Les registres de langue Les registres de langue, aussi appelés les niveaux de langue, permettent d’exprimer une même chose de différentes façons. Chaque registre de langue a une syntaxe propre, une prononciation particulière et un vocabulaire spécifique. On peut utiliser différents registres de langue en fonction de son rapport à son interlocuteur, de son éducation ou de sa personnalité. LES DIFFÉRENTS USAGES On ne parle pas de la même façon avec un copain et avec un professeur : on n’utilise ni les mêmes mots, ni la même syntaxe. On dit par exemple à l’un : « Dis, t’as maté la bagnole ? », et à l’autre : « Avez-vous vu, monsieur, cette voiture ? ». Les mots peuvent aussi avoir plusieurs sens — propre, figuré, technique — en fonction du contexte. Un même mot peut ainsi appartenir à plusieurs registres de langue en fonction de son usage, de la phrase dans laquelle il est utilisé. Par exemple le mot âne n’a pas le même sens dans la phrase « un âne est un mammifère domestique » et dans l’expression « beugler comme un âne ». Il existe trois registres de langue principaux : le registre familier, le registre courant et le registre soutenu. LE REGISTRE FAMILIER On utilise le registre familier lorsque l’on parle à quelqu’un que l’on connaît bien et lorsque l’on s’exprime spontanément (sans vraiment réfléchir à ce que l’on dit, pour exprimer son admiration, par exemple) : « Ouah, la vache ! ». Le vocabulaire du registre familier est relâché, argotique, parfois même grossier. La syntaxe des phrases n’est pas forcément respectée (phrases sans verbe, suppression des négations, mauvaise concordance des temps, etc.) : « Ramène ta pomme ! » (« Viens ici ! »). C’est un registre essentiellement oral, mais qui est parfois utilisé à l’écrit, notamment en littérature dans des dialogues « populaires » qui se veulent crédibles. Touchez pas au grisbi ! d’Albert Simonin Dès les poulets décarrés, tout le monde a mis les adjas. Josy et Lola restaient sur la banquette, déponnées à zéro devant leur double Martel. J’ai demandé à Josy : Tu penses pas que Riton va maintenant rabattre dans le secteur pour vous emmener en java ? Vaudrait certainement mieux vous casser aussi. Elles l’ont admis. J’ai casqué leurs additions, comme un gentleman. Sous le comptoir, Touchez pas au grisbi ! d’Albert Simonin j’ai récupéré mon calibre, là où la mère Bouche me l’avait planqué, puis on a ripé. LE REGISTRE COURANT On utilise le registre courant la plupart du temps, et avec la plupart des gens, y compris ceux que l’on connaît bien. C’est un registre tant oral qu’écrit. Le vocabulaire du registre courant est compris par tout le monde, la syntaxe est correcte, simple, respectée : « Peux-tu venir s’il te plaît ? ». LE REGISTRE SOUTENU On utilise le registre soutenu lorsque l’on fait un effort pour s’exprimer, quand par exemple on parle à une personne cultivée que l’on respecte. Le vocabulaire du registre soutenu est précis, recherché, parfois rare (inspiré de la poésie, par exemple). Les phrases sont complexes, elles respectent parfaitement les temps complexes et manient les concordances de temps les plus délicates : « Auriezvous l’amabilité de m’accompagner ? ». Du côté de chez Swann de Marcel Proust Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.