Le point sur le i de l’association de défense d’éducation et d’information du consommateur n°7 octobre 2007 Éditorial Les Français considèrent que les associations de consommateurs sont des acteurs importants du Grenelle de l’environnement. Les Français interrogés par l’Ifop (1) ont été invités à établir une hiérarchie de la participation d’acteurs au Grenelle de l’Environnement en fonction de leur légitimité. Bien entendu et logiquement, c’est la présence des associations de protection de l’environnement et d’ONG qui s’avère la plus réclamée (90% dont surtout 63% jugeant leur présence très importante). Viennent ensuite les universitaires et les chercheurs (90% dont 56% de très important) légitimés à participer à un événement recelant aux yeux de l’opinion une dimension de réflexion sur l’avenir de la planète, puis les élus des collectivités territoriales dont on sait qu’ils constituent pour les Français l’échelon électoral de référence pour agir, et notamment en matière environnementale. On relèvera juste après les syndicats agricoles, la présence fortement souhaitée par les Français des associations de consommateurs pour 94 % (dont 47 % de très important). L’IFOP éprouve comme une gêne à relever ce fait, préférant évoquer « les acteurs des différents secteurs économiques ». Sans doute les Français ont-ils l’impression que c’est bien du côté de la consommation qu’un grand nombre de questions seront tranchées. Sur ce plan-là, tout reste à faire puisqu’on relève dans les conclusions du groupe de travail n°4 du Grenelle de l’environnement le regret que « le groupe ait, à ce stade, réduit ses investigations quasi exclusivement au domaine de l’agriculture et de l’alimentation, alors que la consommation en général faisait partie de son mandat ». (1) Ifop pour TBWA Non Profit – Les attentes des Français pour le Grenelle de l’Environnement http://www.jean-jaures.org/NL/280/grenelleenvironnement.pdf La pub lave plus vert Ours blancs, profondeurs marines, Îles de Pâques, libellule, scarabée, les publicités ne se privent pas d’allusions écologiques. Sont-elles aussi éco-compatibles qu’elles le suggèrent ? Sans compter que le secteur publicitaire a son propre impact sur l’environnement. La publicité est-elle respectueuse de l’environnement ? La publicité par son poids économique a son propre impact environnemental. Il suffit d’observer par exemple la propension à utiliser des panneaux publicitaires défilants et éclairés. Ces derniers vont se multiplier avec les déploiements des systèmes Vélib comme à Paris et dans d’autres grandes villes qui lient leur marché de vélos en libre-service à un marché publicitaire. C’est ce que dénoncent un certain nombre d’associations comme Paysages de France qui se mobilisent contre la pollution visuelle. A Paris, on assiste à une « véritable explosion du nombre de publicités (+220%), du fait du recours à des systèmes défilants ». Ces systèmes défilants ne sont pas seulement « un summum en matière de dénaturation des paysages et de gêne visuelle pour les habitants ». Ils entrent aussi en contradiction totale avec la nécessaire maîtrise de l'énergie : « un panneau de ce type consomme en moyenne plus d'électricité qu'un ménage français pour ses usages domestiques ». Ces panneaux, estime Pierre-Jean Delahousse, de l'association Paysages de France multiplient l'impact des pubs. « Comme ils bougent, ils attirent plus le regard. Et comme ils sont éclairés la nuit, ils captent 40% d'audience en plus ! C'est le triomphe du système Decaux basé sur le harcèlement publicitaire". Et de pointer cette contradiction : c'est au moment où on nous matraque à coups d'alertes citoyennes, d'appels aux économies d'énergie, de sermons sur le réchauffement climatique, que Paris va multiplier par trois le nombre des messages publicitaires (1). Mais la publicité sert aussi à peindre en vert ou en bleu ciel n’importe quel produit ou activité. Même si on ne peut pas encore conclure à une généralisation, on s’aperçoit aisément que l’environnement est devenu un réservoir d’arguments publicitaires pas forcément pour vanter des produits écologiques mais plus généralement pour la communication des grands groupes. Sur 181 publicités analysées conjointement par le BVP et l’Ademe (2), 11 ont été classées en « manquement » pour non respect flagrant et sérieux des règles en vigueur et 54 étaient à la limite d’être acceptables : soit un bon tiers en tout, sachant que le BVP qui est une émanation des publicitaires