N° 558 Janvier 2016 REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81 Abonnement : Le numéro ...................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) ............................... 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 Christine Jorez, 01 40 43 61 27 Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : janvier 2016 Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit. SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » .............................................. 3 SYSTÈME DE SOINS La Sécurité sociale et la branche maladie en questions (Léa Vandeputte) Brèves ............ 5 .......................................................................................................................................................................................... 9 MÉDECINE Acné : les nouvelles recommandations de la HAS (Catherine Chausseray) ...... 11 Parkinson : mieux vivre avec la maladie grâce aux thérapies complémentaires (Isabelle Coston) ............................................................................................................................................................ 14 PRÉVENTION Cancer : les gestes indispensables (Isabelle Coston) .............................................................. 17 ........................................................................ 20 ....................................................................................................................................................................................... 22 FORME Bien dormir pour être en forme (Léa Vandeputte) SANTÉ Brèves VIE PRATIQUE / DROITS Vrai-Faux : connaissez-vous les droits et les devoirs du piéton ? (Benoît Saint-Sever) ................................................................................................................................................... 25 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale. Janvier 2016 – N° 558 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “FranceMutualité” ». Titre Rubrique Numéro 557 – Décembre 2015 Complémentaire santé des retraités : Système de soins le gouvernement fait un pas vers les mutuelles Brèves et filets (5) Système de soins « Mon traitement me fait grossir », comment réagir ? Médecine Le don du sang en questions Médecine Cannabis : une drogue pas si douce Prévention 50 ans : le bon âge pour faire un bilan de santé Prévention Brèves et filets (5) Santé Produits ménagers faits maison : on s’y met ! Vie pratique / Environnement Numéro 556 – Novembre 2015 Des entretiens pharmaceutiques pour les patients Système de soins sous anticoagulant Vrai-faux : tout savoir sur le don de gamètes Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Syndrome du choc toxique : Médecine les tampons hygiéniques sont-ils dangereux ? Des mains propres pour un hiver en bonne santé Prévention Iatrogénie : quand les médicaments font plus de mal Prévention que de bien Brèves et filets (5) Santé Poursuivre sa scolarité à l’hôpital Vie pratique / Education Numéro 555 – Octobre 2015 Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous Système de soins L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA Système de soins Brèves et filets (6) Système de soins Electrosensibilité : en voie de reconnaissance Médecine Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes Médecine Le vaccin contre la grippe en dix questions Prévention Brèves et filets (5) Santé Quand le chien de la famille devient dangereux Vie pratique pour les enfants Nombre de signes 4 241 5 755 5 696 8 320 6 893 6 728 5 029 5 388 6 740 5 322 5 061 4 829 5 272 5 874 5 270 6 801 4 160 6 566 5 769 9 038 5 213 6 307 5 050 6 403 Janvier 2016 – N° 558 – 3 Titre Rubrique Numéro 554 – Septembre 2015 Tiers payant généralisé : une mesure controversée Système de soins Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ? Système de soins Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Quand la presbytie s’installe Médecine Apprentissage précoce de la musique : Education un atout pour la scolarité Brèves et filets (5) Santé Numéro 553 – Juin 2015 Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/ et de mon chien en sept questions Famille Dossier pharmaceutique : quels avantages ? Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Les maladies thyroïdiennes en huit questions Médecine La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir Médecine Dengue et chikungunya : le risque s’installe en France Prévention Brèves et filets (5) Santé Le téléphone portable au collège, pour ou contre ? Vie pratique / Famille Accident du travail : comment est-on indemnisé ? Vie pratique / Emploi Numéro 552 – Mai 2015 Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? Système de soins Solidaire et responsable, votre contrat santé Système de soins Nombre de signes 7 364 4 380 5 551 5 826 6 259 5 870 4 851 4 104 4 137 4 600 5 234 6 433 7 278 4 706 4 113 6 121 4 553 5 052 Brèves et filets (5) L’incontinence par urgenturie : ça se soigne Bronzage artificiel : halte à l’intox ! Eviter les petits maux en avion Brèves et filets (5) Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte Numéro 551 – Avril 2015 Quand le patient refuse les soins Système de soins Médecine Prévention Prévention Santé Environnement 5 129 6 540 6 235 5 040 4 287 5 993 Système de soins 6 449 Brèves et filets (5) Système de soins 4 821 Janvier 2016 – N° 558 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 6 222 signes Encadré 1 : 1 141 signes Encadré 2 : 1 625 signes La Sécurité sociale et la branche maladie en questions 5 visuels : 01_SystemeSecu La Sécurité sociale, qui a fêté ses 70 ans en 2015, est à la fois bien connue et mal comprise par les Français. Entre les branches, les caisses et les services ou encore les acronymes, sans oublier le « trou de la Sécu », il est parfois difficile de s’y retrouver dans le fonctionnement de cette institution. La Sécurité sociale, qu’est-ce que c’est ? Créée en 1945, la Sécurité sociale regroupe un ensemble de prestations et d’institutions de protection sociale. Elle repose sur le principe de solidarité : chacun contribue en fonction de ses ressources et reçoit en fonction de ses besoins. L’affiliation et l’assujettissement à la Sécu sont obligatoires ; les cotisations, prélevées sur les revenus, sont calculées en fonction des moyens des assurés, et chacun peut bénéficier de prestations sociales (remboursement des frais de santé, allocations familiales, paiement des retraites…). La Sécurité sociale couvre quatre « risques » principaux : la maladie, la vieillesse, la famille et les accidents du travail. En France, les dépenses de protection sociale représentaient 33 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012*. A