F. PRETEUX L5 RESUME : LIGUE DE DELOS LA LIGUE DE DELOS ET LA PERCEPTION DU PHOROS Introduction : ATHENES - superficie 26000 km2 -population nombreuse : 300 à 400 000 habitants, dont 30 à 40 000 citoyens - échanges déjà largement monétarisés (Wappenmünze, premières chouettes sous Hippias vers 520-510) contexte de la fin des guerres médiques - les systèmes d’alliance (épimachie défensive, symmachie offensive et défensive, archè = empire) invention spartiate de la seconde moitié du VI siècle (Argolide, Tégée, Corinthe, Mégare) - concurrence avec Sparte, création d’un monde avec 3 puissances : Athènes, Sparte, Perse - dès la paix de 30 ans (446), monde bipolaire, Athènes/ Sparte - Repenser la thalassocratie et la maîtrise de la mer Egée - Ligue de Délos : alliance durable de 478 à 405 - le systèmes des ligues (koinon) : ligue du Péloponnèse - la seconde confédération athénienne en 378-338 - autre ligue maritime : confédération des Nésiotes (insulaires) vers 300-200 sous le patronnage des souverains hellénistiques PROBLEMATIQUE : La Ligue de Délos n'est pas une simple alliance offensive (symmachie) contre l'empire perse. Elle est, dès le départ, un instrument de puissance entre les mains de l'hégémon athénien. I - LA FORMATION DE LA LIGUE DE DELOS A/ UN CONTEXTE FAVORABLE septembre 480, bataille navale de Salamine ; printemps 479, Platées fin 479, opération dans l’Hellespont pour couper les ponts de bateaux de l’Hellespont par Pausanias et Cimon. ralliement de nombreuses cités grecques des Détroits Le régent Pausanias succède à Léonidas, son frère en 480 (après les Thermopyles) régent pendant la minorité de son cousin Pleistarchos il est le général hégémôn des Grecs à Platées puis lors de la campagne dans l'Hellespont mauvaise réputation : - autoritaire - médisant au printempts 477, il est rappelé à Sparte car procès pour médisme : acquitté retourne à Byzance, dont il devient le tyran jusqu'en 472 (chassé par les Athéniens) se réfugie en Troade chez le Grand Roi rappelé à Sparte car crainte d'un complot avec les hilotes : relâché puis arrêté au Cap Ténare, fuit dans le temple d'Athéna Chalkiokos les éphores murent l'entrée du temps : meurt de faim mais ils le font sortir du temple pour qu'il meure dehors, sans souiller le sanctuaire. (Thucydide, I, 131-134) fin été ou automne 478, conversation à Byzance (Plut, Aristide). Consultation avec un petit groupe d’alliés (Diodore, XV, 28), parmi lesquels les régions directement menacées par les Perses : la Propontide, les Cyclades, Chios, l’Eubée, Samos, Lesbos des contingents Ioniens et de l’Hellespont étaient peut-être présents lors de la prise de Byzance en 478, mais cela n’implique pas qu’ils furent ensuite membres de la Ligue de Délos extension du réseau d’alliance à Rhodes, Chalcidique… B/ LES BUTS DE LA LIGUE La Ligue est officiellement créée à Délos au printemps 478 : 1 F. PRETEUX - - L5 RESUME : LIGUE DE DELOS Thème de la liberté des cités grecques : Elle doit permettre de reconquérir les territoires grecs encore occupés par les Perses (en Thrace, en Asie Mineure) et empêcher qu'une nouvelle guerre médique n'atteigne la Grèce. (selon sources tardive, Plutarque, Aristide) Prétexte athénien selon Thucydide "ravager le territoire du Roi en représailles pour les torts subis" (Thuc., I, 96, ligne 4-5). Athènes compte donc faire du butin. Haine de certains alliés à l’encontre de Pausanias (Thuc., I, 96 : « consentement des alliés en raison de leur haine à l’encontre de Pausanias ») Il faut remarquer que cette alliance n'est pas ponctuelle, amis plutôt de longue durée. Près de 100-150 cités adhèrent à cette alliance. On compte au moins 208 membres en 453. Sparte et ses principaux alliés dans le Péloponnèse refusent, car ils forment déjà la Ligue du Péloponnèse. Les cités grecques de Grande Grèce n'y participent pas car elles