FORUM DE L`OMC

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FORUM DE L'OMC
Bonjour, et bienvenue au Forum de l'OMC.
On estime que chaque dollar investi dans le renforcement des capacités commerciales des
pays en développement rapporte 42 dollars en exportations. À l'évidence, les pays en développement
qui n'ont pas une capacité commerciale suffisante – qu'il s'agisse de l'infrastructure, du savoir-faire
nécessaire pour fonctionner dans le système ou de la capacité de production elle-même –, ont besoin
de cet investissement pour pouvoir participer pleinement à l'économie mondiale.
Alors, comment faut-il s'y prendre? En 2005, les ministres ont lancé l'Initiative Aide pour le
commerce. Depuis cette initiative, lancée à la conférence ministérielle de Hong Kong, nous avons
enregistré des chiffres tout à fait remarquables. Les engagements des donateurs ont augmenté de
60 pour cent, et ils atteignent maintenant 40 milliards de dollars EU, ce qui est considérable. Mais la
question est de savoir si ces chiffres se traduisent véritablement par un accroissement des flux
commerciaux, une réduction de la pauvreté et une meilleure intégration des pays en développement
dans le système commercial mondial?
Nous avons la chance d'avoir parmi nous aujourd'hui deux hommes qui peuvent répondre à
ces questions: le Vice-Ministre de l'économie d'El Salvador, M. Mario Roger Hernández et le
Directeur du développement et des accords de partenariat économique à la Commission européenne,
M. Peter Thompson. Messieurs, bienvenue. Mario, commençons par vous. Votre avis.
Mario Roger Hernández
Merci pour votre invitation, Keith. C'est un plaisir pour moi d'être ici aujourd'hui. Comme
vous venez de le dire, l'Initiative Aide pour le commerce est très importante pour tous les pays (en
particulier pour les pays intermédiaires et les pays moins avancés) parce qu'elle vise à renforcer leurs
capacités commerciales, ce qui est très important pour tirer parti du libre-échange et des marchés et
pour rendre le commerce possible pour les différents secteurs de l'économie.
Un élément important dans nos économies est qu'il y a plusieurs secteurs qui ont besoin d'une
certaine capacité pour s'intégrer au marché mondial et participer à la mondialisation. En ce sens,
l'Aide pour le commerce est très importante pour permettre l'accès aux marchés extérieurs et pour
renforcer les secteurs productifs et exportateurs, qui sont très importants pour mettre des produits sur
le marché mondial.
Mais pour moi, une chose est très claire, c'est que, pour renforcer les capacités commerciales,
il faut développer le capital humain et aussi les institutions qui sont très importantes car elles
constituent en quelque sorte le fondement sur lequel on peut établir une relation commerciale solide
avec les autres pays. Alors le capital, les institutions sont vraiment très importants.
Ce matin, nous parlions de la nécessité de modifier non seulement le logiciel du libre-échange
mais aussi le matériel, qui est lié à l'environnement, l'infrastructure et d'autres aspects du commerce
intimement liés aux échanges mondiaux. En ce sens, je pense que l'Aide pour le commerce est
importante, mais nous devons aller vers une Aide pour le commerce plus "efficace" et plus "ciblée",
axée, par exemple, sur les femmes et les petites et moyennes entreprises, ce qui est pour moi l'un des
objectifs en termes de commerce pour les prochaines années.
Keith Rockwell
Peter, l'Aide pour le commerce donne-t-elle des résultats?
-2-
Peter Thompson
Je vais vous faire part de mon propre point de vue. Je suis chargé des accords de partenariat
économique, et, là, nous avons affaire à des groupes de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Au cours de la table-ronde de ce matin, à laquelle j'ai eu la chance de participer avec Mario, nous
avons parlé des Caraïbes. Là-bas, il y a maintenant un accord. Seize pays travaillent maintenant
ensemble pour relever le défi de l'intégration dans l'économie mondiale et le défi de la coopération.
En fait, la République dominicaine et la CARICOM ont des positions assez différentes et il est
important aussi de les faire travailler ensemble.
Un accord de partenariat économique innovant, signé en 2008, favorise l'intégration régionale
et la libéralisation intelligente du commerce des marchandises et des services; il établit des règles
concernant les marchés publics, la propriété intellectuelle, la gouvernance économique, les domaines
liés au tourisme qui sont des éléments essentiels, et prévoit un soutien au développement. À mon
avis, pour évaluer l'efficacité, il faut voir d'abord si ce soutien aide à négocier un accord et ensuite,
une fois l'accord négocié, s'il l'aide à le mettre en œuvre parce que c'est le tout qui nous intéresse.
Vous posez donc, je crois, une question simple et directe: "Quelle est l'efficacité de l'Aide
pour le commerce? Dans quelle mesure contribue-t-elle à l'augmentation du commerce?" C'est une
bonne question qui mérite toute notre attention. Je pense qu'on procède un peu comme dans un jeu de
construction, par étapes. On se demande d'abord dans quelle mesure cela aide à négocier. Puis, une
fois la négociation achevée, dans quelle mesure cela aide les pays à prendre les mesures nécessaires
pour mettre en œuvre la stratégie de développement globale et pas seulement pour obtenir un ou deux
points de pourcentage ou une caisse de bananes de plus. Je pense qu'à l'heure actuelle, nous sommes
plus microcentrés mais à long terme, nous devrons suivre la voie que vous demandez.
