Emile Zola, La Curée

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La Curée, Chapitre1
« Je veux autre chose…Je veux autre chose »
 Le passage étudié est un extrait du premier chapitre du second roman de la série des Rougon-Macquart de
Zola. Dans cette scène, le fils d’Aristide Rougon (maintenant nommé Aristide Saccard) se trouve avec Renée, la
seconde femme de Saccard, dans une calèche qui les ramène du Bois de Boulogne vers leur propriété en bordure
du parc Monceau. Un ralentissement permet à Renée de contempler le paysage qui s’offre à elle alors qu’elle
éprouve le besoin d’un « autre chose ».
 Le passage qui est plutôt descriptif a une tonalité indistincte. Cependant, on peut penser que Renée éprouve des
sentiments proches du lyrisme à la vue de ce paysage
Au cours d’une étude synthétique, nous verrons comment ce passage descriptif présente le personnage de Renée
et a une valeur symbolique.
I/ Un passage descriptif
1) Une description précise
 Précisions temporelles
- Moment : une fin de journée
« ténèbres »
« la nuit était presque venue »
- Saison : en automne
 Précisions du lieu
Au bois de Boulogne, près d’un lac.
Visualisation de la topographie avec « le lac, aux deux bords, au milieu, un peu plus loin au fond » + adverbes
Les nombreux adjectifs permettent de mieux visualiser :
Le décors : « vaste, singulièrement plat »
Les objets : « mince, étroit »
Les oppositions du paysage : « grands morceaux de ciel / petit coin de nature »
La barque : « triangle de voile jaune ; voile latine »
 Peut-être une forme de réalisme voulu par l’auteur, il évoque les formes et les couleurs.
 Evocation des perceptions de Renée
L’auteur passe du sens visuel au sens auditif
« trot des équipages…semblable à des voix lointaines » = comparaison
2) Une nature artificielle
 Origines du lac
Le bois est une création du second Empire (18551858)
2 architectes : Alphan et Varré
 Un lac artificiel
« plaque d’étain », « courbes étudiées des rives », « colonnades »
 Idée de miroir, d’architecture
« Grâce mondaines » : Le bois a un public précis
 Crée de la main de l’homme
3) Une description impressionniste
 Zola et l’impressionnisme
Zola était un ami de Cézanne.
Il soutient les impressionnistes qui font scandales à l’époque : refusent les thèmes traditionnels (mythologie…)
Il a su défendre les impressionnistes
On voit l’influence des peintres impressionnistes dans ses descriptions
 Le thème
Paysage (le bois) à une heure précise de la journée (le soir)
Ex : Monet qui peint la cathédrale de Rouen aux différentes heures de la journée
 Une peinture d’extérieur
Alternance des ombres et de la lumière : « lueur des braises », « au couchant »
Couleurs rappellent celles utilisés par les impressionnistes :
vert : « feuillages, futaies »
jaune : « couché de soleil, voile »
violet : « colonnades violâtres »
 Imprécisions : « taches, pâlissant, linceul, ombre »
 Notion d’atténuation « tout allait en se mourant », « effacement universel »
 Un paysage en mouvement
« saisi sur le vif et peint au moment même »
Déclin de la lumière
Monet : « Il faut être de son temps et peindre ce que l’on voit »
 3 plans différents
- La voiture
- Les gens au loin
- Le paysage
 Procédé cinématographiques
II/ Le personnage de Renée
1) Une femme insatisfaite
 L’encadré du texte
« Je veux…autre chose » : Renée est insatisfaite de sa condition
 Désir non formulé et à peine conscient
Amplification par la présence au début et à la fin du passage
« satiétés » : mélancolie morbide
Paysage vu par Renée
Effet de miroir qui l’enferme sur elle-même
« De larges taches noires fermaient l’horizon »
Absence « barre noire » l47 : limite, repris par « petit coin de nature
Notion de prison : opposé à la verticalité « du ciel »
Paysage reflète son état d’âme : « frisson, tristesse froide
+ substantif ou adjectif  hypallages qui caractérise plus Renée que le paysage lui-même
« lac immobile, singulièrement plat » : Mélancolie peut-être liée à la saison
 Peut-être spleen Baudelairien
2) Un personnage tragique
Aveuglée : marquée par la fatalité
Elle n’arrive pas a trouver le mot inceste
Fatalité : métamorphose du bois
Fin du passage : bois sacré où se manifeste les grandes forces du monde = allusion mythologique
Les grandes forces du monde : allusion mythologique (l40)
Victime du mal mais aussi figure du mal car c’est par elle que l’inceste va arriver
Alliance avec la nature : nature suggère l’inceste et un destin fixé dès le départ « terre du rêve, alcôve honteuse
et surhumaine.
III/ Un passage symbolique participant à l’exposition
1) Le thème
Adultère : inceste, alcôve honteuse : histoire d’un inceste
Lueur : déchéance de Renée suggérée par « lent crépuscule » et « automne »
2) La structure du roman
Première promenade : manière pou Renée de vivre l’inceste mais aussi, simultanément, pour le lecteur de le
découvrir.
Description de la promenade « inverse » p331-334.
Thème romantique du souvenir.
Ainsi cette scène descriptive fait partie de l’exposition en nous dévoilant les aspirations mythologiques de
Renée. L’inceste, s’il n’est pas nommé est déjà très présent mais on peut se demander si Renée (et les autres
personnages du roman) sera à la hauteur de son idéal tragique.
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