CONVENTION POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

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Rapport périodique
Original : français
CONVENTION POUR LA SAUVEGARDE DU
PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL
COMITÉ INTERGOUVERNEMENTAL DE
SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL
Sixième session
Bali, Indonésie
novembre 2011
RAPPORT PERIODIQUE N° 00755 / ALGERIE
RAPPORT SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONVENTION ET SUR L’ETAT DES ELEMENTS QUI ONT ETE
INSCRITS SUR LA LISTE REPRESENTATIVE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE L’HUMANITE
A. PAGE DE COUVERTURE
A.1.
État auteur du présent rapport
Dans le cas d’un rapport au sujet d’un élément inscrit sur la Liste représentative soumis
par un État non partie à la Convention, le nom de l’État doit être indiqué, accompagné de
la mention « État non partie à la Convention ».
Algérie
Date du dépôt de l’instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou
d’adhésion
A.2.
Elle peut être consultée en ligne à l’adresse suivante :
www.unesco.org/culture/ich.
15/03/2004
A.3.
Éléments inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente, le cas échéant
Veuillez établir une liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui
sont inscrits sur la Liste de sauvegarde urgente et indiquer en quelle année ils y ont été
inscrits ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États
sont concernés.
Néant
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 1
A.4.
Éléments inscrits sur la Liste représentative, le cas échéant
Veuillez établir la liste de tous les éléments présents sur le territoire de votre pays qui sont
inscrits sur la Liste représentative et indiquer en quelle année ils y ont été inscrits ; pour ce
qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels autres États sont concernés.
L’Ahellil du Gourara (2008)
A.5.
Programmes, projets ou activités considérés comme les plus conformes aux
principes et objectifs de la Convention, le cas échéant
Veuillez établir la liste de tous les programmes, projets ou activités de votre pays que le
Comité a décidé de promouvoir en vertu de l’article 18, en indiquant en quelle année ils
ont été sélectionnés ; pour ce qui est des éléments multinationaux, veuillez indiquer quels
autres États sont concernés.
Néant
A.6.
Synthèse du rapport
Veuillez fournir une synthèse du rapport, qui permette au grand public de comprendre
l’état d’avancement général des mesures prises au niveau national pour mettre en œuvre
la Convention.
500 mots au maximum.
Le patrimoine culturel immatériel en Algérie a régi la vie sociale depuis des temps
immémoriaux. Même si les structures et les modes de vie induits par la modernité ont
largement investi les rapports sociaux, la culture transmise oralement a conservé toute sa
vigueur. Les normes sociales et les valeurs éthiques de la société ont été diffusées et relayées
par le verbe et la praxis qui conservent un statut lisible dans le comportement des citoyens.
L’écrit est perçu comme atone et anonyme. La parole engage, personnifie, témoigne. C’est
pourquoi la tradition orale est demeurée vivace. C’est par le verbe que les réunions de
l’assemblée de village sont conduites et conclues.
La graphie dans ses usages sociaux, dans l’ensemble du Maghreb, n’a pas trois mille ans. Les
vestiges scripturaires les plus anciens sont en caractères libyques puis tifinaghes pour
transcrire la langue Amazighe avant d’être relayés par la graphie arabe dès le VIIIème siècle,
surtout à partir de
l’époque des royaumes berbères médiévaux. Mais les écritures
n’intervenaient que sporadiquement dans la fixation de la culture. Aussi la mémoire collective at-elle été considérablement renforcée par la nécessité de conserver le souvenir de décisions, de
normes, de savoirs et de savoir-faire sous formes de gestes, de poèmes, de légendes ou de
proverbes qui transmettent contenants et contenus.
Durant la période coloniale, face au droit français, la société avait maintenu un droit coutumier
local pour exprimer normes et valeurs.
Il comprenait des règles non écrites mais
scrupuleusement apprises et transmises de génération en génération. Qu’il fût question de droit
civil ou de droit pénal, la société pratiquait des règles originales issues du croisement
alchimique de la civilisation musulmane et du substrat culturel Amazighe.
La société algérienne a aussi été créatrice de savoir-faire répondant à des besoins sociaux et
économiques et des arts étayant les temps forts de la vie. La chorégraphie traditionnelle s’est
développée en se déclinant en modalités régionales plurielles. Aujourd’hui encore, les danses
qui accompagnent l’ahellil, celles de la transe mystique, les danses de fêtes liées au mariage, à
la naissance, à la circoncision s’offrent dans leur unité - on les retrouve à travers le pays- mais
aussi dans leur diversité - chaque province conserve son style propre-. Le chant traditionnel
connaît des formes plurielles qui éclatent elles-mêmes en nombreux sous-genres. Tout cela a
induit l’émergence d’une gamme d’instruments musicaux fabriqués par des artisans talentueux.
C’est dire la fonction majeure de la tradition orale qui a permis la formation des artistes et des
artisans fabriquant céramique, bijou, tissage, ainsi que toutes sortes d’instruments et
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 2
d’aménagements.
C’est fort de ce savoir et en déférente considération à ce legs que l’Algérie, après avoir
activement participé à l’élaboration de la convention de 2003, a adopté cet instrument
international comme premier Etat au monde. La loi nationale de 1998 reconnaît explicitement le
rôle prépondérant dans la construction de l’identité nationale, du patrimoine culturel immatériel.
L’Algérie s’est dotée des moyens réglementaires et juridiques lui permettant de le collecter, le
protéger, le promouvoir et le diffuser. Elle s’attèle aujourd’hui à l’inventorier, l’enregistrer, le
conserver, l’étudier et le revivifier en le structurant dans une banque nationale de données dont
l’alimentation est confiée aux chercheurs, aux érudits, aux détenteurs, aux praticiens et aux
communautés.
B. MESURES PRISES EN APPLICATION DE LA CONVENTION
Dans toute la partie B, ci-dessous, on entend par « mesures » les mesures juridiques,
techniques, administratives et financières appropriées prises par l’État ou par la société
civile – communautés, groupes, voire, lorsque c’est approprié, individus – sous l’impulsion
de l’État. L’État doit décrire, chaque fois que c’est pertinent, les efforts qu’il déploie pour
assurer la plus large participation possible des communautés, des groupes et, le cas
échéant, des individus qui créent, entretiennent et transmettent des éléments de
patrimoine culturel immatériel et pour les impliquer de près dans leur gestion (article 15 de
la Convention).
B.1.
Capacités institutionnelles de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Rapport sur les mesures visant à renforcer les capacités institutionnelles de sauvegarde
du patrimoine culturel immatériel, comme indiqué à l’article 13 de la Convention et au
paragraphe 99 des Directives opérationnelles.
B.1a Organismes compétents pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
Chaque État doit « désigner ou établir un ou plusieurs organismes compétents pour la
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire » (article 13).
Veuillez indiquer à quelle(s) entité(s) cette responsabilité a été confiée et en communiquer
les coordonnées complètes.
Introduction : Actions de sauvegarde entreprises dès le recouvrement de l’indépendance
Dès le recouvrement de son indépendance en 1962, l’Algérie a pris conscience de l’importance
majeure de son patrimoine culturel qui fut pendant 132 ans ethnologisé, marginalisé ou
instrumentalisé comme folklore exotique au mieux, dilapidé et méprisé au pire. En recouvrant
sa souveraineté, l’Etat algérien a eu très vite pour souci de restaurer, réhabiliter et repositionner
dans leur statut légitime ce que les anthropologues ont appelé les constituants de la
personnalité de base. Ce qui fait que chaque Algérien ressemble à un autre Algérien, ce qui fait
en un mot l’identité collective et qui est d’essence éminemment culturelle.
Une disposition de décembre 1962 reconduisait la législation française pour autant que celle-ci
ne portait pas atteinte à la souveraineté nationale algérienne. C’est ainsi que les activités
culturelles et les initiatives portant sauvegarde du patrimoine culturel immatériel pouvaient être
envisagées dans le respect de la loi et non pas dans l’anarchie.