titre de comparaison, cette même année, les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) y consacraient en moyenne 20 % de leur PIB. Comment la Sécurité sociale est-elle organisée ? La Sécurité sociale est composée de cinq branches, gérées par différents régimes. • La branche maladie est gérée par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), le Régime social des indépendants (RSI), la Mutualité sociale agricole (MSA) et les régimes spéciaux. • La branche accidents du travail-maladies professionnelles est principalement gérée par la Cnamts (pour l’ensemble des salariés du secteur privé), ainsi que par la MSA. Janvier 2016 – N° 558 – 5 • La branche famille est principalement gérée par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf ; régime général) et la MSA (pour le régime agricole). • La branche retraite est principalement gérée par la Caisse nationale assurance vieillesse (Cnav), le RSI, la MSA et les différents régimes spéciaux. • La branche cotisations et recouvrement est gérée par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) et les régimes spéciaux. La Cnamts gère la branche maladie du régime général de la Sécurité sociale, qui couvre les travailleurs et les inactifs. Elle assure 91 % de la population, finance 86 % de l’ensemble des dépenses d’assurance maladie et pilote le réseau des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). Qui sont les acteurs de l’Assurance maladie ? L’Assurance maladie fait intervenir des organismes paritaires composés pour moitié des représentants des employeurs et des salariés. Elle est soumise à une double tutelle : celle du ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes et celle du ministère de l'Economie et des Finances. Comment est-elle financée ? La Sécurité sociale est financée par diverses taxes, dont les cotisations sociales et la contribution sociale généralisée (CSG). Les cotisations sociales sont pour une part à la charge des salariés et pour une autre à celle des employeurs. Visibles sur les bulletins de salaire, elles sont prélevées en fonction du revenu de l’assuré. La CSG, elle, est prélevée sur l’ensemble des revenus, et pas uniquement sur ceux du travail. En 2013, les cotisations sociales et la CSG représentaient respectivement 58,2 % et 20,1 % des recettes du régime général de Sécurité sociale**. Comment maîtriser les dépenses ? A quoi sert l’Ondam ? Le déficit du régime général de l’Assurance maladie devrait atteindre 7,4 milliards d’euros à la fin 2015. L’Assurance maladie doit donc maîtriser ses dépenses afin de faire perdurer son fonctionnement. Chaque année, l’objectif national de dépenses de l’Assurance maladie (Ondam) est fixé lors du vote par le Parlement de la loi de financement de la Sécurité sociale. Cet indicateur a pour but de rendre possible une maîtrise médicalisée des dépenses de santé tout en offrant un service de qualité au meilleur coût. Pour cela, des mesures qui agissent sur l’offre et la demande de soins permettent de faire évoluer les comportements des prescripteurs et des consommateurs de soins tout en limitant les dépenses. Janvier 2016 – N° 558 – 6 Qu’est-ce que l’assurance maladie universelle ? L’universalité est l’un des principes fondateurs de la Sécurité sociale, à l’origine de la création de la couverture maladie universelle (CMU) en 1999. La CMU de base permettait à toute personne résidant en France, de façon stable et régulière et ne pouvant relever à aucun autre titre d’une couverture maladie obligatoire, de bénéficier de remboursements de soins. Gratuite si le revenu fiscal était inférieur à un certain plafond, elle bénéficiait à 2,2 millions de personnes en décembre 2013. Depuis le 1 er janvier 2016, la CMU de base est remplacée par la protection universelle maladie (Puma). Avec cette réforme, toute personne qui travaille ou réside en France de manière stable et régulière a droit à la prise en charge de ses frais de santé. La CMU complémentaire (CMUC), elle, favorise l’accès aux soins pour les personnes qui n’ont pas les moyens de payer une complémentaire santé. Elle comptait 5,1 millions de bénéficiaires en juin 2014. Enfin, pour limiter les effets de seuil et compléter ces deux dispositifs, l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) a été mise en place. L’Assurance maladie délivre une attestation-chèque permettant d’obtenir une réduction sur le montant annuel de la cotisation à une complémentaire santé, à condition de choisir un organisme complémentaire qui propose l’un des contrats sélectionnés au titre de l’ACS. Cette aide concernait 1,2 million de personnes en juin 2014. Léa Vandeputte * « Panorama de la santé 2015 : les indicateurs de l’OCDE », Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Paris, 2015. ** « Les chiffres clés de la Sécurité sociale », Direction de la Sécurité sociale, éditions 2013 et 2014. Sources : le blog de la Sécurité sociale, Communication-securite-sociale.fr ; le site de l’Assurance maladie, Ameli.fr ; le portail du service public de la Sécurité sociale, Securite-sociale.fr. Encadré 1 La délégation de gestion aux mutuelles L’Assurance maladie délègue une partie de la gestion du régime obligatoire à des mutuelles. C’est le cas, notamment, pour les fonctionnaires et les étudiants. En contrepartie des dépenses engagées, elle reverse aux mutuelles des « remises de gestion ». Or, ces dernières années, ce système a été à plusieurs reprises remis en cause, et à ces critiques s’ajoutent les difficultés rencontrées par certaines mutuelles. En 2015, La Mutuelle des étudiants (LMDE) était ainsi au bord de la faillite. Partant de ce constat, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2016, datée du 21 décembre 2015, réaffirme le principe de l’habilitation de gestion. Elle comporte en effet un article qui précise qu’aucune nouvelle délégation de gestion ne pourra avoir lieu et Janvier 2016 – N° 558 – 7 qu’un « décret en Conseil d'Etat détermine les modalités d'organisation, de mise en œuvre et de financement de ces opérations de gestion », ainsi que « les conditions dans lesquelles il peut être mis fin à ces opérations de gestion en cas de défaillance rendant impossible la gestion des régimes obligatoires dans des conditions normales ». Encadré 2 Quel est l’impact de l’Assurance maladie sur la santé des Français ? Deux aspects soulignent l’impact positif de l’Assurance maladie sur la santé des Français. Tout d’abord, un accès facilité aux soins entraîne un meilleur état de santé, notamment chez les plus démunis (réduction des maladies infantiles, meilleure prise en charge des pathologies chroniques). Ensuite, les dépenses de soins évitées chez les populations les plus pauvres ont un effet bénéfique sur les autres postes de dépenses des ménages (alimentation, logement), et cela participe au maintien du bon état de santé de la population. De plus, les données de santé sont favorables au système de soins français. L’espérance de vie à la naissance est l’une des meilleures des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle était de 82,3 ans en 2015 pour les Français, contre 80,5 ans en moyenne dans l’OCDE. De même, l’espérance de vie au-delà de 65 ans était en 2012 de 23,4 ans pour les femmes et de 19,1 ans pour les hommes, contre respectivement 20,9 et 17,7 ans en moyenne dans l’OCDE. Enfin, la France détient le taux de mortalité le plus faible d’Europe pour les maladies cardiovasculaires. L’accès facilité aux professionnels de santé, aux techniques modernes et aux médicaments permet de prolonger la vie des personnes, qu’elles soient en bonne santé ou malades chroniques. Pourtant, et bien que le système de soins français soit performant sur le plan curatif, des efforts restent à faire en termes de prévention afin de réduire les facteurs de risque tels que le tabagisme, la consommation d’alcool ou le surpoids. Janvier 2016 – N° 558 – 8 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 805 signes 021_Sovaldi Hépatite C : seul un patient sur dix a accès au traitement en France L’hépatite C, qui touche 150 000 personnes en France, pourrait être totalement éradiquée d’ici une dizaine d’années si le prix des nouveaux traitements n’était pas si exorbitant. Ces médicaments, comme le Sovaldi, un antiviral du laboratoire américain Gilead, sont nettement plus performants que les traitements conventionnels (interféron et ribavirine), sans en présenter les effets secondaires. Ils permettent aujourd’hui de guérir plus de 95 % des cas d’hépatite C. Malheureusement, ils sont très chers : une cure de douze semaines coûte de 40 000 à 60 000 euros. C’est la raison pour laquelle ils ne sont remboursés, en France, que pour les cas les plus avancés. Par conséquent, seule une minorité des malades (un sur dix) y a accès. Calibrage : 1 236 signes 022_PatientMedecin Les médecins ne prescrivent pas assez de génériques Près de trois quarts des médicaments sont encore prescrits sous leur nom de marque : c’est ce que révèle une enquête de l’association UFC-Que Choisir. Sur un échantillon de 815 ordonnances, seuls 13 % des médicaments étaient inscrits en dénomination commune internationale (DCI), c’est-à-dire sous le nom de la molécule, 14 % comportaient la DCI ainsi que le nom de marque et 73 % étaient prescrits avec le seul nom de marque. Pourtant, depuis un an, les médecins ont l’obligation de prescrire en DCI. L’association rappelle que la généralisation de cette obligation serait « un moyen efficace de lutter contre le surdosage ou les interactions médicamenteuses, en évitant le piège des noms de marque qui masquent les molécules présentes », et permettrait aux consommateurs « d’acheter à moindres frais la bonne molécule ». Au vu des résultats de son enquête, l’UFCQue Choisir a demandé au ministère de la Santé et à l’Assurance maladie « l’inscription de la prescription en DCI dans les critères de rémunération sur objectifs de santé publique des médecins », ainsi que « des contrôles pour identifier les médecins récalcitrants et leur rappeler instamment cette obligation légale ». 023_Honoraires Calibrage : 1 244 signes Généralistes : à quand la consultation à 30 euros ? La consultation chez le généraliste pourrait coûter 25 euros, au lieu de 23 actuellement ? C’est en tout cas ce que visent deux syndicats de médecins généralistes, qui prônent un passage en force afin de peser sur les prochaines négociations des tarifs de base avec l’Assurance maladie pour la période 2017-2021. MG France (Fédération française Janvier 2016 – N° 558 – 9 des médecins généralistes), premier syndicat de généralistes du pays, et l’Union nationale des omnipraticiens français (Unof-CSMF), dans un communiqué publié le 4 janvier, demandent aux médecins de secteur 1 d’augmenter unilatéralement le montant de leur consultation de 23 à 25 euros, car, disent-ils, « le médecin généraliste français, avec un revenu net de 26 euros de l’heure, a le revenu européen le plus bas des médecins généralistes ». L’Unof-CSMF souhaiterait même aller plus loin en passant la consultation à 30 euros. En plus de la « désobéissance tarifaire », les syndicats appellent aussi à la « désobéissance administrative » : ils incitent les médecins à ne pas appliquer le tiers payant, en refusant la carte Vitale de leurs patients et en leur délivrant des feuilles de soins, afin de compliquer le travail des CPAM, déjà débordées. 024_Vaccin Calibrage : 1 144 signes Vaccination : un plan d’action pour lever les doutes des Français Le gouvernement et les professionnels de santé s’inquiètent de la tendance des Français à remettre en cause le bien-fondé de la vaccination. L’érosion de la couverture vaccinale constatée au cours de ces dernières années a convaincu les pouvoirs publics de la nécessité de faire évoluer leur politique. Pour cerner les motifs de défiance de la population, une vaste concertation citoyenne va être lancée, qui débouchera sur des propositions d’ici à la fin de l’année. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a prévu des mesures phares autour desquelles s’articulera son plan d’action. Il s’agira notamment d’« assurer une meilleure information du grand public et des professionnels de santé », de créer un « comité des parties prenantes », constitué de professionnels de santé, d’associations d’usagers et d’institutionnels, et d’accélérer la mise en place d’un carnet de vaccination électronique avec un site Internet dédié. Il faudra ensuite trouver les bons arguments pour restaurer la confiance des Français, seule clé du succès de cette nouvelle politique de vaccination. 