ne sont pas concernées par le danger perse. Pour résumer la Ligue de Délos est une alliance de presque toutes les cités de la Mer Egée autour d'Athènes. C/ LES REGLES EGALITAIRES DE L'ALLIANCE 1/ UNE ALLIANCE SYMMACHIQUE MARITIME - L'alliance est du même type que les alliances hégémoniques grecques (Sparte et le Péloponnèse dès le VIe siècle, Ligue de Corinthe en 338). Les alliés sont volontaires et ils prêtent serment de reconnaître l'autorité de l'hégémôn, qui est le commandant des contingents alliés et le seul maître de la conduite de la guerre. En contrepartie, Athènes doit assurer la sécurité et l'indépendance des membres. Thuc, I, 96 : « les Athéniens reçurent l’hégémonie du consentement des alliés » Plutarque, Aristide, 24 : "Aristide... fit prêter serment aux Ioniens d'avoir les mêmes amis et mêmes ennemis, en foi de quoi on jeta dans la mer des blocs de fer". (Si les alliés rompent leur serment, c'est aussi grave que de voir remonter les blocs de fer) - prestation de serment - taille de l'alliance exceptionnelle : près de 250 cités - L'hégémôn (Athènes) reçoit des marques d'honneur de la part des Alliés: la cité peut nommer les principaux magistrats de la Ligue, les hellénotames ( = les trésoriers des Héllènes) qui sont chargés de percevoir le tribut, et des Hellespontophylakes (on ignore leur nom et leur fonction exacte, gardiens de l’Hellespont), première place aux sacrifices. 2/ UN CONSEIL DES HELLENES (SYNEDRION) - La Ligue a sans doute un conseil se réunissant dans le sanctuaire d’Apollon à Délos, une procédure de règlement des litiges entre alliés, mais les détails restent inconnus. - Pourquoi choix de Délos ? car île sacrée, lieu de naissance d’Apollon et d’Artémis, nés de Zeus et Létô. De plus île minuscule qui n’appartient pas à une grande cité donc neutralité. C’est un qui est un sanctuaire panhellénique depuis le VII ème siècle. Ile vidée de ses morts, qui sont enterrés à Rhénée. - Pourquoi trésor de la ligue déposé dans le sanctuaire ? Le dieu assure la protection de la Ligue et profite de la présence de l'alliance, puisque la construction du grand temple débute vers 475 et s'arrête vers 450, au moment où le trésor est déplacé à Athènes par Périclès. TRANSITION La nécessité d’un tribut : - l'entretien d'une flotte de guerre importante et toujours en état de combattre rend nécessaire la rentrée régulière d'argent dans la caisse commune. A Athènes, on estime alors que l’entretien d’une trière coûte 1 talent par an Les Grecs ont donc rendu obligatoire le versement annuel d'une participation par chaque cité membre. II - LA PERCEPTION DU TRIBUT/ PHOROS, UNE CARACTERISTIQUE DE CETTE LIGUE = la contribution volontaire le même terme désigne le tribut que le grand Roi reçevait des cités grecques, et les Thessaliens de leurs périèques. 2 F. PRETEUX L5 RESUME : LIGUE DE DELOS A/ LE MONTANT DU PHOROS ET SA REPARTITION 1/ LES SOURCES - chiffres de Thuc : 460 talents au début listes d’aparché (= d’offrande, comme bête de sacrifice, ou 1/10 du butin pris à l’ennemi) 2/ LA REPARTITION DU PHOROS PAR ARISTIDE ARISTIDE (vers 540-vers 468), Connu par une biographie de Plutarque - aristocrate et fils de Lysimachos - homme politique athénien, dit le Juste en raison de son intégrité. - Stratège à Marathon (490) et archonte en 489, s’oppose à la politique maritime de Thémistocle - 483/2, Ostracisé face à son concurrent Thémistocle Rappelé d’exil pour la bataille de Salamine (480) et Platées, où il commande l’armée athénienne - 478/7, obtient qu’Athènes soit l’Hégémon de la Ligue, fixe le montant du tribut de la ligue de Délos - mourut dans la misère, si bien que ses successeurs furent aidés par l’Etat pour s’établir. Il est honoré à Athènes comme un homme toujours loyal envers sa patrie - C'est Athènes qui a fixé le montant de la participation de chaque cité, grâce à