RAPPORT SUR L’ANALYSE DES TARIFS DOUANIERS APPLIQUES AU CAMEROUN, LES EFFETS DES VARIATIONS DES TAUX DE CHANGE, DES CONTRAINTES BUDGETAIRES ET EN INFRASTRUCTURE SUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET L’EVOLUTION DE LA PAUVRETE DANS CE SECTEUR 1 PREMIERE PARTIE La protection du marché local L’évolution au cours de la période 2001-2005 des tarifs douaniers des produits agricoles révèle pour certains produits des niveaux de protection se situant au dessus des 30%. Cette évolution permet également de constater que la politique de protection du marché au Cameroun n’est pas constante dans le temps et est fonction des capacités de l’appareil de production à satisfaire la demande intérieure. Libellé Boeufs Années 2001 2002 2003 2004 Quantités 214900 38200 5500 48900 Ventes 13320000 6550000 468000 65539561,6 Droits de douane Emissions 1649590 1025680 36440 0 Protection nominale TVA 0 0 0 0 0 0 0 0 12,4% 15,7% 7,8% 0,0% Sorgho à grains 2001 400 143000 0 0 0 0,0% Cacao en fèves, brut de type supérieur 2001 2002 2005 1662 6162 2 2038898 1061469 81879 1158290 603255 24930 611667 318440 24563 495654 258043 0 32,5% 32,5% 30,4% 2001 2002 2003 2004 2005 10136 350860 144765 113352 1213 5677745 186206439 41663323 25297994 1262839 1709145 239564 94276 578653 713427 823682 63995 47635 253379 378846 667454 51856 35089 186653 287290 18,3% 0,1% 0,1% 1,5% 33,7% 2003 2004 2005 72952 51000 154 37000000 23029367 664926 8767952 5462898 303701 7400000 4605873 132985 0 0 139634 23,7% 23,7% 24,7% 2001 2002 2003 2004 2005 37288818 54754747,8 37874507 46174447 42353517 1891604387 2424632488 2029892623 1845662693 3694078617 1576877431 48024405 2075138799 0 1843168112 0 1669295551 0 444582443 2963018150 12,5% 11,7% 14,1% 11,8% 4,4% 2001 70163 14767000000 20644000000 14374000000 15579000000 16692000000 40836439 23199106 12250917 9927320 32,5% 2002 55036 32651336 18549138 9795381 7937518 32,5% 2003 186087 86786863 47577245 26036036 19179868 32,7% 2004 105363 62276818 34136233 18680645 13761404 32,7% 2005 58628 30893593 17437487 9268052 7028269 33,7% Haricots secs "petits rouges" écossés,mm décort ou cassés Viandes porcines, en carcasses ou demi-carcasses., congelées Sucres raffinés de canne ou de betteraves Maïs doux, préparés ou consommés sans vinaigre, non congelés Au cours des années 2001, 2002 et 2003, le bœuf et le sucre ont fait l’objet d’une protection moyenne de 13%. Le déficit de production locale (SOSUCAM) en 2005 a amené 2 les autorités à stimuler les importations de sucre par la suppression de la protection sur ce produit. Par contre les produits à l’instar des Haricots secs "petits rouges" ont connu une protection évoluant en dents de scie. Concernant les intrants (Engrais minéraux ou chimiques, semences) et les outils agricoles, les autorités encouragent les importations en ramenant les taux de protection de ces produits à des niveaux inférieurs. Le tableau suivant illustre ce constat. Libellé Années Quantités 2001 2002 2003 2004 2005 2001 2002 2003 2004 2005 2001 2002 2003 2004 2005 Engrais minéraux ou chimiques cont. azote, phosphore et potassium Tracteurs agricoles, à roues, à moteur à explosion ou à combustion interne Maïs de semence Valeurs 30134238 16906481 11710726 24295104 19314695 292466 264860 271363 223540 166845,79 336782 151018 91439 23416 36898 Emissions 4566417624 2498758837 1666926039 3488515943 3328533703 866239831 778209442 878318703 720051687 370905553 135728591 89976432 66756484 25907116 46044273 326679548 187406892 125019423 255786384 249639986 75998116 62149802 92258979 45372550 45541953 17575234 12335288 5024338 2202354 3455409 Droits de douane 228074424 124937935 83346296 174425788 166426679 61955272 52003645 77283528 35915812 37090548 6786419 4498819 3337820 1295354 2302212 TVA 0 0 0 0 0 0 0 0 0 571316 7377867 5579589 12447 255477 0 Protection nominale 7,2% 7,5% 7,5% 7,3% 7,5% 8,8% 8,0% 10,5% 6,3% 12,1% 7,5% 