Le rôle du contexte Dans les explications classiques, l’efficacité de la com est due à la sollicitation par des messages adaptés de motivation interne, d’émotion, érotisme, peur, ou encore d’intérêts. Le type d’explication est très linéaire et positiviste : une cause entraîne un effet, le sens de la conduite du destinataire est donnée par la motivation, l’intérêt ou les émotions sollicités chez lui. Le bon communicant est celui qui sait « taper juste » avec des messages appropriés : il connaît la gamme des états à solliciter. Ce type d’explication ne prend pas en compte le contexte dans lequel se déroule le phénomène de com. Or, toutes les recherches modernes montrent l’importance de la situation dans l’apparition du sens de la com. Le sens est aussi donné par le contexte et par le type de facteurs internes du destinataire. A l’opposé, de nombreuses sciences ont développé une conception « situationniste » et « constructiviste » du sens. Il est élaboré par différents acteurs en présence en fonction des éléments partagés qui constituent la définition de la situation. D’une manière générale, on considère que le sens naît toujours d’une mise en relation dont les premiers élément sont naturellement les contextes de la situation dans laquelle se déroule l’action. Comment cette idée a-t-elle été démontrée à travers différents apports scientifiques ? 1- La philosophie Selon Raymond Ledrut : « Le sens d’une chose, d’un événement, d’une institution, est la réalité même de ses objets en tant qu’ils sont compris ; le sens est donc le corrélât objectif de la compréhension. Le non-sens, c’est l’incompréhensible ou le non compris, c’est à dire ce que l’on ne peut pas saisir en aucune façon, ce qui échappe et flotte. Au contraire, ce qui peut être rattaché à une autre chose et relié à notre expérience ( nos actions, nos sentiments, nos idées) a du sens. Ce sens implique donc que le chose douée de sens c’est ce qui peut être rattaché à d’autres choses. » Ce qui a du sens, c’est ce qui peut être rattaché dans l’esprit de l’Homme qui cherche à comprendre, c’est un effort de mise en relation et de saisie des rapports. C’est par rapport à une totalité organisée d’éléments que le sens se crée. Il n’y a pas de com si la cible ne fait pas l’effort, s’il n’est pas actif pour comprendre. L’élément qui « fait sens » le fait dans un système où il s’insère. C’est ce système que les philosophes appellent « la forme ». ce sens ne peut être donné à un élément isolé. Cet élément doit donc être mis en relation avec d’autres éléments qui, dès lors, contrastent avec lui, un ensemble appelé « forme » ou « système ». Faire surgir un sens ne peut donc se faire que dans un contexte qui ait un certain type de « totalité ». 2- Le sens pour la psychologie de la forme Il est toujours intéressant dans une réflexion sur le sens de revenir aux anciennes expériences de la psychologie de la forme ( 1930). Köhler, son fondateur, avait bien précisé les conditions de la genèse du sens : « un endroit ne peu apparaître comme un trou (donc avec le sens de trou) que dans la mesure où il constitue une interruption dans une entité plus large. De même, un évènement n’est qu’une « perturbation » que par rapport à un ensemble plus grand et autrement unitaire qu’il interrompt. De même, une note n’a de caractère tonal qu’à l’intérieur d’un développement musical ou elle joue un jeu rôle particulier… ». a chaque fois donc, c’est « une mise en relation » par l’esprit qui fait surgir le sens : sens du trou par rapport à la surface « plane », sens de la « perturbation » par rapport à un ensemble tranquille, sens de la « note » par rapport à la phrase musicale. Ainsi, l’accent est mis non sur tel ou tel élément mais sur les relations que et élément entretient avec on contexte. Quelque chose prend un sens par rapport à ce qui l’entoure et c’est l’esprit qui fait cette mise en relation laquelle fait naître le sens. Nota : ECHER, peintre irlandais ADELSON Dans les exemples d’illusion d’optique, le sens « fenêtre vu par-dessous ou par-dessus » surgit de la mise en relation de la totalité des traits de l’image, de même, les sens « visages ou vase », surgissent de la perception de l’ensemble des éléments de la figure. Ces exemples montrent comment le sens surgit (de la forme) ou totalité ou système. Le sens ne vient pas après coup à la forme, la genèse de la forme est également