ministre
pendant un temps, que l’on qualifiera parfois de gaulliste plus social, le pompidoulisme reste une
conception plus autoritaire, deuxième moment d’affaiblissement du gaullisme dans les années 70 est
l’échec en 1974, lorsqu’après la mort de GP vont se présenter plusieurs candidats à la présidence de la
république parmi lesquels un qui n’est pas du tout gaulliste, même s’il a été un des ministres de GP,
Valéry Giscard d’Estaing, un du camp des indépendants, qui n’est pas gaulliste et qui va être soutenu
officieusement par les gaullistes en opposition à Jacques Chaban-Delmas, qui va accéder à la
présidence de la république ce qui sera un traumatisme pour les gaullistes, de voir un non gaulliste
accéder à la présidence de la république. Ce faisant, l’alliance provisoire entre Valéry Giscard
d’Estaing et Jacques Chirac, qui devient son premier ministre, gaulliste de VGE, ne va pas durer
longtemps. Choc, creux de la vague gaulliste, certains reprochent à JC d’avoir agi contre son camp, et
c’est aussi une mauvaise période parce que les gaullistes perdent leurs accès aux sources de l’état. Le
parti dominant est celui qui bénéficie à la machine de l’état, ressources que cela représente, pour faire
de la politique. C’est la période de l’ascension de JC qui essaie d’avoir le parti du premier ministre
comme il y avait auparavant un parti du président. C’est la montée des crises passions entre VGE et JC
avec en décembre 1976 après le départ de JC de son poste de premier ministre, la fondation du RPR
dont JC sera élu président. Un des moments importants dans le dvpt de la carrière de JC est ce qu’on
appellera la bataille de Paris en 1977. En effet, en 1977, c’est la première fois depuis le 19eme siècle
que Paris aura un maire élu, et ce poste prestigieux suscite les appétits, compte tenu de la stature
politique que cela confère à celui qui exerce ce poste, et JC contre un giscardien, ministre de
l’industrie, fait savoir qu’il conduira la liste de la majorité pour devenir maire de Paris, JC conquerra
la mairie de Paris et a partir de là construira une base électorale considérable à partir de là. Toute cette
période de fin des années 70 va être une période pendant laquelle JC va s’opposer à demi-mot à la
politique de VGE pourtant de droite comme lui, voire contribuera à la défaite de VGE en 1981 en
appelant officieusement les gaullistes à ne pas voter pour lui.
Dès lors, 1981, avec l’accès de François Mitterrand à la présidence de la république, une période
s’ouvre, de l’opposition et reconquête gaulliste, période qui se déroulera en trois phase (jusqu’à
aujourd’hui).
La première phase sera celle de 81-95 phase oscillant entre opposition et cohabitation avec un
président de gauche, puisqu’en effet on connaitra pdt cette période 2 cohabitations entre François
Mitterrand et un premier ministre conservateur, JC puis Edouard Balladur, moment de radicalisation
du parti gaulliste qui pilonnera le gouvernement socialiste sur les thématiques de la sécurité et de
l’immigration.
La deuxième phase sera celle de la thématique de la fracture sociale et de l’élection de JC à la
présidence de la république, en 1995, même si Edouard Balladur, PM, s’était enhardi et visait la
présidence, et JC arrivera à une forme de synthèse libérale sociale en 95 et arrivera à la présidence de
la république et appellera Alain Juppé, maire de Bordeaux depuis peu au poste de PM. Cette période
d’exercice du pouvoir, les forts espoirs que fait naitre la thématique de la fracture sociale en 1995
seront cependant assez vite déçus par la politique de rigueur mise en place, par l’impopularité de la
mesure Juppé et le mouvement social qui en suivra en 95.
La troisième phase est celle qui marque sans doute le plus fortement la perte de spécificité du
gaullisme sous la 5ème rep et l’avènement de ce grand parti de gouvernement conservateur, l’UMP, qui
n’est plus tant marqué par la référence gaulliste ; de 97 à aujourd’hui, on passera du parti du président
(JC) au parti du présidentiable (Sarko) et au parti du président (NS). A partir de 97 et de la dissolution
ratée en 97, on voit se développer les turbulences au sein du parti gaulliste à l’égard de JC, les
moments de désobéissance des ministres, les critiques, le RPR est divisé, le sera par exemple très
fortement en 1999 sur l’Europe, qui divise, aussi bien à droite qu’à gauche. Le RPR gardait une
identité assez fortement souverainiste et en même temps en tant que parti de gouvernement ne pouvait
se permettre de faire véritablement campagne contre l’EU, ce faisant, les dirigeants du RPR en 99
feront campagne sans enthousiasme pour l’EU, ce qui aboutira à un échec assez retentissant du parti
aux européennes ;
On observera donc une série de critiques très fortes à l’encontre de JC, d’indiscipline, l’élection de
Michel Alliot-Marie à la tête du parti gaulliste par exemple malgré l’avis de JC, mais malgré tout, le
21 avril 2002 (cause non accession de Lionel Jospin au 2nd tour) va marquer la réélection de JC face à
JM Le Pen, JC élu avec plus de 80% des voies.
LE 17 novembre 2002 après que JP Raffarin ait été nommé PM de JC, dans un contexte d’une
refondation des droites, c’est le congrès fondateur de l’UMP (union pour un mouvement populaire),
qui succède au RPR, et plus exactement est la fusion du RPR avec d’autres forces conservatrices.
C’est en quelques sortes la fin du gaullisme politique, même si certains ont pu dire que le gaullisme
était déjà mort avant même la fondation de l’UMP.
Qui devait diriger ce nouveau parti ? Ça devait être Alain Juppé, qui sera effectivement le premier
responsable de l’UMP. Simplement, AJ en 2004 est condamné à une peine d’inéligibilité suite à
l’affaire des emplois fictifs du RPR, puisque le RPR avait été une véritable machine de guerre
partisane qui servait aussi à rémunérer par des emplois fictifs des employés qui n’étaient pas de la
mairie de Paris mais des membres du RPR. AJ sera celui qui portera largement la responsabilité de
celle-ci. Son inéligibilité aura une série de conséquences en chaîne à la tête de l’UMP face aux
ambitions de qqun qui s’était déjà déclaré partisan d’Edouard Balladur en 1995, Nicolas Sarkozy, qui
a des ambitions présidentielles, et qui, face à la peine qui frappe AJ, va voir le terrain libéré pour lui.
NS va accéder en 2004 à la présidence de l’UMP, il lui sera d’abord demandé de démissionner de ses
fonctions ministérielles s’il accède à la présidence du parti, puisqu’il était considéré qu’il n’était pas
possible de cumuler des fonctions de ministres et de chef de parti, et finalement, face à sa grande
popularité, qu’il devient un des ministres phare du gouvernement de Dominique de Villepin, on
autorisera NS qui devient le n°2 du gouvernement, tant pour son poste de ministre de l’intérieur que
pour celui de ministres des finances, les deux postes qu’il aura successivement, on lui permettra de
mobiliser ces deux fonctions ce qui va ouvrir un boulevard à NS qui va bénéficier à la fois des
ressources de l’état, de la façon dont il va mettre en scène publiquement une politique extrêmement
ferme et autoritaire en matière de sécurité, et donc NS va utiliser les ressources de l’état dans la
perspective de sa future campagne présidentielle en même temps qu’il contrôle les ressources du parti.
A partir de là, l’UMP n’est plus le parti de JC, plus le parti du président, c’est le parti de NS qui
cumule les ressources de l’état et celles du parti. Situation donc particulière du candidat NS puisqu’il
entend incarner le renouvellement (à l’égard de JC) et contrôler l’appareil partisan, NS fera preuve
d’un très grand professionnalisme politique par son utilisation des médias, sa très grande capacité à la
visibilité, la mise en scène du volontarisme politique, et essaiera sur plusieurs thèmes de se distinguer
de JC, par exemple en montrant son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE, là où à l’inverse JC
était favorable, en montrant à la fois une très grande fermeté sur les questions d’ordre et de sécurité,
mais en défendant aussi, ce qui est très atypique à droite, l’idée de discrimination positive, NS va
véritablement creuser un sillon, mobiliser l’intérêt des sondages, des médias, obtenir une très forte
exposition médiatique. Le 14 Janvier 2007, au congrès de l’UMP porte de Versailles, NS est élu
candidat de l’UMP à l’élection présidentielle, mènera la campagne très active, avec la véritable
machine de guerre qu’est devenu ce parti, et accèdera au pouvoir qu’il envisageait depuis longtemps,
et effectivement, dès son arrivée au pouvoir, il revendiquera une certaine forme de rupture dans
certains domaines, en manifestant par exemple un très grand atlantisme (cad grande sympathie à
l’égard des US et de l’alliance atlantique, l’OTAN), en affichant aussi sans complexe son gout de la
richesse et du luxe, décontracté, son gout de la culture américaine ou encore pour la mise en scène de
sa propre vie privée. D’une certaine façon, l’accession de NS à la présidence de la république marque
la fin d’un cycle, celui du gaullisme. Comment expliquer alors qu’après 5 ans d’exercice du pouvoir
avec François Fillon comme PM, expliquer l’échec de NS à la réélection ? Peut-on se limiter à
expliquer par le fort rejet sur sa personne, sa façon d’exercer le pouvoir, ou d’autres explications
peuvent-elles jouer ? bien sur une partie de cette élection présidentielle a été une élection autours de la
personne de NS et le rejet de ce dernier, et il n’est que de penser d’ailleurs à la façon dont François
Hollande avait construit sa campagne sur le rejet implicite et explicite du président sortant pour
comprendre quelle a été ses enjeux. Mais d’autres choses sont intervenues, qui renvoyait au
changement idéologique de NS. 2007 avait commencé avec des signes très fort adressés à l’égard de la
diversité, adressée à un pays auquel on présentait un président moderne, NS avait emprunté des
thématiques de gauche et quelques représentants de la gauche qu’il avait fait intervenir dans le
gouvernement de François Fillon, comme Eric Besson. Il avait marqué une attention à certaines
thématiques, comme le statut du beau parent homosexuel sur lequel il avait annoncé des réformes, et
cette présidence qui avait commencé dans un registre de très forte modernisation a connu un tournant
important à l’année, été 2010, particulièrement au discours de Grenoble, un très fort tournant, plus
sécuritaire qu’il ne l’avait déjà été avec l’épisode du Karcher. Le discours de Grenoble est un discours
qui stigmatise par exemple fortement la population Rom et des gens du voyage, c’est un moment de
tournant et on a le sentiment qu’à partir de là, NS estime que pour gagner les voies du FN, il faudra
aller plus loin à droite. En dehors même de la personne de NS, en dehors des changements
idéologiques opérés lors de ce quinquennat, en dehors même des aspects de modernisation de la vie
politique dont a été porteuse cette présidence, qui a donné un peu plus de pouvoir au parlement sur
certains points, à la cour des comptes, on peut se dire que la crise économique a été aussi un facteur de
la défaite de NS, ce n’est pas seulement un argument de perdant, mais nombre de gvmt conservateurs
ont été balayés en EU par la crise économique, et on peut se dire qu’il y a eu une forme de
ressemblance entre la présidence Sarkozy et la présidence Giscard d’Estaing, lui aussi président
conservateur qui ne fut pas réélu à la fin de son mandat, président qui a incarné ce même mélange de
modernité et de volonté de rassemblement au début et cette même forme de droitisation voire présence
d’anciens membres de l’extrême droite dans les appareil partisans et gouvernementaux, que l’on pense
à Guillaume Pelletier, ancien du FN jeunesse et responsable de la campagne du candidat Sarkozy que
l’on pense également à Patrick Buisson que de la même façon dans une partie de l’admin, VGE en
avait retrouvé à coté de centristes modérés d’anciens héritiers d’extrême droite et même manifestation
de rejet violent de NS ou VGE à la fin de leur mandat.
Tout cela pose la question de l’unité de la droite et de sa recomposition, aujourd’hui à qques jours des
législatives de 2012 on s’attend à voir des droites perdre les législatives, même si cela n’est pas acquis,
mais que dire des autres droites, celles situées en dehors de l’UMP, qui se sont longtemps pensées
comme non gaullistes ?
2. Les droites centristes et libérales face à la bipolarisation (53)
Bien entendu, aujourd’hui, une grande partie des membres de l’UMP pourrait se revendiquer comme
libéral, mais déjà moins certainement centriste, à l’exception des membres du nouveau centre, et plus
encore du MoDEM qui est extérieur à l’UMP et dont François Bayrou, leader, a indiqué entre les deux
tours de la présidentielle de 2012 qu’il voterait François Hollande au 2nd tour. Ce phénomène est
frappant malgré les exposés des principes de l’UMP qui « entendait rassembler les familles gaullistes,
démocrates-chrétiennes, libérales, radicales, sociales et indépendantes dans un grand mouvement ».
Nous allons parler de cette droite dont la principale caractéristique est de ne pas s’être revendiqué
comme Gaulliste et de s’etre opposée au Général De Gaulle, pour des raisons qui peuvent être très
différentes selon les personnes, bref d’une droite qui aura souvent mené des alliances avec les
gaullistes mais sans toujours les apprécier et qui disposent d’une implantation différente sur le
territoire. A quoi correspondent-elle ces droites ?
Au début de la 4ème république, cette droite désigne les quelques restes de parlementaire de droite qui
se rejoignent dans le CNI (Centre National des Indépendants) puis le CNIP qui aura un rôle important
dans les coalitions gouvernementales fin 4ème rep. Par exemple le gvmt d’Antoine Pinay. C’est aussi le
MRP qui sera au centre des coalitions de la 4ème rep, qui aura un discours très social mais qui
s’affaiblira peu à peu. Au début de la 4ème république, ce sont les radicaux (droite non gaulliste), le
CNIP (qui se désigne comme le regroupement et les modérés) et le MRP. Toutes ces organisations
obtiennent 30-40% aux élections. Il y a un peu plus de 10 ans, on pouvait encore désigner par cette
appellation essentiellement les membres des différentes composantes de l’UDF (Union pour la
démocratie FR) soit en terme de puissance électorale, aux législatives par exemple de 88 et 93, environ
18% des voix, contre un RPR à 19-29% des voies, aux législatives de 1997, un peu moins de 15% des
voix à l’UDF contre un RPR qui obtient un peu plus de 16%, et donc UDF qui obtenait à ce momentlà 113 sièges à l’assemblée nationale, aux législatives de 2002, l’UDF obtenait 4.9% des voix au
niveau national, ce à quoi se rajoutaient les scores de quelques candidats de démocratie libérale, et à la
présidentielle de 2002, François Bayrou obtenait 6.9% des voix, symbolisant les voix centristes, Alain
Madelin 3.9% des voix et Christine Boutin 3.9%.
Que représentaient ces droites centristes et libérales aux législatives de 2007 ? 7.61% des voix, ce qui
fait que avant les législatives de 2012, elles représentaient les 3 députés du MoDem mais aussi le
nouveau centre d’Hervé Maurain, une 20aine de députés qui appartiennent à la majorité présidentielle
sous NS, les radicaux Valoisiens, qui eux aussi se présentaient avec Jean-Louis Borloo dans le cadre
de la majorité présidentielle. Enfin, début juin 2012, cela correspond au centrisme de Bayrou qui a
obtenu 9.13% à la présidentielle, cela correspond aussi au souverainisme de Nicolas Dupontaignant, à
la droite sociale dont se revendique Dominique de Villepin, tous les autres représentants de la droite
étant concentrés au sein de l’UMP.
2 constats à retenir :
-
-
affaiblissement des droites non gaulliste au profit des gaullistes. Le vrai parti dominant à
droite sous la 5ème république, est le parti gaulliste avec tous ses chgmts de noms, même s’il a
perdu sa spécificité,
jusqy’en 2002, l’éclatement des droites non gaulliste est frappant. En effet, ce qu’on appelle
droite non gaulliste recouvre tout un ensemble de petites composantes fédérées jusqu’en 1998
dans l’UDF, qui était plus une confédération de partis plus qu’un parti, et dans démocraties
libérales, dirigé par Alain Madelin, un parti autrefois membre de l’UDF, qui regroupait
d’anciens républicains indépendants en particulier, d’anciens membres du PR (parti
républicain). On pouvait aussi noter le RPF qui rassemblait Philippe de Villiers et pendant un
temps Charles Pasqua ;
Bref on retrouve des tendances extrêmement différentes au sein de ces différentes organisations. Le
radicalisme qui n’a rien à voir avec le fait d’être radical et extrême mais plutôt une sensibilité
modérée et laïque, le libéralisme, qui s’incarne de façon très nette dans démocratie-libérale, la
démocratie chrétienne et le centrisme tel que l’incarnait l’UDF puis le modem, ou encore les tendances
souverainistes tel qu’on les rencontrait dans le mouvement pour la France (RPF) ; tout un ensemble
d’organisation qui, en majorité, seront fédérées dans l’UMP, même si ce parti a connu des défections,
des tentatives d’indépendances aussi avant les présidentielles de 2012, et notamment suite à l’année
2010 qui avait connu à la fois un durcissement de la droite Sarkozyste et un remaniement ministériel
également. D’ailleurs, du stricte point de vue de la présidentielle de 2012, on peut être frappé de ce qui
aura été, malgré son échec à la présidentielle une réussite de NS dans sa campagne, qui aura été de
décourager plusieurs candidatures concurrentes à droite, les candidatures de Jean Louis Borloo, de
Dominique de Villepin, et de Christine Boutin.
A.
A. Les droites centristes et modérées de 1946 à la Ve République
a. Le MRP : du parti central de la Libération au reflux
Le MRP sera le principal axe des coalitions dans la 4ème république, il est fondé par des chrétiens issus
de la résistance. Ce mouvement fit parti du tripartisme de la 3ème force, 3 membres du MRP furent
chefs de gouvernement sous la 4ème république, Georges Bidault (PM en 46 et 49) ; Maurice
Schumann (PM en 47 et 48) ; Pierre Pflimlin (PM en 1958). Le MRP fera également alliance avec les
indépendants. Pour le définir idéologiquement, on peut le considérer comme une démocratie
chrétienne qui ne dit pas son nom. Inspiration du catholicisme social, de la volonté d’ancrage
populaire et démocratique, de l’ouverture au monde ouvrier, d’où d’ailleurs ses liens avec un syndicat
tel que la CFTC (Confédération FR des Travailleurs Chrétiens) ou la JOC (la Jeunesse Ouvrière
Chrétienne). Le développement de formations de droite concurrente, le RPF du général De Gaulle, le
CNI en 1951, vont saper la base du MRP qui passera de 200 000 adhérents en 1946 à 40 000 adhérents
en 1957. Il se videra idéologiquement et disparaitra. Une des choses à retenir du MRP est qu’il
caractérisera véritablement et que d’une certaine façon la direction, les cadres du MRP étaient
légèrement plus à gauche, plus proches du centre gauche que l’électorat et la base du MRP qui était
plus proche d’un certain centre droit.
b. La réorganisation des indépendants
Les indépendants ne sont pas véritablement en odeur de sainteté à la libération. Près de 80% des
parlementaires de la fédération républicaine sont déclarés inéligibles en 1944 du fait de leur
compromission avec le régime de Vichy. Ils apparaissent divisés.
Il existe un parti paysan créé en 1945, un parti républicain de la liberté (les anciens de l’alliance
démocratique, un groupe de parlementaires républicains indépendants, anciens de la fédération
républicaine. C’est sur ces fragments qu’en 1949, sous l’égide de Roger Duchet, est créé le CNI (puis
CNIP). Ces derniers profitent de la loi sur les apparentements, qui permet à plusieurs partis ayant
remporté la majorité des suffrages de se les partager proportionnellement, loi importante de la 4ème
république, qui avait pour but et effet d’exclure du jeu politique le PC à gauche et le RPF à droite.
Ce mouvement va profiter des pb du MRP et des difficultés du RPS, il est bien représenté dans la FR
de l’Est et l’Ouest, dans le Massif central, compte tenu des composantes paysannes dans ces régions.
Ce retour se concrétise avec l’arrivée d’Antoine Pinay au gouvernement en mars 1962 et le ralliement
de 27 gaullistes au CNIP et ces indépendants auront alors vraiment un rôle dans les dernières années
de la 4ème république. Leur corpus idéologique renvoi à l’idée de normalité sociale, de bon sens, d’un
certain libéralisme économique également, les membres du CNIP sont pro-Algérie FR, et c’est à ce
titre qu’ils avaient soutenu la politique Algérienne de Guy Mollet, président du conseil socialiste qui
avait mené une politique très répressive en Algérie, ils sont plus divisés sur la question Européenne, et
au moment de la crise de la 4ème Rep en 1958, ils vont se rallier à De Gaulle parce qu’ils parient sur le
maintien de l’Algérie FR, qu’ils croient au « je vous ai compris » de De Gaulle (croient avoir
compris), et donc reprocheront à De Gaulle sa politique et l’indépendance Algérienne.
Comment l’avènement de la 5ème république va impacter ces droites ? Après le choc des débuts de la
5eme rep, c’est l’avènement de VGE qui va bousculer la configuration des droites et symboliser
d’autres traditions.
c. 1958-1978 : De l'éclatement à la fédération des droites non gaullistes dans l’UDF (54)
Ces deux dates sont importantes dans l’histoire de ces droites indépendantes. 1958, l’arrivée des
Gaullistes au pouvoir et 78, fondation de l’UDF. Ce qui est très intéressant, c’est de constater à quel
point ce qui structure les forces politiques et leurs alliances ce sont les élections présidentielles. La
présidentielle est l’élection maitresse de la 5ème république, celle qui va reconfigurer à chaque fois
l’alliance potentielle entre forces politiques.

De 1958 au milieu des années 70 : entre attirance et répulsion à l'égard des gaullistes
Centristes et libéraux sont dans une relation faite d’attirance et de répulsion à l’égard des gaullistes,
autour de 2 grands thèmes qui sont d’ailleurs encore aujourd’hui deux grands thèmes que FBayrou
pourrait brandir à NS même si celui-ci n’est pas réellement gaulliste, c’est l’Europe et la question de la
pratique/exercice du pouvoir. Certaines des critiques que FBayrou adresse à l’exercice sarkozyste du
pouvoir ressemblent à des critiques qu’aurait pu faire, 30 ans auparavant, des non gaullistes à l’égard
de la pratique chiraquienne, pompidoulienne, du pouvoir. Ainsi le MRP de 58 à 62 va participer un
temps au gouvernement Debret, mais va l’abandonner sur la question Européenne. Dès que la question
Algérienne sera réglée, quand De Gaulle déclare que la seule EU possible est celle des états, c’est qqch
d’insupportable pour ces chrétiens démocrates profondément européens. De la même façon, ce qui est
reproché au gaullisme est un fonctionnement du pouvoir extrèmement autoritaire, sectaire, qui laisse
peu de place à la discussion, négociations, revendiquée notamment par les gaullistes.
