MORTALITE ET INFECTIONS NOSOCOMIALES 2000-2001 Rapport d’enquête - Synthèse - Juillet 2002 Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales de l'Interrégion Paris - Nord Ile-de-France, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie Institut Biomédical des Cordeliers, 15 rue de l'Ecole de Médecine (Esc. J - 2ème étage) - 75006 Paris (M° Odéon) Page Internet : http://www.ccr.jussieu.fr/cclin GROUPE DE PILOTAGE Pierre Allouch, Pascal Astagneau, Laurence Baril, Frédéric Barbut, Yasmina Berrouane, Michel Denis, Florence Espinasse, Franck Golliot, Zoher Kadi, Véronique Merle, Jacques Merrer, Jérôme Robert, Namik Taright PRATICIENS HYGIENISTES ET ENQUETEURS Frédéric Barbut, Hervé Blanchard, Anne-Hélène Botherel, Alain Brunot, Yannick Costa, Nathalie Delamare, Michel Denis, Françoise Daumal, Catherine Doit, Florence Espinasse, Matthieu Eveillard, Thierry Guérout, Clémence Joly, Bacha Kaoutar, François L’Hériteau, Jean-Christophe Lucet, Jacques Merrer, Djelloul Horri-Naceur, Simone Nérôme, Jérôme Robert, Pierrette Saint Laurent, JeanChristophe Séguier, Tuan Tran Minh, François Yapi. ANALYSE STATISTIQUE Bacha Kaoutar REDACTION DU RAPPORT Bacha Kaoutar, Clémence Joly, François L’Hériteau COORDINATION Clémence Joly, Pascal Astagneau, Gilles Brücker Avec le soutien financier du PHRC et du CNRS (appel d’offres 1999). Résumé Introduction On estime qu’en France, entre 10 000 et 12 000 décès par an seraient dus à une infection nosocomiale (IN) parmi les 500 000 à 800 000 patients qui contracteraient chaque année une IN. Ces estimations se basent sur des données nord-américaines anciennes et ont été obtenues à partir d’extrapolations d’une estimation indirecte de la mortalité imputable aux infections nosocomiales. Afin d’obtenir une véritable estimation du rôle des IN dans la mortalité hospitalière, une enquête multicentrique a été conduite par le centre inter-régional de lutte contre l’infection nosocomiale de Paris (C-CLIN Nord) pour évaluer la proportion de décès associés et la proportion de décès imputables à une IN. Méthode Il s’agit d’une enquête multicentrique prospective dans 16 hôpitaux volontaires de l’interrégion. Tous les patients décédés après 48 heures d’hospitalisation étaient éligibles. Le recueil de données s’est fait dans les jours suivant le décès du patient sur un questionnaire standardisé à partir du dossier médical et d’un entretien entre le clinicien responsable du patient et le médecin enquêteur. Les infections nosocomiales étaient définies d’après les critères du Conseil Supérieur d'Hygiène et de Santé Publique (CSHSP). Le clinicien en charge du patient et l’enquêteur, ont estimé de façon consensuel si le décès était imputable à une infection nosocomiale. Résultats Seize hôpitaux (9 CHU et 7 CHG) ont participé à l’enquête menée d’avril 2000 à juillet 2001. Durant la période d’enquête 115 659 admissions ont été enregistrées. Deux mille sept cent trente patients admis sont décédés à l’hôpital (mortalité hospitalière = 2,4%) dont 2196 après 48 heures d’hospitalisation (80%). Parmi les patients décédés après 48 heures d’hospitalisation, 1945 patients ont été inclus dans l’enquête. Cinq cent dix sept de ces patients (26,6%) avaient une IN au moment du décès. L’IN a contribué au décès chez 284 patients. Parmi ces décès, l’imputabilité à l’IN était certaine chez 129 patients (6,6%) et possible chez 155 patients (8%). Parmi les 129 décès imputables de façon certaine à une IN, aucune cause de décès à court terme (2 semaines) autre que l’IN n’était présente chez 55 (2,8%) d’entre eux. Les infections les plus fréquemment en cause étaient les pneumopathies, les bactériémies (et chocs septiques), les infections digestives et les infections du site opératoire. Staphylococcus aureus était le germe le plus souvent retrouvé dans les IN. Les maladies infectieuses (dont 2/3 sont des IN) représentaient la troisième pathologie responsable de décès après les maladies cardiovasculaires et le cancer. Les IN étaient en quatrième position parmi les causes possibles de décès. Conclusion Ces résultats permettent de mieux quantifier le rôle des IN dans la mortalité hospitalière. Si l’extrapolation à l’ensemble des hôpitaux français reste difficile, notre estimation stratifiée sur le type d’hôpital (CHRU ou CHG) montre que l’IN a contribué directement de façon certaine au décès chez 4188 [2665 – 6377] patients dont le pronostic vital n’était pas engagé à court terme. Indifféremment du pronostic à court terme, une IN aurait contribué directement au décès chez 8929 [6715 – 11837] patients. Cette étude devrait permettre d’orienter les politiques de prévention vers les pathologies et les services les plus à risque. Résumé des résultats 2730 décès 534 décès avant 48 heures 2196 décès après 48 heures 251 décès non inclus 1945 décès inclus 1427 décès sans IN 517 décès (26,6%) avec une IN 1 décés avec une infection non définie 284 décès (14,6%) imputables à une IN 4 décès Imputabilité non estimée 233 décès non imputables à une IN 155 décès imputables (7,9%) 129 décès imputables (6,6%) de manière possible de manière certaine 10 (0,5%) avec un PV non engagé 2 décès (0,1%) sans autre cause de décès PV = pronostic vital 55 décès (2,8%) avec un PV non engagé 23 décès (1,2%) sans autre cause de décès