instauration du sens. Le sens surgit donc de la mise en forme du monde par une conscience attentive à ce monde. Les perceptions de tout destinataire sont donc des sensations psychologiquement sélectionnées. Selon quels paramètres s’opère cette sélection ? Le terme de Gestalt est utilisé pour désigner « une forme dotée d’une forte structure ». La théorie de la Gestalt, ou théorie de la forme qui s’est développé en Allemagne avant la première guerre mondiale fournit les moyens de comprendre comment le destinataire perçoit. On ne perçoit que ce que l’on connaît. Ainsi, la reconnaissance des formes d’un objet représenté sur une image se fonde sur une mise en rapport de la perception de cette image avec tout un répertoire de percepts anciens mémorisés. Le « conflit de forme » = « conflit de gestalt ». La théorie de la forme s’est intéressée à la lecture des formes, à leur compréhension liée aux lois d’organisation et aux phénomènes d’« images fond » dans lequel le fond est réprimé t la forme privilégiée. Et vu par exemple comme forme ce qui apparaît en claire par rapport à ce qui est sombre, ce qui possède un contour net par rapport à ce qui est flou, ce qui est géométrique par rapport à ce qui est vague. Pour exprimer l’intensité perceptive de la forme, on emploie le terme de « prégnance ». Le sens en linguistique Au niveau linguistique aussi, la construction du sens se fait en majeure partie en mettant lescommunications dans un contexte. Le locuteur s’efforce d’indiquer par la manipulation d’un ensemble d’indices, le contexte dans lequel il voudrait que le destinataire reçoive son message. Tout acte de langage se situe donc dans un « contexte d’énonciation ». C'est-à-dire qui ne peut pas ne pas se situer dans une situation de communication. Exemple : « est ce que tu peux me passer le sel ? » n’est jamais compris comme une interrogation sur la capacité effective de la personne à qui l’on s’adresse à faire l’action demandée. Pour la philosophie du langage, hors contexte, il n’y a pas d’énoncé. Par exemple, pour que les paroles « je te baptise » deviennent effectivement un acte de baptême, il faut qu’u certain nombre de conditions fixant l’identité de celui qui les prononce, le lieu, les témoins, et même la forme de l’énonciation soient effectives. Les paroles prononcées s’inscrivent dans un ensemble d’autres communications, on voit apparaître là, les concepts d’« acte de parole » et de « système de communication » = « énoncé performatif » : je fais l’acte en le disant. Le sens est donc le fruit de l’interaction d’un ensemble de contextes que nos habitudes culturelles et intellectuelles nous empêchent de voir. Le sens de l’école de Palo Alto : Elle a insisté sur l’importance du contexte à travers le concept de « cadrage ». Dans une perspective systémique et constructiviste, les chercheurs s’intéressent à la situation totale dans laquelle l’acteur communique et à la manière dont cette situation est perturbée (manière dont elle fonctionne), et donc à la manière dont elle pourrait être modifiée. Exemple : Elle Elle Agressive Se renferme Lui Lui Un phénomène demeure incompréhensible, selon WATZLAWICK, tant que le champ d’observation n’est pas suffisamment large pour qui soit inclus le contexte dans lequel le dit phénomène se produit. Ne pas pouvoir saisir la complexité des relations entre un fait et un cadre dans lequel il s’insère, entre un organisme et son milieu fait que l’observateur de quelque chose de mystérieux se trouve conduit à attribuer à l’objet de son étude, des propriétés que peut être il ne possède pas. Il redit ce que l’on sait désormais : « comprendre le sens d’une conduite, d’une communication, c’est nécessairement la replacer dans le contexte où elle a lieu, mais pour lui, ce contexte est d’abord celui des interactions des acteurs en présence car rien n’es à considérer isolément. Recadrer c’est donc redéfinir le système des interactions ou passer à une « méta vue » de la situation dont le but est de changer le sens. La notion de recadrage est donc fondamentale pour toutes les études sur le changement de comportement. Pour modifier une conduire, il s’agit de modifier le système dans lequel la conduite est mise en œuvre car dans le contexte modifié, la conduite prend un autre sens, qui apparaît alors plus pertinent à l’acteur. Deux époques : - mécaniste : relation cause –effet systémique : voir ci-dessus.