Dès l’année 1967, l’ordonnance n° 67-281 du 20 décembre 1967 organise la gestion et la
protection des biens culturels. Même si la culture immatérielle n’est pas explicitement citée, il
demeure que ce texte prend en compte la culture dans son intégralité. Son article 57 précise
d’ailleurs : « Tous les objets mobiliers ou immobiliers par destination, présentant un intérêt
national certain, du point de vue de l’histoire, de l’art et de l’archéologie ». Or, la culture
immatérielle présente un intérêt patent du double point de vue de l’art et de l’histoire.
En 1973, l’algérianisation de la législation nationale permettra d’initier des lois régissant de
façon originale et adéquate tous les secteurs de la vie nationale et en particulier celui de la
culture.
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L’Algérie, dès la fin de la colonisation française s’est attelée simultanément à développer les
instruments modernes de la culture (le livre avec la création de la Société Nationale d’Edition et
de Diffusion, le cinéma avec le lancement de l’Office National du Commerce et de l’Industrie
Cinématographiques, le théâtre avec la création du Théâtre National Algérien et de ses
théâtres régionaux, la valorisation du patrimoine et des musées etc. et à sortir de la
marginalisation pour la revivifier, sa culture traditionnelle millénaire.
En 1964 déjà, le ministère de l’information comprenait une « Direction de la culture populaire ».
Sous son égide, le « premier festival national du folklore » était organisé en juin-juillet 1964 et a
permis de réunir des groupes d’artistes venus de toutes les contrées de l’Algérie. Les musiques
populaires et les chorégraphies traditionnelles ont fait alors l’admiration du public qui découvrait
la richesse de son patrimoine culturel immatériel. Les troupes folkloriques venues de l’Algérie
profonde ont notamment donné d’inoubliables spectacles composés de danses costumées
représentant les styles et les régions du pays (targui, kabyle, al’alaoui, reguibi etc.).
Sur décision de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), l’Algérie a organisé en juillet 1969 le
premier festival culturel panafricain. Ce fut une opportunité historique précieuse pour le pays
organisateur de produire au grand jour et de valoriser son patrimoine culturel immatériel
millénaire. Ce fut le lieu et le moment d’affirmer sa personnalité de base et son identité
collective qui, après 132 ans d’occupation et de colonisation de peuplement, demandaient à
être réinvitées. L’Algérie montrait au monde que sa matrice civilisationnelle était
consubstantielle à son peuple et son terroir. Un des organisateurs de la grandiose
manifestation culturelle de juillet 1969, écrit dans la Revue du Festival : « Il est indispensable
qu’un continent qui s’ouvre volontairement aux lumières du progrès et au bonheur de vivre,
comprenne pourquoi nous ne sommes pas les héritiers du siècle de Périclès et les
constructeurs des cathédrales gothiques et pourquoi nous avons travaillé l’ivoire et l’ébène,
construit les murs de Fez et fait chanter les tambours et les cuivres ». Autrement dit, à la faveur
du festival, l’Algérie a dit haut et fort qu’on ne peut contribuer à l’universel que si l’on possède
des biens propres. Il fallait sortir du complexe du colonisé et du mimétisme culturel qui
l’accompagne. Il fallait signifier qu’on n’est pas redevable à une culture qui s’impose par la
contrainte. C’est pour analyser la force de résistance et les fonctions régaliennes de la culture
que fut organisé, dans le cadre du festival panafricain de 1969, le symposium d’Alger sur la
culture africaine. De nombreux chercheurs nationaux et étrangers y ont débattu pendant 10
jours de tous les aspects de la culture et, en particulier, de la place privilégiée qu’occupe la
culture immatérielle à travers le Continent.
De leur côté, et dès l’indépendance, l’Université d’Alger et le Centre de Recherches
Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques (CRAPE)
ont mis sur pied des
programmes d’enseignement et de recherche visant à collecter et à analyser le substrat culturel
oral d’une densité et d’une richesse alors insoupçonnées. De nombreuses équipes de
recherche ont investi, entre les premières années de l’indépendance et le début du troisième
millénaire, des terrains anthropologiques productifs et variés. Le Centre National de
Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques a organisé sur plusieurs années
de nombreux colloques internationaux du plus haut niveau sur le soufisme, sur l’anthropologie
et la musique, sur la culture orale, sur les savoir et savoir-faire …
Le CRAPE (Centre de recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques)
devenu le CNRPAH a, en effet, organisé depuis près d’un demi-siècle de nombreux colloques
et séminaires consacrés au patrimoine culturel immatériel. Il dispose d’ores et déjà de plus
d’une centaine d’heures d’enregistrement de poésie populaire écrite et déclamée des XVIIème,
XVIIIème et XIXème siècles et le programme d’enrichissement de cet inventaire se poursuit. Il
dispose également de plusieurs centaines de bandes magnétiques enregistrées durant les
années 70 portant sur des musiques et chants du patrimoine national et qu’il est en train de
numériser. Les supports scientifiques de ce Centre (revues et collections) ont accueilli des
centaines d’études et d’articles consacrés en particulier à tout ce qui a trait à la tradition orale et
aux savoir-faire locaux. Pour n’évoquer à titre illustratif que quelques travaux d’anthropologie
culturelle publiés dans Libyca, on peut citer :
- Signification des rites et coutumes relatifs aux céréales
- les rituels
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- l’ahellil du Gourara
- La toilette féminine
- Aspect de l’artisanat chez les Kel Ahaggar
- Partage de la viande
- Enquête sur le portage de l’eau en Algérie
- Le décor chiromorphe des poteries
- Songes et Présages
- Stèles funéraires
- Observations sur les échelles musicales des Touaregs de l’Ahaggar
- Culture savante et culture vécue en Algérie
- Le récit héroïque de source arabe dans la littérature populaire algérienne
- Chants nationalistes algériens
- La transcription de la poésie chantée etc.
Dans ses diverses collections, le Centre National de recherches Préhistoriques,
Anthropologiques et Historiques (CNRPAH) a en outre, publié de nombreux ouvrages. Nous
n’en citerons que quelques uns à titre indicatif ;
- Les tanneurs de Marrakech
- Oralité africaine, colloque international (tI et tII)
- Littérature orale algérienne
- Art, civilisation et culture en Afrique
- Un village algérien, structure et évolution récente
- Djazia une princesses berbère
- l’ahellil du Gourara
- Cheikh Mohand a dit tI et tII
- L’imagerie mystique dans le folklore algérien
- Récits et histoire
- Du nomadisme : essai d’anthropologie historique
- Textes zénètes du Gourara
- Des voies et des voix
- Chants de femme en Kabylie
- Ksour et saints du Gourara
- Anthropologie et musique
- Mutations touarègues
- Chaussures traditionnelles algériennes
- Ecrits et paroles de Mouloud Mammeri
- Le jeu de la Bouqala
- Proverbes et dictons populaires du Mont Chenoua
- Les routes des caravanes
- Les touaregs du Hoggar
- Les collections ethnographiques des musées algériens etc.
Le CNRPAH a par ailleurs réalisé une série de films documentaires anthropologiques dont les
principaux sont :
- l’ahellil du Gourara
- l’imzad
- les bijoux traditionnels
- le rakb ((le pèlerinage au mausolée de Sidi Cheikh),
Il a également contribué à la réalisation d’autres documentaires anthropologiques en
collaboration avec l’Entreprise Nationale de Télévision.
De même que le CNRPAH est chargé de constituer la filmothèque de tous les dossiers
proposés au classement par l’UNESCO.
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Plus tard, d’autres facultés et d’autres institutions universitaires et scientifiques mettront sur
pied des équipes de chercheurs travaillant sur la poésie spontanée, le conte, la légende, le
mythe, le chant, le rituel, le proverbe…Cette jeune communauté de chercheurs est aujourd’hui
à la tâche et anime diverses revues scientifiques.
Ainsi, des centaines de noubates de musique andalouse des écoles d’Alger, Béjaia, Blida,
Constantine et Tlemcen ont-elles été enregistrées et éditées sous forme de disques par le
Ministère en charge de la culture entre 1962 et 1969. Durant la décennie soixante-dix du siècle
dernier, des dizaines de festivals de poésie regroupant dans plusieurs villes des centaines de
poètes du melhoun ont été organisés par les pouvoirs publics visant deux objectifs : redonner
ses lettres de noblesse à un art pérenne qui plonge ses origines dans la nuit des temps et fixer
ce trait saillant du patrimoine culturel par l’édition de livres et de revues. Dès la fin des années
soixante, le mensuel Promesses donnait le ton en consacrant son quatrième numéro à la
poésie populaire.
