Chapitre 5 1 La formation des chaînes de montagnes et la disparition des reliefs Les chaînes de montagnes se transforment au cours du temps : elles apparaissent, s'élèvent et finissent par disparaître. L'érosion et les mouvements d'extension contribuent à leur disparition et ainsi au recyclage de la croûte continentale. I – La collision continentale : 61 Problématique : Quelles sont les conséquences de la convergence lithosphérique ? 62 Activité 13 – Convergence lithosphérique et formation des chaînes de montagnes A – Les indices de l'épaississement crustal : Repérer les signes de contraintes compressives dans une chaîne de montagnes. Deux blocs continentaux, initialement séparés par un océan, finissent par se retrouvent en contact après disparition complète de cet océan par subduction. La lithosphère continentale ne pouvant pas entrer en subduction, la convergence se traduit par une collision continentale et un épaississement de la croûte. 1) Les traces d'une marge continentale passive : 63 64 Un océan naît de la déchirure d'un continent appelée rift continental. 65 66 Lorsque l'océan est bien formé, le vestige des lèvres du rift continental est appelé marge passive car il n'est pas le siège d'une sismicité et d'un volcanisme important. 67 La croûte y est fracturée par un ensemble de failles normales appelées failles listriques, qui séparent des blocs basculés suite à l'étirement de la zone. Ces blocs sont recouverts de sédiments anciens en éventail et de sédiments plus récents qui recouvrent l'ensemble. 2) Les ophiolites : 68 69 Thème 2 Chapitre 5 On trouve au cœur des chaînes de montagnes, des formations rocheuses à l'aspect de "peau de serpent". Ce sont les ophiolites (ophis = serpent). Elles sont constituées par la superposition de trois types de roches : - des basaltes en coussins (pillow-lava), - des gabbros (gros cristaux de pyroxènes et plagioclases), - des péridotites très sombres avec des veinures vertes = serpentinites. Toutes ces roches sont les vestiges de l'ancien plancher de l'océan dont les lambeaux ont été portés en altitude lors de la collision continentale. 1 3) Les indices tectoniques : 70 Le premier indice révélateur d'un raccourcissement local de la croûte continentale suite à un mouvement de convergence/compression est la présence de reliefs élevés pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres. 71 Ex. : Mont Blanc : 5000m. Les géologues peuvent y identifier des indices tectoniques révélateurs des contraintes compressives qui se sont exercées : – plis témoignant d'une déformation souple et permettant de repérer la direction générale des contraintes, 72 - failles inverses dues à une déformation cassante et traduisant un raccourcissement local de la croûte, 73 74 75 - nappes de charriage, empilements complexes de roches très diverses, dues au glissement (jusqu'à plusieurs dizaines de km) de formations géologiques par-dessus les formations en place. 76 77 78 Ils témoignent de l'édification d'un prisme par empilement de nappes se chevauchant mutuellement 4) Les transformations minéralogiques : 79 80 Thème 2 Chapitre 5 Au cours de la subduction, les roches subissent un métamorphisme à haute pression et basse température HP/BT. Un tel métamorphisme ne s'observe que dans les contextes de subduction. Rmq : Détails de ce métamorphisme vus au III 1) La migmatite (du grec migma, « mélange ») est un mélange de roches de type granite et de gneiss ou micaschiste. Leur formation est liée à une fusion partielle (= anatexie) de roche type gneiss ou micaschistes, roches typiques de la croûte continentale. Certaines parties de la roche fondent et constituent alors le mobilisat, magma de composition granitique. D’autres parties restent solides et constituent le restat (ou restite) particulièrement riche en minéraux ferromagnésiens, principalement de la biotite. 2 II – La disparition des reliefs : 81 Problématique : Comment les reliefs sont-ils effacés ? 82 Activité 14 – La disparition des reliefs A – Le vieillissement d'une chaîne de montagnes : Exploiter des données cartographiques pour qualifier et quantifier l'érosion d'un massif actuel. B – La disparition des reliefs : Recenser, extraire et organiser des informations. C – Transport et sédimentation des particules : Exprimer et exploiter des résultats en utilisant les TIC. 1) Des chaînes de montagnes récentes aux chaînes anciennes : 83 84 Les montagnes récentes se sont formées il y a moins de 200 Ma. Elles ont un relief élevé et la profondeur du Moho indique une racine crustale épaisse. Les roches visibles à l'affleurement sont surtout des roches sédimentaires déposées en milieu marin. Ex. : Les Pyrénées et les Alpes. 85 Sur tous les continents, on trouve d'anciennes chaînes de montagnes nivelées par l'érosion. La profondeur du Moho est de 25 à 30 km et correspond à une épaisseur de croûte continentale normale. Elles sont souvent recouvertes de roches sédimentaires récentes. On peut y observer à l'affleurement, grâce à l'érosion et à l'isostasie, une forte proportion de roches plutoniques et métamorphiques formées en profondeur qui informent sur la constitution des racines crustales des chaînes plus récentes. Ex. : Le Massif Armoricain et le Massif Central. 86 2) L'altération des roches : 87 a) L'altération physique : Thème 2 Chapitre 5 L’érosion est un processus de dégradation et de transformation du relief causé par tout agent externe tel que l'eau, les variations de température et les végétaux. 