Quelles démarches politiques et sociales, quelles conditions, quels outils pour porter un projet alternatif, solidaire, écologiste, féministe et autogestionnaire ? Table des matières 0.1 Notre volonté commune ................................................................................................... 1 1 Brèves considérations sur la situation générale ....................................................................... 2 1.1 Situation écologique et crise économique ........................................................................ 2 1.1.1 Dégradation de la situation écologique dont urbanisation conduisant au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité mais aussi à la dégradation de la santé des populations... ...................................................................................................... 3 1.1.2 La crise économiqueest une crise de longue durée (crise structurelle)..................... 3 1.2 Situation internationale ..................................................................................................... 4 1.3 situation politique ............................................................................................................. 4 2 Projet et révolution lente, transition ......................................................................................... 5 2.1 Regroupement de forces et projet ..................................................................................... 5 2.2 Le projet des Alternatifs est un projet de transition ......................................................... 6 2.3 Le projet des Alternatifs est un projet de transition écologique vers un développement à soutenabilité forte. .................................................................................................................. 6 3 Quelle organisation pour mettre en œuvre le projet de transition ? ......................................... 7 3.1 La démocratie et le mouvement parti ............................................................................... 8 3.1.1 LA FORME ET LES PRATIQUES ......................................................................... 8 3.1.2 La démocratie et les nouvelles technologies ............................................................ 9 3.2 Les conditions du dépassement. ....................................................................................... 9 4 Redynamiser les Alternatifs ................................................................................................... 10 4.1 La situation que nous vivons exige des réponses fortes ................................................. 10 4.2 L’organisation des Alternatifs ........................................................................................ 11 4.3 Les moyens de communication ...................................................................................... 12 4.4 Un mouvement ouvert sur le monde .............................................................................. 12 4.4.1 agir localement ........................................................................................................ 12 4.4.2 relations internationales .......................................................................................... 13 22 octobre 2014 Première partie Introduction : État des lieux 0.1 Notre volonté commune Quelle réponse à la situation actuelle sur les plans national et international (dégradation de la situation écologique, sociale, politique...) ? Nous n’en voyons qu’une : dans le domaine politique et dans la société civile, nous voulons participer à la constitution d’un bloc politique et social très largement majoritaire, à la reconstruction de la démocratie, à la transformation de la société – et pensons qu’il faut commencer par nous mêmes. Notre volonté commune de militants des Alternatifs est de développer les acquis construits au long de seize années d’existence, eux-mêmes préparés par les luttes, les acquis théoriques accumulés par le PSU, l’AREV, les CCA ou la CAP, entre autres. Mais ensuite les perspectives divergent : certains pensent que la seule voie ouverte est de travailler à la constitution d’un regroupement politique, d’autres pensent au contraire que c’est sur le terrain des expérimentations (sociales, écologiques, économiques, culturelles, sociétales...) qu’il est possible d’intervenir, d’autres encore pensent que si le terrain politique ne doit pas être délaissé, l’expérimentation ne doit pas être oubliée et qu’en fait c’est à l’articulation des deux approches qu’il faut travailler. Cette dernière position qui est notre, n’exclut nullement les partenariats divers (partis et mouvements politiques, associations, syndicats