LA CRISE ET L`ECONOMIE DE LA CULTURE FR version 02/03/2009

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EL SECTOR CULTURAL HOY : OPOTUNIADES, DESAFIOS Y RESPUETAS
Seminario international, Catagean, 10-11 sept. 2009
Premières analyses de la crise
et politiques culturelles contra-cycliques en France

La crise financière et économique qui s’est déployée depuis l’été 2008 et s’est
traduite par un repli, parfois profond de la croissance, ne peut manquer d’affecter le
champ des activités économiques culturelles. En particulier, les industries
culturelles et au sein de celles-ci, les principaux groupes, côtés en Bourse,
audiovisuels multimédia ou d’édition de livres et presse, mais potentiellement les
secteurs en aval des industries culturelles (électronique, informatique,
télécommunications…), mais aussi les activités culturelles liées au tourisme.
Les caractéristiques de l’économie de la culture, si elles se confirment à l’égard de
la crise, sont elles de nature à amplifier, à diminuer, à stabiliser les impacts de la
crise ? Et, selon l’analyse qu’on peut dresser de cette relation, la politique
économique culturelle doit-elle présenter des spécificités pour atteindre des
objectifs contra-cycliques efficaces ? Pour chercher à répondre à ces questions, en
l’absence de données conjoncturelles assez fiables, on s’appuiera d’abord sur les
expériences de crises passées et quelques indicateurs des mécanismes de
transmission ou non de la crise au secteur culturel.

Une analyse conjoncturelle de l’impact de la crise économie de 2008-2009 sur les
activités culturelles ne doit pas masquer des facteurs plus puissants de leurs
situations économiques et financières de celles-ci. En particulier, il va de soi que la
révolution numérique – la dématérialisation, le changement de nature économique
des biens culturels numériques, les mutations induites pour leur distribution, le jeu
d’acteurs industriels – produisent des effets bien plus puissants sur le secteur
culturel qu’une récession transitoire de quelques pourcents. Il va de soi aussi que
des mouvements sociologiques ont des impacts structurants bien plus puissants que
des évolutions conjoncturels de marchés : par exemple le non renouvellement
générationnel de la lecture de presse quotidienne ou de littérature.
La crise économique et financière commencée en 2008 n’est pas la première, ainsi,
l’analyse conjoncturelle peut s’appuyer sur des précédents : les récessions de 1974
et 1993 pour la France confirment les principaux facteurs et mécanismes de
transmission de la crise et leurs caractéristiques. Quatre facteurs, indicateurs, ou
mécanismes de répercussions de la crise sur l’économie du secteur culturel, peuvent
être identifiés : pratiques et consommations des individus et des ménages, modes de
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financement public et privés des activités culturelles ; démographie des entreprises
culturelles ; l’emploi culturel.
I – Les stabilisateurs : pratiques, dépenses et consommations.
Le fléchissement de la croissance, son effet récessif sur les revenus des ménages
apparaissent comme l’hypothèse la plus évidente de transmission de la crise.
Toutefois, la réalité est aussi plus complexe.
En effet, Les pratiques culturelles se révèlent d’une grande stabilité. Sur le long
terme, les pratiques culture-médias sont d’une grande stabilité, obéissant
essentiellement à des évolutions générationnelles. L’hypothèse d’une crise
importante et durable est de nature à marquer les pratiques des générations, surtout
de la génération des 15/24 ans a été réelle en France, mais il est trop tôt pour savoir
si la crise actuelle, compte tenu de sa durée, aura un effet de cette nature. La sortie
de crise qui se dessine laisse entendre que non. Au plan des individus, les pratiques
d’un individu dans un domaine culturel donné connaissent des variations de moyen
terme liées aux évolutions dans le cycle de vie, le contexte familial et
professionnel… Impossible encore de vérifier que la crise a eu des effets structurels
sur ces comportements. Il faudrait que des déterminants soient beaucoup plus
importants qu’ils ne l’ont été encore dans un cycle profondément récessif :
chômage, chute des indices de confiance, baisse des pratiques… impliquant des
mutations profondes des dépenses des ménages.