7,5% 7,5% 7,5% 7,5% Impact des politiques de taux de change sur les productions agricoles La crise économique survenue dans l’ensemble de la zone Franc à partir du milieu des années 80 a engendré des déficits au niveau de la balance commerciale des pays membres. Outre la chute des Quelques pays en développement concurrents à l'exportation des PAZF cours des matières Produits exportés Chine Colombie Inde Malaisie Philippines Brésil Egypte Ghana premières, Arachide ledit déficit était causé par l’insuffisance de compétitivité des Etats de la zone relativement aux X Banane X Bois X Cacao X Café X X Coton X Huile de palme X Huile de palmiste X X X X X X pays (asiatiques, sud-américains et africains) offrant les mêmes matières premières. C’est officiellement pour rendre les économies de la zone plus compétitives que le Franc CFA a été 3 dévalué de 100% (au certain) par rapport au Franc français en 1994. Il y a ainsi eu un regain de compétitivité (au sens du taux de change effectif réel) du Cameroun car le taux de change effectif réel (TCER) a été maintenu à un niveau globalement plus bas au cours de la décennie post dévaluation (99,36 en moyenne annuelle) comparativement aux dix années directement précédentes (144,36 en moyenne annuelle). Evolution du taux de change effectif réel (tcer) 180 160 140 120 100 80 60 tcer 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 125,4 131,1 145,2 162,6 158,1 146,1 150,5 144,3 145,2 135,1 86,6 100 101,5 96,9 102,1 106,7 95,6 98,7 100,3 101,99 102,3 La tendance baissière du TCER post dévaluation (par rapport à la période antérieure) aurait induit des gains de 2003 2004 Variations comparées des évolutions du TCER et des exportations en volume en % 40 30 20 nouvelles parts de marchés internationaux reflétés par exportations l’accroissement en volume tant des 10 0 -10 pour -20 l’ensemble des produits que pour les -30 produits agricoles en 1994. Ces gains se 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 -40 Variation des exportations agricoles en volume variation des exportations totales sont surtout faits observés au cours des Variation du TCER cinq premières années de la dévaluation à l’exception de l’année 1995 où le taux de change effectif réel s’est apprécié de près de 15 points. Cela était dû à la rétraction du Dollar américain par rapport au Franc français (de 5,55 FF en 1994 à 4,99 FF en 1995 par unité de Dollar) et à la persistance de la tendance à la hausse des cours des matières premières agricoles débutée en 1994. En 1998, les anticipations sur un Euro fort qui allait avoir cours légal dès 1999 en France (et auquel le Franc CFA allait être rattaché par une parité fixe) et la hausse de l’indice des termes de l’échange (+3 points) auraient contribué à l’appréciation du TCER. 4 Cette appréciation serait l’une des causes de la décélération de la croissance des exportations en volume, décélération qui a abouti à la chute des exportations en 1999 avec une baisse plus accentuée pour les produits agricoles. Quoique moins prononcée, la chute des exportations agricoles, dont l’une des raisons était la baisse de la production nationale de certains produits, s’est poursuivie en 2000 malgré la hausse des exportations totales qui aurait bénéficié de la dépréciation du TCER. De 2001 à 2003, si les variations du TCER ont eu un impact sur les parts de marché des produits d’exportation, tout semble indiquer que cet impact était limité. En effet, au courant de ces années, le TCER et les exportations en volume ont eu la même tendance d’évolution alors que s’il y aurait eu une incidence substantielle, le phénomène contraire se serait fait observé. La corrélation positive ainsi observée entre le TCER (au certain) et les parts de marché semble témoignée de l’influence d’autres facteurs qui sont externes au taux de change effectif réel. C’est ainsi qu’en 2002, la dépréciation du TCER n’a pas entraîné, comme attendu théoriquement, un gain ou un maintien des parts de marchés du fait de la baisse de la production de certains produits pour des raisons conjoncturelles (aléas saisonniers) ou structurelles (rationnement énergétique, tarissement progressif des puits de pétrole). Quant aux années 2001 et 2003, l’évolution des exportations en volume n’a pas été très élastique aux variations du TCER car l’appréciation de ce dernier n’a pas entraîné une perte de compétitivité globale du fait de la hausse des exportations de certains produits. Termes de l’échange . 