L’enseignement supérieur n’est pas demeuré en reste en ce qui concerne la collecte et
l’analyse de la culture immatérielle. En mars 1974, le Ministère de l’enseignement supérieur et
de la recherche scientifique organise à Alger le XXIVème congrès international de sociologie
qui réunit plus de trois cents sociologues et anthropologues venus d’une soixantaine de pays.
Ce congrès a permis d’ouvrir des débats épistémologiques très riches sur le concept de culture
populaire en rapport avec la science ethnologique. D’éminents spécialistes ont contribué, à
l’occasion de tables rondes tenues en marge du congrès, à repositionner dans les
indépendances recouvrées la notion de culture immatérielle, pierre angulaire des civilisations
africaines. Le congrès de mars 1974 a encouragé les anthropologues algériens à défricher le
terrain encore vierge du substrat culturel traditionnel de leur pays. Les choses ont évolué
depuis. Aujourd’hui, quatre institutions universitaires ont pour vocation d’enseigner ce
patrimoine. L’Institut de Culture Populaire de Tlemcen et les Départements de Langue et
Culture Amazighes des universités de Tizi-Ouzou, de Béjaia et de Bouira totalisent aujourd’hui
des centaines de mémoires de licence, de Magister et de thèses de doctorat relevant de
l’anthropologie culturelle. La Radio algérienne, pour sa part, dispose d’un fonds d’archives
particulièrement riche en poésie orale et chansons dans les deux langues nationales du pays.
Des actions de plus grande envergure en faveur du patrimoine culturel immatériel verront le
jour au début des années 2000, après la promulgation de la loi du 15 juin 1998 portant
protection du patrimoine culturel et la ratification par l’Algérie de la convention internationale de
l’UNESCO de 2003.
Par décret du 5 octobre 2003, l’Algérie se dote d’une banque de données afférente aux biens
culturels immatériels. Les quarante huit directions départementales de la culture sont instruites
pour identifier les biens culturels immatériels, les personnes physiques détentrices de ces
biens et pour les enregistrer. A partir de l’exploration et de la fixation de ces biens au niveau
local, un inventaire général des biens culturels protégés a été institué. Il a fait l’objet d’autres
dispositions réglementaires précisant les modalités de l’enregistrement et les attributions des
établissements concernés par ledit inventaire et placés sous l’égide du Ministère de la Culture.
Ainsi, une instruction en date du 7 mars 2007 de Madame la Ministre de la Culture enjoint aux
Directeurs départementaux de la culture, dans son article 3 « d’engager, dans les plus brefs
délais, les opérations de mise en place de la banque nationale des données du patrimoine
culturel immatérielle, dans le cadre de conventions à établir avec le Centre Nationale de
Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPAH) qui a une mission de
recherche scientifique et de réalisation de corpus dans le domaine du patrimoine culturel
immatériel ». Cela en application de la loi n° 98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection des
biens culturels et du décret du 05 octobre 2003 portant création de la banque nationale de
données du patrimoine culturel immatériel. La loi nationale, (du 15 juin 1998), outre qu’elle
assure la protection du patrimoine culturel immatériel, en donne une définition qui lève toute
équivoque sur la nature de ce patrimoine. En effet, son article 67 dispose clairement : « Les
biens culturels immatériels se définissent comme une somme de connaissances, de
représentations sociales, de savoir, de savoir-faire de compétences, de techniques, fondés sur
la tradition dans différents domaines du patrimoine culturel représentant les véritables
significations de rattachement à l’identité culturelle détenus par une personne ou un groupe de
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personnes. Il s’agit notamment des domaines suivants : l’ethnomusicologie, les chants
traditionnels et populaires, les hymnes, les mélodies, le théâtre, la chorégraphie, les
cérémonies religieuses, les arts culinaires, les expressions littéraires orales, les récits
historiques, les contes, les fables, les légendes, les maximes, les proverbes, les sentences et
les jeux traditionnels ». C’est à partir du contenu de sa loi nationale et de la reconnaissance de
son patrimoine culturel immatériel au fondement de son identité culturelle, que l’Algérie a
activement participé à l’élaboration de la convention de l’UNESCO de 2003 qu’elle a ratifié dès
février 2004, comme premier Etat au monde. De fait, dès l’année 2002, la langue Amazighe
était promue au rang de langue nationale par un amendement de la Constitution enrichie par
l’article 3 bis.
A l’occasion des grandes manifestations culturelles internationales organisées par l’Algérie, le
patrimoine culturel immatériel a bénéficié d’une place de choix. L’organisation en 2003 de
« l’Année de l’Algérie en France » a permit de faire découvrir à nos compatriotes de l’émigration
et au public français des segments majeurs de la culture populaire algérienne. Récitals,
expositions, concerts, spectacles chorégraphiques, conférences sur la culture traditionnelle etc.
ont aidé les spectateurs de l’Hexagone à apprécier et à mieux comprendre la personnalité
culturelle algérienne.
L’année 2007 a été marquée par la réalisation d’un riche programme culturel à la faveur de
l’organisation de la grande manifestation culturelle « Alger, capitale de la culture arabe »
confiée à l’Algérie par l’ALECSO. Les hommes de cultures et les artistes arabes venus prendre
part aux programme de cette année 2007 ont pu découvrir la variété des arts populaires
exposés ou exécutés sur scène à Alger et dans plusieurs villes algériennes. La technologie
traditionnelle (travail de la laine, du métal, de l’argent, du bois, du cuir etc.) a pu être
découverte à la faveur d’ateliers et d’expositions au cours desquels les artisans ont fait montre
d’une maîtrise avérée de techniques apprises par la vertu du geste et de la parole. La poésie
populaire, la danse et le chant ont fait l’objet de programmes riches et variés en salles et en
plein air. Des colloques scientifiques internationaux ont été organisés autour de plusieurs
thématiques du PCI.
La capitale algérienne a rassemblé en juillet 2009 la culture du continent africain à l’occasion du
deuxième Festival Culturel Panafricain dont l’organisation a été confiée à l’Algérie par l’Union
Africaine. A cette extraordinaire occasion plus de 8000 artistes, créateurs et penseurs venant
de 50 Etats du continent ont pu exhiber leurs créations, leurs productions et leurs talents
durant plus de 15 jours dans tous les domaines de la culture : la littérature, le théâtre, le
cinéma, la danse, le chant, la musique, les arts, la création de mode et tous les patrimoines.
De nombreuses expositions concernant tous les aspects de la culture du continent, ont été
organisées ; l’une d’entre elles, conçue avec le concours de l’UNESCO, a exhibé tous les chefs
d’œuvre africains inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de
l’humanité. Ce fut une opportunité privilégiée pour réunir à Alger et dans d’autres villes
algériennes de nombreux colloques scientifiques internationaux concernant divers aspects de la
culture africaine. A cette occasion a été tenu à Alger, à l’ouverture du festival, le premier
colloque international des anthropologues africains. Plus de soixante spécialistes de la culture
sont venus des quatre coins de l’Afrique pour analyser les ressorts profonds de la culture
ancestrale du Continent et ses rapports avec le développement. Les chercheurs algériens ont
trouvé là un cadre idoine pour réfléchir sur le statut et le devenir de la culture immatérielle du
pays. La musique traditionnelle, la religiosité et la mystique,
l’habitat nomade, le
développement de la recherche anthropologique en Algérie et en Afrique, l’évolution du concept
d’identité culturelle, la littérature orale, pour ne citer que quelques thèmes traités, ont trouvé en
ce carrefour intellectuel un terrain de prédilection pour dire et se dire.
