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Et pourquoi pas la croissance zéro
L’objectivité nous enjoint d’examiner d’abord le concept classique de croissance pour examiner ensuite,
crescendo ou decrescendo selon les opinions, la croissance zéro et la décroissance.
1) Définition : la croissance est une augmentation durable de la production totale ou de la production par
tête, abstraction faite de la hausse des prix. Elle est l’ensemble des phénomènes et des changements de
structure qui accompagnent l’augmentation quantitative.
Les économies de croissance apparaissent avec le progrès technique qui postule une autre relation de
l’homme avec la nature puisque la machine s’insère entre les deux.
Qu’il s’agisse d’économie capitaliste ou collectiviste la croissance implique une énorme accumulation
de capital fixe.
Il faut une différence entre prix de vente et prix de revient qui ira en partie à l’investissement, ce qui
entraine un coût humain important.
Mais produire plus signifie-t-il un plus grand épanouissement ? C’est une question que la plupart
des économistes esquivent.
2) Les facteurs de la croissance.
a) matériels : le travail et le capital. A niveau technique égal, c’est sur le travail qu’il faut agir :
taux de natalité
taux d’activité
durée du travail (hebdomadaire, annuelle, congés)
immigration (qui débouche sur les problèmes actuels !)
Ou agir par l’augmentation du capital par tête de travailleur, donc une augmentation de la
productivité qui suppose une formation adéquate et continue. Ce qui, avec le travail à la chaine,
a entrainé le problème des cadences infernales. Celles-ci ont provoqué des dégats mais ont
aussi permis une solidarité et un combat parfois victorieux pour le mouvement ouvrier.
Aujourd’hui, l’asservissement est individuel et continu avec le P.C. et le G.S.M. et il supprime
quasiment toute forme d’altérité.
b) immatériels : une mutation des mentalités qui a été très longue en Occident On a voulu
soumettre la nature plutôt que de s’y plier L’Angleterre fut pionnière parce que son
puritanisme religieux justifie le profit et la réussite matérielle comme un don de dieu D’où une
évolution sociale avec la disparition du corporatisme et de l’artisanat vers le capitalisme
industriel, ce qui provoque l’apparition d’une nouvelle classe sociale, le prolétariat Celui-ci va
payer la note :faut-il à ce propos rappeler la durée de la journée de travail, le travail des femmes
et des enfants et des salaires de misère pour tous ?
3) Croissance économique et expansion extérieure
L’expansion extérieure commence en Angleterre au 19e car le marché extérieur est petit, t Ainsi
l’Angleterre devient championne du libre échange. C’est également le début du colonialisme
qui brise l’industrialisation des pays colonisés, une grossière erreur puisque la Demande de
ces derniers est, aujourd’hui encore, faible, voir inexistante
S’instaure une division du travail entre pays industrialisés et pays fournisseurs de matières
premières remplacée à ce jour par des ensembles de pays industrialisés à l’abri de barrières
douanières qui produisent des matériaux synthétiques pour remplacer les matières premières
Donc, il faut vendre d’avantage de celles-ci , ce qui entraine un appauvrissement, des dettes, le
recours au FMI et une augmentation de richesse des occidentaux
Avant d’envisager les autres points, deux données : les USA qui représentent 4 à 5 % de la
population mondiale consomment 25 % de l’énergie de la planète !
Et un petit jeu pour une classe de primaire.
Soient trente élèves : 19 sont asiatiques, un seul représente l’Amérique du Nord.
Sur l’ensemble de la population, les actifs agricoles sont 45 % dans le monde ; 60 en Asie et
moins de 10 % en A. du N.
Sur les 19, 13 sont paysans en Asie, pour l’enfant américain, seuls 10 % de son corps le sont.
Les 19 d’Asie disposent de 15 assiettes, l’enfant d’A. du N. 6.
Les 19 enfants ont utilisé 9 chaises-tracteurs, l’A. du N. 6.
Les 19 ont 5 cuillères chacun, l’A. du N. 8 !
4) La croissance zéro : un concept, une idée qui a surgi à la suite du rapport du club de
Rome en 1970. Rapport financé par une série de multinationales et rédigé par une équipe du
Massassuchets Institute of Technology. C’est la première étude importante qui soulignait les
dangers écologiques de la croissance économique et de la coissance démographique
Il envisageait une fin possible de la croissance et suscita beaucoup de controverses. Plus connu
sous le nom de Rapport Meadows, un de ses auteurs et intitulé « Halte à la croissance ».
Quels arguments y sontdévelopés/
a) la croissance a ses limites.AU 17e. la population mondiale est de 500 millions et croît de 0,3
% par an, soit un doublement tous les 250 ans. Au début des années 1970, elle est de 3,6
milliards at double donc tous 32 ans. On peut s’attendre à une population d’environ 12 milliards
au milieu du 21e. Mais la croissance économique est encore plus rapide. D’environ 7 % dans les
années 60, ce qui correspond à un doublement tous les 10 ans. Mais c’est une croissance
inégalement répartie entre riches et pauvres.