Il reste malgré tout que les gaullistes n’arriveront jamais réellement à exister politiquement sous la
5ème république. Le premier problème du centrisme est qu’il n’est pas tant une idéologie qu’un double
refus, très clairement exprimé par Bayrou à la présidentielle de 2002 et de 2007, idée de refus d’un
clivage de la FR en deux camps. De la même façon qu’on avait reproché à FBayrou en 2007 de se
définir uniquement par son refus des deux camps, on peut constater que le centrisme se manifeste par
ce double refus des socialistes marxistes aussi bien que du capitalisme sauvage, caractéristique aussi
du MRP sous la 4ème république, cela ne suffit pas à faire une idéologie, il n’y a sans doute pas une
seule tradition centriste mais plusieurs traditions centristes. Le deuxième problème du centrisme est un
problème institutionnel : refuser les deux pôles du jeu politique, refuser le clivage gauche/droite est
encore possible sous la 4ème république quand on refuse les excès gaullistes ou communistes et que le
mode de scrutin favorise un mode de représentation proportionnel, c’est plus compliqué sous la 5 ème
république avec une présidentielle au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, avec des élections
législatives qui elles aussi se déroulent avec ce mode de scrutin. La 5 ème rep est caractérisée par la
présidentialisation du régime, ce qui suppose aussi d’avoir un véritable leader centriste, ce qui, avant
Bayrou n’était pas véritablement le cas.

La structuration d’un « parti du président » : la fondation de l'UDF
78 est une date importante dans l’histoire des droites centristes et libérales puisque c’est le moment de
la fondation de l’UDF. VGE va prendre conscience de la nécessité de disposer d’un parti du président
comme le général De Gaulle ou Georges Pompidou avaient eu avant lui un parti du président sous la
forme du parti gaulliste. VGE va tirer les conséquences des années passées, constatant qu’il lui faut un
parti, et rassemblant les forces centristes et libérales au sein d’un nouveau parti, l’UDF, en référence
au titre d’un ouvrage de VGE paru en 76, Démocratie Française. Ce parti connaitra un succès au point
qu’au début des années 80 on a pu parler du quadrille bipolaire à la française pour parler du fait qu’on
avait deux forces presque équilibrées à gauche, PC et PS, et deux forces presqu’équilibrées à droite,
UDF et le RPR.

La particularité de l’expérience giscardienne
Puisque le septennat de VGE sera considéré à certains égards comme un septennat de modernisation,
de libéralisation – passage de la majorité de 21 à 18 ans, libéralisation de l’ORTF, dépénalisation de
l’avortement – même des opposants à VGE reconnaitront le caractère relativement libéral de son
septennat, de sa volonté de réunir 2 français sur 3.
Il importe maintenant de revenir sur ce que sera l’UDF après l’UDF, cad le MoDEM.
B.
B. De l’UDF au MODEM (55)
Un centre qui persiste à survivre, UDF, MoDEM, nouveau centre et radicaux.
Qu’en est-il de l’évolution de l’UDF après 1981? Que peut-on dire de manière générale des droites
non gaullistes, en particulier des centristes et de leur difficulté dans le régime bipolaire de la 5 ème
république ?
a. L'évolution de l'UDF et du reste des droites non gaullistes de 1981 à aujourd'hui peut être
caractérisée par plusieurs éléments
Tout d’abord une évolution du recrutement et de l’idéologie. C’est un rajeunissement de l’organisation
suite au discrédit de VGE, de Raymond Barre à qui on attribue la responsabilité de la défaite
(phénomène classique), donc on voit une ascension des jeunes dans l’appareil après 1981, ascension
de Gérard Longuet, Million… ce changement de personnel va partiellement expliquer les changements
idéologiques, les références ne sont pas les mêmes, c’est sans doute la fin de ce qui faisait l’originalité
Giscardienne, cette idée de concilier un relatif libéralisme culturel au libéralisme économique. C’est le
moment du ralliement au thème sécuritaire. C’est aussi un retour à un statut minoritaire au sein de la
droite avec des résultats inférieurs au RPR, suite donc à cet échec de VGE, également en 88 de
candidature de Raymond Barre aux présidentielles, absence de candidature UDF aux élections de
1995, l’UDF n’est plus le parti du président comme elle avait pu l’être à la fin des années 70 et
septennat de VGE.
Enfin, la fondation de l’UMP en 2002 va voir le départ d’une partie des membres de l’UDF vers
l’UMP. Ce processus est l’aboutissement de tout un processus d’éclatement qui a commencé en 1997,
avec la présidentielle, régionales de 98, changements de noms, CDS devient Forces Démocrates, les
anciens giscardiens de l’ex club perspectives et réalités fondent le PPDF (parti populaire pour la
démocratie française avec Hervé de Charrette), c’est le départ d’Alain Madelin qui poursuit qques peu
une stratégie de cavalier seul en fondant Démocratie Libérale à partir de son parti républicain, et qui
défendra la candidature de JC en 95. L’autre étape majeure sera l’élection régionale de mars 98 où on
va voir un choc du fait qu’un certain nombre de présidents de région de l’UDF accepteront d’être élus
avec les voix des conseillers régionaux du FN, c’est le cas de Jacques Blanc, qui accède à la
présidence du Languedoc Roussillon avec les voix du FN, Charles Bores en Picardie… donc droite
non gaulliste ne signifie pas forcément centrisme ou modération, au contraire, alors qu’un tradition
gaulliste a toujours été hostile à une alliance avec le FN, membres de l’UDF accepteront d’être élus
avec ces voix, et très vite l’UDF sera divisé sur cette question, François Bayrou demandera à créer un
nouveau parti de centre et de centre droit, « hostile à toute accommodation avec l’extrémisme ».
Donc on va assister à une division de ces droites centristes et libérales, on verra par exemple une liste
à la fois RPR et démocratie libérale aux Européennes, une liste UDF seule aux EU aussi, et la
présidentielle puis les législatives de 2002 vont achever de démontrer cette éclatement des droites, et
en face l’UMP va devenir une énorme force qui va drainer les ressources de financement des partis, ce
que craignait à l’époque François Bayrou, qui se retrouve à diriger une UDF de plus en plus réduite et
affaiblie, qui refuse de fondre l’UDF dans l’UMP alors même qu’une partie des membres de l’UDF
quittent le parti pour aller dans l’UMP. A partir de la, FB va se retrouver dans une situation un peu
isolée, qui va le construire peu à peu comme principal opposant à NS quand il sera ministre de
l’intérieur puis plus tard quand il sera président.
Une UMP donc dirigée à partir de 2002 par NS assisté de Jean Claude Godin, ancien UDF proche de
démocratie libérale et de Pierre Méhaignerie, autre UDF, une UMP qui va être la machine de
l’accession au pouvoir.
Une autre étape ds cette évolution des droites, centristes en particulier, va être le 16 mai 2006, dans le
cadre de l’affaire ClearStream, FB et 10 autres députés UDF vont voter la mention de censure déposée
par l’opposition socialiste contre le gouvernement de Dominique de Villepin. C’est la première fois
depuis la création du parti UDF qu’un dirigeant centriste se rallie à un texte de cette nature, motion de
censure face à un gouvernement conservateur. Cette motion de censure sera malgré tout minoritaire au
sein de l’UDF qui comptait 29 membres avec les apparentés. Le moment important dans l’histoire de
l’UDF va être la présidentielle de 2007. Cette présidentielle qui avait vu s’affronter NS et Ségolène
Royal, et où FB va obtenir 18.57% des voix dc 3ème homme de la présidentielle, qui va décliner une
offre de ralliement de la part de Ségolène Royal et qui pense bâtir l’avenir en fondant le Mouvement
Démocrate, MoDem auxquels les responsabilités de l’UDF vont être transmises en 2007, ce
mouvement qu’il fonde avec Marielle de Sarnez et qui fera naitre un gros espoir autours de FB et de
son parti centriste véritablement indépendant et qui n’accepterait pas d’être un centrisme qui tomberait
toujours à droite. FB a toujours tenu ce discours de refus de la bipolarité de la vie politique.
Cependant, cette aventure fera long feu puisque le modem connaitra un gros échec aux EU de 2009
alors que ce pari pro-EU aurait dû bénéficier de la représentation proportionnelle pour ces élections, et
de la même façon à la présidentielle de 2012, obtiendra que 9.13% des voix, donc certain reflux de ces
voies en faveur du modem qu’il incarne. On sent très nettement cet isolement de FB, qui se traduit
jusqu’au fait qu’il se retrouve aux législatives à affronter à la fois un candidat de l’UMP et du PS,
alors même que FB avait indiqué qu’il voterait en faveur de FH au 2nd tour de la présidentiel, et
lorsqu’on regarde à partir des quelques données de sondage disponibles, le report des voix du modem,
1/3 environ se reporte sur FH mais un peu plus d’une moitié vers NS, dc compliqué pour le
responsable de l’organisation de tomber d’un côté ou de l’autre parce que son électorat lui-même est
extrêmement divisé. On peut donc s’interroger sur cet isolement de cette force politique qui a très
fermement expliqué son opposition en valeur à NS, FB avait expliqué qu’il était à la fois très attentif à
la rigueur des gouvernements mais que la question des valeurs compterait beaucoup sur ses choix
politiques à la présidentielle. On sait que les valeurs du Modem sont des valeurs d’intégrité sur un
registre un peu démocrate-chrétien, d’une certaine protection sociale et en même temps de libéralisme
économique et de rigueur gestionnaire, mais il semble se confirmer cette difficulté à exister un centre
qui ne soit pas dans la majorité présidentielle.
b. Les caractéristiques de la droite non gaulliste en France
* Indépendants et souverainistes
Une des grandes caractéristiques de ces droites en France est leur hétérogénéité. 3 questions qui
caractérisent cette droite non gaulliste.
D’abord, un caractère notabiliaire (une droite de notables). Malgré la modernisation qu’avait
représenté la formation de l’UDF dans les années 70, ces droites centristes et libérales sont très
caractérisées par leur caractère notabiliaire, qu’elle soit composée de beaucoup de notables, ce qui
signifie en fait pas de grosses organisations, organisations faites de manière peu centralisée, peu
autoritaire, bref, une droite dans laquelle les élus ont un poids beaucoup plus importants que les
militants. Pourquoi ce poids important des élus ? Des notables, personnes qui disposent d’importantes
ressources, pas forcément financières, mais politiques, en terme de réseaux sociaux, d’implantation
familiale, par exemple père de F Léotard était déjà maire de Fréjus avant que son fils ne le devienne, J.
Barreau, Méhaignerie… donc dynastie familiale en quelques sortes dans ces centristes libéraux, alors
que moins à gauche parce que moins de ressources personnelles.
Bref, les formations de la droite non gaulliste n’ont jamais cherché à former de gros parti, excepté
MRP sous la 4ème république, quand il tentait d’être le grand parti du centre, incontournable, proche
d’un parti de masse, mais son organisation était peu structurée. Peu de militants, des partis de droite
classique organisés autours d’élus locaux, un rôle important des parlementaires, une culture en
quelques sortes un peu antiparti. Il suffit de comparer dans les années 2000 les chiffres des adhérents
des partis, l’UMP comptait environ 120 000 adhérents, environ 30 000 pour l’UDF contre environ
130 000 pour le PCF.
Deuxième caractéristique : une ambiguïté idéologique. Quand on regarde ces partis qui composent les
droites non gaullistes en FR, on peut se demander ce qui les rassemble. Pas d’unité idéologique même
si on peut isoler quelques grands thèmes, comme l’EU, référence à Jean Monnet qui a fortement
caractérisée le MRP et maintenant le Modem, même s’il ne faut pas oublier qu’une autre partie de ces
droites, moins du côté des centristes que des souverainistes sont farouchement opposés à l’EU. La
modération du côté des centristes, sans doute, la méfiance à l’égard de l’étatisme, une position
favorable au fédéralisme, à la décentralisation, et sans doute héritage de démocrate-chrétien,
l’importance des valeurs de social, solidarité sociale, de famille. Bref autant d’aspects qui renvoient à
cette sensibilité démocrate-chrétien mais qui ne suffisent pas à caractériser ces centristes car il existe
une autre sensibilité, plus fortement représentée par la défense du libéralisme économique comme on
l’avait rencontré chez Alain Madelin, que ce libéralisme économique s’accompagne ou pas d’un
libéralisme culturel. Ce terme même de libéralisme selon les droites peut vouloir dire modération des
pouvoirs (plutôt le sens du libéralisme politique), comme cela peut vouloir dire libéralisme
économique dans une forme très extrême, à la Reagan-Thatcher ou libéralisme économique dans le
simple refus disons de l’étatisme par exemple.
Même l’idée de modération doit être abordée avec prudence, parce que cette idée de modération qui
caractériserait bien sur le MRP, le Modem, ne dit pas tout de toutes les droites centristes et libérales,
de toutes les droites non gaullistes, puisqu’on a vu certaines se sont fortement compromises avec
l’extrême droite.
Troisième caractéristique est toute cette difficulté à l’existence d’un centrisme autonome compte tenu
de la bipolarisation de la vie politique en FR, bipol qui rend difficile l’existence d’un parti politique
sur des bases pérennes, bien implanté.
Dc organisations liées à l’UMP aujourd’hui ou liées à l’UDF. On ne doit pas ignorer des initiatives
plus petites en taille et plus indépendantes qui interviennent dans le jeu politique FR.
(56) De petites entreprises, CNI, RPF, MPF, à droite de la droite
A chaque présidentielles, on observe des candidatures, parfois considérées comme témoignage, dont
les idées sont perçues clairement à droite, et qu’ils choisissent d’exprimer hors parti ou en se basant
sur des partis politiques de petite taille. On peut citer 5 exemples parmi les plus connus, qui renvoient
plutôt au souverainistes, à certaines personnalités individuelles mais qui se sont souvent ralliées à
l’UMP. Ces 5 personnalités st Philippe de Villiers, Nicolas du Pontaignant, Charles Pasqua, Christine
Boutin, Alain Madelin. Ce qui les caractérise est le fait d’être à la fois sur un créneau idéologique un
peu particulier et d’avoir un ancrage local très bon par ex Philippe de Villiers qui fut très longtemps
président du CG de Vendée, un des inventeurs de ce parc d’attraction et culturel qu’est le Puy du Fou
et qui avait vraiment cet enracinement en Vendée ou Alain Madelin, Maire de Redon en Ille-etVilaine. AM est membre de l’UMP mais qui a souvent incarné Démocratie-libérale, présenté aux
présidentielles de 2002 à ce titre, et qui incarne véritablement avec ce parcours PR, UDF, DL, avec un
passé d’extrême droite, incarne très fortement la revendication d’un libéralisme économique, de façon
très radicale, même s’il a sans doute abandonné les thématiques extrêmes de sa jeunesse pour évoluer
vers un certain libéralisme en matière culturelle en matière de mœurs.
Deuxième exemple, beaucoup moins proche du libéralisme moral, Christine Boutin. CB candidate à la
présidentielle en 2002, ancienne député UDF, a rallié UMP, a fondé une organisation : le Forum des
Républicains Sociaux, a été vice-présidente du CG des Yvelines, a menacé de se présenter en 2012
mais finalement estime avoir reçu des assurances de NS sur les thématiques qui lui tiennent à cœur
(extrêmement attachée à la place du catholicisme en FR, pense avoir obtenu des garanties
satisfaisantes en matière de sécurité, immigration, avortement, opposition au mariage homosexuel),
incarne donc systématiquement, très proche des catholiques traditionnalistes et en même temps très
sociale sur certains points, revendique un espace et une parole politique.
3ème exemple : Philippe de Villiers, avec son mouvement pour la FR (MPF) qui incarne ce qu’on peut
appeler le souverainisme libéral, souverainisme dans le sens de la défense des privilèges de la nation
FR, la place de la FR et sa supériorité pour l’EU, contre mondialisation, mais souverainisme libéral
puisqu’il revendique plutôt le modèle de l’économie de marché et des expériences style Reagan et
Thatcher. PdV qui représente aussi une certaine forme de catholicisme traditionnel, qui avec son
organisation a obtenu de bons résultats dans certaines élections EU, 1994 par exemple, qui avait
obtenu un grand succès en 1999 au travers d’un mouvement qu’il avait fondé avec Charles Pasqua
appelé le Rassemblement pour la FR et l’indépendance de l’EU, obtenant près de 13% des voix, qui a
une position véritablement au parlement EU, qui a fondu son mouvement à l’échelle EU dans un
mvmt appelé Libertas qui entend coordonner tous les mouvements souverainistes EU aux élections
EU. PdV qui a connu plus récemment des résultats mitigés, score décevant à la présidentielle de 2007
(2.23% des voix après campagne fortement accès sur l’islamisation et la défense de l’identité nationale
notamment), le MPF qui s’inscrit aujourd’hui plutôt dans l’UMP, accords ac UMP pour obtenir des
députés en Vendée, a aussi fait campagne commune avec le mvmt Chasse, Pêche, Nature et Traditions.
Dc idéologie de l’ordre morale, opposition à l’immigration, à l’UE, sécurité, parti qui a également au
recyclage de certains membres du FN qui, lorsqu’ils entendent revenir dans le jeu politique plus
classique passent parfois par le MPF, comme Jacques Bompart, maire FN d’Orange qui était rentré au
mouvement pour la FR, Guillaume Pelletier avant qu’il rejoigne l’UMP et qui avait quitté le FN en
passant par le MPF.
Charles Pasqua, souverainiste néo-gaulliste qui va incarner avec le Rassemblement Pour la FR, une
sorte de thématique néo-gaulliste, de fidélité à la mémoire du général, idée de sécurité, souveraineté de
la FR.
Et enfin Nicolas du Pontaignant, qui est un ancien membre du RPR, puis du RPF, puis de l’UMP, qui
s’était prononcé pour le non au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel EU, et qui ensuite
avait tenté de se présenter aux présidentielles de 2007, avait quitté donc l’UMP, et a fait campagne a la
présidentielle de 2012 avec son mouvement Debout La République, là encore parti qui se revendique
du gaullisme mais en fait du souverainisme.
L’objet de ces mouvements est à la fois garantir le statut de leurs leaders, leur élection, fusse dans un
cadre local aux législatives par exemple, c’est une façon de peser sur le débat idéologique, souvent liée
à un fief électoral.
Allusion avec ces 5 personnalités à l’alliance du Mouvement pour la France, au mouvement CPNT
(Chasse, pêche, Nature et traditions). C’est en effet un aspect relativement récent dans la vie politique
FR, depuis 1989, notamment aux EU, on a vu apparaitre une force politique, au début nommée
Chasse, Pêche et Traditions, puis CPNT en 1989 et qui a progressé au point de rassembler, aux EU de
1999, 6.74% des suffrages exprimés. Mouvement dans lequel on retrouvait Frédéric Nihous, Jean St
Joss, qui ont fait parfois d’assez bon scores (St Joss avait fait 4.23% à la présidentielle de 2007). Ce
sont des mouvements assez fortement implantés dans des régions rurales qui comptent des chasseurs,
comme la Somme ou Sud-Ouest. Thématique de ces mouvements qui ont compté de nombreux
conseils régionaux, des députés EU : d’une part la chasse. Or la chasse est un lobby extrêmement
puissant en FR : aujourd’hui, en FR, plus de 36 000 communes, dont une majorité de commune rurale
dans lesquels les chasseurs pèsent dans l’électorat, de par leurs relations avec les personnes bien
installées, au village par ex, donc poids électoral réel. A partir de cette thématique de la chasse, des
thématiques connexes ont été greffées, autour de la ruralité, d’une EU accusée de tous les maux (ex
restreinte des périodes de chasse, des oiseaux migrateurs), rejet des écologistes considérés comme des
urbains intellectuels coupés des réalités, rejet de ceux qui s’attaqueraient à la Corrida, au nom de la
tradition. Donc mouvement qui a une réelle existence politique, même si, à la présidentielle de 2012,
NS avait réussi à décourager Frédéric Nihous de candidater en tant que tel au nom de son mouvement
CPNT et de fait, CPNT s’est de plus en plus rapproché de l’UMP (présidentielles de 2007, CPNT avait
appelé à voter pour UMP au 2nd tour.
CPNT, peut-on le caractériser comme un mvt de droite ? du point de vue des alliances, cela semble
assez clair, mais ce qui est intéressant, c’est que les thématiques défendues par ce mvmt sont assez
mixtes : mélange de souverainisme, populismes, rejet des écolos, mais en même temps une partie de
l’électorat du CPNT était un électorat issu du PS en région rurale, qui avait la mémoire du fait que la
limitation de la chasse allait contredire ce vieil héritage du droit à la chasse comme droit populaire et
historique contre les puissants, donc un électorat un peu moins de droite que sa direction.
Au sujet des personnalités évoquées, certaines ont eu un passé d’extrême droite ou envisageaient des
alliances avec l’extrême droite, ce qui suppose d’envisager la question du FN en politique.
3. Le Front National : « hors-système » ou au centre du jeu politique ?
(57)
Il faut souligner à la fois l’atypisme du FN en même temps que ce parti est aussi porteur de certains
traits classiques de l’extrême droite en FR.
A.
Les logiques sociales et politiques du succès du Front National
a. Historique
Bien qu’il date de 1972, le FN va véritablement exister sur le plan électoral qu’à partir de 1923. On
peut distinguer deux périodes qui vont marquer son évolution du statut de groupuscules à un parti
finalement au centre du jeu politique (tout le monde se positionne par rapport au discours du FN, que
ce soit pour le contrer, pour s’appuyer dessus…).
Première période : va de l’éparpillement à la structuration du FN, 1958-1972. Avant 1972, date de
fondation du FN, l’extrême droite existe déjà en FR, elle regroupe un ensemble de groupuscules assez
épars, de sensibilités assez différentes, il existait la vieille sensibilité, la vieille tradition contre
révolutionnaire FR, les tendances antisémites, populistes, très fascistes entre 2 guerres. Certains
historiens du FN distinguent 2 tendances, que l’on va retrouver au sein du FN : la tendance des
nationaux et la tendance des nationalistes.