025_Palliatif Calibrage : 757 signes Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie créé La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé dans un communiqué la création du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie. Inscrit dans le Plan national 2015-2018 pour le développement des soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie, ce centre aura pour mission de contribuer à une meilleure connaissance du secteur. Il participera également à l’information des patients sur leurs droits et devra notamment mener une campagne nationale de communication. Constitué d'un conseil d'orientation stratégique comprenant un président et quatorze membres, il représentera les autorités sanitaires ainsi que plusieurs sociétés savantes impliquées dans les soins palliatifs. Janvier 2016 – N° 558 – 10 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 3 251 signes Encadré 1 : 1 329 signes Encadré 2 : 1 193 signes Acné : les nouvelles recommandations de la HAS 4 visuels : 03_Acne Huit ados sur dix sont importunés par des boutons disgracieux qui s’enflamment et peuvent laisser de vilaines cicatrices à vie. Ce que l’on sait moins, c’est que 12 % des femmes adultes sont également touchées. La Haute Autorité de santé (HAS) et la Société française de dermatologie (SFD) préconisent d’adapter le traitement anti-acnéique au cas par cas. L’acné n’est pas un mal anodin, elle peut gâcher le quotidien et altérer la qualité de vie : le risque de dépression, par exemple, est plus élevé chez les adolescents qui en sont atteints. Heureusement, quand le traitement est adéquat et qu’il est bien suivi, cette maladie de la peau se soigne plutôt bien. Certains médicaments, susceptibles d’entraîner des effets secondaires, nécessitent toutefois de prendre des précautions. A la suite d’études et de retours d’expériences cliniques, la Haute Autorité de santé (HAS) et la Société française de dermatologie (SFD) ont donc récemment mis à jour leurs recommandations de prise en charge des patients acnéiques. La pilule contraceptive en deuxième recours Il était courant d’administrer la pilule contraceptive Diane 35 pour lutter contre l’acné, même si la patiente n’avait pas besoin de prendre un contraceptif. En raison des risques avérés de thrombose veineuse, la HAS recommande de ne plus la prescrire qu’en deuxième recours. Désormais, pour une acné légère à moyenne, les médecins (généralistes, dermatologues, gynécologues) sont invités à privilégier dans un premier temps les traitements locaux, crèmes ou gels à base de peroxyde de benzoyle ou de vitamine A (acide rétinoïque), qui ont fait la preuve de leur efficacité. Un recours moins systématique aux antibiotiques Ce traitement externe peut éventuellement être associé à la prise d’antibiotiques par voie orale (doxycycline ou lymécycline), y compris en traitement d’attaque, mais, comme c’est le cas pour d’autres maladies, « il convient de limiter leur utilisation aux situations où ils sont nécessaires, en raison de l’augmentation des souches bactériennes Janvier 2016 – N° 558 – 11 résistantes », précise la Société française de dermatologie. La HAS alerte également sur ces risques d’antibiorésistance, alors que des traitements plus efficaces existent. De plus, les antibiotiques doivent être pris pendant plusieurs mois, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. De l’importance d’un traitement suivi jusqu’au bout La réussite du traitement dépend aussi, pour beaucoup, de l’attitude du patient. Ce dernier ne doit pas, en effet, l’abandonner en cours de route. Pour que l’acné puisse être résorbée de façon durable, il faut du temps. Partant du constat qu’« à ce jour moins d’un patient sur deux (de 32 à 50 %) suit correctement le traitement qui lui a été prescrit », la HAS insiste sur la nécessité, pour une guérison définitive, d’une bonne communication du médecin avec son patient et d’un suivi personnalisé. La Société française de dermatologie enfonce le clou en soulignant que, « si le traitement d’attaque a pour but d’obtenir une réduction importante ou une disparition des lésions et de prévenir la survenue de lésions cicatricielles, celui du traitement d’entretien est d’éviter les rechutes ». Catherine Chausseray Encadré 1 Le point sur l’isotrétinoïne L’isotrétinoïne (Roaccutane) est proposée en première intention dans les cas d’acné très sévère présentant un risque cicatriciel important et en seconde intention, après trois mois de traitement local et d’antibiothérapie sans amélioration, pour les acnés sévères susceptibles elles aussi de laisser des cicatrices. Ce médicament, administré par voie orale, constitue un remède efficace, mais demande un suivi médical très strict. Des examens préalables au traitement sont indispensables. Un test de grossesse est obligatoire, en raison du risque tératogène (risque de malformation du fœtus) présenté par cette molécule. Il doit être réalisé trois jours avant chaque consultation. Bien entendu, une contraception par voie orale (pilule contraceptive) doit automatiquement y être associée. Un dernier test de grossesse sera effectué cinq semaines après la fin du traitement. Par ailleurs, lorsque l’acné est soignée par isotrétinoïne, un bilan biologique (prise de sang) doit être pratiqué régulièrement : au début, un mois plus tard, puis tous les trois mois, tout au long du traitement. Certains dosages seront alors vérifiés (cholestérol, triglycérides et enzymes du foie dites transaminases). Un mauvais fonctionnement du foie (insuffisance hépatique) constitue une contre-indication au traitement. Janvier 2016 – N° 558 – 12 Encadré 2 Le laser : efficace sur l’acné et non invasif Bien qu’ils ne fassent pour l’instant l’objet d’aucune recommandation d’utilisation de la part des experts, les lasers à infrarouge donnent de bons résultats dans le traitement de l’acné. Leur action consiste à chauffer les glandes sébacées. Pour traiter l’inflammation, les dermatologues utilisent des leds rouges et des leds bleues. « Alors qu’un traitement tel que le Roaccutane demande à être pris sur une longue période, le laser agit immédiatement, explique Isabelle Catoni, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues vénéréologues (SNDV). Il présente aussi l’avantage de cibler la zone à traiter. Théoriquement, les femmes enceintes peuvent soigner leur acné sur le visage avec le laser, alors que c’est impossible avec le Roaccutane. Cela dit, les consignes médico-légales le déconseillent », tient-elle à préciser. Le laser est aussi utilisé avec succès pour faire disparaître les cicatrices dues à l’acné. Une séance de laser reste un acte médical. Il est important qu’elle soit pratiquée par un dermatologue spécialement formé, apte à poser un diagnostic et à utiliser les appareils en fonction de la peau du patient. Janvier 2016 – N° 558 – 13 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 6 239 signes Encadré 1 : 564 signes Encadré 2 : 736 signes Parkinson : mieux vivre avec la maladie grâce aux thérapies complémentaires 3 visuels : 04_Parkinson La maladie de Parkinson touche en France près de 192 500 personnes, dont le quotidien est gâché par des difficultés physiques qui s’accroissent avec le temps. L’orthophonie et la kinésithérapie offrent à ces patients un meilleur confort de vie. La maladie de Parkinson, appelée aussi maladie du mouvement, se caractérise par la destruction des neurones qui fabriquent et libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur indispensable au contrôle du corps, à la motricité et à la coordination des muscles. Cette pathologie, dont l’origine est encore mal connue, évolue lentement. Elle débute cinq à dix ans avant que les premiers signes apparaissent. Troubles de la parole, micrographie (écriture très petite), blocage dans les mouvements, rigidité et douleurs musculaires font partie des épreuves que traverse le patient. Tremblements au repos et perte de mobilité On associe souvent à tort les tremblements à la maladie de Parkinson, mais ils ne signifient pas forcément que l’on en est atteint : « Il n’est pas anormal de trembler lorsque l’on porte une tasse à sa bouche, par exemple, assure Philippe Gros, kinésithérapeute-ostéopathe à Paris. Le parkinsonien, lui, connaît des tremblements lorsqu’il est au repos – à distinguer des tremblements essentiels, qui touchent deux fois plus de personnes en France et ne correspondent pas à la maladie de Parkinson. » Parmi les principaux symptômes, les tremblements au repos, la perte de mobilité (akinésie) et la raideur musculaire (hypertonie) doivent amener à consulter. Une grande fatigue, des douleurs, voire une dépression peuvent également être des signes annonciateurs. Aucun parkinsonien n’est semblable à un autre : les symptômes et le degré d’évolution de la maladie varient selon les patients. Néanmoins, toutes les personnes atteintes perdent progressivement leur mobilité et leur voix. Les médicaments que l’on prescrit pour compenser le déficit en dopamine ne soignent pas la maladie, ils ne font qu’améliorer l’efficience des mouvements. A ce traitement sont associées des séances de kinésithérapie. Et lorsque des troubles à la déglutition surviennent, avec Janvier 2016 – N° 558 – 14 de fréquentes « fausses routes », le neurologue ou le médecin dirige le patient vers un orthophoniste. L’orthophoniste devrait intervenir en amont Pauline Lorrain-Debrin, orthophoniste à Metz, regrette que les personnes atteintes de parkinson lui soient adressées « seulement lorsqu’elles rencontrent des troubles de la déglutition. Il y a énormément de choses à travailler auparavant, souligne-t-elle, et notamment l’intensité de la voix, qui diminue. Souvent, ces personnes ne s’aperçoivent pas qu’elles parlent moins fort, elles disent que c’est leur conjoint qui est sourd. Sans même s’en rendre compte, elles finissent par s’isoler des conversations, n’osent même plus sortir pour aller acheter du pain, et leur vie sociale s’en trouve affectée ». L’association France Parkinson tente de sensibiliser médecins et patients à la nécessité de consulter au plus tôt un orthophoniste, car il est plus difficile pour le praticien de rattraper un retard de prise en charge. Certains proposent une méthode spécifique : la Lee Silvermann Voice Treatment (LSVT). « Elle permet de retarder le développement des difficultés, explique Pauline Lorrain-Debrin. Pendant un mois, à raison de quatre séances hebdomadaires, nous faisons travailler le patient jusqu’à ce qu’il retrouve une intensité de voix correcte. Comme l’unique consigne est de parler fort (on utilise un sonomètre), il se concentre là-dessus, ce qui le fait respirer correctement sans même avoir à y penser. » Le chant est également un bon exercice, car il mobilise toutes les fonctions. Les problèmes de déglutition, qui surviennent chez un tiers des patients à mesure que la maladie progresse, peuvent être dus, eux aussi, au ralentissement général des mouvements. La faiblesse et la mauvaise coordination musculaires rendent ardues la mastication et l’ingestion des aliments. Il arrive que la langue, les muscles des joues et de la gorge, les anneaux du larynx bougent moins vite. La nourriture a alors du mal à descendre. Le manque de salive, causé par la prise de médicaments, peut contribuer à ces difficultés d’ingestion. Les aliments partent vers les poumons et sont parfois à l’origine d’infections, de pneumopathies... La séance d’orthophonie améliore significativement ces troubles. « C’est aussi l’occasion d’expliquer la maladie, de proposer des adaptations, aussi bien pour la texture des aliments à privilégier que pour les postures à adopter », ajoute Pauline Lorrain-Debrin. La kinésithérapie pour préserver au maximum les capacités motrices La plupart des parkinsoniens ont du mal à initier les mouvements, en particulier ceux qui demandent une certaine précision ainsi que les gestes semi-automatiques comme la marche ou l’écriture : c’est ce que l’on appelle l’akinésie. Le travail du kiné consiste à faire effectuer Janvier 2016 – N° 558 – 15 des étirements et des exercices musculaires de coordination. En luttant contre la rigidité musculaire, la kinésithérapie permet de soulager les douleurs, car cette raideur rend les patients hyperalgiques. Philippe Gros, kinésithérapeute-ostéopathe, insiste sur la nécessité absolue pour les malades de rester actifs afin « d’éviter une dégradation de la qualité de vie, car c’est une maladie évolutive. Il faut garder la plus grande autonomie pour toute activité de la vie journalière, en priorité une autonomie à la marche, poursuit-il. La non-utilisation d’une fonction physiologique est plus grave que son vieillissement. La kiné préservera les capacités du patient et constituera un frein à l’altération de l’état général ». Diminuer le stress Le stress, un facteur aggravant, amplifie les symptômes (tremblements, raideur des muscles…). Bien qu’elles n’aient pas d’effet sur l’évolution de la maladie, des séances de méditation, de yoga ou de balnéothérapie peuvent apporter une relative détente au patient et le soulager au moins momentanément. Tout ce qui fait du bien au moral est bon pour le parkinsonien. Lorsque la détresse psychologique vient s’ajouter aux souffrances physiques, une psychothérapie est souvent recommandée. Isabelle Coston Encadré 1 L’ergothérapie pour adapter le cadre de vie C’est le médecin qui oriente son patient vers un ergothérapeute. En apportant des solutions pratiques, l’ergothérapie permet de surmonter les handicaps et d’améliorer la mobilité et l’autonomie. Le spécialiste s’attache à aider le malade dans la réalisation de ses tâches quotidiennes. Il lui propose par exemple des réaménagements du logement afin de faciliter les déplacements, la toilette ou la prise des repas, des aides techniques pour mieux communiquer, tout en tenant compte de ses habitudes et de son environnement. Encadré 2 Une découverte importante sur les origines de parkinson Une équipe de chercheurs franco-belge, dont les travaux ont été publiés dans la revue Nature en juin 2015, a isolé les causes de plusieurs pathologies neurodégénératives parmi lesquelles la maladie de Parkinson. Une protéine se trouvant dans les cellules nerveuses, l’alpha-synucléine, qui joue un rôle essentiel dans la bonne communication entre les neurones, serait à l’origine de parkinson. Cette découverte apporte beaucoup d’espoir, car elle pourrait permettre de détecter la maladie avant que les premiers symptômes n’apparaissent et d’en bloquer la progression. Mais il faudra certainement attendre encore quelques années pour qu’un traitement puisse être élaboré. Janvier 2016 – N° 558 – 16 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 6 197 signes Cancer : les gestes indispensables Certains cancers, s’ils sont repérés à un stade précoce de leur développement, se traitent très bien. Ne soyez pas négligent et mettez toutes les chances de votre côté : prendre soin de sa santé passe par des gestes simples et par des dépistages réguliers. 