De plus, la traduction des pratiques en dépenses culturelles manifeste aussi une
assez grande stabilité. Si l’on observe les crises passées, on note que les dépenses
liées aux pratiques révèlent pour leur part, que la consommation culture-médias suit
très étroitement la consommation totale moyenne des ménages mais manifeste une
sur-réactivité aux évolutions : régression plus forte en période de repli, croissance
plus élevée en période de reprise. On commence à constater un repli du taux de
croissance de la consommation culture-médias plus forte que celui affectant la
consommation totale en période de crise au cours de la période, mais ce repli n’est
pas massif.
Sur les périodes de récession précédentes, ces observations sont claires : pas
d’écarts profonds à la moyenne, mais des écarts mineurs selon les indices de
conjoncture et de confiance des ménages.
Évolution du montant moyen des dépenses culture-médias
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et de la consommation totale moyenne des ménages de 1979 à 2003*
Ces écarts à la moyenne dépendent principalement des évolutions des revenus. En
effet, si la crise est de nature à faire baisser systématiquement les revenus, les
implications en seront différentes suivant les types de dépenses du fait d’élasticitésrevenu contrastées qui vont de 0,3 à plus de 1 pour une élasticité moyenne de 0,78.
Elasticités-revenu des dépenses culture / médias
De tels effets devraient porter principalement sur les pratiques en amateur et sur les
achats de matériels les plus novateurs. Dans une moindre mesure, les sorties et en
particulier sorties culturelles devraient être affectées. Inversement, les dépenses
audiovisuelles de base devraient voir leur part au sein des dépenses culture-médias
progresser.
Un fait apparaît plus central qui manifeste la résistance initiale du secteur culturel
aux crises conjoncturelles du point de vue des dépenses : la forte concentration des
dépenses culturelles est très forte. En effet, 10% des ménages réalisent 42% des
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dépenses culture-média totales. Pareille proportion incite à examiner le profil et la
sensibilité à la crise de cette population de ménages hyper-consommateurs et de
ceux qui en partagent tout ou partie des caractéristiques : personne de référence du
ménage active, d’âge moyen, cadre ou profession intermédiaire et disposant d’un
niveau d’étude élevé, habitant plus souvent la région parisienne. Le chômage des
cadres et des professions intermédiaires est donc à suivre particulièrement. Tous ces
traits, expliquent de la relativement faible différence d’évolution du budget total
alloué aux dépenses culture/médias par rapport aux évolutions du budget des
ménages.
Dépenses culture / Médias et évolution du budget des ménages
Enfin, de manière générale, les tactiques de réaction à la crise sont variées : elles
remettent plus ou moins en cause les volumes de consommation, en jouant
séparément ou ensemble, sur le prix, les quantités, la qualité mais aussi les modes
de vie. Car, dans le domaine culturel, les publics se répartissent en une faible
minorité d’assidus, une proportion significative de réguliers et une population
importante d’occasionnels. Ainsi, moduler les quantités n’a véritablement de sens
que pour les premiers qui maîtrisent également les niveaux de prix sans les
confondre avec le niveau de qualité.
À cet égard, l’attrait pour la gratuité ne devrait pas se démentir, c’est ainsi que l’on
verrait d’anciens habitués revenir en bibliothèque publique ; on observe aussi des
rebonds sur le marché de biens d’occasion ou de biens à faibles prix (livres au
format de poche). Enfin, un certain nombre de pratiques et consommations
culturelles offrent une résistance à la crise, essentiellement du côté du spectacle
vivant et des sorties repérables pour les grandes expositions comme pour le cinéma,
phénomène ancien expliqué par le désir de spectacle collectif et la force de
l’événementiel face à d’autres formes de consommations. Les phénomènes
d’élasticités-prix ne se laissent donc pas interpréter aisément et, en période de crise,
ne sont pas nécessairement conformes aux tendances de longs termes.
Elasticité-prix des dépenses de loisirs et d’équipements des ménages
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En réalité, en période de crise l’arbitrage budgétaire conjoncturel semble contraire
aux évolutions tendancielles entre biens et loisirs culturels et biens d’équipements
notamment de produits technologiques. On assiste bien à un net repli des achats de
biens technologiques (électronique grand public, informatique, téléphonie, photo,
jeux vidéo) en 2008 et 2009, alors que sur longue période c’est le mouvement
inverse qui est très largement dominant.
