L’Etang d’Urbinu (Haute-Corse) Le Département de la Haute-Corse assure la gestion des terrains du Conservatoire du Littora et mène une action importante pour la préservation et la valorisation des zones humides grâce à trois conventions signées récemment avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Le Département de Haute-Corse gère ainsi, par exemple, les sites de l’Agriate, de l’étang de Palu, du Delta du Fangu et … l’étang d’Urbinu depuis décembre 2007. Cette zone humide est le second étang de Corse (après Biguglia, propriété du Conseil Général de la Haute-Corse). Le site est implanté en plaine orientale, à 80 km au sud de Bastia. Cet étang est une lagune d’effondrement de 800 hectares, de profondeur moyenne de 4-5 mètres et pouvant atteindre 8 à 9 mètres de profondeur maximale. Site naturel remarquable, l’étang d’Urbinu est également le lieu d’activités économiques importantes. Deux équipes de pêche, de deux salariés chacune, exploitent le plan d’eau et pêchent environ 10 tonnes de poissons par an (contre 80 tonnes par an dans les années 90). L’effort de pêche dépend principalement de la gestion du grau. Jusqu’à aujourd’hui l’ensablement quasi permanent de ce dernier empêchait les échanges halieutiques entre la lagune et la mer. Les principales espèces pêchées sont la dorade, l’anguille, le sar, le loup … La conchyliculture est également présente sur le site. Une entreprise, de trois salariés, produit environ 15 tonnes d’huîtres creuses par an et 5 à 10 tonnes de moules sauvages. Le Cdl et le Département de la Haute-Corse sont soucieux de maintenir ces activités indispensables à la mise en valeur de l’étang d’Urbinu. Elles permettent, en effet, d’assurer la sauvegarde de l’espace, des espèces et des milieux mais également de maintenir vivants des savoirs-faire pour la plupart traditionnels. Les bâtiments d’exploitation ont été acquis par le Cdl. Certains seront rénovés pour être affectés à la gestion du site. Quant aux bâtiments dont l’état de conservation ne justifie pas leur maintien, ils seront détruits afin de procéder à une réhabilitation paysagère du site. Des conventions tripartites ont ainsi été signées entre les pêcheurs et les conchyliculteurs, d’une part, et le Cdl et le Département de la Haute-Corse, d’autre part. Elles permettent d’accompagner les professionnels mais également d’encadrer leurs activités. Il est, par exemple, stipulé que les activités de pêche et de conchyliculture doivent respecter les zones de tranquillité et de reproduction de la faune aquatique mais également les mesures de protection des espèces de grand intérêt patrimonial telle que l’anguille. La protection de cette espèce a notamment été renforcée récemment par le règlement n° 1100/2007 du Conseil de L’Union Européenne du 18 septembre 2007 instituant des mesures de reconstitution du stock d’anguilles européennes L’enjeu majeur pour le Conservatoire et le Département de la Haute-Corse est aujourd’hui, après l’acquisition, d’établir un plan de gestion permettant l’exploitation raisonnée de l’étang par les activités conchylicoles et halieutiques. Le plan de gestion est le document de référence : il permet de dresser un état du site et des pratiques et de définir les objectifs d’aménagement et de gestion. Un plan de gestion simplifié a été rédigé et servira de support à la rédaction d’un plan de gestion plus complet. Les objectifs de gestion ont été élaborés après un diagnostic du milieu et en s’appuyant sur l’expérience des professionnels. Les principaux objectifs sont les suivants : - protéger et conserver la richesse de la diversité biologique - maintenir la qualité écologique du plan d’eau - Pérenniser une exploitation traditionnelle des ressources halieutiques de l’étang viable et respectueuse du site - Organiser de façon permanente la gestion du site et l’accueil du public Améliorer la qualité paysagère Parmi les priorités du Cdl et du Département de la Haute-Corse figure la mise en place d’une étude du bassin versant afin de connaître l’environnement immédiat de l’étang d’Urbinu et de prévoir, par exemple, en amont quels pourraient être les risques de pollution de l’étang. Il est également très important que soit rapidement identifié le seuil d’exploitation conchylicole acceptable pour le milieu. L’enjeu principal réside dans l’entretien du grau artificiel qui permet la communication entre la lagune et la mer. Il s’agit actuellement pour le propriétaire et le gestionnaire d’en définir les modalités d’entretien afin d’assurer la qualité de l’écosystème et le bon fonctionnement des activités aquacoles et de la pêche. Des réunions de travail ont récemment été organisées avec les pêcheurs et les conchyliculteurs afin de permettre de définir ensemble les moyens d’interventions sur cet ouvrage qui constitue la clé de voûte de la lagune. Le Cdl et le Département de la Haute-Corse ont, en effet, souhaité faire participer les professionnels à la gestion de l’étang d’Urbinu. Ces derniers ont d’ailleurs exprimé le désir d’être associés au projet. Une véritable action de concertation est menée sur ce site entre propriétaire, gestionnaire et acteurs économiques : tous les travaux leurs ont été présentés et les études et/ou problèmes rencontrés font l’objet de réunions régulières du comité de gestion. Celles-ci sont organisées à minima une fois par semestre. La nouvelle gestion de l’étang d’Urbinu par le Département de la Haute-Corse a donc pour but d’associer préservation du paysage et de l’écosystème lagunaire et maintien des activités traditionnelles sur l’étang par le biais d’un projet élaboré conjointement entre le propriétaire, le gestionnaire et les professionnels.