La culture immatérielle a trouvé aussi à l’échelle du Continent africain un autre terrain privilégie
d’expression. A la faveur de la tenue à Alger du colloque international des anthropologues
africains de juillet 2009, les participants ont solennellement déclaré se constituer en Congrès
afin de créer les conditions d’une coopération féconde et durable entre anthropologues africains
et ceux intéressés par l’Afrique. A cet effet, les anthropologues africains présents à Alger ont
chargé l’Algérie de réunir un comité d’experts anthropologues africains pour élaborer les textes
fondateurs d’une structure panafricaine permanente. Ces assises sont programmées pour le
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mois de mars 2011 à Alger et réuniront des anthropologues représentant les cinq sous-régions
du Continent (Afrique australe, Afrique centrale, Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est et Afrique
du Nord) pour donner des statuts au « Congrès Panafricain des anthropologues », une
organisation dont le siège sera établi à Alger. C’est là une des retombées positives du second
festival culturel panafricain.
En 2011, dans la suite des grandes rencontres culturelles abritées par l’Algérie, Tlemcen sera
pendant une année le point de convergence d’artistes, de penseurs, d’écrivains, de chercheurs
qui se retrouveront autour du thème majeur : « Tlemcen, capitale de la culture islamique » dont
l’organisation a été confiée à l’Algérie par l’ISESCO. Il y sera question de mystique et de
spiritualité, certes, mais aussi de la culture immatérielle dans son ensemble : poésie spontanée,
musique, chorégraphie, architecture, artisanat etc. A cette occasion de nombreux colloques
internationaux traiteront de plusieurs aspects du PCI de l’Algérie et des pays islamiques.
Soucieux de promouvoir la culture populaire et de la rapprocher des populations, le Ministère
de la Culture a programmé et financé pour la seule année 2010 soixante-quatre (64) festivals
locaux comprenant en particulier sept (7) festivals de musique locale, quatre (4) festivals locaux
du chant, quarante huit (48) festivals culturels locaux des arts et cultures populaires, soit plus
d’un festival par wilaya (département). Par ailleurs, vingt cinq (25) festivals culturels nationaux
ont été programmés avec des thématiques variées (musique et chanson amazighes, raï,
haouzi, poésie féminine etc…). Tout comme le Ministère organise des festivals internationaux
consacrés à l’ahellil, au soufisme, aux chants et danses traditionnels, aux musiques anciennes,
…. De plus, il programme régulièrement des semaines culturelles interdépartementales pour
permettre aux uns de découvrir la finesse et la richesse des arts et traditions populaires des
autres. La promotion de la culture immatérielle algérienne est assurée par des manifestations
appropriées comme, par exemple, le festival arabo-africain des danses folkloriques.
B.1a
Outre les musées nationaux, les départements de Sciences Humaines de l’Université, les
institutions les plus impliquées dans la sauvegarde du PCI sont :
1/ Les Directions Départementales de la Culture (Dénommées Directions de la Culture de
Wilaya, elles sont au nombre de 48)
2/ Le Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques
(CNRPAH) 3 rue F. Roosevelt, Alger, Algérie. www.cnrpah.org [email protected]
B.1b Institutions de formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel
Indiquez quelles institutions de ce type ont été créées, sont nées à l’initiative de l’État ou
ont été renforcées par lui et communiquez leurs coordonnées complètes.
Le CNRPAH ouvrira en octobre 2011 en collaboration avec des universités du pays, une école
doctorale consacrée aux sciences du patrimoine culturel immatériel. La première promotion sera
constituée d’une vingtaine d’étudiants à inscrire en Magister (équivalent du Master de recherche
2). De même qu’une formation pratique d’enquêteurs recrutés au niveau de la licence en
sciences sociales et humaines sera organisée durant l’année universitaire 2011/2012 par le
CNRPAH.
B.1c Institutions de documentation sur le patrimoine culturel immatériel
Indiquez quelles institutions de ce type ont été établies par l’État et communiquez leurs
coordonnées complètes ; décrivez toute mesure prise par l’État pour faciliter l’accès à ces
institutions.
Bien qu’il n’y ait pas (pour le moment) d’institutions spécialisées dans la documentation sur le
PCI, on signalera que beaucoup d’universités et de centres de recherches contiennent des
fonds documentaires sur ce patrimoine. Ce fond est donc constitué de
Mémoires de fin de licence ;
Thèses et Magistères
Etudes et recherches sur des éléments particuliers du PCI.
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Des enseignants et chercheurs travaillent actuellement à établir des répertoires dans lesquels
on trouvera toutes les références bibliographiques en vue de l’utilisation de ces matériaux et
documents pour la constitution de la banque de données dont la validation et l’alimentation en
données est confiée au CNRPAH.
B.2.
Inventaires
Veuillez communiquer l’inventaire ou les inventaires des éléments du patrimoine culturel
immatériel présents sur le territoire de votre État, comme indiqué aux articles 11 et 12 de
la Convention et au paragraphe 98 des Directives opérationnelles. Vous pouvez inclure
les informations suivantes :
la dénomination de chaque inventaire et celle de l’entité qui en est responsable ;
les principes de classification utilisés pour structurer l’inventaire ou les inventaires en
question, par exemple sur la base des communautés/groupes de gardiens des
traditions, des domaines de patrimoine culturel immatériel, de principes territoriaux
(niveaux national, régional, local), etc. ;
les critères ayant déterminé l’intégration d’éléments du patrimoine culturel immatériel
dans votre/vos inventaire(s) ;
la prise en compte éventuelle, dans votre/vos inventaire(s), de la viabilité du patrimoine
culturel immatériel (par exemple, le patrimoine culturel immatériel menacé de
disparition, celui qui nécessite une sauvegarde urgente, etc.) ;
la présentation/l’approche retenue pour votre/vos inventaire(s) ;
la méthode utilisée pour la mise à jour de votre/vos inventaire(s) et la fréquence de celleci ;
les différentes manières dont les populations locales sont impliquées dans la détection et
la définition du patrimoine culturel immatériel à inclure dans l’inventaire/les
inventaires, puis dans leur établissement et leur actualisation ;
la participation éventuelle d’organisations non gouvernementales compétentes à la
détection et à la définition du patrimoine culturel immatériel.
Dispositions prises pour la réalisation de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel
a/ Le Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques
(CNRPAH) a identifié une centaine d’experts relevant de son autorité et/ou appartenant à
d’autres centres de recherche et aux universités du pays auxquels est confiée la mission
d’élaborer les bibliographies exhaustives concernant chaque segment du patrimoine culturel
immatériel, de définir les outils méthodologiques adéquats et d’encadrer les opérations de
collecte du substrat culturel proprement dit. Une convention a été conçue à cet effet et est
destinée à chacun des experts retenus. Ce document établit un calendrier précis qui permettra
au CNRPAH de centraliser les propositions méthodologiques et les bibliographies puis de
lancer sur le terrain les opérations minutieuses de collecte du patrimoine culturel.
b/ En 2010, sous l’égide du Ministère de la Culture, le Centre National de Recherches
préhistoriques, Anthropologiques et Historiques après avoir abrité de nombreux colloques
scientifiques internationaux, réunions de spécialistes et journées d’études, a organisé plusieurs
carrefours scientifiques qui ont réuni des chercheurs algériens et étrangers pour débattre de la
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En Septembre 2010, des spécialistes venus
d’Algérie, de France, d’Allemagne, de Tunisie ont réfléchi sur ce patrimoine. Puis des tablesrondes spécifiques ont été organisées et ont concerné :
-
L’ethnomusicologie, les chorégraphies et les rapports au corps,
-
La littérature orale et tous types de discours véhiculant le patrimoine culturel,
-
Les savoirs, savoir-faire, jeux et leurs transmissions
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 9
L’hagiographie, les rites et les cérémonies communautaires, le sacré et les traditions
spirituelles
Ce premier préalable méthodologique (qu’il conviendra de sérier davantage) a été retenu
comme la trame de l’inventaire national du PCI.
c/ Un programme d’envergure nationale est en train d’être mis en œuvre pour alimenter par
tous moyens appropriés la banque nationale de données et de dresser l’inventaire du
patrimoine culturel immatériel de l’Algérie. La réalisation de cet inventaire sera coordonnée par
le CNRPAH. Elle mobilisera le potentiel scientifique du Centre, des chercheurs structurés dans
les universités et d’autres centres de recherche, des enquêteurs formés à dessein et les
directions de la culture des 48 wilayate (départements) algériennes. Une lettre de mission a été
adressée par le Directeur du Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques
et Historiques à une centaine de chercheurs confirmés en anthropologie culturelle et historique
pour tracer la feuille de route et baliser le cheminement de l’enquête de terrain. Une convention
a été élaborée à cet effet pour déterminer avec précision la tâche du chercheur et fixer un
calendrier permettant la livraison de tous les éléments requis (état exhaustif des lieux consacré
au domaine considéré, bibliographies spécialisées, protocole d’enquête, listings du domaine
pris en compte, participation à l’élaboration d’un annuaire des chercheurs ayant les mêmes
centre d’intérêt scientifiques, mention des structures ou personnes physiques dépositaires du
patrimoine culturel immatériel). L’inventaire sera territorialisé en un zoning précis qui évitera les
redites, les doubles emplois et la confusion géographique de compétence.