eux-mêmes et qu’étant juge et partie, elle ne se caractérise pas spécialement par sa sévérité. Les principaux manquements repérés par le BVP et l’Ademe concernent des promesses « écologiques » très générales ou non étayées, l’absence d’informations suffisantes, des suggestions d’innocuité totale pour l’environnement, excessives par rapport à la réalité des produits promus, des rapprochements choquants, ambigus et peu explicites entre un produit et la nature, suggérant une parfaite osmose alors que le premier porte atteinte au second, des représentations de comportements non écologiques. Quelques exemples. L’industrie automobile se distingue.Ainsi, la Lexus GS moteur hybride qui propose : « changez le monde sans changer la planète » alors qu’elle émet 186g/Km de CO2 alors que la moyenne nationale est de 149 ; Iveco qui invente un nouveau geste pour l’environnement : rouler en camion ; le 4X4 de Fiat qui « rejette à peine plus de CO2 qu’une luge »(sic), le 4x4 de Koenig présenté entouré d’ours polaires, la Peugeot 307 HDI qui détourne le slogan I love Paris en remplaçant le coeur par un poumon alors que même les véhicules les plus vertueux donnent lieu à des taux d’émission de CO2 élevés. Les fournisseurs d’énergie ne sont pas en reste. Ils feignent d’ignorer que les questions d’environnement ne se résument pas aux émissions de dioxyde de carbone. Ainsi Areva qui promet « un avenir sans CO2 » mais bourré de déchets nucléaires, Edf nous peint le ciel en bleu et fait la promotion de l’EPR avec les statues de l’Île de Pâques, vestiges d’une civilisation disparue ; Gaz de France offre « une énergie écologique et économique », une contrevérité manifeste. Le pompon revient sans doute à Total dont une publicité montre une libellule et une éolienne avec comme slogan : « le vent une des façon les plus naturelles d’avancer » alors que Total n’a mis en service en tout et pour tout que 5 éoliennes. Une autre publicité évoque les profondeurs marines : « on peut chercher du pétrole à de très grandes profondeurs » avec un engin de prospection pétrolière et un poisson -un tétrodon- censé habiter les profondeurs ce qui en l’occurrence est inexact, mais surtout il est difficile de croire que l’exploitation des ressources pétrolières sous-marines soit sans effet sur la faune et la flore. Ce dernier exemple est fourni par l’Alliance pour la planète, regroupement de 33 associations environnementales, bien plus sévère que le BVP et qui a créé un « Observatoire indépendant de la publicité ». C’est grâce à la polémique engagée par les associations écologistes que le BVP s’est attelé à la tâche. De son côté, la DGCCRF s’est préoccupée de la véracité « parfois douteuses » des allégations environnementales pour les produits de grande consommation. Près de 200 produits ou gammes de produits ou services ont ainsi été recensés comme faisant état d’allégations environnementales.Sur ces quelque 200 produits ou gammes, les produits d’entretien et lessiviels viennent en tête, avec 82 constatations d’allégations environnementales, suivis, mais de loin (14 produits), par les sacs poubelle. On retrouve ensuite, pêle-mêle, des filtres en papier, des essuie-tout, des lingettes et changes, des articles textiles, des produits de bâtiment, des peintures, des savons, des produits pour le jardin, des emballages, de la papeterie, des huiles auto... En résumé, toutes les catégories de produits de grande consommation sont concernées. Les allégations souvent imprécises les plus diverses ont été relevées parmi lesquelles une majorité de mentions très vagues comme « contribue à la protection de l’environnement » ou « respecte l’environnement », « protège la nature », « naturel », « écologique »... Ces déclarations imprécises ne sont pas satisfaisantes car elles sont difficilement vérifiables et peuvent être source de confusion pour le consommateur. On trouve aussi souvent des mentions relatives à la biodégradabilité ou au recyclage, notamment pour les emballages ; plusieurs sacs de caisse se présentent ainsi comme « bio fragmentables », notion susceptible de créer la confusion dans l’esprit du consommateur avec la biodégradabilité définie par une norme précise. Nombre de produits de lavage ou d’entretien sont déclarés sans phosphate, sans soude, sans solvant... sans faire mention des produits actifs qui les remplacent. Au total, sur les 52 entreprises contrôlées, 28 ont pu justifier d’emblée la véracité de leurs allégations, mais 17 n’ont pu fournir de