La tendance des nationaux, regrouperait ceux qui ont été marqués par le poujadisme, 1954 Pierre
Poujade, qui sont à la fois ultraconservateurs et populistes (dans le sens où ils font appel au peuple
contre les élites), ce sont aussi ceux qui n’accepteront pas la perte des colonies, l’Indochine en 1954,
l’Algérie en 1962 en particulier. Ceux qui s’opposeront à De Gaulle, qu’on appellera les antigaullistes
de droite, l’OAS, la RLP, qui avait fait scission des comités éthique civils en cours, JM Le Pen est un
exemple typique de ces nationaux : né en 1928, il monte à Paris pour faire des études de droit,
fréquente l’extrême droite royaliste d’abord, puis, après sa licence, fait l’école d’application de
l’infanterie, part comme parachutiste en Indochine en 1954, il arrive pile au moment de la défaite de
Dien Bien Phu, va rentrer rapidement en FR, trainer dans le cercle des anciens d’Indochine, rencontrer
à la fin de l’année 55 Pierre Poujade, ce leader des poujadistes, défense des artisans/commerçants
contre les impôts et les taxes, Poujade cherche des jeunes qui ne viennent pas, à l’inverse de lui, de
l’artisanat ou du commerce, et JM le Pen entre dans l’organisation de Pierre Poujade, l’ 'Union de
défense des commerçants et artisans (UDCA), et devient un des principaux orateurs de la campagne
poujadiste de 1956, et c’est ainsi qu’il est élu dans le 5ème arrondissement de Paris en 1956, le plus
jeune député de FR à 28 ans. Il va s’affirmer, affronter Poujade sur la question de l’Algérie, sur la
question des alliances, s’engage dans l’armée, arrive d’abord à Suez en Egypte, puis en Algérie où il
semblerait qu’il ait pratiqué la torture en tant qu’officier de renseignement, va devenir en quittant le
mouvement Poujade le secrétaire général d’une organisation qui s’appelle à l’époque le Front National
Combattant (pas le FN d’aujourd’hui), qui organise les partisans extrémistes de l’Algérie FR, va être
élu à nouveau en 58 sous l’étiquette du CNIP, appelle à l’insurrection en Algérie en 1960, va perdre
les législatives de 1962 et on le retrouve en 1965 comme responsable de la campagne présidentielle du
candidat d’extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, qui obtiendra 5.2% mais Tixier-Vignancour
va écarter JM Le Pen, qu’il trouve trop radical, trop proche d’une autre tendance, cette tendance,
différente des nationaux, est celle des nationalistes.
Les nationalistes, on désigne un mouvement plus étudiant, plus violent, en faveur d’une EU blanche,
raciste, un mouvement d’avantage héritier du fascisme, du nazisme, d’avantage caractérisé par une
combinaison d’antisémitisme, d’anticapitalisme, de défense de l’état fort, de paganisme, tout un
mouvement qu’on retrouvera dans des organisations comme Jeunes Nation en 1949, Occident en
1964.
Deux tendances différentes donc. La réussite de JM Le Pen va être de réunir, fédérer, ces deux
tendances. Fondation du FN en 1972 : depuis quelques années, depuis l’indépendance de l’Algérie, les
nationaux sont en perte de vitesse, la perte des colonies leur a ôté un argument, ils se doutent bien
qu’on ne va pas reconquérir les anciennes colonies, et en 1968, le mouvement Occident est dissout par
le ministre de l’Intérieur, l’équipe dirigeante fonde une nouvelle organisation qui s’appelle Ordre
nouveau, qui voudrait se donner une façade respectable, tenter ce qu’il se passe en IT avec le MSI,
héritier de Mussolini, et dans cet espace des droites extrêmes, JMP apparait comme un peu modéré et
se trouvera à la tête de l’organisation qui s’appelle FN après diverses vicissitudes, dissolutions de
l’Ordre nouveau, ou autre. Ce qui ne veut pas dire que de 74 à 78, avec le départ du FN des anciens
membres de l’ordre nouveau on trouve des gens aussi modérés que ca, puisqu’il faut bien des
alliés/militants et on va recycler au sein du FN des anciens membres d’une équipe de l’organisation
qui s’appelle Militants, qui est animé par un ancien caporal SS Pierre Bousquet, recycle des gens
proche de certains mouvements néo-nazis, mais ce qu’il faut bien voir, c’est que dans ces années, dans
cette deuxième parti des années 70, le FN n’est qu’un groupuscule d’extrême droite comme les autres
et certainement pas un parti politique au centre du jeu politique FR.
Un mouvement qui va essayer de prendre un tournant idéologique en 78 en reprenant certains thèmes
qui avaient fait le succès du mouvement Poujade dans les années 50, contre le trop d’état, contre les
impôts, trop de fonctionnaire, de syndicats, en essayant finalement de gagner chez les petits
commerçants, chez les artisans. C’est un tournant qui correspond à une tentative de structuration, de
revenir à un coté plus populiste, plus nationaliste conservateur plutôt que nationaliste révolutionnaire.
Ce qui va véritablement changer dans la trajectoire du FN va être l’arrivée de la gauche au pouvoir en
1981.
De 81 à aujourd’hui, on va voir un parti a la fois isolé et au centre du jeu, du débat politique. Six
périodes/dates importantes marquent l’histoire du FN à partir de 1981.
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Les municipales de mars 1983. A ce moment-là, le FN n’est pas le seul à évoquer les thèmes
de l’insécurité, de l’immigration, c’est l’angle aussi choisie par la droite classique (RPR,
UDF) contre le mouvement socialiste, puisqu’évidemment, même si ce sont des municipales,
elles ont une dimension nationale comme beaucoup d’élections qui servent souvent a critiquer
les autorités nationales et pas seulement à répondre à des enjeux locaux. Et le fait que RPR
comme UDF pilonnent aussi le gouvernement socialiste sur ces thèmes, légitime que le FN se
saisisse de ces thématiques. Et l’on voit bien dès 82-83 (cantonales à Dreux en 82 où le FN
obtiendra 12.2% au premier tour, municipales de 83, le FN parvient à présenter des candidats,
la liste de JMP en 83 obtient un peu plus de 11% dans le 20ème arrondissement, ce qui est
énorme à l’époque) que commencent à se structurer des résultats impressionnants au FN.
Les élections EU du 17 juin 1984. Les élections EU se déroulent à la proportionnelles et
connaissent un fort taux d’abstention donc favorise les petits partis, les partis contestataires et
ceux qui n’ont pas besoin de faire alliance ou qui n’ont pas la possibilité de faire alliance. Puis
quand on se présente aux EU, il suffit d’avoir une liste de 50 personnes, ce qui est différent de
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pouvoir présenter des candidats dans ttes les circonscriptions de FR cad 577 en FR
métropolitaine. Le résultat du scrutin est une grande surprise, du jamais vu depuis 1956, le FN
obtient 11.2% des suffrages exprimés, soit près de 2 millions d’électeurs. Certes, le taux
d’abstention est très grand, 43%, on aurait pu penser que ce sera un feu de paille, mais ce n’est
pas le cas, confirmé aux cantonales de 1985, donc on commence à comprendre, notamment
dans le cadre des cantonales, qu’il y a un vrai pouvoir de nuisance de la part du FN à l’égard
de la droite classique notamment quand le FN se maintient au 2ème tour, triangulaires donc.
Période importante de transition où l’on voit rejoindre le FN des acteurs issus de la droite
classique, des gens qui ne voient pas beaucoup de débouchés dans le RPR ou l’UDF et
rejoignent le FN en se disant que ca leur donnera peut-être une opportunité en terme de
carrière politique, de réussite aux élections, de possibilité de se présenter aux élections.
La troisième étape importante sont les législatives de 86 : le PS au pouvoir anticipe la défaite.
Le gouvernement est a ce moment très impopulaire, le gouvernement de François Mitterrand
est très impopulaire à ce moment, on sait qu’on va perdre. A gauche, FM fait changer les
règles du scrutin et fait passer l’élection des députés à la proportionnelle en 86. La
proportionnelle, même dans le cas départemental, favorise les petits partis, les partis qui ne
font pas d’alliance, donc en 86, d’une certaine façon FM a fait entrer le FN à l’Assemblée
Nationale, dans le but d’affaiblir la droite classique et on voit apparaitre 35 députés FN à
l’Assemblée Nationale, ce qui va donner une tribune, une visibilité, des ressources à ce parti
Ascension ne sera pas gênée par les deux ans de cohabitation FMiterrand/Chirac, 86-88, la
4ème étape est la présidentielle de 88. Au premier tour, JMP obtient 14.4% des voix, score
historique pour un candidat de la droite extrême et il va se présenter, suite à la défaite de
Chirac, comme la seule alternative face à la gauche. Situation de cohabitation président
socialiste/ avec PM conservateur de 86 à 88 facilite la tâche du FN qui a beau jeu de se
présenter comme la seule opposition possible et crédible. Etape donc de
réorganisation/structuration du parti, aussi stagnation en terme de résultats électoraux, fin
années 80, période aussi où JMP commet des écarts de langages tout à fait calculés (série de
provocations verbales comme son jeu de mot sur le ministre Durafour de l’époque « Durafour
crématoire », parlera des chambres à gaz comme un point de détail de la 2nde GM…) qui ne
vont pas empêcher le FN de progresser à nouveau et plutôt relancent l’intérêt médiatique à
chaque fois que l’on parle moins du FN. On observe aussi pendant ces années les victoires aux
municipales dans tout un ensemble de villes du Sud Est, comme Toulon, Marignane, Orange,
Vitrolles, sans parler du progrès du FN aux régionales de 98.
5ème étape qui crée la surprise, sera la présidentielle de 2002 quand JMP, en obtenant 16.86%
contre 16.18% à Lionel Jospin se retrouve au second tour de la présidentielle face à Jacques
Chirac, et JMP va progresser en nombre de voix et suffrage exprimés entre le 1 er et le 2nd tour
(5.5 millions d’électeurs FR pour le FN au 2nd tour). Paradoxalement pourtant, ce score
exceptionnel ne trouvera pas véritablement de débouché politique pour JMP, en 2007 son
score est relativement bas avec10.44% comme si la personnalité de JMP avait contribué à
enfermer le FN dans son isolement.
Le sarkozysme, faux antidote au FN et la succession de JMP. C’est sans doute une
transformation fondamentale des droites FR que ce qui s’est joué dans le rapport des droites
dites du gouvernement au FN, à partir des années 2007. On crédite en effet NS d’avoir fait
baisser le FN (fameux résultats de 2007) en siphonnant les voies du FN. On sait que le
discours de NS fut un discours qui mobilisa tout un ensemble de thématiques très droitières,
dont on a pu se dire à un certain moment qu’elles avaient fragilisé les thématiques du FN. De
plus, se jouait à ce moment-là la question de la succession de JMP, et ce qui se jouait derrière
ça c’est aussi la dédiabolisation du FN (on se souvient des nombreux excès de langage de JMP
qui à la fois remettait le FN en avant mais en même temps l’isolait). On sait que Marine le Pen
va réussir à accéder à la tête du FN contre Bruno Golniche qui incarnait plutôt la frange
traditionaliste catholique et extrême du FN, et à partir de là on obtiendra un FN à l’apparence
dé-diabolisée, qui va refuser les écarts de son père, la présence des skinheads ou des
thématiques visibles d’extrême droite qui passeraient par le drapeau nazi ou autre, et qui va
jouer tout un ensemble de thématiques populaires et sociales parfois très surprenantes pour un
FN qui abritait des catholiques traditionnalistes, qui abritait des personnes peu favorables à la
laïcité ou aux droits des homosexuels. Et on verra ainsi MP, femme, jeune, divorcée, incarnant
une forme de famille moderne, expliquer l’importance de la laïcité à l’école, évoquer la
défense des homosexuels confrontés en banlieue à l’intolérance des islamistes, car la cible de
ce FN est désormais moins l’immigré en général que l’islam en particulier et les populations
se revendiquant d’un Islam jugé trop visible par exemple au travers de prières de rue. Du coup
on voit aussi que dès lors le FN apparait modernisé, jouant d’avantage les règles du jeu
démocratique, bref, la transformation au moins apparente du FN semble là et elle va se
traduire dès lors que certaines des attentes qui avaient été placées dans la personne de NS vont
être déçues, elle va se traduire par le résultat de MP à la présidentiel de 2012 puisqu’elle
obtiendra 17.9% des voix, cad que en terme de pourcentage total de l’électorat, elle mobilisera
13.95 % de l’électorat total (inscrits sur les listes) cad 6.4 millions d’électeurs, soit davantage
que, à la fois Bruno Maigret et JMP en 2002. Comment se positionnera MP entre les deux
tours : elle annonce qu’elle votera blanc laissant ses électeurs se reporter, selon les sondages
entre 50-60% sur NS et 14-20% sur Hollande, mais surtout ce qui est très intéressant à
observer, ce sont les législatives : MP a déclaré explicitement que, selon la circonscription,
selon la personnalité des candidats, selon leurs position sur les questions d’insécurité sociale,
immigration… qu’elle n’excluait pas d’appeler à voter localement selon les cas, UMP ou PS.
Derrière cette façon de refuser le ni-droite ni-gauche mais de l’envisager localement,
puisqu’on connait la puissance de nuisance politique en quelques sortes dans les triangulaires,
beaucoup d’échecs de la droite de gouvernement passent par les triangulaires, ce qui se
dessine serait les contours d’une reconfiguration des droites à l’italienne, où finalement on
aurait une extrême droite qui aurait abandonné ses formes les plus radicales, et qui serait rendu
plus acceptable, forme de néonationalisme débarrassé des oripeaux gênants de son passé, qui
serait sorti de son ghetto, et au mouvement de droitisation de l’UMP qu’on a vu par exemple
par le mvmt de la droite populaire au sein de l’UMP, des députés, notamment des élus du Sud
Est comme Lionnel Luca, Eric Ciotti, qui appellent à se pencher sur les thématiques du FN,
qui disent que les électeurs du FN doivent être écoutés, entendus, à ce mouvement venant des
droites, on aurait le mouvement symétrique du FN qui n’exclurait pas de revenir dans le jeu
politique par des alliances non au niveau national mais au niveau local, donc faut voir si le FN
obtiendra des députés et donc pourra peser plus lourd dans le jeu politique.
Mise à jour : 2 députés FN entrent à l’AN le 17 juin 2012 (Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le
Pen).
b. A quoi attribuer ces succès du Front National ?
Beaucoup d’explications qui se combinent, qu’il faut manier avec prudence.
Exemple, l’explication tribunitienne, pas tout à fait satisfaisante, et JMP et Marine le Pen, tous deux
très bon orateurs, mais JMP par exemple déjà tres bon orateur à 28 ans sous la 4 ème république et
pourtant son parti ne sera qu’un groupuscule jusqu’en 1982, donc fausse explication.
Explication par le chômage et l’immigration : compliquée. Ne fonctionne pas toujours, fonctionne
dans certaines régions et pas dans d’autres. Il est vrai que le FN draine les votes d’une population qui
s’estime agressée, menacée dans sa culture et son mode de vie, par le multiculturalisme, par
l’immigration, mais le FN peut également être très fort dans des zones rurales ou périurbaines à très
faible immigration, comme en Alsace où vote très favorables au FN dans certains petits villages
d’Alsace alors même que ce sont des petits villages composés essentiellement de frontaliers qui eux
vont travailler en Allemagne, donc ce sont des FR qui émigrent en Allemagne pour leur travail, et ne
côtoient quasiment pas d’immigrés venant d’Afrique/Maghreb, mais qui vont voter FN, dc FN répond
à des angoissent identitaires mais pas uniquement dues à immigration ou chômage.
En revanche, vrai qu’il y a eu un net progrès du FN dans les milieux populaires, c’est une chose qu’il
faut analyser avec prudence, pas uniquement populaire contrairement à ce qu’on entend parfois.
Le vote FN bénéficie aussi de ce qu’on peut qualifier d’ethnicisassions de la réalité sociale : le fait
qu’on lise de plus en plus la réalité avec des lunettes ethniques, ethnicisantes. Comme par exemple les
polémiques qui ont entourées le comportement de l’équipe de FR puis la composition de l’équipe de
FR, au sein de la FFFootball, les propos tenus au sein de la FFF, regrettant la présence trop forte
d’africains gds et costauds par rapport aux petits FR malingres, propos sans doute impensables et
considérés comme propos du FN il y a 20 ans, paraissent normaux à une partie de la pop F : signe
qu’on lit peut être la réalité aujourd’hui avec des lunettes ethniques, ethnicisées.
Autres explications peut être plus relationnelles que déterministes pourraient être ajoutées à ce succès
du vote FN.
Déterminisme : a des transformations sociales correspondent des transformations de vote, mais il y a
aussi des explications relationnelles dépendant de ce que sont les autres partis, de ce qu’ils arrivent à
faire ou à mobiliser, comme par exemple l’affaiblissement d’autres partis qui entendaient parler au
nom du peuple comme PC : certains anciens PC s’abstiennent maintenant et des ex-abstentionnistes
peuvent voter FN. Un abstentionnisme qui fait des ravages dans l’électorat des grands partis du
gouvernement, comme le vote FN est un vote d’indignation, il mobilise les gens, a l’inverse, ceux qui
ne sont pas satisfaits par la politique du gouvernement vont s’abstenir, donc proportionnellement
affaiblir les grand partis de gvmt.
Alternance de 81, arrivée gauche au pouvoir, a contribué à radicaliser les droites en général, ce qui a
légitimé, qd le discours des droites est devenu plus dur, le discours du FN aussi.
De même, les alternances très rapides des années 80-90 ont sans doute généré une déception croissante
puisque les électeurs ont pu voir que finalement des partis qui avaient été longtemps dans l’opposition
n’avaient pas non plus de recette miracle pour régler la crise ou les problèmes sociaux.
Il faudrait aussi analyser comment le développement du salariat précaire et les travailleurs pauvres,
toujours la tête juste au-dessus de l’eau, peut expliquer un vote d’angoisse et de rejet de qui viendra
vous sauver quand vie pleine de difficultés.
Enfin explication du succès du vote FN qui vient de l’offre politique (activité du parti, travail
politique): succès du FN est d’avoir politisé le rejet de la politique, d’avoir ramené à la politique des
gens qu’il a rejeté, mais ramené en leur suggérant de voter le FN et de rejeter les autres élites. Joint à
un véritable travail de militantisme terrain, de réflexion doctrinale, de conviction, alors que d’autres
partis qui étaient en crise montrent moins d’opérations militantes, donc la question qui se pose est
celle des redéploiements qui pourraient se jouer dans les années à venir entre une partie des droites qui
se définissent comme droite républicaines modérées et un FN « new-look ». On sait qu’au sein de
l’UMP s’est fondée une tendance qui se fait appeler la droite populaire, très active, contre les radars et
la suppression des indications des radars donc des thématiques très populistes, immigration également,
thématique créée 14 juillet 2010 autours de députés souvent du Sud Est, membres de la droite
populaire, pas difficile d’imaginer que se joue au moins au niveau local, un scénario à l’italienne,
d’alliances entre un FN devenu un peu fréquentable et une droite populaire radicalisée sur le modèle
italien. Avec une sorte d’ironie ; longtemps la droite de gouvernement a refusé toute alliance avec le
FN, comme une sorte de cordon sanitaire contre et autour du FN qui semblerait être peu a peu remis en
question, quand bien même une partie de la majorité diraient qu’ils reprennent une partie des
thématiques du FN pour éviter que ce soit lui qui arrive au pouvoir.
B.
Une extrême-droite « classique » ?
Question qui se pose au sujet du FN. Qu’est-ce que ca veut dire, quels problèmes cela pose de se poser
cette question ?
Toujours un danger à étiqueter les forces politiques qui se servent souvent de cette étiquette ou la
rejettent (FN a attaqué en justice des journalistes qui utilisaient les termes d’extrême droite et à
l’inverse s’est réjoui quand des chercheurs politiques ont inventé le terme de populisme national pour
le définir). Se dire nationale populiste est dire que pas extrême droite mais nationaux populistes. Donc
effectivement il y a un enjeu politique à la qualification : si on met FN dans une catégorie qui
s’appelle extrême droite qui contient aussi bien les nazis que JMP, on voit que ca pourrait presque
justifier juridiquement une interdiction du FN.
a. FN et MNR « sont-ils » d'extrême-droite ?
FN est-il d’extrême droite ? Varie selon qu’on considère ses idéologies, ses stratégies, d’être
respectable ou pas, son électorat, et notamment ouvrier. Il faut se souvenir que l’extrême droite a
toujours été diverse. L’extrême droite ce sont des nationaux et nationalistes, des monarchistes,
anticapitalistes, antilibéraux, ce qui n’est pas la même chose que des fascistes ou des nazis, l’idéologie
du FN a elle-même évoluée en fonction des rapports de force au sein de l’organisation dans les
différents groupes et c’est sans doute le parti qui a mené le plus d’efforts doctrinal de fabrication d’une
idéologie, de programme dans les dernières années.
On peut distinguer 5 éléments centraux dans l’idéologie du FN, qui vont de la droite extrême à
l’extrême droite, c’est leur combinaison qui permet d’ancrer le FN à l’extrême droite :
-
-
-
-
-
Pensée réactionnaire fondée sur l’ordre social. C'est-à-dire une pensée qui va valoriser le rôle
de la famille, une certaine conception organique de la société dans laquelle chacun est à sa
place, conception hiérarchique, même si Marine le Pen a quelque peu changé cette conception,
mais le FN reste ce parti contre l’avortement, qui défend l’enseignement professionnel, qui
rejette les déviances (homosexualité, toxicomanie), qui va valoriser un état gendarme, l’effort,
la hiérarchie et encore, même si cette image est moins évidente avec MP, le parti de JMP était
favorable au retour d’une partie des femmes à la maison parce que ca libèrerait une partie du
marché du travail par exemple.