C’est pourquoi le territoire national sera abordé dans l’œuvre de collecte proprement dite, par le
biais de la wilaya (département). Il appartiendra au directeur local de la culture, avec les
moyens humains et matériels mis à sa disposition et dans les limites du territoire de sa
compétence, de procéder au repérage et à l’identification des dépositaires du patrimoine
culturel immatériel dans toutes ses composantes (littérature orale déclinée dans ses genres
variés, le substrat ethnomusicologique, les savoir-faire traditionnels etc.) dans une première
phase. Dans une seconde phase, le Centre National de Recherches Préhistoriques,
Anthropologiques et Historiques devra valider les listings départementaux et procéder à la
collecte et à l’enregistrement de ces patrimoines par l’emploi d’enquêteurs qu’il aura
préalablement formés. Sur place, le Directeur de la culture de wilaya assurera la logistique et
l’intendance requises pour l’accomplissement de la mission des enquêteurs. Le Centre National
de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Historiques élaborera et fera parvenir aux
directeurs de la culture les outils de travail pertinents requis par l’opération (protocole
d’enquête, note d’orientation à caractère méthodologique et déontologique sur l’attitude et le
mode opératoire des enquêteurs face aux personnes invitées à livrer leur savoir, fiche
technique d’enregistrement, questionnaire éventuel etc. Il s’agit là d’une opération pluriannuelle
d’envergure nationale qui se déroulera sous le contrôle scientifique des plus hautes
compétences nationales et internationales regroupées pour mener à bien ce programme en un
lieu focal qu’est le Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et
Historiques.
Il s’agit bien d’un inventaire établi et à établir continûment par la Direction Départementale de la
Culture qui dispose d’un service du patrimoine culturel. La structuration de l’inventaire est donc
territoriale. La structure de validation et d’alimentation de la banque nationale de données du
patrimoine culturel immatériel est une institution scientifique qui mobilise chercheurs,
enseignants universitaires, ingénieurs, techniciens, enquêteurs et érudits locaux pour
l’alimentation continuelle des la banque de données. La relation entre le Département et le
Centre National de Recherche (CNRPAH) est consacrée par l’établissement d’une convention
d’expertise scientifique d’établissement de données à mettre à la disposition de la banque
nationale de données. Pour les années 2011 et 2012 et pour la seule opération d’alimentation
de la banque nationale de données du patrimoine culturel immatériel, un budget de plus de un
million d’Euros a été consenti par le Ministère de la Culture au profit du CNRPAH comprenant,
entre autres, une opération de mise en place d’un système d’exploitation technique de la
banque de données.
d/ Par ailleurs, les Directions départementales de la culture sont instruites pour recenser de
manière prioritaire les éléments les plus fragiles, c'est-à-dire ceux dont les occasions de
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 10
production sont, pour diverses raisons, de plus en plus rares. Tout comme le Ministère de la
Culture encourage les Départements à créer de manière volontariste, des festivals soutenus
financièrement, autour de ces éléments fragiles ou menacés. C’est ainsi, par exemple, que la
création d’un festival institutionnalisé autour « des arts du Hoggar » à permit aux musiques de
l’Imzad et du Tindé de se produire plus fréquemment.
e/ S’agissant des détenteurs et des praticiens du patrimoine culturel immatériel, un texte
réglementaire les reconnaissant, les encourageant et les gratifiant est en cours d’élaboration
dans le cadre de la mise en place des modalités de fonctionnement du Fonds National du
Patrimoine Culturel.
B.3.
Autres mesures de sauvegarde
Décrivez d’autres mesures de sauvegarde, notamment celles mentionnées à l’article 13
de la Convention et au paragraphe 98 des Directives opérationnelles, que vous avez
prises pour :
mettre en valeur la fonction du patrimoine culturel immatériel dans la société et en
intégrer la sauvegarde dans des programmes de planification ;
encourager des études scientifiques, techniques et artistiques pour une sauvegarde
efficace ;
faciliter, dans la mesure du possible, l’accès aux informations relatives au patrimoine
culturel immatériel tout en respectant les pratiques coutumières qui régissent l’accès à
des aspects spécifiques de ce patrimoine.
La multiplication des festivals soutenus par l’Etat, l’introduction de plus en plus sensible du PCI
dans le système éducatif, l’intérêt manifesté par les médias de toutes sortes pour sa diffusion
sont autant d’indicateurs allant dans le sens d’une prégnance de plus en plus grande de la
culture immatérielle dans la société algérienne.
L’université et la recherche algériennes consacrent de plus en plus de diplômes et de travaux
de recherche à ces aspects de la culture nationale. Un Centre National de Recherche
Scientifique est dédié au PCI. Des Programmes Nationaux de recherches (PNR) lui sont
consacrés. De nombreux colloques internationaux sont régulièrement organisés sur tel ou tel
aspect du PCI.
Tout comme il est prévu, dès que les questions techniques de mises en place d’un système
d’exploitation auront été réglées, de mettre en ligne et à la disposition des publics des aspects
du PCI national.
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 11
B.4.
Mesures visant à assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du
patrimoine culturel immatériel
Décrivez des mesures que vous avez prises pour assurer une plus grande
reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel, en
particulier celles visées à l’article 14 de la Convention et au paragraphe 101 des
Directives opérationnelles :
des programmes éducatifs, de sensibilisation et de diffusion d’informations à l’intention
du public, notamment des jeunes (vous pourriez par exemple indiquer si le patrimoine
culturel et matériel est intégré dans les programmes scolaires et, le cas échéant,
selon quelles modalités) ;
des programmes éducatifs et de formation au sein des communautés et des groupes
concernés ;
des activités de renforcement des capacités en matière de sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel ;
des moyens non formels de transmission des savoirs (vous pourriez par exemple
expliquer de quelle manière les modes de transmission non formels sont perçus et
reconnus par le grand public et au niveau national) ;
éducation à la protection des espaces naturels et des lieux de mémoire dont l’existence
est nécessaire à l’expression du patrimoine culturel immatériel.
Intégration de la culture immatérielle dans la formation des jeunes
Dans les orientations du Ministère de l’Éducation Nationale et les stratégies cognitives qu’il a
définies dans la confection des programmes pédagogiques, la composante socioculturelle est
un axe de premier plan. Dans le document d’accompagnement des programmes élaboré par la
Commission Nationale des Programmes on peut lire : « la composante socioculturelle est
constituée de la connaissance de la valeur stylistique des mots … de leur charge culturelle et
leurs conditions d’emploi… ». Qu’est-ce à dire ? Si l’on prend les œuvres littéraires algériennes
inscrites au programme de l’Éducation nationale, on ne peut appréhender l’intelligence du texte
que par référence à la culture populaire à laquelle réfère l’œuvre de fiction. Qu’il s’agisse du
roman, de la poésie ou du théâtre, la connaissance et la compréhension du background culturel
dans lequel s’inscrit l’œuvre, sont requises pour expliquer la pensée de l’auteur et l’évolution de
ses personnages. Prenons le théâtre de Kateb Yacine. Si l’on ne connaît pas la valeur
symbolique dans la culture populaire algérienne de l’enseignement et de la sagesse des
ancêtres qui ont transmis leur savoir par l’oralité, on ne saisit pas les tensions et les motivations
du personnage principal du roman.