justificatifs suffisants, les autres faisant l’objet d’enquêtes complémentaires. Bilan : deux procès-verbaux pour publicité mensongère pour un lave-linge « écologique » et des chaussures biodégradables dont les semelles étaient en polyuréthane; 12 avertissements ; 7 modifications d’étiquetage ou de composition à la demande des enquêteurs ; 8 enquêtes complémentaires pour des produits d’entretien ou de lavage. (1) BVP Bureau de vérification de la publicité, instance d’autodiscipline de la profession publicitaire (2) ADEME Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie. Etablissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle conjointe des ministères en charge de l'Ecologie , du Développement et de l'Aménagement durables et de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. http://www.forum-bvp.org/fre/High/etudes/piges/10107/bvp-etude.pdf Les produits de haute technologies favorisent le gaspillage d’énergie Deux mois et demi de production d’un réacteur nucléaire : voilà l’électricité qu’engloutissent chaque année les modems haut débit des Français, selon une étude exclusive de l’INC. L’étude est consultable en ligne exclusivement : http://www.60millions-mag.com/page/bases.15_zoom.4_articles.32_adsl___les_box_au_banc_d_essai./ Pour la première fois, l’Institut National de la Consommation a mesuré la quantité d’énergie dont ont besoin les « box » (Freebox, Livebox…) que fournissent les opérateurs haut débit à leurs abonnés et qui leur permettent d’accéder à la fois à l’Internet rapide, au téléphone illimité et à la télévision par ADSL(1). En matière de consommation électrique, « leurs performances sont d’un autre âge », estime Benjamin Douriez, ingénieur à l’INC. En réclamant des « boîtiers plus écolos », c’est-à-dire moins gourmands en énergie, l'INC participe à sa manière au Grenelle de l'environnement. En cumulant la consommation en veille et en fonctionnement, le magazine 60 millions peut affirmer qu’une box, avec son décodeur TV, engloutit entre 143 et 263 kilowattheures (kWh) sur un an, selon les modèles. Cela représente plus de la moitié de ce que consomme un réfrigérateur congélateur familial récent. Or, un réfrigérateur tourne à plein régime 24 h/24, et le « froid » est lui-même l’un des postes de consommation électrique les plus lourds pour les ménages.« Coûteuse pour l’abonné, la consommation électrique des box l’est aussi pour l’environnement ». A l’échelle nationale, ces modems gloutons avalent 1,51 milliard de kWh par an soit presque deux mois et demi de production d’un réacteur nucléaire, rien que pour surfer à grande vitesse. Le plus stupéfiant dans l’étude est le constat que le décodeur TV lié au boîtier consomme autant d’énergie en veille qu’en activité. C’est un véritable gaspillage car note l’ingénieur de l’INC « une partie de cette consommation serait évitable si les fabricants des box prenaient la peine d’optimiser leur matériel ». Il ajoute : « Que la box consomme une dizaine de watts lorsque la connexion Internet est sollicitée à son maximum, on peut le comprendre. Mais nos mesures révèlent qu’elle a besoin de la même quantité d’énergie, ou presque, lorsque l’ordinateur est éteint. Certes, la box elle-même reste allumée, sous peine de couper la ligne de téléphonie par Internet qu’elle contrôle, mais quand même ! Le décodeur TV, lui, n’a pas l’excuse de devoir rester allumé pour la ligne téléphonique. Pourtant, il est aussi gourmand qu’il soit en fonctionnement ou non ». Il suffirait que ces appareils soient munis d’un interrupteur, or beaucoup d’entre eux n’en ont pas. Le consommateur n’a pas d’influence sur le choix de son appareil puisqu’il est généralement livré par l’opérateur lors de l’abonnement. En 2006, la consommation d’électricité des ménages français a augmenté de 2 % alors que les performances énergétiques de la plupart des appareils électroménagers se sont sensiblement améliorées. Cette évolution est due à deux phénomènes : d’une part, l’accroissement du nombre d’appareils électroménagers présents dans chaque foyer souvent en plusieurs exemplaires : produits bruns (TV, magnétoscope, Hi-Fi, décodeurs, téléphonie, ordinateurs…) et petits équipements électroménagers (fers à repasser, aspirateurs…) représentent aujourd’hui plus de 20 % des consommations d'électricité du secteur résidentiel ; d’autre part, les gains obtenus dans les appareils électroménagers sont complètement annihilés par les gaspillages d’énergie produits par les appareils de type « box » évoqués plus haut et la gourmandise de certains autres tels les écrans plats, surtout les écrans plasma.Ils consomment jusqu'à trois fois plus d'électricité que les modèles d'ancienne génération, à tube cathodique. Les écrans plasma sont gloutons en énergie L’Ademe explique : « Plus l'écran est grand, plus les coûts d'électricité sont élevés. Les écrans LCD consomment en général moins d'électricité que les téléviseurs à tube cathodique et 30 % de moins que les écrans à plasma qui sont très consommateurs d’électricité. Cependant, certains téléviseurs à écran LCD de grande taille dépassent les consommations (en mode marche) des téléviseurs à tubes cathodiques de même taille, du fait de l'apparition de nouvelles fonctionnalités sur les appareils : double tuner analogique et numérique, son multicanal, hauts parleurs de haute qualité, nombres de pixels… ». La question des économies d’énergie touche au portefeuille des consommateurs. Il est en effet fort probable que le prix de l’électricité va augmenter. L’usine à gaz montée par le gouvernement, pas l’actuel mais le précédent de même obédience, est un dispositif transitoire à l’horizon pas très lointain de 2010. Rappelons que depuis le 1er juillet, tous les fournisseurs de gaz et d’électricité y compris EDF et GDF peuvent proposer ce que l’on appelle des offres de marché. Coexisteront alors une offre au tarif réglementé dont le prix est fixé par les ministres en charge de l'économie et de l'énergie et les offres de marché dont les prix sont librement fixés par les fournisseurs variant au gré des marchés. Les consommateurs pourront choisir. Mais, un particulier qui choisit une énergie à prix libre, ou qui emménage dans un logement où les précédents occupants ont choisi une énergie à prix libre, ne peut pas revenir sur ce choix. L’immense majorité des consommateurs a choisi de ne pas choisir avec pour résultat que l’ouverture à la concurrence est un fiasco. Seuls 9500 ménages ont quitté EDF pour la concurrence, en grande partie au profit de GDF. Le Sénat tente de rétablir la réversibilité afin de « rassurer le consommateur », selon les termes du Sénateur UMP de l'Eure Ladislas Poniatowski, rapporteur de la proposition, et tenter de ranimer la concurrence. Concurrence dont on espère précisément une augmentation des tarifs. Pour Jacques Schultz, directeur des approvisionnements gaz d’EDF, lors d’une intervention au Congrès gaz de l’association française du gaz, les tarifs régulés ( fixés par l’Etat « ont vocation à disparaître ». Il ajoutait d’ailleurs –avant d’être démenti par sa direction – qu’ « EDF ne milite pas en faveur de leur maintien ». Une erreur de communication Antoine Peillon Ingénieur civil de l’Ecole des Mines de Paris expliquait sans détour dans une contribution à la fondation Robert Schuman que faire croire que la libéralisation du secteur énergétique allait conduire à une baisse des prix était une « erreur de communication ». « La libéralisation des marchés européens de l'électricité constitue une révolution ambitieuse. La présenter comme un levier de la baisse des prix pour le consommateur était incontestablement une erreur de communication. L'accent doit clairement être mis sur la nécessité de s'inscrire dans une logique de long terme en signalant au consommateur averti le coût de la rareté de l'énergie et des dommages environnementaux ». http://www.robert-schuman.eu/question_europe.php?num=qe-66 Lors d'un entretien exclusif avec EurActiv, le commissaire à l'énergie, Andris Piebalgs, a estimé que les nouvelles propositions en matière d'énergie et de lutte contre le changement climatique devraient entraîner une hausse des prix pour les consommateurs. "Nous tablons sur une augmentation des prix de 5%". http://www.euractiv.com/fr/energie/entretien-commissaire-piebalgs-hausse-prix-energie-inevitable/article160967 Brèves La France adopte la déclaration Global Nuclear Energy Partnership Le 21 mai dernier, à Washington, s'est tenue une conférence ministérielle sur le "Global Nuclear Energy Partnership" (GNEP) à laquelle participaient les représentants de cinq pays (France, Chine, Japon, Etats-Unis, Russie) et de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA). A cette occasion, ces cinq pays ont adopté une déclaration commune en faveur d'une coopération internationale pour le développement de l'énergie nucléaire civile. Rappelons que le GNEP est une initiative américaine pour la relance de l'énergie nucléaire, dont le volet national