Valorisation du rôle de la nation, notamment de la nation FR et de son rôle au travers de
l’histoire, pas nation sur le modèle de la révolution FR, nation en arme, nation des lumières,
mais plutôt l’idée d’une nation que l’on interdit aux autres, ceux qui voudraient y rentrer,
l’idée d’une préférence nationale, d’une nation qui se définirait pas par le sang, comme le
racisme biologique, mais plutôt par la culture, identité nationale FR plutôt fermée aux autres
Racisme, jamais revendiqué expressément dans le dialogue du FN, contrairement aux autres
extrême-droites, assez normal pq FN est une extrême droite électorale, qui ne peut prendre le
risque de trop nombreuses condamnations, mais effectivement modèle de racisme doublé
d’immigration voire d’antisémitisme larvé, même si aujourd’hui MP envoie des signaux à ce
qu’elle estime être un électorat inquiet a l’égard des musulmans donc des signaux à la
communauté juive, précisément passée sur une radio communautaire juive pour jouer la
proximité avec le monde juif, contre l’hostilité au monde musulman. Donc forme de racisme
notamment nationale, rejet des immigrés venant d’Afrique, soit du nord soit subsaharienne,
considérés comme non intégrable du fait de l’islam ce qui permet de comprendre comment
MP a brandi ce thème de la laïcité qui parait un peu incongru pour les extrêmes droites FR,
l’idée de faire partir les clandestins, de libérer le marché du travail FR en libérant les
travailleurs FR, quitte à revenir sur des naturalisations FR qui auraient été acceptées dans les
dernières années.
Rejet de la classe politique. Très fort chez JMP, aussi chez MP, l’idée de l’appel au peuple, du
référendum d’initiative populaire, et en mm temps du « tous pourris », de la corruption
générale des politiciens qui seraient tous pareils de la gauche à la droite, idée de la
dénonciation de l’establishment et que le FN serait le seul légitime à parler au nom du peuple.
Forme : important pas seulement ce qu’on dit mais aussi comment on le dit. Idée très extrême
droite. L’idéologie est aussi cette rhétorique-catastrophisme du FN qui dit que tout va très mal,
société apocalyptique, ce qui permet de se présenter en sauveur.
Mais en dehors de ces 5 points, d’autres aspects de l’idéologie du FN sont plus fluctuants. Par exemple
questions économiques. Selon les textes, les époques du FN, celui-ci va osciller entre défense de
l’ultralibéralisme et à l’inverse des conceptions plus sociales, à destination des FR. Donc selon les
époques, on a une forme d’anti-fiscalisme a la Reagan/Thatcher en plus dur, privatisation, baisse du
nombre de fonctionnaire, soit à l’inverse une thématique extrêmement protectionniste (protégeons le
marché, nos travailleurs, luttons contre la mondialisation et ses ravages).
Evidemment, il ne suffit pas de dire que bien des aspects ancrent le FN dans une idéologie d’extrême
droite, ce qui caractérise le FN a été de s’étendre au-delà de l’extrême droite traditionnelle.
b. Le succès du FN : s'étendre au-delà de l'extrême-droite traditionnelle
Car qu’est-ce que c’est que l’électorat traditionnel de l'extrême-droite ? Le vieil électorat est certaines
couches de la vieille aristocratie parfois désargentée, de la grande bourgeoisie parfois militaire qui
défendent des grandes conceptions d’ordre, avec déjà une évolution dans le vote Poujadiste, qui était
un vote de petits commerçants, artisans, très enracinés dans des régions rurales comme Cévennes,
voire rurale et catholique comme Vendée, et le vote FN va montrer une évolution vers des classes
beaucoup plus populaires. Dans les années 90, classe des ouvriers, c’est le parti qui recueille le plus de
suffrage, derrière l’abstention. Là encore nuances ; il y a eu vote FN des beaux quartiers : quand on
regarde vote FN de 84 à Paris, vote véritablement des beaux quartiers, mais dès 86 on voit que la carte
du vote FN part vers le quart nord Est de Paris, vers des quartiers plus populaires, et le vote FN a
fortement progressé dans les catégories populaires.
Il faut être extrêmement prudent, sur l’idée que, parce qu’on est populiste, on est populaire. Le FN est
un parti populiste, au sens où son idéologie est celle de l’appel au peuple, et prétend/entend parler au
nom des pauvres, opprimés, … simplement il y a d’autres catégories qui votent fortement FN :
artisans, commerçants, patrons, 31%, cadres, professions intellectuelles et on ne prétend pas que FN
est vote des cadres ou artisans, donc il faut se méfier, la tentation autoritaire n’est pas uniquement ce
qu’on trouve dans les classes populaires, qui peut nourrir un mépris de classe envers classes populaires
qui voteraient FN comme un seul homme, ce qui est faux. 26% des professions libérales votent FN sur
2002. Donc tout le monde ne vote pas pour un parti pour mêmes raisons.
Ce qui a longtemps caractérisé les droites FR sont les différences de culture, longtemps conscients,
membres de la droite en général, qui se plaignait de perdre les élections dans les années 80-90, ce qui
est frappant est que même si NS avec UMP a eu un grand succès, 2002, présidentielles 2007, on voit
bien que l’UMP n’a pas réussi à fédérer longtemps les droites (comme on voit avec le départ de Jean
Louis Borloo, persistance du MoDem…).
Ce qui frappe aussi quand on considère 40 ans d’évolution de la droite, c’est à la fois la logique de
bipolarisation qui a interdit la formation d’un centre assez autonome et le retournement des rapports de
force au sein de la droite puisque les gaullistes ont pris le dessus sur les centristes, et la droite non
gaulliste. Cette logique de retournement des rapports de force on la verra aussi à gauche, puisque de
manière tres semblable, ce qui marquera l’évolution de la gauche est le retournement des rapports de
force en son sein à ceci près que le gagnant ne sera pas le PC mais le PS.
C.
L’organisation et les enjeux de l’après Le Pen
a. La scission du Front national
b. 2007-2010 : Le reflux face aux thématiques de Nicolas Sarkozy
c. L’accession de Marine Le Pen à la tête du FN et l’hypothèse d’une recomposition de droites
* Les mouvements de chasseurs sont-ils de gauche ou de droite ?
LEÇON 8. LES GAUCHES FRANÇAISES
DEPUIS 1945
Deux choses à retenir des partis de gauche sous la 4eme et la 5eme république : le déclin du PC qui va
passer de près de 28% aux législatives de 1946 à moins de 5% aux dernières législatives et l’ascension
d’un PS (au départ SFIO) qui commence de 18% en 1946 aux législatives, descend à 15-12% au début
de la 5eme rep, et qui aux législatives de 78 dépasse pour la première fois le PC français, atteindra
36% des voix en 81 et 88 (1er tour), reculera en 93, reviendra à 25% aux législatives de 97 et 2002 et
32% aux législatives de 2007 (29% à celles de 2012). Donc un complet renversement du rapport de
force. On a du mal aujourd’hui à penser que le PC était l’ennemi à abattre, même pour le PS qui s’est
allié à lui pour mieux le faire chuter.
C’est ce qui permet de comprendre les débats au sein du PC sur la participation à un gouvernement
dirigé par les socialistes quand ils sont au pouvoir : faut il participer alors que trop modérés ou non et
donc s’isoler ? C’est aussi ce qui permet de comprendre l’humiliation qu’a pu représenter pour le PC
le fait d’être dépassé dans les années 2000 par des scores de certaines organisations trotskistes. De
manière générale, la question qui se pose le plus, à gauche, est celle des alliances, compte tenu du dvpt
des verts, de l’existence de 2 nouveaux partis depuis la fin des années 2000, NPA et Parti de Gauche
de Mélenchon, et à la façon dont les forces de gauche, hors PS, vont se rallier au PS selon son
programme. Effectivement, depuis le 21 avril 2002 (pas de candidat socialiste au 2eme tour), pèse sur
la mémoire des gauches, le risque de ne pas atteindre le second tour en cas de divisions.
* Rappel du délitement et dispersion du radicalisme
Ce qui fut le grand parti du gvt de la 3eme république n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui,
on a vu dans l’immédiate après guerre survit malgré un recul électoral mais représente un mouvement
vieillissant, trop marqué par la 3eme république, bien qu’il ait contribué aux alliances
gouvernementales au sein de la 4eme rep ou qu’un des plus célèbres président du Conseil de la 4eme
république, Pierre Mendes France venait du parti radical. Ce déclin des radicaux s’accélère sous la
5eme république. Ils sont opposés au gaullisme, radicalisme hésite entre les fédérations modérées
allant de la SFIO à des forces plus modérées et des stratégies d’ancrage à gauche. Les tentatives de
rénovation sont l’objet de scissions. C’est la création du mouvement des radicaux de gauche fondé en
73, et ce qui reste du parti radical, dit Valoisien du fait de sa localisation rue de Valois, va adhérer en
78 à l’UDF, et c’est ce parti radical Valoisien qui a pris son autonomie puisque c’est aujourd’hui celui
de Jean Louis Borloo.
De son coté, le mouvement radical de gauche a maintenu une force parlementaire, même réduite,
souvent liée à des fiefs historiques ou des alliances électorales, a participé au mouvement socialiste, il
a aussi été une sorte de terre d’accueil pour des représentants proclamés de la société civile (ex
Bernard Tapie, Bernard Kouchner), compte quelques députés qu’on retrouve dans la fonction publique
et est présidé aujourd’hui par Jean-Michel Baylet, président et directeur général du groupe « la
dépêche du midi », ancien ministre sénateur, qui incarne ce radicalisme dont l’ancrage en FR est
notamment le Sud Ouest. On notera aussi la candidature de Christiane Taubira pour le parti radical de
gauche aux présidentielles de 2002.
1. PUISSANCE ET DÉCLIN DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS (59)
Alors que le PCF était le parti dominant de la libération, l’évolution du PC dans la 5eme république est
surtout marquée par un déclin, électoral, militant, audience, ressources. Pourtant le PC fut le principal
parti de la libération, se trouve aujourd’hui confronté à l’enjeu de la survie et des alliances.
A.
Du principal parti de la Libération à l’enjeu de la survie et des alliances
a. Un parti dominant et marginalisé sous la quatrième république.
Ce déclin s’est effectué en plusieurs étapes : PC d’abord parti dominant et marginalisé sous la 4eme
rep. Il bénéficiait d’une part du prestige de la résistance, du ralliement prestigieux des intellectuels, des
artistes, participe au pouvoir jusqu’en 47, puis rompit au regard de ses alliances, rupture du
tripartisme, et rejeta le système de la 4eme rep qui en retour l’exclu, par ex avec la loi de
l’apparentement.
Le PC, pendant toute cette période, y compris entre deux guerres, constitue un modèle de contre
société avec les banlieues rouges, avec l’extraordinaire emprise du militantisme communiste comme
contre société (fête de l’humanité, clubs liés au PC) force du syndicalisme CGT et son véritable
maillage de territoire. Le PC fut aussi marqué par sa très forte opposition, sa très forte capacité de
mobilisation, quand on pense aux manifestations contre guerre de Corée, très fort activisme pendant la
guerre froide. Les années 58-fin 60 furent plutôt marquées par l’opposition au gaullisme, le choc que
représente le gaullisme pour le PCF, avec la naissance d’un nouveau régime, nouvelles règles
institutionnelles, la position ambigüe du parti sur l’Algérie et sa position en mai 68.
b. De 1958 à la fin des années 60 : opposition au gaullisme et rejet de Mai 68
Choc du nouveau régime : les élections législatives de 58 sont marquées par un nouveau mode de
scrutin, uninominal majoritaire à 2 tours et non plus proportionnelle, ce qui marque un très fort reflux
des voies communistes qui perd environ ¼ de son électorat, et c’est une période pendant laquelle le PC
s’oppose de 2 façons a la politique gaullienne, d’abord contre la politique Algérienne, qu’il juge
néfaste, PC d’ailleurs très ambigu sur la question de l’Algérie car la rébellion algérienne n’est pas
communistes (contrairement à la révolution indochinoise ou vietnamienne), bref, le PC est pour la paix
en Algérie, pas tellement pour l’indépendance. Opposition ensuite à la personne de De Gaulle, et au
gaullisme, dénoncé comme un nouveau fascisme, au moins à ses débuts, puis comme un pouvoir
renforcé des monopoles. De Gaulle, alors même qu’il tend à mener une politique indépendante des
états unis est souvent dénoncée comme étant un allié du grand capital international. On observe
quelques inflexions du PC dans les années 60, avec cette idée que pourrait être tentée une union de la
gauche, aussi les évolutions liées à partir des années 50 à Kroutchov, la déstalinisation aux 20ème
Congrès du parti communiste de l’union soviétique en 56. Cette tentative pour le PC de ne pas rester
dans son coin, de réintégrer la vie politique FR va être ralentie par la crise de mai 68. En effet, le PC
est d’abord agacé de voir des étudiants prétendre parler au nom des ouvriers en 68, il y a en quelques
sortes concurrence au sein de la gauche pour parler au nom de ce que certains estiment être une
révolution d’où le fait que le PC va stigmatiser certains leaders comme Daniel Cohn-Bendit ou autres
étudiants.
Malgré cela, fin des années 60 marque une période d’adaptation du PC, il devient de + en + difficile
d’apparaitre comme une prolongation de l’URSS en FR, surtout après l’invasion de la
Tchécoslovaquie par les chars russe cette même année 68. On parle d’un passage au
socialisme/communisme à visage humain.
c. L'Union de la gauche et l'Eurocommunisme : 1969-1976
Cette innovation inaugurée par Waldeck-Rochet, secrétaire général du PCF, n’est pas bien vécu par
tous au sein du parti, et quand il tombe malade puis quitte la présidence du parti communiste, c’est
Georges Marchais en 1972 qui le remplace, inaugurant une troisième période, celle de l’union de la
gauche et de l’Eurocommunisme, 1969-1976.
Période de transition, marquée par cette stratégie d’union de la gauche, période d’élargissement
développement de la base sociale du PCF qui se développe, gagne, après 68, de nouvelles couches
sociales, pas seulement ouvrières, mais aussi secteur tertiaire, employés de bureaux, techniciens,
cadres, qui se concrétise par le programme commun de gouvernement entre PS et PC, signé en 1972,
qui suppose d’aller aux élections ensemble (alliance électorale) et qui prévoit véritablement un accord
sur la politique à mener, avec un programme de nationalisation. C’est la période de
l’Eurocommunisme, cad communisme adapté aux réalités des démocraties EU occidentales (prise de
distance à l’égard de l’union soviétique, critique de l’intervention en Tchécoslovaquie, abandon du
principe du parti unique en 64, condamnation de l’enferment des dissidents soviétiques dans les
camps, abandon du dogme du prolétariat en 76, rapprochement du PC italien (considéré comme un des
plus réformiste en EU), bref, une importante mutation idéologique et démocratique. Le problème est
que cette stratégie qui paie en matière de recrutement de militant, ne paie pas électoralement parlant.
Les résultats électoraux du PCF ne cessent de baisser, d’où une crise d’identité qui se traduit d’ailleurs
par le fait qu’en 76 le parti n’a pas de candidat à la présidentielle. Crise d’identité et méfiance à
l’égard du PS qui est soupçonné de vouloir faire alliance à droite en 78, on craint une situation de
cohabitation entre le président VGE et une majorité qui serait issue de la gauche, donc on peut douter
de l’adaptation réelle du PC car il continue à fonctionner selon le principe du centralisme
démocratique, interdiction du droit de tendance et continue à rester fidèle à l’URSS.
Les années qui vont suivre vont finalement marquer la rupture de l’union de la gauche jusqu’aux
tentatives de modernisation des années 90.
Que va faire le parti communiste qui se méfie du PS dans ces années 70 ? Il va demander la
réactualisation du programme commun, en claire renégocier les termes du programme commun signé
en 1972, demander des choses plus contraignantes avec le PS qui lui, s’est développé au cours des
années, et renforcer les exigences à l’égard du PS, au travers d’une stratégie maximaliste, qui consiste
à présenter des choses que l’on sait très contraignantes pour le PS en s’attendant à ce qu’il refuse et
apparaisse comme coupable de la rupture de l’union de la gauche.
Effectivement, le programme commun sera rompu le 23 septembre 1977, le résultat en étant qu’aux
législatives de 1978, alors qu’on pensait que la gauche allait gagner, elle perd, le PC se maintien, le PS
passe légèrement au dessus de lui, et la gauche ne gagne pas les élections. On aura toujours le
sentiment sur ces élections que le PC aura préféré repousser la victoire plutôt que de ne pas la
contrôler. S’ouvre alors une crise du parti qui se traduit par trois aspects : durcissement idéologique à
partir de 77-77, c’est une période de retour à l’orthodoxie, Georges Marchais déclare en 1979 que le
bilan des pays de l’est est globalement positif, en 1981 il approuve l’intervention soviétique en
Afghanistan, ce durcissement va d’ailleurs continuer après 1981, même si des ministres communistes
participeront un temps au gouvernement de Pierre Maurois, ils quitteront assez vite le gouvernement
au moment de la politique de rigueur.
Durcissement idéologique, puis oppositionnel (on connait une montée des contestations internes au
sein du PC, dès la fin des années 70 et pendant les années 80, avec le dvpt de groupes qui se qualifient
de rénovateurs ou reconstructeurs au sein du parti, ou des gens qui partirons ou seront exclus du coté
des refondateurs, comme Pierre Juquin, candidat à la présidentielle de 1988, pourtant rare et
exceptionnel que soit transgressé l’interdit du droit du tendance au sein du PC, cad l’interdiction
d’exprimer une voix dissidente à celle de la majorité qui s’imposait à tous.
Le déclin du PC va continuer inexorablement tout au long des présidentielles, des législatives,
aujourd’hui score du PC < 3%, largement en dessous des organisations Trotskistes.
d. De la rupture de l'Union de la gauche aux tentatives de modernisation des années 90
Déclin également du nombre d’adhérents que le parti communiste avoue en 84 qu’il va se continuer.
On observe des tentatives de modernisations au sein du PC, avec par exemple l’arrivée de Robert Hue
à la direction du parti en 94, qui essaiera de rompre avec l’héritage des années Georges Marchais tout
en essayant de ne pas froisser les orthodoxes au sein du parti, on croit même un temps au renouveau
du PC au sein de l’éphémère Gauche plurielle suite a la victoire du PS en 97 et au gouvernement
Jospin (retour de ministres communistes au sein de la Gauche plurielle au sein du gvmt), malgré tout
bcp de militants dans les années 90 sont déboussolés par la mutation du parti, hésitent à s’allier avec le
PS de peur de perdre leur rôle oppositionnel, mais refuser de s’allier les condamne à l’impuissance et
les met au même niveau que les organisations trotskistes et contestataires, d’où une situation très
complexe pour le PC. On crut, un temps, que le PC bénéficierait du « non » au traité constitutionnel
EU mais on constate que le score du PC aux deux dernières présidentielles ne marque pas de véritable
bénéfice.
Dernier symptôme du déclin du PC est la façon dont en « Banlieue rouge », comme Saint Denis, fief
historique du PC, le PS, notamment la tendance de Laurent Fabius tend à évincer des fiefs historiques,
certains des dirigeants communistes, c’est ainsi que le PC a perdu la DG du Conseil de Saint Denis en
2008, que des villes historiquement communistes comme Aubervilliers pour le PS, avec l’idée du PS
de vite récupérer ces villes avant qu’elles ne passent à droite, dernier exemple : défaite de Jean-Pierre
Brard à Montreuil, battu par une coalition hétéroclite autours de Dominique Voynet, représentante
écologiste. Ce déclin impose de revenir sur certaines des causes de ce déclin du PC.
B.
Les causes du déclin du PCF (60)
a. Des raisons apparentes : l'archaïsme politique et les mutations internationales
Ou encore refus systématique de reconnaitre ses erreurs, bilan toujours positif des pays de l’Est,
centralisme démocratique qui apparait comme un mode d’organisation un peu étouffant, archaïque,
peu démocratique, l’effondrement des systèmes politiques de l’Est, URSS, chute du mur de Berlin fin
des années 80, puisqu’à partir de là on reproche au PC d’avoir défendu des régimes impopulaires,
autoritaires, dont on découvrait parfois qu’ils étaient pire que tout ce qu’on imaginait, mais
l’effondrement des systèmes politiques de l’Est signifiait aussi une baisse de ses financements en
direction du PC, a développé des discours sur la fin de l’histoire communiste qui a affecté le PC…
Le problème est que ces raisons apparentes n’expliquent pas vraiment que des gens qui votaient PC
l’aient fait de moins en moins, on pouvait, dès les années 30-40 savoir certains éléments de la réalité
du régime soviétique. Donc ces révélations peuvent expliquer la baisse de popularité du PC mais pas
forcément celle du vote communiste. Donc existe autres raisons.
b.
Des raisons profondes, sociales, politiques et institutionnelles
Raisons sociales : le PC a longtemps rempli le rôle des partis socio-démocrate en EU, d’encadrement
social des individus, sorte d’univers englobant (parti, mairies communistes, associations
sympathisantes, colonies de vacances…). Cet univers social sur lequel le PC se basait et contribuait à
encadrer était le monde ouvrier et aussi le monde rural, petits paysans or la part des ouvriers dans la
population FR a diminué, comme celle des agriculteurs, qui vieillissent en plus, donc le peuple au nom
duquel parlait le PC s’effrite. Bien sur, aujourd’hui il y a encore 7 millions d’ouvriers en FR mais
ceux-ci se qualifient de moins en moins comme « ouvriers » et plus comme « opérateurs », ne
correspondent pas à l’image traditionnelle de l’ouvrier homme qualifié, plus en plus de tache
d’opérateur à temps partiel, de femme à temps partiel et qui ne se reconnaissent pas dans ce modèle
classique incarné par le PC de l’ouvrier-homme un peu rebelle dans son atelier contre les patrons.
Aujourd’hui se développent d’autres catégories du travail précaire et exploité mais auquel le PC n’a
peut être pas su s’adresser (personnel d’entretien, personnel flexible, employé chez McDo) et où
semblerait que la LCR ait d’avantage parlé que PC.
Ce qui est frappant est qu’il semble qu’il y a un cercle vicieux entre la crise du monde ouvrier et la
crise de la représentation du monde ouvrier tel que le PC l’a portée, aujourd’hui la figure de l’ouvrier
n’est plus valorisé, souvent ceux qui se retrouvent en usine aujourd’hui sont souvent des gens qui sont
allés jusqu’au Bac ou BEP, et qui n’ont qu’une envie : fuir l’usine et non d’endosser fièrement la
représentation des ouvriers tel que représenté par PC.
S’ajoute une dimension institutionnelle et politique, liée aux institutions de la 5 ème république, aux
formes que prend le jeu politique. Les institutions n’ont pas créé la crise du PC mais l’ont amplifiée.