ou, tout simplement, individus soucieux de s’investir et de s’impliquer sans s’affilier). Nous devons, plus que jamais, faire vivre la notion de parti-mouvement, favorisant les partenariats les plus divers, afin de construire et mettre en œuvre, à partir de, et dans, l’action commune, les conditions de l’unité : un projet commun, un projet qui résulte de l’analyse de la situation actuelle et de la manière dont nous pensons sa réalisation (la révolution lente), un projet de transition écologique. Pour cela, l’outil « Les Alternatifs », tel qu’il s’est façonné au fil des ans, localement, nationalement et même internationalement, nous semble constituer un point d’appui incontournable encore aujourd’hui puisque les conditions d’un dépassement ne sont pas réunies. Ce que nous proposons donc c’est de remettre en chantier en nous appuyant sur une analyse de la situation la construction d’un parti-mouvement protéiforme, inscrit dans le réel pour le transformer, autogestionnaire, porteur des perspectives d’une écologie de rupture anticapitaliste et antiproductiviste, d’un féminisme assumé, et attaché aux pratiques de solidarités actives. Un mouvement Noir, Rouge, Vert, porteur d’espoir et capable de travailler avec d’autres organisations à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un projet de transition écologique. 1 Brèves considérations sur la situation générale 1.1 Situation écologique et crise économique 1.1.1 Dégradation de la situation écologique dont urbanisation conduisant au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité mais aussi à la dégradation de la santé des populations... Deux grands processus sont au centre de de ce que nous percevons : le processus d’urbanisation et le processus d’industrialisation. L’un concerne le géographique et l’autre les flux (économiques – production, distribution, consommation). La reproduction de la vie quotidienne est bien en rapport avec ces deux processus : l’économie n’explique pas tout et on ne peut donc en tirer une stratégie de changement social complète 1 . Nous le savons tous, l’industrialisation et l’urbanisation sont à l’origine de dégradation de la situation écologique par : la remise en cause du cycle de l’air :pollution, dégradation climatique (on parle de réchauffement climatique), la remise en cause du cycle de l’eau : artificialisation, suppression des zones humides, pollution (Notre dame des Landes, Le Testet...), La remise en cause du cycle des sols (artificialisation, morcellement, suppression des sols vivants, destruction irréfléchie de terres agricoles, pollution, dégradation par l’agriculture industrielle (baisse considérable de la biodiversité). À cela s’ajoutent les risques inconsidérés pris avec l’énergie nucléaire tout simplement pour pouvoir développer et posséder la bombe atomique., et disposer d’une source d’énergie centraliseé. 1.1.2 La crise économiqueest une crise de longue durée (crise structurelle) Le développement de l’industrialisation n’est principalement rien d’autre que le développement du capitalisme. Et celui-ci dans son développement est confronté à la baisse du taux de profit, due à l’augmentation de la composition organique du capital (rapport du capital fixe, aggravée par la hausse du coût des matières premières résultant du fait que les ressources existant sur la planète sont limitées). Cette baisse du taux de profit, constatée depuis les années 1980, est à l’origine de la recherche d’aménagements spatiaux 2 (déplacement temporel réalisé grâce aux investissements à long terme, par exemple sous la forme du développement des métropoles concurrentes aggravant les inégalités), de processus de dépossession (privatisation des biens communs, développement de la logique des brevets...), d’articulation avec la rente, de dévalorisation localisées aux frais des population et de restructurations dans l’espace (investissement dans des pays à bas coûts de main d’œuvre ou délocalisation à l’intérieur d’un espace régional comme l’Europe par exemple), de développement d’un capitalisme vert. Toutes action qui impliquent un rapport étroit aux États que les capitalistes s’approprient. Et tout cela ne va pas sans exacerbation de la répression, de la réduction de la démocratie sur leur territoireet des violences au niveau international. 1 Il nous faut comprendre le concret réel, se situer au niveau de l’Analyse et non de la Théorie (du mode de production capitaliste qui rendrait compte de tout – le fameux système) et ne pas aplatir la Problématique sur la Théorie (ne pas faire de la valeur travail un universel). 