prévoit la fermeture du cycle du combustible et le retraitement à grande échelle des combustibles usés, ce qui représente un changement d'orientation radical pour les Etats-Unis qui, depuis trente ans, excluaient le recours au retraitement des combustibles. Au niveau international, le GNPE vise à prévenir la dissémination de technologies potentiellement proliférantes en recherchant un partenariat avec les Etats désireux d'accéder à l'énergie nucléaire ou d'en accroître l'utilisation. Aussi l'objectif du GNPE est-il de leur offrir des solutions de traitement et de recyclage des combustibles usés sans qu'il soit besoin de se doter de capacités nationales. Dans le cadre du GNPE, l'accent est mis par ailleurs sur la poursuite du développement de technologies avancées du cycle, ainsi que de réacteurs rapides pour consommer les actinides, dans l'optique d'une meilleure utilisation des ressources naturelles et d'un renforcement de la résistance à la prolifération. Rappelons que dans ce domaine, la recherche fait l'objet d'une concertation et d'une coordination dans le cadre du forum dit "Génération IV", actuellement présidé par la France. http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/43105.htm L'application des nanotechnologies à l'agroalimentaire Bien que les nanotechnologies pourraient avoir des conséquences imprévues sur la santé et l’environnement et que les études toxicologiques fassent défaut, on apprend que selon une étude récente il y a déjà 150 applications des nanotechnologies dans l'industrie agroalimentaire, principalement dans les grands groupes tels que : Nestlé, Kraft, Heinz et Unilever. Aujourd'hui, pour avoir quelques exemples de cette application, des chercheurs ont déjà mis au point de nouvelles sortes d'huiles de colza pouvant stopper l'accumulation du cholestérol dans le sang, ou encore des milk-shakes au chocolat plus savoureux et aux qualités nutritionnelles optimisées. à suivre (1) Les Français continuent de bouder les produits frais Le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) s’est à nouveau cette année intéressé aux raisons qui font que malgré les recommandations du Programme National Nutrition et Santé, les Français continuent de bouder les produits frais et notamment les fruits et légumes. En 2007, quelles sont les raisons de non achat évoquées par les consommateurs ? La première des raisons de non achat, répond le Crédoc que ce soit pour les fruits, les légumes ou les poissons et coquillages, est que les produits sont trop chers (fruits (26%), légumes (22%), poissons et coquillages (28%). La notion de cherté d’un produit est relative et très souvent mal appréciée. Le Crédoc constate notamment que près de la moitié des français (47%) pensent qu’une pomme de 125 g est plus chère qu’un yaourt blanc, alors que la réalité est que la pomme est moins chère. Le manque de repères est important pour les produits dont les prix ne sont affichés qu’au kilo. La seconde raison évoquée est celle de la difficulté de conservation du produit. A la question, quelle est la seconde raison pour laquelle vous n'achetez pas ou peu de fruits frais, 24% répondent « c’est difficile à conserver », pour les légumes frais, 19% ont la même chose réponse et pour le poissons et les coquillages, 14% ajoutent la difficulté de conservation. En 2001, le Programme National Nutrition Santé avait désigné l’augmentation de la consommation de fruits et légumes comme l’un des objectifs nutritionnels à atteindre pour 2008. Malgré les campagnes de communication liées à ce programme, les achats de fruits frais ont continué de se réduire. Cette baisse s’inscrit dans une tendance de fond qui privilégie la consommation de produits transformés au détriment des produits traditionnels. Depuis 1999, les quantités consommées de produits transformés, comme les boissons rafraîchissantes sans alcool (sodas, jus de fruits…), les plats composés, les produits laitiers (ultra-frais laitiers et entremets) et les pizzas, quiches et sandwiches ont particulièrement augmenté. À l’inverse, la consommation de produits non transformés traditionnels comme les fruits, les légumes, les viandes, les poissons ou les volailles ont toutes baissé de façon substantielle. Et le Crédoc de préciser : « Les nouvelles générations ne veulent plus de la cuisine corvée. Il y a également une déperdition du savoir-faire : les jeunes générations ont perdu les habitudes de préparation de leurs aînés : peler les légumes, les faire cuire et les