l'intervention d'Aristide en 478, et après des négociations avec les cités. DOCUMENT : PLUTARQUE, Aristide, 24 "Aristide... fit prêter serment aux Ioniens d'avoir les mêmes amis et mêmes ennemis, en foi de quoi on jeta dans la mer des blocs de fer". "voulant que la contribution soit répartie de manière équitable entre les cités, les Grecs demandèrent Aristide aux Athéniens et le chargèrent d'examiner le territoire et les revenus de chacun pour fixer ce qu'il devait verser selon sa valeur et ses capacités." - - Les listes de tribut semblent donc refléter la richesse de chaque cité au V e siècle, après un recensement systématique à la manière du tribut demandé par les Perses en 493, ou selon WALINGA, et reprenant le recensement fait par le satrape perse Artaphernès en 493, après la révolte de l’Ionie (Hérodote, VI, 42). Problème, car Aristide n'a pas le temps de réaliser une telle enquête. En tous cas, les Athéniens savent évaluer des terres et leur production en argent. Selon O. PICARD, tribut indexé sur les richesses agricoles de chaque cité, avec négociations pour versement en argent ou en navires Le tribut d'Aristide, fixé à 460 talents, a la réputation d'être juste, alors que les modifications successives du tribut vont alourdir considérablement le poids financer du phoros dans certaines cités. De nouvelles cités sont présentes sur les ATL, les ralliements sont parfois longs, 20 ans (250 au maximum) Lampsaque n’appartient pas à la Ligue de Délos en 478, mais sûrement vers 452, car le Grand Roi donne la cité à Thémistocle (Diod, XI, 57, 7 ; Plut, Thém, 29, 11) DOCUMENT : LES PREMIERES LIGNES DE LA LISTE DE TRIBUT DE 454/3. (IG I3 259) "Ces prémisses ont été données à la déesse, pour lesquelles (...) était secrétaire, et présentées aux trente vérificateurs (logistai), à partir du tribut que les cités ont apporté sous l'archontat d'Ariston à Athènes, une mine pour un talent." Ces listes sont des stèles de grande taille constituées de colonnes de cités avec leur participation au tribut pour chaque année. Elles servaient d'archives pour les comptables du trésor d'Athéna sur l'acropole, puisqu'1/60ème de ces sommes était versé à la déesse en aparchè (prémisses) depuis 454. Le montant annuel des aparchè était gravé sur une stèle de marbre. Quelques unes de ces stèles ont été retrouvées, souvent incomplètes, avec une division du monde égéen en 5 puis 4 districts. Ces listes de tribut sont un ensemble de documents exceptionnels, qui permet de réaliser un tableau systématique de 454 à 431 au moins des prélèvements fiscaux qui correspondent en gros à la puissance économique de quelque 200 cités de la Mer Egée. Question : l’aparchè existait-elle dès la création de la ligue ? Liste des cités divisées en 4 puis 5 districts (Thrace, Hellespont, Ionie, les Iles, Carie) et établie par 10 taktai (= taxeurs) La taxation est révisable et rendue publique tous les 4 ans aux grandes Panathénées d’Athènes 3 F. PRETEUX L5 RESUME : LIGUE DE DELOS B/ LE PAIEMENT DU PHOROS - Après 447 (décret de Kleinas, au moins), le phoros doit être versée annuellement à Athènes, la cité hégémonique, par les cités membres, lors des grandes dionysies (en mars, lors de la reprise de la navigation). Les sommes sont comptabilisées par les hellénotames (= trésoriers des Grecs). Ce sont 10 magistrats Athéniens élus pour un an. Ils reçoivent de la Boulè le phoros de l’année et gère les dépenses de la ligue. - paiement en monnaie (athénienne, perse, cyzicènes, monnaies locales avec conversions) paiement en nature (navires ici) La monnaie joue un rôle central dans le versement du tribut. La plupart de cités doit fournir de la monnaie. Thucydide, I, 96 mentionne cependant que certaines cités maritimes pouvaient fournir directement des trières. "Les Athéniens ... fixèrent quelles villes devaient leur fournir contre