5 - de Tud le l`Alsace par les Ostrogoths

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SYNAGOGUES ALLEMANDES EN 1170
selon Benjamin de Tudèle
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5- de Tudèle à l'Alsace par les Ostrogoths
LES OUBLIS DE BENJAMIN
Dans "l'Itinéraire de Paris à Jérusalem", CHATEAUBRIAND cite Benjamin de Tudèle et sa liste des synagogues
allemandes:
A Andernach 11 km W Coblence
B Bamberg
47 km NNW Nuremberg
C Bengen
(Bingen, 30 km SW Mayence ?)
D Caub
(Kaub 32 km SSE Coblence ?)
E Coblentz
F Creutznach
( Kreuznach, 31 km SW Mainz)
G Freising
30 km N Munich
H Gemersheim 20 km N Karlsruhe
I Mantern
(W Vienne ou NNW Graz ?)
J Munster
(N Dortmund ou W Colmar)
K Reguenspurch
Ratisbonne
L Strasbourg
Tsor
introuvé
Un ouvrage à l'AIU, (références non notées) ajoute: M Bonn, N Cologne, O Metz, P Nuremberg, Q Trèves, R
Worms, S Würzburg, mais ni Caub, ni Tsor, ni Creutznach. Selon (SHATZMILLER 1331):
"Voici les villes d'Allemagne où il y a des communautés, toutes généreuses: Metz, Trèves, Coblence, Andernach,
Bonn, Cologne, Bingen, Munster, Worms, Mistran (?) Kaub, Kartania (?), Strasbourg, Minden (?) Bamberg
Freising Duisbourg et Ratisbonne. Au-delà se trouve la Bohême et la ville appelée Prague, commencement du
pays de la Slavonie. Les Juifs qui y habitent l'appellent Canaan, parce que les habitants vendent leurs fils et leurs
filles à toutes les nations, de même que ceux de Russie..."
Soit le tableau:
Chateaubriand
A.I.U
Andernach
Bamberg
Bengen
/
Caub
Coblentz
/
Creutznach
/
Freising
Gemersheim
/
Mantern
/
/
/
Munster
/
Reguenspurch
Strasbourg
/
Tsor
/
/
Andernach
Bamberg
Bengen
Bonn
/
Coblence
Cologne
/
/
Freising
Gemersheim
/
Mantern
Metz
/
/
Munster
Nuremberg
Regensburg
Strasbourg
Trèves
/
Worms
Würzburg
Shatzmiller
Andernach
Bamberg
Bingen
Bonn
Kaub
Coblence
Cologne
/
Duisbourg
Freising
/
Kartania
/
Metz
Minden
Mistran
Munster
/
Ratisbonne
Strasbourg
Trèves
/
Worms
/
Etranges divergences ! Mais ça ne fait que 24 villes, dont 8 font l'unanimité et au moins trois semblent très
difficiles à identifier. On ne voit ni Spire, ni Magdebourg, Mayence ou Francfort. Comme Benjamin n'y est pas
allé, il peut s'agir aussi bien d'oublis que de disparitions.
Le même ouvrage nous apprend: (ibidem 1310): (à Constantinople) "des marchands viennent des pays de
Babylone, de Sinéar,(qui me dira où il se trouvait ?) de Perse, de Médie et de tout le royaume d'Egypte, de la terre
de Canaan, du royaume de Russie, de Hongrie, du pays des Petchènègues, de Khazarie, de Lombardie et
d'Espagne". Ce qui prouve:
a) que la Khazarie existait toujours (du Plan Carpin a vu des Khazars en 1246, sous le joug mongol)
b) Benjamin a vu à Constantinople des musulmans, catholiques, karaïtes et Juifs, mais pas de Turcs.