2 il s’agit d’une traduction du concept de « spatial fix » développé David Harvey 1.2 Situation internationale Nous assistons à la naissance d’un monde multipolaire partagé en grands blocs (celui des pays occidentaux auquel est arrimée l’Europe où le développement du capitalisme est ancien et la composition organique du capital élevée, celui du bloc arrimé autour de la Chine (Brics), l’ensemble des pays plus ou moins dépendants de ces blocs... on doit donc ajouter à ces processus de lutte contre la suraccumulation les concurrences entre blocs. Ainsi la tentative des États-Unis de s’opposer au développement de la Chine en la privant de sources d’approvisionnement en énergie (Guerre d’Irak et ce qui se joue en ce moment dans les territoires pétroliers). Les BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) en effet s’organisent et développent leur autonomie. Ils construisent des institutions équivalentes au FMI et à la Banque mondiale qui n’imposeront pas dans leur sphère d’influence les contraintes libérales imposées jusque là. Ils développent des rapports privilégiés (coopérations de formes spécifiques – mais entrant dans l’ordre des aménagements spatiaux) avec des pays d’Amérique du sud ou d’Afrique. Le Moyen-Orient reste, du point de vue de l’actualité, le centre de l’évolution de la situation internationale. Les États-Unis, en lien direct avec Israël, déploient, dans ce Moyen-Orient, une stratégie claire et constante : balkaniser la région. Ce n’est d’ailleurs pas très loin de ce qui se passe en Europe ! Lorsqu’on détruit, il reste des ruines, et en particulier des ruines humaines, des groupes humains sans État et sans perspectives de vie normale, sans avenir. C’est sur ce terreau qu’ont pris racine les “groupes terroristes”. Ils sont comme les populations qu’ils rassemblent. L’EI (l’État Islamique) est en train de réussir à fédérer ces groupes humains : il leur offre un présent : exprimer, dans une guerre sauvage, leur profond ressentiment et leur égarement. Il ne faut pas se tromper dans l’ordre des causes : c’est l’impérialisme US et sioniste qui reste la cause de fond. C’est lui qui pousse au désespoir et au manque d’avenir. C’est lui qui sème la graine du terrorisme. . Et il faut soutenir toutes les forces qui combattent pour maintenir ou créer des institutions au service des populations, comme c’est le cas actuellement des Kurdes (et, bien qu’affaiblie, de l’opposition dite modérée en Syrie). Ce qui est à l’ordre du jour dans cette région du monde, ce ne sont pas des discours creux sur la “démocratie occidentale”, mais bel et bien la lucidité dans l’analyse et l’appui aux forces qui œuvrent à construire ou défendre des institutions aptes à garantir la paix à des peuples qui n’ont que trop souffert. Le combat des Kurdes montre l’exemple. L’Europe continue la politique d’élargissement développée jusque là (par exemple avec l’Ukraine), pour inclure au sein d’elle-même un sud permettant le redéploiement du capital. 1.3 situation politique Nous sommes confrontés à un gouvernement qui joue la carte de l’Europe attachée au bloc occidental (ce qui le conduit à des aventures militaires), d’une Europe qui comprend son propre Sud et qui cherche à l’étendre (attitude à l’égard des pays des Balkans des pays Baltes ou de l’Ukraine) d’une Europe donc où le capital pourra se redéployer pour y exploiter une main d’œuvre à bas prix. Ce gouvernement cherche à restaurer les marges du capital pour favoriser l’investissement, à développer des métropoles concurrentes pour user de l’aménagement spatial et absorber du capital en excès. Il remodèle en conséquence l’État et en profite pour le rendre plus autoritaire. Face à cela, ce qui a été tenté est insuffisant. Nous ne sommes pas à hauteur de ce qu’exige la situation. Le développement d’un cartel des gauches de gauches et le développement d’une organisation qui appelle à s’opposer à l’austérité et incite à la construction d’une alternative dont la définition est plus que floue ne suffit pas. Deuxième partie De la transition à la stratégie dans les domaines de la société civile et de l’État 2 Projet et révolution lente, transition Alternative : très fréquemment utilisé dans le contexte de la gauche de la Gauche mais avec des sens différents, le mot désigne souvent l’alternative politique, d’autres fois un projet de société. 