Cours N°4. LA PHYSIOLOGIE DU SPORTIF Les performances sportives exigent divers efforts des organes du corps humain et de leurs fonctions. Les fonctions physiologiques de l’organisme humain doivent s’adapter et réagir d’une manière optimale aux besoins accrus de l’exercice musculaire. Ce sont les systèmes neuro-musculaire, cardiovasculaire et respiratoire qui jouent un rôle primordial dans ce processus d’adaptation. Le système neuro-musculaire La production d’une contraction musculaire, qui représente l’aspect fondamental de la motricité humaine, est subordonnée à l’envoi d’impulsions nerveuses motrices par le système nerveux central. On ne peut pas dissocier un muscle du nerf moteur qui le commande. Ce nerf moteur est constitué d’un grand nombre de neurones. Le corps de ces neurones se situe dans la corne antérieure de la moelle épinière. Ces neurones moteurs, appelés ainsi parce qu’ils sont responsables des mouvements, sont les motoneurones alpha. En se ramifiant, chaque motoneurone alpha innerve un certain nombre de cellules musculaires appelées fibres musculaires. L’ensemble des fibres musculaires innervées par une cellule de la corne antérieure de la moelle épinière porte le nom d’unité motrice. Il n’y a pas de contraction musculaire possible sans l’intégrité des éléments suivants : un motoneurone alpha, les jonctions neuromusculaires et les fibres musculaires innervées par ce motoneurone. La capacité de mouvement de l’être humain est basée sur une diversité de contractions et de relâchements de quelques cent muscles, dont chacun implique des milliers de fibres musculaires. Le système nerveux central permet de transformer des actions motrices simples en un tout cohérent. Le plan du mouvement volontaire coordonne l’activité des muscles agonistes et antagonistes (coordination du mouvement), les processus d’excitation nerveuse et d’inhibition étant intimement liés. Le système nerveux central comprend le cerveau, le diencéphale, le mésencéphale, la protubérance et le cervelet, lebulbe rachidien et la moelle épinière. Les processus sensorimoteurs qui se déroulent dans le cortex jouent un rôle de gestion avec l’appui de structures sous-jacentes. C’est la moelle épinière qui est le principal conducteur de l’influx nerveux. L’action motrice s’engage au niveau des centres nerveux, continue tout au long des voies pyramidales et s’aboutit sur les plaques neuro-musculaires des fibres. L’action volontaire des muscles striés est donc étroitement liée avec la partie motrice de structures cérébrales et aisée par des réflexes d’origine proprioceptive ou extéroceptive. Les propriocepteurs impliqués dans le réflexe myotatique ou d’étirement sont les récepteurs musculaires, tendineux et articulaires (les fibres intrafusales des fuseaux neuromusculaires et les récepteurs tendineux organes de Golgi), qui jouent un rôle important dans le maintien de la posture (motricité de soutien) et dans la localisation de la position des extrémités (motricité d’action). L’apprentissage moteur Le rôle du système nerveux est fondamental aussi pour l’apprentissage moteur. Les processus d’apprentissage permettent aux circuits nerveux moteurs de se perfectionner. Durant le déroulement de ce processus, les excitations nerveuses se précisent, depuis une simple irradiation des stimuli et, passant par une concentration mentale, elles finissent par une automatisation totale du mouvement particulier et bien délimité. Les mouvements automatisés sont exécutés sans l’intervention du cortex cérébral qui peut donc mieux se consacrer au contrôle du bon déroulement du mouvement. Le système cardiovasculaire Le système cardiovasculaire humain est une boucle fermée dans laquelle circule le sang de tous les tissus. L’appareil cardiovasculaire (circulatoire) est composé par le cœur, véritable pompe vasculaire, et par les vaisseaux sanguins: artères, veines et capillaires. Le cœur est un muscle creux dont la partie proprement musculaire, appelée myocarde, est constituée de fibres