Fiche de lecture Raisonner sur l’orthographe au cycle 3 Complexité du système orthographique que les enfants peuvent découvrir de manière empirique et par observation comme c’est le cas pour les sciences ou les arts : il faut raisonner sur l’orthographe (poser un texte sur la table pour voir comment les mots sont écrits, trouver les régularités pour mettre en évidence les irrégularités …) utiliser une démarche expérimentale (j’observe, je fais des hypothèses, je vérifie) : ce n’est pas une leçon mais une séance de découverte ! Il faut rendre les enfants acteurs de leur acquisition. JP Sautot CRDP de Grenoble b) La grapho-phonétique (à quoi sert cette lettre ?) (p.79) Cette étude doit pouvoir être reprise à tout moment, elle ne doit pas être trop guidée. Elle prend la forme d’un tableau répondant à la question «à quoi sert cette lettre ? » (Écrire tel son, faire une liaison…. Et donner des exemples). L’orthographe est l’image d’une langue (transcription de sons) Cette étude aboutit à une recherche morphographique dans un tableau à double entrée mettant en évidence qu’un phonème peut avoir plusieurs graphèmes et vis versa). Faire un inventaire de mots ayant un même graphème mais des fonctions différentes (et trouver d’autres exemples) I) Découvrir l’orthographe (tableaux : voir pages photocopiées) 2) Sens et graphie : l’orthographe lexicale 1) La phonographie a) Mettre en relation sens et forme graphique (p.86) Il faut que l’enfant soit capable de repérer l’analogie et ce à quoi elle correspond. Il faut donc mettre en évidence le plus souvent possible la relation forme graphique / sens Le système phonographique = 80 % du champ de l’orthographe a) Il faut maîtriser les graphies les plus fréquentes d’un même phonème mais aussi s’intéresser au contexte d’apparition de la graphie (P.71) Comment faire ? ➢ Etablir un inventaire des graphies (comment écrire le son …) puis remplir un tableau en mettant les différents graphèmes et des exemples ➢ Organiser un corpus en fonction d’un phonème commun : Les élèves doivent les placer correctement dans le tableau de l’inventaire (ou inversement) ➢ Rechercher le contexte d’apparition (tableau à double entrée : que devient la lettre devant telle ou telle lettre ? et donner un exemple) ➢ Réaliser des synthèses : le but est d’amener l’enfant à s’interroger quand il écrit. Elle prend la forme d’un tableau : j’entend, je vois, au début du mot, à l’intérieur du mot, à la fin du mot (et donner des exemples) ➢ Jouer avec les mots (pour réemployer les découvertes) : écrire des poèmes qui ont tous les graphèmes d’un même phonème et le dicter à un autre groupe, donner un tableau et faire une dictée de mots b) Les domaines d’étude (p.88) ➢ Morphologie lexicale. Cette étude est à coupler avec un travail en voc (mots de la même famille). (ça s’écrit comme ça parce que je connais un mot de la même famille qui s’écrit comme ça ; l’enfant apprend donc à décomposer et à recomposer un mot). Mettre en évidence ce type d’erreur quand on la trouve dans un texte et faire réfléchir la classe collectivement. = exploration sémantique du vocabulaire ➢ Morphogrammes lexicaux = approche mutographique (lettres muettes) Comment faire ? - Constituer un corpus de mots avec des lettres muettes - Identifier les graphèmes (à quoi sert chaque lettre muette ?) - Trier les mots (mots où la lettre muette sert à former des mots de la même famille) - Dériver (construire des mots de la même famille) - Formaliser (quel rapport entre la forme de base et le mot dérivé ? Faire une trace écrite) ➢ Préfixe et doublement des consonnes (devant N, M, L, R, S, P, F, C) En lien avec le vocabulaire, voir que ces consonnes doubles apparaissent à la césure préfixe/radical. Il n’est pas utile de faire une étude approfondie à ce niveau. Il faut systématiser l’usage du dictionnaire pour vérifier. La graphie des mots doit être mémorisée. Quelle forme pour la synthèse collective ? Faire un arbre (même prononciation ? Même orthographe au sing/pluriel ? Quelles marques ? et répondre par oui ou non et donner des ex quand c’est non) La synthèse est un référent, un aide mémoire Réinvestissement : transformer un texte singulier en pluriel, exercice structuraux, texte à trous ➢ Les lettres historiques (exemple : le p de trop, le s de temps). La graphie ➢ Les marque écrites du nombre (sujet/verbe) des mots doit être mémorisée après explication de l’origine (dictionnaire étymologique). C’est de la curiosité. ➢ Homonymie lexicale : passe par une mise en rapport entre la graphie et le sens (= aspect sémantique). Comment faire ? - Constituer un corpus de mots qui se prononcent pareils. - Trouver des synonymes pour chacun - Trouver des mots de la même famille - Réinvestissement (exercice à trou – imaginer toutes les façons d’écrire tel mot et chercher celles qui existent). 