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voyage en zig-zag
Benjamin énumère les chefs de famille juifs (CHATEAUBRIAND 1325,29): "4 à Barcelone, 6 à Montpellier, 300 à
Marseille, 1 à Corfou, 50 à Tibériade, 50 000 à Samarcant, 1 000 à Bagdad, 300 000 qui habitent les villes et
autres lieux du pays de Théma, (Teymen, Yémen) 20 à Messine, 1 500 à Palerme.." On voit qu'en Chrétienté, les
Juifs ne sont qu'une poignée, sauf à Palerme alors normande. Le trajet semble erratique, mais pas du tout:
embarquement à Barcelone, escales à Palavas et Marseille, visites en Provence, Italie puis vers Corfou,
Constantinople, la Palestine, détour par Samarcande et Bagdad (?), embarquement à Bassorah vers le Yemen,
retour par l'Egypte et la Sicile. (BARNAVI) ne croit pas au Yemen, pourtant escale de la navigation de Bagdad à
l'Egypte. Je doute de Samarcande. Il ne passa pas par l'Allemagne, se contentant d'ouï-dire.
au pays des cours d'amour
Ayant parlé toulousain avant le français, j'ai eu le cœur serré à lire les chiffres de Benjamin lorsqu'il passe en
Occitanie: 4 à Barcelone, (linguistiquement cousine des Occitans) 6 à Montpellier ! Alors que j'étais persuadé que
l'Occitanie était bien plus accueillante que le reste de la Chrétienté, on voit que 40 ans avant le début de la
Croisade des Albigeois (1208 à 1250) la situation des Juifs ne devait pas y être brillante, sauf à Marseille. Or les
Croisés reprochaient aux Albigeois d'être trop tolérants envers les Juifs !
digression polonaise
Presque aux mêmes dates, Patatiah de Ratisbonne va à Bagdad par la Pologne, où pourtant la présence juive ne
sera attestée que plus tard. (Wroclaw / Breslau: 1280). Comment fit-il pour le minian des veillles du Sabbat ?
(assemblée de 10 mâles au moins) En 1500, (JOHNSON 273), estime le nombre de "polaks": 20 à 30 000 au plus.
Pour atteindre 150 000 en 1575, qu'il suppose des expulsés d'Europe occidentale.
La guerre de 30 ans, 1618 /1648, fut, selon (ibidem 276) un renouveau, grâce aux "princes marchands" de
Prague, tels Marcus Meisel, qui finança la guerre de Rodolphe de Habsbourg contre les Turcs, et Jacob Bassevi,
qui lui permit de reprendre Prague. Cette longue tuerie força Suédois et Allemands à recourir aux Juifs pour leur
intendance, seuls neutres capables d'évoluer dans tous les camps. Financiers et courtiers juifs en profitent pour
obtenir plus de tolérance. Les Juifs de Pologne s'enrichissent (les pans polonais plus encore) en fournissant les
belligérants. Ce faisant, ils s'attirent la haine des paysans plus exploités que jamais. Or, les seigneurs (catholiques)
rusés envoyaient "leurs" Juifs extorquer les récoltes aux paysans (orthodoxes) indignés contre ces "vampires
malgré eux". Cause probable de la révolte cosaque de 1648.
Et d'un antisémitisme tenace jusqu'à nos jours.
hochepots voyageurs
Mon dictionnaire yiddish à: hotseplots "lieu imaginaire au bout du monde, Fouillis-les-Oies". (Sholem
Aleykhim écrit: hotseklots) Selon DA, en alsacien, Hotzeblotz: "plat réalisé avec des restes de viande" En
slovaque, hocičo (hotsitsho): "n'importe quoi" Expliquant ces ressemblances curieuses à mon frère Jacques, il
remarqua qu'un hochepot de chez nous ressemble fort à ce "hotzeblotz" (le Petit Robert 1990 ignore ce plat et le
Petit Larousse 1990 explique: "Pot-au-feu à base de queue de porc, poitrine de bœuf & mouton & légumes divers,
spécialité flamande" En allemand (Garnier 1942) hochepot se traduit: Hotschpott, Fleisch-ragoût mit Rüben und
Kastanien (ragoût de viande avec navets et châtaignes) Or, en un récit de voyage, un anglais déguste un hotpot aux
Falkland (Iles malouines) mais sans donner la recette. Je me précipite sur mon Webster's qui l'ignore mais indique:
hotch-potch = fatras. Bien sûr, un dico Garnier récent le décrit "ragoût aux navets ou châtaignes". Un autre,
anglais: hodge-podge: fouillis. Avouez que ce vocable, peu courant, ne manque pas de sources, où seuls, hot
anglais et pot français sont compréhensibles, mais peu. Un vrai hotchpotch international anglo-slovaco-alsacogermano-flamando-franco-yiddish-auvergnat ! Dieu merci, l'espagnol ne connaît que hogaza, pan de salvados
(pain perdu) autrement dit fait avec des restes rassis .