Evolutions des dépenses par postes sur longue période
II- Les incertitudes et accélérateurs : les autres sources de financement
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La crise économique joue plutôt un effet négatif à travers les autres modes de
financement que celui des dépenses des ménages qui traduisent une certaine
viscosité à la baisse. La crise joue sur les autres sources que sont les différents
financements publics, le financement par la publicité et les ressources apportées par
le mécénat et le sponsoring.
Le financement public majeur des activités culturelles est en France celui des
collectivités locales. Supérieur au financement de l’Etat, il est placé sous contrainte
budgétaire par la crise par l’affaiblissement des rentrées fiscales immédiates
(répercussion de la baisse du marché immobilier, incertitude sur la taxe
professionnelle) ou différées (moindre rendement de la taxe d’habitation), et par
l’expansion des dépenses liées à la crise (dépenses de solidarité, dépenses de soutien
à l’emploi et à l’économie). Or, sauf stratégies de sortie de crise axées résolument
sur la culture, les financements publics territoriaux commencent à faire défaut aux
activités culturelles en dehors de grands travaux culturels et au-delà du soutien plus
général à l’économie et à l’emploi. Cet effet dépressif sur les activités culturelles
devrait se faire sentir sur moyenne période mais n’apparaît pas encore dans les
comptes publics liés à la culture.
Par ailleurs, de premières indications laissent paraître que les ressources du
sponsoring et du mécénat devraient suivre de façon accentuée la même évolution
défavorable : pour le sponsoring, par sa proximité avec les autres postes de
dépenses promotionnelles en particulier publicitaires ; pour le mécénat, à cause de
son image de dépense improductive voire somptuaire en période de crise et sa facile
remise en cause lorsqu’il ne correspond pas à un partenariat de long terme.
C’est surtout l’évolution conjoncturelle des ressources publicitaires qui joue de
façon négative, même si cette relation est quelque peu brouillée par les récents
transferts de ressources publicitaires des médias traditionnels vers la publicité en
ligne qui ne représente cependant, malgré ses taux de croissance récents, qu’une
part relativement faible (~ 1/6) de l’ensemble et demeure assez fragile dans une
période de contraction des budgets de publicité et de stratégies d’efficacité
d’allocation des ressources. Le repli est ainsi important et s’est accéléré au début de
l’année 2009. Il affecte principalement les médias et conduit les principaux groupes
médias nationaux à des ajustements importants des programmations à venir,
fonctions des résultats présents. Cette réaction à la crise déporte sur les producteurs
audiovisuels une part importante des effets de la crise.
Les caractéristiques du secteur industriel de la culture montrent dans ces conditions
comment une crise conjoncturelle peut se traduire. Oligopole à franges dans le
domaine de l’édition et des médias, ce sont les PME qui sont les plus affectées par
la crise, à travers les commandes et l’accès aux marchés.
Répartition des entreprises par domaine
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D’ailleurs une analyse de la démographie des entreprises culturelles montre
comment celles-ci réagissent. Le suivi de la population des entreprises culturelles
éditoriales (livre, disque, cinéma, vidéo, audiovisuel) sur les périodes passées
montre une croissance régulière et forte sur toute la période, avec une simple
stagnation en 1992, comme si le secteur n’était pas dépendant de la conjoncture.
En réalité, il a une meilleure résistance – au moins temporairement – à la
conjoncture comme le montre le nombre de création d’entreprises culturelles (par
rapport à l’ensemble des entreprises) et celui des disparitions, qui sur-réagissent au
mouvement général de disparitions d’entreprises. Le problème vient des chaines de
dépendance d’une grande partie du secteur depuis l’oligopole vers les franges et
peut accroître des phénomènes de concentration déjà très élevée dans ce secteur.
Structure comparée des industries culturelles et des services :
répartition du chiffre d’affaires selon le nombre de salariés
C’est une partie de l’emploi culturel qui potentiellement est le plus susceptible de
souffrir de la crise, mais de façon différenciée, car des effets stabilisateurs existent
dans certains domaines. D’une manière générale, l’une des caractéristiques
majeures de l’emploi culturel tient à sa fragilité à la fois structurelle et croissante.