2.1 Regroupement de forces et projet La question du rapport au projet est fondamentale : rassemble-t-on les citoyens autour d’un projet, dont le projet politique qui en découle, y compris le projet de Constitution, car sans changement du dispositif politique il n’y aura jamais de « changement » (comprendre de transition), ou propose t-on de constituer des forces autour d’ « objectifs simples », de faire sortir de ces forces agglomérées un projet, qui, dans les premières étapes, ne peut être alors qu’un programme de mesures immédiates… Il nous semble qu’il nous faut respecter nos interlocuteurs militants et ou citoyens car, sans cela pas d’autogestion. Il ne s’agit pas de rassembler des forces dans la résistance à l’austérité de manière a critique, au risque que ces forces se disloquent au moment des choix de transformation sociale... La lutte contre l’austérité doit au moins dire pourquoi il faut garder des moyens d’investir et dans quoi. D’ailleurs, aujourd’hui, les citoyens ne s’engagent plus s’ils ne savent pas ce qui va, peut suivre... Seul un projet permet de regrouper de manière durable des forces en accord avec sa cohérence. C’est ce même projet qui nous permettra, dans nos luttes, de ne pas contribuer au renforcement du capitalisme. 2.2 Le projet des Alternatifs est un projet de transition « La révolution longue est un processus qui n’a ni début ni fin, qui se vit dans le présent et procède par accumulation de pratiques et de réflexions collectives. Les Alternatifs n’attendent pas un grand soir mais une révolution qui enfonce ses racines dans le quotidien » 3. Il en découle immédiatement que le projet des Alternatifs est un projet de transition. Il n’est donc nullement question de renvoyer à plus tard la réalisation du projet. Nos utopies sont des utopies concrètes. Cependant des aspects de notre projet présupposent des transformations dans le domaine du politique pour aller vers l’autoadministration, notamment une redéfinition de la citoyenneté (développement de la démocratie), donc en quelque sorte des ruptures mais celles-ci peuvent être expérimentées dans des espaces de liberté que nous pouvons ouvrir (y compris conquête de positions dans les collectivités locales). 2.3 Le projet des Alternatifs est un projet de transition écologique vers un développement à soutenabilité forte. « La soutenabilité renvoie à la nécessaire transformation du modèle économique, social et politique actuellement en vigueur – en particulier l’abandon de l’obsession pour l’efficacité et la croissance, au bénéfice de la diversité et de l’autonomie » 4. Dans le cadre d’une soutenabilité forte, la stratégie de transition écologique vers un développement soutenable implique une « mutation profonde de l’économie, dépassement du productivisme et économie post-croissance » 5 . C’est le sens de notre association du Rouge et du Vert. La transformation du mode de production dominant est bien en jeu,impliquant comme développé dans un texte écrit après les journées d’été des alternatifs 2014, « à la fois et de façon articulée : des changements politiques et réglementaires de rupture (énergie, économie …), la constitution progressive d’un fort mouvement social réunissant des travailleurs avec des citoyens/consommateurs et liant objectifs sociaux et écologiques, une intervention, avec du capital socialisé, dans les secteurs clefs pour constituer des unités productives et des formes d’échange favorables aux nouvelles orientations. Cette intervention implique bien sûr une évolution du système financier, la transformation des rapports internationaux » 6 (vers des rapports de coopération). Mais, en même temps, la transformation de l’économie n’est pas le tout de la transition : 3 4 Citation d’une autre contribution publiée dans ce cahier de débat – concept défini au congrès de Nantes, mai 2000 5 6 idem Développement durable, économie verte, résilience : Quelles continuités, quelles ruptures, quelles conséquences pour les villes ? / Aurélien Boutaud – communauté urbaine de Lyon, Direction de la Prospective et du Dialogue Public ; 2013 Note note, établie à partir des travaux de la commission «économie et social», qui tient compte du débat du 7 juillet 2014 / Michel Buisson L’approche économique s’en tient à la mise en rapport (adéquate) des produits et des besoins, L’approche territoriale (géographique), permet une compréhension globale car toutes les activités (même celles qui ne donnent pas lieu à évaluation en "valeur travail") donnent lieu à une occupation du sol. En dehors de l’État et du domaine politique, il y a en effet des activités qui "débordent l’économie" à prendre en compte. Par exemple, la définition de règles en matière d’urbanisme ou d’aménagement du territoire, n’est pas une production ni une consommation, bien qu’elle ait des conséquences sur la valeur foncière (puisque celle-ci est déterminée par les règles d’urbanisme – atteinte à la propriété privée pour utilité publique). C’est une activité proprement citoyenne (définition de règles communes) dans laquelle le citoyen ne se réduit plus à l’homo œconomicus. Il n’y a donc pas une planification (écologique qui n’est qu’une planification économique