05 accord en nombre dans la phrase

Françoise Drouard
Centre de documentation pédagogique de Passy (74)
Année scolaire 2004-2005
MAITRISE DE LA LANGUE AU CYCLE 3
Le verbe et le nom dans la phrase et dans le texte
Les marques du nombre
PB : Comment éviter les erreurs d’accord en nombre du sujet et du verbe dans les phrases simples ?
Informations pour le maître
La plupart des manuels et de trop nombreux cahiers d’élèves indiquent que le verbe s’accorde avec le sujet. Cette
affirmation, si elle est théoriquement juste, est totalement inefficace dans la pratique. Or ce que nous visons comme
objectif, c’est que tous les élèves sortent de l’école élémentaire en sachant écrire sans erreur d’accord des phrases
simples, à ordre syntaxique régulier.
Résultats de l’évaluation CE2 en 2002 – pourcentage d’erreur en orthographe grammaticale dans la phrase dictée
« Pendant la récréation, les garçons et les filles jouent aux billes. » :
- pour « garçons » et « filles » , environ 30%
- pour « jouent »,
environ 35 %
Il faut trouver un moyen pragmatique d’apprendre à repérer singulier et pluriel

Evidemment, quand on regarde une phrase écrite correctement, on constate les modifications entre le singulier et le
pluriel :
« J’ai mis une rose dans un vase. Elle embaume. »
« J’ai mis des roses dans un vase. Elles embaument.»
On voit en effet que les transformations du sujet et du verbe sont concomitantes et comme le nom-sujet est seul
quantifiable, il est au singulier ou au pluriel ; par contre le verbe n’est pas quantifiable, s’il est au singulier ou au pluriel,
c’est par accord avec le nom sujet (c’est la même chose pour les adjectifs dans le groupe nominal, ils ne sont pas non
plus quantifiables et prennent la marque du pluriel ou du singulier par accord avec le nom).
On appelle accord, le transfert à distance de catégories morphologiques de la classe du nom sur d’autres classes (verbe,
adjectifs…).