Cette fragilité se mesure notamment à travers la part plus importante qu’y occupe le
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CDD (et toutes les formes d’emploi non durables) dans le salariat : près de trois fois
supérieure à celle observée dans l’ensemble de la population salariée (35% contre
13%). Elle s’observe aussi par l’importance du travail à temps partiel (25 % contre
16 %) et son corollaire, l’importance de la multi-activité (près d’1 actif sur 8). De
plus, alors qu’on y compte deux fois plus d’emploi non-salarié que dans la
population active dans son ensemble (24% contre 11%), l’emploi culturel est
marqué par une forte saisonnalité (patrimoine, spectacle vivant, …), un taux de
chômage élevé et, parmi les demandeurs d’emploi, davantage de chômeurs de
longue durée (supérieure à un an), enfin, une très forte dépendance aux crédits
publics (État et collectivités territoriales). L’ensemble de ces caractéristiques
portent une tendance de moyen et long terme est déjà à l’accroissement de cette
fragilité.
Ainsi la part des salariés en CDD a doublé au sein des professions culturelles entre
1990 (16 %) et 2007 (35 %) – alors qu’elle ne progressait que de 3 % dans
l’ensemble de la population salariée. Cette précarisation du salariat a touché toutes
les professions, y compris celles où l’emploi salarié stable était traditionnellement la
règle (par exemple, la part des salariés en CDD dans les métiers de la
documentation et de la conservation est passée de 6 % en 1990 à 27 % en 2007, et
de 16 %à 42 % dans ceux des enseignements artistiques spécialisés). Par ailleurs,
parmi les professions où la part du travail non-salarié domine de très longue date –
architecte, professionnel des métiers d’art, photographe, artiste plasticien, auteur
littéraire –, cette part du non-salariat a tendu à s’accroître (à l’exception de la
profession d’architecte). Elle est passée de 48 % (1990) à 84 % (2007) chez les
photographes, et de 60 % à 97 % pour les auteurs littéraires.
La crise vient amplifier une plus grande fragilité des structures entrepreneuriales
culturelles au delà des plus grandes firmes et institutions, dont beaucoup reposent
sur une logique d’économie de projet, souvent dépendante des financements
publics.
Aussi, un effet accélérateur de la crise sur la fragilité structurelle de l’emploi
culturel est-il sans doute à l’œuvre dans une conjoncture défavorable. Il doit mener
à une diminution du volume de l’emploi culturel même si des mécanismes
« amortisseurs » existent comme l’intermittence, des pratiques de poly-activités et
d’activités mixtes culturelles et non culturelles, diversement développées suivant les
secteurs… D’ores et déjà, des situations sans doute contrastées selon les domaines
émergent :
- les deux secteurs de la documentation-conservation (environ 39 000 emplois en
2007) et des enseignements artistiques spécialisés (39 000 emplois également en
2007) sont des secteurs qui ont connu des progressions fortes sur le long terme
(respectivement +174% et +135% depuis 1982) très largement portées par les
financements publics territoriaux avant de voir leur précarisation se développer. On
peut penser qu’ils seront moins touchés à court terme voire même bénéficieront des
emplois aidés ce qui pourrait tendre à y stabiliser plutôt l’emploi ;
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- les emplois du secteur du spectacle (environ 130 000 emplois en 2007 (+99%
depuis1982) disposent de l’amortisseur propre et efficace de l’intermittence au
travers des annexes 8 et 10 et du Fond de professionnalisation ;
- d’autres secteurs de l’emploi culturel ont des modes de dépendance très différents
à la conjoncture économique générale : ainsi, les architectes (41 000 emplois en
2007) en croissance seulement de 21 % (depuis 1990) et de plus en plus salariés,
pourraient suivre la tendance assez défavorable de l’immobilier et de la construction
– quoique pas encore du BTP ; ainsi aussi des stylistes, décorateurs, graphistes…
(102 000 emplois en 2007) pourraient voir leur volume d’emploi suivre soit la
même tendance de la construction ou de l’activité économique en général ; enfin les
artistes plasticiens (36 000 en 2007) et les auteurs littéraires (8 000 en 2007) sont
déjà – à l’exception de très petites minorités – très marqués par la difficulté de vivre
de leurs activités artistiques et familiers des mécanismes amortisseurs évoqués
précédemment.