Mais hoh poaz (prononcer: khokh pozz) breton, c'est un cochon cuit.. ("hog", cochon anglais, est proche cousin
du "hoh" armoricain ) Si, à Dieu ne plaise, j'étais féru d'étymologies, je commencerais par un constat: les seuls
mots qui fassent sens ensemble viennent du breton....dont mon dico ignore ce hochepot ! Et le plus proche (au son)
de ce breton, c'est hochepot, français, qui doit avoir été adopté voici belle lurette, sans doute en pays gallo. Hélas,
on ne peut reconstruire l'arbre généalogique de ce vocable voyageur car les mots n'ont pas d'ADN tant qu'ils ne
sont pas sur papier. Quel romancier pourrait imaginer plus bizarres aventures, des forêts slovaques aux îles
Malouines ? C'est bien la preuve que l'étymologie est un genre de poésie, on commence par vouloir donner un
sens plus pur aux mots de la tribu, et on finit par se balader dans le Temps et l'Espace sur les ailes du rêve ! En se
nourrissant d'un ragoût de châtaignes et de cochon désordonné. Tout en pensant que mes textes sont un vrai
hotseplots !
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LITUANIE
Victoria Martsinkya Vitshute (Hippocrene, New-York 1997) complète mon yiddisho-européen: J'extrais
quelques vocables. Commençons par les (rares) ressemblant au yiddish de ce langage "proche du sanscrit" ai-je lu
jadis.
Lituanien
boba
bobute
bulvé
garstyčia
guo'lis
kišene
kilke
lélé
té 'tis
français
femme, épouse
grand'mère
pomme de terre
moutarde
lit
poche
sprat
poupée
père
yiddish
autre le plus proche
bobe
bulbe
gorshitse
geleger
keshene
kilkes
lyalke
tate
biélorusse: babulya
biélorusse: bulba
russe: gorshitsa; gaulois: garua
breton: gwele; gaulois: uolegion
polonais: kieszen
polonais: lalka
alsacien, gaulois: tate, tatis
Très peu nombreux (sauf erreurs dues à mon ignorance), mais souvent importants: père, grand'mère, lit. Les
ressemblances sont bien plus nombreuses avec russe, biélorusse et polonais: seimy'na (famille) vient-il du russe
siemya, du biélorusse siamya, de l'ukrainien simya, ou à l'inverse, du balto-slave originel ? ou de semina latin ?
J'emploie le lexique de M. (RICOLFILS), dont j'ai retrouvé pas mal de mots dans l'ouvrage de Mr ( LAMBERT), un
des meilleurs "gaulistes" actuels, qui me confirme sa pertinence. Les ressemblances gauloises semblent concerner
des rapports assez sommaires, un vocabulaire de voyageurs en pays inconnu:
gaulois et lituanien
lituanien
bala
batas
briauna
büda
draugas
galia
garstyčia
kaminas
kraujas
ratas
saul
tauta
vilkas
yla
gaulois
balta
bondos
bariga
bota
drutos
gallia
garua
camminos
cruos
rato
saulo
teutos
ulcos
ala
français
marais
botte
berge
cabane
ami
vaillance
moutarde
cheminée
sang
roue
soleil
peuple, gens
loup
alène
lituanien
baseinas
bebras
brüzgai
burbéti
drütas
gleivès
guolis
kat
obuolys
rudas
slidus
tétis
vilna
gaulois
baccinon
bibros
bruscia
br: bourboutal
druto
glutis
uolegion
cattos
aballo
rudos
slimno
tatis
ulana
français
bassin
castor
broussaille
grommeler
épais, dru
glu, viscosité
lit
chat
pomme
rouge
glissant
père
laine
Quelques uns s'expliquent par l'indo-européen. Mais ces "balto-slaves d'allure gauloise", peu nombreux
semblent pourtant très voisins du gaulois. Je suppose qu'ils sont surtout emprunts, plutôt que d'une langue-mère, à
marchands des vieilles routes de l'ambre: lit, pomme, grommeler, etc... Un sabir d'aubergistes.
ambre balte
Quel nom les Gaulois donnaient-ils à l'ambre ? Etait-il voisin du "gintaras" lituanien ?