4 visuels : 05_Cancer L’examen de la peau Lorsqu’il est détecté à ses débuts, le mélanome, le cancer de la peau le plus grave, se soigne. S’il n’est pas décelé à temps, en revanche, il peut se développer très vite, en quelques mois. Voilà pourquoi, d’une part, l’auto-surveillance est un bon réflexe à prendre et, d’autre part, il faut au moindre doute demander l’avis de son médecin traitant ou d’un dermatologue. Les personnes à la peau claire, aux cheveux blonds ou roux et qui bronzent difficilement, celles qui comptent beaucoup de taches de rousseur, qui ont de nombreux grains de beauté (plus de quarante), irréguliers ou d’un diamètre supérieur à 5 millimètres, celles qui ont subi une forte exposition solaire ou encore celles qui ont des antécédents familiaux de mélanome doivent être particulièrement vigilantes et surveiller l’aspect de leur peau. Comment s’y prendre ? « Pour faire la différence entre un grain de beauté bénin et un mélanome, il faut s’examiner régulièrement, afin de pouvoir repérer tout changement suspect, recommande Frédéric De Bels, responsable du département dépistage de l’Institut national du cancer (Inca), qui conseille aussi aux personnes à risque de consulter tous les ans un dermatologue, car, dit-il, « le nombre de cancers de la peau a triplé au cours des vingt dernières années, à cause des expositions au soleil sans protection suffisante ou en cabine UV ». Lorsque l’on examine sa peau, le spécialiste préconise de « se méfier de tout ce qui n’est pas habituel : apparence, forme, couleur ». Tous les grains de beauté d’une même personne doivent en effet avoir la même apparence. Il propose de se référer à la règle ABCDE développée par l’Institut national du cancer sur son site (E-cancer.fr) : • A comme asymétrie (le grain de beauté n’est ni rond ni ovale) ; • B comme bords irréguliers (ses contours ne sont pas nets) ; • C comme couleur non homogène (il présente plusieurs couleurs) ; • D comme diamètre (son diamètre augmente) ; Janvier 2016 – N° 558 – 17 • E comme évolution (on assiste à un rapide changement de taille, de forme, de couleur ou d’épaisseur). « C’est une surveillance simple, qui doit faire partie des réflexes à prendre, insiste Frédéric De Bels. Et pour les zones difficiles d’accès, comme la chevelure ou le dos, mieux vaut demander de l’aide à son entourage. » L’autopalpation des seins Dès l’âge de 25 ans, on peut pratiquer l’autopalpation des seins afin de repérer une grosseur qui serait nouvellement apparue. « Dès lors que l’on remarque des choses inhabituelles, persistantes, ou un écoulement du sein, par exemple, on doit consulter », affirme Frédéric De Bels, avant de rappeler qu’« une fois par an le médecin traitant ou le gynécologue doit procéder à une palpation des seins ». Dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, une mammographie est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie tous les deux ans pour les femmes entre 50 et 74 ans. Mais attention, « le bénéfice du dépistage est dans la reproduction du geste. Il ne suffit pas, en effet, de faire une mammo une fois, puis d’abandonner. Pour être efficace, le suivi doit être systématique et répété, dans le respect des recommandations », avertit le spécialiste. Un dépistage peut être préconisé plus précocement et pris en charge à 100 % pour les femmes à risque élevé (antécédents personnels). Quant à celles dont le risque est très élevé – à l’instar de l’actrice Angelina Jolie, qui présentait des prédispositions génétiques à l’apparition de cancers –, elles subiront en outre des examens de dépistage des cancers des ovaires et de l’utérus. Concernant le cancer de l’utérus, Frédéric De Bels rappelle aux femmes de 25 à 65 ans que « le frottis de dépistage est nécessaire tous les trois ans ». Les médecins remarquent souvent une baisse de la vigilance et de la participation à cet examen à partir de 45 ans. Le dépistage du cancer colorectal Comme pour les cancers du sein ou de l’utérus, qui, lorsqu’ils sont traités à leurs débuts, se soignent bien, le dépistage précoce du cancer colorectal permet d’en guérir neuf fois sur dix, grâce à la mise en place d’un traitement qui laissera moins de séquelles. « Le nouveau test de dépistage est plus simple, avec un seul prélèvement, et plus performant », précise Frédéric De Bels. En cas de résultats positifs, des examens complémentaires pourront être menés, comme une coloscopie, puis une biopsie, afin de déterminer s’il y a cancer ou non. Le test immunologique, à réaliser chez soi, est remis par le médecin traitant. Il est conseillé aux hommes comme aux femmes, entre 50 et 74 ans, de le pratiquer tous les deux ans. Responsable de 17 700 décès par an, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, derrière celui du poumon. Janvier 2016 – N° 558 – 18 C’est aussi le troisième le plus fréquent, derrière celui de la prostate et du sein. Et pour la prostate ? L’Institut national du cancer ne recommande pas le dépistage systématique du cancer de la prostate. Selon Frédéric De Bels, « il faut que les personnes soient informées des bénéfices et des risques de ce que l’on prescrit. Une discussion doit avoir lieu entre le médecin et le patient ». En ce qui concerne le cancer des testicules, il n’y a pas de recommandations particulières : il faut juste se surveiller. L’autopalpation des testicules tous les trois ou quatre mois permet d’alerter en cas d’apparition d’une grosseur ou d’un changement inhabituel dans la consistance des tissus. Dépister le cancer du poumon ? On parle de dépistage lorsqu’il n’y a aucun symptôme. « Des examens par scanner spiralé sont en cours d’étude, en ciblant les anciens gros fumeurs. La Haute Autorité de santé doit rendre un avis sur l’intérêt ou non d’un programme de dépistage, sur sa capacité à guérir et à améliorer la survie, annonce Frédéric De Bels. Le cancer du poumon est fréquent et tue beaucoup. Il y a une vraie priorité dans la mise en place d’un programme de dépistage », conclut-il. Isabelle Coston Janvier 2016 – N° 558 – 19 FORME Calibrage Texte principal : 3 306 signes Encadré 1 : 1 523 signes Bien dormir pour être en forme Nous passons en moyenne un tiers de notre vie à dormir et cette activité est essentielle pour avoir de l’énergie, conserver sa vigilance et surtout rester en bonne santé. Pourtant, 45 % des Français âgés de 25 à 45 ans considèrent qu’ils dorment moins que ce dont ils ont besoin. 