Les ressources alimentaires ,
Ne sont pas non plus illimitées. Si l’on applique la loi des rendements décroissants la mise en
culture de nouvelles terres sera plus coûteuse et de moins en moins profitable.
Risques auxquels s’ajoute le problème de l’approvisionnement en eau potable.
Les ressources énergétiques, fossiles notamment comme le pétrole et le charbon, ne seraient pas
suffisantes pour assurer une croissance au-delà de la moitié du 21e.
Le monde économique est un ensemble dont les composants sont interdépendants. La
croissance économique est stimulée par la croissance démographique mais les deux provoquent
une pollution telle qu’elle entraine un recul de la population. Une consommation excessive des
ressources naturelles provoquera une crise économique durable ou un effondrement des
écosystèmes.
Il faut substituer l’équilibre à la croissance selon le rapport Meadows. Mettre fin à la croissance
le plus vite possible malgré les progrès techniques qui permettent de reculer les limites.
Contre Malthus il faut garantir la satisfaction des besoins humains principaux et sauver de la
faim et du dénuement une grande partie de la population mondiale.
Le rapport Meadows a été cri tiqué par plusieurs économistes. Selon eux, si on prend les trois
scénérios du rapport, « business as usual », « monde super technologique » et « monde
stabilisé » et qu’on les compare aux chiffres de la période 1970-2000, c’est le premier qui
paraissait une bonne hypothèse. Toujours selon eux, le système mondial suit une trajectoire qui
n’est pas durable à moins de réduire substantiellement notre consommation et réaliser degrands
progrès technologiques.
5)Effets des croissance économique et démographique sur l’environnement
a. historique : les sociétes traditionnelles issues du néolithique ont connu des
croissances lentes, parfois inexistantes. Elles usent de ressources renouvelables tandis
que les sociétés actuelles usent de ressources naturelles non renouvelables. La
révolution industrielle en Europe et dans ses colonies de peuplement (Etats-Unis, Canada,
Australie) a connu une croissance beaucoup plus rapide pendant deux siècles. Nous
manquons donc de recul pour envisager à coup sûr ses conséquences. D’autant plus que
d’autres pays accèdent à ce stade de développement
b. analyse : il faut distinguer les deux acceptions du terme. Soit, il s’agit d’un phénomène lié
à la
conjoncture, donc momentané, soit il s’agit du long terme et on parle alors de « trend ».
A long terme trois facteurs interviennent : le travail, le capital et le progrès technique.
La loi des rendements décroissants liée à la disponibilité limitée des ressources naturelles
sont une limite ultime au développement appelée la loi d’airain.
Il en résulte plusieurs visions.
Une vision catastrophiste comme celle de Marx qui voit le développement comme une
confrontation entre les forces productives et les institutions. Thèse, antithèse et dépassement
des contradictions.
Une vision optimiste, comme Hicks qui voit la croissance comme une échappatoire depuis les
secteurs devenus moins rentables comme le textile pour l’auto et de l’auto vers l’informatique
et les services.
c. croissance endogène : pour les néo-classiques, l’arrêt de la croissance est un accident
conjoncturel. A l’origine, la croissance a été obtenue par augmentations du capital. Mais si
une unité de capital supplémentaire aboutit à moins qu’une unité de production, la loi des
rendements décroissants, il y a stagnation.
Si la population et la main d’œuvre disponible augmentent ou si la productivité s’accroit, une
croissance positive à long terme est possible. Mais si le progrès technique cesse on va vers la
stagnation. A ce sujet rappelons Malthus et le niveau minimum de subsistance : lorsque
l’accroissement marginal de production est inférieur à l’accroissement marginal de
travail on arrive au minimum de subsistance et au fameux « struggle for life ».
Remarquons simplement qu’il avait oublié le progrès technique.
d.Croissance à long terme : elle tend vers zéro mais pour les néo-classiques le progrès
technique permet de se situer dans une zone de croissance proche de zéro sans jamais
l’atteindre.
e. croissance et ressources naturelles : une distinction essentielle est opérée par les
économistes entre ressources renouvelables comme la terre, l’eau – à la condition d’être bien
gérées- et les non renouvelables comme le pétrole et le charbon. Les premières fournissent des
services à répétition, les secondes non.
Il s’agit de définitions économiques qui sont différentes pour un géologue ou un biologiste ;
voir l’exemple du pétrole et l’évaluation des gisements exploitables ou à moins d’une
augmentation considérable des prix comme pour les schistes bitumeux des USA.
Le mot service est plus ambigu encore. Il mesure un flux en valeur, en richesse donc et la
difficulté vient de ce que ces richesses ont un prix. Identifier la valeur des ressources à celle
des services suppose que les prix sont corrects… ?