III – Eléments de politiques contra-cycliques
Les caractéristiques de l’économie de la culture et des médias, tant par la structure
des entreprises, des modes de financement et de l’emploi, que par les dynamiques
de dépenses des ménages à l’égard de « biens supérieurs », induisent que les
secteurs culturels sont particulièrement fragilisés par la crise. Les phénomènes
compensatoires, la résistance transitoire de fréquentation touristique concentrée sur
quelques lieux et territoires etc., ne masquent pas le retour en force des facteurs les
plus structurants : arbitrages budgétaires défavorables des ménages, annonceurs,
collectivités territoriales… ; effets négatifs de la structure financière du tissu
principal du plus grand nombre des entreprises culturelles ; tendances de l’emploi
culturel.
Les déterminants d’accélération des effets de crise l’emportent donc sur les
amortisseurs de crise, même si la durée des cycles productifs des projets culturels
engagés (production audiovisuelle et cinématographique, spectacle vivant,
architecture…) constitue pour des parts significatives du secteur culturel un
réducteur provisoire des effets de la crise.
Dans ce contexte, la nécessité de politique contra-cyclique apparaît clairement. Elle
a pour objectif, au regard de ces facteurs structurels, de constituer des amortisseurs
de crise et de relance du secteur culturel car celui-ci a une contribution à la
croissance relativement élevée.
Contributions en termes de valeur ajoutée et d’emploi
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En outre, bien plus que le poids de chacun des secteurs culturels, les facteurs
économiques qui portent l’ensemble du domaine à favoriser la croissance et
l’emploi doivent être regardés avec attention. En effet, les analyses récentes du
secteur culturel ont témoigné d’un taux de marge significatif en particulier dans les
activités de médias.
Taux de marge des activités de l’audiovisuel et des agences de presse
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L’importance économique du secteur culturel et ses spécificités ont ainsi induit une
politique contra-cyclique qui comporte plusieurs volets. Du côté de l’emploi
culturel, outre la stabilité du système d’indemnisation du chômage pour les
professions du spectacle enregistrée comme vivant, des mesures en faveur de
l’emploi des jeunes ont été développées (emplois aidés) en particulier auprès des
collectivités publiques, associations intervenants dans le secteur culturel.
Budgétairement, dans le cadre du plan de relance gouvernemental, une dotation
spécifique de 100 millions d’euros a été prévue en faveur du patrimoine, domaine
dans lequel les multiplicateurs de dépenses sont sans doute élevés et de transmission
rapide auprès des secteurs du bâtiment, de la restauration, etc. avec des volumes de
mains d’œuvres importants. Un dernier volet de nature financière peut s’appuyer
soit sur des mesures générales en faveur des PME, en particulier pour ouvrir les
crédits (Oséo), accroître les garanties financières (IFCIC).
De plus, dans le cadre de l’Union européenne, à travers des groupes d’experts et de
professionnels, des mesures en faveur du capital-risque dédié aux entreprises
créatives ou à des incubateurs pourraient être mises sur pied, en s’appuyant sur des
fonds européens, ou nationaux et des dispositions fiscales avantageuses. Plus
structurellement, enfin, le ministère de la Culture et de la Communication a lancé
une mission de réflexion et de propositions pour favoriser des mesures en faveur
des industries culturelles dans l’environnement numérique. Ce type d’approche
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pourrait aussi être l’occasion de justifier qu’une part du « grand emprunt » en faveur
de la croissance concerne les investissements dans l’économie créative, les
nouveaux modèles numériques, la numérisation des données publiques culturelles,
le tourisme culturel.

Singulière par bien des aspects, l’économie culturelle connaît une situation
particulière à l’égard d’une crise conjoncturelle, même forte. Affectée avec retard,
elle peut en subir plus durablement les conséquences et enregistrer une sortie de
crise plus forte que d’autres secteurs économiques, avec des conséquences
importantes pour la démographie des entreprises et de l’emploi culturel. Aussi, des
mesures relevant d’une politique contra-cyclique ont-elles été prises rapidement qui
combinent régime de droit commun de l’économie, mais aussi singularités pour
mieux s’adapter au secteur culturel et chercher à profiter d’une crise conjoncturelle
pour contribuer à l’évolution structurelle d’une secteur économique à part entière
déterminant pour l’ensemble de l’économie.
Philippe CHANTEPIE
Chef du Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture et de la
Communication, France ; Professeur associé à Paris 2 et Paris 8, maitre de conférences à l’Institut d’études
politiques de Paris
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