Du reste, les programmes tels qu’appliqués dans les enseignements moyen et secondaire
comportent des références au patrimoine culturel immatériel et impliquent même l’explication
de contes et légendes. Les paratextes sont supposés référer à un contexte qui est éminemment
culturel. D’ailleurs, le programme de la cinquième année primaire mentionne avec précision les
supports et les domaines culturels des contenus d’apprentissage. On y lit : « Afin de motiver les
apprenants dans leurs activités d’apprentissage, les supports que propose le programme sont
de formes variées et s’organisent autour de la fonction des textes :
-
les textes poétiques (poèmes chansons, comptines)
-
les textes dialogues (dialogues directs et indirects)
-
les textes à tendance narrative (contes, récits, correspondances)
-
les textes descriptifs (animaux, personnes, plantes…)
Dans la définition des programmes, ainsi que le stipulent les orientations de la Commission
nationale des programmes, « l’accent a été mis sur des textes à dominante narrative. Cette
forme de discours avait été privilégiée au niveau 1 dans le but de mettre les élèves, à travers le
récit, au contact d’un riche patrimoine fait de contes anciens et de légendes et favorisé à
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 12
travers l’Histoire par une longue période de tradition populaire d’une littérature oralisée… »
L’objectif assigné à cet enseignement n’est pas seulement notionnel et didactique. Il vise aussi
à faire prendre conscience à l’élève de son appartenance à une aire culturelle propre. C’est ce
que le programme du niveau 3 affirme : « Il s’agit à ce niveau d’apprentissage de rendre
l’apprenant capable, à l’usage du discours écrit et oral, de témoigner de sa culture propre mais
aussi universelle ».
Par ailleurs, peu après l’inscription de l’Ahellil sur la liste représentative de l’UNESCO, des
ateliers d’apprentissage de l’Ahellil ont été ouverts auprès de divers collèges de la région
concernée grâce au concours du Ministère de l’Éducation Nationale. Il en sera ainsi pour tous
les éléments du PCI algérien inscrit sur l’une des listes de la convention 2003.
Par l’éducation informelle, une grande place est attribuée à la diffusion du patrimoine culturel
immatériel, notamment dans les programmes de télévision et de radio tout comme sont diffusés
des nombreux éléments du patrimoine culturel immatériel dans les « maisons locales de jeunes
» et les « maisons de la culture ».
Des programmes plus denses, plus amples devront être mis en place en faveur de la diffusion
du patrimoine culturel immatériel au fur et à mesure de l’avancée de l’alimentation de la banque
nationale de données du patrimoine culturel immatériel.
B.5.
Coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale
Rendez compte des mesures prises aux niveaux bilatéral, sous-régional, régional et
international pour la mise en œuvre de la Convention, y compris les mesures de
coopération internationale telles que l’échange d’informations et de données d’expérience,
et des initiatives communes, qui sont visées à l’article 19 de la Convention et au
paragraphe 102 des Directives opérationnelles. Vous pourriez par exemple mentionner les
activités suivantes :
partage de la documentation sur un élément du patrimoine culturel immatériel présent
sur le territoire d’un autre État partie (paragraphe 84 des Directives opérationnelles) ;
participation aux activités relevant de la coopération régionale, par exemple celles des
centres de catégorie 2 pour le patrimoine culturel immatériel qui sont ou seront créés
sous les auspices de l’UNESCO (paragraphe 85 des Directives opérationnelles) ;
développement de réseaux de communautés, d’experts, de centres d’expertise et
d’instituts de recherche, aux niveaux sous-régional et régional, pour élaborer des
approches communes et interdisciplinaires pour ce qui est des éléments du
patrimoine culturel immatériel que plusieurs pays ont en commun (paragraphe 83 des
Directives opérationnelles).
L’Algérie a pris la décision de soutenir financièrement et par la mobilisation de ses experts, tous
les dossiers multinationaux proposés à l’inscription des éléments qu’elle partage avec d’autres
pays sur les listes de la convention de 2003.
L’Algérie a également accepté d’abriter et de soutenir « Le Congrès Panafricain des
Anthropologues », Organisation scientifique et culturelle internationale créée à Alger suite aux
recommandations du deuxième festival culturel panafricain.
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 13
C.
STATUT DES ELEMENTS INSCRITS SUR LA LISTE REPRESENTATIVE
Veuillez fournir l’ensemble des informations demandées ci-après pour chacun des
éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur le territoire de l’État qui ont été
inscrits sur la Liste représentative. Pour décrire l’état actuel de l’élément, vous prendrez
pour base le dossier de proposition d’inscription et ne rendez compte que des
changements pertinents survenus depuis la date de l’inscription sur la Liste ou depuis le
dernier rapport établi. Les dossiers de proposition d’inscription et les précédents rapports
peuvent être consultés sur le Web (www.unesco.org/culture/ich) ou, sur demande, au
Secrétariat.
L’État partie s’efforce d’assurer la plus large participation possible des communautés, des
groupes et, le cas échéant, des individus concernés au cours du processus de préparation
de chaque rapport et il lui est demandé au point C.7 ci-après de décrire de quelle manière
il y est parvenu.
Nom de l’élément : L’Ahellil du Gourara
Inscrit en : 2008
C.1.
Fonctions sociales et culturelles
Expliquez les fonctions et les significations sociales et culturelles de l’élément aujourd’hui,
dans le groupe de population d’où il est originaire et pour ce groupe, les caractéristiques
de ses gardiens et de ses praticiens et décrivez, entre autres, toute catégorie de
personnes exerçant un rôle ou des responsabilités spécifiques vis-à-vis de l’élément. Il
faut mentionner tout changement pertinent susceptible d’avoir des répercussions sur le
critère d’inscription R.1 (« L’élément est constitutif du patrimoine culturel immatériel tel
que défini à l’article 2 de la Convention »).
S’agissant de la fonction sociale, on peut dire que l’Ahellil est profondément lié au mode de vie
des Zénètes du Gourara dont l’essentiel des activités provenait de l’agriculture oasienne : dur
labeur nécessitant des efforts constants en matière d’hydraulique et pour l’entretien des jardins
constamment menacés par l’ensablement et le manque d’eau. C’est certainement cette
expérience quotidienne, répétée durant des siècles, qui est au fondement des valeurs
essentielles chantées dans la poésie de l’Ahellil : patience, humilité et constance. Face à une
nature aussi dure, l’homme ne peut vivre seul. Ici, l’individu n’est rien sans sa communauté et
cette dernière ne tolère aucun écart vis-à-vis de son but ultime : se reproduire matériellement et
culturellement en maintenant très fort les liens de l’individu avec son groupe. La figure
symbolique de l’Ahellil, le cercle, avec tous les choreutes se tenant épaule contre épaule et
regardant vers le soliste qui est au centre, montre bien que l’Ahellil contribue au maintient de la
cohésion du groupe en le focalisant sur son intériorité.
Bien qu’elle se maintienne dans certaines petites oasis éloignées, cette organisation
socioéconomique a bien évidemment disparu de la région du Gourara entraînant une série de
transformations sur le plan culturel. Pour ce qui est de la pratique de l’Ahellil, la relation au
temps n’étant plus la même en raison de la modernisation du rapport au travail, on peut dire
que les gens ne se retrouvent qu’en certaines occasions festives. La signification de l’Ahellil
pour les gens qui en ont hérité se situe plus dans le besoin de se retrouver ensemble pour
raffermir un lien qui se trouve passablement distendu que dans cet acte quotidien quasi
spontané et incontournable qu’il était.
