TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 LES POISSONS ELECTRIQUES INTRODUCTION : L’Homme s’intéresse depuis des milliers d’années aux poissons électriques. Cet intérêt se manifeste dès l’Antiquité, avec notamment la plus ancienne représentation de poissons électriques, vieille de 5000 ans, sur le tombeau du Grand roi Ti de l’Ancien Empire Egyptien à Saqqarah. Le Malaptérure, ou poisson-chat électrique, qui y est représenté, était considéré par les Egyptiens comme le protecteur des poissons. Chez les grecs, la torpille était considérée comme un narcotique. Ils l’utilisaient pour calmer certaines douleurs et tenter de soigner des maladies. Au Moyen-Âge, les extraits, onguents et décoctions de Torpille étaient également utilisés pour leur valeur médicinale. Jusqu’à la deuxième moitié du XVIIIème siècle avec l’invention de la bouteille de Leiden, les origines du « pouvoir » des poissons électriques demeurent inexpliquées malgré la formulation de plusieurs hypothèses erronées (pouvoir frigorifique, explication mécanique ou poison). Au XIXème siècle, la découverte du premier neurotransmetteur, l’acétylcholine, permet un grand pas en avant dans ‘étude des poissons électriques, mais aussi dans l’étude du fonctionnement nerveux en général. Ainsi, au fil des siècles, les poissons électriques ont passionné l’Homme. Problème : Comment fonctionnent et à quoi servent les interactions électriques à différente intensité chez les poissons dits « électriques »? I. Électrogénération Hypothèse 1 : Les poissons électriques ont des organes électriques, ils peuvent réguler l’intensité de leurs décharges. Conséquence vérifiable : Ils peuvent communiquer ou attaquer. Résultat attendu / Objectifs : Matériel : - 1 aquarium - 1 poisson éléphant - 2 oscilloscopes enregistreurs en µV (BECA) Protocole expérimental : Poisson dans aqua + oscillo BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 Conclusion de l’expérience 1 : Les poissons électriques sont des organismes capables de générer des décharges électriques par un organe spécialisé, appelé EOD en anglais (Electric Organ Discharges). Pour produire de l’électricité, les poissons utilisent des « organes électriques » situés à la surface de l’épiderme et composés de centaines de cellules spécialisées appelées « electrocytes ». Il s’agit de cellules syncytiales (possédant plusieurs noyaux) qui peuvent dériver de cellules nerveuses ou musculaires selon les espèces. Ces électrocytes possèdent la faculté de produire des potentiels d’action, à l’instar des neurones. Là où les électrocytes diffèrent des neurones c’est qu’ils s’organisent pour agir en série ou en parallèle. L’arrangement en série permet l’addition de toutes les tensions des potentiels d’action produits par l’organe et l’envoi d’une décharge électrique. Même si lors de la production d’un seul potentiel d’action par un seul électrocyte la variation d’amplitude n’est que de +100mV, la production de centaines de potentiels d’action simultanés peuvent produire des tensions dépassant la centaine de volts pour le poisson chat ou l’anguille électrique. L’arrangement en parallèle, lui, additionne les courants, permettant ainsi la création d’un champ électrique autour du corps de l’animal. Ce champ électrique lui permet de se localiser et de « scanner » son environnement. Il existe deux sortes de poissons électriques. Les poissons électriques "à fortes décharges", comme la torpille (poisson-guitare Torpédo panthera.), le gymnote (anguille électrique, Electrophorus electricus) ou le malaptérure (poisson-chat électrique Malapterurus BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 electricus). Ils génèrent des chocs de centaines de volts capables d'étourdir une proie ou de chasser un prédateur. Le secret de l’activité des électrocytes réside dans leur membrane cytoplasmique. Celle-ci est excitable, c’est-à-dire qu’un influx nerveux peut être déclenché suite à une stimulation électrique, chimique ou mécanique. La membrane cytoplasmique agit comme un circuit électrique microscopique. Premièrement, elle agit comme un condensateur qui peut être chargé électriquement de part et d’autre, et ce avec une répartition des charges hétérogène. La source de cette différence de répartition des charges électriques provient des pompes échangeuses d’ions, qui a le même rôle qu’un générateur de courant. Deuxièmement, les canaux ioniques qui percent la membrane agissent comme des résistances variables. Ces trois composants sont les principaux acteurs de l’électrogénération au niveau moléculaire. Le circuit électronique de la membrane cellulaire des neurones. La surface de la membrane cellulaire de lipides agit comme un condensateur qui peut être chargé selon les besoins du neurone. Les canaux ioniques agissent comme des résistances variables, tandis que les pompes échangeuses