4 visuels : 07_Sommeil Les obligations familiales ou professionnelles, mais aussi les mauvaises habitudes, comme le fait d’avoir une alimentation déséquilibrée, ont une influence sur le sommeil. Sa qualité et sa durée peuvent en pâtir. Mais pour passer une bonne nuit dans les bras de Morphée, encore faut-il comprendre le fonctionnement de son corps et les mécanismes du sommeil. Pourquoi a-t-on besoin de dormir ? Tout comme la respiration ou la digestion, le sommeil fait partie des fonctions vitales pour l’organisme. C’est un moment de récupération pour le corps et le cerveau. « Il permet une réparation tant au niveau cellulaire qu’au niveau physiologique », précise le docteur Joëlle Adrien, présidente de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Il joue également un rôle dans le maintien des fonctions d’apprentissage, de mémorisation et d’adaptation. « Pourtant, en France, 30 % de la population ne dort pas assez pendant la semaine, observe le docteur Adrien. Or cette dette de sommeil a un impact sur la santé : elle favorise l’obésité, le diabète, l’hypertension et les troubles anxieux. » Comment le sommeil est-il structuré ? Il existe deux types de sommeil : le sommeil lent, avec une activité cérébrale ralentie, et le sommeil paradoxal, avec une activité cérébrale intense. Le passage de l’un à l’autre constitue un cycle de sommeil qui dure en moyenne quatre-vingt-dix minutes. Au cours de la nuit, quatre à cinq cycles se succèdent. « En première partie de nuit, le sommeil lent est plus profond qu’en deuxième partie, explique Joëlle Adrien. C’est pour cette raison que les trois ou quatre premières heures de sommeil sont les plus récupératrices. » Quelle est la bonne durée d’une nuit de sommeil ? Les besoins de sommeil diffèrent d’une personne à une autre. En moyenne, un adulte dort entre sept et huit heures par nuit. « La durée Janvier 2016 – N° 558 – 20 idéale d’une nuit est celle qui permet de se sentir en forme et de fonctionner normalement au cours de la journée, indique le docteur Adrien. Il est donc important de bien se connaître pour pouvoir respecter ce besoin ainsi que les horaires propices au sommeil. En résumé, il faut savoir coopérer avec son horloge biologique. La période des vacances permet d’apprécier ses besoins. Après une journée d’activité normale, il faut aller se coucher dès que l’on a sommeil, puis noter l’heure de son réveil spontané et renouveler l’expérience. » Comment le sommeil évolue-t-il avec l’âge ? La durée et la qualité du sommeil évoluent tout au long de la vie. Un nouveau-né dort environ seize heures sur vingt-quatre, un enfant de 10 ans, entre dix et onze heures. Enfin, à l’âge adulte, la durée du sommeil se stabilise entre sept et huit heures. La profondeur du sommeil diminue aussi au fil des ans. « Un enfant a un sommeil lent profond plus important en raison de la croissance et du besoin de renouvellement des cellules, souligne Joëlle Adrien. A l’inverse, après 50 ans, le sommeil est plus léger et les réveils au cours de la nuit sont plus fréquents. » Léa Vandeputte Encadré Les bienfaits de la sieste Avoir un « coup de mou » ou « piquer du nez » en début d’après-midi est tout à fait normal, « c’est physiologique », assure le docteur Joëlle Adrien, présidente de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). C’est donc le moment idéal pour faire une sieste, mais attention, pas n’importe comment. « Elle doit être courte, entre dix et quinze minutes, pour ne pas entrer dans une phase de sommeil profond et avoir du mal à s’éveiller, prévient le médecin. Il faut s’installer confortablement. On peut s’allonger sur son lit, mais il vaut mieux éviter que les conditions, lumineuses notamment, soient les mêmes que lors du sommeil nocturne. Ceux qui n’arrivent pas à se réveiller doivent programmer leur réveil pour qu’il sonne au bout de quinze minutes. En revanche, les personnes qui ont une dette de sommeil importante ou qui travaillent en horaires décalés peuvent faire des siestes plus longues. » Une fois toutes ces conditions réunies, il ne reste plus qu’à se détendre et à profiter des bienfaits de la sieste : elle réduit les effets négatifs du manque de sommeil et permet d’être plus vigilant. « Nous militons pour que la sieste soit possible dans le milieu du travail, ajoute Joëlle Adrien. En effet, le manque de sommeil a une incidence non seulement sur la santé, mais aussi sur l’absentéisme, la consommation de produits de santé ou encore sur les accidents domestiques et les accidents du travail. La sieste permet de limiter ces impacts négatifs. » Janvier 2016 – N° 558 – 21 SANTÉ (brèves) Calibrage : 1 183 signes 061_Poitrine 062_RechercheInternet Ablation et reconstruction du sein : une opération par robot moins mutilante A l’Institut Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif, viennent d’être réalisées pour la première fois dans le monde deux mastectomies avec reconstruction mammaire simultanée sous « robot-assistance ». Ces interventions n’ont laissé aucune cicatrice sur le sein, car les incisions ont été pratiquées sous l’aisselle. « L’objectif est de proposer, dans le cadre réglementé et sécuritaire d’un essai clinique, une alternative chirurgicale, plus esthétique et moins traumatisante psychologiquement, aux femmes qui doivent subir une ablation du sein suivie d’une reconstruction immédiate », précise le docteur Benjamin Sarfati, chirurgien plasticien oncologue à l’IGR, à l’origine de ces prouesses. Outre les bénéfices esthétique et psychologique, ce type d’intervention chirurgicale « robot-assistée », qui en est encore au stade expérimental, permettrait également de diminuer le risque de complications post-opératoires (infections, nécrose cutanée…). Une étude clinique de faisabilité a été lancée pour évaluer l’ensemble des avantages apportés. L’Institut prévoit d’opérer trente-trois patientes supplémentaires selon cette méthode. Calibrage : 1 016 signes Pages jaunes : les médecines alternatives de plus en plus recherchées Le baromètre santé 2015 des Pages jaunes fait transparaître l’intérêt des Français pour les médecines douces. Le site a en effet enregistré une hausse de 61 % en 2014, par rapport à 2013, des recherches de spécialistes de la médecine dite alternative. Les recherches pour les sophrologues, les magnétiseurs et les hypnothérapeutes ont même augmenté de 105 % entre 2011 et 2014. Pages jaunes dévoile également le palmarès des professionnels de santé les plus recherchés, avec en première place les médecins généralistes (34,1 millions de recherches), suivis des chirurgiens-dentistes, des kinésithérapeutes, des