Liste des débats Retour au texte Nederlands Mardi 7 décembre 2004 : Politique socio-économique Présidence : Paul Wille Vice-Présidence : Jihane Annane Avec les sénateurs Joëlle Kapompolé, Bart Martens, Ludwig Vandenhove et Lionel Vandenberghe Experts : Derk-Jan Eppink (Cabinet de l'ancien Commissaire européen Bolkestein), Bernard Noel (CGSLB - Syndicat libéral), Jan Smets (Directeur à la Banque Nationale de Belgique) et Wilfried Beirnaert (directeur honoraire de la FEB) Aux yeux des Belges, l’euro incarne surtout l’Union européenne. Ils ont également le sentiment que l’UE apporte la prospérité économique mais aussi plus de chômage (par les transferts d’emplois vers d’autres pays membres aux salaires inférieurs). Le débat pourrait être lancé autour de ces deux points. L'image que l'on a de l’UE est-elle correcte ? Comment l’UE peut-elle contribuer à plus de prospérité et plus d’emploi ? Pour plus d'informations consultez le site de l'Union européenne Quelques impressions du débat La politique socioéconomique a été abordée sous l’angle de la politique de la Banque centrale européenne (BCE), de la politique de la concurrence et de la politique sociale. En ce qui concerne la BCE, il importe de retenir qu’il s’agit d’une institution particulièrement jeune. Son objectif principal est de garantir la stabilité monétaire et la stabilité des prix. Elle a parfaitement réussi à l’atteindre jusqu’à ce jour. Actuellement, le taux réel est zéro. Selon M. Smets (Banque nationale de Belgique), la politique de la BCE est sociale dans la mesure où elle assure la stabilité des prix et, partant, une croissance durable. Certes, la réalité économique soulève des questions. On constate que déroger à la règle des 3% qui a été consacrée dans le pacte de stabilité semble devenir la règle. Comment la BCE gère-telle cette réalité ? On peut noter que, malgré les problèmes en question, le pacte de stabilité a effectivement rempli sa fonction. La BCE ne peut toutefois pas intervenir en tant qu’acteur externe. Le faire serait d’ailleurs contre-productif. M. Noël (CGSLB) estime toutefois que la BCE pourrait mener une politique plus dynamique et moins conservatrice. En ce qui concerne la politique de la concurrence, la question s’est posée de savoir si, compte tenu de la complexité de la réalité socioéconomique, les autorités européennes sont vraiment en mesure de rendre la législation européenne contraignante. La procédure européenne de sanction est lourde et manque de transparence. Le système du «Scorebord», qui repose en fait sur une méthodologie du «naming and shaming» (nommer et dénoncer) semble bien fonctionner. Il n’empêche, selon M. Beirnaert (FEB), que la Commission n’a parfois aucune idée du contexte dans lequel certaines décisions sont prises dans la cadre de la concertation sociale nationale. Le questionnaire a révélé que l’avenir des services publics dans la nouvelle Europe constitue une préoccupation majeure. Leur avenir ne semble absolument pas garanti. Une libéralisation n’est d’ailleurs pas un gage de qualité et elle peut entraîner l’émergence d’une économie de services réservée aux plus nantis. Selon M. Eppink (Commission), la directive Bolkestein ne prévoit pas une libéralisation absolue et elle peut encore être amendée. M. Noël (CGSLB) réplique que, si la directive Bolkestein n’est pas une directive Frankenstein, il ne faut pas non plus être naïf. M. Bernaert (FEB) se demande à cet égard à partir de quel moment la libéralisation entraîne la déstabilisation d’un État. Le débat a montré que les questions relatives à la politique de la concurrence et à la concertation sociale peuvent difficilement être dissociées. Il existe depuis longtemps des mécanismes de concertation sociale à l’intérieur des structures européennes. Il n’y a toutefois pas la même tradition en Europe de l’Est. Les syndicats sont dès lors très sceptiques. Selon M. Paul Wille (VLD) (président), les nouveaux États membres risquent de perturber la concertation sociale. M. Eppink (Commission) partage cet avis et déclare qu’en raison de l’élargissement de l’UE, le maintien de la stabilité des structures européennes constitue un réel problème. Le marché intérieur risque de se désagréger. M. Luc Van den Brande (CD&V) (Sénateur) lance néanmoins une mise en garde à l’adresse des pays occidentaux qui doivent veiller, selon lui, à ne pas se laisser enfermer dans un «protectionnisme humain» en ce qui concerne leurs propres systèmes sociaux. Enfin, on a posé la question centrale de savoir si la Constitution européenne n’est pas une construction idéologique qui pourrait bloquer l’économie. Aurait-on, par exemple, pu développer le concept du «New Deal» américain sous une telle constitution ? Selon M. Eppink (Commission), la Cour suprême américaine n’aurait jamais toléré le New Deal. Mais on ne peut plus arrêter la libéralisation. La dimension sociale a un coût que l’on ne peut payer que dans une économie forte. Voilà pourquoi il faut investir dans l’enseignement et l’innovation. M. Paul Wille (VLD) (président) déclare qu’il partage ce point de vue et il ajoute que le passé a montré que la dynamique de solidarité permet de réaliser un grand développement économique. Il faut que nous tenions notre cap.