3) Accord et désaccord : l’orthographe grammaticale = identifier les faits de langues auxquels correspond une règle d’accord = Savoir comment l’accord se manifeste le 1 groupe car difficile (homophones e/ent) Comment faire ? Avec des jeux d’écriture, on repère la relation sujet/verbe. Il est intéressant de faire des situations problème (inversion de sujet, éloignement, multiples, verbes multiples, confusion singulier/pluriel avec tout le monde) b) Le genre (p.99) - variation orale et écrite par substitution (actif/active) - variation orale et écrite par adjonction (petit/petite) -Variation écrite (ajout d’un e (naval/navale) -Pas de variation Comment faire ? tri des 4 catégories à partir d’un corpus puis voir pour chaque catégorie ce qui se passe ? quelles sont les régularités ? C’est donc une observation réfléchie de la langue française ! 4) Un système à construire : la conjugaison a) La catégorie du nombre (p.95) Singulier / pluriel (dans le groupe nominal et dans le sujet/verbe) La conjugaison ne prend son sens que postérieurement à une structuration des valeurs sémantiques des temps verbaux en lecture ou en expression écrite. ➢ Les marques orales du nombre (observation dans des lectures orales) - déterminant (le/les) - indice sémantique (deux, plusieurs) - marque lexicale (œil/yeux) - Suffixe spécialisé (cheval/chevaux) - liaison (les amis) ➢ Les marque écrites du nombre (dans le groupe nominal) : ne pas commencer par er : complète le travail oral car peu différent. Comment faire ? donner une liste de mots et demander de les ranger par groupes où le s (par exemple) veut dire la même chose. Etudier quoi ? - Indicatif (présent, p composé, imparfait, p simple, futur) - Impératif présent - Eventuellement le conditionnel présent et le subjonctif présent - Auxiliaires être et avoir, verbes en –er (y compris –ger et –cer), verbes en ir et faire/ pouvoir/ aller/ venir/ voir/ prendre. Il ne faut pas étudier les verbes selon leur groupe mais selon leur irrégularité et leur fréquence (être étant le plus irrégulier) a) Construire un système Remarque : * On peut se contenter de constater l’existence des formes sans essayer de reconstruire les règles. * Dictionnaires = référent qui donne la norme linguistique Comment faire ? - établir un corpus de textes - permettre aux enfants de retrouver les désinences verbales au lieu de leur imposer pour qu’ils construisent des stratégies de choix orthographique dans la tâche d’écriture. Pour cela, les tableaux doivent mettre en évidence l’action faite par l’enfant (j’ajoute, j’enlève) b) La personne Comment faire ? Solution en expression écrite : transformer un texte (je/il, tu/il, il/ils). Pour cela, donner un texte et faire construire un tableau qui mettra en évidence ce que devient le verbe (ce qu’on ajoute, ce qu’on enlève, ce qui ne bouge pas, ce qu’on entend). Le tableau devient alors le référent. c) Le temps Même principe d’apprentissage : construction de 5 tableaux (1 par temps) puis progressivement de 25 (temps/personne) répartis dans tout le cycle. Attention : il faut toujours partir de l’infinitif et distinguer le groupe (non pas 1er, 2ème mais -er, -ir, -oir…), la conjugaison, la terminaison Remarque : une erreur générique dite de »conjugaison » cache souvent un confusion de temps, de groupe, de personne. II) Raisonner avec l’orthographe 1) Elaborer des stratégies Le scripteur doit exercer un contrôle permanent sur les graphies qu’il produit. Chez l’enfant, ce contrôle est souvent fait a posteriori. Il y a 3 actes dans l’acte graphique : anticiper (vigilance pendant l’écriture), chercher et corriger l’erreur (pendant la relecture). a) Dire sa démarche pour partager la norme Verbaliser oralement sa démarche permet à l’enfant de prendre conscience de son raisonnement. Ainsi, les règles sont élaborées par les enfants (groupe) et non pas par l’enseignant. L’idéal est de travailler par groupes pour que chacun puisse avoir la parole. b) Anticiper l’erreur ➢ (se) poser des questions. Cela permet de susciter le débat (ex : faut-il mettre une marque de pluriel dans la phrase «je les trouve» ?) Comment faire ? - La dictée dialoguée (mime l’attitude d’autocontrôle du scripteur) : toutes les questions sont autorisées (et les réponses aussi) mais les élèves ne connaissent plus l’alphabet (càd, ils doivent dire «la marque du pluriel» au lieu de «s»). On peut aussi autoriser seulement les questions - La phrase du jour : dictée de la phrase par le maître puis écriture au tableau une erreur. Il faut les retrouver et dire comment on les retrouve. Attention, cette phrase doit être placée à n’importe quel moment et en rapport avec une activité (ex : consigne, résumé, noter les leçons…) ➢ Repérer et corriger les erreurs pour accéder à l’autonomie L’enfant doit savoir quoi chercher, où chercher, comment chercher. Il est indispensable de passer par un travail collectif pour mettre en évidence