250 200 150 100 50 2005 2004 2003 2002 2001 2001/02 2000/01 1999/00 1998/99 1997/98 1996/97 1995/96 1994/95 1993/94 1992/93 1991/92 1990/91 1989/90 1988/89 1987/88 1986/87 1985/86 0 Evolution des prix et des termes de l’échange 5 Termes de l'échange 1985/86 1986/87 1987/88 1988/89 1989/90 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2001 2002 2003 2004 2005 0 -14,6 -13,2 2,7 -2,1 -13,3 -23,9 -22,0 18,2 -19,6 19,1 -33,6 -1,2 79,3 33,2 -20,1 0,0 5,6 -10,9 10,0 36,5 Variation Variation des prix à des prix à l'exportation l'importation 0,0 0,0 -28,4 0,0 -9,3 6,1 -4,6 9,9 -0,6 -3,2 6,5 8,8 -14,7 -1,7 -25,3 -1,8 23,8 58,7 55,2 31,3 -20,4 -1,0 21,7 2,2 -30,6 4,6 -4,4 -3,2 98,5 10,7 37,6 3,3 -18,5 2,0 0,0 0,0 1,0 -4,4 -16,7 -6,6 7,7 -2,1 33,2 -2,5 Taux de change effectif réel Taux de change effectif réel des exportations Taux de change effectif réel des importations Marge de compétitivité cumulée depuis 1994 -15,4 -14,5 2,6 -2,2 -13,0 -33,4 6,7 0,3 -0,5 12,7 1,5 -3,9 2,7 -24,2 9,1 1,3 -1,0 26,7 -11,2 -5,4 6,1 -38,7 5,0 -0,6 0,1 2,4 13,1 -3,0 0,9 33,4 26,7 26,4 26,9 14,2 12,7 16,6 13,9 2,7 3,1 3,3 6,1 6,4 6,0 0,9 1,5 1,8 11,2 8,1 4,8 Source BEAC Développement agricole et réduction de la pauvreté La dynamique de la pauvreté est fonction de l’accroissement du revenu des ménages, et donc de la croissance économique. Toutefois, la croissance économique est une variable macroéconomique agrégée qui peut cacher de fortes disparités entre les différents secteurs de l’économie. On sait par exemple qu’une part importante de la population travaille dans l’agriculture, ainsi la croissance dans ces secteurs est susceptible d’affecter sensiblement le taux de pauvreté. La décomposition des taux de pauvreté dans les différentes filières, décrite dans le tableau ci-joint, permet d’analyser l’incidence des variations entre les taux de croissance des différents secteurs sur les taux de pauvreté des différentes catégories de ménages. 6 Croissance économique et réduction de la pauvreté et des inégalités (1996-2001) 1996 Secteur P0 Agriculture/élevage. Vivrière 67 Rente 65.2 Élevage 58.6 Industries. Manufacturière 26.4 Minières 58.6 BTP/ Elect, Gaz&Eau 39.7 Services Marchand 26.2 Salaires Admn Pub 28.2 Source : MINEFI/DP et INS. 2001 P0 Gini DP0 DGini 96-2001 Cr. Annuelle Ecart moyenne Type. 0.34 0.31 0.37 48.0 59.8 50.4 0.39 0.34 0.33 -19.1 -5.4 -8.2 0.04 0.03 -0.04 3.1 -2.0 3.1 1.6 2.9 4.2 0.50 0.40 0.40 16.4 12.8 27.0 0.41 0.37 0.43 -10.0 -45.8 -12.7 -0.09 -0.03 0.03 3.1 -8.6 -1.7 1.9 9.2 10.6 0.41 0.43 9.6 19.4 0.40 0.42 -16.6 -8.8 -0.01 -0.01 9.2 12.6 4.8 16.8 Gini Variations Les élasticités croissance/pauvreté et inégalité/croissance figurant dans le tableau ci-dessous indiquent de combien diminuent respectivement le taux de pauvreté ou les inégalités (mesurées par l’indice de Gini) lorsque la croissance économique sectorielle gagne un point. Il ressort de cette analyse que pendant la période 1996-2001, la croissance a fortement réduit la pauvreté des ménages travaillant dans les secteurs de l’agriculture vivrière, de l’élevage, des industries manufacturières et des services non marchands Les secteurs de l’agriculture vivrière, les industries manufacturières et de l’élevage sont ceux qui répondent le plus à une variation du taux de croissance. La forte diminution de la pauvreté chez les ménages