d'ions agissent comme des chargeurs de batterie. BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 Les pompes échangeuses d’ions : chargeurs de batteries membranaires : A l’instar des neurones, les électrocytes génèrent une différence de concentration d’ions entre l’intérieur et l’extérieur de la cellule à l’aide de protéines insérées dans la membrane cellulaire que l’on nomme « pompes échangeuses d’ions». La pompe Na+/K+ sort des ions sodium (Na+) et fait entrer des ions potassium (K+). Ainsi, les ions sodium (Na+) sont concentrés dans le milieu externe du neurone, tandis que les ions potassium (K+) sont concentrés à l'intérieur des cellules. De manière similaire, les ions calcium (Ca++) sont concentrés hors des cellules. Pour chaque type d’ions, il y a donc une différence de concentration qui est créée de part et autre de la Les pompes échangeuses d'ions, comme la pompe Na+/K+, échangent des ions de différentes espèces et génèrent des gradients électrochimiques pour divers types d’ions. membrane. Puisque la membrane cellulaire est faite de lipides, elle agit alors comme une barrière imperméable aux ions, ce qui les empêche de retourner du côté moins concentré. En conséquence, si on ouvrait une brèche dans la membrane de lipides, les ions seraient alors libres de passer de l’autre côté par diffusion simple, ce qui se traduirait par un petit courant électrique à travers la membrane. Chaque différence de concentrations ioniques générées par les pompes est donc une pile électrique microscopique de part en part de la Les gradients électrochimiques de chaque membrane cellulaire et peut produire un type d'ion forment des batteries (des sources petit courant électrique spécifique pour l’ion d'électricité) qui permettent le passage de qui le compose. Ainsi, les gradients aux ions petits courants électriques lorsque des pores sodium (Na+) et calciques (Ca++) peuvent s'ouvrent dans la membrane cellulaire. produire des petits courants entrants, tandis BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 que le gradient aux ions potassium (K+) forme un petit courant sortant. Les canaux ioniques : senseurs, interrupteurs et conducteurs moléculaires Les canaux ioniques sont à la base de la génération et la propagation de l’influx nerveux. Ils se retrouvent partout à la surface des électrocytes. Les canaux ioniques sont des protéines transmembranaires qui forment un pore dans la membrane cellulaire. Lorsque les canaux ioniques sont fermés, les ions ne peuvent pas passer de part et d’autre de la membrane. Mais lorsqu’ils sont ouverts, chaque canal ionique devient un passage ouvert par où les ions Les canaux ioniques dépendants du voltage peuvent être traversent la membrane cellulaire. Ce sous trois états distincts: fermé, ouvert et inactivé. Seule la passage d’ions, qui est en fait un petit forme ouverte est conductrice d'ions. Des senseurs de courant électrique traversant la voltage membranaire permet aux canaux ioniques de membrane cellulaire, se fait dans le sentir le voltage et de s'ouvrir. Le pore est sélectif et laisse sens du gradient électrochimique de passer un type d'ions. Les canaux ioniques peuvent s'inactiver après un certain temps suite à des l’ion concerné, comme on l’a vu plus changements de forme, ce qui les force à se refermer. haut. Des segments spécialisés de ces protéines agissent comme des senseurs et détectent la différence de tension électrique de part et d’autre de la membrane cellulaire, ce qui permet de contrôler l’ouverture des canaux ioniques. Les canaux ioniques sont spécifiques à chaque ion. Chaque type de canal ionique laisse passer un type d’ion particulier. En résumé, les canaux ioniques sont des protéines transmembranaires qui perçoivent les différences de voltage membranaire. En fonction desquelles ils laissent passer des courants d’ions. C'est-à-dire en fonction des gradients électrochimiques d'ions établis par les pompes échangeuses d'ions. Plusieurs types de canaux ioniques dépendants du voltage existent selon leur capacité de sélection ionique. Le sens du courant qui traverse chaque type de canaux ioniques dépend du sens du grandient électrochimique de chaque ion sélectionné. Les principaux types de canaux ioniques dépendants du voltage sont au sodium (Na+), au potassium (K+) et au calcium (Ca++). BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques II. 1S2/1S3 Électroréception Prenons l’exemple des Gymnotiformes. Leur peau est lisse au toucher. Les poissons capables d’électroréception ont développé des électrorécepteurs pour capter les champs électriques, ainsi, le requin, l’esturgeon, ou tout simplement les poissons électriques peuvent détecter les champs électriques proches. Les récepteurs des poissons électriques tels que les gymnotiformes sont sensibles aux champs électriques de basses fréquences, entre 0,1Hz et 