Une autre façon de contourner le problème est le recyclage où les chiffres sont positifs pour
certains métaux comme le cuivre et le zinc dont l’horizon de fin a reculé mais toujours
angoissants pour le pétrole et le charbon.
f. croissance et environnement : il faut épingler la surexploitation qui entraine des déchets
de façon cumulative et une pollution définitive.
Ici se situe une différence entre pays industrialisés qui ont les moyens de corriger cette
pollution et pays en voie de développement qui ne les possèdent pas. Or, la délocalisation des
industries vers ces pays à bas salaires ne fait que déplacer le problème en l’aggravant.
g. nécéssité de cette croissance : le sacro saint slogan de la croissance pour créer des emplois
résiste mal aux chiffres du chômage en progression constante depuis des décennies.
Les industries veulent sans cesse produire plus. La pollution en augmente d’autant. Inutile
d’épiloguer sur les échecs des conférences sur l’environnement et on ne compte plus les
espèces en voie de disparition tant dans le règne animal que végétal.
5) La décroissance : des idées défendues par les antiproductivistes, anticonsuméristes et écologistes
qu’on rassemble sous le vocable d’objecteurs de croissance. Leur démarche est celle de la simplicité
volontaire et de la relocalisation des activités économiques afin de réduire l’empreinte écologique et
les dépenses énergétiques.
a) Origine : le Club de Rome, Georges Roegen, Gandhi. Résurgence du vieux courant
anti-industriel du 19e.. Critiques de la société de consommation, anti-pub, mai 68 et
l’Internationale Situationniste.
Le Club de Rome n’est pas au sens étroit un des textes fondateurs. Il préconisait une
croissance zéro.
Nicolas Georgescu-Roegen est considéré comme l’inventeur du concept.
Au delà de la Physique nextonienne il prend en compte le second principe de la
thermo-dynamique, l’entropie dans son modèle économique. Les flux de production
engendrent une dégradation de la matière et de l’énergie de façon irréversible.
Ainsi les composants d’ordinateurs se trouvent dispersés à jamais, de même que
l’énergie.
b) problématiques écologiques et sociales : l’épuisement du pétrole, la raréfaction des
minéraux, dégradation de l’environnement et de la population, le mode de vie des pays
développés avec des problèmes d’obésité de plus en plus aigus et nombreux, problme
de l’empreinte écologique : il faudrait 3 à 8 planètes pour que lapopulation mondiale
puisse vivre à la manière d’un européen. L’économie virtuelle n’est qu’un leurre.
c) présentation : choisir une autre mesure que le P.I.B. qui ne prend en compte que les
quantitatifs en négligeant le bien-être et prendre un indice de développement humain
ou un indice de santé sociale. Le P.I.B. est faux car il ne tient pas compte de
l’épuisement des matières premières ni des dégats occasionnés par des catastrophes
comme celle de l’Exon Valdès.
De nombreuses variables ne sont pas prises en compte dans le P.I.B. : les loisirs non
marchands, les activités sociales et politiques qui sont des composants importants de la
qualité de vie tandis que des activités sont reprises qui ne vont pas dans le sens de
l’utilité et de la jouissance de l’humain. Ainsi le sophisme de la vitre brisée de
Keynes.
d) décroissance et pays peu développés : certains tenants de la décroissance pensent
qu’il faut une certaine croissance pour ces pays mais qu’elle ne pourra non plus être
durable. La biodiversité doit être préservée, la motorisation évitée et il faut mettre
l’accent sur des cultures vivrières pour une consommation locale en profitant des
ressources technologiques des pays industrialisés.
e) l’effet rebond : utilisé en énergie : si une amélioration de l’efficacité de l’utilisation
de l’énergie est de 1 %, la consommation diminue dans une moindre proportion et peut
même augmenter dans certains cas. Pour les « décroissants » tout progrès technique ou
augmentation de la productivité entraine à consommer et produire d’avantage.
Au niveau microéconomique (consommateur ou producteur individuel) l’effet produit
est un rebond inférieur à l’économie d’énergie mais supérieur au niveau
macroéconoique.
Ainsi l’avênement de l’informatique a laissé penser à une diminution de la
consommation de papier ; ce fut l’inverse car chacun imprimait son mail.
Idem avec l’auomobile moins polluante mais dont le nombre a augmenté.
f) décroissance soutenable : par référence au développement durable , répondre aux
besoins des générations actuelles sans pour autant compromettre la satisfaction
des besoins des générations futures.
g) décroissance équitable : concilier les contraintes environnementales avec un souci de
justice par un retour au politique. Ses militants sont artisans du revenu universel
inconditionnel et du revenu maximal autorisé.
La décroissance n’est pas envisagée comme un projet politique pour une sociéte de
décroissance, caricature asymétrique le société de croissance mais comme une autre
organisation où le loisir est valorisé et où les relations sociales priment sur la
production et la consommation de produits jetables et nuisibles.
On trouve peu d’applications à grande échelle d’une relocalisation des activités mais
localement des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne fonctionnent
qui remplacent la relation client-fournisseur par un lien de coproduction et de
cogestion.
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