déterminée) mais des processus de planification qui s’imbriquent ; la planification territoriale devant être première dans la hiérarchie des règles (puisqu’un projet économique n’est pas un projet global et puisque cette planification porte sur la longue durée). Et dans ce cadre, en matière de planification territoriale, il faut se garder de tomber dans le capitalisme vert, ce qui semble être la tendance dominante dans les zones denses, le cœur des métropoles : S’opposer au morcellement, travailler à reconnecter et étendre les espaces ouverts (qui pourront donner lieu à renaturation), déterminer sur cette base les espaces où peut être favorisée la compacité des bâtiments d’habitation et d’activités, avec mixité fonctionnelle, est un aspect incontournable de la transition écologique. Là encore une transformation de l’État s’impose mais aussi une transformation de l’activité politique elle même comme décrite dans la charte municipale et intercommunale des Alternatifs. Troisième partie L’outil d’avenir 3 Quelle organisation pour mettre en œuvre le projet de transition ? Puisque la fin et le moyen ne sauraient se contredire, nous devons développer un outil adéquat à son objet, la transition, en incluant la redéfinition de la citoyenneté (la redéfinition de ce sur quoi on peut agir collectivement, de ce qui peut être soumis à des règles et ne relève pas de soi disant « lois naturelles de l’économie »). Notre intervention ne doit donc pas se limiter au domaine du politique, et, moment essentiel, nous devons être capables de construire les rapports (réseaux, organisations...), permettant en relation avec d’autres partis ou mouvements : de construire des connaissances à partir des expériences auxquelles nous participons ou sur lesquelles nous pouvons disposer d’informations fiables, de tirer les enseignements des échecs ou des difficultés de nous approprier des connaissances produites ailleurs sur la société (par exemple résultant de travaux en sciences sociales dont les questions du rapport à la planète ), de partager ces connaissances par l’échange réciproque, et finalement de remanier, ré-élaborer en conséquence de ce qui précède, notre projet de transition. Et tout cela de manière permanente. L’un d’autre nous à Vaulry a utilisé la belle image du développement des rhizomes Cette démarche renvoie au rôle important et aux formes de travail de commissions thématiques, à leur articulation à l’ensemble de l’organisation et au delà, devenant ainsi « intellectuel collectif » coopératif. Cet outil, c’est un un parti/mouvement autogestionnaire. 3.1 La démocratie et le mouvement parti 3.1.1 LA FORME ET LES PRATIQUES Nous partons d’un constat : la France, comme les pays voisins, le Monde entier est dans une phase idéologique très inquiétante. C’est la faillite d’un système ou certaines et certains vivent dans l’exclusion et la précarité alors que d’autres gèrent le superflu et l’opulence. Face à cette situation véritablement dramatique, à ce phénomène de haine, de rejet de l’autre, de l’étranger, qui se banalise dans nos quartiers, nos villes, nos campagnes, il est temps, il est grand temps que des militant-e-s qui se disent Alternatifs et toutes celles et ceux qui se sentent concerné-e-s ( c.à.d. les allié-e-s politiques , les mouvements citoyens et des individus) se mobilisent, se mettent en guerre contre celles et ceux qui accaparent le Pouvoir, l’Avoir et le Savoir. La situation est grave : il ne s’agit plus d’établir des rapports de force entre organisations, de privilégier sa boutique, d’essayer de tirer son épingle du jeu en vue des prochaines échéances électorales : c’est le Monde qu’il faut changer. Ceci suppose de ne pas hésiter à changer nos habitudes, de se mettre à la hauteur de l’enjeu, d’être résolument utopiste. Cette insurrection se fera dans des formes d’organisation alliant nos activités locales à une dimension mondiale (en d’autres termes du local au global). Les PRATIQUES, les UTOPIES Concrètes seront au centre de nos débats, elles concernent des projets, des actions, des expériences menées sur le terrain. Pour cela, il nous faut revenir à nos valeurs fondamentales et nous engager dans des pratiques de fonctionnement "coopératives" à visée autogestionnaires. Elles nous apprennent à partager le Pouvoir, l’Avoir et le Savoir. En 68 on disait "le Pouvoir se prend !". Nous rajoutons "Le Pouvoir se partage !" La Démocratie active se construit à partir de nos pratiques locales pour atteindre une dimension globale, voilà pourquoi la parole de chacune et de chacun doit compter et pouvoir s’exprimer. Voilà aussi pourquoi il nous faut privilégier la notion du Collectif. Une notion qui signifie l’apparition de référent-e-s, de citoyens, de militant-e-s actifs et actives qui se trouvent à intervalles réguliers pour partager leurs utopies, leurs réflexions, leurs idées. C’est aussi l’apprentissage par l’expérience, par la réflexion, du consensus : c’est apprendre à construire un consensus qui ne soit pas une coquille vide ou de bonnes phrases neutres, mais l’approfondissement partagé de la compréhension du monde et des actions à entreprendre. C’est résolument utopiste ; à force de vouloir avoir les pieds sur terre on risque de s’enfoncer. Voilà pourquoi il faut oser imaginer une autre manière de fonctionner. 