La crise politique et économique en Allemagne (1919-1933) Comment se manifeste la crise en Allemagne dans les années 20 et 30 ? 1. Les conditions difficiles de l'installation de la République de Weimar a. Des difficultés économiques Les combats de la première Guerre mondiale se sont déroulés principalement sur les territoires des adversaires, par conséquent ce ne sont pas les destructions matérielles qui ruinent l'économie allemande, mais la vertigineuse inflation qui s'installe dans le pays après la guerre. Cette inflation accélère la dépréciation du Mark dont la dévaluation provoque l'envolée des prix. Dans ces conditions, les prix et les salaires peuvent varier au cours d'une même journée ! La misère fait alors son apparition. Outre cette inflation, les réparations imposées par le traité de Versailles sont un également un facteur essentiel de la situation de désastre économique. La situation s'aggrave davantage lorsque la France décide d'occuper la Ruhr en 1923 afin d'inciter l'Allemagne à payer. Mais à partir de 1924 et jusqu'à la crise de 1929, l'Allemagne connait une phase de croissance et de prospérité grâce notamment à sa nouvelle monnaie, le Retenmark et surtout aux investissements américains. b. Des troubles politiques Le clivage des partis oppose comme en France les partisans et les adversaires du régime né de la défaite c'est-à-dire la République de Weimar. A gauche, dès janvier 1919, les spartakistes, c'est-à-dire les communistes allemands, déclenchent une insurrection à Berlin, elle est aussitôt écrasée par le gouvernement socialiste. La gauche allemande s'en trouve alors divisée. Le parti communiste allemand (KPD) s'oppose dorénavant à cette République et aux socialistes. A l'extrême droite, différents groupes nationalistes refusent la République née de la défaite. Parmi eux se trouve le parti nazi ou NSDAP (Nationale-socialiste Deutsche Arebiterpartei) dirigé par Hitler. En 1923, il tient son premier congrès, au cours duquel Hitler affirme sa volonté d'abattre la jeune République. En novembre 1923, le parti tente de s'emparer du pouvoir à Munich, on parle de putsch de Munich ou de "putsch de la brasserie." Mais cette tentative de Putsch échoue, Hitler est arrêté jugé en mars 1924 et emprisonné. Eclaté en plusieurs factions rivales, le parti nazi est alors interdit. Mais à sa sortie de prison en 1925, Hitler le reconstitue. 2. La république de Weimar dans la tourmente de la crise a. La crise économique L'Allemagne est gagnée par la crise mondiale dès 1930 car le phénomène de retrait des capitaux étrangers en particulier américains prive rapidement les entreprises de crédit. En outre, les débouchés extérieurs de l'Allemagne, se retrouvent limités par la récession internationale et la contraction du commerce mondial. Ainsi en 1932, la production industrielle chute de moitié et le chômage croît à mesure que la crise s'étend : 1,5 million de chômeurs en 1929 et 6 millions en 1932. Les classes moyennes craignent la misère qui touche déjà les ouvriers. La crise est toute aussi catastrophique pour les agriculteurs qui subissent la baisse des prix et de mauvaises ventes. b. La montée du nazisme Désorienté par la crise économique, le gouvernement allemand hésite beaucoup sur les solutions à apporter. Cette situation favorise les partis extrémistes en particulier le parti nazi qui progresse aux élections. Hitler accuse les démocrates, la gauche et les Juifs d'être responsables de la crise. Il cherche à séduire toutes les classes sociales : - aux ouvriers, il promet du travail, - aux paysans la défense de leur propriété. Le nombre de députés nazis au Reichstag augmentent, ils passent de 12 à 107 en 1930. Les classes dirigeantes, souvent par anticommunisme, soutiennent le parti nazi. De son côté, Hitler se rapproche discrètement des milieux d'affaires (appui des entreprises Krupp et IG Farben). En 1932, il échoue à l'élection présidentielle face à Hindenburg mais il a réuni plus de 40 % des voix. Le 30 janvier 1933, le président Hindenburg, sous la pression des conservateurs de droite et des hommes d'affaires, nomme Hitler chancelier. L'essentiel La Première Guerre mondiale a entraîné la disparition du IIe Reich et la naissance d'un nouveau régime puisqu'en 1919, la Constitution adoptée à Weimar fait de l'Allemagne une république et une démocratie parlementaire. Mais la jeune République connaît dès sa naissance de graves problèmes économiques et politiques. Et, en dépit d'un sursaut de croissance entre 1924 et 1929,la République de Weimar demeure fragile et finit par tomber entre les mains des nazis lors des élections de janvier 1933, à l'issue desquelles Hitler est nommé chancelier. Le régime nazi : une mise place rapide Quels sont les fondements du régime nazi ? 