C’est le cas avec la présidentialisation du régime : un parti qui suscite le très fort rejet d’une large part
du spectre politique n’a pas forcément de présidentiable à disposition, le scrutin uninominal à deux
tours favorise le vote considéré comme « utile » au second tour, ce qui affaiblit le PC, et on sait enfin
que les partis qui aspirent au gouvernement de la 5eme rep doivent se poser la question de la culture de
gouvernement et le PC aujourd’hui encore oscille entre culture de gouvernement et culture
d’opposition.
Bref, le PCF confirme l’intuition de Georges Laveau, politologue qui, en 1980 écrivait « à quoi sert le
PC », et qui répond que la fonction du PC est d’être un parti tribunitien, cad moins intéressé et moins
capable de la conquête du pouvoir, parti dont l’utilité est de prendre parole de façon indignée comme
un tribun, au nom du peuple. Le problème est que même cette fonction fut appropriée par un autre
parti a partir des années 80 : le FN, même si le PC et le FN ont des électorats différents.
Reste que la dernière présidentielle a montré une sorte de renouveau de l’identité, à la fois communiste
et socialiste, comme le soulignait JL Mélenchon à la dernière présidentielle.
c. Le Front de Gauche (Parti de gauche + Parti Communiste)
Allusion tout à l’heure à la fonction tribunitienne du PC, et il n’y a eu plus grand tribunicien que JL
Mélenchon aux dernières présidentielles à la tête du Front de gauche, cad a l’alliance Parti de gauche
et PC. Le parti de gauche de JL Mélenchon est issu d’une scission du PS dont JL Mélenchon, ancien
membre du PS a pris la direction, et ce Front de Gauche se présente aux élections soit en alliance avec
le PC, le plus souvent, soit parfois à l’occasion de législatives, de régionales, avec certains dissidents
du PCF voire du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). On connait le charisme de JL Mélenchon qui
s’était distingué en 2005 notamment en menant l’opposition de gauche à la signature du traité
constitutionnel EU, lors du référendum. JL Mélenchon marque une forme de populisme (pas dans le
sens dénonciateur), d’hostilité aux médias et dont l’organisation marque un grand travail intellectuel et
de formation de ses membres. Ce qui est très frappant est cette sorte de mariage de raison qui s’est
noué entre le PC qui avait fait des scores désastreux en 2007 mais qui garde un ancrage militant
important, infrastructure important, et de l’autre coté un tribun capable en quelque sorte de raviver la
flamme de l’identité communiste, de l’indignation communiste.
Ce mariage de raison ne s’est pas fait sans hésitation, on sait qu’un autre représentant, André
Chassagne entendait représenter les voix du PC, mais que par scrutin interne le PC a choisi de porter la
campagne de JL Mélenchon. Tout ne s’explique pas par le charisme de JL Mélenchon mais non
seulement mariage de raison et en plus le personnage Mélenchon rebutait moins un électorat qui avait
pu se reporter sur le NPA par exemple, et qui là, pouvait voter pour quelqu’un qui ne représentait pas
le communisme stalinien tel que perçu si avait été celui du PC, plus la vieille étiquette du PC. En plus
le Parti de Gauche n’est pas seulement dirigé par JL Mélenchon mais aussi par une ex-élue verte,
Martine Billard, et d’une certaine façon, cette organisation, à l’image de ce qui a pu se jouer avec Die
Linke en Allemagne, cette orga a réussi à intégrer les thématiques a la fois écologistes et sociales et
elle a marqué du coup une forme de renouveau de la culture communiste, des thématiques
républicaines, des rassemblements-meetings en plein air/chapiteaux, et de cette culture à la fois
antilibérale, égalitaire (thématique de la révolution citoyenne, de la planification écologique, et il
semblerait que le pari de JL Mélenchon sur ces thématiques ait permis de siphonner des voix qui
auparavant s’étaient portées sur le NPA et les écologiste. Le vote en faveur de JL Mélenchon a moins
mordu sur l’électorat ouvrier que Marine le Pen mais en même temps, il y a véritablement une volonté
de JL Mélenchon de contrer la prétention de MP à parler au nom du peuple (d’où le choix de cette
stratégie frontale et de se présenter aux législatives à Hénin Beaumont). Reste à voir ce que sera la
pérennité de cette entreprise électorale et comment le vieux PC acceptera ou non cette greffe avec le
Parti de Gauche. Cela montre que la crise du PC n’a pas été univoque et que la trajectoire électorale de
l’électorat communiste n’est pas marquée que par le seul déclin. Une des manifestations de la crise
communiste est quand même marquée par le développement des organisations trotskistes dans les
années 90 (NPA ou Lutte Ouvrière).
C.
Les autres communismes : trotskismes et maoïsmes (61)
Ont pu apparaitre historiquement comme des groupuscules et dont certains ont dépassé le PC dans les
années 90 en termes de résultats électoraux. Parmi ces autres communismes : maoïsme d’abord, qui
n’a jamais connu en FR de véritable succès électoral mais qui renvoie d’avantage à la mémoire de mai
68, moment où ces organisations ont été extrêmement actives, et être maoïste à cette époque, c’était se
revendiquer d’un communisme qui s’opposait au communisme réel, revendiquer un ancrage à la base,
revendiquer une critique communiste du communisme. Aujourd’hui encore, nombre d’intellectuels
contemporains sont passés dans leur jeunesse par l’union des étudiants communistes (UEC) puis
l’union des jeunesses communistes, marxistes et léninistes (UJCML), ou même la Gauche
prolétarienne, autant d’organisations qui se revendiquaient du maoïsme.
Les trotskismes : le pluriel s’impose du fait de l’existence en FR de 3 organisations en particulier, le
parti des travailleurs, lutte ouvrière et le NPA, héritier de la LCR fondée en 1969. L’évolution qui
frappe l’observateur depuis le milieu des années 90 (notamment présidentielle des années 95) a été le
développement des votes en faveur de deux organisations qu’on avait considéré jusqu’alors comme
des groupuscules : LO et LCR puis NPA. En effet, ces deux organisations vont voir leurs scores
électoraux se développer milieu 90 même si ce développement a connu un véritable coup d’arrêt à la
présidentielle de 2012.
En 1995, Arlette Laguiller obtient environ 4% des voix à la présidentielle, la liste commune LO-LCR
aux EU de 99 obtient 5.18% des voix cad quelques députés au parlement EU, comme aux régionales
de 98. Surtout, à la présidentielle de 2002, Arlette Laguiller obtient 5.7% des voix, Olivier Besancenot
4.3% des voix, ce qui fait qe si on y ajoute le score du Parti des travailleurs de Daniel Gluckstein, les
simples organisations trotskistes avaient 10.5% des voix au premier tour de la présidentielle. De
même, aux régionales de 2004, de nouveau, ces partis feront leur entrée dans les conseils régionaux, et
encore lors de la présidentielle de 2007, les trotskistes obtiendront 5.75% des voix. En revanche en
2012, net reflux des voix, Philippe Poutou n’obtenant qu’1.75% des voix et Nathalie Arthaud 0.56%
des voix.
Les deux principales organisations LO et NPA :
Définition du trotskisme : d’autant plus intéressant que certains dirigeants de gauche modérée sont
passés dans leur jeunesse par le trotskisme, comme Lionel Jospin, ancien membre de l’OCI (devenu
parti des travailleurs)…
Le trotskisme est une pensée et un courant politique qui se réclame du communisme mais dans
l’interprétation de Trotski, adversaire de Staline, assassiné par ordre de Staline. Banni de l’URSS en
29 et avait créé la 4ème Internationale en 1938. Les membres de cette 4ème Internationale sont ceux que
l’on appelle les Trotskistes. Ceux-ci sont une espèce de figure/image de martyre du communisme réel.
Cela ne signifie certainement pas qu’il faille mythifier la figure de Trotski à qui l’on doit l’armée
rouge, l’annihilation d’une opposition socialiste non bolchevique, il n’est pas certain que s’il avait
accédé au pouvoir qu’il aurait été beaucoup plus démocrate que Staline.
Les trotskistes FR font parfois d’avantage référence à des figures comme Rosa Luxembourg, Louise
Michelle ou Che Guevara, que de Trotski. Ce qui les caractérise est aussi l’anti-impérialisme,
opposition à la puissance des pays du Nord et des US et le rêve d’un communisme moins autoritaire.
Et donc ces trotskistes FR sont peu nombreux, émiettés entre plusieurs organisations, il arrive qu’on
les caricature comme ayant le gout du secret et du pseudonyme, l’entrisme (façon d’entrer dans des
organisations pour accroitre leur poids sans exactement dire qui ils sont, inégalement vrai selon les
organisations), on les retrouve dans un certain nombre de combats en FR, notamment autour de la
décolonisation, ou l’antifascisme, aujourd’hui dans des mouvements sociaux de la NPA sur les sanspapiers, les sans-logis, dans le mouvement altermondialiste. Par ailleurs, ils sont aussi communistes
marxistes, sur d’autres aspects, hostiles au capitalisme, au profit, favorable à la défense des services
publics, voire à la nationalisation d’une partie de l’économie. Ce qui les caractérise vraiment est cette
position critique par rapport au parti communiste, dont ils critiquent la dimension bureaucratique, le
coté stalinien, le soutien passé à l’union soviétique, avec des nuances/différences selon les
organisations.
LO, comme son nom l’indique, est plus ouvriériste ; d’avantage tendance à se concentrer sur la
présence aux cotés des ouvriers dans les usines, dans le monde du travail, avec parfois une dimension
un peu plus sectaire dans le fonctionnement de l’organisation, plus rigide en matière de mœurs, avec
une façon de considérer que le PS et la droite sont équivalent et dénonçant donc les programmes
libéraux de la gauche de gouvernement.
La LCR puis NPA se caractérise par une dimension plus libertaire, plus centrée sur les mouvements
sociaux, plus souple également sur les mœurs : pour la dépénalisation du cannabis, reprend beaucoup
de thématiques féministe également. Le NPA a tenu son congrès fondateur en février 2009, succède a
la Ligue Communiste Révolutionnaire, avec le but de grandir suite aux succès électoraux de 95-98 en
essayant de fabriquer un parti plus large, plus attractif, ce qui semblait être le cas au début, mais a
connu une série de crises, internes d’abord sur la question du rapport au voile, très clivé sur qu’une des
participante du mouvement soit porteuse d’un voile, et ce parti semble avoir beaucoup souffert de la
succession d’Olivier Besancenot, qui était porte parole, très médiatique, très doué pour intervenir dans
les médias, qui a revendiqué le fait de revenir à une vie normale et a connu comme successeur Philippe
Poutou qui, bien qu’il ait acquis un certain capital de sympathie lors de la présidentielle, était un
candidat ouvrier beaucoup moins à l’aise que OB qui avait fait quelques années d’étude, connaissait
l’éloquence, et avait connu des débuts difficiles dans ses interventions télévisées, et il avait été
reproché à l’orga d’avoir choisi ce porte parole si peu à l’aise. Au dela que la personnalité de l’un ou
de l’autre, finalement même un parti critique des institutions, de la médiatisation, de la
présidentialisation de la politique se trouve contraint par ces phénomènes, et que ce parti n’a pas voulu
voire à quel point il était dépendant d’une figure médiatique comme OB et que si cette figure
médiatique se mettait en retrait, et voyait lui succéder quelqu’un de moins a l’aise avec ce système, il
allait en subir les conséquences.
Dernière caractéristique du NPA, son électorat, caractéristique d’un certain nombre de professions
intermédiaires, du travail social, de l’enseignement, de la culture.
On peut évoquer enfin un parti beaucoup plus proche des groupuscules, part des travailleurs,
organisation lambertiste, présent dans de nombreux conflits du travail, très présent au sein du syndicat
Force Ouvrière.
La question qui se pose en ce qui concerne cette extrême gauche est comment va-t-elle (ou non)
réussir à capitaliser des succès électoraux d’autant plus que ces organisations se trouvent face
aujourd’hui au relatif succès du Front de Gauche de JL Mélenchon, et la question des relations avec ce
qui est encore acteur dominant à gauche.
2.
DE LA SFIO D’APRES-GUERRE AU PARTI SOCIALISTE, OU LA
FORMATION D’UNE « MACHINE » PARTISANE (62)
Parler du déclin du PC et des organisations d’extrême gauche est inévitablement parler de la relation
de ces organisations au PS.
Renvoie aux origines de la gauche FR, cad au congrès de Tours en 1920, moment où la majorité des
délégués au congrès de la SFIO décide de faire scission, d’adhérer à l’internationale communiste
dirigé par Lénine, de suivre les conditions de Lénine pour l’adhésion, de se nommer le parti
Communiste, et c’est le moment où Léon Blum, minoritaire, déclare que pendant que certains partent à
l’aventure, d’autres resteront garder la vieille maison.
Cette vieille maison est un composé de traditions différentes, entre la filiation à Jean Jaurès, filiation
plus marxiste liée à Jules Guesde, des gens qui sont d’abord marqués par une origine proche de celle
du parti radicale, et puis une question qui a toujours traversé le parti de la SFIO puis du PS est celle du
pouvoir, rapport à l’exercice du pouvoir ainsi que du rapport au marxisme, ce qui pourrait paraitre
étrange pour ceux qui n’ont connu le PS que comme un parti de gouvernement, mais qui a toujours été
marqué par un inconscient marxiste et une difficulté à se dire social démocrate.
A.
De la Libération à 1971 : une SFIO qui oscille entre alliance à gauche et
au centre
Ce qui est intéressant tout d’abord est que le PS va peu à peu s’adapter à des institutions qu’il avait
dénoncé au départ, lutte réussie pour l’hégémonie, la domination à gauche. La SFIO était favorable au
régime parlementaire, le PS va tout à fait s’adapter au caractère présidentiel du régime.
a. Sous la Quatrième république : un parti de gouvernement en déclin électoral
Difficile de qualifier autrement la SFIO. On est face à un PS qui était première force de gauche avant
guerre, qui ne cesse de reculer, tombe jusqu’à 12.5%, et qui sous la 5eme rép va montrer toute son
ambigüité à travers son Mollétisme. En référence à Guy Mollet, chef de gvmt, c’est ce mélange d’une
forte radicalité idéologique, presque guesdisme, et en même temps de déconnection complète entre
cette radicalité idéologique et l’exercice du pouvoir. Le gvmt de Guy Mollet, de 1956 à mai 57 (le plus
long de la 4eme rep, mène une politique de répression très dure en Algérie, se discrédite sous la 4eme
rep en participant aux gvmt de droite sans poser de conditions essentielles comme la politique
économique et sociale, coloniale), parti qui au début se rallie à la solution gaulliste, d’où le départ de
certains minoritaires qui iront fonder le PSA, le PSU, des petites forces de gauches qui renouvelleront
la gauche non communiste.
b. De 1958 à la fin des années 60 : opposition au gaullisme et éclatement des gauches non
communistes
58 va être un choc à gauche comme il le fut pour les communistes. De 58 à fin 60, la SFIO se
caractérise par son opposition face aux gaullismes et par l’éclatement ensuite des gauches non
communistes. La SFIO appelle le général De Gaulle au pouvoir, appelle à voter oui à la constit du
général de Gaulle, donc scission en son sein, et va très vite s’opposer à sa politique, d’où la scission et
création d’un petit parti, le PSU, en 1960 de Michel Rocard, qui regroupe tout un ensemble de
critiques, d’intellectuels, de laïques, parfois issus du christianisme de gauche, de critique de l’union
soviétique, PSU qui sera une des principales boites à idées de la gauche. On trouve dans ces petites
forces de gauche qui se coagulent des personnes qui seront intéressantes pour le renouvellement des
gauches, comme dans l’UFD François Mitterrand qui n’a jamais fait parti de la SFIO et qui participera
au renouvellement, alors même qu’il vient de la droite, avant guerre puis du centre gauche sous la
5eme république, on trouve aussi une organisation fondée en 1964, la convention des institutions
républicaines, et FM commence à s’affirmer comme un des grands critiques du pvoir personnel du
Général de Gaulle, à travers notamment de son célèbre ouvrage Le coup d’état permanent, publié en
1964, qui stigmatise le gaullisme, la pratique Gaullienne du pouvoir. C’est classiquement une
présidentielle qui va redistribuer les cartes, celle de 1965, qui va montrer l’échec de la tentative
d’alliance de la gauche avec le centre, avec l’échec du candidat de Gaston Defé.
Cette hésitation entre alliance au centre et à gauche est tranchée en quelques sortes par l’échec de 65.
c. La crise de l’après 68
FM, imprudemment, a expliqué qu’il pourrait être candidat à la présidence de la république si une
élection était envisagée, la fédération des gauches démocrates et socialistes a été inexistante dans le
mouvement social, il ne reste plus que la SFIO face a un certain nombre de clubs et petites
organisations : convention des institutions républicaines, union des groupes et clubs socialistes, union
des clubs pour le renouveau de la gauche… se pose véritablement la question de la fondation d’un
nouveau parti en réponse à la politique gaullienne.
B.
De la fondation du PS à la conquête du pouvoir : un parti qui se coule
dans les institutions (63)
La marche au pouvoir va se traduire dans les années 69-81 par trois stratégies, un fait fondamental :
accepter les institutions. Il va bien falloir envisager le cas Mitterrand et l’idée d’un ancrage à gauche
plus qu’au centre. Rompre avec le mollétisme, accepter la bipolarisation, et un ralliement aux
institutions de la 5eme république, c'est-à-dire jouer le jeu de la présidentielle, s’y préparer, en unifiant
un parti des modernistes autour d’un présidentiel. Deuxième aspect de cette stratégie, l’unification des
gauches non communistes, et la lutte contre le rocardisme, ou plutôt la tendance autour de Michel
Rocard, quand Michel Rocard aura rejoint le PS. Troisième aspect de la stratégie : la stratégie d’union
de la gauche, alliance PS-PC
a. Unifier les socialistes, gauchir la ligne, conquérir le pouvoir
Unifier les socialistes, c’est ce que réclame François Mitterrand, qui demande la convocation d’uun
congrès, le congrès d’Epinay, du 11 au 13 juin 1971. C’est le congrès d’unification socialiste, et
l’organisation de FM, la CIR (Convention des Institutions républicaines) est minoritaire, on lui donne
10 000 voix, contre 70 000 pour le PS, mais le PS est divisé entre 6 motions/textes/programmes, qui
sont présentés, défendent des conceptions très différentes, et Mitterrand va réussir à gagner, et prendre
le contrôle de ce parti socialiste en faisant alliance avec le CERES, une tendance, de Jean Pierre
Chevènement, qui est pour une doctrine sociale, alliance avec PC, et qui va faire alliance de l’autre
coté avec les partisans de Pierre Mauroy, ancien maire de Lille, qui sont pourtant plus centristes que
les Mollétistes auxquels s’oppose FM. C’est donc la victoire de FM, qui prend le contrôle du parti, et
devient secrétaire général du PS. Unification du parti, qui permet d’être présent dans toutes les
circonscriptions de FR, la stratégie de FM consiste à convaincre son parti qu’il faut virer à gauche,
s’allier avec le PC, et que cette alliance va être le meilleur moyen de rivaliser avec lui voire à terme de
le réduire. C’est ce qui explique que Mitterrand se retrouve au point d’équilibre gauche/droite dans le
parti : il va gauchir le PS, utiliser beaucoup de références marxistes, évoquer le changement de la vie,
mobiliser un marxisme parfois un peu artificiel mais qui sonne comme un discours de rupture, en
même temps il va lancer des appels du pied à l’égard des centristes en expliquant qu’ils acceptent la
constitution de 58, donc tout au long des années 70, le PS voit une augmentation des adhésions, et à la
fin des années 70, passe au dessus du PC.
b. De 1981 à la fin de la période Mitterrand, ou le ralliement à la rigueur et à la « culture de
gouvernement »
Deuxième période importante après la victoire, et malgré la rupture de l’union de la gauche.
FM obtient 51.76% des voix au second tour de la présidentielle de 1981, passé la victoire, l’excitation,
les 110 propositions, les retraites radicales, les 39 heures, suppression de peine de mort, augmentation
des prestations sociales et familiales, très vite va se produire un retour au principe de réalité
économique puisqu’en 1983, c’est d’abord l’abandon de la réforme scolaire, puis le tournant de la
rigueur en 1984, c’est le départ de Pierre Mauroy du gvmt, politique dure de rigueur menée par
Laurent Fabius, premier ministre, politique de gel des salaires, de flexibilité accrue dans le monde du
travail, et toute l’histoire de la gauche sera la question de son rapport au pouvoir. La campagne de 88
verra la réélection de FM mais 88-93 est séance de très fort immobilisme, FM vieillissant, contenu
idéologique dans l’exercice du pvoir socialiste qui n’a plus vraiment de consistance et qui se terminera
par l’échec historique de la gauche aux législatives de 1993, avec 17.8% des voix. Donc double usure
du PS : sur le plan des pratiques (comme si les socialistes au pouvoir reproduisaient certaines des
mauvaises habitudes gaullistes au pouvoir – sang contaminé, écoute de l’Elysée, affaire du Rainbow
Warrior, attentat contre le bateau de Greenpeace, recrutement de moins en moins populaire,
personnalisation du pouvoir) et sur le plan des idées : c’est l’engagement de la FR dans la première
Guerre du Golf, qui aboutira au départ de Jean Pierre Chevènement du PS, le raidissement en matière
d’immigration, la reconnaissance du capitalisme comme horizon historique au congrès de la défense et
on a le sentiment que la fin de cette séquence Mitterrandienne marquera la fin de la substance du parti
socialiste. S’ouvrira une troisième séquence.
c. De l’après-Mitterrand à l’élection de François Hollande: l’importance du parti et de sa
mobilisation
4 moments dans cette 3ème section : la cohabitation sous Lionel Jospin puis les 3 présidentielles 20022007-2012, qui permettent de comprendre la place centrale de la présidentielle et l’importance d’une
machine partisane puissante dans la structuration de la gauche du gouvernement en France.
-
Cohabitation sous Jospin :
On sait que LJ connait une défaite honorable en 1995 contre JC dans un contexte d’épuisement du PS,
de crise de succession, défaite qui fit de lui le premier secrétaire du parti et suite à la dissolution
manquée initiée par Alain Juppé en 1997 aboutit à la victoire des législatives de 97, dans le cadre d’un
accord avec les verts et le PC et de ce qu’on a appelé la gauche plurielle, victoire de la gauche aux
législatives, et on obtient a ce moment là a un parti qui va insister sur son image de rigueur, LJ,
féminisation du gvmt, ensemble de mesure comme la CMU, la parité en politique, les 35h, les emplois
jeunes, le PACS, même si le gouvernement Jospin fut aussi celui du retour de la rigueur gestionnaire,
d’un durcissement des politiques en matière de sécurité, cette situation un peu particulière de la
cohabitation où Lionel Jospin devait cohabiter avec président JChirac et donc toujours un peu difficile
pour un premier ministre de montrer qu’on a une stature de présidentiable, que l’on veut prendre des
positions en matière de politique étrangère.