du secteur de l’agriculture vivrière peut s’expliquer par une croissance stable autour de 3% sur toute la période, une faible volatilité (1.6) et une situation relativement « égalitaire » avec un indice de Gini plus bas que ceux de l’industrie. Quoique paradoxalement, les inégalités semblent avoir augmenter chez les ménages vivant grâce à ce secteur. Notons que les secteurs liés aux produits de rente et aux services BTP/eau/électricité ont connu une récession sur la période 1996-2001 et pourtant la pauvreté a diminué pour les ménages dont les chefs de famille travaillent dans ces secteurs respectifs. Cela pourrait s’expliquer par les transferts qui s’effectuent entre ménages et/ou par le fait que les ménages tirent leurs revenus de plusieurs sources. 7 Evolution de l'indice de Gini de 1996 à 2001 Evolution du taux de pauvreté de 1996 à 2001 Gini/1996 1996 Agri. Vivrière 80 agri.vivrière 2001 Gini/2001 0,5 0,45 Services APU 60 Agri. Rente Admin. Pub. 0,4 agri.rente 0,35 40 0,3 20 Sercices Marchands 0 BTP/ Elect, Gaz&Eau 0,25 Èlevage Ind. Manufact. Ind. Minière Serv. marchand 0,2 BTP/Elect, gaz&eau élevage ind.manufact. ind.minières 8 DEUXIEME PARTIE Evolution de l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique Le système financier au Cameroun est composé d’une banque centrale (BEAC), des banques commerciales, des établissements financiers spécialisés, de la Caisse d’Epargne Postale, des Chèques postaux, des entreprises d’assurances, des établissements de la micro finance et du marché monétaire. En dehors de la Société Nationale d’Investissement (SNI) et du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui demeurent en activité, d’autres établissements de promotion de l’épargne et/ou de financement des investissements à savoir la Banque Camerounaise de Développement (BCD), le Fonds de Développement Rural (FONADER) et le Fonds d’Aide et de Garantie des Crédits aux Petites et Moyennes Entreprises (FOGAPE) ont été liquidés. A la suite de la liquidation du FONADER en 1992 dont la vocation était celle d’une institution financière de développement, le gouvernement va créer le Crédit Agricole du Cameroun (CAC) dont la vocation d’une banque commerciale conduira cette structure à la liquidation en 1998. La grave crise financière qu’a connue le Cameroun en 1986/87 est à l’origine de la baisse des engagements du système bancaire. C'est en fait une inversion de tendance un peu brutale par rapport au passé où elles avaient au contraire trop prêté, et surtout sans effectuer de sélection ni de suivi des projets. Les agents ont réalisé que les banques avaient maquillé les bilans bancaires et avaient accumulé les créances fictives. Ainsi, les crédits ont chuté de pratiquement 50 % entre 1990 et 1991 et les dépôts à terme ont diminué de 33 % entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22 %. Pour éviter un effondrement de tout le système bancaire, un plan de restructuration a été mis en place en 1989. Grâce à ces réformes et au changement de politique monétaire, les banques sont redevenues plus liquides, mais elles n'ont pas pour autant accordé plus de crédit à l'économie. Depuis les réformes bancaires et monétaires, il faut souligner une atonie du crédit, les banques sont frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie. Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110 % en 9 1996 contre 89 % en 1985, avant le déclenchement de la crise. La dévaluation n'a pas eu les effets escomptés, les crédits à l'économie ont diminué de 27 % en terme réel entre de 1993 à 1994, et de 10% au cours de l'année suivante. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17 % (en nominal). De même, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85 % des crédits accordés. Par secteur d’activité, le commerce général de distribution et le commerce d’exportation absorbent plus de 40% des crédits à court terme. La production industrielle est le deuxième secteur qui enregistre des montants substantiels des financements des banques à court terme. Le secteur agricole vient en dernière position soit moins de 10% du volume des crédits à court terme. A long terme, le secteur industriel et celui des services (télécommunications) absorbent de près de la moitié des crédits. Le volume de l’offre de crédit au secteur agricole a été faible par rapport aux besoins du secteur. D’après l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), chaque état doit consacrer 25% de son budget national à l’agriculture. Dans le cas du Cameroun, ce ratio correspond à un montant de 425 milliards de FCFA. Ce montant comparé aux dotations allouées au Ministère de 10 l’Agriculture et du Développement Rural est quatre fois plus élevé. Il apparaît un déficit de plus de 300 milliards de FCFA devant être complété par le secteur financier. Au cours de ces dernières années, l’offre bancaire dans le secteur n’a pas excédé 100 milliards de FCFA. Ce montant demeure en dessous du tiers du déficit de financement de 300 milliards de FCFA attendu dans ce secteur. Le tableau suivant présente l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique. Une comparaison entre l’offre de crédit dans le secteur agropastoral et halieutique et le volume total des crédits renseigne qu’en moyenne cette part n’a pas excédé 8% au cours de quatre dernières années. Cela témoigne du peu d’intérêt qu’accordent les opérateurs financiers à ce secteur. La nature des flux mobilisés dans la configuration actuelle du secteur bancaire, faite essentiellement de banques commerciales, relève plus de court terme. Le financement du secteur agropastoral et halieutique nécessite la mise en place d’un dispositif de mobilisation des crédits de long terme. Le développement de structures spécifiques de « fonds de garantie des crédits aux entreprises » devrait permettre à ce secteur de mobiliser des financements longs. Evolution de l’offre bancaire Rubriques ; les montants 2001 2002 2003 2004 sont exprimés en Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport total général du total général du total général du au total général milliers de crédit crédit crédit du crédit franc CFA Production agricole - Production agricole non transformée - 1ère transformation de produits agricoles - Activités annexes de l’agriculture Produits de l’élevage 81664 6,6 88216 6,8 82374 5,8 81976 5,5 17266 1,4 21037 1,6 20139 1,4 15961 1,1 27351 2,2 28517 2,2 22610 1,6 25829 1,7 37048 3,0 38660 3,0 39625 2,8 40186 2,7 1116 0,09 1603 0,12 930 0,07 2118 0,14 Produits de la pêche 4209 0,34 4727 0,37 4853 0,34 4813 0,32 Total secteur 86990 7,06 94547 7,30 88166 6,23 88907 5,98 Source : BEAC 11 Contribution du secteur agricole et halieutique au PIB Durant les années 60 et 70, la croissance était tirée par l’agriculture d’exportation, en particulier le café et le cacao. En 1978, la découverte de gisements pétroliers suivi du boom pétrolier durant la période 1978-82 a profondément changé la composition du PIB de sorte que la croissance des dix dernières années a reposé en grande partie sur le secteur pétrolier, qui a compté pour près de 7% du PIB et 30% des recettes d’exportation et des revenus du gouvernement en 1990. Toutefois, avec l’épuisement des ressources pétrolières, la production pétrolière a régulièrement diminué durant les cinq dernières années et le gouvernement a commencé a mettre en œuvre des politiques visant à renforcer les atouts compétitifs d’autres filières, en particulier dans les industries, afin que ces dernières puissent prendre le relais du pétrole pour générer une croissance plus diversifiée et donc plus stable et redistributrice. La croissance du secteur rural mérite une attention particulière puisque ce dernier occupe près de 60% de la population active du Cameroun, assure dans une large mesure l’approvisionnement