1. Hitler et l'idéologie nationale-socialiste a. La théorie des races Selon Hitler, ce n'est ni la religion ni la lutte des classes mais l'idée de race qui domine l'histoire des hommes. Sa théorie repose sur l'existence de deux races : la "race supérieure" incarnée par les Aryens et destinée à dominer le monde et à exploiter la "race inférieure". Les Allemands, dont la spécificité en tant que peuple repose sur "le sang et le sol", sur la culture et la langue, sont les plus proches héritiers de la race aryenne. Dans la catégorie "race inférieure", les Juifs sont considérés comme la "race" la plus abominable, responsable de tous les maux de l'humanité et la "race supérieure" doit s'en protéger. Aux yeux de Hitler ce sont des parasites dont l'élimination devient indispensable pour préserver la pureté de la race aryenne. b. La conquête de l'espace vital et la domination du monde La supériorité de la "race" aryenne incarnée par les Allemands, a vocation à dominer le monde. C'est au nom de cette supériorité et de cette domination qu'Hitler veut conquérir un "espace vital" pour le peuple allemand. Cette conquête ne peut se faire qu'aux dépens des peuples inférieurs dont la vocation est de servir la race supérieure et en premier lieu aux dépens des Slaves qui peuplent l'est de l'Europe et dont les terres coïncident avec "l'espace vital" allemand. Hitler prévoit également de réunir tous les Allemands (de "race" allemande) dans une Grande Allemagne. Ce projet passe par l'annexion de territoires considérés comme allemands car peuplés d'Allemands comme par exemple l'Autriche dont l'annexion est programmée. 2. La « mise au pas » de l'Allemagne a. Le contrôle rapide de la société allemande Les nazis parviennent au pouvoir en janvier 1933 et en quelques mois (jusqu'au mois de juillet) ils mettent en place une véritable dictature. Le 27 février, l'incendie du Reichstag leur permet d'interdire le parti communiste dont les membres sont enfermés dans les premiers camps de concentration et de suspendre les libertés publiques. Le 23 mars, les députés votent les pleins pouvoirs à Hitler. Dès lors celui-ci peut légiférer en toute liberté. Il interdit tous les partis et les syndicats. Le parti nazi devient parti unique et la croix gammée orne dorénavant les drapeaux allemands. Les premiers autodafés de livres d'auteurs marxistes, ont lieu en public. b. L'élimination des derniers opposants Toutefois, plusieurs forces s'opposent au pouvoir absolu d'Hitler : - le président Hindenburg, - les autres partis politiques, - les Eglises, - l'armée, - les S.A.. Mais Hitler parvient dès 1934, à se défaire de ces opposants les uns après les autres. Le premier, de manière naturelle puisqu'il décède le 2 août 1934. Les partis politiques sont interdits à compter de la loi du 14 juillet 1934, le N.S.D.A.P. devient un parti unique, les Eglises et l'armée mises au pas et les S.A. éliminées lors de la "Nuit des longs couteaux". En effet, ces dernières sont devenues trop dangereuses pour Hitler en raison de leur volonté d'indépendance de plus en plus croissante. Dès la mort du président Hindenburg, Hitler peut cumuler toutes les fonctions c'est-à-dire celle de chancelier et celle de chef d'Etat du IIIe Reich. Il prend alors le titre de Reichsführer. L'essentiel L'idéologie développée par Adolf Hitler repose sur la théorie de la supériorité de la race dont le peuple allemand, en raison de sa pureté, est le plus représentatif. Son projet se résume en trois mots Ein Volk, ein Reich, ein Führer (Un peuple, un empire, un chef) et dès son arrivée au pouvoir, il met tout en œuvre pour écarter un par un les obstacles à sa réalisation. Ainsi en un peu plus d'un an, il parvient à obtenir les pleins pouvoirs et à cumuler toutes les fonctions devenant rapidement Reichsführer : ce titre marque la renaissance du Reich allemand, le IIIe. Adolf Hitler jusqu'à son accession au pouvoir Comment expliquer l'irrésistible ascension d'Adolf Hitler ? 