Croissance et mondialisation Du milieu du 19e siècle, l`humanité a

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Croissance et mondialisation
Du milieu du 19e siècle, l’humanité a connu une transformation plus rapide qu’au cours
des millénaires précédents. Cette évolution est le résultat d’une croissance économique
qui a bouleversé les sociétés traditionnelles jusqu'à diffuser sur l’ensemble de la planète
le modèle industriel occidental. Cette croissance est continue, mais elle n’est pas
régulière, passant par des crises et des étapes qui permettent d’identifier des cycles.
Chaque grande période est marquée par une puissance économique dominante.
Quelles sont les grandes étapes de la croissance économique mondiale de 1850 à
nos jours ?
I. Les phases de la croissance économique depuis 1850
A. L’Europe affirme sa puissance au XIXe siècle.
A partir de la fin des années 1840, l’Europe entre dans une phase prolongée de
croissance, grâce aux retombés de la première révolution industrielle (1780), fondée sur
l’usage du charbon et des machines à vapeur. Chemins de fer, métallurgie et textile sont
ainsi à la base de la croissance économique de la Grande-Bretagne, première puissance
au monde. Le développement économique de l’Europe s’appuie également sur l’adoption
du libre-échange1. Et sur l’exploitation des ressources naturelles du reste du monde,
notamment dans les empires coloniaux.
Cette croissance est ralentie durant la « Grande dépression », entre 1873 et 1896. Les
prix agricoles baissent à cause de crises comme le phylloxéra 2 en France, et de la
concurrence des pays neufs (céréales américaines, viande d’Australie) facilitée par la
réfrigération et de meilleurs moyens de communication. La production des agriculteurs
diminue et l’industrie est affaiblie. La France et la Grande-Bretagne sont durement
touchées. On assiste à l’émergence de nouvelles puissances économiques comme
l’Allemagne ou les Etats-Unis.
B. Croissance et crises jusqu’en 1945
La deuxième révolution industrielle ouvre une nouvelle phase de croissance.
L’automobile, en France (Renault3) et aux Etats-Unis (Ford4), prend son essor. Elle
s’appuie sur le travail à la chaîne professé par l’économiste Taylor5. L’électricité (1878),
la chimie et les premiers usages du pétrole comme source d ‘énergie, assurent la
croissance des pays industrialisés jusqu’en 1929.
La première guerre mondiale bouleverse les économies. L’Allemagne conserve une
industrie forte, mais elle est ruinée. Son redressement est entravé par les réparations
1846 pour la Grande-Bretagne, 1860 pour la France
Le phylloxéra vastatrix (du grec phyllon, "feuille" et xeros, "sec" et du latin vastatrix,
"dévastateur"), ou phylloxéra de la vigne est une espèce d'insecte homoptère, sorte de
puceron ravageur de la vigne. Le terme désigne aussi, par métonymie, la maladie de la
vigne causée par cet insecte.
3 25.02.1899
4 1903
5 1856-1916
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qu’elle doit payer à la France et à la Grande Bretagne qui reste la plus grande puissance
financière. Les Etats-Unis la dépassent en innovation et en production.
La crise de 1929 marque la fin de cette période de croissance. Simple krach boursier au
départ, elle se transforme en dépression1 en s’étendant progressivement à l’ensemble
des pays développés. La reprise économique et la baisse du chômage sont lentes à venir.
Aux Etats-Unis, le New Deal semble donner raison aux théories économiques de
Keynes2. La dépression s’achève avec la Seconde Guerre mondiale.
C. Une croissance mondialisée (depuis 1945)
En 1945, l’économie des pays occidentaux entre dans une phase de croissance
extraordinaire appelée les « Trente Glorieuses » (Jean Fourastié). Leur taux de
croissance annuel atteint presque 5%. Le bloc soviétique reste à l’écart de cette
prospérité, tandis que les pays du Tiers-Monde (Alfred Sauvy) cherchent la voie de leur
développement.
Au cours des années 1970 et 1980, l’économie mondiale est bouleversée. Les crises
pétrolières de 19733 et 19794 malmènent les économies des pays développés, soumises
à la stagflation5 et déjà en proie au désordre monétaire. L’effondrement du bloc
soviétique en 1991 et la réunification allemande semblent marquer la victoire définitive
du capitalisme comme modèle de croissance.