3.1.2 La démocratie et les nouvelles technologies Le développement d’Internet et des outils informatiques associés crée un espace mondial quasivirtuel dans lequel communiquent beaucoup de militants (activistes ?) qui sont le plus souvent hors de nos groupes. On a vu leur efficacité dans les révolutions tout autour du monde (révolutions arables, Afrique, Amérique du Sud) ainsi que dans les luttes citoyennes. PODEMOS en Espagne peut s’appuyer sur ces outils pour mettre en oeuvre des démarches radicalement novatrices. Ces mouvements se considèrent et se décrivent eux-mêmes comme la source d’une révolution citoyenne. On ne peut minimiser leur impact, mais nous devons y participer, y apporter notre expérience, les soutenir. Et aussi utiliser les moyens qu’ils offrent pour la communication, le débat etc… Dans le même temps on ne peut ignorer (Merci, Snowden !) l’incroyable encadrement / grillage progressivement développé dans le monde entier et surtout dans nos propres pays, sous des raisons objectives de commodité et rationalité : c’est par exemple en France le travail de raccordement des différentes bases de données des différents ministères et les tentatives de régulation d’Internet. De plus le développement accéléré des outils logiciels de partage permet d’envisager des outils à disposition des groupes de bases, permettant de vérifier l’impact de leurs décisions. Ces outils sont encore à construire, mais l’émergence des courants du logiciel libre leur est très favorable. Comme toujours, le débat est ouvert : progrès technique et liberté humaine ? encadrement et création ? 3.2 Les conditions du dépassement. Ensemble, inséré dans le FdG, ne répond pas à ces conditions que sont l’existence d’un parti/mouvement écologiste, solidaire, féministe, autogestionnaire et d’un projet de transition et Ensemble risque de ne jamais le devenir (sa cohérence relève du bac à sable ou les différentes petites organisations viennent faire des pâtés) et donc (principe de précaution, il faut maintenir les Alternatifs. Cependant il ne saurait être question de les maintenir sous perfusion en attendant un débranchement éventuel. Il faut au contraire les reconstruire, s’émanciper de la pression de ceux qui veulent donner de nous une image de diviseurs nostalgiques. La construction difficile d’un parti- mouvement profondément implanté ne peut se soumettre aux opportunités électorales. Quatrième partie Que faire 4 Redynamiser les Alternatifs 4.1 La situation que nous vivons exige des réponses fortes Quoi faire ? Lancer l’idée d’un LIEN entre les Alternatifs et tous ceux et celles, qu’ils soient du Front de Gauche, ou d’ailleurs. L’objectif est simple : créer un renouveau citoyen en liant constamment Réflexion à Expérimentation. Ceci à partir du vécu des personnes, dans leur quotidien (travail, vie personnelle, loisirs, culture, santé, éducation, etc. . .). Le principe de base ? Ne plus se contenter de résister, de s’indigner. Cela ne suffit pas à endiguer la vague de désabusement, de désespérance qui s’abat sur nous et celles et ceux qui nous entourent. Il existe partout des actions, des expérimentations, des projets qui laissent préfigurer une autre manière d’agir, de respecter l’autre et son environnement. Il existe également des mouvements citoyens qui parlent de transition, d’alter développement, de démocratie active, d’autogestion, de monnaies solidaires. Ils dénoncent les méfaits du capitalisme, l’exploitation des êtres humains qui font tourner les machines, le système bancaire, les emprunts toxiques… Et les personnes qui les animent et qui sont dans cette mouvance hétérogène ne se retrouvent plus ou pas dans les organisations classiques. Souvent, ils ne prennent pas assez de recul pour analyser, réfléchir, mesurer les avancées, les reculs et… les espoirs à venir. Nous pensons qu’il faut reconstruire ou construire un outil capable non pas de guider (ceci est du passé) mais d’accompagner toutes ces initiatives pour, avec celles et ceux qui les portent, élaborer du sens dans une perspective de transition écologique. Élaborer du sens, cela signifie théoriser nos pratiques, expérimenter ces théories. Ce qui signifie la mise en place de moments de réflexion et de partage de nos expériences, à l’interne comme à l’externe. Des moments comme les Universités d’été ou les Foires à l’Autogestion peuvent en être une préfiguration. De tels moments sont aussi des moments de confrontation d’expériences et d’analyse, mais aussi de conception d’actions communes avec d’autres partenaires. 