Rappelons qu'ambre viendrait sans doute de l'arabe anbar, d'où ambra russe et serbo-croate, omar gaélique, omra
irlandais, amfer gallois, Bernstein allemand, bursztyn polonais et biélorusse, anbar hébr. mod.
Mais le latin succinum, le grec elektron, le breton goularz, l'ukrainien et le russe yantar ?
Pour (CHEVALLIER Raymond, 360) selon Tacite, les Barbares disaient glesum, d'où l'allemand Glas (verre)
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yiddish hongrois et goths de Crimée
Le yiddish du Sud-Est, Hongrie, Roumanie, Ukraine, est le plus "bavarois" de tous. (Jean JOFEN, DYL
36):"Hungarian yiddish shows a number of exclusively characteristics words... has preserved many words of
German origin for which the rest of the speech territory has other words of German or Slavic origin e. e.g.
tsveibm, (raisins) festn, rags (haillons), tsvikl, beet (betterave), krimt, limp, (boîter) dorn, splinter (épine),
tsushpays, (dessert) gerbm, yeast (levure), gedinkekhts, gravy (sauce), shtimpik, stammer (bredouiller)" (Le yiddish
hongrois a préservé bien des mots allemands pour lesquels le reste du territoire linguistique a d'autres mots d'origine allemande ou slave)
Pour qu'ils soient preuve, il faudrait les dater: la Hongrie a reçu beaucoup de Souabes et Saxons.
(ibid, DYL 42): "The old dual which has been given up in almost all German dialects was retained in the
personal pronouns in Gothic and Norse... Gothic duals of the second person are still preserved in the modern
Bavarian dialects: os (you nom.) enk (you acc.) enker (your) are duals from a historical standpoint...The dual
forms ez, enk, enker are also found in Hungarian and Southeastern Yiddish" (le vieux duel, abandonné par presque tous les
dialectes allemands fut conservé en ostique et en norse. Les duels ostiques de la 2e personne subsistent en bavarois: os, enk, enker et en
yiddish hongrois et sud-oriental) Comment sont-ils passés au yiddish hongrois ? Certes, (AH 113), les Ostrogoths y ont
régné de 493 à 533, mais peu nombreux, alors que l'Ukraine fut 300 ans gothe. L'Autriche fut d'abord Ostarrikki,
royaume de l'Est, que je suis tenté de lire: Royaume des Ostgoten, des Ostrogoths. Puisqu'Alains et Khazars sont
devenus karaïtes ou juifs et qu'il y eut des Goths de l'Ukraine à l'Italie, imaginons des Goths, ariens, juifs ou non,
servant Théodoric, puis les Khazars et les Magyars, installés en Bavière, vers Linz et Passau: Aux environs de la
montagne Grosse Rachel, (KÖNIG) signale des mots ostiques (pp.92, 146: enk; 155: eam; 169: Eidem, Oim; 189:
Pfingstag; 211: Geiss) De là à réintroduire leur duel chez les germanophones locaux, c'est de la "linguisticfiction", certes, mais cela expliquerait de façon crédible cette particularité et quelques mots du yiddish sudoriental. 6 Mars 2004: sur Arte, on apprend qu'un grand cimetière ostrogoth vient d'être trouvé en Carinthie, non
loin des zônes où je soupçonnais leur influence, mais plus au sud !
Goths et Khazars ?
Je me demandais si le "Hildebrand", plus vieux poème allemand, qui retrace les aventures d'un compagnon de
Théodoric l'Ostrogoth, n'aurait pas été apporté par des Goths, ambassadeurs, espions, interprètes ou gardiens
d'esclaves pour le compte des Khazars. Un gros livre m'apprend que le poème (68 vers seulement) découvert. à
Fulda (juste à mi-chemin entre Lübeck et Innsbruck) est daté de 830, 70 ans avant l'installation des Hongrois en
Pannonie. Supposons qu'à l'époque de Louis le Pieux, la route khazare par l'Elbe soit en activité. Qui envoyer chez
ces Francs et Saxons, sinon des germanophones ? Les Goths de Crimée (dont certains purent rester ariens) ne sont
pas une vue de l'esprit. Ils ont survécu jusqu'au 16e siècle, donc, al akhas kamo vkhamo (a fortiori) au 9e, au temps
des Khazars. Qui n'ont pas dû hésiter à employer leurs compétences et leur prestige. Que de tels interprètes goths
aient chanté les exploits de Dietrich, Hildebrand et Hadebrand, non seulement à Fulda1, mais plus tard, comme je
l'ai supposé supra, là où étaient rassemblés les Allemandes prises par les Hongrois.. voilà qui expliquerait les
survivances ostiques en bavarois et yiddish hongrois et la passion de nos ancêtres pour les aventures de Théodoric,
protecteur des Juifs. Pourtant, les livres sur la littérature allemande que j'ai consultés ne le mentionnent qu'en
passant, très loin derrière les Nibelungen. Si ça se trouve, ce sont ces Goths-Khazars qui ont incité les Magyars à
s'installer en Pannonie, évacuée par les Avars depuis 796 ! (Là , je fantasme).