De fait, l’économie mondiale connaît une croissance formidable depuis 1990. Elle se
fonde sur une troisième révolution, celle des nouvelles technologies de l’information et
de la communication. Elle s’appuie sur la spéculation et les marchés financiers. Elle n’est
plus menée seulement par l’occident mais devient multipolaire.
II. Les économies monde successives
A. La Grande Bretagne, première économie-monde6.
La Grande-Bretagne a deux atouts pour assurer sa suprématie mondiale au XIXe siècle.
Grâce à ses vastes réserves de charbon situées près des côtes, elle peut alimenter ses
industries et exporter cette source d’énergie essentielle à la première révolution
industrielle. Grâce à son empire, elle peut importer toutes les matières nécessaires,
comme le coton pour l’industrie textile. Ces avantages la poussent à adopter le libreéchange en 1846, jusqu’au rétablissement des droits de douane en 1932.
La Grande Bretagne devient l’atelier du monde et la première économie-monde. En
1850, elle produit 40% des produits manufacturés de la planète. Son cœur est Londres,
premier port au monde et centre mondial des finances avec la city. Son influence s’étend
ensuite à ses partenaires commerciaux, européens ou américains, mais aussi coloniaux.
Après 1918, ses échanges se font de plus en plus au sein de son empire. Assisse sur le
Recul de la production et des richesses.
J.M.Keynes (1883-1946) dénonce le traité de Versailles, et propose une intervention
accrue de l’Etat dans l’économie des pays.
3 Guerre du Kippour
4 Chute du Shah d’Iran
5 Phénomène apparu en 1973, qui consiste en une stagnation des la production et une
augmentation des prix (inflation).
6 Notion forgée par l’historien Fernand Braudel pour définir un territoire sur lequel
s’exerce une intégration économique décroissante à partir de son centre.
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système de l’étalon-or1, la livre Sterling est la monnaie de référence internationale
jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
B. Les Etats-Unis, première superpuissance
Les Etats-Unis ne deviennent une superpuissance qu’à partir de 1944. Par les accords de
Bretton-Woods, le dollar supplante alors le livre sterling comme monnaie de référence.
Les Américains cumulent tous les atouts de la puissance : un territoire vaste et unifié,
une population jeune et de plus en plus qualifiée, une industrie puissante et innovatrice
alliée à une force militaire sans équivalent, une place stratégique dans toutes les
nouvelles organisations internationales (ONU, FMI, BIRD).
Jusqu'à aujourd’hui, les Etats-Unis sont la plus grande puissance économique mondiale.
En 19552, avec 6% de la population mondiale, ils produisent 50% des biens de la planète
et consomment la moitié de ses ressources. Leur prospérité et celle de l’Europe
occidentale sont étroitement liées (Plan Marshall), et ils encouragent les pays du monde
à suivre leur exemple. Des zones entières sont sous leur influence, comme l’Amérique
latine. Cette économie-Monde est limitée jusqu’en 1990 par l’existence du bloc
communiste, à l’idéologie antagoniste.
C. Des économies-mondes à la mondialisation.
La mondialisation est le résultat d’une intégration croissante des économies et des
sociétés. Elle s’inscrit donc dans une histoire longue qui voit, depuis le XVe siècle, le
développement du capitalisme marchand et l’émergence d’économies-mondes. Mais ce
n’est qu’après 1945 qu’elle prend progressivement corps, avec le perfectionnement des
moyens de communication et la libéralisation croissante des échanges. L’effondrement
de l’URSS marque son avènement, et les technologies comme Internet lui donnent une
dimension nouvelle. On voit ainsi émerger la prise de conscience des questions
environnementales, technologiques, sanitaires et politiques, qui se posent désormais à
l’échelle planétaire. La crise de 2007-2010 est la première crise de la mondialisation
contemporaine.
LA mondialisation aboutit à un monde multipolaire. A la Triade qui domine
économiquement le monde depuis un demi-siècle, il faut désormais ajouter les BRIC
(Brésil, Russie, Inde, Chine). De plus, les intégrations régionales s’accroissent autour de
ces pôles : l’Europe devient un marché plus uni, l’ALENA dynamise le commerce sur le
continent américain, tandis que la Chine est aujourd’hui en tête des puissances
industrielles mondiales.
Principe qui définit la valeur d’une monnaie en fonction de la quantité d’or détenue par
la Banque centrale du pays. Ce système monétaire est abandonné en 1922.
2 Env. 155 millions. En France 40 millions.
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