le Barbare de l'argent ou bien des vaisseaux". Ces cités sont Chios, Lesbos, Samos, Thasos... Le taux de conversion est sans doute d'un talent par trière - l’épiphora : les cités retardataires doivent s’acquiter d’1/60 supplémentaire par période de 10 jours de retard pendant 100 jours. Puis, passé ce délai doubler la somme à perçevoir l’année suivante DOCUMENT: Le tribut de 454/3: répartition des versements des principaux membres. Byzance: 15 à 18 talents Lampsaque: 12 Erythrées: 7 à 8 Naxos: 6 T 2/3 Erétrie: 6 Téos: 6 Carystos: 5 D'après Henri FRANCOTTE, Les finances des cités grecques, Paris, 1909, p. 110 DOCUMENT : Le tribut de 441: répartition des versements des 205 membres. jusqu'à 1000 drachmes: 68 cités (dont 28 à 500 dr.) de 1000 dr. à 6000 dr. (1 talent): 77 cités supérieur à 1 talent: 60 cités, dont Egine: 30 talents Thasos: 30 Byzance: 15 Abdère: 15 Lampsaque: 12 Ainos: 10 Kyme: 9 Cyzique: 9 Chalcédoine: 9 Périnthe: 10 Potidée: 6 Ephèse: 6 Sélymbria: 5 D'après R. MEIGGS, The Athenian Empire, appendice 12, pp. 524-53 DOCUMENT : TABLEAU SYNOPTIQUE DES TRIBUTS ENTRE 478 ET 425. HELLESPONT TRIBUT DE 478 454/3 450 446 THRACE CARIE IONIE ILES pas de division en districts. 140 cotisants 56 82 120 64 95 TOTAL 460 selon Thucydide 498 selon ATL entre 396 et 406 selon Will 432 selon ATL 417 4 F. PRETEUX 443/2 433/2 431 L5 RESUME : LIGUE DE DELOS 349 ou 379 388 600 selon Thucydide Prélèvements nombreux au cours de la Guerre du Péloponnèse. L'Hellespont passe de 85 à 250-300 talents. Plus de 380 cités sont répertoriées. 425 1460 dont environ 1000 perçus Les chiffres donnés dans ce tableau sont exprimés en talents de poids attique. - - 33 27 39 27 51 53 23 ? D'une année à l'autre de nombre de tributaires et les sommes engagées varient. Cependant le montant du tribut est resté à peu près stable entre 454 et 431, aux alentours de 400 talents. De nombreuses cités paient très peu et obtiennent une protection efficace à peu de frais en réalité, le phoros perçu n’a sans doute pas dépassé 400 talents en 421, devant l’augmentation du phoros, les Alliés demandent le retour au « phoros d’Aristide » CONCLUSION : Perception du phoros confiée aux seuls Athéniens, exempts eux-même du tribut. Lourdeur administrative de la perception avec plusieurs étapes de contrôle B/ LA MAINMISE D'ATHENES SUR LE MONDE GREC 1/ LE TRANSFERT DU TRIBUT A ATHENES En 454, Périclès fait placer le trésor de l'Alliance sur l'acropole d'Athènes, sans demander l'accord des alliés. Il sera placé dans le Parthénon après la construction du temple. Les Athéniens montrent ainsi qu'ils le considèrent comme un trésor de guerre personnel. Ce trésor se monte à 6000 talents en 431, plus 600 talents de phoros annuel et il va servir à Athènes pour la Guerre du Péloponnèse. Désormais, le montant du tribut est révisable tous les 4 ans, lors des Grandes Panathénées. En 450/449, Périclès fait voter un décret d’après lequel 5000 talents provenant du trésor fédéral doivent être affectés aux travaux de reconstruction de l’acropole d’Athènes Il est possible qu’une partie de l’aparché ait servi à la construction du Parthénon, mais pas de détournement d’argent ici car trésor de la déesse pour la déesse En réalité, le reliquat du phoros annuel, non utilisé à des fins militaires par les hellénotames, était reversé à la construction de l’acropole CONCLUSION : Peu à peu les Athéniens confondent trésor de la ligue et trésor d’Athéna, c’est-à-dire de la cité 2/ LA PARTICIPATION FORCEE DES ALLIES AUX FETES ATHENIENNES Décret athénien pour Erythrées (453/2), cité du centre de la côte d’Asie MIneure Lignes 1-2 : « que les Erétriens fournissent du grain pour les Grandes Panathénées, trois mines au moins » 1 talent = 26 km = 60 mines, dont 3 mines = 1 kg mesure dérisoire mais vexatoire car imposée à Eréthries Lors du versement du tribut aux