Goths et Islande
Lorsqu'il y a belle lurette, en culottes courtes, je lisais les sagas islandaises, je me demandais comment ces
îliens ont pu savoir la destruction par les Huns de l'empire Ostrogoth, mille ans plus tôt. Le poème de Leconte de
Lisle : Angantyr, Angantyr, c'est Hervor qui t'appelle, O, chef qui labourait l'écume de la mer... s'inspire de cette
saga d'Angantyr qui décrit la ruine de l'Empire ostrogoth d'Ukraine. Qui pouvait mieux que ces Goths descendre
l'Elbe, faire un tour au Danemark, puis, dans leur pays d'origine, conter leur destin (et vendre quelques bricoles)
S'il y eut commerce entre Khazars et Scandinaves, ils étaient les mieux placés. Y compris pour garder les routes
khazares, si tentantes et embaucher les cousins suédois de Gotland: "Venez nous visiter, goûter les charmes de la
mer Noire, on vous en indiquera le chemin, la route des Varègues aux Grecs, par exemple !" Sacrés Goths ! Pure
Histoire-fiction, mais ça tient debout. Quand j'écrivis ce paragraphe, "l'Islande médiévale" du grand "sagalogue"
Régis BOYER (Les belles lettres 2001) où il s'étonne des pérégrinations (très) lointaines des Islandais et des
ressemblances frappantes entre leurs armes et les hongroises n'était pas encore édité.
Donc, mes fantasmes avaient raison: Goths et Magyars ont collaboré, d'abord à garder les routes khazares dont
ils avaient le plus grand besoin. Puis aux razzias quand les Carolingiens déclinent.
1
Fulda est presqu'exactement au milieu du trajet Brenner-Lubeck, la route des Cheveux, des Zibelines et de l'Islande !
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ALSACIEN "GOY" YIDDISH !
Du premier coup d'œil, le yiddish alsacien différe du lituanien. L'alsacien "goy" comporte, lui, maintes
ressemblances, quoiqu'en réalité, il y ait plusieurs dialectes, le même mot se traduisant de trois ou quatre façons
selon les endroits: Alsace bossue, Sundgau, Haute-Alsace, Lorraine, etc... Sans oublier le "schwob" (le "souabe"
ou: "bon allemand", ou: "hochdeutsch"). N'empêche qu'écoutant les clientes bavarder avec les charcutiers de
Strasbourg, mes oreilles entendirent des accents jadis familiers pour quelques mots épars, comme yo, glik, ikh...
(Ja, Glück, Ich en schwob) Malgré ces similitudes, les dialectes alsaciens sont "alémaniques". Alors qu'en dépit
des ressemblances, le yiddish est francique, autre langue, presqu'aussi différente par sa syntaxe de l'allemand que
l'anglais. Comparons: "Fuer vorwärts ze kumme", alsacien, et "far tsugeyn foroys" (pour aller de l'avant) La
syntaxe est différente. Vient-elle d'ailleurs que du roman ? J'ai donc demandé à un prof si l'ordre des phrases en
hébreu est comme en yiddish SVC, Sujet, Verbe, Complément. Bien sûr que non. Autrement dit, entourés de
Slaves et Germains, étudiant l'hébreu, les Ashkenazes tournent les phrases à la française ! (et préférent l'anglais au
taytsh) Le yiddish alsacien ménage des surprises: Mon "dialectionnaire" (DA) cite des judéo-alsaciens introuvés
en mes dicos yiddish (YF) Par contre, l'alsacien goy contient des mots voisins du "vrai" yiddish. Et nombre
d'hébraïsmes.