C’est aussi pendant ces années qu’Arnaud Montebourg, député PS, favorable à une 6 ème république,
réclame la mise en examen de JC et que se montent des revendications autours de la convention pour
une 6ème république. Des années de gouvernement dont la gauche estimait ne pas avoir à rougir, mais
qui vont être marquées par le choc du 21 avril 2002 quand LJ ne parviendra pas au 2ème tour de la
présidentiel puisqu’obtiendra moins de 18% des voix, et un peu moins de voix que JM le Pen, malgré
un bilan qui était considéré comme décent.
Il ne faut sans doute pas seulement attribuer au contenu cet échec, même s’il est vrai que 35h, présenté
comme une réussite de la part des socialistes ont abouti à plus de flexibilisation dans le travail des
classes populaires, mais tout simplement il faut aussi se souvenir de la multiplicité des candidatures
présidentielles, près de 19 candidats à la présidence, tout autant de voix qui ont manqué à LJ. Aussi,
suite à cet échec cinglant, LJ avait annoncé se retirer de la politique.
A partir de là on connaitra un parti qui va se déchirer sur le traité constitutionnel EU, les militants du
PS s’étaient prononcés a 53% pour que le parti se prononce en faveur du « oui » au TC mais que toute
une série de dirigeants, dont Laurent Fabius avait voté pour le « non » au TC. Parti divisé, affaibli,
face a cette présidence de JC et à cette permanence de l’UMP au pouvoir, UMP où l’on voyait bien se
préparer la candidature de NS.
Suite à cet échec à la présidentielle de 2002, ce qui sera intéressant c’est la préparation de la
présidentielle de 2007, là la grande surprise sera la victoire de Ségolène Royal aux primaires. C’est la
première fois qu’une candidate femme se présente pour le PS à la présidentielle. Intéressant d’observer
que cette candidature a bénéficié des paris/sondages, à partir du moment où les sondages la donnaient
comme « possible » première gagnante, cela pouvait aussi mobiliser le vote interne au parti en sa
faveur. Donc surprise, sa victoire au sein du PS contre Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. La
surprise à l’époque avait été que FH ne se présente pas. Plusieurs raisons personnelles avaient joué. Ce
qu’il faut retenir sans doute de l’échec de Ségolène Royale à la présidence de 2007 c’est qu’elle n’a
jamais eu le soutien plein et entier de son parti, et que s’il y a bien une chose à retenir sous la 5 ème
république, c’est qu’il est déjà très difficile de gagner des élections contre son parti, mais qu’avec son
parti, ca en devient impossible. SR qui voulait jouer la carte du renouvellement, de l’enthousiasme,
avait mobilisé autours d’elle une organisation appelée « Désir d’avenir », mais cette orga n’était pas au
sein du PS et cela a sans doute affaibli sa candidature face à la véritable machine de guerre qui se
montait avec NS.
On sait par la suite, que la période qui suivra l’échec de SR à la présidentielle va être marquée par des
oppositions violentes qui vont culminer au congrès de Reims en nov. 2008 où SR, qui était arrivée en
tête au premier tour de ce congrès (29.08% des voix), n’avait pas réussi à faire la synthèse autour de
son nom et qu’au 2nd tour Martine Aubry avait eu 42 des voix d’avance sur 134 800 militants, résultats
très contestés mais qui verront l’accès de Martine Aubry à la place de 1ere secrétaire du parti.
La suite est la préparation à la présidentielle de 2012, où on imaginait que DSK serait le plus amène de
représenter le PS et l’arrestation/inculpation à 1 an des présidentielle ruinera la possibilité, et la
surprise sera la candidature de FH (d’ailleurs candidat avant que DSK se retire) qui jouera une
campagne très mitterrandienne, s’appuyant énormément sur la province, en essayant de tout faire pour
ne pas apparaitre comme un candidat trop parisien, international, bling bling, et un FH qui fera
exactement le contraire de SR, cad s’appuyer à fond sur un parti qu’il connaissait bien et pour cause, il
l’avait si longtemps dirigé. Une campagne donc extrêmement prudente qui va labourer le terrain,
essaiera de rompre avec le sarkozysme, mais sans dire que seront faites les coupes budgétaires qui sont
inévitables. Ce qu’on peut retenir également de cette campagne est la forte mobilisation du ârti,
entièrement mobilisé, également que FH va essayer de réunifier autour de sa personne en s’entourant
de tous ceux qui avaient été +- ses concurrents lors de la primaire au PS (Valls, Montebourg, Aubry,
Royal…). Campagne qui marque aussi le retour a des techniques de mobilisation telles que le porte à
porte, les stratèges du PS avaient bcp examiné Barak Obama et avaient noté l’efficacité du porte a
porte dans les quartiers populaires pour les remobiliser. Avec tout un ensemble de signaux adressés
par FH en terme de parité, exemplarité…qui aboutiront à une victoire, ni exceptionnelle ni trop serrée.
C.
Les caractéristiques du PS (64)
Quand on examine le parti socialiste, on constat qu’il est assez différent de ses homologues EU (le
SPD allemand, les travaillistes UK) au sens où il s’agit d’un parti assez peu enraciné dans la société
FR, très dépendant de ses rapports de force interne, ce qui peut aboutir (et a abouti) à des discours très
radicaux dans l’opposition et très décevants au pouvoir car finalement peu accroché à la population.
Cela permet du coup de se poser la question de son rapport à la social-démocratie.
a. Un parti faiblement enraciné dans la société française
Contrairement au PC, le PS n’a jamais eu de base majoritairement populaire, avec certes des variantes
régionales, la fédération du PS dans le Nord Pas de Calais a une composante plus populaire, mais le
PS est plutôt un parti de classes moyennes, enseignants plus que classes populaires. Et il est évident
que la politique de rigueur, notamment quand elle a été endossée par le PS au pouvoir n’a pas
forcément arrangé les choses. Par exemple de 73 à 75, la part des ouvriers et employés dans l’électorat
du PS est passé d’environ 38% en 73 à environ 20% en 75. Plutôt donc un électorat du coté du pole
secteur publique/culturel, que ceux plus dotés économiquement. Ce n’est pas non plus un parti de fort
militantisme, on estimait environ en 1995 que le PS comptait 110 000 militants contre 200 000 au PC
alors qu’il obtenait 2 fois plus de voix à ce moment là, et avec un appareil assez faible, avec des
problèmes de luttes de courants, de fuite des cadres du PS dans l’appareil d’état et finalement assez
peu de militants sur le terrain lorsqu’il s’agit de coller les affiches, surtout dès lors qu’on peut se faire
rembourser cette pratique dans le cadre du financement public des partis.
Ce n’est pas non plus un parti qui connait des liens forts avec le syndicalisme comme pour les socialdémocrates, ou encore du coté des travaillistes anglais ou Ps allemand, avec du coup cette difficulté
des socialistes à embrayer sur le monde du travail dans les secteurs privés, les petites entreprises par
exemple, ce n’est pas non plus un parti qui a une organisation de jeunes puissante, d’assos sportives et
culturelles, et bien sur les fédérations Léo Lagrange, qui étaient des fédé s’occupant de loisirs,
colonies de vacances, mais qui sont de – en – puissantes. Malgré tout il y a toute une réflexion
aujourd’hui au sein du PS sur la nécessaire reconquête des classes populaires, notamment par un
discours ferme sur les questions d’immigration, de sécurité. Les socialistes sont conscient qu’une
petite partie des électeurs qui votent FN (10 – 20% pas plus) vont se reporter sur les candidats
socialistes au 2nd tour, moins que sur l’abstention ou l’UMP mais tout de même un peu, et conscient de
cette nécessité de récupérer une partie de cet électorat populaire. La seule chose quoi compense ce
faible enracinement dans la société FR, c’est ce très fort enracinement municipale et local. Le PS est
très ancré dans els municipalités, dans les collectivités territoriales, à l’heure du cours détenait toutes
les régions sauf une, la majo des départements, les grandes villes moyennes, la respo de Lyon, Paris,
et progresse dans ces grandes métropoles. Cet enracinement municipal, transforme en retours le PS, lui
donne un aspect assez notabiliaire, ou les adhérents sont souvent les employés municipaux d’une
mairie déjà PS.
Par ailleurs, réalité qui a longtemps joué très fortement est celle des courants, ne sont plus tous
caractérisés par des idéologies très fortes, moins important en 2012, mais longtemps ont joué un role
important au sein du PS.
b. Le rôle des courants au PS
Ce sont ces courants qu’on a vu s’affronter en public au congrès de Rennes en 90 donnant une image
désastreuse du parti, et cela permet de comprendre qu’un parti est aussi un espace de concurrence dans
lequel chacun lutte pour donner sa version de ce que doit être l’idéologie du parti ou le parti lui-même.
C’est sans doute le PS le plus caractéristique de cet aspect, se voit le plus. Longtemps a été le cas au
PC, au RPR puis à l’UMP, réticent à afficher la diversité en interne.
Au PS il y a finalement le choix de reconnaitre la diversité des positions interne, de les
institutionnaliser plutôt que de les masquer en prétendant que tous sont d’accord.
Du coup, derrière cette importance des courants, on retrouve l’importance de caractère présidentiel du
régime parce que chacun va se mettre derrière un présidentiable, et on retrouve les origines mêmes du
PS qui viennent d’horizons bien différents. On retrouve aussi bien des marxisants davantage intéressés
par les mouvements sociaux, on retrouve un personnel de gestion gouvernementale, communale,
renouvelée depuis 1971, prêt à exercer le pourvoi, on retrouve une aile un peu centriste, rassurante,
modérée, issue de la SFIO, et enfin des Rocardiens, qui avaient présenté un peu un espoir de la gauche
par leur idéologie autogestionnaire et qui vont être les plus centristes à la fin des années 80 et dans les
années 90.
Du coup, au PS il arrive souvent qu’on appartienne d’abord à un courant avant d’appartenir au groupe,
dosages subtils dans la composition des gvmt quand il faut représenter tel ou tel courant ou ne pas s’en
aliéner un autre, et donc l’évolution du PS est aussi l’évolution des rapports de force entre les courants
et sensibilités internes, et cela peut aussi bien être une force (démonstration de la diversité de la
démocratie) qu’une faiblesse, dans les querelles internes quand les divisions s’affichent, et de façon
violente, au grand jour.
Il ne s’agit pas seulement de divisions entre personnes, c’est aussi des divisions idéologiques, on voit
bien par exemple aujourd’hui, même si les courants ne sont plus institutionnalisées comme
auparavant, on voit bien ce qui distingue la position d’un Manuel Valls plus proche du centre droit sur
certaines thématiques en matiere de sécurité, immigration, ordre social, plus proche du libérlaisme
économique, qui pensait qu’on aurait pu envisager une TVA sociale, avec à l’autre bout du parti la
position d’un Arnaud Montebourg sur des thématiques plus souverainistes, hostile aux délocalisations,
plus proche de la gauche de la gauche.
Ces différences ne sont donc pas forcément un handicap, à certains moments, on va pouvoir justement
utiliser tel courant pour changer de stratégie, de discours, saisir un nveau public. Quand FM dans les
années 70 met en place le travail en vu d’un programme commun avec le PC, il va s’appuyer en
particulier sur un courant de JeanPierre Chevènement le CERES, courant qui est composé plutôt de
gens de formation marxistes. D’une certaine façon, la force de FH aujourd’hui aura été de rallier
autour de lui des gens de valeur très différente, pour couvrir une bonne aprti des spectres politiques
des gauches.
c. Le PS est-il (& souhaite-t-il être) un parti social-démocrate ?
Q se pose depuis la victoire de FH et même depuis l’échec cinglant de LJ, c’est la question du rapport
entre le PS à la social-démocratie : est ce que le PS est un parti social-démocrate et est-ce qu’il
souhaite l’être ?
Parler social-démocratie c’est parler de 2 choses différentes : du point de vue social, de son
enracinement social, ou du point de vue de son idéologie. On l’a vu, du point de vue social, c’était
plutôt le PC qui jouait ce rôle de parti très ancré dans la société FR. sur le plan politique, pourquoi
poser cette question ? Parce qu’on définit souvent le PS comme étant un parti pouvant être social-
démocrate, devant l’être et assumer de l’être. Cette question est directement liée à la culture de gvmt.
Quand on parle de social-démocratie, on fait souvent référence au SPD allemand. Traiter qqun de
social-démocrate dans la gauche radical vaut parfois à une insulte, reniement, et ca correspond à un
moment historique très particulier, le congrè de Bad Godesberg, du SPD allemand, où ce parti avait
rompu avec le marxiste, s’était rallié à la conception de l’économie sociale de marché (compromis
entre état et marché, capital et travail) et les gauches allemandes avaient donc fait cette rupture bien
plus tot que les gauches FR, assumaient mieux, alors qu’au même moment la SFIO et plus tard même
le PS, continuaient ce grand écart entre le radicalisme au sens des radicales très extrêmes de
l’idéologie d’un coté mais la modération des politiques effectivement mises en ioeuvre, modération
des alliances.
Du opt de vue idéologique, le PS est social-démocrate mais sans forcément l’avouer, sans assumer
d’être un parti de changement et radicalité sociale.
Mais la social-démocratie n’est pas seulement une méthode (méthode de négociation avec tous, de
gauche moderne débarrassée d’idéologie), c’est aussi l’enracinement dans la société, ce qui permet de
faire des négociations au plus haut niveau dans la société et de faire accepter au sein de toute la société
et du monde du travail, ces réformes. OR cet enracinement social, le PS en est assez dépourvu, PS
reste parti d’énarques, d’élus qui progressent dans les villes bourgeoises. D’une certaine façon, ce qui
semble avoir marqué la victoire de FH, c’est le fait de d’avantage assumer cette position de socialdémocrate, de ne pas promettre d’ailleurs grand-chose sinon une pratique du pouvoir assez décente, et
d’avoir moins joué cette radicalité qui avait été la marque de fabrique de la campagne de FM en 81,
laissant peut être augurer une forme de retour à une pratique social-démocrate.
* Conclusion. Une hégémonie toujours compliquée à gauche
Pour conclure sur ce rapport du PS à l’exercice du pouvoir, il faut garder l’esprit que le PS garde une
position un peu compliquée à l’égard des autres gauches, position d’hégémonie contestée, position de
domination contestée, au sens ou le PS reste le pole centrale des alliance et du gouvernement au
pouvoir, lui qui impose ses conditions à ses alliés, lui qui permettra ou non à ses alliés d’avoir des
sièges au parlement (ex ac les verts). PS donc dans cette position centrale compliquée pour les verts,
compliqué pour le PC et pour le, front de gauche qui annonce qu’il ne renversera pas un gouvernement
socialiste mais qui ne s’associera pas avec un gvmt socialiste qui va vraisemblablement mettre en
place des politiques de rigueur, et c’est a partir de ce rejet de l’hégémonie du PS qu’on avait connu le
21 avril 2002 cad la multiplication des candidatures notamment à gauche, qui, à un peu moins de
200 000 voix près avaient éliminé LJ du 2nd tour de la présidentielle.
Au delà, la question qui se pose est celle du décalage entre ce que nécessite l’exercice du pouvoir et ce
que nécessite la mobilisation des militants, avec cet enjeu de la reconquête des milieux populaires de
la part du PS.
Enfin, cette question des alliances pose aussi la question des écologistes/verts en politique.
3.
LES ÉCOLOGISTES EN FRANCE
L'INSTITUTIONNALISATION (65)
:
LES
DILEMMES
DE
Déclin des droites traditionnelles au moment ou se développe le gaullisme, déclin du PC très lié au PS,
de la même façon que se développe un FN qui bouscule les droites, va se développer à gauche une
organisation qui les bouscule, dvpt des forces écologistes. L’éco n’a pas attendu les années 80 pour
exister mais c’est a ce moment que, en mm temps que FN, vont remettre en cause le quadripolaire
installé.
L’histoire de l’éco politique en FR renvoie à des origines diverses, c’est ce qui explique un éclatement
qui a longtemps duré, et cette tension entre sensibilité associative et sensibilité politique, ce qui
explique cette hésitation à l’égard de l’entrée dans le jeu politique, électoral et participation au gvmt.
A.
L'écologie politique : construire un parti « pas comme les autres » ?
Il faut distinguer le succès des idées d’un parti et le succès électoral de ce parti, deux choses très
différentes, manifeste dans le cas des verts. Comment passera ton du succès des idées écologistes à
cette tentative de structuration d’une écologie politique ?
a. De l’après guerre à la fin des années 70 : de l'associatif au politique
on voit toute une nébuleuse associative passer au politique. Dès l’après guerre, on observe le dvpt de
mouvement de défense de l’environnement, des spécialistes de la nature qui, dans des ouvrages style
scientifique dénoncent l’atteinte au milieu naturel (commandant Cousteau par ex), des usagers de la
nature (chasseurs, pécheurs) qui se plaignent de la pollution, notamment de l’eau. Donc des les années
50 on a des campagnes de presse pour sensibiliser le public, mais pas dans le cadre de la politique. A
la fin des années 60, cette protestation se met dans la lignée des protestations étudiantes. A la fois du
fait des intellectuels, de la publication d’ouvrages (par ex le printemps silencieux de /… sur les
pesticides qui tuent les oiseaux), mise en avant de nouveaux modes de vie (critique de la société de
consommation, retour en communauté, critique de la nourriture industrielle, revendications postmatérialistes), des revendications qui mettent en garde contre la croissance (ex rapport du Club de
Rome « Halte à la croissance »), certaines catastrophe comme le pétrolier XXX, première grande
marée noire au large de Bretagne fin années 60, campagnes en faveur de parcs, contre barrages
hydrauliques, nucléaire, et donc cela aboutit à des protestations éparpillées mais aussi un début
d’organisation sous la forme de groupes de pression : journalistes écologistes, création des Amis de la
Terre en 70. Année de 74, la présidentielle, marque le début de la présence des verts en politique avec
la candidature de Raimond Denis, prof d’agronomie, qui se présente sous conseil des amis de la Terre,
contexte de choc pétrolier, de relance du nucléaire, obtiendra 1.3% mais c’est la première fois qu’il y a
une candidature écologique. Vont suivre des tentatives d’organisation, des assises de l’écologie,
création d’un mouvement de l’écologie, parfois des succès locaux, non négligeables, dans des
municipales en 77, jusqu’à 20% à Chambéry par ex, quelques tentatives aux législatives de 78 et aux
EU de 79, la liste de Solange Fernex qui obtient 4.4% donc rate de peu le seuil d’éligibilité. Des 74
apparaissent des clivages : faut-il rentrer en politique au risque de perdre son âme ? Ou faut il rester
dans le monde associatif ?
b. Du début des années 80 à 1986 : déclin électoral et structuration partisane
De 80 a 84 il n’y a pas moins de 5 formations écologistes qui vont fusionner en 84 dans une
organisation appelée Les Verts, confédération écologiste, parti écologiste. Compliqué parce que
« parti » ne va pas a tout le monde. Première liste aux EU de juin 84, mais déjà des clivages entre 2
tendances, mauvais résultats en 86. On a le sentiment que les divergences de stratégies entrainent les
divergences de personnes, mais à partir de 86 vont se faire des accès aux responsabilités, et des
compromis parfois difficile en matière de gestion du parti et d’alliance. Très ironique : la catastrophe
de Tchernobyl se produit au lendemain des municipales de 86. Quand on voit le choc produit par la
cata nucléaire, on peut se dire que si arrivé plus tôt, peut être les écolos auraient été plus entendus.
c. De 1986 à aujourd'hui : accès aux responsabilités et difficiles compromis gestionnaires et
d’alliance. Europe écologie.
Deux phases : première phase d’ascension à partir de 87, avec des changements dans l’équipe, choix
d’autonomie politique, Antoine Waechter disant « l’écologie n’est pas a marier » alors que Brice
Lalonde entend d’avantage avec Génération Ecologie rester d’avantage vers la gauche, avec un score
important aux régionales, les Verts + Génération Ecologie = 14.7% des votes aux régionales de 92,
puis nouvelle phase de difficulté électorale, et il est vrai que l’arrivée de Dominique Voynet au gvt en
97 ne simplifiera pas forcément la tache aux écologistes pq Dominique Voynet va devoir accepter, en
tant que ministre de l’écologie, tout un ensemble de concessions difficiles, douloureuses, mais
transgénique, diesel, pollution agricoles… en revanche on observe un succès considérable des Verts
lors des EU de 2009 avec 16.26% des voix, c’est la liste Europe-Ecologie, avec Daniel Cohn-Bendit à
sa tête, aussi José Bové. On sait que les EU sont des élections favorables au vert. Apres ce succès va
être fondé en nov 2010 à Lyon un nouveau parti appelé Europe-Ecologie-Les verts, fusionnant le parti
des verts et tous ceux qui avaient rejoint le parti Europe-Ecologie pour les élections. Comment ce parti
vas-t-il se préparer à la présidentielle de 2012 ? On sait que la présidentielle est une expé maudite pour
un parti qui profite plutôt d’un scrutin proportionnel, et qui est toujours confronté a un choix
problématique : se présenter a la présidentielle et obtenir un mauvais score, et on explique que les
verts ne sont pas capables de se présenter sérieusement à une élection et que leurs idées ne comptent
pas, soit un bon résultat mais qui affaiblit le PS et tout le monde a en tête le 21 avril 2002. Dans cette
équation le parti doit choisir son candidat à la présidentielle. Des négociations st par ailleurs en court à
ce moment là avec Martine Aubry, première secrétaire du PS, rencontres médiatisées avec Cécile
Duflot respo d’EU éco les verts, et 2 candidats vont finalement s’affronter, d’un coté un candidat tres
médiatique, Nicolas Hulot, et de l’autre Eva Joly, la juge qui a rejoint, depuis peu, EU Ecologie Les
Verts, qui n’incarne pas véritablement une identité écologiste mais plutôt une image d’intégrité
politique, de pensée un peu alternative, et d’ailleurs un peu à la surprise générale, c’est Eva Joly qui va
remporter la primaire interne pour porter la parole des verts à la présidentielle. En même temps de
nombreuses négociations ont eu lieu au sujet d’un certain nombre de circonscriptions qui seraient
réservées aux verts en cas d’alliance avec le PS, mais cette négociation est tournée aussi en même
temps autours de l’abandon du nucléaire, et cette négo s’est faite avec Martine Aubry, pas avec FH qui
sera finalement le candidat du PS, ce qui met les verts dans une position difficile pq on peut imaginer
qu’il n’aurait pas été aussi gênant avec Martine Aubry que les verts fassent un aussi mauvais score
puisque de toutes façon ce qu’ils avaient bien négocié étaient des circonscriptions qui leur assuraient
un groupe parlementaire, et c’est ca qui est compliqué pour les verts.