1. Les jeunes années de Hitler (1889-1919) a. Les premières années Né en 1889 à Branau, en Autriche, Adolf Hitler vit, à partir de 1907, des années difficiles à Vienne, pratiquant divers petits métiers et côtoyant la misère afin de poursuivre ses études de peinture et d'architecture, disciplines pour lesquelles, il ne présente pourtant aucun talent. C'est également au cours de cette période difficile de sa vie et suite à divers incidents avec des ouvriers, qu'il commence à nourrir une haine farouche à l'égard du mouvement marxiste. Il affirme au passage que la nocivité du marxisme est due notamment au poids des Juifs dans le mouvement. Hitler incarne ainsi la vague d'antisémitisme qui traverse l'Autriche d'avant-guerre. b. La première Guerre Mondiale Déclaré inapte au service militaire par l'armée autrichienne, Hitler s'engage en 1914 dans l'armée bavaroise. Il combat sur le front français, il est même blessé et gazé et termine la guerre comme caporal et obtient la croix de fer pour ses faits d'armes. Remarqué par le capitaine Röhm, pour son talent oratoire, il est chargé de prémunir les soldats démobilisés contre le marxisme. Il rejette le Diktat imposé à l'Allemagne par les vainqueurs et refuse de reconnaître la défaite et le nouveau régime : la République de Weimar. Militant d'extrême droite, en 1919, il rejoint un petit parti nationaliste. 2. L'irrésistible ascension de Hitler a. Hitler à la tête du parti national-socialiste En 1921, Hitler prend la tête du parti national-socialiste (parti nazi). Il le réorganise, le dote d'un journal et d'une section paramilitaire, les S.A, sections d'assaut, chargées de perturber les réunions politiques des adversaires. Le programme politique de Hitler dénonce le marxisme, les Juifs et exige l'annulation du Diktat. En 1923, Hitler tente un putsch à Munich mais échoue. Après quelques mois de détention, il sort de prison avec un programme ambitieux consigné dans un ouvrage publié en 1925, Mein Kampf, et crée dans la foulée sa propre milice, les S.S, sections de protection. b. L'ascension électorale du parti national-socialiste De 1924 à 1928, le parti national-socialiste reste faible sur le plan électoral, mais la crise économique de 1929 élargit ses horizons. Hitler dénonce les démocrates, les marxistes et surtout les Juifs comme responsables des malheurs qui frappent les Allemands. Le parti national-socialiste gagne un peu plus de terrain à chaque élection générale et obtient de plus en plus de représentants au Reichstag. Dès les années 20 Hitler se rapproche des milieux d'affaires qui lui apportent un soutien financier, à partir des années du début des années 30, ce cercle de soutien s'étend à de puissants groupes industriels comme par exemple Krupp. Si bien qu'à la fin de 1932, le parti national-socialiste s'impose comme une force politique incontournable. Son succès est dû au ralliement massif des classes moyennes ruinées, des paysans et des ouvriers au chômage. 3. L'arrivée au pouvoir (janvier 1933) a. Hitler, chancelier En avril 1932, Hitler donne bien du mal à Hindenburg, lors des élections présidentielles, il faut deux tours de scrutin au Maréchal pour l'emporter. Aux élections législatives de juillet 1932, alors qu'il est de plus en plus difficile de trouver une majorité stable, les nationaux-socialistes obtiennent un score qui complique davantage l'échiquier politique. Pour le conservateur Von Papen seule une alliance avec Hitler peut permettre de dégager une majorité, mais Hindenburg refuse. Mais les conservateurs se trompent lourdement car quelques mois plus tard, devant l'impossibilité de constituer un gouvernement, Hindenburg se résout à nommer Hitler chancelier le 30 janvier 1933. b. Les pleins pouvoirs Le gouvernement de Hitler est composé de nationaux-socialistes et d'une majorité de conservateurs, comme Von Papen qui pensent pouvoir maîtriser Hitler. En mars 1933, le nouveau chancelier obtient les pleins pouvoirs, ce qui change la nature du régime : la fin du parlementarisme est ainsi consacrée. et à partir de 1933, l'histoire de Hitler se confond avec celle de l'Allemagne nazie. L'essentiel Avant de se lancer en politique au lendemain de la Première Guerre mondiale, Hitler s'engage dans des études d'architecture mais en vain. Fortement marqué par l'issue du premier conflit mondial, il