préparer ». http://www.credoc.fr/pdf/etu/EntretiensRungis-250907.pdf à suivre (2) Le groupe Casino se lance dans l’étiquetage environnemental Le Groupe Casino a décidé de se lancer dans l’étiquetage environnemental de ses produits de marques propres (alimentaire et droguerie, hygiène, parfumerie). Au final, près de 3000 produits devraient disposer de cet étiquetage environnemental qui sera mis en place progressivement sur 2008. Plusieurs centaines de produits seront analysés d’ici la fin de l’année 2007. Les impacts environnementaux visés concernent les aspects liés aux emballages et aux distances parcourues par les produits et leurs ingrédients dans une perspective de cycle de vie, du « champ au magasin » pour les ingrédients agricoles et des « ressources naturelles au magasin » pour les autres matières premières et matériaux d’emballage. Ci-dessus un exemple de ce que pourrait être l’étiquette d’un paquet de filets de cabillaud. La compréhension des indicateurs sera testée auprès des consommateurs. lu ailleurs (1) Aimons-nous vraiment la biodiversité ? Jean-Christophe Bailly, écrivain, auteur de Le versant animal (éd. Bayard) en doute. Biodiversité « Ce mot-là, malgré ses racines, ne dit rien de la multiplicité infinie du vivant. Très vite, ce singulier sonne comme un slogan. Il devient l’équivalent de la citoyenneté : on en parle, on sait que c’est bien, on ne la voit jamais. Et dès que cette diversité se manifeste, on ne la supporte pas : avec la grippe aviaire, on pointe du doigt les oiseaux migrateurs, libres, alors que l’on sait bien que l’épidémie se développe surtout à cause des conditions absurdes de l’élevage. Mais, tout d’un coup, on se dit que ce serait mieux si tous les animaux portaient le même uniforme, étaient vaccinés et ne se baladaient pas n’importe où. La biodiversité, estce qu’on veut vraiment la préserver ? Des centaines d’hectares de vignoble en Californie où ne vit plus un seul insecte, est-ce qu’on se figure ce que cela veut dire ? Une planète entièrement réglée pour la productivité et qui, en même temps, réduit ses capacités à nourrir les hommes eux-mêmes. » Source : Qu'est-ce qu'on est bêtes ! à l’accasion de l’exposition Bêtes et hommes, Grand Halle de la Villette, à Paris, du 12 sept. 2007 au 20 janv. 2008. http://www.telerama.fr/scenes/M0709101510597.html Le Versant animal, de Jean-Christophe Bailly, lu ailleurs (2) Comment les riches détruisent la planète Hervé Kempf : La crise écologique est l’expression d’un système économique qui promeut le gaspillage et vise à maintenir les privilèges et les intérêts de l’oligarchie aujourd’hui dominante. Celle-ci est à la fois plus riche que jamais dans l’histoire récente, et irresponsable : elle surconsomme et ne se préoccupe pas vraiment de la situation, dont elle minore la gravité. Je m’appuie pour étayer cette analyse sur le travail de l’économiste Thorstein Veblen, de la fin du XIXe siècle. Veblen expliquait que la consommation, une fois les besoins réels satisfaits, vise surtout à marquer le prestige, à manifester un statut supérieur par rapport à ses congénères, à se distinguer. Ce qui est vrai entre individus l’est aussi entre classes, et tout groupe social tend à imiter les mœurs du groupe situé au-dessus de lui dans l’échelle sociale. La classe la plus riche fixe ainsi les normes du « savoir-vivre ». Quand celle-ci définit la dilapidation comme la norme, elle présente un modèle culturel destructeur que toute la société cherche à imiter. Plus d’inégalités signifie ainsi une classe d’hyper-riches qui instaure un modèle d’hyper-gaspillage. Nous sommes dans cette situation. En quoi l’évolution de notre environnement a-t-elle un impact en termes d’inégalités ? Symétriquement, la dégradation de la biosphère générée par ce modèle se traduit par des conséquences qui pèsent d’abord sur les plus pauvres : ce sont les paysans du Sahel ou du Bangladesh qui subissent prioritairement l’effet du réchauffement climatique, ce sont les populations dépendant le plus des écosystèmes qui éprouvent d’abord la perte de la biodiversité, ce sont les classes les plus pauvres, dans toutes les sociétés, qui se nourrissent des aliments les plus industriels donc les plus néfastes, et qui subissent prioritairement les pollutions urbaines. Inversement, les riches peuvent se protéger des dégâts infligés à l’environnement, en se retranchant de la société dans des quartiers ou des résidences protégées et climatisées, en s’alimentant de produits de qualité, en