D’où vient cette association ? Son existence est-elle légitime ? ENM, est né en 2002, de la rencontre entre un couple de français de la région d’Auxerre, et Méline, une sage femme malgache du nord de Madagascar. Infirmière à l’hôpital de Befotaka, elle est surtout une activiste infatigable de la société civile, et créatrice d’une association de femmes. En répondant à ses demandes, ENM participe, depuis 4 ans à la transformation de cette région où, pendant les 3 mois de la saison des pluies les enfants, aux ventres vides, ne sont plus capables d’aller à l’école. A partir des dons de ses adhérents, tous particuliers, ENM a financé : la création d’un cabinet dentaire, la reconstruction de l’hôpital (CSBN II), après les cyclones, et l’installation de l’électricité solaire, la construction et l’équipement d’une bibliothèque et le fonctionnement d’une cantine pour 500 enfants. Puis en 2005, la construction d’un complexe : groupe électrogène, dépailleuse pour le riz et atelier de métallerie-soudage qui a été remis à l’association « Femmes, réveillons-nous » ( FRN) en autogestion. Huit personnes sont salariées localement dans les domaines de la santé et de l’éducation. En 2006, ENM a lancé une recherche de financements pour la réalisation d’un programme sur 3 ans axé sur l’autonomie des habitants. Le but : amélioration des techniques rizicoles et création de puits d’eau potable dans les 18 fokontanes regroupés autour de Befotaka : les bactéries de la dysenterie qui, parfois, tuent les enfants, se trouvent dans l’eau de boisson. Ces actions se font avec des techniciens malgaches spécialisés en riziculture, maraîchage et agroforesterie biologique pour la partie agricole, et l’association Taratra d’Antananarivo pour la création des 18 puits d’eau potable équipés de pompes à main. Dans les quelques rizières où le SRI a déjà été appliqué, les récoltes 2006 ont été multipliées par plus de 5 (9 à 12 t/ha). C’est un futur avec plus d’autonomie alimentaire et financière pour les 20.000 habitants de Befotaka. Nicolas Sersiron, Pt ENM Contacts : Nicolas Sersiron 03 86 88 31 88 ENM - 11 rue du lycée J. Amyot - 89000 Auxerre www.echangenonmarchand.org L’humanitaire et la dette « Le système planétaire est incapable de traiter les problèmes de vie ou de mort, à commencer par celui de la faim, alors qu’on a tous les moyens techniques d’y remédier. Ce système est condamné à la mort ou à la transformation… Actuellement nous voyons seulement le processus d’autodestruction… » Edgar Morin (Libération du 29 juillet 2006 L’action humanitaire est, avant toute réflexion, un élan de solidarité, un geste de fraternité humaine qui satisfait notre besoin compassionnel. C’est aussi une rencontre avec l’autre dans sa différence, et de ce fait, très enrichissante. En refusant que la loi du plus fort s’applique dans sa plus totale rigueur, elle est aussi déculpabilisante. Je donne à l’autre du matériel, du temps dont je dispose et je reçois en échange du lien affectif dont j’ai besoin pour vivre bien. Dans le langage dominant on pourrait dire que c’est du « gagnant-gagnant ». La relation entre celui qui donne et celui qui reçoit, à première vue, s’équilibre. L’histoire nous montre que l’humanitaire, expression moderne de la charité, n’a jamais permis aux pauvres de retrouver, si ce n’est l’égalité, au moins un niveau de vie décent. Sans dire cyniquement qu’il permet aux dominants d’être conforté dans leur position de gagnants du combat « non faussé » de la compétition planétaire, on peut se demander pourquoi 3 milliards d’humains vivent avec moins de 2 $ par jour, sans que ce nombre soit en diminution. L’humanitaire arrive toujours trop tard. Comme si sa neutralité le rendait non responsable du désastre au milieu duquel il s’active. Au nom de la solidarité, trop tardive, de l’urgence, il panse les plaies sans en chercher les raisons. Pourtant, il appartient bien à cette économie mondiale fondée sur l’individualisme qui promeut la victoire des plus forts sur ceux qu’il vient secourir. Un sacré grand écart, difficile à reconnaître ! Que faire ? Peut-on se contenter de soigner ? N’est-il pas plus intéressant, au nom de la solidarité, de travailler sur les causes ? Penser l’avenir, avoir une action politique fondée sur la fraternité, refuser la dévastation qui sera léguée aux générations futures revient clairement à quitter la pensée individualiste dominante. Aucune société ne peut survivre en sacralisant l’égo de chacun.