Les graphies diffèrent, mais la prononciation est souvent pareille, ex: stroi & shtroy. J'ai mis = devant les 32
mots (sur 50) se prononçant exactement de même façon qu'à Kovné ou Vilné. Comparons ces deux petits tableaux:
a goy vos redt vi a yid, an elzaser ! (un goy qui parle comme un Juif: un Alsacien)
alsacien
=a
=amol
ass
=beret
=breesele
=butell
doifes
=freid
ganfe
gassle
=glick
=harz
=hoor
kapores
kingele
maidel
=make
=mandl
=more
=nodel
=pomeranz
=schlof
=sind
=tate
yeddefleisch
yiddish
a
amol
az
beret
breyzl
butl
tfise
frayd
ganvenen
gesele
glik
harts
hor
oysgeshpilt
kinigl
meydl
make
mandl
moyre
nodl
pomerants
shlof
zind
tate
gefiltefish
Hochdeutsch
alsacien
yiddish
ein
mal
als,wenn
Baskenmütze
Krümchen
Flasche
Gefängnis
Freude
klauen
gäßchen
Glück
Herz
Haar
zerbrochen
Kaninchen
Mädchen
Macke
Mandel
Angst
Nadel
Apfelsine
Schlaf
Sünde
Vati
Karpfen
abrahams garte besoylem
aso
azoy
=barg
barg
=bissele
bisele
=bubbele
bubele
doches
tukhes
=ebbes
epes
=ganef
ganev
garkich
gorkikh
=gfîhl
gefil
=jo
yo
=hiettel
hitl
=johr
yor
kejele (bille)
kaylekh (boule)
koilhopf
koyletsh
maistiwle (bavarder) mayse
=mame
mame
=mid
mid
=mir
mir
pleite
pleyte
=scheen
sheyn
=schof
shof
=stroi
shtroy
trottwar
trotuar
=zores
tsores
Hochdeutsch
Friedhof
also
Berg
ein bißchen
Bübi
Arsch
etwas
Dieb
Garküche
Gefühl
Ja
Mütze
Jahr
Murmeln
Kugelhopf
plaudern
Mutti
müde
wir
Pleite
schön
Schaf
Stroh
Gehsteig
Ärger
(un, cimetière, une fois, ainsi, lorsque, mont, béret, peu, miette, bébé, bouteille, cul, prison, quelque peu, joie, voleur, voler, restaurant
kosher, ruelle, sentiment, chance, oui, cœur, casquette, chevelure, an, foutu, bille, lapin, brioche, fille, bavarder, défaut, maman, amande,
fatigué, peur, nous, aiguille, banqueroute, orange, beau, sommeil, mouton, péché , paille, papa, trottoir, carpe à la juive, ennuis)
– Les Alsaciens goys, bien qu'anti-juifs trop souvent, emploient au moins 8 mots venus de l'hébreu: doifes, ganef,
ganfe, kapores, maistiwle, make, more, pleite, zores.
"kapore" existe en yiddish mais au sens: bouc émissaire, mea culpa. Un autre mot,"kapoyer" veut dire: à l'envers.
En anglais, capsize, c'est chavirer, sans doute coïncidence, mais assez curieuse, je serais curieux de connaître
l'étymologie de ce mot, peu germanique, vient-il de l'occitan cap virar, tourner la tête, selon mon dico ?
De cap virar à capsize, ça paraît drôle.
.
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JUDEO-ALSACIEN ET YIDDISH
a yid vos redt nit vi a yid, an elzaser (un Juif qui ne parle pas comme un Juif: un Alsacien)
judéo-alsacien
yiddish
français
judéo-alsacien yiddish
français
afeldaulebeks
almer
afikaumen
aufel
bajetz
barres-makes
berches
bonem omschener
broche
cretaierle
faunt
glüwes
hakel-bakel
kaaf
kies
kratsifis mache
lewayes
malauche
nauscht
schauwe
tischtüech
psomim
almen
matse ?
ovl
beys
koym-koym
matses ?
fotograf
brokh
nebekhdik
kind
gelt
mish-mash
metsye
gelt
lashtshen z.
kvure
dreyen
?
groyp
tishtekh
boîte à épices
veuf
azyme de seder
en deuil
maison
grand-peine
alberches
almener
ätt,edde,
ausgewe
balboss
pain au pavot
estrade synagogue.
père
doter sa fille
patron
photographe
fric
carne
affaire
église
grand-mère
cas douteu x
grand-père
patelin, bled
désaccord
yom kippour
faillite
prendre
ancêtres
tricher
juste, exact
bartsef melochener
blüwes
boser
bschor
defle
frale
*godelkosch
harle
kaf
kippes
lange daa
macholle
melochene
mariage non juif ofesagesejns
grain
schummle
nappe
yoscher
pains de Pesakh
photographe
chance
chétif
enfant
argent
pêle-mêle
occasion
fric, argent
flatter
enterrement
tricher
lekekh ?