Eva Joly fera une campagne inégale, élocution particulière, surprend, s’améliorera au fil des jours mais
ne dépasse pas 2.31%. Malgré cela, on verra entrer une écologiste au sein du gvmt de Jean Marc
Ayraux dans l’attente des législatives. Ce qui restera de cette campagne c’est un sentiment mitigé,
l’image que portait Eva Joly de la juge intègre, hostile aux pratiques politiciennes, et de l’autre la gêne
qu’ont pu ressentir des électeurs face à l’empressement d’un certain nombre de cadres d’EU Eco Les
Verts (notamment Cécile Duflot..) qui ont donné le sentiment d’être un peu avides d’accéder à des
fonctions gouvernementales ou de respo politique, donc cette tension caractéristique des verts entre
l’image du renouvellement politique, de pratiques alternatives et de l’autre coté les dures réalités de la
compétition politique et peut être de pratiquer la politique comme les autres, alors même qu’ils
dénoncent ces façon de faire, question de l’identité des écologistes soulevée.
B.
L’identité des Verts (66)
Qu’est ce que l’identité des verts, éléments de la pensée écologistes, grands clivages de la pensée
écologiste en FR ?
a. Les éléments de la pensée écologiste
on peut considérer que la pensée écologiste se caractérise par la pensée de l’homme dans son
environnement, pas seulement l’amour des bêtes ou la défense plate de la nature, c’est aussi une
critique de la modernité économique, du moins de certains aspects, croyance au progrès indéfini, à la
croissance, critique également de la publicité, désirs infinis produits par la pub, le capitalisme et de ce
qu’il traduit en terme de gaspillage. C’est une critique parallèle de la modernité technique qui peut
désenchanter le monde, parcelliser, déshumaniser l’homme, c’est une volonté de pensée globale à
l’échelle du monde quitte à agir ensuite localement par ses actes de consommation par exemple, c’est
l’idée aussi de ne pas croire à une croissance qui ne s’arrêterait jamais (idée de dvpt soutenable,
supportable plus que de dvpt durable cad qui durerait indéfiniment). Cela renvoi aussi à une autre
dimension très forte qui existe sans doute dans les autres partis mais qui est poussée à son paroxysme
chez les écologistes qui est la morale individuelle. Etre écologiste n’est pas seulement militer, ou
voter, c’est aussi recycler, manger bio, boycotter des entreprises qui produisent des produits de façon
peu écolo. C’est aussi la revendication démocratique, idée de demander plus de démocratie. Cela vient
notamment de la critique de la technocratie, par ex en matière nucléaire, en tracé de TGV, et cette
revendication qui s’étendait a la question des choix techniques est assez forte chez les verts, avec une
méfiance à l’égard de la professionnalisation politique, l’idée de défendre les pouvoirs locaux, de
favoriser la prise de parole des femmes, de faire tourner les responsables du parti, donc une très forte
défense du leadership collectif, transparence sur l’exercice des postes de pouvoir (par exemple
aujourd’hui la seule députée EU qui donne en détail son salaire et l’utilisation de son salaire est
Karima Deli, de EU écologie les Verts).
Malgré cela, il existe une sorte de clivage au sein du milieu écologiste.
b. Les clivages au sein du mouvement écologiste
Les clivages à la fois de stratégie, valeur, base sociale, les trois n’étant jamais trop séparables. Le parti
est lui-même issu de mouvances tres diverses, on y trouve autant de cadre venant des professions
scientifiques, anciens 68ards, même s’il est vrai que les caractéristiques de l’électorat écologiste est
plus jeune urbain diplômé, plus féminine, électorat qui en majorité s’ancre à gauche même si une
partie se retrouve au centre, donc il y a des clivages au sein du parti, certains considèrent que
l’écologie n’est pas obligatoirement de gauche, on sait que certain grand de l’écologie ont fait des
carrières plutôt à droite, comme l’avocate Corinne Le Page, qui avait rejoint le MoDem, était ministre
dans des gouvernements de droite, maintenant plus indépendantes, va surement essayer de rejoindre le
parti de JL Borloo, d’autres considèrent que l’écologie étant naturellement une critique du capitalisme,
elle est incompatible avec un positionnement de droite.
Un autre clivage central est celui du rapport à la politique électorale, à la professionnalisation
politique, les écologistes ont souvent une espèce de méfiance à l’égard de la politique professionnelle,
qu’il faut se salir les mains, et préfèreront la plupart du temps des actions direct type Greenpeace, se
mettre avec son zodiac en travers d’un bateau baleiner plutôt que faire des compromis politique.
Cette question du rapport à la politique électorale se retrouve dans l’opposition Eva Joly/Nicolas
Hulot, à la fois rapport à la politique, alliance, une partie du succès des verts a été de dire que ne
voulaient pas d’alliance, pour construire son autonomie quitte à revenir à gauche. On peut citer
d’autres clivages chez les écolos : priorité à l’homme ou à la nature, conception +- conservatrice de la
nature…
Pour l’instant il est vrai que les écolos sont confrontés à des difficultés liées au système électoral
(système majoritaire qui oblige à l’alliance avec le PS au risque de s’affaiblir, perdre sa spécificité),
difficulté dans le refus de la professionnalisation politique, Eva Joly elle-même avait reconnu que
faceà des contradicteurs de l’UMP et du PS elle avait été mauvaise dans des débats politiques télévisés
pq pas assez agressives où elle répondait par des phrases longues où elle expliquait les choses et pas
assez médiatique.
Tendance aussi à une forte division au sein de l’organisation et finalement cette ironie du clivage entre
la popularité des idées écologiste, la consommation bio augmente chaque jour, population FR a été
très marquée par Fukushima, les sondages indiquent pour peu qu’on pose la question en expliquant
qu’il ne s’agirait pas d’une sortie du jour au lendemain, qu’une majorité de FR sont prêt à sortir du
nucléaire si on trouve une solution de rechange, mais cette popularité d’un certain nombre d’idées
écolo ne se traduit pas forcément en succès électoral, pose aussi question des alliances à la gauche de
la gauche, on voit bien que le PC est aujourd’hui encore très productiviste, redistribuant les fruits de la
croissance de même, le PC et la CGT sont très présent auprès du personnel des domaines de l’énergie,
centrales nucléaires, et il y a une défense à gauche du nucléaire, notamment au PC et on voit que ca
posera des difficultés/clivages lors des alliances.
c. Les difficultés des écologistes : de la politique comme les autres ou pas ?
* Gauches de parti et gauches de mouvement social
Encore aujourd’hui, la question qui se pose est celle de l’alliance des gauches de gouvernement et des
gauches de mouvement social, gauches qui paraissent peu séduisantes car apparaissent comme des
gauches gestionnaires, et d’autres plus attirantes, plus radicales, mais qui, ayant peu de chance
d’exercer le pouvoir peuvent se permettre d’exercer cette radicalité. Derrière, la question qui se pose
est celle d’une professionnalisation politique (notamment PS), qui signifie fermeture de la classe
politique sur elle-même, carrière politique de plus en plus longue, qui exclue presque mécaniquement
les citoyens moyennement intéressés par la politique.
Nous avons évoqué les partis politiques FR, cad les acteurs qui jouent dans les institutions politiques
mais la vie politique ne se joue pas seulement à ceux qui veulent s’emparer du pouvoir, elle concerne
aussi les groupes qui cherchent à influer sur le pouvoir : les groupes d’intérêts.
LEÇON 9. LES GROUPES D’INTÉRÊT DANS LA VIE
POLITIQUE FRANÇAISE : LE SYNDICALISME
1. GROUPES D’INTÉRÊT, MOUVEMENTS SOCIAUX ET PROTESTATION
DANS LA VIE POLITIQUE FRANÇAISE (67)
A.
La protestation
- Quelques arrêts sur images : 1848, la Commune de Paris, février 1934, les grèves de 1947, mai 68,
décembre 1995, ou tout dernièrement le mouvement contre le CPE (contrat première embauche).
Autant d’évènements historiques dont nous avons un plus grand souvenir que par exemple les
élections qui ont suivi l’insurrection de 1848, ou le mouvement de mai 68. Première conclusion : la
mémoire des mouvements sociaux est une mémoire forte. Autre conclusion, elle permet de souligner
l’importance en FR du conflit social sous ses multiples formes. De la révolution à la révolte, la
protestation, les mouvements sociaux, bref, la politique ce n’est pas seulement institutionnel.
- L’importance des mouvements sociaux
On a tendance à parfois considérer le vote comme la seule participation politique légitime et se faisant
plus digne d’être étudié, alors que la participation qu’on appelle parfois non conventionnelle des
mouvements sociaux est tout aussi digne d’être étudiée par la science politique. De plus, les
mouvements sociaux peuvent avoir une grande importance, ne serait-ce que par la mémoire reste forte
mais aussi pq le 20eme siècle est rempli par ces mouvements sociaux, à commencer par les grèves
dans les mines en 1906, par les mouvements de protestation de viticulteurs en 1907, les années 20-30
connaissent de grands mouvements de grèves et protestation, au sortir de la guerre on peut observer de
grands mouvements en nov-dec 1947, la peur de l’insurrection communiste, puis le fameux « il faut
savoir terminer une grève », de Maurice Thaurez, alors secrétaire général du PC, on peut se rappeler
également les grandes manifs de 53, de l’agitation du monde rural, du commerce, de l’artisanat, plus
tard, autour de Pierre Poujade. Les années 60-70 sont des années de grandes manifs paysannes, grèves
de mineurs, mai 68, conflits des PTT en 74. Les années 80 voient le mouvement pour les écoles
privées en 1984, 800 000 puis 1.5 million de personnes dans les rues de Paris, mvmt étudiant et lycéen
de 86 (600 000 manifestants à Paris), les manifestations lycéennes toutes années 90, mouvements de
sans papiers dans les années 90, mouvements de décembre 95, sans conter la contestation
altermondialiste. Des manifs qui ne sont donc pas négligeables.
- Le continuum entre action politique « conventionnelle » et « protestataire »
La distinction n’est pas si évidente. On ne peut pas nier que ce qui caractérise la participation politique
conventionnelle et à l’inverse ce qui distingue les actions protestataires. Ce sont des actions collectives
alors que le vote est individuel, actions directes (passent pas par l’isoloir), des actions autonomes au
sens où ne dépendent pas de la date des élections (protestataires décident de leur date), et donc des
actions contestataire.
Cela suffit-il à isoler les deux ? Cf manuel avec tableau comparatif qui rappelle qu’on peut avoir à la
fois un fort potentiel protestataire et de participation conventionnel. On peut distinguer l’électorat en 2
catégories, moitié ayant potentiel protestataire faible ou nul (pas prêtes à faire grève, manifester…) et
une moitié qui serait prêt. On constate qu’on croise ainsi deux registres de la politique : les personnes
prêtes à se manifester à la fois sur le plan non conventionnel et conventionnel, d’autres passives a
l’inverse, faiblement intégrées et faiblement diplômées, les personnes avant tout protestataires et celles
qui se retrouvent d’avantage dans la protestation contestataire. Cela permet de comprendre que ces
deux notions ne sont pas contradictoires.
B.
La notion de groupe d'intérêt
Notion centrale en science po. Pourquoi ce terme ? Le terme de groupe de pression pourrait tout aussi
bien convenir parce que désigne ce qu’est la vocation de ces groupes, agir sur le pouvoir sans
forcément le conquérir de façon visible, influer sur le pouvoir. Le terme de groupe de pression a une
connotation négative, péjorative, proche de celle de lobby, qui semble beaucoup moins légitime dans
la vie politique FR que par ex dans la vie politique des US. On retrouve l’idée que c’est quelque chose
de caché.
Terme de groupe d’intérêt du coup est plus neutre, utilisé par ex par Michel Offerlay dans son livre
sociologie des groupes d’intérêts. D’autant que, contrairement à l’idée qu’on s’en fait souvent, le
groupe d’intérêt n’agit pas forcément de façon cachée ou officieuse. L’étude des groupes d’intérêts
occupe une place importante dans la sociologie politique et pour cause, c’est là que la science politique
peut démontrer des phénomènes de pvoirs qui ne se limitent pas aux élections ou aux aspects
juridiques et un peu formels pour la vie politique. Dès les débuts de la science politique on s’est
intéressés aux groupes d’intérêts, à leur influence sur les politiques mises en œuvre par le
gouvernement.
Les deux mots ont une importance, il s’agit de groupe ce qui suppose de réfléchir quant à la formation
de ces groupes, leur organisation, ces groupes sont en effet +- organisés, il peut s’agir d’association,
syndicat, réseau informel, une coordination, organisation qui peut répondre à un réseau, avoir un statut
juridique particulier (association ou syndicat), loi de 1901 ou de 1905, groupes d’intérêts qui peuvent
être situés dans ou hors de l’état, peuvent être nombreux (dizaine de milliers de syndicalistes ou 30
personnes par exemple affectées d’une maladie génétique très rare).
Groupe d’intérêt : intérêts peuvent être divers, il faut comprendre de quels intérêts il s’agit, ca peut être
les intérêts les plus matériels, d’augmentation de salaire, garantie d’un emploi, au plus symbolique,
obtenir le droit que l’on nous dise « Madame » alors que l’on n’est pas marié, obtenir le fait de ne pas
être méprisé dans la rue. Cette distinction soulève des questions complexes, intérêts matériels et
symboliques ne sont pas toujours opposés, certaines revendications matérielles ont parfois une forte
connotation symbolique ou de dignité. Un des autres aspects de cette question qui pose problème, est
celui de la définition de l’intérêt du groupe : qui a le droit de définir l’intérêt du groupe ? le
représentant du groupe ? Représentant autoproclamé ? Membres de bases ? À chaque fois qu’on étudie
un groupe d’intérêt il importe de comprendre comment est mis en scène/forme cet intérêt. Ces notions
doivent être prises avec prudence avant d’envisager les trois grands modèles d’analyse de ces groupes
d’intérêts. Une classification établie par Franco Essone, chercheur américain, qui distingue 3 façons
par lesquelles les groupes d’intérêts peuvent se faire entendre, le modèle protestataire, le modèle
pluraliste et le néo corporatiste.
- Le modèle protestataire.
Dans ce modèle, les contacts institutionnels, officiels, organisés entre le gouvernement et le groupe
sont rares et inefficace. Les responsabilités dans la mise en œuvre des mesures sont normalement
évitées par ce groupe (sont plutôt des opposants que des participants des politiques publiques). Les
contacts personnels entre les représentants de ces groupes et le gvmt sont intermittents, plutôt évités
par principe, optique de confrontation que collaboration entre autorité et représentants des groupes.
Le lobbying parlementaire, contact avec les partis politiques sont réels mais plutôt dans une logique
d’opposition que de proposition de mesures. Qu’est ce que ce modèle désigne et permet de
comprendre des groupes d’intérêts et notamment des opérations syndicales en FR ? à dire vrai, il
correspond assez bien à une parti du syndicalisme FR même s’il n’a jamais caractérisé tout le
syndicalisme FR. il a longtemps représenté la position de la CGT, rend assez bien compte de la
position actuelle du syndicat force ouvrière. La CGT du début du siècle incarnait cette tradition
syndicaliste révolutionnaire et ou un archo syndicalisme qui se matérialisait dans les bourses du
travail, par un recours très fréquent a la grève massive et protestataire, en quelques sortes la grève
avant négociation. Ce modèle est parfois stigmatisé sous le terme d’archaïsme, même s’il correspond
aussi par ex aux préférences d’une partie des organisations agricoles en FR et stratégies parfois très
violentes de ces organisations.
- Le modèle pluraliste de représentation des intérêts
Provient d’une conception assez optimiste de certains chercheurs américains, pour lesquels la diversité
des intérêts et les affrontements n’est pas négative, ce serait le principal mécanisme, le ressort
nécessaire de la vie politique sous le modèle d’une libre concurrence, toujours instable, des intérêts qui
permettrait à chacun d’être entendu. Dans ce modèle, il n’y a pas d’intérêt général, mais un état qui
aurait pour fonction d’arbitrer entre les différents intérêts qui s’expriment au sein de la société.
Ce qui caractérise ce modèle, les contacts institutionnels, réguliers, entre les groupes et gvmt sons rare,
ces groupes agissent en dehors des institutions gvmtales. Les rapports sont plutôt de l’ordre informel,
du carnet d’adresse plutôt que de la réunion au sommet, de la négociation paritaire. Ces groupes ont
rarement recours à l’action directe, violente. Le recours à la grève, manif, n’est pas du tout
systématique, en revanche leur activité est très importante en contact personnel, entre les représentants
et le pouvoir. C’est le modèle du lobbying, des relations officieuses, de l’invitation/affinité personnelle
entre certains membres du gvmt et représentants.
- Le modèle néo-corporatiste
Modèle plus récent, élaboré par les politologues Philippe Schmitter & Gerhard Lehmbruch en 1990.
Ce modèle rend à l’état un rôle central entre l’analyse des rapports entre gvmt et groupes d’intérêts.
Dans ce modèle, les réseaux amicaux, liens informels ne sont pas inexistants mais pas primordiaux,
lobbying existe mais pas primordial. Les manifestations, grèves, sabotages, sont beaucoup plus rare
également. En revanche, les contacts institutionnels entre groupes et gvmt sont très développés,
fréquents et efficaces. C’est leur activité principale. Leur responsabilité dans la mise en œuvre des
mesures sont très grandes, fréquentes, les groupes sont parfois des organes d’exécution de certaines
politiques publiques. Ils participent à la mise en œuvre des politiques, sont informés avant et peuvent
donc peser sur les décisions : modèle de néo corporatisme mais aussi de négociations sociales. Pas de
malentendu, néo corporatisme se distingue du corporatisme (qui a deux significations : polémique,
défense des intérêts acquis, organisation corporative des associations comme pour le régime de
Vichy), le néo corporatisme désigne plutôt un mode global de régulation social assuré par l’interaction
contrôlée de l’état et des organisations représentatives patronales et salariales. Au sens strict, cela
concerne surtout l’Autriche ou la Suède, dans ce cadre, tout projet de loi sur les prix/salaires est
élaborée par une commission paritaire d’organisation (part égale de représentation patronale, état et
syndicats). Ce modèle ne désigne pas le cas FR dans lequel il n’existe pas de néocorporatisme global.
En revanche, on peut observer dans le cas FR un néocorporatisme sectoriel, fragmenté, cad concernant
des secteurs particuliers de politiques publiques. Désigne alors tout mode d’élaboration des politiques
et de la mise en œuvre par des associations étroites de dirigeants politiques et de puissantes
organisations syndicales ou pro, intéressées à la réalisation de politiques concernant leurs membres. Le
meilleur exemple d’une politique néocorporatiste en FR est celui qui concerne le milieu agricole où les
intérêts des exploitants des entreprises grosses/moyennes sont représentés par une écrasante majorité
au sein de la Fédération Nationale des Syndicats Exploitants Agricoles FNSEA, qui pendant toute la
période de reconstruction de la FR et de modernisation de l’agriculture FR a quasiment cogéré la
politique de l’agriculture FR. la FNSEA, par son réseau qui contrôlait également les crédits agricoles a
non seulement participé a encourager la modernisation de l’agriculture (tracteur, agriculture intensive,
engrais) mais a permis que cette politique se traduisent au niveau de chaque ferme en aidant les
paysans, les encourageant.
L’éducation nationale, pendant longtemps, à l’époque de la puissante FEN (Fédération de l’éducation
Nationale), montrait aussi un type de régulation néocorporatiste de la politique d’éducation, il était
difficile de réformer la politique éducative en FR sans avoir d’accord avec la FEN
Chacun de ces trois modèles renvoi à une partie des groupes d’intérêts en FR.
2.
LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS PROFESSIONNELS : LES SPÉCIFICITÉS
DU SYNDICALISME FRANÇAIS (69)
Les syndicats constituent en effet une des principales catégories de groupes d’intérêts. Une des
questions qui se pose est celle du lien avec les partis politiques. Cette question est plus compliquée
qu’il n’y parait : il y a des liens entre partis et syndicats, souvent, des affinités personnelles, des
membres/dirigeants de syndicats qui sont en même temps membres de partis politiques, comme
dirigeant de la CGT également membre du PC, ce qui ne veut pas dire que la CGT va
systématiquement s’aligner sur la position du PC. Par ailleurs, la question de la relation syndicat/parti
est encore plus complexe pour CFDT, à priori proche du PC mais qui s’était souvent opposé au gvmt
socialiste et avait même défendu en 95 la réforme Juppé. La question est pire pour FO qui compte
aussi bien des Trotskistes que des électeurs conservateurs, précisément parce qu’historiquement avait
été marqué par un fort anti stalinisme. Ce que cela prouve, c’est que dans le syndicalisme FR a
l’inverse d’autres pays EU, il n’existe pas de liens légaux, institutionnels, entre le syndical et le
politiste, à l’inverse par exemple de la GB pendant longtemps.
Cette tradition remonte a la charte d’Amiens, moment historique de séparation syndicat/parti politique,
CGT adopte début 20eme siècle le principe de l’indépendance à l’égard des politiques, se traduit aussi
par des jurisprudences qui refusent la formation de partis qui se revendiquaient explicitement d’un
parti (ex de FN-RATP ou FN-pénitenciaire).
A.
