Série de lectures 1: Jean Beaudoin, Introduction à la science

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Série de lectures 1: Jean Beaudoin, Introduction à la science politique
Les méthodes en sociologie
1. L’empirisme (années 1930 à 1960)
L’empirisme est une méthode basée sur les faits. Cette tradition philosophique originaire de
Grande-Bretagne fondée par David Hume et Francis Bacon a été adaptée à la science politique
par le courant behavioriste (notamment Merriam, Lasswell et Lazarsfeld) aux États-Unis.
On se limite aux seuls faits/ comportements observables et on décrit la signification dont ils sont
porteurs. On rejette l’élaboration de concepts, qui dénaturent les faits et obscurcissent la
compréhension. On décrit sans chercher à expliquer. On utilise les techniques quantitatives,
statistiques et mathématiques et on privilégie le travail sur le terrain.
Le behaviorisme souhaite faire de la science politique une science sociale non abstraite.
2. Le positivisme
Le positivisme sociologique est une méthode basée sur l’approche scientifique, rejetant tou lien
éthique ou métaphysique. Il a été inventé en France par Émile Durkheim sur la base de la
sociologie fondée par Auguste Comte. Il donnera naissance à l’école sociologique française
(Mauss, Lévy-Bruhl, Bouglé).
On admet l’existence de faits sociaux (= manières d’agir, de penser et de sentir extérieures à
l’individu et qui s’imposent à lui) dont l’origine est la structure de la société. Les faits sociaux
sont des choses observables et quantifiables au même titre que les faits naturels.
Le positivisme souhaite appliquer à la sociologie les principes et les méthodes des sciences
exactes.
Il a été remplacé par le marxisme dans les universités, et il s’est par la suite radicalisé (Bourdieu,
Neveu, Gaxie, Offerlé, Lacroix) en sociologie savante.
3. L’idéal-type
La méthode idéal-typique est l’œuvre du sociologue allemand Max Weber. Comme le
positivisme il cherche à repérer des régularités et élaborer des lois générales (ambition
nomothétique) mais il repose sur une vision du monde très différente : la société étant très
complexe, la recherche sociologique ne [eut décrire qu’une partie de la réalité; il y a
nécessairement un décalage entre le concept et le réel (le social est infini mais la connaissance
est finie, limitée).
L’idéal-type est une reconstruction utopique de la réalité qu’il cherche à représenter et dont il
accentue certains traits pour mieux montrer le caractère unique du phénomène en question.
La méthode idéal-typique se veut universelle, applicable à tous les faits sociaux. Elle est humble
et reconnait que les hypothèses qu’elle formule sont simplement probables.
Les objets en sociologie
Historiquement, l’objet de la science politique est la connaissance de l’État (la statologie) :
l’étymologie du terme politique renvoie à polis, la Cité, cadre de l’activité publique. Max Weber
considère l’État comme « une communauté humaine disposant sur un territoire donné du
monopole de la coercition légitime ».
Actuellement l’objet de la science politique est la connaissance du pouvoir, l’État n’étant qu’un
mode d’exercice du pouvoir.
Des politologues comme Hannah Arendt et Claude Lefort refusent de limiter le politique à la
société et à l’État, et donc d’en faire l’objet des sciences sociales : pour eux, le politique précède
le social. Toute société est politique. Ils reconnaissent aussi le caractère historique des sociétés
politiques.
La politique est donc une forme de société, un mode d’institution du social. La théorie politique
est transdisciplinaire : elle combine l’interrogation philosophique (principes générateurs), la
curiosité historienne et l’investigation sociologique.
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