alimentaire du pays, et génère environ 30% des recettes en devise. Notons également que le secteur agricole induit de nombreux effets d’entraînement sur les autres secteurs, contribuant ainsi à la diversification des exportations, à la sécurité alimentaire, à la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté. De ce fait, par ses diverses contributions, le secteur rural fait figure de plate forme privilégiée pour la relance de la croissance et la compétitivité et la réduction de la pauvreté, ce d’autant plus que le Cameroun regorge d’énormes potentialités agro écologiques. Ce secteur comprend plusieurs sous-secteurs : (i) l’agriculture vivrière et (ii) d’exportation, (iii) l’environnement et la forêt, la pêche et l’élevage. L’agriculture, avec 64% de contribution au PIB agricole est prépondérante sur l’Environnement 18% et l’Elevage 15%. La croissance de la production agricole a toutefois été fortement pénalisée dès le début des années 80 suite à l’augmentation des prix des produits intérieurs, des salaires et l’appréciation du taux de change réel qui a suivi le boom pétrolier. En effet, le taux de croissance de la production agricole 12 a été réduit de moitié d’environ 4% sur la période 1970-1978 à 2% sur la période 1979-1985. Puis depuis la moitié des années 90, la production agricole a rebondi suite aux politiques de libéralisation agricoles conduites par le gouvernement dans le début des années 90 et la dévaluation du Franc CFA en 1994. Mais les évolutions sont différentes entre l’agriculture vivrière et celle de rente. La production vivrière a connu une croissance relativement stable, qui a dépassé la croissance démographique sur la période 1996-2001 d’environ trois. Ceci est le résultat de la forte demande émanant de l’urbanisation rapide d’une part, et de la croissance des revenus des pays exportateurs de pétrole tels le Tchad et la Guinée équatoriale, le Nigeria et l’Angola. Toutefois, l’offre demeurant très dépendante des aléas climatiques n’a pu que partiellement répondre à cette demande accrue qui s’est en partie répercutée par une hausse des prix des produits vivriers. Par contre, la production des cultures de rente a connu une évolution très erratique depuis la dévaluation. En effet, la production des produits de rentes est sujette à des contraintes d’ordre structurelle (superficie des terres cultivables), naturelle (pluviométrie) et conjoncturelle (la fluctuation des prix aux producteurs). La superficie des terres cultivables n’ayant pas beaucoup évolué et la pluviométrie étant resté stable, c’est donc la conjoncture internationale qui a tirée en grande partie la dynamique de la production. Poids des secteurs par rapport au PIB en % Secteur primaire Valeur ajo utée no n marchande 45 Secteur tertiaire Secteur seco ndaire 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Une analyse de la contribution du secteur agricole à la croissance du PIB révèle qu’au lendemain de la dévaluation du FCFA, ce secteur a bénéficié des gains 13 de compétitivité ayant permis d’amorcer une tendance haussière. On note cependant un essoufflement depuis l’exercice 2000 caractérisé par une faible contribution à la croissance du secteur agricole. Cette baisse de la contribution à la croissance du PIB est essentiellement due à la baisse de la production des produits industriels d’exportation. Contribution à l’emploi Ce secteur demeure un des secteurs Contribution des secteurs au développem ent de l'em ploi dominants de l’économie camerounaise, tant par sa contribution à la croissance que par son potentiel en matière d’emploi et de réduction de la pauvreté. Selon services 30% les agriculture 56% projections, un peu plus de la moitié de la population totale du pays vit en zone rurale et s’occupe des activités industrie 14% agricoles, pastorales ou forestières. Les analyses du profil de la pauvreté montre que la pauvreté au Cameroun est