Les grands syndicats français
Classiquement on distingue deux grandes catégories : syndicats salariés et syndicats non-salariés.
a. Les syndicats de salariés (70)
Rappel : FR un des pays les moins syndiqués d’EU : en 2003 environ 9% de salariés syndiqués, 2008
environ 7.7% selon les statistiques de l’OCDE. Ce qui n’empêche pas les grandes manifestations
comme contre loi Fillon sur les retraites en 2003, contre les CPE en 2006, grand mouvement social de
2009, mouvement de 2010 sur les retraites…
Aujourd’hui 5 syndicats sont considérés comme représentatifs au niveau national. Ce qui fait le poids
d’un syndicat : plusieurs manières de le mesurer. Par le nombre d’adhérents, résultats des élections
(prudhommales, autres élections professionnelles), ou encore a la capacité de mobilisation des
syndicats.
 a.1. La CGT
Apparait comme le premier syndicat FR aux élections professionnelles, avec 34% des voies aux
élections prudhommales de 2008, petite augmentation par rapport à 2002 o* était à 32%, revendiquait
693 000 adhérents en 93, maintenant un peu plus, en vérité selon études environ 125 000. Dirigeant
depuis 99 Bernard Thibault, un des leaders du mvmt social de décembre 95.
Syndicat né en 1895 mais qui ne s’est organisé qu’en 1902, adopte en 1906 la charte d’Amiens qui
pose la séparation entre le politique et le syndical. Texte important, CGT marque sa volonté
d’indépendance à l’égard de l’état, de la SFIO, d’où cette tradition FR de coupure à l’égard des partis
et qui va définir cette identité en peu radicale du syndicalisme révolutionnaire, qui a longtemps existé.
Elle a connu plusieurs scissions, comme au Congrès de Tours, cad au moment de la scission de la
SFIO elle-même, se réunifie en 36, mais la scission la plus importante sera celle de 1948 quand les
anticommunistes quitent la CGT pour devenir Force Ouvrière. A partir de là, la CGT apparaitra très
proche du PCF, s’engage par exemple dans des manifestations pour la paix contre la colonisation. Ce
qui est intéressant dans son évolution, c’est que ce syndicat qui historiquement est apparu très lié au
PC, très contestataire, va faire évoluer sa ligne, notamment avec Bernard Thibaut, en essayant de ne
pas se limiter à la contestation. En essayant de rajeunir/féminiser ses instances dirigeantes, en essayant
de jouer un peu plus la carte de la négociation et du réformisme (Bernard Thibaut avait par exemple
essayé de défendre que la CGT ne devait pas donner de consignes de vote pour le traité constit EU en
2005 mais avait été désavoué par ses instances dirigeantes), véritablement évolution de la CGT, ce qui
ne l’a pas empêché d’avoir été au premier rang des grands mouvements sociaux des années 2000.
Composition de la CGT : concerne beaucoup de catégories relativement bien protégées (comme
batillons que sont les grandes entreprises publiques comme SNCF, secteurs de métallurgie, transport,
chimie), donc forte dans le public, <2% dans le privé et 1% de – de 30 ans dans les salariés.
 a.2. La CFDT
Deuxième en matière de voix aux prudhommales, avec 21.81% aux prudhommales de 2008, résultat
assez peu satisfaisant pour elle puisqu’avait 25% en 2002, longtemps essayé de défendre l’idée
qu’avait d’avantage d’adhérents que la CGT et que si la CGT était meilleure en élections, la CFDT
était meilleure en nombre d’adhérents mais semble que calcul insatisfaisant, environ 450 000
syndiqués aujourd’hui. Dirigé par Francois Chérèque (actuellement Laurent Berger), née d’une
scission, celle de la CFTC (confédération FR des travailleurs chrétiens), syndicats qui avait été
abandonné en 1934 par les 2/3 de ses militants qui voulaient rompre avec la dimension religieuse.
Importance considérable dans les années 70 par son soutien en mai 68, son soutien à la thématique de
l’autogestion des salariés, se caractérise par une orientation réformiste, cad de ne pas refuser
systématiquement la négociation, obtenir par la négociation des améliorations des conditions des
travailleurs. Donc tendance réformiste qui avait été accentuée par l’arrivée de Nicole Notat (avant
Francois Chérèque) a la tête du syndicat en 92 avait été très fortement critiquée par une partie des
membres du syndicat qui avaient quitté le syndicat, notamment pour fonder SUD (Solidaire, Unitaire,
Démocratique) et il est vrai que le fait que la CFDT ait soutenu la réforme Juppé sur les retraites en
1995, avant le grand mouvement social de 95 lui avait nui.
C’est un syndicat qui a eu un fort soutien à la politique des 35 heures, peut faire valoir son statut de
première confédération dans le secteur privé, notamment parce que son image est plus modérée. A
mené depuis la fin des années 90 une politique de plus grande unité syndicale, de rapprochement vers
la CGT et si avait approuvé la réforme des retraites de Raffarin en mai 2003, en revanche a participé a
toutes les manifestations 2006, 2009, 2010…
 a.3. Force Ouvrière
Secrétaire général Jean Claude Mailly, aujourd’hui rassemble presque 16% des voix aux élections
prudhommales (cas en 2008), qui revendique 500 000 adhérents mais en a plus vraisemblablement
310 000, a eu un poids énorme, peu connu, dans la représentation des intérêts. Né de la scission de 47
avec la CGT, syndicat qui s’est caractérisé par son hostilité au communisme stalinien, ce qui explique
qu’on peut trouver à FO des adhérents de droite que des adhérents de gauche. Syndicat qui revendique
beaucoup l’esprit de la charte d’Amiens, sur la séparation politique/syndicat, qui longtemps a été
appelé le syndicat-stylo parce qu’il signait des accords de négociations avec l’état, patronat…sur une
position un peu de donnant-donnant, longtemps a été le premier interlocuteur dans le dialogue social,
cad dialogue institutionnel sur la situation des salariés… syndicat qui a évolué dans ses dernières
années vers position parfois plus dure, plus contestataire, plus radicale, reprochant parfois à la CGT et
CFDT de faire trop de concessions. C’est un syndicat dont les positions de force d’organisme paritaire,
comme UNEDIC par exemple et Sécu Sociale se sont effritées ces dernières années, a perdu la
direction de l’UNEDIC en 93, de la Sécu Sociale en 96, syndicat qui est particulièrement menacé par
la réforme de la représentativité syndicale de 2008.

a.4. Les « moyens » : CFE-CGC, CFTC (Conf FR des Travailleurs Chrétiens) et FEN / FSU et
UNSA
CFTC historiquement liée à la doctrine du catholicisme social, qu’on retrouve dans les manifs qui a du
mal à exister véritablement, a position aussi réformiste que la CFDT, est plus attentive à la question
des familles, des alloc familiales, très présente en Alsace, en IDF, dans la santé, l’enseignement privé,
certains services sociaux
CFE-CGC (Conf FR de l’Encadrement, Conf Générale des Cadres) : organisation syndicale ad-hoc, ne
concernant que les cadres, mais distancée maintenant de 10 points chez les cadres par la CFDT, donc
plus difficile pour elle de se faire entendre.
FEN / FSU : qui a longtemps eu un grand poids en FR, qui était la FEN (Fedé de l’éduc Nationale),
qui aussi avait quitté la CGT en 48, était ce qu’on appelait la forteresse enseignante, qui cogérait une
partie de l’éducation et enseignement en FR, et qui a connu une grave crise en 91 et a éclaté entre d’un
coté ce qui est devenu la FSU et ce qui est resté la FEN avant de devenir l’UNSA.
 a.5. CNT-AIT et CNT Vignolles, SUD-G10 et les nouveaux, les contestataires
A côté de ces moyens et grands, on a ce qu’on appelle le groupe des 10 qui est apparu dans le paysage
dès les années 80, maintenant s’appelle Union Syndicale Solidaire, qui se forme au début des années
80 par 10 organisations syndicales autonomes non confédérées, et qui va accueillir notamment tout
ceux qui vont quitter la CFDT en contestant la ligne gestionnaire de Nicole Notat, dans les années 8090. SUD (Solidaire Unitaire Démocratique) est puissant notamment dans les télécom, postes, SNCF.
Fondé en 89, renforcé en 95 par SUD-rail, SUD-éducation, SUD-CRC, et ce sont des syndicats qui
n’arrivent pas à être considérés comme représentatifs au niveau national, contrairement aux
précédents. On est donc dans un paysage syndical qui vient de connaitre une profonde réforme en
2008, sur la représentativité syndicale.
Représentativité syndicale et réforme : la loi a un rôle important dans la reconnaissance des syndicats
au travers de ce critère de représentativité. En effet, le code du travail a permis à certaines
organisations d’être reconnues comme représentatives, soit au niveau national soit pour une branche
professionnelle. Que veut dire être reconnu comme représentatif ? la loi va considérer que les
syndicats, juridiquement considérés comme représentatifs, ont le droit de parler au nom des salariés,
négocier/signer au nom des salariés et même si dans une entreprise représentent presque personne.
Jusqu’en 2008 réforme, 5 critères retenus par le droit pour décider de la représentativité syndicale.
Effectifs (nombre), indépendance à l’égard du patronat (en clair, la CSL, Confédé des syndicats libres
qui a été interdit dépendait financièrement du patronat) mais aussi des partis (tentative il y a quelques
années de fondation d’un Front National-RATP en tant que syndicat mais pas possible de se définir à
partir d’un parti), les cotisations, l’expérience, ancienneté, et enfin critères lié à la 2eme guerre
mondiale : l’attitude patriotique pendant la guerre (collabo aurait pas eu le droit). Puis jurisprudence
avait souligné l’importance du résultat au vote professionnel.
Ce critères de représentativité est important parce qu’il permet de bénéficier d’une participation
institutionnalisée à la décision en matière de politique publique, sociale…
Donc plusieurs catégories de syndicats reconnus comme représentatifs, 4 pour tous les salariés + la
CFE-CGC pour les cadres au niveau national, et 3 pour les catégories larges (FSU, FEN, UNSA).
Or un rapport de 2006, d’Hadas-Lebel, va développer l’idée qu’il faut réexaminer cette représentativité
syndicale, la réviser parce qu’elle posait un pb : elle était parfois inversement proportionnelle au poids
réel du syndicat, en claire on pouvait avoir la CFTC qui signait des accords alors que ne représentait
strictement rien dans le domaine du travail. Donc pour remettre en cause l’idée de chasse gardée des
syndicats, a été suggérée la révision des critères, de façon peu surprenante : la CGT et la CFDT, très
puissantes, qui n’ont rien à craindre, ont défendu cette idée d’une réforme de la représentativité, mais à
l’inverse, FO (en déclin), CFE-CGT, CFTC qui sotn bien contents d’être considérés comme
représentatifs mais ont du mal a garder la tête hors de l’eau, étaient très hostile à cette révision, qui
ouvvre la porte à la reconnaissance de nouveaux syndicats représentatifs. L’idée de la réforme au
départ était d’ouvrir cette porte, et finalement cette réforme, son aspect fondamental est de donner plus
de poids aux résultats électoraux, cumule de nombreux critères : respect des valeurs républicaines
(plus coté collabo pendant la guerre), indépendance, transparence financière, ancienneté minimum de
2 ans a compter du dépôt des statuts, influence caractérisée par l’expérience, l’activité, effectif
d’adhérents et de cotisants et audience mesurée à chaque élection professionnelle. Hors ce dernier
critère va un peu fermer la porte au dvpt de nouveaux syndicats qui vont avoir du mal a etre
significatifs aux audiences, donc non seulement FO, CFE-CGT, CFTC que CGC, mais aussi SUD, ont
regretté que cette réforme aient finalement consolidé les deux acteurs principaux sans vraiment ouvrir
la porte au dvpt de la représentativité de ces syndicats.
Cette reconnaissance ou non par l’état, cette façon de participer à la mise en place de certaines
politiques à l’inverse de s’y opposer se retrouve aussi dans les syndicats de non-salariés.
b. Les syndicats de non-salariés (71)
 b.1. Les organisations patronales
Il est rare que les groupes d’intérêts dans le groupe patronal se qualifient de syndicats, puisque le mot
renvoi peut être trop à la culture protestataire, au monde ouvrier, et pourtant, dans un cas comme dans
l’autre il s’agit de défendre des intérêts devant le pouvoir, l’opinion publique. On peut distinguer
plusieurs origines aux organisations patronales en FR. des le début du 19ème siècle, et même un peu
avant, au moment ou la monarchie de Juillet entend baisser les taxes sur les importations, ce sont les
chefs d’entreprise qui s’unissent pour s’y opposer, pour défendre leur propre production sur le marché
intérieur. Deuxième impulsion, 19-20ème, c’est le moment ou les organisations patronales essaient de
réagir face à l’organisation ouvrière, et de s’organiser elles même. C’est le moment par exemple ou le
comité Desforges, qui rassemble les grands industriels de la sidérurgie crée par l’exemple l’UIMM
(l’Union des Industries Métallurgiques et Minières). 14-18 est un autre moment d’organisation du
patronat, dans le cadre de la planification de l’industrie de guerre, cadre dans lequel le dirigisme de
l’état requière un certain dialogue avec le patronat, lui-même encouragé par l’état renforce ses
structures représentatives, crée par exemple la CGPF (Confédération générale de la production
française) en 1919. CGPF s’occupera des négociations tripartites lors des accords de Matignon avec la
CGT en juin 1936 dans le cadre du Front Populaire.
Dernier moment de l’organisation patronale est l’immédiate après guerre, 1946, une large part des
chefs d’entreprise sont gravement mis en cause du fait de leur compromission avec l’occupant, c’est
dans ce cas que l’état encourage a une nouvelle organisation du patronat FR, CNPF (Centre National
du Patronat FR) puis la Confédération nationale du patronat FR qui deviendra en 1998 le MEDEF
(mouvement des entreprises de FR), qui est dirigé par Laurence Parisot (jusqu’en 2013, maintenant
Pierre Gattaz), avant c’était Ernest-Antoine Seillière, qui était apparu au moment des négociations sur
les 35h, quand Jean Gandois, ancien président CNPF, avait dit « il faut un tueur » et avait abandonné
les négociations sur les 35h.
Quel est le rôle, le travail du MEDEF, principale organisation patronale en FR ? D’abord d’apparaitre
comme un interlocuteur réaliste, gestionnaire, des pouvoirs publics, un groupement qui expliquerait la
réalité économique à des gouvernements souvent jugés trop dirigistes en économie, qu’ils soient de
gauche ou de droite. En 1981-1983, au tout début de l’accès des socialistes au pouvoir par exemple, le
CNPF essaie de ne pas paraitre totalement négatif et de rapidement parler avec le gouvernement pour
négocier sur l’économie. Thèmes classiques du CNPF et MEDEF : baisse des charges sociales,
limitation des obstacles à la liberté d’entreprendre, avec d’ailleurs des nuances, compte tenu de la
diversité du patronat FR, notamment entre les entreprises plus protectionnistes et vulnérables à
l’influence étrangère et à l’inverse celles qui bénéficient le plus du libre échange et sont
particulièrement favorable au libéralisme.
Autre objet du CNPF puis MEDEF : devenir un des partenaires de la négociation collective et de ce
qu’on appelle le paritarisme social, bref, participer à la gestion de la sécurité sociale, de l’assurance
chômage, à la négociation des convention collectives, on se souvient que Ernest-Antoine Seillière
menaçait de ne pas reconduire la convention permettant le financement des retraites complémentaires
si le syndicat n’acceptait pas par exemple la proposition d’allongement des durées de cotisation. Enfin,
améliorer l’image de marque du patronat, d’où des campagnes de publicité, des communications, la
thématique de l’entreprise productive de richesse au sein de la nation. Le changement récent de nom
est à lui seul très significatif, abandon des 3 hexagones enchainés pour les 3 visages sensés représenter
les entrepreneurs, les salariés et les épargnants, et le terme de mouvement des entreprises de FR était
préféré à celui de Centre National, pour donner une image plus sympathique et dynamique. Le
problème principal du MEDEF comme beaucoup de groupes d’intérêts est d’arriver à parler d’une
seule voix pour défendre les intérêts de ceux qu’il représente, hors il a souvent été reproché au
MEDEF de parler avant tout pour le grand patronat, grandes entreprises FR (les 500 entreprises qui
comptent plus de 2000 salariés en FR). Certes le MEDEF regroupe 1.5 million d’entreprises en 98,
mais a du mal à se retrouver sur un dénominateur commun qui ne soit pas la baisse des charges, et
hors de cela, il faut reconnaitre que nombre d’entreprises (notamment petites et moyennes) ne se
retrouvent pas dans les orientations du MEDEF. On se souvient d’ailleurs qu’au moment de la
protestation contre le CPE, Laurence Parisot dirigeante du MEDEF rappelait qu’elle n’était pas
forcément favorable pour le CPE, et c’est vrai que ce contrat était plutôt favorable pour les
petites/moyennes entreprises. L’autre organisation importante en matière de représentation patronale
est la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) qui défend plus les
entreprises des PME, entreprises provinciales, familiales, plus conservatrices. Il ne faut pas oublier
aussi, hors les grands groupes de pression patronaux, que beaucoup d’entreprises se chargent elles
mêmes de défendre leurs intérêts devant le pouvoir politique, du fait de relations privilégiées
entretenus avec ministère/ministres, du fait de contrôle de certains médias (oranges, générale des eaux)
et qui n’ont pas besoin de passer par une organisation syndicale pour se faire entendre.
 b.2. Les organisations agricoles (72)
l’autre pole important des groupes d’intérêts dépendant des non-salariés, sont les organisations
agricoles, cas particulièrement intéressant si l’on compte le poids des agriculteurs dans la population
FR (5% de la pop active) et leur poids politique, considérable. En FR, une organisation agricole et ses
réseaux cogèrent quasiment la politique agricole avec l’état. Si elle arrive, c’est notamment du fait de
la représentativité que lui a accordé pendant longtemps l’état. Cette orga est la FNSEA créée en 1946,
dirigée par Jean-Michel Lemétayer jusqu’en 2010 et Xavier Beulin depuis. FNSEA, avec son
organisation de jeunes (le centre national des jeunes agriculteurs), s’appuie à la fois sur le réseau
syndical et les chambres d’agriculture. Bref, contrôler la FNSEA, s’est aussi contrôler tt un réseau de
mutuelles, banques, prestataires de services aux agriculteurs, et en effet FNSEA et NJA sont très
écoutées par le gouvernement, surtout conservateur, ont participé à la mise en place des politiques de
modernisation de l’agriculture, même si il existe d’autres organisation agricoles, la plus connue étant
la confédération paysanne dont la figure connue est José Bové, défendant un tout autre type
d’agriculture/agriculteurs, ou encore le MODEF plus liée au PC, la coordination rurale plus
conservatrice…
Il est important de voir ce qui distingue la FNSEA et la confédération paysanne : en fait, un agriculteur
typique adhérent de la FNSEA serait plutôt type céréalier des grandes plaines du Nord ou de la
Bausse, pratiquant une agriculture intensive sur de grandes exploitations, bénéficiant de la PAC, alors
que la confédération paysanne caractérise une agriculture de zone difficile, de petite agriculture. Bref,
au travers de deux syndicats différents ce sont deux conceptions de l’agriculture, deux revenus
différents, plutôt agriculture subventionnée, plutôt une agriculture qui va jouer la carte de l’agriculture
bio, de la qualité et du terroir qui s’affronte, ceci dit on a pu observer récemment la réaction de la
FNSEA face à la remise en cause de la confédération paysanne, sans défendre forcément la volonté de
faire du bio, de rompre avec les subventions, le discours de la FNSEA aujourd’hui est plutôt
d’affirmer la volonté à court terme de défendre l’élevage intensif en crise en ralentissant le rythme de
libéralisation de la PAC, des d’aider ces agriculteurs dans le moyen terme a emmener ces agriculteurs
dans le raisonné, moins préjudiciable pour l’environnement. La grande idée à conserver est que
FNSEA et CNJA ont un poids considérable dans la représentation de toute l’agriculture en FR,
appartiennent par exemple au conseil de l’agriculture FR, présidé par la FNSEA, qui se coordonne et
cogère avec l’état la production agricole et on a eu en FR des ministres de l’agriculture directement
sortis de la FNSEA comme FR Guillaume ministre en 80-90.
Qu’est-ce qui empêche, malgré la participation persistante des groupes d’intérêts à la mise en place de
politique de l’état, on ne puisse pas véritablement parler de néocorporatisme comme dans les systèmes
autrichiens ou suédois, la raison en est le faible taux de syndicalisation en FR, et plus généralement ce
qu’il faut qualifier de crise du syndicalisme FR.
B.
La crise du syndicalisme français
a. Les différents aspects de la crise
 a.1. La baisse du taux de syndicalisation
 a.2. La montée de l'abstention aux élections syndicales
 a.3. L'effritement des capacités de mobilisation
 a4. Une baisse de confiance à l'égard des syndicats
 a.5. Une remise en question du rapport entre le syndicalisme et l'État
b. Les analyses de la crise du syndicalisme
 b.1. Les raisons économiques
 b.2. Les raisons sociales
 b.3. Les raisons politiques
 b.4. Les raisons organisationnelles
LEÇON 10. MOBILISATIONS, ACTION
COLLECTIVE
ET
MOUVEMENTS
SOCIAUX
1. DES TRANSFORMATIONS DE LA PROTESTATION ?
A.
A. Une remise en cause au moins partielle des modèles hiérarchisés
d’organisation contestataire
B.
B. La thèse postmatérialiste et ses limites
C.
C. Les mouvements de « sans »
D.
D. Un renouveau de la critique sociale ?
2. STRATÉGIES ET RHÉTORIQUES DE DÉFENSE DES CAUSES
A.
A. Pratiques protestataires
a. Le nombre et la manifestation
b. La vertu, la souffrance et le scandale
c. L'expertise
B.
B. Au nom de qui parle-t-on ?
a. La mise en scène du groupe représenté
b. La mise en scène de la cause défendue
3. LE POIDS DES MÉDIAS DANS LES MOUVEMENTS SOCIAUX
A.
A. L'adaptation croissante
contraintes médiatiques
des
mobilisations
protestataires
aux
a. « Créer l'événement »
b. S'adapter aux nouvelles formes de communication
c. Adapter l'image du mouvement aux exigences anticipées du grand public
B.
B. Des médias coproducteurs des mouvements sociaux
a. Coproduire l'événement
b. Le poids des interprétations médiatiques sur le succès des mouvements sociaux
4. L'ÉTAT FACE AUX GROUPES D'INTÉRÊT ET AUX MOBILISATIONS
A.
A. La structuration des causes par l’Etat : des intérêts plus ou moins
légitimés
a. Composition des équipes au pouvoir et attention aux mouvements sociaux
b. Reconnaître l'importance de certains problèmes, les mettre en forme
B.
B. Des interlocuteurs inégalement pris en compte
a. « Adouber » les défenseurs de certaines causes
b. Financer
c. Sanctionner
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