striées dont l’innervation est involontaire. Il se situe dans la cage thoracique, en arrière du sternum qu’il déborde largement sur la gauche. Il est divisé en quatre cavités: deux cavités supérieures, les oreillettes, qui reçoivent le sang (l’oreillette droite reçoit le sang périphérique, la gauche celui qui vient des poumons), deux cavités inférieures, les ventricules, qui propulsent le sang vers toutes les cellules par l’aorte pour le ventricule gauche, vers les poumons par l’artère pulmonaire pour le ventricule droit. Entre l’oreillette droite et le ventricule droit, entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche, entre chaque ventricule et l’artère efférente, un système de valvules étanches interdit le retour du sang en amont. La circulation du sang est assurée grâce aux contractions rythmiques du cœur qui crée la pression nécessaire pour propulser le sang dans tout l’organisme. Le sang passe du cœur vers les artères et retourne au cœur par les veines. Les branches artérielles s’étendent de l’artère la plus importante, l’aorte, vers les plus petits vaisseaux, les artérioles, qui se ramifient en vaisseaux encore plus petits, voire microscopiques, les capillaires. Tous les échanges de dioxygène, dedioxyde de carbone et des nutriments (glucides, lipides, acides aminés, sels minéraux, vitamines et eau) entre les tissus et le système vasculaire passe par le lit capillaire. Le sang contenu dans les capillaires fournit du dioxygène et des nutriments aux cellules puis va dans des petits vaisseaux appelés veinules. Ici le sang vient de rentrer dans la partie veineuse du système vasculaire. Ensuite, les veinules retournant au cœur se regroupent pour former de plus gros vaisseaux, les veines. La fonction du cœur: la grande De cet ensemble, deux circuits peuvent être distingués : et la petite circulation la petite circulation comprend le ventricule droit qui propulse le sang dans l’artère pulmonaire, et ses ramifications, puis les capillaires pulmonaires. Au niveau des poumons, le réseau capillaire donne naissance à quatre veines pulmonaires qui vont véhiculer le sang artériel (oxygéné et débarassé d’une partie importante de son gaz carbonique) vers le cœur (oreillette gauche). la grande circulation qui, partant du ventricule gauche, véhicule le sang riche en dioxygène (rouge vermeil) par l’intermédiaire de l’aorte puis de ses multiples arborisations jusqu’aux tissus. Ce circuit se poursuit par les vaisseaux capillaires, par le réseau veineux qui ramène le sang appauvri en dioxygène et chargé de déchets (rouge sombre) aux deux grosses veines caves, supérieure et inférieure (pour les parties du corps se trouvant respectivement au-dessus et au-dessous du cœur) lesquelles débouchent sur l’oreillette droite. Le circuit est enfin bouclé. Le rythme cardiaque La prise du pouls est une méthode largement utilisée pour mesurer l’intensité de la performance en faisant du vélo, de la natation, de la course à pied, et d’autres activités physiques. En dehors des activités physiques, le pouls est apprécié pendant 15, 20, 30 ou 60 secondes. A la fin d’un effort de forte intensité, 5 ou 10 secondes peuvent suffire (un coefficient multiplicateur est utilisé pour obtenir le rythme/minute). Au repos, le pouls d’un sédentaire est, en moyenne, de 75 pulsations, mais il varie en fonction de l’âge, du sexe, de la taille, du poids et de facteurs innés. Le cœur d’un sportif plus entraîné est plus performant que celui d’un homme sédentaire. En effet, le cœur est sollicité lors de l’entraînement et comme il est, lui aussi, un muscle, il accroît ses capacités sanguines. Ainsi, le volume du sang éjecté à chaque contraction du cœur est plus élevé. Les performances du cœur étant accrues, les besoins de l’organisme sont couverts par un moindre travail cardiaque. Pour cela, le cœur d’un sportif est assez lent: environ 40 pulsations par minute. Cependant, lors d’un exercice modéré, le rythme cardiaque passe d’environ 75battements par minute à 140 