I- Les finalités de l'école On s'intéresse au 18eme siècle car c'est ici que s'élaborent les premiers principes concernant l'école. 1- le 18ème siècle Rousseau: l'éducation fait l'homme en permettant l'épanouissement de la nature qui est en lui Kant : l'éducation fait l'homme contre sa nature: Au 18eme siècle la France est plongée dans une crise d'où naîtront des réflexions sur l'éducation. Cette notion, en effet, est une notion primordiale de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen. La révolution entraîne des mutations politiques ( différenciation église-état; les affiliations et status sont supprimés). L'individu est alors considéré comme citoyen égal en dignité à tous les autres. Naissent donc des fondements philosophiques dont Emmanuel Kant (1724-1804) est le précurseur: allemand influencé par Rousseau, celui-ci pense que la raison est au centre du monde. Pour lui la liberté est liée à l'autonomie ( liberté selon la loi). L'éducation est donc fortement liée à la discipline. Pour lui, l'homme est différent de l'animal en ce sens que l'homme né inachevé, son éducation le fera accéder à sa propre humanité. Cette éducation passe par la discipline, sa fonction est dite négative puisqu'elle dépouille l'homme de son animalité. La discipline est donc au service de la liberté. Ces propos seront repris de façon plus contemporaine par Durkheim qui parle d'intégration à la société avec une contrainte qui rend libre. Aujourd'hui, la raison de l'école n'est pas seulement liée au principe de discipline, elle a d'autres fonctions. Condorcet (1743-1794) a présenté un plan pour l'instruction publique proposant de réduire la dépendance des uns aux autres et de faciliter l'acquisition d'autonomie. Il projette donc de favoriser l'instruction de masse avec des finalités nouvelles pour l'école: l'émancipation de chacun pour s'écarter des tutelles et l'école doit être conçue comme une institution politique moderne. Le plan propose un savoir minimal apporté à tous permettant l'indépendance. Ceux qui ont des capacités doivent pouvoir continuer. On a la proposition d'une configuration pyramidale d'avancement dans les études. Il n'y a pas de filières. Ce plan bien que très en avance sur son temps n'a pas été appliqué dans ses stricts fondements. Actuellement, ce SMIC culturel semble exister mais le collège unique a-t-il pour ambition de fournir ce SMIC culturel ou d'opérer une sélection? Débat instruction/éducation: débat dépassé maintenant puisque l'on a les deux avec un lien très fort on éduque par l'instruction et l'on instruit par l'éducation. C'est fortement dépendant des méthodes pédagogiques utilisées. 2- le 19ème siècle Une véritable politique scolaire se met en place au 19ème siècle guidée par deux écoles distinctes: l'école de Guizot et celle de Ferry. a) l'école de Guizot(1787-1874) Il généralise l'école primaire et s'apparente aux pensées de Condorcet sur certains points ( massification...). Pour lui, il doit y avoir hiérarchisation des savoirs en fonction des classes sociales. La loi de 1833 distingue les écoles privées des écoles publiques par leur financement, le service public naît et un nouveau corps de métier apparaît: les instituteurs. On est, à l'inverse de Condorcet, dans une adaptation de l'école au statut social. Il y a naissance d'un certain destin social ou les ambitions ne sont pas valables. b)l'école de Ferry(1870-1950) C'est l'avènement de la troisième république avec une école qui devient patriotique, laïque avec séparation de l'église et de l'état et permet de former des citoyens. L'école est gratuite (1881), obligatoire et laïque(1882). Le réseau scolaire s'organise selon deux axes: le primaire (maternelle, primaire et primaire supérieur avec un brevet) et le secondaire(college commnual, lycée et université). Le passage d'un réseau à un autres est compliqué car les programmes sont différents. Il y a différenciation sociale avec des enseignants d'horizons sociaux tout aussi différents. Que faut-il en penser? Cette école affirme l'école comme une institution car elle établit un ordre et forme des citoyens mais il existe une barrière entre monde scolaire et milieu social avec hiérarchisation des savoirs. Ce n'est pas une école de l'égalité des chances. 3- les années 60: la massification scolaire a) la massification scolaire C'est lié à une ambition démocratique. C'est la performance qui fixe la carrière et le parcours scolaire: c'est le principe du mérite. Il y a deux périodes de massification scolaire: Dans les années 60 avec croissance des effectifs dans le secondaire profitable aux classes moyennes. Elle concerne surtout le collège. À la fin des années 70, le but est d'amener le maximum d'élèves au Bac. L'école sert à dégager une élite avec une sélection qui se fait progressivement. b) les réformes de la Vème république C'est la fin de la dualité primaire/secondaire. Le 6 /01/59 la réforme Berthoin rend l'école obligatoire jusqu'à seize ans; le 03/08/63, la réforme Fouchetmarque la volonté de massification par la création des CES à trois filières (classique, techno et transitoire vers la vie active); le 11/07/76, la réforme Haby supprime les filières, c'est le collège unique. Les programmes sont identiques pour tous. Aujourd'hui remis en questions du fait de la grande hétérogénéité des publics on fait marche arrière avec la création de filières au collège. Le 10/07/89 la loi Jospin fixe l'objectif 80% d'une classe d'âge au Bac et la lutte contre l'échec scolaire. L'enfant se situe au centre du système éducatif avec la mise en place du projet d'orientation de l'élève. c) la diversification des finalités Les missions de l'école primaire sont bouleversées, elle doit préparer au collège et unifie le niveau scolaire. Son rôle est donc primordial ce qui entraîne à s'interroger sur les pédagogies à mettre en place. 4- Sociologie de l'éducation: une sociologie des inégalités à l'école L'enseignement s'est-il vraiment démocratisé? Du point de vue qualitatif, sans aucun doute, avec l'extension de la scolarisation provoquant un recul de l'analphabétisme et un doublement du passage scolaire, l'élargissement du public... Du point de vue quantitatif, c'est plus nuancé, les inégalités demeurent mais changent de forme et de lieu. Elles portent sur les filières plus visées par certaines couches sociales. Se pose la question alors du handicap socioculturel. Bernstein par exemple montre que l'appartenance sociale détermine les codes linguistiques tout en se rappelant que la culture scolaire est celle de la classe dominante. D'autres travaux ont été menés notamment ceux de Bourdieu/Passeron ( les héritiers) dont les résultats permettent de dire que l'école contribue à la reproduction des inégalités sociales car c'est la classe dominante qui détermine la culture scolaire, o est donc pas face à une réussite du don mais face à un mécanisme de la reproduction, les classes populaires sont donc soumises à une violence symbolique car imposée à eux avec méprise de leur propre culture. Mais deux critiques peuvent être apportées à ces travaux: ils ne montret pas ce qui se passe véritablement dans l'école, l'explication de l'échec est insuffisante. De plus, cette étude néglige le rôle joué par les acteurs. On ne peut résumer l'échec scolaire à la non-réussite dans les études. Les finalités de l'école sont triples: l sélection et l'établissement d'une hiérarchie, l'éducation permettant de produire un type d'individu en rapport avec des liens culturels, des valeurs et enfin la socialisation ou chaque individu joue un rôle. Mais alors pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas? On a une sélection différente qui se fait selon les performances, le monde juvénile est entré à l'école, l'école n'a plus le monopole de la transmission culturelle, on tient compte des personnalités de chacun, l'école est devenue rentable avec une inflation des diplômes