INDICATIF ET SUBJONCTIF DANS UNE SUBORDONNEE RELATIVE I. Dans les relatives EXPLICATIVES ( qui apportent seulement une précision) D'une manière générale : INDICATIF Cas particuliers : SUBJONCTIF Les arbres du Grand Boulevard, qui sont gênants, vont 1) Quand la relative a une valeur d'HYPOTHÈSE : - "Cette sérénité parfaite, qu'il eût été si flatteur de être abattus. ( tous les arbres vont être abattus. lui faire oublier un instant, s'alliait chez elle à Rem. : la relative est placée entre virgules) l'esprit le plus fin." - Il aperçut son ami, qui se mit à sourire. 2) Quand la relative a une valeur de VOLONTÉ : (même mode que si la proposition était indépendante, puisqu'on peut remplacer cette relative par une indépendante coordonnée : "Il aperçut son ami et celui-ci se mit à sourire.") - Nous soufflâmes sur les tisons, qui se remirent à pétiller. II. - "Quelle singulière habitude force nos yeux à voir ici des paysages, des portraits, des bêtes peintes et que puissent nos neveux ne plus jamais apercevoir." Dans les relatives DÉTERMINATIVES (qui apportent une distinction indispensable au sens) INDICATIF : actualité de l'antécédent Les arbres du Grand Boulevard qui sont gênants vont être abattus. (et seulement ceux qui sont gênants. Rem. : la relative n'est pas entre virgules) - Regardez ce porteur qui s'en va prendre mes bagages. - Il a acheté un jardin qui les nourrit, lui et les siens. (conséquence réalisée, réelle) SUBJONCTIF : non actualité de l'antécédent Dans une phrase impliquant : - un sentiment d'INCERTITUDE (nuance de BUT) – une idée seulement POSSIBLE (nuance de CONSEQUENCE) - Donnez-moi un remède qui puisse me guérir. - Allez appeler un porteur qui aille prendre mes bagages. - Il n'achètera qu'un jardin qui le nourrisse, lui et les siens. (conséquence possible) Cette INCERTITUDE ou cette SUBJECTIVITE peuvent être soulignées 1) par le sens du VERBE principal : chercher, demander, désirer, préférer, avoir envie ... - J'entrevois une solution qui vous satisfera. - Je cherche une solution qui vous satisfasse. - Je cherche une maison qui ait des volets verts. - Je cherche une maison qui a des volets verts. (pas de véritable existence de l'antécédent) L'actualité de l'antécédent est souvent soulignée par un 2) souvent, par un adjectif, pronom ou article article DEFINI : INDEFINI : - Je cherche la maison qui a des volets verts. - Je cherche une maison qui ait des volets verts. - Il fallait quelqu'un de sérieux qui ne vous versât pas dans le fossé. 3) par une tournure négative : - Je connais une maison qui n'a pas de porte. - Il n'y a pas d'homme qui ait eu un tel courage. - Je ne connais pas de maison qui n'ait pas de toit. 4) par une tournure INTERROGATIVE (nuance de doute) : - Je connais un livre qui vaut bien celui-ci. - Connais-tu un livre qui vaille celui-ci ? - Connaissez-vous un homme qui n'ait aimé qu'une seule femme ? M. Théry, Lycée St-Rémi, Roubaix 5) par des tournures qui impliquent une idée d'APPRECIATION (le subjonctif met l'accent sur cet élément d'appréciation) : L'indicatif tend à éliminer toute idée de doute, de possibilité (Chevalier, p. 160), de subjectivité et met l'accent sur le verbe et la RÉALITÉ de l'action subordonnée : - Vous êtes le seul à qui je peux demander ce service. - Il a construit le plus bel hôtel qu'il y a dans la ville. - Il y a peu d'hommes qui ont eu un tel courage. SUPERLATIFS, expressions à valeur superlative (le seul, l'unique, le premier, le dernier, l'ultime, un des rares qui ...), tours restrictifs (le peu, ne ... que ...) - Vous êtes le seul à qui je puisse demander ce service. - Il a construit le plus bel hôtel qu'il y ait dans la ville. - Armstrong et Aldrin sont les premiers qui aient marché sur la lune. Mais dans toute subordonnée complément d'un - Il y a peu d'hommes qui aient eu un tel courage. superlatif, l'usage moderne préfère l'emploi du (antécédent plus proche de la virtualité que de la subjonctif. réalité ; on insiste sur le grand nombre des autres) - Je ne connais qu'une personne qui soit capable d'un tel exploit. - "Tu es la seule à qui j'aie osé vouloir plaire et peut- "Tu es la seule à qui j'aie osé vouloir plaire et peutêtre la seule à qui j'ai plu." (Lettre de Flaubert à Louise être la seule à qui j'ai plu." (Lettre de Flaubert à Louise Colet) Colet) La langue classique joue subtilement de la valeur propre des modes indicatif et subjonctif pour nuancer la pensée lorsqu'elle s'exprime par un SUPERLATIF complété d'une RELATIVE : L'INDICATIF dans la subordonnée met l'accent sur le VERBE M. Jourdain déclare à sa fille : "C'est une affaire fort sérieuse et la plus pleine d'honneur pour vous qui se peut souhaiter." (M. Jourdain souligne un FAIT pour lui indiscutable : le fils du Grand Turc est pour Lucile le meilleur parti qui soit) De même Malherbe écrit dans la Consolation à M. du Perrier sur la mort de sa fille : "Vouloir ce que Dieu veut est la seule science / Qui nous met en repos." (C'est pour lui un FAIT d'expérience, la constatation d'une évidence : sa résignation aux volontés de Dieu lui a procuré le repos de l'âme) - Il est le plus sot que j'ai vu. (J'ai vu bien des sots, qui l'étaient moins que lui) Le SUBJONCTIF fait porter l'accent sur le SUPERLATIF Madame de Sévigné rapporte ces paroles : "Voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu." (Il ne s'agit pas , en effet, d'insister sur le fait qu'il a lu le madrigal, mais sur le degré de sottise et de ridicule de celui-ci, c'est-à-dire sur une CONCEPTION DE L'ESPRIT.) Malherbe aurait pu écrire : "... la seule science qui nous mette en repos." (le subjonctif détournerait l'esprit de cette constatation d'une évidence pour l'attacher à l'idée marquée par le seul superlatif "la seule") - Il est le plus sot que j'aie vu. (De plus sots n'existent pas ; et pourtant j'ai vu nombre de sots) Références bibliographiques : Chevalier, Grammaire du français contemporain, Larousse, 1966, n° 262-274 ; Courault, Manuel pratique de l'art d'écrire, Hachette, 1956, tome I, p. 106, tome II, p. 185, 190, 203. Le Robert et Nathan, Grammaire, 1995. M. Théry, Lycée St-Rémi, Roubaix