ophtalmologistes et des radiologues. Toutes spécialités confondues, le nombre de recherches de professionnels de santé en 2014 est en augmentation de 17,8 % par rapport à 2013 et représente 17,4 % du volume global des recherches effectuées sur le site Pagesjaunes.fr, avec 245 millions de recherches, dont 30 % sont effectuées depuis un mobile. Janvier 2016 – N° 558 – 22 Calibrage : 930 signes 063_PommesDeTerre Diabète gestationnel : les pommes de terre sous surveillance Les femmes qui consomment beaucoup de pommes de terre auraient plus de risques de développer un diabète gestationnel, selon une étude publiée dans le British Medical Journal. Les chercheurs ont étudié des données collectées entre 1991 et 2001 auprès de 15 632 femmes non diabétiques dans le cadre de l’étude « Nurses’ Health Study II », et ils ont observé que les grandes consommatrices de pommes de terre étaient surreprésentées parmi celles qui avaient déclaré un diabète gestationnel. Ce type de diabète est une complication fréquente de la grossesse, susceptible d'avoir des effets délétères tant sur la mère que sur l'enfant. Mais les futures mamans ne doivent pas pour autant s’alarmer ni bannir les pommes de terre de leur alimentation, puisque, de l’avis même des auteurs de l’étude, ces observations doivent être complétées par des recherches plus approfondies. Calibrage : 1 174 signes 064_ArretCardiaque Les problèmes cardiovasculaires en hausse pendant les attentats de janvier Les attentats ont provoqué une hausse de près de 75 % des hospitalisations dues à des problèmes cardiaques les 7, 8 et 9 janvier 2015, selon une étude de la clinique Pasteur de Toulouse. Les cardiologues ont étudié l’impact du stress émotionnel induit par les attentats sur les maladies cardiaques, à partir de données d’activité du centre de la douleur thoracique de l’établissement. Une augmentation significative des pathologies (infarctus du myocarde, arythmies cardiaques symptomatiques et insuffisances cardiaques) a été notée par les médecins au cours des trois jours d’attaques terroristes par rapport à l’ensemble du mois de janvier. « Le stress émotionnel provoqué par ces trois jours d'horreur, surmédiatisés minute par minute dans toute la France, a été un facteur de risque cardiovasculaire même à des centaines de kilomètres du lieu des attentats », explique la clinique Pasteur dans un communiqué, avant d’ajouter que, « si cette étude pilote demande confirmation à plus grande échelle, [...] elle souligne l’importance du stress comme facteur de risque de maladie cardiovasculaire ». Calibrage : 752 signes 065_Complement Alimentaire Compléments alimentaires : le chrome doit être consommé avec modération Le chrome présent dans certains coupe-faim pour maintenir le taux de glycémie et procurer une sensation de satiété serait dangereux pour la santé. Selon une récente étude australienne, publiée dans Angewandte Chemie, cet oligoélément pourrait avoir des effets cancérogènes : une Janvier 2016 – N° 558 – 23 partie du chrome III, contenu dans ces compléments alimentaires, se transformerait en chrome VI, une substance toxique susceptible à long terme de favoriser le cancer du poumon. Dans l’attente de recherches plus poussées, mieux vaut limiter sa consommation de gélules « minceur » et respecter la dose maximale de 25 microgrammes (µg) de chrome par jour recommandée dans le cadre d’une supplémentation. Janvier 2016 – N° 558 – 24 VIE PRATIQUE / DROITS Calibrage Texte principal : 3 179 signes Vrai-Faux : connaissez-vous les droits et les devoirs du piéton ? Le piéton est, lui aussi, soumis au Code de la route et, à ce titre, il doit respecter certaines obligations. Mais parfois, pressé ou tête en l’air, il prend des libertés... Pour rester dans les clous, mieux vaut connaître quelques règles. 3 visuels : 08_Pieton Quand je m’engage pour traverser la chaussée, les véhicules doivent me céder le passage Vrai. Lorsqu’un piéton s’engage ou manifeste de façon claire l’intention de s’engager dans la traversée d’une chaussée, les véhicules doivent lui céder le passage et, au besoin, s’arrêter. Il est donc bel et bien prioritaire. Cela ne doit toutefois pas l’empêcher de respecter certaines règles, par exemple utiliser le passage piéton s’il en existe un à proximité ou encore respecter le feu de signalisation. Je peux traverser hors passage piéton Vrai, mais… s’il existe un passage piéton à moins de 50 mètres, vous devez l’utiliser. Dans le cas contraire, il faut traverser en respectant un axe perpendiculaire à la chaussée. Enfin, le Code de la route indique que le piéton doit s’engager « en tenant compte de la visibilité ainsi que de la distance et de la vitesse des véhicules ». Dans une zone piétonne, je suis prioritaire sur tous les véhicules Vrai, sauf sur les tramways. Comme son nom l’indique, une zone piétonne est dédiée aux piétons. Ils sont donc prioritaires sur tous les véhicules, à l’exception des tramways. Dans ce type de zone, seuls les vélos et les véhicules nécessaires à la desserte locale peuvent circuler, à une allure très modérée. Quand il n’y a pas de véhicule à l’horizon, je peux traverser même si le signal piéton est rouge Faux. Comme tous les usagers de la route, les piétons doivent respecter le Code de la route. Il y est d’ailleurs clairement inscrit que, « lorsque la traversée d'une chaussée est réglée par ces feux, les piétons ne doivent s'engager qu'au feu vert ». Janvier 2016 – N° 558 – 25 En l’absence de trottoir, je peux marcher sur la chaussée Vrai. En l’absence de trottoir ou d’accotement, ou s’ils ne sont pas praticables, le piéton peut marcher sur la chaussée, près de l’un des bords. Attention cependant, hors agglomération, sur les routes de campagne, il faut marcher sur le bord gauche de la chaussée afin de voir arriver les voitures en face de soi et de ne pas être surpris par une voiture arrivant dans son dos. Il est interdit de marcher sur la chaussée d’une place ou d’une intersection Vrai. Le Code de la route est clair : « Il est interdit aux piétons de circuler sur la chaussée d'une place ou d'une intersection à moins qu'il n'existe un passage prévu à leur intention leur permettant la traversée directe. » Le piéton doit alors faire le tour de la place ou contourner l’intersection, quitte à devoir traverser plusieurs rues. Un piéton en infraction peut être verbalisé Vrai. « Le fait, pour tout piéton, de contrevenir aux dispositions de la présente section est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la première classe », indique le Code de la route. Si le piéton traverse hors des clous ou s’il ne respecte pas les feux de signalisation, il encourt une amende de 4 euros, voire de 7 euros pour l’amende forfaitaire majorée. Benoît Saint-Sever Janvier 2016 – N° 558 – 26