?
foter
oysrikhten
balebos
fotograf
gelt
padle
metsye
tifle
bobe
sofekdik
zeyde
khiter
broyges
yom kipur
pleyte
nemen
oves
dreyen
genoy
ETYMOLOGIE : CRIME CONTRE L'HUMANITE ?
Nul des ouvrages que j'aie lus sur Hitler ne donne l'origine de ce patronyme peu courant. Ou n'importe quoi.
Sans être expert, je ne trouve que "hitl" yiddish (casquette) ou "Hiettel" alsacien (petit chapeau) qui s'en
rapprochent. Bien sûr, un casquetier juif n'a jamais été un "hitler" mais un "hitlmakher". N'empêche que "hitler"
aurait été compris en Yiddishland. Je suppose qu'un dialecte rhénan ou danubien utilise un terme voisin. Mon
frère André me dit qu'aucun livre sur Hitler ne parle de "hitl" mais que le dictateur adorait les casquettes, d'un
modèle interdit à tout autre que lui. Coïncidence ? Supposons que cet antijuif forcené, arrivé au pouvoir apprenne
d'une bonne âme que son nom veut dire "casquetier juif", ou peu s'en faut. Quelles seront ses réactions ? Dingue
comme il l'était, il ne pouvait que souhaiter exterminer tous ceux qui auraient pu le ridiculiser à si peu de frais. Il le
put. Ça semble n'avoir aucun rapport avec commerce antique et Rhadanites, mais je n'en suis pas très sûr.
Etymologie: Langues régionales, histoire ancienne ou récente, si la médecine était enseignée de même, il faudrait
redouter de rencontrer un médecin la nuit au coin d'un bois ! Dieu merci, restent les dictionnaires, tant qu'ils ne se
mêlent pas de ma bête noire, l'origine des mots. Le pire, souvent, les auteurs, de bonne foi, recopient fidèlement les
trucages haineux d'un Herr Professor bismarckien prêt à remonter à l' 'Indogermanisch pour une gauloise miette de pain et
de noircir un quart de page sur Samstag (samedi) sans nulle allusion à l'hébreu. On l'a vu, étambot, pluches, galop,
abbé, avarie, reluquer, besoin, camion, gêne, pucelle et bien d'autres sont tout aussi maltraités en France, accusés
de venir de norse, *latin pop., onomatopées, *francique ou orig. inc., alors qu'occitan, breton ou hébreu auraient
aidé nos ignares ou menteurs *éthymologes. Qui osera soutenir que ces enseignements truqués de dignes
professeurs qui n'auraient pas fait de mal à une souris (ils auraient eu trop peur) n'ont eu aucune incidence sur la
connerie sadique de tant de Boches, Lettons, Lituaniens, Pétinistes, Roumains, Russes, Ukrainiens, etc.. ? (Je suis
gentil, j'omets les "résistants" qui ne levèrent pas le petit doigt pour sauver ne serait-ce qu'un bébé juif) Honneur
aux Justes ! Honte aux autres !
(*godelkosch, vient de l'hébreu: gadol kashe, grande question, posée au début de la Paque, pesakh) Etonnons-nous que
(KÖNIG) n'ait remarqué aucun hébraïsme, ni ce cousinage d'alsacien et yiddish. Cécité ou parti-pris ? Je me demande si des
Juifs expulsés des bords du Rhin ont parlé "alsacien goy" en Pologne, plus de 138 mots, alors qu'ukrainien, polonais, russe ou
biélo-russe n'en ont fourni au plus qu'une ou deux centaines chacun, sauf erreur ! Par contre, les Alsaciens juifs parlent un
yiddish assez différent. Exemple: "frale", grand'mère, très thuringien.
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