les stratégies de correction (dictée dialoguée, phrase du jour) puis par un temps personnel. Il faut donc passer progressivement d’un travail d’acquisition collective du code à un travail de contrôle individuel de celui-ci. ➢ Organiser la classe (car tous les élèves n’ont pas les mêmes besoins) Pour corriger ses propres textes, l’enfant doit disposer de ressources : - écrits collectifs faits par la classe (affiches, synthèses, cahiers collectifs…) - écrits institutionnels (dictionnaires, tableaux de conjugaison …) - l’enseignant doit guider l’identification de l’erreur pour que l’enfant puisse chercher les réponses dans les ressources écrites (l’erreur est un problème dont la solution est forcément écrite quelque part !) - les élèves sont eux-mêmes des ressources ! (Collaboration, élève référent) ➢ Développer une méthodologie de relecture pour repérer les erreurs Avec la dictée dialoguée, on peut mettre en évidence que les questions sont toujours les mêmes. Au lieu de souligner l’erreur, il est plus intéressant de noter dans la marge la nature de l’erreur ce qui donne un indice et oblige l’élève à rechercher quelque chose de précis dans l’espace restreint de la phrase, du paragraphe voir du texte selon le niveau de l’élève (différenciation pédagogique). Cela suppose qu’il y ait une typologie de l’erreur 2) Raisonner avec les erreurs Les règles se découvrent en grammaire et en vocabulaire. La stratégie (anticiper, chercher, corriger) s’exerce en orthographe. a) construire une typologie d’erreurs L’erreur est indissociable de l’apprentissage, la rectification aussi ! La classification des erreurs provient d’un débat en classe. Elle acquière un statut de référent. Comment faire ? - On peut débuter le classement à partir d’un texte court dicté (adapté au niveau de chacun donc arrêter plus ou moins tôt le texte pour chaque élève) qui fera ressortir différents types d’erreurs (travail en groupe puis mise en commun). Cette activité doit être renouvelée souvent pour que les enfants perçoivent eux même la classification (le but n’étant pas de faire un document mais que l’élève l’intègre !) - Il faut alors verbaliser les types d’erreurs (donc mettre en place le raisonnement) ce qui suppose que l’enfant ait fait au préalable des tableaux pour savoir les relations phonème/graphème, à quoi sert la lettre = analyse contextuelle) et aussi permettre à tous de les visualiser (rôle du tableau). On obtient alors une typologie d’une 10ène de type d’erreurs qui sera progressivement transformée. b) réinvestissement de la typologie Comment faire ? Donner un texte avec des erreurs ; il faut donc trouver le lieu et la nature de l’erreur (on peut aller de la phrase au texte, préciser ou non la nature ce qui permet la différenciation). Voir photocopie des exemples d’exo p.138/142 3) Evaluer compétences et performances en orthographe Evaluation négative (on enlève des points ce qui met en évidence les erreurs) / évaluation positive (on ajoute des points ce qui met en évidence les réussites). Il faut rendre compte de la qualité des erreurs et non pas de la quantité ! ➢ Réaliser une performance Il est intéressant de calculer le % d’erreurs (calcul de la performance) : = (Nbre d’erreurs : nbre de mots) X 100 Cela montre la capacité d’un élève à graphier correctement les mots du texte (permet des comparaisons). C’est nettement plus valorisant pour les élèves en difficulté car ils ont toujours plus de mots justes que faux (et n’ont pas 0 !) Ce calcul peut être fait 5 fois par an et les résultats de la classe sont affichés. ➢ Evaluer la performance en correction La note peut être attribuée en fonction des erreurs corrigées et non pas en fonction des erreurs ! Note = (nbre d’erreurs corrigées : nbre d’erreurs) X 20 Rque : Pour les élèves en difficulté, on peut leur demander de ne corriger qu’un type d’erreur pour ne pas risquer de surcharge cognitive et de découragement (ex : corriger seulement les accords). Mettre en évidence que l’élève fait souvent un type d’erreur lui permet d’être plus attentif sur ce point lors de la relecture. Cela permet aussi à chacun de voir ses lacunes (et donc d’essayer de remédier en fonction de ses besoins) ➢ Comment faire concrètement ? - - - Corriger la dictée ou tout autre texte produit par l’élève en triant les erreurs en fonction de la typographie. Pour cela, il faut marquer dans la marge le type d’erreur (par phrase, paragraphe, texte selon l’élève). L’élève récupère son document et essaye de retrouver les erreurs (oblige donc à une relecture guidée. Il a le droit d’utiliser tous les référents. L’élève doit également s’auto évaluer en remplissant une grille pour voir les progrès par type d’erreur. Enfin, on peut mettre une note (nbre d’erreurs corrigées : nbre d’erreurs) X 20) Une fois par période, faire une évaluation quantitative (Nbre d’erreurs : nbre de mots) X 100)