battements par minute. Or, après un 100 m de course à pied, le cœur se contracte trois à quatre fois plus vite car durant notre course, nous avons multiplié par trois ou quatre nos besoins en dioxygène et le rejet du dioxyde de carbone dans notre sang. Le temps nécessaire au retour du pouls à la normale dépend de l’intensité de l’exercice et de la condition physique du sujet. Ainsi, l’accroissement de l’intensité de l’exercice augmente le temps de récupération; inversement et pour un effort déterminé, l’amélioration de l’entraînement diminue ce temps. Le système respiratoire L’appareil respiratoire est constitué des voies respiratoires et des poumons, en étroite liaison avec le système cardiovasculaire. Le système respiratoire permet le passage du dioxygène de l’air dans le sang et le rejet du gaz carbonique. Les organes du système respiratoire incluent, de haut en bas : les voies aériennes supérieures qui ne participent pas aux échanges gazeux - le nez (les fosses nasales), la cavité nasale, le pharynx (le carrefour des voies respiratoires et digestives), le larynx (le siège des cordes vocales), la trachéeet les bronches (sont les deux prolongements de la trachée); les voies aériennes inférieures - les bronchioles (les ramifications des bronches), les alvéoles (les terminaisons des bronchioles) et les poumons eux-mêmes. Le premier rôle du système respiratoire est de fournir un moyen d’échange des gaz entre l’organisme et l’environnement extérieur. Ainsi, le système respiratoire remplace dans le sang du dioxygène utilisé par l’organisme et le débarasse du dioxyde de carbone (CO2) produit par le métabolisme. On parle ici de la ventilation, ou respiration pulmonaire. C’est au niveau des alvéoles, très riches en capillaires, que les échanges s’effectuent. La ventilation associe alternativementinspiration et expiration. L’inspiration correspond au remplissage alvéolaire. Elle est produite essentiellement par lediaphragme, large muscle en forme de coupole qui sépare le thorax de l’abdomen, et par une partie des muscles intercostaux. L’action de ces muscles augmente le volume intrathoracique pour que les côtes s’écartent et que le diaphragme s’abaisse. L’air passe par les voies respiratoires jusqu’aux poumons. Une fois dans les poumons, il parvient dans de tout petits sacs, les alvéoles pulmonaires, riches en capillaires. Le nombre important d’alvéoles permet une grande surface d’échange pour la diffusion du gaz. Ainsi, le sang pulmonaire devient riche en dioxygène, tandis que l’air pulmonaire s’enrichit en dioxyde de carbone. L’expiration normale est passive, sans action musculaire (l’expiration forcée nécessite, en outre, des muscles abdominaux), la cage thoracique et le diaphragme s’abaissent, le volume environnant les poumons rétrécit; ils sont comprimés et expulsent l’air riche en dioxyde de carbone rejeté par les organes. Le cycle de la ventilation est fini. VO2 max VO2 max exprime le volume maximale de dioxygène (en l ou ml) absorbé par unité de temps (en min). La consommation de dioxygène est un facteur déterminant de la performance pour toutes les épreuves d’endurance. Cette valeur est variable selon les individus et leur degré d’entraînement, elle diminue avec l’âge et est égale à 70 ans à 60% de celle relevée à 20 ans. La consommation de dioxygène au repos est similaire chez le sportif spécialiste des épreuves de longue durée (dit sportif “d’endurance”) et le non-sportif : 0,3 l/min. Cependant la valeur maximale de la consommation de dioxygène est au moins deux à trois fois supérieure chez le sportif d’endurance. Tous les facteurs participant aux échanges gazeux (appareils respiratoire et circulatoire, éléments biochimiques du sang et des tissus) étant ici utilisés au maximum de leurs possibilités, la mesure de la VO2 max est très indicative des possibilités actuelles et futures d’un individu pratiquant un sport à forte consommation aérobie. C’est donc un facteur déterminant de la performance des athlètes de haut niveau.