Les praticiens actuels (il n’y a pas a proprement parler de gardiens de l’élément) représentent
quasiment la dernière génération qui a encore un pied dans l’ancien système tel qu’il existait
encore aux lendemains de l’indépendance du pays (1962) et la société actuelle. C’est sur eux
que repose l’essentiel du dispositif de sauvegarde qui vise à leur permettre de jouer un rôle
positif dans la transmission de la pratique aux jeunes générations qui bien souvent sont tentées
par tout ce qui vient d’ailleurs en matière culturelle. Si la plupart de ces praticiens sont restés
attachés à l’ancien système d’activité (travail dans les jardins), d’autres ont réussi une
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 14
reconversion en s’insérant (par divers types d’emplois) dans le nouveau système d’activités qui
prévaut actuellement. Ayant conservé une image positive auprès des plus jeunes, ces
praticiens ont réussi à transmettre le respect des anciennes valeurs et pratiques qui sont
perceptibles à ces derniers dont certains accèdent maintenant à des responsabilités politiques
et administratives à l’échelon local. Ce sont ces jeunes responsables (entre 35 et 40 ans) qui
ont entrepris de mobiliser les ressources locales dont ils disposent pour animer, transmettre,
établir un lien fort entre les générations en mettant en relation les jeunes avec les anciens,
aider à la constitution des associations culturelles et organiser les échanges entre le local et le
national. Cette accession de jeunes issus du tissu social local à des responsabilités politico
administratives est à considérer comme l’un des changements majeurs de la situation qui
prévaut dans cette région et qui ne manquera pas d’exercer une influence positive sur
l’évolution de la pratique de l’Ahellil.
C.2.
Analyse de la viabilité de l’élément et risques auxquels il est actuellement exposé
Décrivez le degré de viabilité actuelle de l’élément, en particulier la fréquence et l’étendue
de sa pratique, la force des modes de transmission traditionnels, la composition
démographique des praticiens et des publics et sa durabilité. Veuillez aussi identifier et
décrire les facteurs qui, le cas échéant, constituent une menace pour la pérennité de la
transmission et de la représentation de l’élément et indiquez le degré de gravité et de
proximité de tels facteurs.
1)
Fréquence et étendue de la pratique de l’élément :
Tout en restant prudent sur l’évolution à court et moyen terme de la pratique et de la
transmission de l’Ahellil, nous avons constaté une tendance assez nette vers des lendemains
que l’on peut qualifier de positifs. Cette évolution positive peut être liée aux facteurs suivants :
a/ l’inscription de l’Ahellil sur la liste représentative de l’UNESCO a eu pour effet principal,
auprès des communautés locales et des détenteurs de savoirs et praticiens, la satisfaction
d’avoir bénéficié d’une reconnaissance internationale ;
b/ ceci a provoqué un sursaut de confiance en soi (pour les praticiens et les communautés) qui
se traduit par une certaine fierté et une volonté d’assurer la pérennité de cette pratique ;
c/ cette volonté est perceptible notamment au niveau du nombre d’associations culturelles
formées autour de la pratique de l’Ahellil (mais aussi d’autres genres musicaux) y compris dans
les villages les plus reculés (exemples des communautés vivant dans les villages de Talmine et
de Taghouzi, vivant dans les dunes de l’erg à près de cent kms de Timimoun) ;
d/ les associations sont régulièrement invitées au festival international de l’Ahellil qui est
organisé chaque année à Timimoun ; nous avons même constaté que les communes ont
tendance à organiser des journées de l’Ahellil avec les groupes et associations de praticiens de
l’Ahellil au niveau local ;
e/ la présence d’équipes de la télévision et des radios ainsi que de nombreux journalistes venus
couvrir l’événement du festival renforce l’engouement du public local (surtout les jeunes) envers
l’Ahellil en même temps qu’elle permet au public du reste du pays de mieux connaître l’élément.
2)
Force des modes de transmission traditionnels :
Il nous été rapporté, lors de nos déplacements sur le terrain, que lors de mariages qui
constituent une occasion traditionnelle pour la pratique de l’Ahellil on a tendance a reprendre
l’ancien usage qui commençait à être abandonné depuis la fin des années 1980 au profit de
troupes de musique moderne. Par ailleurs, les pèlerinages aux tombeaux des saints qui
constituaient également une occasion pour la pratique de l’Ahellil et sur lesquels planait, au
début des années 1990, une menace de disparition (voire d’éradication) en raison du discours
extrémiste déclarant hérétique et donc prohibé ce genre de pratique. Les pèlerinages se
régénèrent avec la participation des groupes d’Ahellil qui permettent aux nombreux amateurs
de ce genre de continuer la pratique. Nous avons par contre remarqué que la pratique qui
consistait, pour les groupes de jeunes surtout, à se retrouver en fin d’après-midi chez l’un
d’entre eux pour pratiquer comme forme de loisir l’Ahellil (ou plutôt la Tagerrabt plus intimiste) a
Rapport périodique 11 – n° 00755/Algérie - page 15
tendance à disparaître. Les jeunes qui s’intéressent vraiment à l’Ahellil ont tendance à se
rencontrer au sein des associations dont les membres se retrouvent fréquemment au local de
l’association ou bien dans la demeure de l’un des membres. Ceci montre bien que le nouveau
mode d’expression de l’Ahellil tend à être le cadre associatif.
3)
Composition démographique des praticiens et des publics et sa durabilité de l’élément :
Nous n’avons pas encore effectué d’enquête sur l’âge des praticiens et des publics mais nous
pouvons affirmer que de manière générale la moyenne se situe dans la tranche d’âge des 40
ans et plus pour les praticiens. Concernant le public, la présence des jeunes reste significative.
Signalons cependant que de nombreux jeunes (entre 14 et 18 ans) suivent les ateliers d’Ahellil
dans les collèges et bientôt dans les lycées.
4)
Facteurs qui pourraient constituer une menace pour la pérennité de l’élément :
Un facteur pourrait éventuellement provoquer une grave perturbation du lien social qui reste
essentiel pour la pratique et la transmission de l’Ahellil est la tendance qui s’est renforcée ces
dernières années consistant à abandonner le ksar pour bénéficier des programmes de
constructions de maisons en dur dans les nouveaux quartiers initiés par les autorités locales.
Cette tendance qui est surtout perceptible à Timimoun est directement liée aux programmes
d’urbanisation et de modernisation de la construction provient directement de l’administration
centrale qui impose un nouveau mode d’habitat. Il faut noter que les fortes chutes de pluies
enregistrées dans cette dernière localité depuis le début des années 2000 ont entraîné des
dégâts importants au niveau des habitation en adobe du ksar de Timimoun provoquant une
forte demande de relogement dans les habitations en dur disponibles dans les nouveaux
quartiers au sein desquels se trouvent des familles qui ne sont pas forcément sensibilisées à la
pratique de l’Ahellil.
C.3.
Contribution aux buts de la Liste
Expliquez de quelle manière l’inscription de l’élément sur la Liste a contribué à assurer la
visibilité du patrimoine culturel matériel et à sensibiliser les populations au niveau local,
national et international, à son importance, mais aussi à promouvoir le respect de la
diversité culturelle, de la créativité humaine et du respect mutuel auprès de communautés,
de groupes et d’individus.
Impact de l’inscription de l’élément sur la liste :
A- Sur la visibilité du patrimoine immatériel.
Suite à l’inscription sur la liste les médias nationaux (télévision, radios et presse écrite) ont
répercuté l’information avec des écrits de journalistes mais aussi des interviews avec des
autorités culturelles et des chercheurs s’occupant du dossier mais aussi avec des praticiens.
B- Sur la sensibilisation des populations locales.
L’organisation du festival de l’Ahellil à Timimoun a un impact indéniable sur les populations
locales en termes de revalorisation de cette pratique ainsi que nous l’avons souligné plus haut.
Nous avons pu constater que lors du festival de nombreuses personnes enregistrent les
groupes d’Ahellil qui se produisent. Certaines de ces personnes (des commerçants)
confectionnent par la suite des CD que l’on retrouve dans le commerce contribuant ainsi à une
plus large diffusion de l’élément. Cette circulation de l’élément par le biais du commerce fait que
de nombreuses boutiques (restaurants, cafés, gargotes, kiosques, stations d’essence etc.)
diffusent à longueur de journée la musique de l’Ahellil. Ceci n’existait pratiquement pas
quelques années auparavant où l’Ahellil, bien que pratiqué par les communautés qui lui étaient
attachées, n’avait pas de visibilité sociale dans la région du Gourara.
C- Promotion de la diversité culturelle.
Il ne nous est pas possible de répondre de manière précise à ce type de question qui
demanderait une enquête approfondie auprès d’un échantillon représentatif. Par contre on peut
affirmer que cette promotion de l’Ahellil a débouché sur une réelle augmentation de son
prestige auprès des populations qui n’étaient pas traditionnellement attachées à cette pratique.