Mais ce qui s’observe bien à la lecture n’est plus opérant quand on écrit et qu’on doit d’abord entendre la phrase,
soit parce qu’elle est dictée, soit parce qu’on la prononce mentalement avant d’écrire. Dans ce cas, qui est le seul
intéressant puisque c’est celui de chaque élève qui écrit, comment sait-on si on est au singulier ou au pluriel ?
Cherchons comment fait l’adulte qui a une bonne orthographe automatique
C’est très bien expliqué dans les programmes 2002 pour le cycle 2 dans le chapitre « Ecrire des textes », dans la section
« 3.2 Problèmes d’orthographe » :
« En ce qui concerne l’orthographe grammaticale, la difficulté réside moins dans la mémorisation des règles que dans
la sollicitation de l’attention. Il est important que l’élève découvre rapidement que l’apparition d’un mot comme « les »
ou « des » dans l’énoncé doit immédiatement conduire à un examen attentif des mots qui le suivent. Les différents
signaux susceptibles de déclencher des accords doivent être repérés, faire l’objet d’affichages spécifiques dans la
classe et sans cesse révisés.
Dans le groupe nominal, les élèves ont en général, en fin de cycle 2, la capacité de marquer l’accord sur le premier
mot qui suit le déterminant pluriel. Ils le font plus difficilement sur le second. L’accord du verbe avec le sujet devient
très difficile lorsqu’on ne l’entend pas comme dans les verbes du premier groupe. Ces compétences orthographiques ne
s’acquièrent véritablement que lorsqu’elle s’automatisent. C’est dans cette perspective qu’il faut les travailler. »
Répertorions les signaux du singulier et du pluriel
Premier cas très fréquent :
Une rose embaume la maison. Des roses embaument la maison.
L’accord en nombre dans le groupe du nom comme dans le verbe est déclenché par un déterminant qui sert de signal
soit au singulier, soit au pluriel.
Dès qu’on entend UN, UNE…
Dès qu’on entend DES…
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on sait qu’on est au singulier
on sait qu’on est au pluriel
date de rédaction ou de révision : 23/11/2004
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Deuxième cas assez fréquent :
Leur vêtement mouillé est sur le radiateur. Leurs vêtements mouillés sont sur le radiateur.
Le signal n’est pas donné par le déterminant car « leur » et « leurs » s’entendent de la même façon ; le signal est ici le
verbe qui varie à l’oral selon qu’il est au singulier ou au pluriel.
Dès qu’à la troisième personne on entend EST, A, FAIT…
Dès qu’à la troisième personne on entend SONT, ONT, FONT…
Donc ici on va accorder le sujet avec le verbe !
on sait qu’on est au singulier
on sait qu’on est au pluriel
Troisième cas peu fréquent :
Leur cheval… Leurs chevaux… Leur bel enfant… leurs beaux enfants…
Ici le signal est donné par le nom ou un adjectif qui l’accompagne car leur prononciation change entre le singulier et le
pluriel.
Quatrième cas où seul le pluriel est signalé :
Leurs gentils [z] amis…
Ici le signal du pluriel est donné par une liaison qui fait sonner le -s du pluriel dans le groupe du nom ou bien le -s du
pronom de reprise. Ceci n’a lieu que si le mot suivant le pluriel commence par un son voyelle (attention, on ne fait pas
la liaison entre le dernier mot du groupe sujet et le verbe). Il y a des risques de confusion avec les adjectifs se terminant
par –x .
Cinquième cas où il n’y a aucun signal
a) Il frétille dans l’épuisette. Ils frétillent dans l’épuisette
Comme la phrase commence par un pronom de reprise qui se prononce de la même manière au singulier et au pluriel et
qu’il n’y a pas de liaison possible avec le verbe, trahissant le -s du pluriel (comme dans « il aime…ils [z]aiment… »),
on est obligé d’aller chercher dans la phrase précédente le sujet réel, repris par le pronom. A ce propos, il est sans doute
important de parler aux élèves de reprise du sujet par le pronom (qui lui n’est pas sujet puisqu’il est un simple procédé
permettant de ne pas répéter le seul et vrai sujet).
Le marchand a attrapé un poisson dans l’aquarium ; il frétille dans l’épuisette.
Le marchand a attrapé des poissons dans l’aquarium ; ils frétillent dans l’épuisette.
C’est dans la phrase précédente qu’on trouve le signal. Puisque le vrai sujet s’y trouve et qu’il est évoqué par le
pronom de reprise dans la phrase suivante.
b) Leur chien aboie. Leurs chiens aboient
Dans la phrase précédente, s’il n’y a pas de signal, il y a un contexte qui, en principe, permet de trancher en fonction du
sens, soit pour le singulier, soit pour le pluriel.
Quand Lucien et Paulette sont absents de chez eux, leur chien aboie.
Quand les mushers arrivent avec les harnais, leurs chiens aboient.
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comment procéder avec les élèves
1. On travaillera d’abord à dégager la notion de signal à l’oral.
On s’habituera à rechercher le signal (signal du singulier, signal du pluriel, pas de signal) par des jeux.
On établira progressivement les différents cas et on fixera progressivement par écrit les collections de signaux et de
non-signaux.
Progressivement signifie ici du CE2 au CM2 et plusieurs fois chaque année.
2. Les collections démarrées en début de CE2 (et si possible en CE1) s’enrichiront au fur et à mesure de l’année et des
trois années.
Si on regroupe les signaux par catégorie grammaticale, on trouve
catégorie
Les déterminants
Les pronoms
Signal du singulier
UN, UNE
AUCUN, AUCUNE
CHAQUE
MON, MA, NOTRE, TON,
TA,VOTRE, SON, SA, CE,
CET, CETTE, LE, LA
Signal du pluriel
DES
DEUX….MILLE…
PLUSIEURS, QUELQUES,
DIVERS, DIVERSES,
CERTAINS,CERTAINES
MES, NOS, TES, VOS,
SES, CES, LES
pas un, aucun, aucune, rien, plusieurs, quelques-uns,
quelqu’un, personne,
quelques-unes, tous, toutes,
n’importe qui, quelque
ceux-ci, ceux-là, eux…
chose, chacun, chacune,
cela, ceci, ça, tout, celui-ci,
celui-là, tout, on, lui…
Pour beaucoup de verbes, on
n’entend pas de différence
(chante/chantent…) sauf en cas de
liaison avec le pronom (Il aime/
Ils [z] aiment)
Les verbes à la
troisième personne
sauf auxiliaires et
semi-auxiliaires
Indicatif présent
passé simple
finit
écrit
dort
conduit
aima
finit
courut
vint
P3s : son-voyelle
finissent
écrivent
dorment
conduisent
P3p : [s], [v], [m]
aimèrent
finirent
coururent
vinrent
P3p : [R]
C’est un temps régulier qui ne
marque pas de différence à l’oral
entre P3s et P3p :
aimait/aimaient
finissait/finissaient
imparfait
futur
Pas de signal
LEUR/LEURS sauf en cas de
liaison
aimera
P3s : [Ra]
aimeront
P3p : [Ron]
Conditionnel présent
chanterait/chanteraient
Subjonctif présent
chante/chantent
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Les verbes les plus
fréquemment
employés :
les auxiliaires être et
avoir et les semiauxilaires
Indicatif présent
Avoir
Etre
Faire
Aller
Venir
Pouvoir
Falloir
Vouloir
Devoir
Savoir
…
passé simple
a
est
fait
va
vient
peut
faut
veut
doit
sait
ont
sont
font
vont
viennent
peuvent
/
veulent
doivent
savent…
eut
fut
fit
alla…
eurent
furent
firent
allèrent…
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avait/avaient…
imparfait
aura
sera
fera
ira…
futur
auront
seront
feront
iront…
Conditionnel présent
aurait/auraient
Subjonctif présent
ait/aient
puisse /puissent…
Pour les temps composés, se reporter aux variations des verbes être et avoir,
- au présent pour le passé composé (il a chanté)
- à l’imparfait pour le plus que parfait (elle s’était perdue) – pas au programme
- au passé simple pour le passé antérieur (ils eurent fini ) – pas au programme
- au futur pour le futur antérieur (elles seront tombées) – pas au programme
Les noms
Les adjectifs
ChevAL
TravAIL
Œuf
Os
Œil
Cas particuliers :
Bel
Nouvel
groupe 5 des adjectifs :
Amical
ChevAUX
TravAUX
Œufs
Os
Yeux
La plupart des noms se prononcent de la même façon au
singulier et au pluriel.
La plupart prennent au pluriel à l’écrit en finale un -s ou un
-x mais certains ont déjà un -s ou un -x en finale au
singulier…
Un ami/des amis
Le dos/les dos
Beaux
Nouveaux
La plupart des adjectifs se prononcent de la même manière
au singulier et au pluriel : jaune/jaunes ; doux/ doux ;
douce/douces ; petit/petits ; blessée/blessées…
Amicaux
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