Keith Rockwell
Je suis frappé par quelque chose que vous avez dit tous les deux, à savoir que, en fait, il est
très important d'améliorer le savoir-faire, la formation. Vous avez tendance à mettre l'accent,
peut-être comme les journalistes et peut-être comme nous aussi de temps à autre, sur les questions
majeures comme l'infrastructure et la capacité de production, mais la formation est aussi un élément
essentiel, n'est-ce pas Mario?
Mario Roger Hernández
Pour nous comme pour de nombreux pays, le capital humain est évidemment essentiel pour
faire la différence. Je suppose que l'un des buts de l'Aide pour le commerce est de renforcer le capital
humain car, en fin de compte, le capital humain, notre population, constitue la base du commerce.
Comment accroître la capacité commerciale des nombreuses populations qui n'ont pas les moyens de
s'intégrer dans la mondialisation? Il est très important que les pays puissent renforcer cette capacité
grâce à la coopération internationale et à l'Aide pour le commerce. En effet, de nombreux pays,
surtout les pays intermédiaires, les pays les moins avancés et les pays en développement, n'ont pas de
ressources à consacrer au capital humain. Alors, pour obtenir des résultats, il faut accroître cette
capacité. Pour moi, le capital humain est assurément un élément essentiel pour changer les choses en
termes de compétitivité et d'innovation. C'est ce qui détermine la tendance aujourd'hui. Le seul
moyen de suivre cette tendance, c'est d'accroître la capacité d'améliorer les choses en termes de capital
humain.
Keith Rockwell
Vous êtes d'accord Peter?
-3-
Peter Thompson
Oui, je suis tout à fait d'accord avec ce que dit Mario, mais j'ajouterais qu'un accord
commercial crée de nouveaux défis. Le Chili, par exemple, a déjà mené beaucoup de négociations. Il
est déjà arrivé à un certain degré d'intégration dans l'économie mondiale. Un accord de plus ne va
guère changer les choses. Mais si le pays n'est pas bien intégré dans l'économie mondiale, s'il s'agit
de petits pays confrontés à toutes sortes de difficultés, il faut faire face à la fois au changement de
place dans l'économie et à l'accord passé avec l'UE ou les États-Unis, ou tout autre pays. Cela
suppose un ajustement. Cela veut dire qu'il faut revenir au niveau des gens, comme Mario le dit, et
identifier ce qu'ils ont besoin de savoir pour relever les prochains défis, ceux du siècle présent, et non
ceux du siècle passé.
Par exemple, il est clair que les Caraïbes sont de gros fournisseurs de produits naturels à l'UE,
qu'il s'agisse de sucre ou de bananes ou d'autres produits. Ce qu'ils disent maintenant c'est: nous
avons aussi du rhum et nous voulons pouvoir en tirer une valeur ajoutée, nous voulons lui donner une
meilleure image de marque, donc nous avons besoin de comprendre les droits de propriété
intellectuelle, nous voulons comprendre d'autres aspects. Ainsi, nous cherchons sans cesse des
moyens d'aider les gens à changer, à évoluer et à travailler dans un secteur de l'économie qui génère
de la valeur ajoutée.
Keith Rockwell
Mario, vos dernières réflexions.
Mario Roger Hernández
Ma dernière réflexion est que nous sommes à une époque très intéressante en termes de
commerce, où les pays développés ou en développement ont de grands défis à relever et ont, à mon
avis, une immense responsabilité car ils doivent produire des résultats. Il ne s'agit pas d'aide publique
pour le commerce mais c'est l'Initiative Aide pour le commerce qui doit répondre aux besoins des
différents secteurs de l'économie, et il s'agit d'obtenir des résultats ciblés et d'essayer de changer les
choses, de promouvoir le changement, la transformation de nos économies.
Le commerce mondial joue un rôle très important dans la création de richesse et
l'accroissement des revenus des pays. Mais nous devons en assumer la responsabilité, et ce, avec
sérieux, et je pense qu'il est possible d'accroître le commerce mondial dans l'intérêt de nos pays.
Keith Rockwell
Peter Thompson, je vous laisse conclure.
Peter Thompson
Deux choses. Premièrement, je pense que depuis 2005, l'Initiative Aide pour le commerce
nous a aidés à mieux appréhender la situation en mettant les choses en évidence. Et, dans notre cas,
elle est associée à des "négociations continues "avec les pays en développement qui, pour leur part,
ont pu utiliser l'effet de suivi de l'Aide pour le commerce. Elle nous permet d'en améliorer le profil et
contribue à mieux l'intégrer dans les stratégies globales de développement. C'est une très bonne
chose. Ce que nous devons être en mesure de faire maintenant, comme vous l'avez dit tout au début,
c'est d'en mesurer l'efficacité. Deuxième point, qui est crucial, selon moi, c'est de pouvoir établir des
liens. Pouvons-nous établir des liens entre les nouveaux besoins, créés par les accords, ou par
l'évolution de l'économie mondiale, et les donateurs? C'est en fait plus difficile qu'il n'y paraît. Cela
exige une grande coordination et un effort considérable.
-4-
Heureusement, je pense que la structure est en train de se mettre en place. On n'y est pas
encore tout à fait. Il y a du travail.
Keith Rockwell
Peter Thompson, Mario Roger Hernández, je vous remercie tous les deux. Et merci à vous
d'avoir suivi le Forum de l'OMC.
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