4.2 L’organisation des Alternatifs Concrètement cela signifie que notre mouvement doit afficher un fonctionnement véritablement collectif : ’impliquer l’ensemble des adhérent-e-s et même d’autres personnes extérieures, à l’animation, la gestion de nos affaires et leur faire découvrir, en le vivant, que la politique c’est l’affaire de tout le monde. Il s’agit de la mise en RESEAU effective. Dans cette perspective, il convient de retrouver à chaque échelon (local, régional et national) trois types de collectif se partageant les responsabilités, à savoir : Un collectif de coordination et d’animation composé de plusieurs membres qui coordonne, anime les activités, les projets de notre Mouvement en fonction des résolutions prises lors des Assemblées Générales et du Congrès. Ce collectif remplacerait donc l’exécutif actuel. Un collectif de gestion financière chargé du suivi, de la régularité des comptes et de la probité de la comptabilité. Un collectif de gestion administrative chargé de la rédaction des comptes rendus, des invitations, de la liste des adhérents, des sympathisants, des partenaires et de la communication interne, etc... Dans ce type de fonctionnement, il nous semble nécessaire de préférer la notion de consensus aux pratiques de votes répétitifs confortant une majorité tenir systématiquement et à tous les niveaux, à intervalles réguliers, selon le contexte local, les possibilités et les limites des uns et des autres, à avoir - des rencontres locales mensuelles - des rencontres régionales trimestrielles - des rencontres nationales trimestrielles - une assemblée générale nationale annuelle – à jumeler éventuellement avec une université populaire, un forum local. Les rencontres régionales et nationales peuvent être envisagées au moins partiellement) sous forme de contacts téléphoniques, de vidéos conférences. Nos rencontres traiteront systématiquement des points suivants : les informations locales, régionales, nationales, mondiales, des pratiques en lien avec nos valeurs, débat sur un point particulier. Les collectifs thématiques sont à maintenir en fonction des initiatives locales. Faut-il rajouter qu’il ne s’agit que de quelques propositions qui sont à amender, à compléter… etc. Autour de cette trame, nous pouvons construire un nouveau type de fonctionnement avec celles et ceux qui à l’interne comme à l’externe des Alternatifs, feront avec nous ce pari. 4.3 Les moyens de communication Ce qui signifie des outils de diffusion de nos idées Rouge et Vert, repensé peut jouer un rôle dans ce dispositif. Nous devons être présents sur l’espace internet : ceci passe par le développement résolu des sites, blogs, présences sur les réseaux sociaux. Mais aussi par le soutien aux courants du libre. La construction d’espaces virtuels de débats, préparant la mise à disposition de toutes et tous quelque soit leur âge, localisation, d’outils performants de formation. 4.4 Un mouvement ouvert sur le monde Sur la dimension internationale de notre action, notre position, nos pratiques et nos alliances découlent d’une évaluation générale de la période. Une seule élite mondiale, celle qui détient le capital, contrôle la puissance étatique, l’éducation, la science, l’information et impose son modèle de "valeurs" , individualistes, consuméristes.. Cela implique pour cette élite la soumission et la mise hors débat de toute volonté d’alternative au modèle impérialiste , capitaliste, prédateur et machiste ambiant. Si nécessaire, la destruction physique de celles et ceux qui auraient cette volonté et se seraient renforcés jusqu’à menacer les pouvoirs installés. A cette pensée sinon à cette élite unique appartiennent désormais les organisations "historiques" du mouvement ouvrier, à savoir les "États" et partis "communistes", les "États" et organisations politiques dites socialistes (et sociaux démocrates, sociaux libéraux ) et les institutions culturelles et médiatiques dites libérales-libertaires. Bien sûr, cela concerne leur personnel stipendié (payé pour leur soumission !) et non leurs citoyens/membres bénévoles, de base ou élus, notamment syndicalistes et associatifs, encore moins ceux du secteur de l’économie sociale/coopérative. Ceci veut dire que notre travail et nos coopérations devront se faire sous une double forme, toujours autonome. 