greandes Dionysies, le premier jour, parade du tribut, avec défilé dans le théâtre de porteurs d’amphores portant chacun 1 talent (26 kg) d’argent fraîchement payé. But : que les Athéniens gardent conscience de leur richesse, de leur domination sur les alliés Décret sur le paiement du tribut (entre 454 et 447) Lignes 28-30 : « si quelqu’un commet une faute concernant le convoyage de la vache ou de la panoplie que son procès soit mené ». Les cités tributaires devaient donc apporter les objets à offrir à Athéna 3/ LE PHOROS SERT A PAYER LES EXPEDITIONS DES ATHENIENS l’archè = la domination, le commandement (les archontes, détenteurs de l’archè), mais aussi l’impérialisme modification dans les termes pour désigner les cités membres de la ligue. Des alliés, on est passé aux sujets (hypekooi) 5 F. PRETEUX L5 RESUME : LIGUE DE DELOS Les mesures de modification athénienne et l’absence d’adversaire direct de la Ligue de Délos, puisque la paix de Callias (449) conclut la paix avec la Perse, rendent les alliés mécontents. La Ligue de Délos n’est plus très utile Le phoros apparaît alors comme une mesure vexatoire, une atteinte à leur indépendance Les clérouquies : envoi de garnisons athéniennes aux points stratégiques du monde grec. Ce sont des bourgades de colons militaires, Athéniens pauvres (thètes) Décret pour Erétrie de 453/2 : réintégration de cette cité après une révolte. Mise en place d’une garnison ath, avec un phrourarque, un épiscopos, mise en place d’une démocratie comme à Athènes car peur des exilés érétriens qui veulent une tyrannie 446 : révolte de l'Eubée mâtée par les Athéniens Pendant la guerre du Péloponnèse, le phoros augmente, il triple en 425. Le terme phoros prend alors le sens de contribution forcée B/ LE DESENGAGEMENT DES ALLIES DES EXPEDITIONS ATHENIENNES Thuc, I, 99 : « Refusant de quitter leur maison, la plupart d’entre eux étaient frappés d’une taxe pour le montant équivalent aux navires à fournir ». C’est sans doute le cas des cités qui dès le début payaient en navire. Peut-être devaient-elles aussi fournir les rameurs. Elles se sont rendues compte que le versement du phoros en monnaie leur coûtait moins cher que l’entretien des navires, des équipages. Les équipages qui utilisent les trières de l'alliance sont surtout des Athéniens pauvres (les thètes), payés par la Ligue en monnaie athénienne. C’est leur seul revenu et ils sont donc des rameurs professionnels. La Ligue de Délos marque donc l'essor de la monnaie athénienne comme monnaie internationale. CONCLUSION GENERALE La Ligue de Délos a fonctionné sans interruption entre 478/7 et 405/4. C'est bien un instrument donnant la puissance à l'hégémon : Athènes Dans les premières années, l'hégémon doit prendre les décisions en accord avec le conseil des alliés, mais ce conseil disparait rapidement des sources littéraires. La monétarisation de la guerre et la nécessité de disposer d'une caisse pour financer la guerre est une nouveauté du Ve siècle. C'est la base de la puissance athénienne car le phoros permet l'entretien de la coûteuse flotte athénienne (environ 200 navires et 40 000 marins au maximum) Les Athéniens disposent de tous les leviers de contrôle de ces richesses : les hellénotames, les gardiens du trésor, les marins, sont Athéniens ! Les sources littéraires présente une Ligue qui aurait toujours fonctionné jusqu'au début de la guerre du Péloponnèse. Les listes d'aparchè d'Athéna montrent, au contraire, que le phoros est rentré de plus en plus difficilement dès les années 460; les cités paient en retard, par tranches ou pas du tout. Il faut alors considérer que la Ligue de Délos, dans son sens militaire, n'est plus aussi puissante dès 460. Reste que c'est une alliance diplomatique forte, qui fait d'Athènes, aux yeux des Grecs, une cité centrale dans les affaires de la Grèce au Ve siècle. 6