d’abord un phénomène rural. Evolution de l'emploi par secteur 25,0 industrie agriculture total services 20,0 15,0 10,0 5,0 0,0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 -5,0 14 La contribution du secteur au développement de l’emploi demeure prépondérante soit 56% du total des effectifs employés au Cameroun en 2005. Cet effectif élevé cache cependant une réalité de sous emploi et d’auto emploi dans ce secteur. Le taux élevé de l’emploi informel dans le secteur agricole est à l’origine de ces phénomènes. De même, le nombre d’années d’études réussies observé en 2005 demeure très faible par rapport à la moyenne nationale soit 3,4 années d’études réussies contre 4,9% sur l’ensemble des secteurs. Cela explique la faible pénétration des nouvelles techniques agropastorales à fort rendement. Le faible niveau des revenus issus des activités agricoles et halieutiques ne permet pas d’observer un flux important des migrants des autres secteurs vers le secteur agricole. L’ancienneté dans l’emploi est particulièrement élevée dans ce dernier à cause du faible niveau d’instruction des actifs de ce secteur. Structure des emplois par secteur d’activité Répartition des emplois (%) Proportion Proportion Age de femmes des migrants moyen (%) (%) Secteur 55,7 33,5 primaire Industrie et 14,1 33,1 BTP Commerce 10,4 32,7 Services 19,8 32,9 hors commerce Ensemble 100 33,2 Source : INS, EESI 2005, phase 1 Années d’étude réussies Ancienneté Ancienneté dans dans l’emploi l’entreprise (en (en années) années) 52,6 36,6 3,4 12,0 12,1 53,4 56,1 5,4 6,4 6,8 49,7 56,0 5,8 5,3 5,4 35,9 67,2 8,5 4,6 5,2 49,1 47,4 4,9 9,1 9,3 2. Compréhension des choix d’investissements dans le secteur rural L’atteinte du point d’achèvement a généré des marges budgétaires qui ont permis de tripler le budget d’investissement en dix ans. De même, on note une accélération des dépenses courantes au cours de la même période. Une analyse de la part du budget allouée au secteur agricole halieutique montre qu’elle est en nette progression en dépenses courantes et d’investissement. 15 Cependant les nouvelles orientations assignées au MINADER chargé de la mise en œuvre de la politique gouvernementale dans ce secteur mettent l’accent sur l’encadrement, la recherche et la mise en place d’un environnement propice au développement du secteur. Ainsi les dépenses courantes deviennent essentielles et sont autant importantes que celles d’investissement. 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 en pourcentage des dépenses primaires 4,5 4,5 3,9 3,9 4,2 6,9 3,3 3,2 2,8 2,7 2,8 2,7 SECTEUR RURAL Agriculture Elevage, pêche et industries animales Forêts et environnement 4,3 3,3 4,2 3,1 0,6 0,6 0,7 0,4 0,5 0,6 SECTEUR RURAL Agriculture Elevage, pêche et industries animales Forêts et environnement 6,1 4,6 0,7 0,6 0,6 2004 2005 6,3 2,4 6,5 2,3 0,7 0,8 0,6 0,6 0,7 0,7 0,7 6,1 4,4 0,6 0,5 0,6 0,6 en pourcentage du total ministériel 6,0 6,0 5,8 5,5 5,1 4,3 4,3 4,2 3,8 3,5 7,5 3,0 7,5 2,8 7,6 2,7 0,9 0,9 0,9 1,0 0,9 0,9 0,9 0,8 0,7 0,7 0,6 0,8 0,8 0,7 0,7 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 Tableau : Evolution des dépenses publiques courantes et des investissements (en milliard de FCFA) 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 425,57 541,91 607,86 672,17 829,96 944,81 1025,80 1515,99 1526,70 1447,35 303,54 387,95 466,75 524,79 600,49 690,11 814,75 953,84 991,52 990,11 70,30 102,40 115,32 129,08 231,71 247,32 192,00 300,99 298,58 310,53 20,00 50,00 67,50 85,00 107,50 134,12 168,64 140,00 110,00 130,00 - Dont dépenses d'investissements sur financements extérieurs (total tous secteurs) - - - - - - - 66,99 80,39 88,43 Dépenses d'investissements dans le secteur agricole - Dont dépenses d'investissements sur fonds propres - Dont dépenses d'investissements sur financements extérieurs 1,38 2,68 3,10 4,08 4,67 5,20 6,37 6,30 4,05 4,05 Dépenses publiques courantes (total) - Dont total alloué aux ministères -Dont dépenses d'investissements (total pour tous les secteurs) - Dont dépenses d'investissements sur fonds propres (total-tous secteurs) 16 3. Compléments à la compréhension des contraintes de nature institutionnelle Les contraintes liées au développement des infrastructures de transport et de la qualité du parc automobile freine le développement du secteur agricole. Bien que le nombre des camionnettes et des camions soit en nette progression, on note la persistance d’un déficit en routes surtout dans la zone rurale. TABLEAU 20.03 : EVOLUTION DU PARC AUTOMOBILE NATIONAL Années 1997 1998 1999 2000* 2001 2002 2003 2004 2005 V.P 102 248 105 865 110 777 115 917 134 507 151 853 173 137 164 429 175 981 Cttes 16 756 17 446 17 827 18 217 32 075 35 255 35 490 25 391 27 168 Cam 11 002 11 118 11 278 11 441 15 186 16 249 Bus 7 586 8 088 9 313 10 725 11 734 13 758 13 908 14937 15982 SR et R 2 896 3 070 3 087 3 106 3 191 3 220 3 250 4133 4422 TR et EM 3 385 3 538 3 718 3 909 4 102 4 680 4 723 5201 5564 MOTOS 44 492 44 801 45 948 46 987 47 419 52 912 53 319 62517 66893 TOTAL 188 365 193 926 201 948 210 302 233 028 261 978 283 827 291834 312259 Mintrans / Direction desTtransports Terrestres * données estimées V.P: Voitures particulières ; Bus: Cars, Autocars et Bus ; SR: Semi-Remorques Cttes: Camionnettes ; Cam: Camions ; R: Remorques ; TR: Tracteurs ; EM: Engins Mécaniques TABLEAU 20.02 : LE RESEAU ROUTIER PAR PROVINCE EN 2001 (EN KM) Provinces Adamaoua Centre Est Extrème-Nord Littoral Nord Nord-Ouest Ouest Sud Sud-Ouest TOTAL Routes bitumées 311 874 346 579 472 440 205 389 429 216 4 261 Routes en terre classées Routes rurales Non Non Prioritaires Total Prioritaires prioritaires prioritaires 1 201 413 605 1 208 1 614 1 329 1 354 3 725 900 2 683 1 240 1 419 868 1 165 2 659 976 822 1 195 1 501 1 798 623 406 708 1 618 1 029 752 1 014 932 1 147 1 766 714 194 1 231 2 610 908 819 308 1 498 2 019 1 127 1 392 797 698 1 882 2 189 766 222 740 1 776 988 9 812 6 949 16 761 12 200 15 826 Total 1 813 4 625 2 033 2 696 2 326 2 079 3 841 3 517 2 580 2 516 28 026 Total général 3 738 8 182 5 038 5 073 3 827 4 285 4 954 5 033 5 198 3 720 49 048 MINTP/ Direction des routes De même la stagnation des lignes dans le transport ferroviaire ne participe pas au désenclavement et à l’écoulement des marchandises vers le port de Douala. 17 Certaines lignes ferroviaires ont été supprimées suite à la crise économique qu’a connue le Cameroun vers la moitié des années 1980. TABLEAU 20.07 : TRANSPORT FERROVIAIRE : LONGUEURS DES LIGNES EXPLOITEES (En km) Ligne Douala-Ngaoundéré et NgoumouMbalmayo Douala-Nkongsamba et MbangaKumba Ensemble du réseau 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2003 2004 2005 913,0 913,0 913,0 913,0 913,0 913,0 103,0 103,0 103 103 103 103 1 016,0 1 016,0 1016,0 1016,0 1016,0 1016,0 CAMRAIL On note que depuis l’exercice 2002/03, le transport du cacao par voie ferroviaire est suspendu et que la presque totalité du coton produit au nord du Cameroun passe par ce type de transport. La qualité et le prix du transport du coton vers le port de Douala influencent sa compétitivité sur le marché mondial. TABLEAU 20.11 : EVOLUTION DES QUANTITES DES PRINCIPALES MARCHANDISES DU TRAFIC FERROVIAIRE (En tonnes) Marchandises Bois Hydrocarbures Matières premières Alucam Matériel de construction Coton Cacao + Café Aluminium et Tôles Sucre Animaux Farine + Céréales Engrais Autres marchandises 2001/2002 2002/2003 370 900 384 100 451 700 345 200 64 200 110 400 122 600 191 500 72 700 28 500 78 500 67 300 66 400 2003 2004 2005 422 600 337 900 406 400 396 000 269 800 392 700 76 400 13 600 11 000 0 56 200 144 000 … … 90 500 28 500 114 400 73 500 399 600 42 200 144 300 … … 94 900 28 300 105 200 70 100 520 100 63 500 119 100 … … 92 100 28 900 133 700 90 500 494 000 67 200 137 400 … … 109 600 32 200 206 700 55 200 479 600 CAMRAIL 18