commence à militer activement dans un parti d'extrême droite, le parti ouvrier allemand et se montre particulièrement hostile au mouvement marxiste qu'il assimile à un mouvement juif. Il gagne rapidement en responsabilité au sein de ce parti qu'il transforme en parti national-socialiste dont il devient le chef. La crise de 1929 lui donne l'occasion de gagner du terrain sur le plan électoral et dès le début des années 30, il voit l'audience de son parti augmenter considérablement. Le président Hindenburg, finit par le nommer chancelier en janvier 1933 et en quelques mois, Hitler parvient à obtenir les pleins pouvoirs et transforme rapidement le nouveau régime en État totalitaire. L'Etat nazi Quelles sont les caractéristiques de l'Etat nazi ? 1. Un Etat policier et raciste a. La traque des opposants L'Etat nazi supprime les libertés et soumet l'ensemble du pays à la surveillance et à la répression. Les SS d'Himmler et la Gestapo traquent, arrêtent et torturent les opposants. Ces opposants (communistes, socialistes, syndicalistes, démocrates), qualifiés de "délinquants" par les nazis, sont envoyés dans les premiers camps de concentration dès 1933. Tout acte de rébellion est puni de mort. b. La politique raciste Les Juifs sont les principales victimes de la politique raciste de Hitler. Dès 1933, ils sont victimes de persécutions systématiques : boycott de leurs magasins et exclusion de certaines professions. En 1935, les lois de Nuremberg leur enlèvent la qualité de citoyen allemand. Elles interdisent également le mariage et les relations sexuelles entre Juifs et Aryens. Durant la « Nuit de cristal », du 9 au 10 novembre 1938, les synagogues sont brûlées, les magasins juifs pillés et des Juifs sont massacrés. En outre dans le but de "purifier la race aryenne", les nazis pratiquent une politique d'euthanasie contre les malades, les invalides et les vieillards. 2. La nazification de la société a. Le contrôle des esprits Dès 1933, les nazis créent un ministère de la Culture et de la Propagande confié à Goebbels. La culture nazie contribue à façonner les esprits. La radio et le cinéma sont mis au service de l'idéologie nazie. De grandes réunions rassemblent des foules immenses, en particulier à Nuremberg. Quant aux jeunes, ils sont endoctrinés dans la Hitlerjugend (la jeunesse hitlérienne), où ils apprennent à aimer le Führer et la guerre. Les loisirs sont également soumis au contrôle d'organisations nazies. b. Une société encadrée Dans le monde du travail, patrons et ouvriers sont réunis dans une même organisation : le Front du travail. Mais la grève est interdite. Dans le domaine de la politique familiale, les nazis veulent aussi imposer un modèle spécifique fondé sur une politique nataliste et la réduction du rôle de la femme à celui d'épouse et de mère. Les Jeux olympiques de 1936, qui se déroulent à Berlin, exaltent la gloire de cette nouvelle Allemagne. 3. La mainmise sur l'économie a. La relance de l'économie La relance de l'économie est une condition essentielle à la stabilité du nouveau régime, c'est pourquoi l'Etat nazi se fait fortement interventionniste. Il mène une politique de grands travaux : constructions d'autoroutes, de ponts et de canaux, défrichements et reboisements. Pour mener à bien sa politique de conquête, Hitler lance en 1936 un plan de réarmement sur quatre ans. Il est destiné à préparer l'Allemagne à la guerre. Cette politique relance l'industrie allemande qui devient alors la deuxième du monde (sidérurgie, industrie chimique). b. Une économie autarcique En parallèle, l'Allemagne tente une politique d'autarcie. Elle limite les importations et développe les ersatz. Cette politique est financée par des augmentations d'impôts. Les salaires stagnent, mais, en 1939, le chômage a pratiquement disparu. Une fois la supériorité militaire acquise, l'Allemagne peut alors se lancer à la conquête de « l'espace vital » promis par Hitler. L'essentiel En 1933, Hitler met en place un Etat dont la vocation est de venir rapidement totalitaire. Cette Etat adopte un certain nombre de mesures destinées à encadrer la société, à assurer le redressement de l'économie et à préserver la race aryenne. Une politique de propagande intensive accompagne l'encadrement de la société allemande. La mise en place d'un véritable Etat policier rend toute opposition impossible.