88 L'eau de pluie s'infiltre et circule dans les diaclases (fractures) des massifs granitiques. Sous l'action du gel et du dégel (haute altitude) la roche éclate et des pans entiers de roches se détachent laissant en place des reliefs aux arrêtes anguleuses. C'est la cryofracturation. 89 Les glaciers, par pression et frottements sur les roches, les transforment en matériaux très fins : la farine glaciaire (limons, poussières). 90 Les variations brutales de température en haute montagne et dans les déserts (jour/nuit) peuvent entraîner la désagrégation d'une roche composée de minéraux n'ayant pas le même coefficient de dilatation. 91 Les racines des végétaux agrandissent les fissures en se développant, contribuant à la désagrégation des roches. 3 b) L'altération chimique : 92 93 A faible altitude, l'altération chimique est importante. Elle s'attaque à la structure des minéraux. Dans un granite, les micas et les feldspaths sont transformés en argiles et particules solubles selon la réaction d'hydrolyse suivante : minéral d'origine + eau minéral nouvellement formé + solution de lessivage Le granite perd sa cohérence et se transforme en arène granitique (sable grossier). Il y a formation d’écailles concentriques de granite altéré autour d’une boule de granite sain (altération en pelures d’oignon). L’altération aboutit à un chaos granitique. 94 Dans un massif calcaire, l'eau chargée de dioxyde de carbone transforme les carbonates insolubles en hydrogénocarbonates solubles. Ca2+ + 2 HCO3- CaCO3 + CO2 + H2O Ainsi se forment les paysages calcaires karstiques (fissures, lapiés, gouffres). 3) Le transport des particules : 95 96 Les eaux en mouvement transportent les produits de l'altération et de l'érosion, soit sous forme de particules solides (graviers, sables), soit sous forme d'ions en solution. Les particules solides sont transportées plus ou moins loin de leur lieu de formation, en fonction de leur taille et de la force du courant, jusqu’en des lieux où ils sont déposés et sédimentés. Ex. : L’analyse granulométrique permet de déterminer et d’observer les différents diamètres de grains qui constituent un granulat. Pour cela, l’analyse consiste à séparer et à classer ces grains selon leur diamètre à l’aide de tamis. Les grains ainsi isolés peuvent être pesés pour déterminer la proportion de chacun dans le granulat. Le refus désigne la partie des grains retenue dans un tamis. Le refus cumulé représente tous les grains bloqués jusqu’au tamis considéré (les grains du tamis considéré plus les grains bloqués dans les tamis de mailles supérieures). Les éléments dissous transportés dépendent de la nature des roches rencontrées. Ex. : Dans les régions calcaires, on trouve surtout des ions Ca2+ et HCO3-. Le vent et les glaciers participent également au transport des sédiments. 4) La sédimentation des particules : 97 98 La sédimentation purement chimique est rare. Une évaporation intense en milieu salé permet la formation d'évaporites (gypse CaSO4, 2 H2O ; hyalite Na Cl). 99 Le plus souvent, la sédimentation est d'origine biochimique. Les êtres vivants utilisent les substances dissoutes dans l'eau (hydrogénocarbonate de calcium ou silice) pour fabriquer leur coquille ou leur squelette. CaCO3 + CO2 + H2O 100 La grande majorité des matériaux détritiques prélevés sur les continents et transportés par les fleuves se déposent dans les océans en particulier au niveau de la plateforme continentale mais ils peuvent dévaler le talus en formant des courants de turbidité avant de s'accumuler à la base du talus. Le grès est une roche détritique (roche sédimentaire composée d’au moins 50 % de débris issus de l’érosion d’autres roches) issue de l’agrégation et de la cimentation (ou diagenèse) de grains de sable (quartz, feldspath et micas noirs). Ces grains de sable peuvent être issus de l’altération d’un granite. 4 Thème 2 Chapitre 5 Ca2+ + 2 HCO3- 5) Les phénomènes tectoniques : 101 102 L'érosion et l'isostasie ne suffisent pas pour faire disparaître complètement une chaîne de montagnes en seulement quelques dizaines de Ma. Dans les zones internes des chaînes de montagnes récentes, on observe des failles normales dont certaines sont actives sismiquement. Les données GPS indiquent une extension et un effondrement. Lorsque les mouvements de convergence et la poussée d'Archimède ne sont plus suffisants pour soutenir les reliefs, la croûte s'étire et s'amincit. En surface, plus froide et plus fragile, elle se casse. En profondeur, ramollie par des phénomènes thermiques, elle s'amincit sans rupture. 103 Conclusion : 104 Une plaque continentale se fracture lors de la formation d'un océan. Cette lithosphère océanique disparaît dans une zone de subduction, puis deux lithosphères continentales entrent en collision, amenant à la formation d'une chaîne de montagnes. Cette chaîne est ensuite érodée et le système revient à un état proche de la situation d'origine : un continent à faible relief. Comme la lithosphère continentale est un bon isolant thermique à l'échelle de la Terre, ce nouveau continent piège la chaleur issue de l'intérieur de la Terre. Ceci contribue à la fracturer et à ouvrir un nouvel océan à l'emplacement de l'ancienne chaîne de montagnes. Ainsi la Terre évolue par de grands cycles successifs d'ouverture puis de fermeture des océans (cycles des super-continents ou cycles de Wilson) associés à la formation et la destruction de chaînes de montagnes. Thème 2 Chapitre 5 Schéma-bilan 5