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L’inscription de l’Ahellil sur la liste a eu un effet d’entraînement qui se vérifie dans le fait que le
Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques reçoit plusieurs
sollicitations de membres de communautés désirant promouvoir d’autres éléments auprès de la
liste.
C.4.
Efforts pour promouvoir ou renforcer l’élément
Décrivez les mesures qui ont été prises aux fins de la promotion et du renforcement de
l’élément, en donnant le détail de toutes celles qui se sont révélées nécessaires en
conséquence de son inscription.
Les premières mesures qui ont été prises en vue d’assurer la promotion et le renforcement de
l’élément sont :
1/ La création du Festival de l’Ahellil à Timimoun. Ce festival annuel (qui a lieu à la fin du mois
de décembre de chaque année) est directement géré par la Direction de la culture à la wilaya
(préfecture) d’Adrar qui invite de nombreuses associations à se produire à l’occasion du
festival. Outre le paiement de cachets aux associations, un jury (formé de connaisseurs de
l’Ahellil reconnus) a été expressément constitué pour primer les meilleurs groupes, chanteurs et
instrumentistes. Ajoutons que le choix de la période est extrêmement pertinent car la qualité du
climat attire de nombreux touristes y compris des étrangers.
2/ L’organisation, depuis deux années et avec la collaboration du ministère de l’Education
nationale, d’ateliers d’Ahellil pour les collégiens. Sur instruction du Ministre de l’Education
Nationale, le Directeur de l’éducation de la wilaya (Département) d’Adrar a ouvert aux
enseignements de l’Ahellil plusieurs collèges de la région du Gourara. Ces collèges se situent
dans les localités de Timimoun, Ouled Said, Charouine, Ouled Aïssa. A partir de 2011, la mise
en place de ces ateliers sera étendue aux trois lycées de la région du Gourara.
3/ L’aide financière et matérielle fournie par le ministère de la Culture aux associations locales
soit par le biais des autorités ministérielles soit par les autorités départementales pour
l’organisation de rencontres entre groupes d’Ahellil et pour les déplacements dans d’autres
localités pour des représentations. De même, le ministère de la culture ainsi que ses divers
établissements invitent régulièrement les troupes d’Ahellil à se produire dans d’autres régions
du pays.
4/ Dans le domaine de la recherche, le CNRPAH poursuit ses activités dans la région du
Gourara avec des enregistrements nouveaux, la constitution d’un fonds photos et documents
sonores. Par ailleurs l’opération de numérisation de l’ancien fonds d’archives sonores
enregistré dans les années 1970 est en train de se faire. Le Centre organise également des
colloques et journées d’études sur le patrimoine culturel immatériel au cours desquels l’élément
Ahellil est toujours traité et bien sûr présenté au public. Le Centre National de Recherches
Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques a publié (avec des tirages à 3000 exemplaires)
des ouvrages sur l’Ahellil et sur la région du Gourara comme :
-
- L’Ahellil du Gourara de Mouloud Mammeri ;
-
- Ksour et saint du Gourara de Rachid Bellil (cet ouvrage a été traduit vers l’arabe ;
-
- Textes Zénètes du Gourara de Rachid Bellil.
Le Centre publie également les actes de colloques nationaux et internationaux sur les
questions touchant à l’oralité ainsi qu’à l’ethnomusicologie.
Un site web a été crée qui diffuse des enregistrements audiovisuel sur l’Ahellil.
Enfin, la création d’une antenne du CNRPAH à Timimoun à laquelle sont affectés des moyens,
outre qu’elle créera des emplois au niveau local, se donne pour objectifs :
-
- de se constituer en pôle symbolique chargé des questions de l’Ahellil ;
-
- recevoir les praticiens, chercheurs et étudiants s’intéressant à la question ;
-
- organiser des ateliers d’initiation au patrimoine culturel immatériel. Ces ateliers viseront
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d’abord un public de jeunes scolarisés mais pourra être étendu à d’autres publics par la suite
(membres d’associations locales).
C.5.
Participation des communautés
Décrivez la participation des communautés, des groupes et des individus à la sauvegarde
de l’élément et indiquez s’ils ont la volonté de continuer à le sauvegarder.
Bien que nous ne disposons pas encore d’éléments précis permettant de se faire une idée
exacte de cette participation on peut toutefois affirmer que l’essentiel de la réponse est lié à la
constatation, que nous avons pu vérifier sur le terrain, d’une véritable action de revalorisation
de l’élément. Cette action transparaît auprès de certains responsables élus qui prennent des
initiatives en organisant dans leurs communes des soirées consacrées à l’Ahellil en invitant
toutes les troupes et associations à se produire. De budgets d’envergure locale sont dégagés
pour récompenser les troupes les plus méritantes. On notera que les femmes participent de
plus en plus nombreuses à ces troupes qui se produisent à l’échelle locale mais aussi
nationale. Seul le problème de l’obtention de visas collectifs empêche certaines de ces troupes
de se produire en dehors du territoire national. Pour autant que l’on puisse en juger, il semble
bien que cette disposition à continuer de sauvegarder l’Ahellil doit être poursuivie.
C.6.
Contexte institutionnel
Informations concernant le contexte institutionnel de l’élément inscrit sur la Liste
représentative, y compris :
le ou les organisme(s) compétent(s) impliqué(s) dans sa gestion et/ou sa sauvegarde ;
la ou les organisation(s) de la communauté ou du groupe concernée(s) par l’élément et
sa sauvegarde.
-
-
-
-
Les organismes compétents impliqués dans la gestion de la sauvegarde de l’élément sont :
Le ministère de la Culture :
Adresse : Palais de la culture, Plateau des Annassers, BP 100, Alger, Algérie. Tél : 021 29 10
10
Mail : [email protected]
Le ministère de l’Education nationale :
Adresse : 8, rue de Pékin, El Mouradia, Alger Algérie
Tél : 021 60 55 60 / 021 60 55 62
Fax : 021 60 67 57
Le Centre National de Recherches Préhistoriques Anthropologiques et Historiques :
Adresse : 3, rue Franklin Roosevelt, Alger 16500
Tél : 021 74 75 84
Fax : 021 74 79 29
Mail : [email protected]
La Direction de la culture à la wilaya d’Adrar :
Mail : [email protected]
La Direction de l’éducation à la wilaya d’Adrar, Adrar
Le Centre de rayonnement culturel de Timimoun, Timimoun, Wilaya d’Adrar
Les Assemblées Populaires Communales (mairies) concernées par l’Ahellil.
Pour ce qui concerne la forme d’organisation des communautés en faveur de l’Ahellil, il s’agit
essentiellement d’associations. Une enquête est actuellement en cours pour le recensement de
ces associations ainsi que l’établissement de données qualitatives et quantitatives sur leur
action (âge, sexe, activités, motivations etc.). Pour ce qui est de l’implication des communautés
en faveur de la sauvegarde de l’Ahellil, il s’agit, là aussi de la forme d’organisation en
associations.
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Participation des communautés à l’établissement du présent rapport
C.7.
Décrivez les mesures qui ont été prises pour assurer la plus large participation possible
des communautés, des groupes et, le cas échéant, des individus concernés pendant la
préparation du présent rapport pour chaque élément concerné.
Les communautés ont été impliquées à toutes les étapes de l’organisation des différentes
manifestations en faveur de l’Ahellil. Les autorités centrales invitent régulièrement et à chaque
occasion importante des détenteurs et des praticiens de l’élément dont le plus emblématique
d’entre eux, le maître Moulay Seddik Slimane qui est le lien entre les communautés et les
autorités locales et centrales.
SIGNATURE AU NOM DE L’ÉTAT PARTIE
D.
Le rapport doit se terminer par la signature originale du fonctionnaire compétent pour le
signer au nom de l’État, accompagnée de son nom, de son titre et de la date de remise.
Nom :
Professeur Slimane HACHI
Titre :
Directeur du Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et
Historiques, Ministère de la Culture
Date :
5 décembre 2010, révision Le 21 Août 2011
Signature :
< signé >
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