4.4.1 agir localement D’une part, le travail le plus local possible, c’est à dire avec les groupes et personnes de nationalité étrangère ou d’origine étrangère, résidents ou réfugiés sur place, voisins transfrontaliers pour construire des espaces d’autonomie où sont mis en pratique et dans les formes employées et dans les objectifs des principes démocratiques, consensuels et ce, sans imposer, fût-ce involontairement notre style de vie occidental. Cela signifie en priorité, le travail en direction des étrangers "visibles" en particulier arabes et musulmans, vu l’islamophobie et le racisme anti-musulman ambiant. Cela doit se faire avec les autres organisations françaises actives sur ce terrain mais en refusant toute complicité avec le prosélytisme laïcard ou athée militant et toute visée assimilationniste à un modèle occidental délétère qui est responsable du nondévelopppement humain du Sud et de l’Est au moins autant que l’auto-enfermement et la pauvreté culturelle de ces derniers. Et en évitant toute intégration de ce travail dans l’étatisation des structures d’aide et de rencontre , toute professionnalisation de ses animateurs et toute dépendance financière envers les institutions publiques ou privées. Ces dernières doivent rester le cas échéant des partenaires et l’action avec eux doit suivre un cahier des charges respectant l’autonomie des associations. 4.4.2 relations internationales D’autre part, sur le plan international, actions communes sur des objectifs précis et au maximum à moyenne échéance (trois/quatre ans) du type de la rencontre d’Istanbul d’il y a deux ans avec une organisation-parapluie souple du type de la Red and Green Alternative (RAGA) qui avait été créée pour cet objectif et qui peut donc être mise en veilleuse par la suite. Surtout pas d’adhésion formelle à des structures préexistantes et où nous serions les seuls à défendre nos quatre piliers, autogestion (référence non reprise par Ensemble et donc comment pourrait-elle l’être par une Quatrième ou autre Internationale pré-établie ?), féminisme (d’où les problèmes rencontrés avec les États et organisations para-étatiques des pays du Sud, notamment progressistes – souvent simples opposants provisoires des ÉtatsUnis et de leurs alliés), écologie (ce qui signifie décroissance et refus du nucléaire) et solidarité (c.a.d. égalité stricte de statut et de droits pour les syndicats et les associations par rapport aux partis) et là aussi, fonctionnement au consensus. Bien sûr, cela signifie refus de toute dépendance financière envers un État ou un parti fussent-ils les plus progressistes du monde, une transparence complète des actions des camarades "en mission" (qui devront être en même temps actifs dans d’autres champs que le seul international), leur fonctionnement en binôme, à deux au moins et leur rotation faisant qu’ils ou elles ne restent pas principal responsable mais forment leur binôme pour qu’il les remplace dans cette fonction après un ou deux congrès. Bien sûr, il faut une commission internationale se réunissant tous les deux mois et dont les membres échangent en permanence, en temps réel si possible. La coopération doit se faire en priorité avec ceux qui nous sont durablement proches. D’abord les Forums Sociaux à relancer d’urgence en Europe pour s’opposer frontalement à la ligne de Bruxelles notamment pour contrer la dérégulation et la destruction de l’État-providence, l’absence de SMIG et de droits sociaux pan-européens, l’absence de représentation des régions et minorités autochtones ou résidentes et le refus de leur droit à l’auto-détermination, l’absence des États musulmans des Balkans (Bosnie, Albanie et Kosovo) et des pays de l’Europe de l’Est abandonnés à la domination russe. Dans ce combat, coopération à l’intérieur des Forums et lieux similaires ceux qui nous sont les plus proches (Syriza, Podemos etc). Priorité à l’information et au soutien partout où l’autogestion progresse comme les Alternatifs l’ont très bien fait grâce aux camarades compétents dans le cas de l’Argentine. En conclusion, là comme ailleurs autogestion d’abord , consensus, refus du bloc occidental même culturel, autonomie même envers ceux qui offrent micros, places à la tribune d’un jour et à la notabilisation toujours, refus des largesses. Les Anglais disent "un déjeuner gratuit, ça n’existe pas" 7 . Laissons celles et ceux qui tiennent à poursuivre l’aventure " Ensemble" dans le cadre du Front de Gauche le faire tranquillement. Donnons-leur l’occasion de se joindre à d’autres qui ont envie de tenter l’expérience que nous proposons. Ceci suppose évidemment du respect réciproque et le maintien sous une forme ou une autre des Alternatifs. 7 Pierre ZARKA