s’assurant une eau pure. La qualité environnementale du milieu de vie est de plus en plus un marqueur de l’inégalité, qui ne se mesure pas seulement par des données sur le revenu et sur le patrimoine, mais peut aussi s’observer concrètement dans les modes de vie. Hervé Kempf, journaliste au Monde, auteur de « Comment les riches détruisent la planète », Edition du Seuil. Entretien à l’Observatoire des inégalités http://www.inegalites.fr/spip.php?article690&var_recherche=kempf&id_mot=42 Veille technologique et vigilance démocratique Les agrocarburants sont-ils une fausse bonne idée ? Après les ONG notamment l’association Grain qui avait en juin dernier publié un document intitulé Non à la folie des agrocarburants, trois sévères mises en garde viennent de porter un coup sévère à l’idée que les carburants d’origine agricole pourraient constituer une solution de substitution à la raréfaction prévisible des ressources en pétrole et permettraient de réduire l’effet de serre. Deux des mises en garde proviennent d’organisations internationales d’abord la FAO puis l’OCDE, la troisième et la plus récente provient d’un scientifique de renom, prix Nobel de Chimie. Cultiver et brûler des biocarburants émettrait plus de gaz à effet de serre (GES) que prévu. C’est la principale conclusion d’un article scientifique paru dans la revue Atmospheric chemistry and physics et écrit par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen. Selon l’étude du chercheur néerlandais, lors de la pousse de certaines plantations habituellement utilisées pour produire des biocarburants, ce ne sont pas 2% des engrais qui sont transformés en protoxyde d’azote (N2O), un GES puissant, comme l’estime jusqu’à présent le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mais 3 à 5%. Le colza pour le biodiesel, et le maïs pour le bioéthanol, seraient particulièrement nocifs. La demande de biocarburants dope les prix agricoles Selon le dernier rapport de la FAO Perspectives de l’alimentation, la facture mondiale des importations alimentaires s’alourdit en raison principalement de la forte demande sur les biocarburants qui dope les prix. Elle est en passe de franchir le cap des 400 milliards de dollars, soit près de 5 pour cent de plus que le niveau record de 2006. On assiste à une hausse des prix des céréales secondaires et huiles végétales importées qui sont les principaux groupes de denrées de base servant à produire les biocarburants. La facture des importations de ces produits alimentaires devrait enregistrer, en 2007, une hausse de 13 pour cent par rapport à l'an dernier. Les pays en développement, dans leur ensemble, devraient être confrontés à une augmentation de 9 pour cent de leurs dépenses globales d’importations alimentaires en 2007. La facture ne sera pas la même pour tous. Ce sont les pays les plus économiquement vulnérables qui seront les plus affligés, les dépenses totales des pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) et des pays moins avancés (PMA) étant susceptibles de s’alourdir de 10 pour cent par rapport à l’an passé. Pour l’OCDE, un remède pire que le mal. Dans un rapport sur l’impact des biocarburants, l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) a déclaré que les biocarburants pourraient constituer « un remède pire que la maladie qu’ils essayent de guérir ». Pour l’OCDE, en effet, la demande actuelle d’extension de l’utilisation des biocarburants « crée des tensions insoutenables qui pourraient perturber les marchés sans générer de bénéfices significatifs pour l’environnement » L’organisation internationale ajoute aux arguments évoqués plus haut par le Prix Nobel de chimie sur les gaz à effets de serre d’autres impacts environnementaux provenant de la fabrication d’éthanol et de biodiesel : « l’acidification, l’utilisation des fertilisants, la perte dans la biodiversité, et la toxicité des pesticides agricoles ». Bref, c’est pire que le pétrole. L’OCDE a appelé les gouvernements à réduire les subventions pour le secteur des biocarburants et à encourager plutôt la recherche dans les technologies qui permettraient d’éviter la concurrence avec la production alimentaire. L’OCDE n’évite pas, bien entendu, l’argument du soupçon protectionniste à l’égard des Etats qui encouragent la production d’agrocarburants. L’exemple nous montre au moins que nous sommes dans le royaume de la complexité et qu’il faut se méfier des arguments qui ont les apparences mais les apparences seulement du bon sens.