50Hz, et de l’ordre de quelques centaines de microvolts par centimètre (µV/cm). Les récepteurs tubéreux sont des électrorécepteurs spécifiques aux gymnotiformes et mormyriformes. Plus le poisson émet des décharges rapides, plus la proportion de récepteurs tubéreux est grande. Dans le cas des poissons-couteaux bruns, qui déchargent à une fréquence allant jusqu’à 1300Hz, on en retrouve environ 15000 répartis sur toute la surface de la peau de l’animal dont la moitié dans la région de la tête, ce qui en fait la région la plus sensible aux courants électriques de tout l’animal. Densité des électrorécepteurs sur la peau du poisson-couteau brun, un gymnotiforme. Chaque point représente un électrorécepteur. Leur densité est plus élevée à la tête. Leur peau est lisse au toucher. Des cellules disposées à la surface de la peau de l’animal sécrètent un mucus conducteur sur l’épiderme. On peut également y observer, au microscope, une série d’organes « ancrés » au travers des cellules de peau. Ces corpuscules ampullaires sont les récepteurs électriques tubéreux de l’animal. Chaque récepteur est formé d’un canal qui perce l’épiderme du poisson et s’élargit au fond en une capsule couverte de cellules réceptrices sensibles aux champs électriques. La capsule et les murs du canal sont composés de plusieurs couches (de 10 à 50) de cellules de peau. Plus il y a de couches de cellules, plus les récepteurs tubéreux sont sensibles aux hautes fréquences du champ électrique. En effet, les membranes de ces cellules épithéliales ont une résistance importante étant donné qu’elles sont formées par une double couche de lipides qui agit comme un isolant. Plus il y a de couches de cellules empilées, ou comme on le dirait en électronique « placées en série », plus la résistance totale diminue, ce qui laisse mieux passer les hautes fréquences à travers les murs de la capsule. Le canal des récepteurs tubéreux est rempli d’un bouchon de cellules épithéliales. Les espaces extracellulaires entre les cellules du bouchon sont inondés avec l’eau autour du poisson, formant une voie de faible résistance à l’intérieur du bouchon. BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 Au fond de l’électrorécepteur, la surface de la capsule est couverte des cellules réceptrices sensibles aux champs électriques. La surface de ces cellules électrosensibles est formée d’innombrables microvillosités. Les cellules réceptrices, sont toutes connectées à une seule fibre nerveuse. Ces fibres nerveuses se prolongent ensuite vers l’aire primaire électrosensorielle du cerveau du poisson, le lobe électrique de la ligne latérale (Voir ELL) où elles délivrent l’information électrosensorielle. La face apicale des cellules électroréceptrices est en continuité électrique avec l’eau externe, tandis que la face basale est en continuité avec le milieu interne. Entre les deux, une zone étanche, la zonulae occludentes, scelle électriquement les deux sections. Dans les récepteurs tubéreux, la membrane apicale agit comme un condensateur en série avec une résistance assez élevée (les ions passent très peu à travers la membrane apicale qui ne semble pas avoir de canaux ioniques), diminuant la sensibilité aux basses fréquences. La membrane basale est excitée par les changements de voltage et est perméable aux ions Ca++ et aux ions K+. Possiblement, des canaux ioniques laissent entrer les ions Ca++ qui initient le processus de libération de neurotransmetteur à la synapse, tandis que d’autres canaux ioniques perméables aux ions K+ ramènent rapidement la membrane à son niveau initial d’excitabilité. BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques . Arbre montrant la diversité des espèces capables d’électroréception : BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël 1S2/1S3 TPE : Les poissons électriques III. 1S2/1S3 Électrolocalisation Hypothèse 2 : Les poissons électriques ont des organes électriques, ils s’en servent pour chasser et se repérer. Conséquence vérifiable : Les caractéristiques des décharges électriques des poissons varient de manière similaires, et ce, même lorsque les poissons sont dans une obscurité complète. Résultat attendu / Objectifs : Matériel : - 1 aquarium - 1 poisson éléphant - 2 oscilloscopes enregistreurs en µV (BECA) - (carton) Protocole expérimental : Poisson dans aqua + oscillo + carton + bouffe Conclusion de l’expérience 2 : Voir documents de Mick BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël TPE : Les poissons électriques Électrocommunication Voir documents d’Abdelhamid BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël 1S2/1S3 TPE : Les poissons électriques 1S2/1S3 Bilan général Ouverture : Quelles sont les utilités des interactions électriques chez les poissons dits électriques pour l’homme ? BENBERNOU Abdelhamid – BLAIN Fred – GARCIA Antoine – LOSZKA Mickaël